Aurélien se leva à 6h30 du matin, réveillé par les baisers de son copain.

" Ne rentre pas trop tard... "

" Je ne peux pas te promettre ça... "

" Fais attention alors... et surtout appelle moi si il le faut... "

" Ne t'en fais pas. "

Il pris sa douche en essayant de faire le vide dans sa tête pendant quelques minutes. L'eau chaude coulait sur son corps décoré de petites cicatrices et de bleus. Il se souvenait de chacun et de comment ses marques étaient apparues.

La plupart venant de toutes les fois où il avait poursuivit Guillaume et avait échoué.

Il s'habilla rapidement avant de déposer un dernier baiser sur les lèvres de son copain.

" Tu ne veux pas rester aujourd'hui ? "

" Si je veux, oui. Si je peux, non... "

" Mmf... " - Son amant s'étira avant de continuer - " Je suis sérieux, Aurélien. Ne rentre pas trop tard. Sinon je partirai a ta recherche. "

" *soupire*... je serais là avant 23h. "

" À 23h01 je pars à ta recherche. "

" Tu sauras où chercher ? "

" Je saurai où aller. "

" ... ne stresse pas pour moi. Je t'aime, Claude. "

" Moi aussi... "

Et il se dirigea vers la porte de la chambre mais...

" Attends ! " - Claude lui avait saisit délicatement le bras.

" Mh ? "

Le plus jeune curieux le regarda se pencher au niveau de la table de chevet et retirer un de ses nombreux Polaroids. Il sourit tendrement en roulant des yeux...

" T'allais presque oublier, avoue-le. "

" Moi ? Oublier de photographier ma muse préférée ? Naaan... Ne bouge pas. T'es parfait sous cet angle. "

Le plus jeune sourit mais Claude lui dit de rester naturel. Enfin... il lui avait dit plus exactement " Ne sourit pas. Fait comme les mannequins dans les magazines. Fait la gueule. "

*FLASH*

" Nickel ! "

" Tu comptes faire ça toute ta vie ? "

" De quoi ? "

" Me prendre en photos tous les matins ? Tu dois déjà en avoir 300, environ. "

" Je crois que j'en ai bien plus... "

" Bien sûr... Bon aller. Embrasse-moi une dernière fois. "

" Avec plaisir... "

Il lui vola encore un énième baiser, le serrant fort contre lui alors qu'il essayait de s'en échapper en rigolant. Il manquait de les faire chavirer à nouveau sur le lit mais Aurélien eu de meilleurs réflexes et Claude tomba tout seul sur le matelas.

Aurélien sortit de la maison et se dirigea vers sa voiture. Il eu un frisson en repensant à la nuit dernière.

" Putain, si il apparaît encore sur le siège arrière je le descend sur le champs... " - pensa-t-il.

Fort heureusement le véhicule était vide. Pas de trace de cet enfoiré...

" Ouf... "

* 45 minutes plus tard *

Il était arrivé à l'entrepôt où tous ses collègues s'y trouvaient. Il ne leurs parlait pas trop à vrai dire. Juste un bonjour, bonsoir et au revoir. Et c'était mieux comme ça, se disait-il. Avec ce qu'il s'apprêtait à faire valait mieux ne pas avoir de témoins.

Il se faufila dans le bureau des analyses post-mortem et fouilla dans les archives plus récentes.

" OK, OK... Théo, Timothée, Thierry...THIBAULT ! Te voilà... "

Il sortit un dossier d'archives contenant des photos et des fichiers relatant son ancien collègue.

Au début il n'y trouva que des infos banales qu'il connaissait déjà:

- Statu social: non-marié
- Année de naissance: 1982
- Statu professionnel: espion (recrue)
- Partenaire/Binôme: Aurélien Cotentin
- Date de mort: 20 février 2017
- Cause du décès: Accident de voiture

" Pfff... rien à signaler... "

Soudain, alors qu'il était perdu dans ses pensées, il entendit la porte grincer et resta immobile, incapable de réagir vite pour cacher ce qu'il faisait.

