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IV - Chapitre 36 : L'ultime cercle de l'enfer

Ladies, gentlemen and no binary people, 

Perri est de retour pour vous livrer ce chapitre ! Pour celle-eux qui n'ont pas insta, j'ai fait une petite annonce : j'ai fini d'écrire le "Et après?" ce qui signifie que, basiquement, je n'ai plus rien à écrire sur l'histoire principal ... Tout est paré, bouclé, jusqu'au petit questionnaire de fin *se frotte les mains avec impatience* 

Alors cette seule semaine complète de mai s'est bien passée vous vous? Ne vous en faites pas, lundi c'est férié ... 

Bon, comment ça je n'ai pas grand-chose à raconter d'autre? Il faut dire que cette semaine à part des lessives et ranger mon appart je n'ai pas fait grand-chose. Alors je vais m'arrêter là et vous laissez avec ce chapitre que vous attendez ! 

Bonne lecture les enfants ! <3 

***

Demain, et demain, et demain ! C'est ainsi que, à petits pas, nous glissons de jour en jour jusqu'à la dernière syllabe du temps inscrit sur le livre de notre destinée. 

- William Shakespeare 

***

Chapitre 36 : L'ultime cercle de l'enfer.

C'était fini.

Et pourtant, la vie continuait de grouiller autour de moi, me rattacher à son cours infernal pour m'empêcher de totalement vaciller. La main de Simon dans la mienne était le centre de mon univers, mon point d'attache, alors qu'autour de moi des cris, des plaintes et des pleurs se faisaient entendre. Aucun ne parurent du goût du terrible personnage qui se tenait face à nous. Je l'avais entendu décris mainte fois sans jamais le contempler : Lord Voldemort, son teint blafard, comme mort, son visage lisse, reptilien, dépourvu du moindre relief, ses prunelles écarlates et sa haute stature. Il était grotesque. Comme un clown qui portait un masque pour effrayer. Le serpent qui l'accompagnait me terrifiait bien plus que lui.

Et pourtant, c'était lui, l'ombre qui pesait plus lourd que le plomb dans mon quotidien, depuis de longs mois. Lui qui était revenu d'entre les morts pour faire de ma vie un enfer, nier jusqu'à mon existence. Lui que j'avais toujours combattu.

-TAISEZ-VOUS ! s'écria-t-il en levant sa baguette.

Un grand « BANG ! » et nos voix furent assourdies, comme si sur nous s'étaient abattus une invisible chape de plomb. Là, avec un sourire sinistre, Voldemort amena le pauvre Hagrid à déposer le corps de Harry dans l'herbe, à ses pieds. La bile remonta dans mon estomac alors que je considérai la dépouille. Le pauvre garçon semblait dormir, comme Tonks sous les étoiles. Si je n'avais pas été aussi étreinte pour le désespoir, j'aurais peut-être été soulagée pour lui. Ne méritait-il pas le repos éternel après tout ce qu'il avait vécu ... ? De retrouver ses parents que jamais il n'avait connu ... ?

-Vous voyez ? fit Voldemort de la même voix glacée qui avait tonné dans le parc. Harry Potter est mort ! Comprenez-vous maintenant, vous qui vous êtes bercés d'illusion ? Il n'était rien, n'a jamais rien été, qu'un jeune garçon qui voulait voir les autres se sacrifier pour lui !

-Il vous a battu !

Le cri rageur de Ron Weasley perça le sortilège de mutisme et tous s'engouffrèrent dans la brèche. Ginny Weasley se mit à vociférer mille insultes, à peine retenue par Bill, et Hermione brandissait le poing, les yeux mouillés de larme. Le sortilège qui nous réduisit au silence n'en fut que plus implacable. Je le sentis nouer mes cordes vocales pour qu'aucun son ne s'échappent de mes lèvres. Et pourtant Seigneur que j'avais envie d'hurler. A plein poumon.

-Il a été tué en tentant de s'enfuir subrepticement par le parc du château, insista Voldemort avec délectation. Il a été tué en tentant de sauver sa propre vie.

Les lèvres de Susan articulaient avec colère : « C'est faux ! ». Je n'avais pas besoin de cela pour percer le mensonge de Voldemort. Hermione avait raison : le mensonge était sa parole. Là encore, il était grotesque, cousu de fil blanc ... et pourtant ce serait lui qu'on retiendrait dans les livres d'Histoire, imaginai-je, abattue. La colère sembla embraser notre groupe et, piqué, quelqu'un rompit nos rangs et s'élança vers Voldemort, baguette en main. En pure perte. En une fraction de seconde, le célèbre mage noir l'avait désarmé, rattrapé sa baguette, et lui gisait le nez dans la pelouse. Mon cœur éclata de soulagement lorsque je le vis remuer sur le sol. La célérité de la magie de Voldemort avait de quoi paralyser.

-Qui est-ce ? interrogea-t-il avec lenteur. Qui s'est porté volontaire pour montrer à quel sort doivent s'attendre ceux qui poursuivent le combat lorsque la bataille est perdue ?

La bataille est perdue.

J'aurais voulu reculer d'un pas à ces mots, de plusieurs. Fuir vers le château, fuir vers la forêt. La bataille est perdue. Et cette fois il était face à nous, prêt à déverser toute la puissance de sa magie destructrice pour imposer son ordre nouveau. Et qui s'écrivait sans moi. Mon regard aux abois croisa celui de Simon et j'y lus une identique angoisse. Il faut partir. Alors pourquoi mes jambes restaient clouées, plantée dans le sol comme deux troncs millénaires ?

Un frisson me parcourut lorsque le rire de Bellatrix Lestrange retentit de nouveau, comme lorsque Tonks était tombée. Avec la langueur d'une amante, elle se rapprocha de son Maître pour lui glisser quelques mots. Alors que mes yeux passaient sur la ligne de Mangemort, ils rencontrèrent deux de Nestor Selwyn qui balayaient sans relâche notre groupe. Le sourire qu'il m'adressa me glaça tant le sang qu'il me fallut du temps avant que mon attention se reporte à Voldemort et au jeune homme qui se relevait péniblement, à mi-chemin des deux armées.

-... tu es un Sang-Pur, n'est-ce pas mon garçon, toi qui es sur courageux ? susurrait Voldemort.

-Et alors ? rétorqua bravement le garçon.

C'était celui qui avait accompagné le Capitaine de Gryffondor dans le parc pour remonter les corps, ce garçon au visage rond et aux cheveux blonds couverts de poussière. Susan poussa une exclamation à peine étouffée par le sort et se rapprocha de Simon, les yeux agrandis par la peur. Lui n'accordait pas le moindre regard à l'hideux spectacle face à nous. Ses yeux balayaient la ligne de Mangemort sans s'attarder sur aucun d'entre eux alors que tant de visages ressortaient – Bellatrix, Jugson, Nestor. Non, finis-je par comprendre, le cœur battant à tout rompre. Il évaluait juste ce qu'il nous faudra pour rompre cette ligne et courir jusque la forêt. Le souvenir des Acromentules me fit frémir, mais mieux valait frémir qu'être terrassée.

-Tu as montré du caractère et de la bravoure et tu es issu d'une noble lignée, poursuivit Voldemort. Tu feras un précieux Mangemort. Nous avons besoin de gens comme toi, Neville Londubat.

Et toujours l'obsession du sang pur, constatai-je, presque consternée de réaliser de mes yeux quelle importance cela revêtait pour lui. Un véritable sauf-conduit, une protection qui effaçait toute tare ... y compris celle de lever la baguette contre lui. La main de Simon pressa la mienne et lorsque je me tournai vers lui, je vis qu'il remuait les lèvres. « Liszka », lus-je, le cœur morcelé. Le mensonge grâce auquel j'avais survécu au Ministère. Le seul qui pourrait me sauver si jamais ... si jamais ...

