Chapitre 7 - Les raisons
Le lendemain, Aurélien se leva en premier. Claude, lui, l'entendit quitter le lit mais fit semblant de ne rien entendre. Il savait qu'Aurélien n'allait rien lui dire au sujet de la lettre. Il décida donc d'avoir l'air le plus naturel possible pour ne pas révéler qu'il avait appris quelque chose. Il se dit aussi que rester plus longtemps dans le lit pourrait lui permettre de réfléchir plus longtemps...
Il se leva une heure plus tard et chercha le plus jeune dans cette maison qui était encore une nouveauté à ses yeux. Mais à vrai dire il s'en fichait de savoir depuis quand Aurélien l'avait et, surtout, comment. Tout se qu'il lui importe c'est sa sécurité. Et il allait tout faire pour qu'il reste saint et sauf.
Absolument tout.
Ils ne se parlèrent presque à aucun moment de la journée. Même pas un bonjour ou un salut. Rien. Juste des sourires échangés et des regards complices, mais rien d'autre.
La seule chose qui pouvait s'apparenter à une bref tentative de preuve d'amour ou d'attention était la présence de Claude aux côtés d'Aurélien.
Quand ce dernier vérifiait le moteur de la voiture, il lui donnait un coup de main. Lorsqu'il nettoyait ses armes, pareil. Même quand il restait tout simplement à l'extérieur, entrain de scruter l'horizon, comme perdu dans ses pensées, Claude le pris dans ses bras avant de lui offrir son manteau pour le couvrir du froid hivernal.
" Claude...? "
" Mh ? "
" ...j'apprécie tout ce que tu a fais pour moi cette journée. Mais... sans vouloir te commander... j'aimerais rester un peu seul... "
" ...je comprends. "
Il se permit de le garder encore quelques secondes contre lui avant de retourner à l'intérieur.
Quelques minutes plus tard, Aurélien fit de même. Claude était allongé sur le même sofa où ils avaient eu leurs dernière aventure.
Le plus jeune s'assit à ses côtés sans le regarder et lui demanda:
" À quoi tu penses ? "
Claude se redressa avant de lui répondre:
" Je pense à ce que je serais capable de faire pour te protéger. "
Aurélien sourit amoureusement en roulant des yeux.
" Ça t'arrives de penser à autre chose ? "
" Oui... ça m'arrive de penser à autre chose quand ta vie n'est pas menacée. "
Aurélien se tût.
Claude se leva du sofa et se dirigea vers le plan de travail de la cuisine pour prendre 2 verres.
" Dis Aurélien ? "
" Mh ? "
" Je sais que tu ne veux pas en parler, mais je veux savoir: c'est quoi ton histoire avec Guillaume ? Je veux dire... comment est-ce que ça a commencer ? Et surtout... pourquoi IL semble te tourmenter toi en particulier ? "
" ... "
" ... Aurél ? "
" C'est une longue histoire... "
" J'ai tout le temps du monde. "
" ... " - Aurélien pris une grande inspiration. Quand il expira, Claude sentit un léger tremblement dans son souffle. Il secoua la tête avant de commencer:
" J'étais en couple avant de te connaître. "
...Ok... ça il ne l'avait pas vu venir.
" Ah... Ah oui ? "
" Oui. Elle s'appelait Lara. On est resté ensemble bien longtemps. "
" Vous... elle aussi était espionne ? "
" Non. Moi si. Mais elle ne l'a jamais su... Je ne voulais pas la mêler à tout ça. " - il jeta un regard pointeur à Claude en disant cette phrase. Clairement, ça voulait dire "tout comme toi". - " Elle n'a jamais su ce que je faisais, et personne n'a jamais su son existence. Pas même Mathieu. Personne. "
" Quand on a fêté notre 4ème anniversaire de couple j'ai reçu un appel de mon boulot. On m'a dit qu'on avait besoin de renfort. Qu'il y avait eu une intrusion dans le bâtiment et que je devais y aller. J'ai dû trouver une excuse bidon pour lui expliquer mon départ tôtif. Je sait qu'elle n'a pas cru un traître mot de ce que je lui ai dit mais elle a fini par me laisser aller. Au moment où j'ai passé la porte de mon entrée, une balle m'a presque touché et je me suis caché dans le coin de la porte. Lara a entendu le tire et elle est venu voir ce que c'était... et là... elle...je... "
Aurélien respira un bon coup, tentant de contrôler ses émotions avant de reprendre.
" Elle s'est accroupie en face de moi pile au moment où la deuxième balle a été tirée... et... ça a perforé son cœur. Elle est morte dans mes bras... "
" Mon Dieu... "
" J'ai essayé... j'ai vraiment essayé de la... j'ai tout fait... j'ai... j'ai... je n'ai pas réussi à la sauver... c'est Guillaume qui était là. Je l'ai su car on m'a informé que c'était lui qui avait été envoyé pour m'abattre. Il a loupé sa cible cette nuit là... mais il a quand même réussi à m'atteindre ! Voilà pourquoi je le traque depuis plus de 9 ans. "
Claude resta silencieux. Lui qui avait offert sa main au plus jeune pour lui donner de quoi s'agripper et libérer toute sa frustration sentit ses os presque craquer sous la pression.