" ...Aurélien ?"

Fort heureusement ce n'était pas un supérieur. Juste un vieux pote de longue date.

" Ah Mathieu ! Ça va bien ? "

" Ouais ça va... tu fais quoi ? "

" Ah...je... je regardais le dossier de Thibault. Il me manque... "

" Ouais, je sais... je me rappelle des bonnes sorties qu'on avait avec lui à l'époque. Les rares fois où on pouvait se réunir tous les 3... "

" Tous les 4, tu veux dire. "

" Claude était récent. Et tu sais que j'avais plus d'affinité avec Thibault qu'avec lui... "

" Oui, je sais. Enfin bref... "

Il alla pour ranger le dossier mais...

" ...Qu'est-ce que... ? Mathieu, tu peux venir voir s'il te plaît ? "

" Qu'est-ce qu'il y a?" - demanda-t-il en se rapprochant.

" Tu travailles que dans le secteur de l'audiovisuel et informatique ou est-ce que tu t'y connais en langage codifié ? "

" ...je m'y connais un peu. Pourquoi ? "

" Là, regarde. " - Il pointa du doigt un acronyme minuscule qui se trouvait pile en dessous de la dernière phrase du dossier de son ex-binôme.

*9.18*

" T'as une idée de ce que ça veut dire ? "

" ... "

" Mathieu ? "

" J'ai ma petite idée... mais pour en être sûr il faudrait qu'on fouille ailleurs. "

" Ailleurs ? Tu veux dire... ? "

" Je veux dire... là où on est pas autoriser à chercher. "

" ...genre où ? "

" Genre... dans les dossiers des patrons... "

" ... Mathieu ? Qu'est-ce que "9.18" veut dire ? "

" Je n'en suis pas sûre à 100% mais si je me rappelle bien ça signifie "Informations révisées". Ou "retouchées". Ça dépend. "

" ...ce qui voudrait dire... "

" Ouais... on ne sait pas tout au sujet de sa mort... "

" ...mais pourquoi ? Je veux dire... à quoi ça servirait ? "

" J'en sais rien... mais n'en tirons pas de conclusions tout de suite. Il faut rechercher plus en profondeur. "

Mathieu se dirigea vers la porte par laquelle il était rentré d'un pas décider, suivi d'Aurélien qui s'étonna de sa détermination soudaine.

" Si c'est vraiment ce que je crois c'est grave... "

* 4 heures plus tard *

Aurélien sorti de l'entrepôt et rentra dans sa voiture. Il resta 3 bonnes minutes assis sur son siège en se mordant les doigts. Nerveux...

Il pris une grande inspiration en démarrant le moteur et se dirigeant vers le point de rendez-vous.

" Bordel de merde... pourquoi tu ne m'as rien dit, Claude... ?"

* La chapelle *

Aurélien arriva en face de la chapelle à l'heure prévue et descendit du véhicule lentement en surveillant sur ses arrières.

L'endroit avait beau être apaisant et beau, la présence de Guillaume dans des parages aussi sacrés pouvait se comparer à Judas assis auprès du Christ. Ceci dit... il ne l'avait pas encore trouvé. Il était probablement à l'intérieur...

" Et merde... "

Il passa la porte d'entrée du lieu chrétien (qui lui rappelait vaguement son enfance et ses cours de catéchisme). Par respect du lieu, même si il n'y croyais plus trop, il fit le signe de la croix en apercevant Jésus crucifié.

" Espérons que vous soyez avec moi, ce soir... " - murmura-t-il presque sarcastiquement en baissant le regard et voyant son rendez-vous assis sur un banc, dos à lui. Il se demandait si il l'avait entendu rentrer...

Il s'assit discrètement derrière lui, attentif a chacun de ses mouvements. Enfin "mouvements"... il était bien stable. Immobile même.

" Guillaume ? "

Aucune réponse.

" ... Guillaume...? "

Toujours aucune réponse. Qu'est-ce que...