-Je me rallierai à vous quand il gèlera en enfer ! s'écria Neville, les poings serrés. L'armée de Dumbledore !

Le sortilège de mutisme ne fut pas suffisant pour assourdir les acclamations qui montèrent depuis nos rangs, des professeurs qui applaudirent bruyamment aux membres de l'A.D., Susan y compris, qui brandissait le poing en répétant inlassablement leurs derniers mots. C'était un acte de courage magnifique, que de tenir tête face à face avec cet homme qui avait voilé notre passé et notre présent, un acte propre à rallumer la flamme en chacun d'autre nous ... Mais j'avais trop conscience de la façon dont les lèvres inexistantes du mage noir s'étaient figées, de la manière dont ses traits semblaient s'être creusés dans le marbre, et dont ses longs doigts blanchâtres s'étaient refermés sur sa baguette. Ma poitrine se referma sur mon cœur.

-Oh mon Dieu ..., articulai-je, épouvantée. Tire-toi de là, reviens ...

-Très bien, lâcha Voldemort, et ces simples mots ne parurent terrible. Si tel est ton choix, Londubat nous allons revenir au plan d'origine. Ce sera sur ta tête que ce ça se passera.

Sa baguette s'éleva et je détournai le regard, incapable de voir l'éclair vert en jaillir pour terrasser ce pauvre garçon. Néanmoins, la funeste formule ne vint et en lieu et place, j'entendis un frémissement feutré, comme les ailes d'un oiseau. Le cœur battant, je tentai un coup d'œil vers Voldemort qui venait de réceptionner ce qui ressemblait à s'y méprendre à un vieux chiffon. Puis il se déploya et l'aube découpa modestement les contours usés du Choixpeau Magique.

-Il n'y aura plus de Répartition au collège Poudlard, annonça Voldemort d'un ton glacial. Il n'y aura plus de maison. L'emblème, le blason et les couleurs de mon noble ancêtre, Salazar Serpentard, suffiront à chacun n'est-ce pas, Neville Londubat ?

L'affiliation historique s'imprima à peine dans mon esprit. Parce qu'immédiatement après, il pointa sa baguette sur Neville et il se retrouva figé, incapable de faire le moindre mouvement alors que Choixpeau s'enfonçait sur sa tête jusqu'à le masquer totalement, telle la cagoule qu'on disposait sur les condamnés à mort pour qu'ils ne regardent pas leur fin droit dans les yeux. La mise en scène me figeait sur place et je me contentai de scruter chaque mouvement, paralysée par l'effroi.

-Neville va maintenant nous montrer ce qui arrivent aux gens suffisamment sots pour s'opposer à moi.

Et d'un coup de baguette, il embrasa le Choixpeau. Les flammes qui léchèrent le tissu m'arrachèrent un cri et firent de nouveau flamber la vieille peur au fond de mon cœur. D'un même élan, Simon me ramena contre lui comme je me pressai contre son épaule, tremblante de tous mes membres alors qu'autour de nous, tous s'agitaient en vociférations. Des baguettes furent tirées, des deux côtés et je finis par me boucher les oreilles, refusant d'entendre les cris du supplicié qui me feraient perdre la raison une bonne fois pour toute. La cruauté du châtiment soulevait jusqu'à mon âme.

-Il faut qu'on parte d'ici, me souffla Simon, épouvanté. Vicky, il faut ...

Sa voix se perdit dans une grande clameur, une clameur qui parut lointaine et qui pourtant sembla couvrir les cris et les plaintes, ainsi que les rires des Mangemorts qui s'esclaffaient à gorge déployée face au sort du pauvre Neville que j'entendais se débattre désespérément pour arracher le Choixpeau. Mais elle prit en épaisseur, en ampleur et même là elle fut supplantée par une autre voix, une voix tonitruante qui semblait venir des cieux mêmes :

-HAGGER !

-Oh mille gargouilles, gémit Susan. Mille gargouilles, mille gargouilles !

-Vicky !

Je n'avais pas eu besoin du cri de Simon pour enfin émerger : sous mes pieds, le sol s'étaient mis à terriblement trembler et je découvris, déboussolée, que les géants de Voldemort s'étaient rués à la course d'un autre, plus petit. Leurs pas fait faisaient sursauter jusqu'aux montagnes et désarçonnèrent jusqu'aux Mangemorts qui levaient les yeux, effarés par le mouvement surprenant de leurs alliés. Entre leurs jambes, l'origine de la clameur : des sorciers et des sorcières avaient gravis les murailles effondrées du château et s'élançaient à présent en poussant de terribles cris de guerre, baguette en main. Au milieu des visages inconnus ou vaguement familier, je reconnus le pyjama vert émeraude du professeur de potion, les longs cheveux de Madame Rosemerta, une teinte rousse typique de la famille Weasley. Mais surtout, au cœur du groupe et sans la moindre trace de frayeurs dans leurs yeux face à ce qui les attendaient, Rose et George Bones courraient vers nous. Simon en cessa même de respirer.

-Ils sont venus, s'étrangla-t-il, interdit.

-Ils sont tous venus ! s'écria Miles, incrédule. Merlin !

-Attention ! hurla Eugenia.

Un géant vacillait vers nous, mais ce n'était pas le pire. Non, le pire fut la ligne de Mangemort rompue et qui s'élança droit vers nous et le château, paniquée. De leurs arrières, surgissant de la Forêt Interdite, était arrivée une horde de centaure dans un tonnerre de martèlement de sabot, avec cris de guerre bestiaux et des flèches qui volaient dans tous les sens. Je vis l'un des Mangemorts s'écrouler lorsque l'une d'entre elles se ficha dans sa poitrine. Acculés de toutes parts, ils ne semblaient avoir qu'un refuge : le château.

-On se replie ! s'égosilla Kingsley, et tout le monde se précipita vers le Hall.

-NEVILLE ! hurla Susan dans la cohue.

Je me tournai également, malgré la main de Simon qui me coupait la circulation et me poussa vers la porte. Profitant du chaos, des géants qui piétinaient tout, des centaures qui chassaient les Mangemorts et des renforts qui se déployaient dans le parc, Neville s'était défait du chapeau enflammé. Miraculeusement intact, il tenait à présent dans ses mains une immense épée dont la lame reflétait les premiers éclats du soleil. Avec un cri qui couvrit tout le reste, il trancha la tête du serpent qui ondulait toujours dans les airs aux côtés de Voldemort. Son corps s'abattit aux pieds de son maître, qui le contempla avec stupeur.

Un serpent.

« Il faut qu'on trouve le serpent ! », s'était écriée Hermione dans la cuisine.

Et au vu de la fureur noire qui embrasa les iris sanguines de Voldemort, Neville avait visé le bon serpent. La dernière étape. Celle qui devrait permette de voir la lumière au bout du tunnel. Alors pourquoi le sinistre mage noir était encore là, debout, la bouche ouverte en un sortilège propre à nous faire payer ce sursaut d'orgueil ? Il enjamba la dépouille de son serpent et marcha parmi ses fidèles et le chaos, la baguette brandie crépitant d'avance. La mort du serpent, la soi-disant dernière étape, ne l'avait pas vaincu, non. Il marchait toujours. Il avançait vers nous, l'œil rouge embrasé par une lueur meurtrière, invincible.

Je tuerai chaque homme, chaque femme, chaque enfant qui tentera de te cacher à moi.

-Oh Seigneur, gémis-je, terrifiée par la promesse.

