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IV - Chapitre 30 : Au nom de la famille

Hello, Perri speaking en direct de son Nord natal et de sa grisaille inégalable (bon en vrai à Reims je ne vois pas graaande différence, on tape trop vite sur le Nord)

J'aimerais qu'on s'attarde quelques secondes sur le numéro du chapitre. Vous vous souvenez de combien il y en a en tout dans cette partie? 40 (Anna' aime ce chiffre rond). Voilà, je dis ça pour que vous puissiez voir venir : la semaine prochaine, on va pouvoir commencer le décompte. 

Et vous comment ça va? Les vacances, la rentrée et les partiels, je suppose? Personnellement je sors d'un petit we en Bretagne fort sympathique, le temps n'était pas au rendez-vous, mais la bonne humeur et le plaisir l'était ! Et les paysages aussi, quelle fascinante région, vraiment. 

Je ne vous embête pas plus et vous laisse avec ce chapitre ! Bonne lecture les enfants, immense Keur sur vous. Je vous ai déjà dit que vous étiez des lecteur.ices incroyables? Je ne le dis pas assez ! 

*** 

La mémoire à la mer 
Je dérive comme un enfant sans repère 
J'enivre à deviner ton étoile au ciel
Ton sourire au bord des larmes 

Sur ma peau 
J'ai signé mes promesses
Gravé à fleur de mot 
Mes serments de jeunesse

Sur ma peau rien ne s'efface 
Et même si tout passe 
Je jure d'embrasser mes promesses 
Ou d'y laisser ma peau 

- Sur ma peau 
1789 Les amants de la Bastille 

***

Chapitre 30 : Au nom de la famille.

Après neuf mois à dormir bien au chaud au sein de sa mère, le bébé était là, lové dans ses bras, niché dans une couverture beige qui couvrait un body couleur parme. Un petit nez, des yeux clos, il dormait comme un ange, sa petite poitrine se soulevant à un rythme régulier et apaisant. Il sentait le bébé. C'était incroyable que les bébés puissent avoir une odeur si caractéristique, mais c'était la première chose qui m'avait frappée. Teddy Lupin sentait le bébé.

-Oh regarde, me lança Tonks en effleurant son crâne. Ça change !

Il fallut que je plisse les yeux pour percevoir que le fin duvet qui couvrait sa tête passait en effet du blond au brun lentement, comme un champ de blé secoué par les vents et surplombé par un nuage. Le phénomène était bien plus fascinant que les bulles qu'il produisait quelques minutes plus tôt, je me penchais pour l'observer jusqu'à ce que toute la maigre chevelure se soit obscurcie.

-Et il fait ça souvent ?

-Je ne sais même pas si c'est conscient pour tout te dire ... A sa naissance il devait être tout perturbé donc ça changeait toutes les heures ou presque, mais depuis ça s'est calmé, il peut passer plusieurs jours sans se métamorphoser. Pour l'instant ça n'affecte que ses cheveux, je m'estime heureuse ! J'ai le temps d'apprendre à connaître le visage de mon fils.

Tonks jeta à l'enfant un regard si tendre que j'eus l'impression d'être une intruse dans leur intimité. D'autant qu'en levant la tête, je croisais le visage de Remus peint d'une expression identique, si douce et tellement étrangère qu'elle changeait radicalement ses traits. J'avais l'impression de découvrir un nouvel homme lorsqu'il s'était présenté de bon matin à la porte, mis au courant de notre cachette par Simon quelques jours après que Fidelitas soit jeté. Les épaules fièrement redressées, un immense sourire sur le visage, il m'avait paru de dix ans plus jeune, si bien que la différence d'âge lui entre Tonks, qui avait gagné en maturité avec un bébé dans les bras, semblait s'être estompée. A présent c'était un couple de parent heureux de contempler tous les jours le miracle qui les unissait.

-Ton amie Joséphine est heureuse que tu aies eu un garçon ? interrogeai-je après m'être râclée la gorge. Vous prévoyez déjà le mariage de vos enfants ?

-Comment tu sais que Joséphine a eu une fille ? cingla Tonks avec un regard soupçonneux.

-J'ai mes sources ... Alors ?