Il se redressa dans l'attention de lui toucher l'épaule mais il sursauta en le voyant se retourner lentement.

" C'est impoli d'interrompre la prière de quelqu'un, Cotentin. " - il lui fit signe pour s'asseoir à côté de lui - " Et plus vite que ça. "

Aurélien grogna avant de se déplacer. Il soupira en posant son derrière sur le banc froid.

" J'espère que ce que tu m'apporte est à la hauteur de mes attentes... "

" Alors prépare-toi a être déçu. Claude ne sait rien et Thibault est mort, comme je te l'avais dit, dans un accident de voiture. Voilà. Rien de nouveau. T'es content ? "

Guillaume ria tout bas. Ce bruit glaça le sang du plus jeune.

Alors qu'il semblait distrait sur le moment, il vit l'arme de Guillaume briller avec le reflet des flammes des bougies allumées.

Pour anticiper son attaque, Aurélien posa sa main sur son arme à lui, prêt à la pointer sur son ennemi pour le déconseiller de se servir de la sienne.

" On dirait que je vais devoir changer ma méthode... "

Aurélien le regarda confus avant de le sentir poser son bras autour de ses épaules suivi d'une douleur aiguë dans sa nuque.

" AH ! " - Il lui avait injecté une substance étrange avec une seringue qu'il avait caché dans son autre main. Cet enfoiré avait fait exprès de mettre son arme en avant pour qu'il ne doute de rien - " Putain de merde ! Qu'est-ce que tu... ?!"

Il eut à peine le temps de prendre son arme que le plus grand se jeta sur lui, plaqua son visage contre le bois du banc et bloqua ses bras derrière son dos.

" Voyons, Aurélien ! Ne blasphème pas dans la maison du seigneur. "

Blasphémer ? Lui ? C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité...

" Qu'est-ce... qu'est-ce que tu m'as injecté ?! " - il tenta de se débattre pour se libérer de sa prise mais rien y fit.

" Tiens-toi tranquille ou je t'en fous une autre dans la joue. Et crois-moi, deux doses de cette petite merveille pourraient être fatales... "

" Qu'est-ce que tu veux ?! "

" La vérité. Juste la vérité. "

" LA VÉRITÉ ?! TU L'AS DÉJÀ ! JE VIENS DE TE LA DIRE ! "

" Je ne suis pas sûr si je peux te faire confiance... Ce sérum de vérité me rendra le verdict. "

Ses yeux s'écarquillèrent. Il tenta de se débattre à nouveau en vain.

" Si tu me dis la vérité pourquoi cherches-tu désespéramment à t'enfuir ? "

" Tu te fous de moi ?! Tu m'écrase le corps à m'en étouffer !  "

" Ça fait déjà des années qu'on se fout sur la gueule, Aurélien. Mais si tu continue de me tester je ferais en sorte que cette fois là soit la dernière de toutes... Alors reste bien immobile, le temps qu'il faut pour que ça se propage... "

En temps normal il le lui aurait bien cassé le nez en balançant sa tête en arrière... et ça le démangeait vraiment beaucoup... Mais bon. Il n'allait pas jouer au plus malin maintenant. Le risque était trop grand et qui sait... Guillaume avait probablement tout un armement caché sous son manteau...

Au bout de 2 minutes (qui furent les plus longues de sa vie) l'aîné soulagea la pression sur sa tête et lui ordonna de se redresser.

" Bien. Tu es maintenant incapable de mentir pendant quelques minutes. Ça tombe bien... nous somme dans un endroit où les péchés ne sont pas les bienvenus. "

Comme si il ne rigolait déjà pas assez, voir Aurélien trembler de colère le fit sourire encore plus. Fier d'avoir encore une fois réussi ce qu'il voulait.