Je cessai de résister et suivis Simon sur les marches pour me réfugier au cœur du château, mes doigts crispés sur les miens. Miles s'était déjà engouffré dans la Grande Salle à la suite de Lee Jordan et d'Angelina, Susan nous précédait et s'immobilisa au milieu du Hall pour darder un regard brillant sur nous. Plus de larmes, cette fois. Seulement une terrible rage de vaincre.

-On reste ensemble, cette fois. Pas vrai ? Quitte à se battre une dernière fois et mourir ...

-... autant le faire ensemble, confirma Simon avec un sinistre hochement de tête.

J'aurais pu m'écrouler à cette phrase. J'aurais pu vivre pour cette phrase. Mais puisque les doigts de Simon serraient les miens, et que Susan me contemplait avec cette confiance débordante, alors la chose ne m'apparaissait pas si terrible. Au moins, ce serait fini. Et nous nous retrouverions de l'autre côté de la barricade, avec Tonks, Remus. Fred. Simon retrouverait sa famille, ses frères, ses parents, morts pour lui. Cédric serait là, pour me prendre dans ses bras. Je pourrais enfin le remercier d'avoir reculé l'inéluctable. Mais nous serions ensemble, purs, et invincibles.

Non. Ce n'était pas si terrible de mourir. Surtout si mon père avait raison et que c'était cela qui nous attendait de l'autre côté. La lumière bienfaisante du Seigneur, et les sourires des personnes qui étaient parties avant nous.

Une dernière et ultime tentative ... avant de retourner à l'ombre et la poussière.

Nous n'avions pas besoin de Harry pour que brille l'espoir. C'était comme le jour où Dumbledore s'en était allé : son pouvoir s'était logé en chacun de nous. C'était à nous de faire rugir l'espoir et de poursuivre le combat, au nom de tous deux qui étaient déjà tombés. Voldemort avait eu tort de seulement s'attarder sur Harry. Nous étions des centaines de Harry en puissance. Et il venait tous de nous réveiller.

-Susan ! s'écria Simon.

Il brandit sa baguette et déploya un bouclier sur lequel se fracassa le sablier des Serdaigle en train de vaciller : une pluie de verre et de saphir évita ainsi Susan par miracle, recroquevillée sous le bouclier. Les Mangemorts venaient de pénétrer le Hall : certains s'étaient déjà précipité vers la Grande Salle où le gros des troupes s'étaient réfugiées, mais d'autres continuaient de l'investir en jetant des sortilèges à l'aveugle. Et alors, s'abattant avec la force d'un ouragan, une centaine de petit être, hurlants et s'égosillant, armés de couteaux à cuisine, se déversèrent dans le Hall. Leurs visages pointus déformé par la hargne, ils piquèrent, hachèrent, harcelèrent les jambes des assaillants qui tombèrent sous le nombre. Un sentiment de triomphe indescriptible, le plus beau jamais ressenti, gonfla dans ma poitrine et je ne pus retenir un rageur :

-YES !

-Battez-vous ! s'époumonait l'elfe Kreattur à leur tête. Battez-vous ! Battez-vous pour mon maître, le défenseur des elfes de maison ! Battez-vous contre le Seigneur des Ténèbres, au nom du courageux Regulus ! Battez-vous !

Ce fut à son appel que je répondis en lâchant la main de Simon pour brandir ma baguette, et me battre. Oui, me battre au nom « du courageux Regulus », qui devait être tombé comme tant d'autres après lui ... Cédric, Tonks, Remus, Fred ... Harry Potter arrivait en fin de cette liste, se sacrifiant de façon christique pour offrir l'espoir et la force de lutter aux hommes. Je me battis, parant, jetant des sorts à tout va au milieu du chaos provoqué par l'arrivée de renforts et d'assaillant. Je me battis, aveuglément, jusqu'à qu'un cri angoissé ne perce ma bulle de concentration :

-Simon, non !

Je fis brusquement volte-face pour voir Susan tenter de suivre Simon, un Simon qui s'était enfoncé dans la foule pour approcher le cœur des combats, où certains renforts, dont le professeur en pyjama et George Bones en personne luttaient contre des Mangemorts. Jugson, devinai-je alors que j'avisais le regard sombre, hanté de Simon. Il n'y avait qu'une personne capable de provoquer une telle expression chez lui, un tel tourment. Je fouillais la foule du regard, paniquée. Je ne vis pas le Mangemort ; en revanche, je perçus la chevelure brune de Rose qui chatoyait sous les rayons du soleil levant qui investissait le hall. Elle se battait férocement, contre une des rares silhouettes qui n'avait pas ployée face à la masse d'elfe qui hachait, coupait, plantait leurs couteaux dans les jambes des assaillants. Mais celui qui faisait face à Rose ne ployait pas. Et Simon marchait droit devant.

Si tu m'abandonnes pour la vengeance, Bones, je te promets d'aller cracher sur ta tombe.

L'heure était arrivée. Et mon cœur tomba, chuta, fit une chute vertigineuse dans ma poitrine pour plonger dans les limbes.

­-Simon !

Mais mon cri se noya dans la clameur. Susan, mieux placée, tenta de s'élancer à sa poursuite mais fut stoppée par un sortilège de la mort qui la frôla, effleura son bras pour venir fracasser la rambarde de l'escalier. Saisie, Susan s'y hissa, grimpa des marches, pour échapper au Mangemort qui venait de jeter son dévolu sur elle. Ils étaient à mi-hauteur lorsque la lumière des chandelles mêlée à celle de l'aube éclairèrent le visage couvert de cicatrice de Nestor Selwyn.

L'espace d'une fraction de seconde, j'eus la preuve physique de l'écartèlement qu'avait dû subir Simon, le jour où il avait dû choisir entre me sauver, ou sauvegarder Susan. J'étais littéralement déchirée de toutes parts, chaque cellule, chaque neurone, chaque organe, à commencer par mon cœur. Il fallut que la baguette de Susan saute de ses mains et rebondisse contre les marches pour qu'une décision m'apparaisse claire. Je ne pouvais pas rien pour Simon, brillant enchanteur et qui pouvait encore être arrêté ou protégé par ses parents qui luttaient au cœur des affrontements, ainsi que par les elfes qui cisaillaient et les centaures qui venaient de marteler le Hall de leurs sabots. Susan, elle, courrait seule et désarmée dans les étages ...

-Nestor, ne la touche pas !

J'ignorai s'il entendit mon cri, mais je m'élançais tout de même à leur poursuite. J'avalai les marches comme si elles n'étaient rien, sans quitter des yeux la nuque de Nestor qui s'élevait toujours plus, jusqu'à que son arrivée à l'étage le coupe de ma vue. Mon cœur manqua un battement et je me dépêchai, forçant ma condition pour enfin émerger, au moment même où l'esquive d'un nouveau sortilège de la mort mettait Susan en danger : désarçonnée, elle tituba vers un pan du mur qui avait été totalement éventré. Au-dessus d'elle, le plafond s'était même en partie écroulé, nous laissant apercevoir l'étage supérieur. Un géant semblait y avoir asséné un immense coup de poing. Et face à elle, prêt à la faire dégringoler dans le vide, Nestor levait sa baguette ...

-Selwyn !

Le son de ma voix parut le figer sur place. Lentement, sa baguette s'abaissa et il pivota, sa cape noire de Mangemort balayant les débris et la poussière pour me présenter mon visage ravagé par les flammes. L'espace d'un battement de cil la sombre cellule du Ministère se recomposa autour de lui, effaça les éclats des combats et me renvoya au pire de ma vie. Je me sentis suffoquer, écrasée par ces murs et cette présence qui ne semblait exister que pour me faire chuter. Mais dans ce tableau, une présence vint effacer l'illusion : Susan, haletante, qui profitaient que Nestor se désintéresse d'elle pour s'éloigner de l'immense cratère. Alors le Ministère s'effaça, la terreur reflua et mes doigts se resserrèrent derechef sur la baguette.