" Aurél... "
" Je suis désolé... je ne devrait pas te parler de mon ex alors qu'on est ensemble..."
" Non, c'est pas ça. C'est juste que AÏE ! Ma main ! Tu sers trop fort là ! "
" Ah pardon... "
Claude caressa ses articulations endolories avant de continuer le dialogue.
" Écoute, ça ne me pose pas de problème que tu parles de ton ex. Elle a fait partie de ta vie comme pleins d'autres gens. C'est pas comme si j'étais cocu, hein. Eheh ! "
Ok, c'était pas le moment pour ce genre de blague. Il se racla la gorge avant de se lever et faire semblant de s'étirer pour oublier sa gaffe.
" Bon euh... un verre d'eau ! Je vais te donner un verre d'eau. Ça va te faire du bien ! "
Aurélien rigola presque à ses mouvements ridicules.
" Eh Claude ? "
" Ah euh, oui ? Oh merde ! Ça a débordé ! "
" Merci d'exister. "
Le plus vieux sourit et lui tendit l'un des deux verres qu'il avait rempli.
" Tiens. "
Aurélien pris une gorgée sans trop attendre. Avec toutes les larmes qui avaient coulés il devait se réhydrater.
" Aurélien. Je dois te confesser quelque chose. "
" Mh ? "
" ...j'ai trouvé la lettre dans ton manteau hier soir. "
" ... " - Aurélien posa son verre, presque bruyamment - " Je t'ai déjà dis des centaines de fois de ne pas fouiller dans mes affaires... "
" J'ai pas pu résister... "
" Tais-toi. Et avant que tu n'ailles plus loin: Non. Tu ne viens pas avec moi. Tu restes ici. C'est à moi de finir ça. "
" Finir ça ? Tu ne peux pas savoir tu vas vraiment réussir, Aurélien. Je refuses que tu te mette en danger aussi. Encore une fois ! "
" Tu n'es pas concerné... "
" Si ! Depuis la mort de Thibault je suis impliqué dedans. D'ailleurs, quand j'y pense: la seule raison pour laquelle Guillaume te poursuis c'est moi. Ce n'étais que toi qui le traquait au début. Mais depuis que son frère est mort il a inversé les rôles ! Tu ne comprends pas ?! Il ne compte pas te laisser de chances ! Il veut te tuer pour me faire mal et aussi pour que tu arrêtes de le poursuivre une bonne fois pour toute ! C'est une double victoire pour lui si tu pars le rejoindre ! "
" Et tu crois vraiment qu'il agira autrement si t'y vas à ma place ? Tu te fous le doigt dans l'œil... "
" Je ne te laisserai pas y aller, Aurélien. Crois-moi sur parole. "
" Tu ne peux pas m'en empêcher ! "
Aurélien se leva brusquement, agacé par cette conversation qui l'avait fait passer par tout ses états: la tristesse, le calme, la joie, la colère, puis la...
Fatigue ?
Il se tint la tête en ressentant une profonde migraine soudaine. Pourquoi maintenant ? C'était pas le moment !
Enfait ce n'était pas de la douleur qu'il ressentait. Juste une profonde envie de fermer les yeux. Mais il luttait pour rester éveillé.
Bordel, qu'est-ce qui se passait ?!
Il manqua de tomber au sol en ne sentant plus ses jambes mais Claude le rattrapa avant qu'il ne s'écroule et le pris dans ses bras, l'emmenant dans sa chambre.
" Navré, Aurélien. Mais ce soir tu prends congé. "
.....
....
...
..
.
Oh putain.
Le verre d'eau
" Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu... "
" Ça fait 4 ans qu'on se connaît, Aurélien. Je savais que tu n'allais pas désister et me laisser prendre ta place. Du coup j'ai mis toute mes chances de mon côté. Ne t'en fais pas, ça ne te fera aucun mal, tu vas juste dormir. Et cette fois-ci tu vas VRAIMENT le faire. Tu n'auras pas d'insomnies, ni de cauchemars, ni de terreurs nocturnes. Tu vas avoir ce que tu mérites depuis longtemps: une bonne nuit de sommeil. Et c'est non-négociable. "
" Espèce de... je te hais... " - Il fit de faibles mouvements de bras vers lui, comme pour tenter de le frapper. Mais même un moustique aurait survécu à ces coups.
" Je t'aime aussi, Aurélien. Plus que tout. "
Il l'allongea sur le lit et releva sa couverture jusqu'au cou.
" Voilà. Bien installé. On se reverra à l'aurore, Aurél. Je te donne ma parole. "
N'ayant plus la force de parler, le plus jeune fit une dernière tentative complètement désespérée en posant sa main sur la sienne avant de fermer les yeux.
Claude sourit en le voyant plus épanoui que jamais. Il souleva sa main vers ses lèvres et l'embrassa fortement avant de déposer un autre baiser sur sa bouche.
Il pris son Polaroïd posé sur la table et captura ce moment rare: son copain qui dormait paisiblement.
" Reposes-toi bien, chéri. Ce soir, c'est moi qui suis en service. "
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro