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IV - Chapitre 9 : La maison des malheurs

HELLO TOUT LE MONDE

Comment ça va? Les vacances se passent bien pour celle.eux qui ont la joie d'en avoir? 

Personnellement je viens de rentrer de mon Nord natal. J'ai fait tellement le coup dimanche en rachetant des places dernières minutes pour Lille Monaco, mon petit frère et moi on a vu le meilleur match de la saison !! Et j'ai eu rendez-vous avec mon autoproclamé "dictateur de projet" (mon cousin qui a décidé de prendre tous les aspects de mon monde fantasy et les questionnait jusqu'à ce que j'ai réponse à tout) 

A part ça je profite de ce chapitre pour vous rappeler une dernière fois de lire l'Héritage d'Ilvermorny. Voilà, ça va commencer à devenir urgent si vous voulez avoir les refs et vraiment apprécier la lecture ! 

Bonne lecture pour celui-ci ! 

***

Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

- Victor Hugo 
Depuis Six Mille ans la guerre


***

Chapitre 9 : La maison des malheurs.

Le nouveau directeur de Poudlard était Severus Rogue.

La nouvelle était tombée le 1er Septembre par le biais de La Gazette, déposée par hibou sur le coup de onze heure avec une précision d'horloger, au même moment où le Poudlard Express s'élançait. Seule dans la maison puisque tous étaient allés accompagner Susan à la gare, ce fut moi qui réceptionnais la nouvelle, épouvantée.

Ils avaient été assez indécent pour mettre à la place d'Albus Dumbledore, dans son propre bureau, son assassin.

Mais Rogue était lavé de tout soupçon dans cette affaire, affirmait l'article avec une foi qui m'avait donné envie de vomir. A présent, le coupable pointé du doigt chaque jour en une du journal n'était nul autre que Harry Potter, qui avait en plus prouvé sa culpabilité en fuyant. Chaque photo le représentant était barré de la mention « Indésirable numéro 1 ». Cela débectait Simon. Chaque matin, il la contemplait avec une expression de dégoût.

-Ils sont très fort, concéda-t-il, la main sur sa tasse de café. Très forts. Si tu combines ça avec tout ce qui s'est déjà écrit sur lui il y a deux ans – il est fou, mégalomane, menteur – tu as une bonne partie de la population qui va douter.

-Je ne comprends même pas pourquoi ils s'acharnent comme ça. Ce n'est qu'un gamin ...

-Un gamin qui a vaincu Tu-Sais-Qui bébé. Un gamin qui lui a toujours échappé. A lui seul, il représente le fait qu'on peut lutter contre lui. Et tout espoir est à exterminer dans une dictature, même s'il n'a qu'une portée symbolique.

Une dictature. Le mot me mit la chair de poule et je plongeai mon nez dans mon chocolat pour la faire passer. Les arômes amers et sucrées se mêlèrent sur mes papilles pour détendre chacun de mes muscles.

-Hermione aussi est en fuite ... C'était dans le journal. Tu penses qu'ils sont ensemble ?

-Je ne sais pas si je dois l'espérer pour eux ... A la fois, ce serait idiot. Et à la fois ... être seul face à ce qui se passe, ce n'est souhaitable pour personne.

Nous échangeâmes un bref sourire par-dessus nos tasses respectives. Mais il se fana bien vite sur les lèvres de Simon : son regard glissa ostensiblement sur le carnet à couverture rigide qui trônait en bout de table.

-Mais Susie dit que Ron Weasley non plus n'est pas revenu ... Bill dit qu'il est malade, qu'il a attrapé quelque chose de très contagieux et qu'ils préfèrent le garder chez eux ... Mais c'est un peu gros. Non, tu as raison, je pense qu'ils sont ensemble quelque part.

-Pour se cacher ?

-C'est ce que tu ferais à leur place ?

L'œil vert de Simon se planta sur moi, incisif et je me trémoussai sur ma chaise, embarrassée.

-Si je pouvais sortir, je tenterai de faire quelque chose, admis-je du bout des lèvres, passablement dépitée. Mais ils doivent être dans le même cas que moi, pieds et mains liées ... (Je gardais le silence quelques secondes, tapotant distraitement ma tasse de chocolat). Mon grand-père pensait que Dumbledore avait une piste. Pour mettre ça à tout ça, d'une manière ou d'une autre.

-Et tu penses qu'il en a parlé à Harry ?

-Ce serait bizarre, non ? Je suis désolée, je sais qu'ils ont une histoire particulière mais ce n'est qu'un gamin. Il n'est même pas diplômé. Si vraiment il y avait un espoir, tu ne penses pas qu'il l'aurait confié à quelqu'un de plus expérimenté, comme Kingsley ?

-Kingsley fait partie de l'Ordre ?!

Rose venait d'apparaître dans l'encadrement de porte, la mine déconcertée. Simon me toisa avec agacement, un sourcil dressé avant de planter sa joue sur son poing.

-Maman ...

-On a dit profile-bas pendant quelques semaines, rappela-t-elle vertement. Si je trouve la force de signer des actes tous les plus odieux les uns que les autres, vous saurez vous retenir. La maison de Victoria fume encore et Susie ...

Rose s'interrompit, visiblement trop bouleversée pour poursuivre et abandonna en retournant prestement dans la cuisine. Le fait que la cadette se retrouve entre les griffes d'un Mangemort angoissait profondément la famille. George avait même hésité à se rendre à Poudlard pour y récupérer sa fille, mais il était bien trop tard pour cela. Il avait failli tourner de l'œil lorsqu'il avait lu que Rogue avait emmené dans ses bagages deux autres professeurs, les Carrow, largement considérés comme faisant partie intégrante des rangs de Voldemort.

Des Mangemorts enseignaient à leur fille. A quoi ressemblait donc Poudlard, à présent ?

-Le pire, c'est qu'on ne fait strictement rien, maugréa Simon en levant les yeux au ciel. J'ai vu Bill sur le quai – Ginny, elle, est allée à Poudlard. Même l'Ordre est dans le brouillard. Ils ont causé pas mal de dégâts en s'attaquant à ses membres en premier, ça a pas mal secoué tout le monde. Ils sont tous surveillés ... Difficile de se réorganiser ...