-Ça te dit, un combat à arme égale cette fois ? lançai-je en m'efforçant de sourire. Ou tu ne peux me prendre que désarmée ?

La peau encore intacte de Nestor se marbra de rouge.

-Tu sous-estimes ce que j'ai appris aux côtés du Seigneur des Ténèbres ?

-Non, non. Tu sais lancer de magnifiques Doloris, c'est indéniable. Je me demande juste s'ils sont encore efficaces si je peux les éviter.

Le flamboiement des prunelles de Nestor annonça littéralement l'assaut et avant même que sa baguette ne se lève, j'étais déjà en mouvement. Son sortilège me loupa largement mais le trait rouge qui jaillit de ma baguette – la sienne, en réalité – rebondit sur son bouclier. Susan glapit lorsqu'il vint frapper le sol, à un mètre de ses pieds et mon cœur tomba dans ma poitrine. Désarmée, elle n'avait aucun moyen de parer les maléfices perdus.

-Susie, va-t'en !

-Oui, va-t'en, renchérit Nestor, un grimace aux lèvres. J'ai une vengeance à accomplir !

-Tu peux parler, ce n'est même pas ta baguette que tu tiens ! répliquai-je avec hargne. Tu la veux ?

Je montrai la baguette de laurier qui m'accompagnait depuis que j'avais abattu mon pied sur son visage et que Simon l'avait enfermé dans un tapis. Si seulement j'avais eu la foi d'y mettre le feu à l'époque ... si j'avais écouté l'élan destructeur dans mon ventre qui avait bouillonné, rugi à mes oreilles, qui m'avait étourdi jusqu'à ce que mes actes n'aient plus de sens ... Il me sembla en ressentir l'écho, maintenu par un éclair de lucidité alimenté par la vie de Susan, en jeu entre nous. Il fallait qu'il l'oublie, à tout prix, avant que l'idée lumineuse ne lui vienne qu'il pourrait m'atteindre à travers elle plus efficacement qu'avec n'importe quel maléfice.

-Allez, Nestor, viens la chercher, le défiai-je, les bras écartés, offerte. Viens nous chercher. Il fallait que ça se finisse comme ça, pas vrai ?

Nestor me considéra quelques instants, son regard gris plongé dans le mien. Derrière lui, le jour pointait, effaçait la nuit de ses pâles lueurs et le baignait d'une aura presque sainte qui tranchait avec ce visage à moitié calciné et la lueur meurtrière qui s'était allumée dans son regard.

-Enfin, nous avons un accord.

Et nous nous élançâmes l'un contre l'autre, dans un tourbillon de lumière, de magie et de fureur.

J'espérai sincèrement que Susan m'avait écoutée et avait fui loin pour se mettre à l'abri, car dès lors que commença le duel, je n'eus d'yeux que pour Nestor et la pointe de sa baguette. Pas qu'elle s'était effacée dans mon esprit, mais il déchainait l'enfer sur moi et j'étais incapable de porter mon attention sur autre chose que sur lui sans perdre le fil. Les éclairs jaillissaient, éclaboussait le sol d'étincelles et de lumière, jetaient nos ombres dansantes sur les murs encore debout, perforaient les pierres et les lustres. J'étais épuisée par une nuit de combat et de deuil, je m'étais sentie proche de me fondre dans les ombres lorsque j'avais contemplé le corps de Harry et pourtant face à Nestor j'eus la sensation de puiser dans des profondeurs encore insoupçonnées de moi-même pour lui renvoyer éclair pour éclair, maléfice pour maléfice, bouclier pour bouclier. Reculer, c'était céder. Remus avait reculé et j'avais retrouvé son corps gisant dans le parc. Alors j'avançai, ma baguette fendant l'air, les formules se répercutant dans ma boite crânienne à en effacer toute pensée cohérente.

Malheureusement, en face, Nestor ne reculait pas non plus. Pire encore, je réalisai rapidement que malgré mes qualités en duel, malgré ma rage de protéger Susan et l'adrénaline qui gonflait mes veines, il avait peut-être raison de songer que son entrainement de Mangemort le rendait supérieur à moi. Il n'avait aucune limite dans ses maléfices alors que les miens étaient réduits à un maigre panel, presque inoffensif. Il avait l'habitude de déployer cette magie après des mois à la pratiquer au service du Ministère et du Seigneur des Ténèbres, quand j'avais été enfermée une partie de l'année. Il n'avait rien à perdre, rien à défendre : toutes ses forces destructrices étaient élancées vers moi.

Il fallait que je le fasse dérailler. C'était l'unique manière qui m'avait toujours fait avoir le dessus sur lui.

-Au fait, j'ai menti à Ombrage ! lançai-je alors qu'un nouveau maléfice était balayé par mon bouclier. Tu sais, en disant que j'étais une Liszka ? C'est faux !

Les lèvres de Nestor tressaillirent mais un jet écarlate s'élança tout de même depuis sa baguette. J'exécutai une pirouette pour l'esquiver.

-Je n'ai pas de lien de sang avec mon grand-père ! poursuivis-je inlassablement. Je ne suis pas une Liszka, j'ai juste raconté ça pour sauver ma peau ! Non, je suis une Bennett, comme mon frère !

J'espérais que la mention d'Alexandre le ferait vriller, descellerait ses lèvres soudées qui ne laissaient échapper pas la moindre formule. Elles restèrent soudées, son attaque fut terrible, mais manqua de précision : je pus facilement l'éviter d'un bond tout en m'époumonant :

-Sans baguette je t'ai mis le feu, sans baguette j'ai détruit le feu, j'ai affronté l'épouvantard ! Je suis une née-moldue, et la magie hurle dans mes veines, Nestor ! Ecoute-la, tu ne l'entends pas ?

-Comment l'entendre ? répliqua-t-il, furibond. Tu vocifères plus qu'un Focifère !

-C'est que j'ai dû te rendre sourd en même temps que je t'ai défiguré, crachai-je.

Nestor poussa un cri épouvantable et de sa baguette jaillit une dizaine d'éclairs pourpres qui virent frapper tous azimuts. L'assaut me surprit tellement que je n'eus pas le temps de lever un bouclier : j'en évitai un, mais d'autres semblaient fondre vers moi, comme aimantés par me personne. Cependant, avant que je n'aie pu voir ma dernière heure arrivée, ou me fustiger de l'avoir poussé à bout, ils se fracassèrent contre un mur irisé venu de nulle part. Réduits à des filaments rosés par le bouclier, les éclairs finirent par s'estomper dans l'air. Essoufflée et déconcerté, je tournai à la tête à la recherche de mon sauveur. Mon cœur manqua un battement.

Aurait-il pu seulement être quelqu'un d'autre ?

-C'est une attaque multiple, bien joué Nestor, commenta tranquillement Simon, baguette levée. C'est qu'on en apprend des choses chez les Mangemorts ...

-Bones, lâcha Nestor avec un déplaisir évident. Je t'attendais au Ministère pour jouer avec Bennett, qu'est-ce qui t'a retenu ?

-Oh non, pas de ça, marmonnai-je.

Car le regard de Simon s'était bien trop assombri à mon goût à la pique, et malheureusement, sa faiblesse était la même que celle de Nestor : il était capable de vriller. Et en vrillant, de perdre tout contrôle sur lui. Et si j'étais prête à pousser Nestor Selwyn dans ses retranchements, l'idée qu'il fasse subir le même sort à Simon me soulevait le cœur. Il céderait. Bien plus vite. Seigneur. Je n'aurais jamais pu songer être à la fois aussi heureuse et affligé de le voir surgir. Mais compte tenu du fait qu'il venait de me sauver la mise, je n'étais pas bien placé pour me plaindre, alors je me redressai pour me poster à ses côtés. Simon ne m'adressa même pas un regard, ses yeux verts rivés sur la pointe de la baguette de Nestor, la mâchoire contractée. Il ne semblait pas dans un pire état que je ne l'avais laissé, alors qu'il fendait la foule à la recherche de Robert Jugson. Nestor nous contempla tous les deux, baguettes levées vers lui en un miroir parfait l'un de l'autre, une moue ennuyée déformant ses lèvres.

