Chapitre 1 - La haine
Ça faisait 9 ans que cela durait. 9 ans qu'il le cherchait. 9 ans qu'il en avait marre...
" Putain de merde ! " - jura-t-il - " J'étais si prêt ! Si prêt de t'avoir ! Je t'avais dans mes fillets !"
Il donna un coup de pied dans le pied de la table. Libérant toute l'accumulation de haine en lui.
Toutes ces années à lui filer entre les pattes... plusieurs fois qu'il l'avait eu dans son champ de vision, dans le creux de son viseur, au centre de ses jumelles... mais pas une seule fois entre ses mains...
Pour la énième fois il lui avait échappé. Il se rappelait encore de cette humiliation ultime où une bombe avait éclaté dans l'un de leurs QG. Il se rappelait d'être allongé à terre sur le ventre, son arcade saignante et un acouphène irritant à cause de l'impacte.
En relevant la tête il était là. En face de lui:
Vêtu d'un long manteau noir, cheveux longs fins, cigarette au bec et un regard qui traduisait sa fierté d'avoir réussi son coup. Ce même regard était braqué sur lui et il pu l'entendre rire malgré ses tympans encore sensibles.
" Espèce de... " - Il alla pour se lever mais une douleur sur son flan gauche l'obligea à ramper vers lui. Sa colère était telle qu'il ne se demandait même pas pourquoi ce dernier ne bougeait pas. Juste l'observait...
Une fois arrivé à ses pieds il agrippa sa jambe de toutes ses forces comme pour tenter de lui infliger une quelconque douleur.
Le plus grand souffla une grande bouffée de cigarette dans son visage avant de demander calmement:
" Et qu'est-ce que vous comptez faire exactement, Cotentin ? "
Le plus jeune ne répondit pas. Ses dents étaient serrés et son regard saignant.
" J'aurais ta peau... je le jure devant tout ce qui est sacré... tu vas me le payer un jour... "
Son ennemi releva les sourcils de manière insouciante avant de jeter sa cigarette à moitié entamée. Il se baissa au niveau de son visage et déclara:
" Oui. Un jour vous m'aurez. Mais malheureusement ce ne sera pas aujourd'hui. "
Il se redressa en commença à s'éloigner du dit "Cotentin".
" Ni demain... ni après-demain... ni dans une semaine... "
Le plus jeune poussa un grognement et se mit à chercher dans la poche intérieur de son manteau son arme à feu.
" Putain mais où elle est ?! "
" Oh. " - Il s'arrêta en chemin - " C'est ça que vous cherchez ? "
Putain... il l'avait... il l'avait son arme. Son putain d'arme !
" Veuillez m'excusez. J'ai des mains très baladeuses... "
Il lui jeta son revolver pile en face de lui. Il ne perdit pas de temps pour se jeter dessus et appuyer sur la détente à répétition. Bien sûr... c'était vide.
" Oh seigneur... vous n'avez quand même pas cru que j'allais vous la rendre chargée... "
Le plus jeune continua de cliquer sur la détente, même si il savait que c'était futile.
" PUTAIN ! JE TE DÉTESTE ! JE TE HAIS, TRANCHANT ! VA TE FAIRE FOUTRE ! "
" Je vous croyais plus insensible que ça... c'est étonnant... "
" Je vais te faire regretter d'être venu au monde... "
Tranchant lui rit au nez et s'avança à nouveau vers lui.
" Cotentin... il n'y a pas un jour où je ne regrette pas la vie que je mène. "
" Oh vraiment ? Tu semble très hilare à chaque fois que tu débarque pour foutre la panique... "
" Tout comme vous je suis soumis à des ordres qui m'empêche de faire différemment. Croyez-moi, j'aurais préféré mener une vie normale comme le reste du monde... "
" Mener une vie normale n'aurait en aucun cas changé tes actes... "
Soudain, il fit une chose que le plus vieux ne s'attendait pas: il planta un couteau dans son côté gauche, le faisant reculer brusquement.
" Maintenant on est quittes... "
_______________________________
*Présent*
Aurélien rentrait chez lui. Il avait passé la nuit dans un bar à vin à siroter quelques verres. Il avait besoin de décompresser.
Il n'était pas bourré, loin de là. Mais l'alcool l'avait bien réchauffé intérieurement pour une nuit d'hiver.