-Donc définitivement, ce n'est pas à Kingsley que Dumbledore a confié sa piste, compris-je alors. Sinon il y aurait un semblant de but, d'objectif qui permettrait de se mobiliser ...

-Je pense aussi. Il n'y a plus qu'à compter sur Harry ...

Je lui adressai un long regard dubitatif. Pour moi, c'était suicidaire de miser tout l'espoir sur un adolescent, sous prétexte qu'un coup de chance inexpliqué lui avait sauvé la vie alors qu'il n'était qu'un bébé. On disait que la foudre ne tombait jamais deux fois au même endroit : je doutais que la chance ne le fasse davantage ... Pourtant, c'était bien lui que le Ministère érigeait en ennemi. Mais toute dictature avait besoin d'un ennemi, d'un symbole à abattre, d'un visage vers lequel la population pourrait diriger sa haine. C'était l'effet catharsis qui pouvait leur permettre de détourner l'attention et les mauvaises intentions. Mais ça ne pouvait pas qu'être ça. Non, Voldemort était obsédé par Harry, il l'avait prouvé à de nombreuses reprises. Le garçon qui avait provoqué sa chute. Voulait-il simplement lavé l'affront, effacer le symbole ... ou était-ce plus que cela ?

Morose, je fouillai le courrier qu'Ogma avait rapporté en même temps que La Gazette. Beaucoup de lettres adressées à George et Rose frappées du sceau du Ministère qui s'était enrichi d'un nouveau slogan. « La magie est puissante ». Un ricanement jaillit de ma gorge.

-Oh mais la mienne aussi vous savez, murmurai-je.

-Quoi ?

-Rien, je parle toute seule. C'est quoi ça ?

Entre les lettres, je trouvais une brochure rose couverte de lettre d'or, une sorte de prospectus glissé dans le courrier. Je l'avais pris pour une pub quelconque, mais le titre me retourna l'estomac.

LES SANGS-DE-BOURBES ET LES DANGERS QU'ILS REPRESENTENT POUR UNE SOCIETE DE SANG-PUR DESIREUSE DE VIVRE EN PAIX

-Sang-de-bourbe, répétai-je, révulsée. Ils ne font même plus semblant, les enfoirés ...

-Oh non ...

Simon posa précipitamment sa tasse de café pour m'arracher la brochure des mains avant que je ne puisse la détailler davantage ou en lire le contenu. Il pinça le papier entre le pouce et l'index, une expression révulsée peinte sur son visage et planta la pointe de sa baguette au centre. La brochure se consuma en un battement de cil et une seconde plus tard, Simon en était retourné à son café comme si de rien n'était. Je le toisai, sidérée.

-Attends. Ce n'est pas la première qu'on reçoit, c'est ça ?

-Vicky ...

-Ils envoient ça tous les jours ?

Simon riva les yeux vers le liquide noire qui tremblait dans le fond de sa tasse. Quelques mèches blondes tombèrent sur son front et jetèrent des ombres lugubres sur son visage.

-Ouais. Mais généralement j'arrive à les jeter avant que tu ne les voies ...

J'accusai le coup, le ventre perforé par une sensation acide qui cette fois n'avait rien à voir avec Dame Nature. C'était une autre dame qui en était responsable, dont j'avais reconnu d'un œil la signature dans la couleur de la brochure. Une dame de rose et de fer.

-Je vois ... Et qu'est-ce que ça dit exactement ?

-Vicky ...

-Simon.

Quelque chose dans mon intonation lui fit relever les yeux. Un mélange de désolation et de fureur tempêtait dans ses prunelles et semblait courir ses veines car ses doigts se crispèrent compulsivement sur sa tasse à s'en blanchir les jointures.

-Que du grand classique, articula-t-il avec dépit. Les arguments basiques que vous détruisez notre culture, que vous acceptez c'était faire entrer le monde moldu dans notre civilisation et que pareille chose nous appauvrissait ... (Ses lèvres se pincèrent en une mince ligne). Les plus extrêmes soutiennent aussi que vous êtes des sortes d'infiltrés dont le but est de détruire la communauté magique. Révéler notre existence aux moldus pour qu'on se fasse de nouveau persécuter. Ils agitent la peur du Moyen-Âge ...

-Et ça marche ?

-La peur, ça marche toujours.

Il avait prononcé ces mots le regard planté dans le mien, comme si le contact visuel pouvait adoucir la peine. Je m'y accrochai, le cœur au bord de lèvres. Cette brochure, c'était tout ce contre quoi j'avais voulu lutter avec mon livre. Toutes les thèses que j'avais déconstruite, une à une, pour prouver que la mixité n'était pas un appauvrissement mais une richesse. Et de nouveau, je songeai à ce projet qui n'aboutirait pas, à Irène McAdams qui avait été arrêtée, à mes pages pour lesquelles j'avais sué déchirées dans les locaux des Petits Trolls rouges.

-J'aurais dû écrire plus vite ...

-Oh Vicky ..., souffla Simon en emprisonnant mes mains dans les siennes. Arrête, tu as déjà abattu un travail phénoménal en quelques mois à peine ...

-Un travail qui ne sert à rien ... je voulais mener la guerre des mots et je l'ai perdue ...

Simon resta coi quelques instants, l'air indécis. Ses yeux se baissèrent sur nos mains entrelacées et de façon machinal, son index alla jouer avec la breloque au petit soleil qui pendait sur mon poignet.

-Alors. De une. Tu te souviens de la leçon que tu as tirée des Détraqueurs ?

Je battis des cils, perplexe, avant que les sombres images des rues de Londres, des silhouettes noires qui glissaient sur les pavés et du visage terrifié de Miles ne me reviennent à l'esprit. Immédiatement après, ce furent les cris de Simon qui me tonnèrent aux oreilles, les cris porteurs d'une vérité glaçante.

-Je ne peux pas sauver tout le monde, déclarai-je d'une voix sans timbre. Je ne peux pas porter le poids du monde sur mes épaules ... Aïe !

Simon venait de me gratifier d'une méchante pichenette entre les deux yeux. Les souvenirs avaient allumé une lueur féroce dans ses iris.