-On avait dit « forces égales », Bennett. Tu triches.

-Tu as triché au Ministère, alors, répliquai-je avec sécheresse. Je prends le droit.

-Tu ne semblais si à cheval sur les règles lorsque tu l'as amenée dans la forêt pour lui mettre le feu, non ? poursuit Simon, les dents serrées. Alors considère qu'on prend celles que tu as posé au tout début, c'est-à-dire aucune.

-Si vous pensez que vous m'effrayez ...

-Oh, tu devrais l'être.

La voix de Simon m'arracha un sourire insensé. A deux, on est invincible, entendis-je derrière, et Nestor parut aussi comprendre la menace sous-jacente. Un masque sembla tomber sur son visage, déformer ses traits, les graver dans la pierre. Avec un cri de guerre, sa baguette fendit l'air, mais cette fois ce ne furent pas une, mais deux qui s'élevèrent contre lui.

Je m'étais déjà battu en duo, mais jamais avec une personne qui me sembla si complémentaire à moi. Je bougeai, parai, polarisai toute l'attention de Nestor et Simon derrière moi attaquait avec toute sa puissance, tout son panel de sort, maléfice et enchantement bien supérieur au mien. Il masquait mon manque de puissance et je compensais sa rigidité et son absence totale de mouvement. C'était le combo parfait et enfin, le Mangemort parut perdre de sa superbe. Résister à nos deux forces combinées parut être un combat de tous les instants. Preuve qui était que l'entrée chez les Mangemorts de Nestor l'avait véritablement façonné, même contre nous deux il ne céda pas un pouce de terrain. Au premier pas en arrière, il en fit deux vers l'avant avec un cri qui se répercuta jusque dans le Hall où ne résonnaient plus aucun tumulte, et malgré tous les assauts de Simon, il résistait, vaille que vaille, animé par la sainte et folle conviction qui nous habitait tout autant.

Et alors, je l'entendis. Nous l'entendîmes tous les trois. Cette grande, immense, magnifique clameur qui s'éleva depuis la Grande Salle en contre-bas. Elle interrompit le combat dans elle nous cueillit en plein ventre, tel un vent d'allégresse prêt à nous désarçonner. Et alors ça me frappa. Pas de rire cynique, d'exclamation grasse et rauque j'avais pu ouïr alors que Harry gisait aux pieds de Voldemort. C'était les nôtres qui s'exclamaient ainsi avec triomphe, avec une joie qui se passait de mot et n'était transmissible que par des cris de pure jouissance. Ce qui voulait dire que ...

-On a gagné, souffla Simon, sidéré.

Et je compris au choc qui imprégnait ses traits que jamais, pas un seul instant, pas même quand il me l'assurait, il y avait réellement cru. Même là, alors que la clameur montait, prenait en échos et en corps, se réchauffait comme le soleil qui baignait à présent le couloir, il n'y croyait pas. Je m'imprégnai de ses sons, incrédule moi aussi. Mille questions existentielles se bousculaient au bord de mes lèvres. Quand, pourquoi, comment ? Après tous ces morts, cette puissance inexorable et vertigineuse de Voldemort, cette avancée terrible malgré le serpent décapité à ses pieds ... ? Et si ces cris de joie n'étaient que des mirages ... ? La réalité de la chose avait toutes les peines du monde à se frayer un chemin dans mon cœur et je scrutai Nestor, presque en quête d'une confirmation. Son visage s'était décomposé. Lui aussi avait compris.

-Nestor, c'est fini, compris-je, hébétée. On a gagné ...

-C'est Azkaban qui t'attend, renchérit Simon, et un sourire insensé éclaira son visage. Lâche ta baguette, ça ne sert plus à rien. Dans une seconde on ne sera plus deux face à toi, mais des dizaines. C'est fini.

-Ce n'est pas fini, haleta-t-il, interdit. Non, ça ne peut pas finir comme ça ... le Seigneur des Ténèbres ... il est puissant ... il a déjà vaincu la mort ...

Il avait raison. C'était inimaginable. Non, l'homme qui avait enjambé le serpent avec ses prunelles rouges aux éclats meurtriers ne pouvait tomber. Pourtant, il fallait que Nestor le croit. Il fallait jouer là-dessus. Même si le seul indice que j'avais été ces cris de jouissance pur qui ne discontinuaient pas, et prenaient même en force et en vigueur.

-Et à moins qu'il ne t'ait appris ce tour de passe-passe, tu risques fort de te retrouver face à elle, rétorquai-je, toujours sonnée. Allez, lâche la baguette. C'est fini.

Je la lus dans son regard, la réponse. Et de nouveau autour de nous se recomposa la cellule du Ministère, l'ambiance terrible et oppressante qui sembla me coller à la peau pour me ratatiner, me clouer au sol et ainsi grandir l'aura sinistre qui baignait Nestor. Les mots prononcés jadis me caressèrent, incrustés dans ses iris si bien que je pouvais les lire.

Non, ce ne sera jamais fini. Tu as raison, j'aurais toujours cette face-là. Je ne récupérerai jamais ce qui m'est dû ... ce ne sera jamais fini. Je suis dans un purgatoire éternel. Alors tu vas m'y rejoindre.

C'était l'ultime cercle de l'enfer, pour Nestor. Alors sans hésiter, il leva la baguette, et la pointa sur moi, moi son alter-égo. S'il devait chuter, alors moi aussi.

-Avada kedavra !

Je n'eus même pas le temps de bondir : ce fut Simon qui me poussa. Et je me retrouvai plaquée contre le sol alors que le ciel semblait nous tomber sur la tête, nimbée dans une aura verte et glacée qui éclaboussa les murs.

Il eut le son d'un lourd objet qui chutait, un hurlement horrifique qui me transperça la poitrine, un immense fracas et je reçus des gravas dans le bras qui m'arrachèrent un cri de douleur. Lorsque la chute infernale cessa, je trouvai la force de me redresser pour découvrir que la lumière verte s'était éteinte, mais que l'étage baignée à présent dans un nuage de poussière que même les rayons du soleil ne pouvaient percer. Des débris jonchaient le sol et je reconnus les morceaux épars d'une statue. Le gros de son corps s'était fracassé à l'endroit où c'était tenu Nestor et son bras gisait à quelques mètres de moi.

Et autour de moi, pas la moindre trace de vie.

-Simon ! m'étranglai-je.

Je me redressai d'un bras, le même bras qui avait été heurté et qui protesta de cette poussée, mais la douleur ne m'atteint pas. Non, l'unique chose que j'avais en tête fut la couleur verte et terrible qui avait empli le couloir, la main de Simon qui m'avait projetée sur le sol et ... et ... L'horreur m'écrasa toute entière et me précipitai au milieu du nuage de poussière et des décombres sans même songer au danger qui pouvait me guetter. Chaque seconde qui s'écoulait sans Simon semblait aspirer un peu plus mon souffle jusqu'à ce qu'enfin, je découvre une silhouette qui remuait faiblement sur le sol. Mon cœur éclata lorsqu'un rayon de soleil perça les voiles et éclaira des mèches blondes et un visage couvert de tache de rousseur.

-Simon !

-Mon Dieu, qu'est-ce que c'était ... ? maugréa-t-il, une main sur la tête.