Mon sourire d'apparence innocent la fit lever les yeux au ciel. Elle caressa le bout du nez de Teddy avant de répondre :

-Pas vraiment, on est en guerre presque ouverte. Parce que j'ai gagné la bataille contre Charlie Weasley et qu'ils m'ont choisie en marraine pour Moira et que moi bien ... je me suis gardée de leur retourner l'honneur. Même si c'était plus Farhan que j'avais en tête, j'ai l'impression que c'est la dignité de Jo que j'ai bafoué !

-Elle a l'air d'avoir cette capacité certaine à prendre les choses contre elle, ajouta Remus, l'air blasé par la brouille presque enfantine.

-Vous avez choisi qui alors ?

Les prunelles ambrées de Remus étincelèrent et s'ombragèrent d'un voile de mélancolie mêlé à une immense fierté.

-Harry. J'ai eu l'occasion de le ... croiser, pour lui demander. Si son père avait été encore de ce monde, ça aurait certainement été lui ... Je suis navré pour Joséphine, mais le choix s'imposait pour moi.

-Farhan, rectifia Tonks en fronçant son nez. Jamais je ne confierais mes enfants à Joséphine Abbot ... (Elle considéra quelques secondes son mari, un léger sourire aux lèvres). Mais tu as raison, ça s'imposait. D'autant que tu m'as laissé l'appeler Ted, alors ...

La voix de Tonks s'étrangla, et elle préféra ne pas achever sa phrase pour se perdre dans la contemplation de son fils. Par-dessus la tendresse, une expression plus ombrageuse était venue colorer son visage. Malgré sa mine rayonnante d'alors, Tonks portait littéralement le deuil : ses cheveux si longs qu'ils l'enveloppaient comme un châle étaient d'un noir de jais. Le simple choix du prénom prouvait que son père, récemment tué par des Rafleurs, hantait ses pensées. Incapable de poser le moindre mot sur la douleur indicible qui devait l'étreindre, je me contentai de poser une main sur son bras. Le coin de sa bouche tressaillit en un sourire qui ne voulait pas s'épanouir et elle tamponna le coin de l'œil de sa manche.

-Je vais aller visiter vos toilettes, annonça-t-elle d'une voix rauque avant d'incliner le bébé vers moi. Tu veux bien le tenir ?

-Euh, lâchai-je, prise de court et un brin paniquée par la perspective.

-Donne-le moi, Dora, trancha Remus avec un sourire indulgent. Il dort toujours bien sur moi ...

Sans hésiter, Tonks confia l'enfant à son mari et partit vers les toilettes dans l'entrée à grandes enjambées. Plutôt que de laisser le malaise sous envelopper autant que le silence, Remus se fendit d'un petit rire :

-Je me doute que tu es à des milliers de lieux de ça.

-De ça ... Des enfants ! compris-je lorsqu'il me toisa, l'air mutin. Seigneur oui, mille lieux ... Je suis désolée, je pense que ... j'aurais peur de le casser.

Je dus délicatement m'empourprer à l'aveu. La vérité, c'était que je craignais aussi que mes bras maigres le laissent s'échapper, malgré les séances de sports presque quotidiennes que Miles et moi nous imposions et qui me redonnaient confiance en mon corps. Remus m'adressa un sourire indulgent.

-Moi aussi j'ai eu peur, la première fois que je l'ai pris dans mes bras ... peur d'une multitude de chose ... et pourtant, dès l'instant où je l'ai tenu, tout s'est envolé. Les peurs, les doutes, les douleurs ... Tout. La magie de la paternité, je suppose ...

-Elle vous sied à merveille, assurai-je, sincère. Et vous savez si ... enfin ...

Je ne savais pas comment formuler ma question de manière courtoise, mais mes bafouillements eurent du sens pour Remus. Son sourire s'agrandit pour prendre le goût du triomphe.

-Pour tout te dire, c'était l'une de mes craintes lorsque je l'ai pris dans mes bras. Il est né trois jours avant la pleine-lune, je me sentais déjà faible et irascible. Plus l'échéance avançait, plus son devenir m'obsédait ... et pourtant même ça, il l'a effacé ... Tonks avait raison depuis le début, ça n'a que peu d'importance ... Et trois jours plus tard, lorsque je suis revenu de ma nuit, Tonks m'a annoncé que lui ne s'était pas transformé. (Il jeta un regard fier à son fils). Il a hérité des bons gènes ...

-Je continue de dire que même ça, ça n'aurait pas été un mauvais gène.