-Et Merlin que c'est dur de te la bourrer dans le crâne, celle-là ! Ne prends la responsabilité de cette guerre, Vicky. Non seulement c'est contre-productif mais en plus c'est un peu arrogant de penser que la guerre des mots ne tenait qu'à ton livre, madame-je-suis-si-modeste.

-Enfoiré, grognai-je avant de lui donner une tape sèche sur les doigts. Hé ! Tu crois que tu peux me frapper et jouer avec mon bracelet après ?

-Ouaip. (Il s'attela immédiatement à tripoter la breloque sous mon regard blasé). Seconde chose. Ce n'est pas trop tard pour la mener. Nous aussi on peut faire des jolies brochures. Et en plus tu nous as créé une matière exceptionnelle pour pouvoir y répondre ...

-Mais ça attendra un peu ! intervint la voix de Rose depuis la cuisine.

-Un peu d'intimité, ce serait trop demandé ? répliqua Simon en roulant des yeux.

-Il fallait partir pour Oxford, mon chéri.

La pique arracha un soupir mêlé d'un grognement à Simon mais me fit m'esclaffer. Rose avait raison : malgré l'urgence, ça attendrait qu'on y voie plus claire sur le monde dans lequel nous vivions, sur les leviers que nous avions en main. L'idée était attrayante et m'avait quelque peu réchauffé le cœur, mais c'était inutile de l'embraser.

-Au moins elle a accepté, chuchotai-je à Simon d'un ton mutin. Maintenant rends-moi ma main, il faut que j'aille nourrir mon hibou.

-Je garde le bracelet ? tenta de négocier Simon.

-Même pas en rêve, la crevette.

Pour adoucir le refus, je portais sa main à mes lèvres pour déposer un baiser sur ses phalanges avant de me lever avec un petit sourire. En partant vers la cuisine, je caressai les perles noires et dorées qui constituaient le bracelet. Le dernier cadeau de Cédric, le rare bijou que j'acceptai de porter avec ma chaine et qui me définissait tout autant que mes pendentifs. Ma force, mon combat et ma lumière intérieure, si on voulait.

Archimède ne paraissait pas décontenancé de son déménagement. Au contraire, il était heureux de partager son perchoir avec Ogma, le vieux hibou des Bones qui dormait la plupart du temps, la tête sous son aile. Consciente de son inactivité depuis quelques jours, je le pris sur mon bras et le relâchai sur la terrasse. Il s'éleva à tire-d'ailes avec un hululement sonore qui réveilla Ogma. Après cela, la journée se déroula avec une lenteur d'escargot. J'avais emporté la plupart de mes lèvres et Simon m'avait trouvé la collection complète des œuvres de Tolkien. J'avais donc commencé Le Seigneur des anneaux, mais sans entrain, un peu poussée par la force des choses. Cela rendait la lecture morne et ennuyeuse alors même que je réalisai le travail minutieux et fascinait qui constellait l'univers.

-Je pense que je vais écouter Susan et faire un livre d'histoire sur Terre-en-Landes, marmonnai-je le soir venu en fermant mon bouquin.

Je lorgnai du côté de Simon, assis à même le sol dans un coin de la bibliothèque, occupé à potasser des enchantements qui constituaient son nouveau programme à l'IRIS. Il n'avait certainement entendu aucun de mes mots. Ça n'avait jamais été un garçon travailleur, à la grande indignation d'Emily qui devait bûcher d'arrache-pied pour espérer atteindre son niveau, mais pour les sortilèges qui le passionnaient il était capable de s'envelopper d'une bulle hermétique. C'était même fascinant d'observer Simon pratiquer, de voir son regard s'approfondir, l'imaginer voir plus loin, au-delà de la matière, suivre la courbe de sa baguette qui s'élançait élégamment dans le vide, être impressionnée par une lumière colorée ou des étincelles vivifiantes sans même connaître leur effet réel. C'était un aspect auquel j'avais peu accès, que je pensais réserver à l'IRIS, inaccessible par ma non-maîtrise du sujet mais qui chaque fois m'émerveillait. Souvent, j'oubliais à quel point Simon était doué.

Pas vexée par son absence de réponse, je fouillai machinalement dans les cahiers que j'avais sorti pour m'occuper. Ceux de Nicholas Bones, mes notes pour mon projet que je tentai de synthétiser en des slogans accrocheurs, jusqu'à ce que par hasard, je tombe sur le carnet de Susan. Celui qui nous permettait de communiquer avec elle, que Simon lui avait offert la veille de son départ en guise de cadeau d'anniversaire. La pénombre tombait dans la pièce et sans même lever la tête, Simon alluma les chandelles d'un coup de baguette. La clarté nouvelle me permit de pouvoir lire l'intérieur du carnet en espérant y trouver un message de mon amie. Il me fallut longtemps tourner les pages blanches mais je finis par trouver quelques lignes de texte tracées à la hâte. L'écriture était tremblotante, mais je reconnaissais aisément celle de Susan.

J'ai eu mon premier cours d'Etude des moldus ... Burbage est partie, maintenant ils ont mis un des Carrow à la place, la femme et c'est devenu obligatoire pour tout le monde. Ils ont tous râlé à la rentrée quand on l'a appris, si tu savais ... C'est connu comme une matière ennuyeuse. Mais maintenant, je suis très contente de voir qu'ils sont tous horrifiés.

C'était horrible, Simon. Vraiment, j'ai eu envie de vomir tout du long. Elle nous a expliqué que la magie nous rendait supérieur, qu'il était naturel qu'on assoie notre domination sur les moldus ... Que Dumbledore avait été aveuglé de bon sentiment, mais que maintenant c'était prouvé SCIENTIFIQUEMENT que nous étions mieux ... qu'on allait sauver les sorciers en extirpant les nés-moldus ...

Un gars de Gryffondor, Neville, a failli sauver ma journée. Il a levé la main ... et demandé quel pourcentage de sang moldu elle avait dans les veines. C'était brillant, je te jure je jubilai intérieurement, son visage s'est décomposé ... Puis une seconde plus tard, il avait le visage entaillé. Ça s'est passé si vite, je l'ai pas vue sortir sa baguette ... Mais elle lui a tailladé le visage, comme ça. Il était en sang. Parvati Patil a hurlé, Hannah a voulu l'emmener à l'infirmerie mais on a vite compris que si on bougeait une oreille, on subirait le même sort.

Encore maintenant quand je ferme les yeux, je vois le sang qui gicle du visage de Neville. J'ai la nausée.

Demain, j'ai « Art de la magie noire », avec le nouveau Carrow. Simon, j'ai peur.

Je refermai brutalement le carnet, le souffle court. Chez moi aussi la nausée commençait à poindre, comme un écho de celle de Susan. Mes doigts tremblèrent si fort que je les emprisonnai dans mon poing serré.

-Bones ?

Je n'avais pas beaucoup élevé la voix, mais mon timbre étrange parut passer les voiles de la concentration de Simon. Il se redressa précisément et se hâta vers moi avec dans son sillage une fumée rosâtre qui s'échappait de sa baguette. Sans un mot, je fis glisser le carnet sur la table et le laissai chercher le message de Susan. La lecture lui ravit ses couleurs mais malgré sa mâchoire contractée, il ne parut pas surpris.

-Je l'ai déjà vu, enchéris-je, les yeux rivés sur les pages. Alecto Carrow. C'est elle qui devait récupérer la poignée de porte ... elle avait blessé Tonks, Pod disait qu'elle était ... féroce ...

-Son frère n'est pas mieux. Je crois qu'il fait partie de la troupe qui a infiltré Poudlard quand Dumbledore ...

-Seigneur ...

Simon se passa une main dans les cheveux plus sur la nuque, secoué. Même Ombrage n'avait pas été si loin. Le climat de violence s'étendait même à Poudlard. C'était à prévoir et pourtant j'avais songé naïvement qu'ils n'oseraient pas à s'en prendre à des enfants. Va dire ça à Spencer ...

-Elle m'a dit que Rogue les avait présentés comme ... garants de la discipline, ajouta Simon d'une voix blanche. Qu'en cas de problème, les professeurs devaient envoyer l'élève chez l'un d'entre eux. Si c'est ça la discipline ...

-Elle t'a dit ça quand ?

-Je ne sais plus. Le soir de la rentrée, sans doute ?

Il se laissa tomber sur la chaise et se munit de sa plume – sans doute pour enjoindre sa sœur à être prudente, de ne pas tenter l'ire des Carrow. Je le regardai faire, relativement perplexe. Un étrange malaise s'était épris de moi, étranger à ce que je venais de lire et qui tenait dans la mine bizarrement détachée de Simon. Puis je remarquai son geste, sa façon de pivoter de telle sorte à ce qu'il me tourne les dos, que ses mots me soient invisibles et ça me frappa comme la foudre.

-Il faut que tu arrêtes de me ménager.

Simon me jeta un petit regard coupable qui ne fit que me hérisser.

-Sérieusement, je veux savoir, insistai-je vertement. Tu brûles les prospectus avant que je les voie, tu filtres les messages de Susan. Si tu étais tombé sur celui-ci en premier, est-ce que tu m'en aurais parlé ?

-Pas complètement, avoua Simon, la mine vaguement penaude. Mais tu ne peux pas m'en vouloir. J'ai l'impression que ça fait un mois qu'on est tous les jours assommés de mauvaises nouvelles ... Vic', tu n'as pas besoin de te faire plus de mal. Tu souffres déjà bien assez.

-Je ne suis pas en sucre !

Ma voix avait légèrement déraillé dans les aigues et s'en fallut de peu pour que je tape le parquet de mon talon, frustrée.

-Non, sérieux, ne commence pas à me faire ça ! Ne commence pas à jouer les copains protecteurs, ne commence pas à m'infantiliser, à édulcorer la réalité pour me « préserver » ! Je souffre, oui, je ne vais pas le nier ! Mes parents sont sur un autre continent, ma maison a brûlé, l'une de mes meilleures amies est entre les griffes de psychopathes et notre gouvernement tente de faire croire à qui veut bien l'entendre que je ne suis même pas humaine ! Ce n'est pas que je souffre, c'est que je suis en colère, Simon, et je risque de l'être encore plus si tu me traites comme une petite chose incapable de digérer les nouvelles !

-Je n'ai jamais sous-entendu que tu l'étais, assura Simon d'un ton qui se voulait calme. Et je n'ai jamais dit que je ne t'en aurais pas parlé ... simplement tu sais ce qu'ils font, ça ne sert à rien de retourner le couteau dans la plaie en te mettant les brochures sous le nez. Ça, c'est du sadisme.

Sa voix s'était faite coupante sur la fin de sa phrase mais ça ne fit que m'exaspérer davantage. C'était déjà bien assez étouffant d'être enfermée dans cette maison, d'être réduite à un poids dans cette famille pour qu'en plus je sois écartée ainsi des nouvelles.

-Et bien retourne le couteau dans la plaie, exigeai-je en relevant le menton. Je veux tout savoir, tout ce qui se passe à l'extérieur. Je veux savoir si Susan va bien, si l'un de ses imbéciles de professeur a eu l'audace de la toucher, si on annonce l'arrestation de Harry ou même si caleçons de Voldemort ont changé de couleur ! Sorcière-Hebdo finira bien par s'y intéresser un jour !

Un éclat de rire s'échappa des lèvres de Simon, libérant la tension qui l'habitait depuis qu'il avait lu les notes de Susan. Je plissai les yeux avec la désagréable impression de ne pas être prise au sérieux, mais Simon me rassura vite quand le rire laissa la place à un sourire sincèrement contrit.

-Pardon, je sais à quel point ça doit être frustrant d'être aussi démunie ... Mais vraiment Vic', je ne veux pas que tu te fasses du mal pour rien. A quoi ça va te servir de lire toutes les horreurs qu'ils écrivent ?

-A ce que je fasse des plans en trois parties, trois sous-partie et rythme ternaire pour leur répondre à quel point leurs horreurs sont ridicules.

La hauteur presque condescendante avec laquelle je déclamai cette phrase parut plus amuser Simon que les mots en tant que telle. Mais l'amusement peina à faire pétiller son regard : je le sentis surtout maussade, presque mélancolique. Le mois dernier, il avait désiré de toutes ses forces me mettre dans un avion. Aujourd'hui, il aspirait sans doute à m'envelopper de papier-bulle et à me ranger dans un coffre jusqu'à ce que la guerre soit finie. Il ouvrit la bouche, certainement pour me le signifier d'une façon ou d'une autre mais la referma aussitôt, brusquement alerte.