Je m'en fichai. Je me fichai même du filet de sang qui s'échappait de ses cheveux pour venir couper son front. Sans même attendre qu'il se relève ou de vérifier si Nestor était toujours dans les barrages, je me jetai à mon cou et l'étreignis à en rompre ses os. Sonné, épuisé, Simon se laissa aller contre moi et enfouit son visage dans le creux de mon épaule. Son souffle laborieux se répandit sur ma peau, symbolisant la vie qui l'animait toujours et des larmes de reconnaissance noyèrent mes yeux. Merci ... Seigneur, merci ... Oh merci ...

-Tu es venu ... je pensais ..., bafouillai-je, trop transie par le soulagement pour aligner deux mots. Jugson ...

-Je voulais, avoua-t-il dans mon cou, le timbre broyé, étouffé. Puis j'ai vu que tu n'étais plus dans le Hall. Susan non plus. Je ne pouvais pas ... J'ai promis ... Je t'ai promis, Victoria ...

Sa main se crispa dans mon dos et je me pressai un peu plus contre lui. Oui, il me l'avait promis, et si j'avais douté de sa promesse et de ses capacités à la tenir, il venait de le faire de la plus belle des manières. Nous restâmes longuement enlacés au milieu des décombres et de la poussière, jusqu'à qu'un cri retentisse au-dessus de nos têtes :

-Vous allez bien ?!

La voix venait du trou béant du plafond, celui dans lequel un géant semblait avoir donné un coup de poing. Avec stupeur, je vis des cheveux roux pendre de l'ouverture et mon cœur dérailla totalement. Mais pas autant que la voix de Simon qui glapit :

-Susie ! Dégage de là !

-Vic' va bien ?

-Je vais bien ! assurai-je malgré le poignet qui me lançait. Viens là !

Le soupir de soulagement de Susan me parvint presque physiquement et le rideau de cheveux roux disparut. Le temps qu'elle nous rejoigne, j'aidai Simon à se redresser, tâtai la plaie qu'un éclat semblait avoir créer dans son cuir chevelu. Mon cœur tomba lorsque j'en retirai des doigts écarlates. Des pas précipités annoncèrent alors l'arrivée de Susan qui étouffa un cri lorsqu'elle vit le sang qui maculait le visage de son frère.

-Oh mon Dieu, je suis désolée ! Quand j'ai fait tomber la statue, je voulais qu'elle n'atteigne que Nestor, je ... (Elle me contempla avec de grands yeux pleins de désarroi). Il allait te tuer, Vic' !

Hébétée, je levai le visage vers le plafond dont des morceaux entiers s'étaient décrochés. Le scenario s'assembla dans mon esprit, pièce par pièce. De l'étage supérieur, Susan avait pu suivre l'affrontement tout en restant à l'abri et nous voyant en mauvaise posture, elle s'était arrangée pour faire tomber une statue, sachant très bien que sous l'ouverture, face au mur éventré, se tenait Nestor. Simplement, en explosant sur le sol, un des éclats avaient assommé Simon .... Mais pouvait-on vraiment en vouloir à la jeune fille alors qu'elle venait, sans baguette, de nous débarrasser d'une menace qui nous hantait depuis le 5 novembre 1989 ... ? Mon cœur fit un soubresaut à cette idée, et je rejoignis Simon, qui s'était approché du mur éventré. Le vide semblait m'appeler à mes pieds et la brise matinale s'engouffra entre mes boucles pour les faire voler autour de mon visage. Environ trois mètres plus bas gisaient, épars, des morceaux entiers de murs, des pierres, des gravats, parfois si indistinct qu'il était difficile de les identifier. Pour ce que j'en savais, l'une de ses masses sombres pouvaient bien être le cadavre de Nestor, brisé par la chute ... Mon cœur s'arrêta de battre à cette pensée et une main vint se crisper sur ma poitrine, à l'endroit où tant de sortilège Doloris m'avait frappé pour que je tombe. Cette fois, c'était lui qui était tombé ... tombé ... Simon claqua la langue, agacé.

-Il n'est tombé que d'un étage, il serait capable de survivre, cet enfoiré. Venez, on va vérifier ...

-Toi tu vas aller voir quelqu'un, rétorquai-je plutôt. Tu n'iras nulle part tant que tu n'auras pas soigné ta tête.

Simon leva les yeux au ciel devant mon ton péremptoire mais même lorsqu'il s'élança dans les escaliers, je n'en démordis pas. Je ne voulais pas le voir s'écrouler avec un temps de retard, terrassée par une blessure à la tête négligée. Déjà que sa main se remettait à brutalement tressauter ... Dans la Grande Salle, la clameur ne s'était pas éteinte, bien au contraire. Rire, chants et cris résonnaient toujours et réinjectait de la vie et de la chaleur en ce vieux château. C'était un spectacle inimaginable, que je traversai comme un fantôme, un spectre bruissant dans les ombres. Aucun éclat de joie ne m'atteint réellement : j'étais obnubilée par la potentielle survie de Nestor, et par le sang que Simon avait étalé sur son front en pensant l'essuyer. C'était comme si mon bouclier de froideur agissait encore dans mes veines. Il me protégeait des revers douloureux comme des ondes de félicité qui s'échappaient de la Grande Salle. Je ne ressentais toujours rien. Rien d'autre que l'urgence.

Nous émergeâmes dans la lumière resplendissante du jour naissant qui balayait le parc ravagé. La nuit ne pouvait plus masquer les désastres de la bataille : le soleil dardait ses rayons implacables sur la pelouse calcinée, les murailles écroulées, les pierres tombées des tours. Mais surtout, il éclairait une réalité qui me prit à la gorge. Malgré les cris de réjouissance, rien n'était fini. Dans le parc, les combats continuaient férocement : des Mangemorts boitant et mal en point étaient poursuivis par des elfes qui brandissaient toujours couteaux et hachoirs, un frère Weasley et Abelforth avaient pris la tête d'un groupe important pour abattre l'un des rares géants qui n'avait fui dans les montagnes. Mais surtout, sous notre nez, Rose Bones faisait face à Robert Jugson.

-Oh non, souffla Susan, épouvantée.

Le silence horrifié de Simon me heurta davantage. Il fixait le tableau, les yeux grands ouverts, sa peau blême faisait ressortir le sang qui tâchait son front. Le tremblement de sa main semblait vouloir s'étendre à toutes les parties de son corps.

-Tu pensais réellement que tu allais fuir comme un rat ? persifflait Rose en se fendant d'un sortilège féroce qui fit reculer Jugson d'un pas. Tu pensais vraiment que j'allais laisser t'en tirer ?

Jugson ne répondait pas. Ses traits étaient aussi crispés que ceux de Simon. Mutique, infatigable, il parait chacun des maléfices de Rose avec une fluidité de geste qui avait quelque chose de fascinant. L'attitude de son adversaire était plus brutale, plus explosive, son visage imprégnée d'une détermination presque sauvage. À tout moment, j'attendais que Rose lâche la baguette pour se jeter à sa gorge toute griffe dehors.

Un trait de lumière vert et glacé jaillit de la baguette de Jugson et frôla Rose. Susan cria, je faillis m'écrouler sur les marches de frayeur, mais nous nous reprîmes toutes les deux lorsque la baguette de Simon se leva. Sa pointe voligeait dans tous les sens, désarçonnée par une main agitée de terribles soubresauts. Nous fûmes deux à refermer nos doigts dessus.

-Arrête, tu n'es pas en état, l'enjoignis-je, paniquée.

-Tu pourrais toucher maman, ne fais pas ça !

L'argument arracha un drôle de bruit à Simon, à mi-chemin entre le grognement et le sanglot. Nos éclats révélèrent notre présence : Rose nous jeta un bref coup d'œil par-dessus l'épaule de Jugson. Sa peau marbrée de rouge devint exsangue.