-Ça, ma chère Victoria, c'est parce que tu es une sorcière d'exception, dans tous les sens du terme, affirma Remus. D'ailleurs, je devrais peut-être te remercier, toi ainsi que tous mes élèves ... Si j'ai su que j'étais capable d'être père, c'était parce que j'avais cette expérience avec vous qui m'a fait réaliser que j'ai aimé vous accompagner, partager vos joies et vos peines, vous voir vous épanouir ... (Un petit rire le secoua). C'est drôle, j'ai aimé être prof en pensant que je ne pourrais jamais être père, et j'ai été père parce que j'ai aimé être prof.

Nous eûmes à peine le temps de méditer cette phrase que quelqu'un entrait dans la pièce. Je crus que c'était Tonks qui revenait, mais c'était Simon, habillé en quatrième vitesse, sa main bandée portée en écharpe – sous l'insistance d'Eugenia qui ne souhaitait pas voir un mouvement parasite ruiner tous ses efforts. Elle avait failli faire une syncope la veille lorsqu'il avait tenté d'arracher des notes à sa guitare, tentative par ailleurs tuée dans l'œuf par le tremblement qui avait agité ses doigts. Ses yeux sortirent de ses orbites lorsqu'il avisa le bébé dans les bras de Remus.

-Ah mais il est né ?! (Il porta la main à sa tempe, sonné). Ou elle ?

-Il, indiqua Tonks en revenant dans la pièce. Bones, incline-toi devant Edward Remus Lupin !

Loin de s'incliner, Simon dévisagea l'enfant avant de tourner les yeux vers moi, hébété. Moi-même surprise, j'interrogeai le couple du regard. Ils ne m'avaient pas révélé le nom complet de l'enfant et je n'avais pas cherché à réfléchir plus loin que l'évidence. Le simple fait qu'elle lui ait donné le nom de son père m'avait désagréablement tordu le ventre. Un sourire ourla mes lèvres et je préférerai laisser couler pour ne pas raviver la blessure de Tonks en appuyant que nos pères portaient le même prénom. Et que contrairement au sien et malgré un danger similaire qui pesaient sur eux, le mien était à l'abri, hors de portée de la guerre et de ses griffes qui s'étaient plantées dans le cœur de Ted Tonks. L'idée honteuse que la vie n'avait pris un Edward que pour en laisser un autre vivant me traversa l'esprit. Remus parut se méprendre sur le trouble qui laissait Simon statique devant lui et l'enfant, et proposa avec douceur :

-Tu le veux ?

Il bougea légèrement l'épaule pour désigner Teddy dans ses bras. Je m'attendais à ce que Simon refuse. Fermement. En rougissant. Gêné, il le fut assurément parce qu'il papillonna plusieurs fois des yeux, comme si c'était ce qui lui fallait pour assimiler la question. Et lorsqu'elle le fut, la réponse fut éloignée de ce à quoi je m'attendais :

-Euh ... Ouais, pourquoi pas. Si je le tiens côté droit, je ne devrais pas le faire tomber ...

-Je vais chercher un appareil photo ! glapis-je immédiatement en bondissant sur mes pieds.

-Mais Vicky !

Il tenta de m'attraper de la main droite, mais je lui filai aisément entre les doigts avec un rire compulsif qui résonna dans la maison. Pressant une main contre les lèvres, je m'efforçai de l'étouffer en grimpant l'escalier. Ah Simon avait refusé de rougir à la proposition ? Parfait, j'avais toujours les ressorts pour provoquer l'embarras chez lui. Je voulais un Simon Sirius Bones aussi écarlate qu'un souafle, à en effacer ses taches de rousseurs et je l'aurais. Mon arme ? Un appareil photo que nous avions découvert dans le grenier. A moitié aménagé en une pièce sur laquelle découlait un étroit escalier, il contenait peu de chose d'intérêt. Simon n'y avait plus mis les pieds depuis qu'il y avait chassé un épouvantard cet hiver et c'était Miles et moi qui l'avions débarrassé en quête de meubles. Nous y avions déniché une table de chevet, une vieille armoire aux boiseries raffinées, des vases de porcelaines qu'Eugenia s'était mis à remplir de fleurs cueillies dans jardin. Mais ma trouvaille préférée avait été cet antique appareil photo dont je m'emparai une fois revenue dans ma chambre.