Il marcha jusqu'à sa voiture et s'installa sur le siège conducteur avant de fermer temporairement les yeux et respirer lentement.
Quelques secondes plus tard, il rouvrit les paupières et ouvrit sa boîte à gants. Il y chercha une enveloppe avec un nom écrit dessus.
" Thibault "
Il l'ouvrit délicatement et sortit quelques photos de cette dernière.
Les images représentaient lui et ce Thibault dans de divers endroits... comme ce bar d'où il venait de sortir...
" On s'est rencontré ici... et ici fût notre première mission... quelle coïncidence... "
Il resta quelques secondes à admirer les photos quand le silence dans la voiture fût interrompu.
" Je ne crois pas aux coïncidences, Cotentin. "
Aurélien s'empressa de saisir la poignée de sa portière pour sortir du véhicule mais Guillaume l'attrapa rapidement, l'agrippant avec son bras autour du cou.
" Reste calme... "
" PUTAIN MAIS LÂCHE-MOI ! " - cria-t-il en balançant sa tête en arrière, heurtant de plein fouet le front de l'intrus.
" Putain ! "
Il tenta une nouvelle fois de s'échapper de la voiture mais il fut rattraper une nouvelle fois, au dernier moment, par son manteau.
" JE T'AI DIS DE RESTER CALME ! "
Il attrapa ses cheveux d'une main et lui pointa une arme sur le visage avec l'autre.
" Si tu bouges ne serait-ce que d'un cil je détruit ta jolie petite gueule. Tu m'as compris ? "
" Qu'est-ce que tu me veux, putain ?! "
" Je veux juste qu'on discute... "
" Qu'on discute ?! " - rigola-t-il sans sourire - " C'est une blague ? "
" Non. Je suis très sérieux. " - Il enclencha le chien de son arme - " Maintenant si tu ne te tiens pas tranquillement je t'en fous une entre les deux yeux. "
Aurélien regarda l'arme puis son assaillant avant de montrer ses mains en l'air comme signe de coopération.
" Bien... " - Il baissa son arme.
" Pourquoi tu es ici ? Tu connais les risques... "
" Des risques ? Avec toi ? Eheh ! Ne me fais pas rire, c'est pas le moment... "
Il rangea son arme dans son étui sans quitter Aurélien du regard. Il sorti ensuite un paquet de clopes.
" Tu veux une cigarette ? " - demanda-t-il innocemment.
" Tu n'as pas répondu à ma question ! Qu'est-ce que tu fous ici ?! "
" Je vais prendre ça pour un non. " - Il s'en alluma une rapidement et souffla la première bouffée en s'étirant contre le siège.
" Réponds-moi ou sinon je te jure que je te tue ! "
Il tapota sur la cigarette, laissant les cendres tomber négligemment sur le tapis de voiture avant de continuer - " Pour répondre à ta question... j'ai besoin de ton aide. "
" ...mon aide ? "
" Tu m'as bien compris. "
" Tu te fous de ma gueule... tu ne manque pas de culot... "
" Ça fait un moment qu'on sait ça, Cotentin. "
" Tu ne vas pas me dire que tu t'es pointé jusqu'ici en espérant que j'allais te dire oui... Dégages de ma caisse ! D'ailleurs, comment tu es rentré ?! "
" C'est moi qui pose les questions ! N'oublie pas lequel d'entre nous est armé... "
Aurélien resta silencieux. Il n'en croyait pas ses yeux. Son ennemi juré, ici, dans sa voiture, à côté de lui... à portée de main... et qui ne montrait aucun signe de préoccupation. Était-il inconscient, ou complètement stupide ?
" Tu ne m'as toujours pas répondu... pourquoi tu es venu me voir moi ? "
" Parce que ça concerne quelqu'un que tu connais... enfin, plutôt que tu as connu."
" ...quoi ? "
Il pointa du doigts les photos qu'il tenait tout à l'heure.