-Allez-vous-en ! Partez !

Nos jambes refusèrent de lui obéir. Nous étions tétanisés par le spectacle, par l'issue du duel. Le fait que derrière nous, les hurlements de joie résonnaient toujours ou que Abelforth et son groupe ait réussi à terrasser le géant. Non, tout ce qui ce qui comptait, c'était qu'au lieu de profiter de l'inattention de Rose, Jugson tourna lui aussi le regard vers lui. Ses yeux clairs se dardèrent immédiatement sur Simon, Simon et son visage ensanglanté, Simon et sa main frémissante emprisonnée dans les nôtres. Un sourire cynique retroussa ses lèvres.

-Pas trop tôt, lâcha-t-il d'une voix grave, rocailleuse. Alors, Bones ? Tu viens enfin me montrer ce que tu as dans le ventre, comme tes frères ?

J'enfonçai mes ongles dans le poignet de Simon. Je sentis tout son être se tendre sous mes doigts et il sembla vouloir se dégager d'une saccade, d'une seule, mais ma main était ancrée, fondue dans sa chaire. Au premier frémissement d'indignation de Simon, Susan avait passé un bras autour de sa taille, comme pour le ceinturer, le retenir de toutes ses maigres forces.

-C'est fini, Sim', murmura-t-elle, des larmes noyant ses yeux. C'est fini, c'est fini ...

-Vraiment ? douta Jugson, les yeux toujours plantés sur Simon.

Je ne sus ce qui m'empêcha de dévaler les marches et d'aller lui flanquait mon poing en pleine figure. Il me restait assez de force pour ça. Une dernière folie. Hurler, et frapper, comme je l'avais fait pour Nestor avec la sainte et aveugle colère. Qu'est-ce qui me retenait ? Certainement la certitude que si je faisais un pas, je perdais Simon. Ses pieds ne tenaient au sol que parce que Susan et moi étions là pour le retenir. Il fixait Jugson à s'en dessécher les yeux, comme s'il pouvait le foudroyait d'un regard. Pas la moindre trace de larme. Ses prunelles étaient juste animées une fureur et une douleur qui dépassait l'entendement.

-Ça suffit !

Rose se plaça entre Jugson et nous, les bras écartés et sa baguette fièrement brandie. Elle n'attendit pas qu'il se remette pour engager de nouveau le combat. L'attaque fut si tranchante, si brutale, que l'impossible se produisit. Jugson recula.

-J'ai fait une promesse il y a dix-sept ans ! s'époumona-t-elle, et un éclair bleu s'abattit sur le bouclier levé à la hâte de Jugson. Tu t'approcheras plus de lui ! Tu ne t'approcheras plus de nous ! Tu iras croupir avec tes semblables à Azkaban ! Avec les salopards de ton espèce !

-Oh, allons Rose. Tu vas réellement me laisser en vie ?

Il écarta les bras, s'offrant presque à la baguette de Rose. La mettant littéralement au défi. Vas-y. Déchire ton âme pour m'abattre. Tombe avec moi. Fais-le, devant tes enfants. Son regard pétillait, sans la moindre trace d'angoisse. Oui, c'était fini, constatai-je, déchirée par un sentiment ambivalent. Il n'avait plus rien à perdre. Comme Nestor, il voulait emporter le plus de monde dans sa chute. L'esprit de Simon. L'âme de Rose.

Rose hurla. Se fendit. Le sortilège que Jugson para n'était pas vert et glacé, néanmoins, mais orange, violent, semblable à une flamme venue des enfers. Je me détournai, le cœur au bord des lèvres, prête à hurler ma détresse ... et ne me retournai que lorsqu'un corps chuta. Je fis volte-face, prête à m'écrouler, avant de constater que ce n'était pas Rose, mais Jugson qui était écroulé sur l'herbe. Face à lui, Rose brandissait toujours sa baguette. Un souffle satisfait s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle constata qu'il ne se relevait pas.

-Promesse tenue, murmura-t-elle gravement.

-Maman ..., laissa échapper Susan d'une voix un peu suraiguë. Il est ... ?

-Oh non. Je ne lui ferais pas se plaisir de partir avec son Maître. Il va croupir comme un rat. Parfois, c'est la pire punition possible. La mort est bien trop douce ...

Simon ne répondit rien à cela. Les yeux brillants, mais dépourvu de larme, il fixait intensément la silhouette inerte de Jugson au milieu du parc ravagé par les combats, les pas des géants et la course des centaures, la mâchoire contractée. « Vraiment ? » l'avait-il défié avec un sourire. La nausée pointa et je la réprimai nerveusement. Non, il avait raison. Mort, vivant ou emprisonné, ce ne serait jamais fini pour Simon. Pour toujours, il l'aurait, lui et ses méfaits, dans la peau.

Les autres Mangemorts étaient loin, hors de portée de baguette et toujours poursuivi par les elfes. Remises de l'éprouvant duel, Susan et moi faisions pleuvoir les sortilèges dans l'espoir de les atteindre, d'abattre quelques fuyards. J'eus plus de réussite, mais lorsque j'enchantai une pierre pour en assommer un prêt à se fondre dans la Forêt. Les autres parvinrent à s'y engouffrer et Rose en jeta sa baguette sur le sol avec rage. Ses yeux bleus flamboyaient de colère.

-Oh courrez, bande de lâche mais je vous aurais ! hurla-t-elle face à l'immensité du parc. Ce n'est pas fini, ça non ! La justice viendra vous trainer jusque Azkaban !

-Maman ...

La plainte, presque enfantine, s'était échappée des lèvres de Simon, et aussitôt, tout courroux sembla quitter Rose Bones. Son visage se décomposa lorsqu'elle vit l'état de son fils, son visage en sang et sa main qui tressautait toujours plus violemment, puis de sa fille désarmée couverte de boue et d'écorchures. Elle logea chacune de ses mains contre leurs visages, essuyant le sang, les larmes et la poussière qui les maculaient avec la tendresse d'une mère.

-C'est fini, les enfants ... c'est fini ...

-On a vraiment gagné ... ? douta Susan, incrédule. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ... ? Et Vous-Savez-Qui, il ... ?

-Il est mort !

Rose prit le visage de sa fille en coupe et jeta un regard brillant à Simon qui la contemplait, interdit. Des larmes vinrent baigner ses yeux, mais même là, cela me parut lointain, irréel. Je craignis le mirage, comme Cédric qui était apparu miraculeusement dans les entrailles du Ministère alors que je vacillais. Et qu'est-ce que j'avais pu vaciller cette nuit ...

-Vraiment ? croassa Susan, la voix chargée d'émotion.

-Dites-moi que ce sont les elfes qui l'ont tué, marmonnai-je, et Simon esquissa un petit sourire.

-C'est Harry ! Harry Potter !

-Hein ? se récria Simon, perdu. Mais il est ... il est ... Il est mort, maman.

-Voldemort s'est fait avoir, on s'est tous fait avoir, mais non ! Merlin, non !

Elle disait vrai, réalisai-je, estomaquée. Car alors que mon regard se plongeait dans le Hall, je l'aperçus à travers la porte qui menait à dans la Grande Salle. Harry Potter, serrant la main du professeur en pyjama qui secouait son bras dans tous les sens, un sourire de façade aux lèvres. Lunettes fissurées, œil vitreux et épuisé, mais il était là, il se tenait debout, fier, toujours flanquée d'une Hermione aux anges le visage baigné de larme et d'un Ron qui souriait d'un air désabusé face au spectacle. Deux réalités contraires entrèrent en percussion et s'explosèrent en mille gerbes dans mon esprit.

Harry est vivant.