" Bon... " - Il se leva du banc pour se mettre face à son rendez-vous - " Commençons par la plus simple des questions: Est-ce que tu comptais me tuer en venant me rejoindre ici ? "

Aurélien tremblait tellement que sa colère se transforma en angoisse. Il n'arrivait pas a mentir... il sentait ses lèvres mourir d'envie de crier " Oui " alors que son cerveau lui criait le contraire.

" Je répète... En venant ici, est-ce que tu t'ait dit " Je vais en profiter pour le tuer et mettre un terme à cette partie du chat et la souris une bonne fois pour toute ? ""

" ...ça m'est traversé l'esprit... oui... "

" Mh... je vois. Ce n'est pas étonnant. Je te comprends parfaitement. Je n'imagine pas ce que ça doit être de supporter un individu comme moi tous les jours... ça doit être stressant à force. Et je dois admettre que je t'admire pour ça. Tu es tenace, Aurélien. Tenace... mais incroyablement facile à manipuler. Mais bon... je m'emporte un peu trop. Deuxième question: Est-ce que ton petit ami sait où on se trouve ? "

" ...non... "

" Bien. Ça c'est bien. Troisième question: Quand Thibault était encore de ce monde quelle était ta relation avec lui ? "

" ...nous...nous étions partenaires au boulot. Il faisait les plans... et moi... je les exécutais... "

" Rien d'autre que des partenaires de travail ? "

" Oui. Rien d'autre... vraiment rien d'autre... Pourquoi ? Qu'est-ce que tu insinue ? "

" JE pose les questions. " - son ton ferme le fit légèrement sursauter. Son regard aussi sombre que l'endroit le tût instantanément.  - " Bien. Reprenons. Est-ce qu'il avait exprimé des émotions ou des actes hors du commun vers ses derniers jours ? "

" ...non... "

" Oh vraiment ? "

" Oui... rien d'anormal ou de déplacé. Il n'a jamais changé jusqu'au dernier jour... "

" ...bien. " - Guillaume souffla, semblant un peu dégoûter de cette dernière réponse. Mais bref... c'était la vérité après tout. On ne peux pas avoir toujours tout se qu'on veux - " Maintenant LA question à 5 millions d'euros... "

Il s'assit en face de lui, sur les marches qui menaient à la croix dorée du Christ.

" As-tu trouvé quelque chose dans tes recherches au sujet de sa mort ? "

" ... "

" Aurélien. Réponds-moi... "

" ... "

Guillaume fronça des sourcils avant de se relever brusquement et de pointer le canon de son revolver contre sa tempe.

" Ma patience a des limites... je te donne 3 secondes pour me répondre. Si tu ne me dis rien tu rejoins ton ancien partenaire. "

" ... "

" ...1 " - il enclencha le chien de son arme.

" ... "

" 2... " - Il força le canon encore plus contre sa tête.

" C'est ton dernier avertissement, Aurélien. "

" ...fais-le. "

" ...Quoi ? "

" J'ai dis "Fais-le" ! Tu veux vraiment savoir pourquoi je suis venu ici ?! Je vais te le dire ! Je suis venu pour ne pas que TU viennes vers moi ! Pour ne pas que tu blesses encore plus de personnes et que j'en sois en partie responsable ! Voilà ta putain de vérité ! Je ne comptais et ne compte rien te dire du tout ! Alors si ta seule manière de t'apaiser dans toute cette histoire est de me tuer et bien fait-le ! Tu resteras sans réponse ! VAS-Y ! APPUIES SUR CETTE PUTAIN DE DÉTENTE ! "

" ... "

C'était au tour de Guillaume de rester silencieux. Avait-il finalement réussi à le faire craquer ? Parfait... cela faisait parti de son plan... Enfin ! Le voir briser et à sa merci... ce qu'il attendait depuis longtemps...

" Ça ne répond pas à ma question... "

Aurélien soupira épuisé de toute cette expérience.

" Non... je ne veux pas... laisse-moi tranquille..."

" Plus tôt j'aurai mes réponses plus vite on aura fini. Maintenant dis-moi QU'EST-CE QUI EST ARRIVÉ À MON FRÈRE !? "