Mardi 11 septembre 2001, 10h10, New York

J'ai de la poussière dans les yeux, dans la bouche, partout. Je suis plaquée au sol derrière une voiture, je ne vois rien. 

J'en ai marre. Il ne manquait plus que ça. Je me relève. Je cligne fort des yeux, mais j'ai toujours un peu de poussière dans l'oeil. Je regarde autour de moi.

C'est comme un jour neige. Autour de moi, tout est blanc. J'ai l'impression d'être dans un autre monde. C'est beau, et horrible à la fois. Il y a quelque gens qui sont encore là. Quelques gens qui, comme moi, non pas pu prendre la fuite à temps. 

Je lève la tête. Il n'y a plus qu'une tour, maintenant. Elle ne tardera pas à tomber. Je remonte sur mon vélo, faisant tous les efforts du monde pour pédaler. Ma cheville me fait encore mal, mais ce n'est pas grave. J'évite les débris, les gens qui courent dans la même direction que moi, hors de ce paysage de poussière. Je vois une lueur, au loin. La lumière, au fond du tunnel. Je pédale encore plus vite, j'atteins enfin le soleil, je respire. Je cligne des yeux, je tousse, je m'époussette, et je pars vers ma maison, là où je pourrais enfin prendre ma mère dans les bras, et pleurer toutes les larmes qui sont restées dans mon corps.