-Oh, Bones, ricanai-je en tripotant les boutons. On a intérêt à survivre à cette guerre parce que je tiens à montrer cette photo à Emily ...

Je gloussai encore en revenant vers le couloir mais m'arrêtai nette lorsqu'un grincement se fit entendre. Par ma porte légèrement entrebâillée, je pus voir celle de chambre d'Eugenia s'ouvrir. Mais ce ne fut pas la jeune fille blonde et ensommeillée qui en émergea, mais Miles. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque j'avisais ses pieds nus, ses chaussures à la main et les vêtements froissés qu'il portait déjà hier. Cependant, ce qui m'interloqua plus particulièrement, ce furent ses cheveux. Miles prenait un soin tout particulier de sa chevelure et ne se présentait jamais décoiffés hors de sa chambre. Or là, les mèches brunes filaient dans tous les sens, en épis derrière son crâne ou tombaient sur son front pour couvrir son regard. Ma bouche s'était légèrement entrouverte lorsqu'il s'engouffra dans sa propre chambre et qu'il en referma la porte en même temps qu'Eugenia claquait la sienne.

-Oh, oh, soufflai-je, abasourdie.

Incapable de tirer les conclusions qu'il fallait tirer de ce Miles débraillé qui sortait de la chambre d'Eugenia, je sortis de ma cachette et traversai le couloir à pas de chats, le cœur battant à tout rompre. Mes doigts faisaient nerveusement tournoyer l'appareil photo. Il fallut au moins la vision de Teddy Lupin, niché au creux du bras gauche de Simon, pour effacer la mine prudente de Miles de mon esprit. Malgré moi, un sourire attendri retroussa mes lèvres. Loin du malaise ou de la raideur que j'avais attendu de Simon, il semblait très serein malgré sa main toujours morte, le visage illuminé par un léger sourire alors qu'il observait le petit ange, presque fasciné. Je m'ébrouai avant qu'il ne puisse me surprendre dans ma contemplation et brandis l'appareil photo à peine entrée dans la pièce.

-Souris !

Simon sourit d'un air amusé, mais ne daigna regarder l'objectif – et à ma plus grande frustration, le cliché promettait d'être magnifique et sans la moindre rougeur. Je m'affalai à leurs côtés sans faire attention au petit être fragile qui dormait dans les bras de Simon.

-T'es même pas drôle ... (Je me penchai pour effleurer la petite main de Teddy). Allez Lupin, je suis sûre que tu as un petit rejet de lait à lui envoyer à la figure.

-Hé, intervint Remus, un doigt menaçant pointé sur nous. Ne mettez pas mon fils au milieu de vos disputes.

-De leur danse nuptiale plutôt, nous taquina Tonks.

Ses yeux étaient secs, mais ses traits restés imprégnés d'un mélange de mélancolie et de colère sourde qui ne s'estompa que lorsqu'elle posa les yeux sur son fils. Le tableau lui donna même la force de sourire.

-Vous êtes de lointains cousins, rappela-t-elle soudainement. Descendants des Black tous les deux ...

-Pas nos meilleurs gènes, grimaça Simon.

-Excuse-moi ?! s'écria une voix depuis la salle de musique. Tu veux bien répéter ça devant ta grand-mère ?!

-Au risque de blesser ton si haut orgueil, Charis, sa mère était une Croupton, pas une Black !

-Oh mais j'ai veillé à ce qu'aucun de nos enfants te ressemblent, mon cher Caspar ! Tu m'imagines, moi, donner naissance à trois limaces ?!

Simon gonfla ses joues et fusilla la porte qui renfermait les tableaux hurlants de ses grands-parents, souffrant visiblement de ne pas pouvoir immédiatement mettre un terme à la dispute d'un coup de baguette. La frustration crépitait littéralement dans son regard. En revanche, ni Remus, ni Tonks ne parurent surpris de l'intervention de Charis et Caspar et le petit sourire sardonique qui retroussa les lèvres de la jeune femme m'indiqua même qu'elle avait cherché la provocation. Un peu perplexe, je les dévisageai avant de toiser Simon du coin de l'œil. Je n'y avais pas songé, mais à présent ça m'apparaissait évident que les membres de l'Ordre n'avaient pas pu le laisser juste livré à lui-même dans ses idées noires pendant un mois. Je l'avais touché du bout des doigts en septième année : dans ses pires heures, Simon pouvait être une bombe à retardement. Qu'un ancien professeur pouvait s'être fait une joie de canaliser. Peut-être même Tonks avait-t-elle partagé sa frustration d'être réduite à l'impuissance pour protéger une vie. Mais à présent, l'Auror était libérée du boulet qui l'avait cloué au sol durant neuf mois. Entre temps, on lui avait pris ses deux pères : son mentor Fol Œil et Ted Tonks. J'espérais sincèrement que Voldemort tremblait depuis l'étranger : un ouragan s'apprêtait à s'abattre sur lui.