" ...Thibault ? "
" Exactement. "
" ... Qu'est-ce que tu veux ? "
" Je veux savoir ce qui l'a tué. "
" Quoi ? Tout le monde sait ce qui lui est arrivé ! Un accident de voiture ! Voilà ce qui est arrivé ! "
" Tu ne vas quand même pas me dire que tu crois à cette version. On sait tous les deux que c'est faux ! Tu es bien des choses, Cotentin, mais pas naïf. Je veux savoir ce qui lui est arrivé réellement. "
" Ce qui est vraiment arrivé ou ce que tu soupçonne être la réalité ? On a pas tous droit à une mort glorieuse ! Il est mort dans un accident de voiture ! Point ! Je sais que c'est dure à avaler mais c'est comme ça ! Maintenant dégage de ma caisse ! "
" Je n'ai pas encore fini ma cigarette. "
....ok ! S'en était trop.
Il lui vola sa clope avant qu'elle n'atteigne ses lèvres à nouveau et la balança par la fenêtre.
" Je t'ai dis de sortir de ma caisse. "
Le plus vieux soupira. Son regard en l'air laissa comprendre qu'il perdait patience.
" Tu sais... la blessure que tu m'as fait n'a pas encore cicatrisé... je suppose donc que la tienne non-plus... " - Il passa sa main délicatement sur le côté ou le couteau l'avait transpercé à l'époque - " Je dois avouer que c'était bien essayé de ta part... "
Guillaume garda ses yeux noirs fixés dans ceux du plus jeune qui lui, lui affichait un regard froncé. Irrité de l'entendre constamment changer de sujet.
" Je vais te donner plus de détails sur ma proposition... "
" J'en ai rien à foutre de ta proposition... ! "
" Tut tut tut... je crois que je vais te faire changer d'avis. " - dit-il en tapotant les touches de son téléphone.
Aurélien resta interdit devant tant d'audace. Quel emmerdeur, se disait-il. Il regarda son ennemi, puis la poche de son manteau où il gardait son arme...
Si seulement il pouvait l'atteindre discrètement...
" Je te vois venir. N'y pense même pas... "
Aurélien sursauta à cet avertissement et alla pour lui répondre mais il se tut en voyant ce qui s'affichait sur l'écran de son portable.
" Je vous trouve très photogénique... surtout sur celle-là... "
" ...où... où est-ce que tu as... ? "
" C'est très facile de trouver des gens sur internet. Même si on ne donne pas de localisation, de noms ou de coordonées... "
Il tourna le téléphone vers lui pour mieux lui présenter la photo qu'il inspectait.
" ...Qu'est-ce que tu me veux... ? "
Il rangea son téléphone avant de lui répondre.
" Ton petit ami sur cette photo sait ce qui est réellement arrivé à Thibault. Je veux que tu lui en tire des informations et que tu me les rapporte. "
" ...quoi ? "
" Je répète: Je veux que tu me dise ce qui lui est vraiment arrivé. Et pour ça tu vas devoir t'entretenir avec ton petit copain. Ça ne devrait pas être très compliqué vu que vous partagez le même logement, même boulot, même ambitions... "
Aurélien commença a trembler intérieurement. Cette description de lui et son copain voulait clairement dire "Fais ce que je te dit sinon je brûle ta maison et ton copain avec."
" ...pourquoi tu veux tant le savoir ? "
" J'ai mes raisons. "
" ...et si je refuse ? " - osa-t-il demander même si il sentait que ce n'était pas un bon réflexe.
" ...oh. Et bien si tu refuses... tu ne me sers à rien. "
Il saisit son arme et la pointa sur son visage à nouveau.
" NON ATTENDS ! Ne fais pas ça ! "
" Tu vas m'aider alors ? "
" Je... j'ai besoin de savoir avant... pourquoi tu veux le savoir ? Après tout ce n'était qu'un gars de notre camp. Qu'est-ce que des infos sur la mort d'un ennemi va te rapporter ? "
" ... " - Il ne lui répondit pas. Il baissa son arme lentement avant de la ranger. Sans le quitter des yeux il ouvrit la porte de la voiture avant de lui rétorquer - " Je te le dirais éventuellement... enfin... si tu fais du bon travail. Sinon... n'oublie pas que je sais tout de toi. Je n'hésiterai pas à faire passer ta mort et celle de ton copain pour un accident ou un suicide. Retrouves-moi demain à la même heure à la cathédrale Lusiana. Ne sois pas en retard. "
Et il sorti du véhicule laissant le plus jeune sous tension et complètement terrifié.
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