-Tu as entendu ?

Je fronçai les sourcils et tendis l'oreille vers la fenêtre vers laquelle se tournait Simon. Et alors, ils me parvinrent.

« Crac ! »

« Crac ! »

« Crac ! »

-BONES !!

Je frémis au cri qui malgré les murs et les étages m'atteignait avec une grande netteté et échangeai un regard horrifié avec Simon. D'un même élan, nous nous précipitâmes vers la fenêtre de la bibliothèque qui donnait sur l'avant de la maison. Au loin sur la route, les réverbères étaient allumés, éclairant en contre jours trois silhouettes qui se hâtaient vers la maison, baguette à la main. A l'étage d'en dessous, on percevait nettement les coups qui martelaient la porte d'entrée.

-Bones ! Ouvre cette porte, je n'aurais aucun remords à la défoncer ! Ou à réduire cette maison en cendre si jamais tu ne pointes pas ! Les règles ont changées, Bones !

-Oh mon Dieu ...

Mon gémissement s'étouffa dans ma gorge et je m'écartai de la fenêtre d'un bond, les mains plaquées sur ma bouche. Simon y resta lui collé, comme pétrifié, le visage blafard. L'identité de ces hommes ne faisait que peu de mystère et elle me nouait les entrailles.

-Simon ...

Le son de ma voix parut le sortir de sa torpeur – ou bien était-ce l'angoisse qu'elle véhiculait ? Toujours était-il que Simon pivota souplement vers moi, les yeux écarquillés traversé d'une multitude d'émotion dont l'effroi ressortait nettement. Brusquement monté sur ressort, il m'attrapa la main et se dépêcha sur la porte de la bibliothèque. Dans le couloir, les voix étaient plus claires, montant depuis l'escalier duquel on entendait le grincement des gongs d'une porte qui s'ouvrait avec une lenteur insupportable.

-Bah alors les mots, Bones ... il faut surveiller son langage, par ici ...

-De quoi tu parles, Travers ?

Simon posa urgemment un doigt sur ses lèvres lorsque nous mîmes un pied sur les marches qui menaient au deuxième étage et à sa chambre. La moquette couvrait nos pas, mais pas les battements effrénés de mon cœur. Il tambourinait si fort dans ma poitrine, c'était impossible qu'ils ne l'entendent pas. Moi je n'entendais que cela.

-Il faut que tu partes, annonça froidement Simon une fois la porte de sa chambre refermée sur nous. Vite. On ne va pas prendre de risque ...

D'un geste qui paraissait compulsif, il posa la main à plat sur l'un des murs, l'air à l'écoute d'une musique intérieur.

-Les enfoirés, ils ont levé le sortilège anti-transplanage ... Si vite, comment ils ont fait ?

-Donc je peux transplaner ?

Je tentai de maîtriser les tremblements de ma voix, mais ils m'échappèrent toute de même. Le visage de Simon se tendit et son poing se crispa contre le mur. L'espace d'un instant, lui qui était si frêle, je le crus sur le point d'éventrer la tapisserie d'un coup rageur.

-Non, c'est acte magique repérable par le Ministère. Ce n'est pas pour rien qu'il faut un permis. Merlin ... Merlin, Merlin ...

Il y avait la moitié d'une plainte, d'une supplique dans sa voix. C'était une véritable prière à ce qu'une solution lui vienne, éclaire son esprit d'une lumière divine. Mais ce fut dans le mien qu'il jaillit. Je me jetai à plat ventre sur le lit et posai mon crâne contre le sol pour en sonder les dessous. J'étendis mon bras et avec une grimace j'en ressortis mon Nimbus que j'avais rangé avant que Simon ne peste contre mon désordre. Le soulagement affaissa les épaules de Simon et il s'effondra presque contre le mur, le visage entre les mains.

-Parfois je me dis que tu es plus intelligente que moi ...

-J'ai juste plus l'habitude des situations délicates, fis-je valoir en ouvrant résolument sa fenêtre. Oh Seigneur, comment je vais faire pour décoller d'ici, moi ...

-Tu vas le faire. Tu vas le faire parce que j'ai pas l'impression qu'ils soient venus simplement pour parler.

Non, ça n'avait pas été mon impression non plus. Je frémissais encore des coups qui avaient été portés avec violence à la porte, comme si c'était moi qu'ils avaient frappé par échos, comme s'ils avaient cherché à m'atteindre. Quelque part, je m'étais doutée qu'un jour nous recevrions ce genre de visite ... Les Bones n'était pas une famille neutre. Un jour, on chercherait à les intimider, un jour quelqu'un ...

Un hurlement terrible coupa le fil de mes pensées. Une nouvelle fois, j'en saisis toutes les nuances, et mes jambes faillirent se dérober sous moi. Mes mains lâchèrent seules mon balai pour aller se placer contre mes oreilles, créer un rempart dérisoire entre moi et ce cri qui venait juste de s'achever et dont je portais encore la trace dans ma chair. Simon se précipita à moitié vers la porte mais gardai une main agrippée à mon bras. Elle fut plus forte : il s'immobilisa, le bras tendu, les doigts serrés sur ma peau à m'en meurtrir.

-Maman ...

Ce gémissement valait largement un cri et le déchirement que j'y lisais me déchira le cœur autant que les hurlements de Rose le faisait avec mes tympans. Puis il pivota vers moi, sèchement, brusquement et je reçus chaque éclat dur qui brillait dans son regard en pleine poitrine.

-Vicky, va-t'en.

Mais mes jambes refusèrent de m'obéir. En moi, le cri de Rose résonnait encore. Je contemplai Simon, complètement désarmée, une main toujours sur ma tête. Mes doigts finirent par attraper mes cheveux par poignée. Un éclair de lucidité me fit vaciller.

-Non ..., compris-je, épouvantée. Non, non, non ...

-Victoria, ne m'oblige pas à te pousser par la fenêtre ! Ce sera pire s'ils te trouvent, va-t'en !