-Tu vas reprendre l'activité, alors ?

J'avais réussi à m'isoler avec elle dans la cuisine, petite mais très fonctionnelle avec un grand plan de travail qui permettait à Miles d'en mettre partout quand il cuisinait. L'ennuie que j'avais avec elle, c'était que c'était une vieille maison de sorcier absolument pas reliée à l'électricité, ce qui m'avait obligé à me balader constamment avec la baguette de Nestor pour ne pas être dépendante de quelqu'un pour faire la moindre tâche. Réprimant une grimace, j'en tapotai la pointe contre la bouilloire. Aussitôt, un filet de fumée siffla par le bec. Et en plus, elle marche divinement bien cette saloperie.

-Je n'ai jamais été loin, avoua-t-elle du bout des lèvres. J'obligeais Kingsley à me tenir au courant, parfois j'accompagnai Remus à Potterveille ... C'était difficile, on vit presque chez ma mère depuis que mon père a fui ... (Elle s'éclaircit la gorge et par miracle, aucune larme ne vint perler à ses yeux). Tu sais, pour ne pas la laisser seule. Et j'étais un peu faible pendant les premiers mois, au moins j'étais toujours avec quelqu'un ...

Un petit ricanement lui déchira les cordes vocales et elle fit diversion en prenant la bouilloire pour remplir les deux tasses face à elle. La fumée opaque vint brouiller les traits de son visage.

-On va rester encore quelques semaines, je n'ai pas envie de la laisser seule ... Et puis Teddy, ça la distrait un peu de son chagrin. Elle sera ravie de pomponner pendant que j'irais botter le cul de quelques Mangemorts.

-Donc quelque chose est prévu pour ça ?

-Bien ... oui, admit Tonks d'un ton évasif. On a eu trop de coups durs ces derniers temps, avec l'ensemble de la famille Weasley qui est maintenant forcée de se cacher ... il faut qu'on prouve qu'on est encore vivant. (Elle me donna un coup de hanche ponctué un sourire caustique). Mais c'est classé top secret, ma belle. Contente-toi de savoir qu'on fait tout pour sortir de cette histoire ... Pour toi, pour mon père, pour Teddy.

Ma gorge se ferma face à la conviction profonde qui habitait les yeux sombres de Tonks, cette flamme semblable à celle que j'avais perçu au fond des prunelles de Ginny Weasley. Pourtant, Tonks savait, avait été durement frappée par la guerre, n'avait pas la naïveté de croire que sa fin était proche. Pourtant elle non plus ne semblait douter de l'issue. Il n'y en avait qu'une possible, qu'une d'acceptable. Et elle se battrait jusqu'au bout pour ça.

-Tu es vraiment incroyable, soufflai-je, impressionnée.

-Tu veux rire ? s'esclaffa-t-elle, incrédule. Tu t'es vue ? Mille fois frappée, et toujours debout la Victoria Bennett. Au fait, ton frère ne devait pas avoir un bébé aussi ? On était enceinte quasiment en même temps avec ta belle-sœur ?

-On n'a pas de nouvelle, récemment ... J'ai laissé Archimède aux jumeaux pour leur vente à domicile, et tant que Simon ne peut pas transplaner on ne peut aller récupérer mon courrier chez Julian.

-Et ça va durer encore longtemps la blessure de Simon ?