Voldemort est mort.

-Seigneur, lâchai-je, toute étourdie, avant de tirer la manche de Simon. Seigneur ... Simon ... il faut ...

-J'y vais, assura-t-il avant de se tourner vers sa mère. Il faut qu'on aille vérifier si Selwyn est tombé ...

Le nom écarquilla le regard de Rose et aussitôt son regard se tourna vers moi. C'était la première fois, la première fois que nous nous retrouvions face à face depuis que j'avais fui sa maison à balai, une vie plus tôt. Et pourtant, lorsqu'elle se précipita vers moi pour embrasser mon front, les mois semblèrent s'effacer. L'espace d'un battement de cœur, j'étais de retour dans le confort chaleureux de la maison des Bones et la simple idée me fit trembler de tous mes membres. Elle m'avait manqué. Terre-en-Landes m'avait manqué. Ma vie m'avait manqué.

Alors elle n'était plus qu'à porter de main ? C'était fini ? C'était trop beau pour y croire.

-Il ne s'échappera pas, me promit-t-elle avec hargne. Reste là, ma chérie, tu en as assez vu ...

Je ne cherchai même pas à protester. Après l'étreinte de Rose, mon corps semblait lâcher et je la laisser partir avec Simon, contourner le château à la recherche de Nestor – ou de ce qu'il en restait. L'idée que mon ennemi mortel, ma Némésis comme il m'avait dénommé lui-même, ait pu expier ne rencontra qu'un vide en moi. J'avais trop à pleurer pour ne verser ne serait-ce qu'une larme pour Nestor. Il avait eu le destin qu'il voulait. Qu'il méritait.

-On a gagné, souffla Susan, comme une incantation. Oh mon Dieu ... Vic' ? Vic', tu veux t'assoir ... ?

Je devais faire plus que trembler pour qu'une telle inquiétude s'instille dans la voix de Susan. A dire vrai, je sentais que le bouclier m'abandonnait, refluer dans mes veines. Et alors, peines et joies s'acharnèrent contre mon cœur. Des larmes coulèrent sur mes joues, sans que je ne sache réellement ce qui les provoquaient. On a gagné. Tonks était morte. Voldemort n'est plus. Fred non plus. Fini de se cacher, finir d'avoir peur à chaque instant. Cédric n'était plus là depuis longtemps. Je vais rentrer chez moi, revoir mes parents, rejouer au Quidditch. Le château était ravagé. On avait gagné. Ma vie revenait, n'était plus qu'un mirage. Mais si c'était là le mirage justement ?

L'équilibre tangent entre douleur et bonheur se fracassa. Lorsque, m'approchant des marches au seuil de château vers lesquelles Susan m'amenait, je découvris Audrey Dragonneau, sanglotant sur la silhouette inerte d'Eugenia.

Le soleil brillait, et pourtant tout me sembla d'une obscurité folle. Un nouveau voile venait de tomber sur moi alors que je détaillais le corps d'Eugenia, sa tête au visage paisible secouée par les pleurs de sa sœur, sa longue tresse qui frôlait l'herbe en rythme. Le brin de muguet était toujours là, mêlé aux mèches blondes comme les blés comme faisant partie intégrante d'elle. Ce n'est pas possible. Elle ... elle était dans le château, je l'ai vu ... Mais c'étaient des mensonges que je me racontais. J'avais vu Miles s'engouffrer, j'avais tenu la main de Simon, rivé mes yeux sur Susan ... mais Eugenia, elle, s'était échappée de mon champ de vision quand le chaos avait éclaté.

-Non, croassai-je, suffoquée.

C'était trop. Le couperet final qui avait raison de moi. Je m'écroulai dans l'herbe, prostrée, recroquevillée pour échapper à la douleur qui irradiait partout. Elle disloqua tout. Les sanglots me déchirent la gorge, mon cœur éclata dans ma poitrine, mes entrailles furent attaquées au vitriol, mais ce n'était rien, absolument rien, comparé à la souffrance qui ravagé mon esprit et mon âme. J'enfonçai mes mains dans la terre, griffait la pelouse, folle de douleur. Qu'un Doloris vienne ... c'était plus supportable que ce qui était en train de m'emporter ...

-Vic' ..., pleura Susan à mes côtés.

Je l'entendis à peine, assourdie par les sanglots qui me secouaient et qui ne semblaient ne plus avoir de fin. On avait gagné, mais ces mots n'avaient plus de sens. J'avais tellement perdu que ça n'avait plus de sens, plus de saveur, si ce n'est un goût de cendre qui se répandait sur mes papilles.

C'était fini. Ils n'étaient plus qu'ombres et poussières ... et avaient emporté une partie de moi pour voler vers les cieux éternels après avoir dévalé l'ultime cercle de l'enfer.

***  

Bon. 

On souffle. Respirez. C'est bon ça va? On peut faire un peu le bilan de cette Bataille? Je vous écoute ! 

ça a peut-être été le plus difficile à écrire pour moi, déjà parce que c'est la partie qui s'entremêle le plus étroitement aux livres depuis une éternité, vraiment j'ai dû être hyper rigoureuse et ça me posait quelques interrogations. (Interrogation dérangeante : à la fin ils se battent tous dans la Grande Salle ... où étaient réunis les blessés et les corps. Ils se battent sur les corps? Ils espèrent que les Mangemorts trébuchent dessus?) 

Ensuite parce que émotionnellement, c'était très lourd. C'était la fin. Vic était dans un état mental très délicat à décrire. Et je vous ai déjà parlé de la mort de Tonks qui m'a détruite.

EN PARLANT DES MORTS. Certain.es seront soulagé que je n'ai gardé que ceux du canon (plus Eugenia, qui était de mon canon personnel parce que j'y fait référence dans LFDO). D'autres seront peut-être sceptique. Mais vraiment vous voyez dans quel état Vic' finit? Tout ce qu'elle a déjà vécu? Les persécutions, Renata, le Ministère et ses tortures? Avec ça j'ai considéré que Fred, Remus, Tonks et Eugenia c'était déjà bien assez. C'était assez éprouvant pour moi, donc ça l'était assez pour Vic'. 

Concernant la fin ... peut-être que ça fait trop bisounours. Vic vient à bout de Nestor, Jugson retrouvera ses geôles. J'espère avoir nuancé ça avec la façon dont ça a été fait (C'est Susan qui a finalement le geste final contre Nestor, et Rose qui affronte Jugson, pas Simon, jamais Simon). Mais surtout avec l'effondrement de Vic' à la fin qui montre très bien que peu importe qu'elle ait vaincu Nestor, elle ne sera plus jamais la même, que ça l'a détruite autant que le Ministère. 

Vraiment cette fin avec Vic qui s'effondre devant le corps d'Eugenia, je l'avais depuis le début. Je voulais ce côté doux-amer, la victoire, mais à quel prix? Je ne voulais pas d'une liesse comme il y avait dans les HP et c'est pour ça que j'ai tenu Victoria à l'écart de la Grande Salle (bon aussi pour ne pas réécrire la scène, vous admettrez que ça aurait été chiant). 

J'espère que cette vision de la bataille de Poudlard vous aura plus ! C'était peut-être l'un des plus gros morceaux de la fanfic', parce que c'est un des premiers que je savais que je ferais. Celui sur lequel je ne devais pas me louper. J'espère vous avoir donné satisfaction ! 

Vous l'avez remarqué, il reste néanmoins des chapitres ... Oui, on va aller un peu plus loin que HP7. Je ne voulais pas laisser Vic' comme ça, je voulais une vraie fin, prendre le temps de tout clore et en plus la partie immédiat post-guerre m'intriguait vraiment. Alors on continue un peu le plaisir  ! A la semaine prochaine ! 


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