Il fit pire que me lâcher : il me repoussa des deux mains et je me trouvais projetée contre la fenêtre si violemment que j'en eus le souffle coupé. J'étais encore étourdie que Simon assénait avec ferveur :

-Et ne me tente pas, tu sais très bien que j'en suis capable ! Pour que tu vives, je suis capable de tout, Vicky alors monte sur ce balai !

-Mais ...

-Arrête de protester, dépêche-toi !

L'angoisse perça enfin la voix dure de Simon, rendant son timbre sourd, étranglé, insoutenable. Il se frotta la mâchoire d'un geste fébrile et jeta un coup d'œil par-dessus son épaule à sa porte. Les cris s'étaient tus, mais les éclats de voix et l'agitation nous parvenait par vague. Le bruit du verre brisé contracta mon ventre. Simon pressa son poing contre sa bouche en fermant les yeux et une barre de douleur vint plisser son front.

-S'il te plait ..., supplia-t-il, le timbre broyé. Vic', ce sera pire si tu restes ...

Et comme au fond de moi, je savais qu'il avait raison, j'acquiesçai avec l'impression que chaque hochement de tête injectait de l'acide dans mes veines. Rapidement, je récupérai mon balai et enjambai sans attendre la fenêtre. Je réalisai que les larmes avaient coulées uniquement lorsque Simon m'attira une dernière fois contre lui alors que j'étais en équilibre sur le chambranle et m'étourdit d'un baiser désespéré au goût de sel. Ou bien était-ce les siennes ...

-Ne me dis pas où tu vas, m'intima-t-il alors que j'ouvrais la bouche précisément pour cette raison. Non, ne me dis rien ... je te retrouverai.

-Tu as intérêt ...

J'agrippai une dernière fois son col pour l'embrasser, sceller le goût de son baiser sur mes lèvres quand de nouveau un hurlement arraché à l'âme et la chair s'éleva jusque nous. Un sanglot monta dans la gorge de Simon et il me repoussa avec un mélange de fermeté et de regrets.

-Dépêche-toi ...

-J'y vais ... j'y vais ...

Avec prudence, je hissai mes pieds sur le chambranle et enjambai mon balai, le dos courbé pour éviter de me cogner. C'était de loin le décollage le plus précaire que j'eus à tenter, mais un coup de pied suffit à me faire m'élever malgré l'absence de sol et d'équilibre. J'avais à peine jailli dans la nuit que Simon refermait fenêtre et rideaux derrière moi. Les cris et l'agitation laissèrent place au calme paisible de la campagne environnante sur laquelle donnait la chambre de Simon. La vue brouillée par les larmes, je me retournai une dernière fois pour voir la maison Bones découpée dans le crépuscule. Les pâles et joyeuses lueurs me semblèrent cruelle, dessinant presque un linceul en travers cette maison auquel j'avais apporté une nouvelle désolation ...

***

Encore chamboulée des hurlements qui avaient semblé arrachés à même la chaire de Rose, et terrifiée pour Simon, je ne pris pas de cap particulier. Ce ne fut qu'en atteignant la Severn que je choisis d'atterrir dans les collines galloises, de l'autre côté de la rive, là où le fleuve prenait sa source. Une fois posée, je laissai libre cours à mes larmes dans l'espoir que ça m'épuiserait, que ça assourdirait mon angoisse, que mes pleurs remplaceraient dans mes oreilles le cri de Roses et l'image des campagnes les horribles scénarios qui prenaient formes dans ma tête.

J'errai pendant quelques minutes au milieu de la bruyère, mon balai trainant derrière moi, avant qu'un début de décision ne se forme dans mon esprit. Pendant mon vol, j'avais vaguement songé à prendre refuge chez Emily, mais je ne voulais risquer d'apporter mes malheurs chez elle. Ma meilleure amie était formidable, mais elle était loin d'avoir l'âme d'une résistante ... Octavia était exclue pour la même raison. Fred et George m'auraient certainement accueilli à bras ouverts mais le Chemin de Traverse me semblait trop exposé, trop surveillé et donc inaccessible. Les choix se réduisaient drastiquement ...

Je pris le temps de calmer, de réguler ma respiration, avant de transplaner pour la première fois depuis l'attaque de mes grands-parents qui m'avait laissé ensanglantée sur l'herbe. Je fus à l'aguet de la moindre douleur une fois arrivée dans une petite banlieue résidentielle de Londres, mais ne demeurait que celle qui pulsait sourdement dans ma poitrine.

Simon ... Oh mon Dieu ...

-Je vais les tuer, murmurai-je résolument pour me donner du courage. S'ils touchent un seul de ses cheveux, je vais les tuer. Bon, le numéro 5 ... 5 ...

Les maisons mitoyennes s'alignaient proprement sur le trottoir. Un chat me jeta un regard curieux lorsque je passai devant lui mais je l'ignorai, mon balai pressé contre moi. Le cœur battant à tout rompre et au bord de l'asphyxie, je tambourinai le battant de la maison surmontée d'un « 5 » à moitié écaillé. La jeune femme qui vint m'ouvrir sembla être sur le point de me frapper mais se contenta d'étouffer un cri en me reconnaissant. Seulement loin du soulagement que j'attendais, je me retrouvai la seconde qui suivit avec une baguette sous la gorge, prête à me perforer la peau.

-Comment j'appelle mon tableau d'enquête ? interrogea Tonks d'une voix glaciale.

-Ta toile d'araignée ...

La pression sous ma gorge s'atténua et elle me tira vivement par le bras pour me faire entrer dans un étroit couloir. Elle prit le temps de verrouiller sa porte de sa baguette et de murmurer quelques formules avant de se tourner vers moi, son masque de froideur fendillé par une expression inquiète. Et seulement là, enfin à l'abri entre quatre murs, je m'effondrai en pleurs dans ses bras, tremblante de tous mes membres.

-Ils ... ils sont venus chez Simon ... ils torturaient sa mère, ils vont ...

-Chut ... C'est tout, tout va bien ... Viens, on va monter, tu vas me raconter ... Tu es en sécurité maintenant ...

Le chocolat aida grandement à l'opération. Je me retrouvai assise sur un sofa aux couleurs dévalée, à serrer ma tasse comme si ma vie en dépendait, à prononcer des mots que j'entendais à peine, en décalage complet avec mon esprit, comme si mon corps s'animait seul face à la nécessité. Tonks m'écouta en silence, sans m'interrompre une seule fois. Ce ne fut que lorsque le son de ma voix s'évanouit qu'elle laissa échapper, songeuse :

-Ça n'a strictement aucun sens ...

Elle fit claquer un sachet de thé sur sa paume, les sourcils froncés par la concentration. Ses cheveux avaient repris la couleur souris avec laquelle je l'avais connue la majorité de l'année dernière et je lui trouvai le teint singulièrement pâle, maintenant que le chocolat réveillait mes sens. La petite maison était étroite, mais bien aménagée : les meubles usés étaient disposés intelligemment pour couper la pièce de vie de la cuisine ouverte coincée dans un angle avec une table en bois.

-Vraiment aucun ..., chuchota-t-elle encore pour elle-même.

-Pourquoi ? protestai-je mollement, un peu surprise. C'était évident qu'ils allaient finir par s'intéresser à eux, non ? Edgar a carrément participé à l'élaboration de l'Ordre, Cassiopée a tué deux des leurs ...

-Justement. Malgré les apparences, le système de Thicknesse marche encore sur des œufs. Il s'établit, donc il est fragile. Il ménage les opposants.

-Tu te fiches de moi ?

Tonks rit jaune devant mon indignation. Elle prit le temps de verser l'eau chaude de sa bouilloire dans sa tasse avant de répondre :

-Ce n'est pas intuitif parce qu'envers les nés-moldus, ils sont d'une violence inouïe. Contre les membres de l'Ordre aussi ... mais s'il s'avérait que d'innocents sorciers se faisaient torturer, ça créerait une faille dans leur système. Thicknesse veut être celui qui a arrêté la guerre, tu comprends ? Celui qui a fait cesser le désordre et les massacres. Alors ce n'est pas encore le moment de s'attaquer à des Bones qui jusque là n'ont même pas encore songé à bouger une oreille.

Elle me laissa le temps de digérer ses explications en prenant une grande gorgée de thé dont la fumée brouilla les traits de son visage et l'éclat de son regard. Elle semblait vidée.

-En plus, les Bones ne sont vraiment pas la famille à titiller, Thicknesse doit le savoir. Il a côtoyé Amelia et George ... Ne crois pas qu'on ne s'est pas renseigné. Kingsley travaille toujours au bureau des Aurors ... la politique, c'est justement de ne pas brusquer ces familles qui pourraient être un peu sur le fil, tentée par la résistance. S'il ne leur arrive rien, si elles se sentent épargnées, Thicknesse pense que ça les tiendra éloigner de la rébellion. Mais les Bones sont de vrais blaireaux, de dignes Poufsouffle ...

-Attaque leur terrier, et ils sortiront les griffes et les crocs, me rappelai-je puisque je m'étais toujours sentie fière de cet aspect de l'animal emblème de ma maison. Alors risquer de venir les intimider gratuitement, c'est dangereux pour eux ... ça les pousserait droit dans les bras de l'Ordre.

Tonks opina longuement du chef. Parler rationnellement de ce qui venait de se passer avait sécher les larmes et effacer les images terribles qui se bousculaient dans ma tête. Malheureusement, cela fit poindre une hypothèse tout aussi glaçante. Mes doigts se crispèrent autour de ma tasse.

-Alors ils sont venus pour moi.

-On ne sait pas, rebondit immédiatement Tonks, signe qu'elle y avait songé aussi. Non, Victoria on ne sait pas pourquoi ils sont venus, si ça se trouve ils sont juste bêtes. Tu as une idée de qui était là ?

-Je n'ai pas vu leur visage ... je crois que George a parlé de Travers ...

-Travers, répéta Tonks en fronça du nez avec mépris. Tu vois je te l'avais dit. Des imbéciles.

Elle plongea dans sa tasse avec un air satisfait, comme si elle venait de poser l'argument ultime de son argumentation et se pelotonna sur son fauteuil, les jambes repliées sous elles. Malgré son assurance, le doute croissait douloureusement au creux de mon ventre. Tonks avait raison : les Bones étaient volontairement dociles dans l'espoir d'endormir les méfiances. Leur seul manquement aux nouvelles lois, c'était la petite Née-Moldu, fichée ouvertement dans La Gazette comme fugitive qu'ils hébergeaient ... Un frisson hérissa mon échine. C'était comme ça que j'avais dû fuir le centre Plumpton à la hâte : parce que Spielman s'était plains de ma présence au Ministère ... pareille dénonciation pouvait parfaitement se reproduire. Surtout maintenant qu'un sac de gallion était promis à la clé. Je me recroquevillai sur le sofa.

-Je suis un peu sortie sur la terrasse ses derniers jours ... peut-être que quelqu'un a pu me voir ... ou qu'on a mal oublietté un voisin ... Nestor les a interrogés quand il est venu brûler ma maison peut-être qu'il a découvert quelque chose ...

-Mais qu'est-ce que tu racontes ... Oh ! Qu'est-ce que tu fais ?

Je venais de me redressai d'un bond et relaçai mes chaussures que j'avais retiré en arrivant sous les injonctions de Tonks. Mes doigts fébriles formèrent des nœuds mal arrangés, mais la seconde d'après j'étais tout de même debout en quête de mon balai.

-Je vais partir ... Je ne peux pas rester là ...

L'impulsion m'était venue d'un coup, sonnant comme l'évidence après l'hypothèse qui me tordait le ventre. C'est ma faute. Le stratagème n'a pas fonctionné, ils sont venus pour moi... Rose est torturée à cause de moi ... et Simon ... Seigneur, Simon ... Je pressai mes paupières pour chasser les images cauchemardesques qui tentaient de s'infiltrer dans mes pensées. Deux larmes en profitèrent pour rouler jusqu'aux coins de ma bouche, là où le baiser empli de détresse de Simon me brûlait encore.

-Non, mais ça ne va pas, Victoria ! s'écria Tonks, stupéfaite.

-Si ! Si, je ne veux pas qu'ils débarquent chez toi, je ne veux pas qu'ils te torturent toi aussi, déjà qu'ils doivent ...

L'image d'un Simon, le corps brisé par la douleur, me traversa l'esprit une fraction seconde, comme éclairée par un éclair violent et me donna envie de hurler mon désespoir à plein poumons. Je le ravalai en serrant les dents, les mains douloureusement agrippées aux barreaux d'une chaise pour m'empêcher de vaciller sur mes jambes.

-Je vais me débrouiller ... je dormirai ...

-... Sous les ponts ? ironisa Tonks, un sourcil dressé. Hors de question. Tu dormiras sur ce sofa – je n'ai rien de mieux à te proposer, mais ce sera plus confortable que la rue. Tu es ici, tu y restes, Victoria Bennett, point à la ligne. Maintenant pose tes fesses, tu trembles.

Elle joignit à la parole cinglante le geste beaucoup plus doux, presque maternel. Ce fut certainement cette douceur qui ramena à moi l'esprit de mon père, de l'autre côté de l'Atlantique, qui me fit craquer. Je me laissai reconduire comme une poupée de chiffon sur le sofa : la panique avait brûlé ce qui me restait d'énergie dans une crise futile. Tonks entreprit même de délacer mes chaussures avec des gestes autoritaires, le visage fermé. Je ne songeai même pas à la repousser. Le seul geste que j'étais capable de m'esquisser était de me ronger les ongles avec angoisse.

-Tu les as entendus parler de toi ? Les gars qui sont venus ?

-Non, convins-je dans un filet de voix. Non, ils ont juste réclamé George ... Ou Rose, je n'en sais rien ... il ne faisait que beugler « Bones ».

-Alors tranquillise-toi, conclut-t-elle en retirant ma chaussure droite. Ils ont la puissance du Ministère derrière eux : ils ne cachent plus pourquoi ils viennent. S'ils ne t'ont pas mentionné, c'est qu'ils ignoraient ta présence.

Elle me tapota le genou avec un sourire et s'attela à mon autre chaussure. Ses doigts remuèrent et un filet de lumière fit luire son alliance d'un bel éclat doré. Je papillonnai des yeux. Une nouvelle interrogation venait de balayer ma brève crise de panique.

-Où est Remus ?

Les doigts de Tonks se figèrent sur mes lacets et sa tête s'inclina. Ses cheveux couleur souris me dissimulèrent son visage et sa voix me sembla quelque peu assourdie quand elle s'éleva :

-Longue histoire. Je te la raconterai plutôt demain ... Là, tu dois te reposer. Mon ami Farhan m'a donné quelques potions pour dormir, j'accepte de t'en sacrifier une. Mais que mon abnégation soit notée !

Et elle fila dans l'autre pièce sans me laissant le temps de la détailler, mais avec un reniflement qu'elle tenta de dissimuler dans sa main. Honteuse, je la laissai s'isoler. J'étais trop épuisée, trop anxieuse pour insister, l'interroger, porter sa peine visible comme la mienne. Simon avait raison, j'en portais déjà beaucoup trop depuis plus d'un mois ... Un mois, un mois seulement s'était écoulé depuis la chute du Ministère et j'avais déjà perdu tout feu intérieur à être ballotée contre les rochers.

Tonks revint avec un verre contenant une potion d'une agréable couleur lilas et qui embaumait d'une odeur fraiche qui me chatouilla les narines. Ses yeux étaient rougis, mais parfaitement secs lorsqu'elle me le tendit.

-Tu n'as rien contre la menthe, j'espère. Farhan en est obsédé et en mets absolument partout.

-Absolument rien, assurai-je, reconnaissante. Juste ... j'aimerais ... attendre ...

-Si j'étais toi, je dormirai, conseilla Tonks avec douceur. Il ne va pas apparaître ce soir ... Même s'il savait où tu étais, ce ne serait pas prudent. Non, ce soir il ne se passera rien, Vic'. Dormir, c'est ce que tu as de mieux à faire. On réfléchira à la suite des opérations demain ...

Elle me caressa les cheveux d'un geste tendre avant de m'enjoindre à me lever. Installer magiquement le lit fut une véritable épreuve pour elle : le sofa se plia dans tous les sens, se couvrit de dentelle rose, cassa deux lattes et changea trois fois de couleurs avant que n'apparaisse une couverture et un oreiller. Ma petite taille et ma physionomie menue me permit de me loger confortablement, mais je n'étais pas certaine qu'une personne beaucoup plus grande que moi puisse dormir sur ce sofa. Tonks réussit même à m'arracher un petit rire étranglé en venant me border comme une enfant avec des gestes exagérés.

-Tu veux une berceuse ? proposa malicieusement Tonks. Il faut que je m'entraine ...

-Je suis sûre que tu as une voix de crécelle, répliquai-je avec l'ombre d'un sourire.

-Ah, ah. Pour la peine, je te laisse te débrouiller sans berceuse, gamine indigne. Tu as bu ta potion ?

-Oui, maman ...

Le visage de Tonks se rembrunit et une vague de nostalgie m'assaillit et me prit à la gorge. Je ramenai mes couvertures à mon menton et la jeune femme parut considéré cela comme un signal de départ. Elle effleura encore mes cheveux d'une main presque nerveuse avant de se trainer jusque sa propre chambre à l'étage du dessus. Toujours indisposée par la boule d'angoisse au creux de ma poitrine et mes entrailles nouées, je craignis de grader les yeux grands ouverts dans l'obscurité, de rester la nuit à retenir mes larmes et à étouffer mon anxiété. Mais les brumes s'emparèrent de mon esprit dès que mes paupières se fermèrent. J'aurais dû partir avec papa et maman, fut la dernière pensée qui me traversa l'esprit avant que le sommeil ne m'emporte. 

***

Yeaaah je vous l'accorde on n'est pas redescendu longtemps. 

Mais vous avez aimé quand même? :D 

A la semaine prochaine pour LDP et dans deux pour la suite ! Profitez bien de vos vacances les enfants ! 

PS  : Hum hum ... en fait j'ai salement craqué et la suite vous attends immédiatement après ce chapitre. Ne me remerciez pas c'est CADEAU ! Chapitre 10 ==>

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