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chapitre troisième

« Les amoureux et les fous ont des cerveaux bouillants, des fantaisies qui perçoivent ce que la froide raison ne pourra jamais comprendre. »

Shakespeare, La tempête

Seize heures approchaient lorsque quelqu'un frappa à la lourde porte en chêne du manoir.

On annonça Raphaël dans le salon. "Un ami de Mademoiselle Camélia". Ça avait surpris tout le monde. Plongée dans son ouvrage de dames, la mère s'en était piqué le doigt. Le père plongé dans la lecture de son journal avait abaissé son monocle, intrigué par ce garçon tout propret qu'on venait de faire entrer dans sa demeure.

Raphaël avait troqué son éternelle salopette pour un costume à petites manchettes en dentelles. S'il n'avait pas eu douze ans, on aurait juré qu'il venait demander la main d'une femme à ses parents.

— Je veux épouser Camélia lorsque nous serons plus grands. Ne l'envoyez pas chez les religieuses.

Stupéfaction générale. Il jeta un œil à son amie. Clairement prise de court, elle le regardait comme on observerait une curiosité dans un de ces musées londoniens qu'elle adorait tant visiter.

Le chef de famille laissa un éclat de rire résonner d'un bout à l'autre de la pièce.

— Alors comme ça, jeune homme, vous êtes réellement venu demander la main de ma fille ? S'amusa-t-il.

— Oui monsieur. J'ai demandé ce qu'il fallait faire pour lui éviter d'aller au couvent. Mademoiselle Camélia avait l'air d'avoir tant de peine et je ne veux pas qu'elle parte loin d'ici. Mère m'a appris qu'une jeune fille fiancée pouvait y échapper.

Le père décroisa les jambes et se leva du sofa. Tout le monde le suivit du regard tandis qu'il se servait un demi-verre de scotch sur la desserte. Puis il s'adossa nonchalamment contre la fenêtre.

— C'est exact. Si ma fille avait un bon parti en vue, elle ne serait pas obligée de partir.

Raphaël bomba légèrement le torse.

— Je suis un bon parti. Mon nom est Raphaël Audley.

Le comte suspendit son verre à mi-parcours. 

— Vous êtes le fils de Sir Thomas Audley ?

Raphaël acquiesça et le visage de l'homme devint plus rieur encore. Il se tourna vers sa fille.

— Vois-tu Camélia ? Un chevalier servant est venu à ton secours. À croire que tes prières ont bien porté leurs fruits.

La jeune enfant lui retourna un demi-sourire confus. Elle était sauvée ? Impossible. L'air suffisant de son paternel suggérait bien trop d'idées contradictoires, elle ne savait plus quoi penser. Mais il ne tarda pas à éclaircir les choses de lui-même.

— C'est bien gentil mon garçon, tu as un noble cœur. Mais tu restes un peu jeune pour prendre de telles décisions, ne penses-tu pas ? 

— Je... Je sais ce que je fais, monsieur. 

— Et je te crois, mais ma fille et toi êtes nés hier et ne savez absolument rien de la vie. Envisager une union maintenant est prématuré. Camélia ira au couvent la semaine prochaine. 

Les enfants étaient si dépités qu'ils en auraient pleuré si leur éducation ne les avait pas tenus de se bien comporter en société. Leurs espoirs s'étaient formés, avaient commencé à fleurir avant d'être fauchés au ras du sol.

— Cependant jeune homme, continua le comte, si d'ici vos seize ou dix-sept printemps vous souhaitez toujours l'épouser, vous pourrez toujours venir la faire sortir des ordres. La décision de vous suivre ou de rester au service du Seigneur lui reviendra alors. 

Un domestique entra, essoufflé, disant venir chercher Monsieur Raphaël pour le ramener chez lui. Le garçon essaya de croiser le regard de Camélia. Elle semblait bouleversée, des larmes perlaient au bord de ses yeux amande. Du bout des lèvres il lui murmura : "aie confiance".

Une fois qu'il fut parti, Monsieur le Comte s'installa à nouveau dans son fauteuil de velours bleu et rouvrit sa gazette. Madame son épouse se replongea quant à elle dans ses broderies.

— Ne te fais pas trop d'espoir, ma chérie, dit-elle. Les petits garçons sont souvent bien moins chevaleresques et sincères lorsqu'ils deviennent des hommes. 

— Je ne peux contredire ta mère sur ce point, Camélia. Ce garçon deviendra aussi un adulte égoïste et couard comme on en voit partout. Ne compte pas tant sur les promesses d'un enfant qui disparaîtra bientôt du monde. Lorsqu'il comprendra en grandissant ce que cela implique de s'engager avec une enfant comme toi, il renoncera assurément à ce ridicule projet de charité.

Camélia baissa la tête et fit semblant de poursuivre sa lecture d'Othello. En réalité, elle était perdue dans ses pensées les plus brumeuses, les yeux remplis de larmes..

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