Je réprimai une grimace et jetai un long regard à cette maudite maison sans électricité. Si moi j'étais réduite à utiliser la baguette de Nestor, Simon lui n'avait pas de recours tant le sortilège de Fidelitas avait réveillé le maléfice. Tant que sa main n'était pas entièrement guérie dans sa chaire, toute magie lui était interdite. Bill était même passé pour le lui répéter : le mal n'était pas encore fait. Mais si Simon ne prenait pas sa guérison à cœur, alors il pourrait perdre l'usage de sa main gauche. Fort heureusement, le Fidelitas semblait avoir été une urgente exception et depuis Simon n'avait même pas tenu sa baguette en main. Parfois, la frustration se sentait à un froncement de sourcils, ou à un regard de travers face à un acte magique de ma part et de manière générale à un mutisme appuyé qui, pour moi, signifiait qu'il serrait les dents à tout prix. Et c'était parce que son impuissance était latente et silencieuse que je craignais un jour une explosion. J'avais senti les premières étincelles la veille, lorsque ses doigts s'étaient mis à frémir et arracher des notes dissonantes à l'antique guitare.

-Bill et Eugenia disent que lorsque sa main refonctionnera normalement, ce sera le signe que le maléfice a enfin été vaincu et qu'il pourra reprendre la ...

La phrase fut perdue dans les pas qui claquèrent contre le carrelage : Miles passa la tête dans l'encadrement béant qui séparait la cuisine de la pièce de vie. Ses mèches brunes étaient impeccablement coiffées sur le côté. On voyait encore la trace du peigne.

-J'ai vu Bones avec un bébé dans les bras, annonça-t-il, la commissure des lèvres relevées. J'ai le droit de dire que c'est une vision perturbante ?

-Quelle ignominie ! protesta Tonks, une main sur le cœur. Le jour venu, leur bébé sera sublime ! Enfin, s'il prend les bons éléments des bons parents. Les yeux de Bones et le reste de Victoria, donc.

-La profonde nature de maman avec les capacités magiques de papa.

-Non mais on se calme ici ! glapis-je, interdite par l'idée. Je rêve !

Tonks me considéra quelques secondes, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.

-Dis, tu l'as vu ton homme quand il tient mon fils ?

-Ton homme, ricana Miles.

Je lui flanquai un coup de torchon sur l'épaule et il s'éclipsa prestement après avoir pris une poire dans la corbeille à fruit. Le déjeuner qui suivit se déroula dans le salon de façon totalement champêtre dans le salon, avec une Eugenia qui nous rejoignit encore en pyjama, fascinée par l'enfant qui dormait dans les bras de Simon. Il y resta longuement, et le café, thé et chocolat fut depuis longtemps engloutis et séchés au fond de la tasse avant qu'il ne s'éveille pour réclamer lui aussi son petit déjeuner. Tonks lui donna le sein dans un coin du sofa, masqué par une couverture et il fallut au moins ça pour que le visage de Simon se mette enfin à s'empourprer. Néanmoins, je dus donner raison à Tonks sur ce point. Même quand ce fut Eugenia qui porta un Teddy éveillé qui observait son environnement avec curiosité, il resta près d'elle, et laissa même l'enfant replier ses minuscules doigts sur le sien. A la grande satisfaction de Tonks, il assura même que Teddy ressemblait à son père alors que je lui trouvais le même faciès que n'importe quel bébé au monde. Sa sérénité me laissait perplexe. Moi qui avais la sensation de pouvoir anticiper toute ses réactions, je découvrais que des facettes de Simon Bones m'échappaient encore. Mais pour la première fois depuis sa blessure, son visage rayonnait. Alors je gardait mes remarques pour moi.

Lorsque Remus et Tonks repartirent sous une cape d'invisibilité, le petit Teddy pressé entre eux, la matinée était bien entamée et un soleil d'avril s'était élevé dans le ciel traversé par quelques nuages. Miles débarrassait magiquement la table, Simon avait ouvert le carnet qui le reliait à Susan sur ses genoux, et profitant de la quiétude qui régnait, je m'aventurai dans le jardin pour profiter de la floraison. J'avais découvert que cette simple touche de couleur aux effluves entêtante avaient donné une âme à cette maison qui jusque là en manquait cruellement – si on exceptait les disputes quotidiennes de Caspar et Charis. Je trouvai quelques tulipes aux pétales éclatants non loin du verger, si belles que cela me sembla être un crime de les arracher à leurs racines. Finalement, le son des tiges qui craquaient sonnèrent en moi comme des cris d'agonies et j'abandonnai vite la tâche pour aller vagabonder, avec quatre tulipes dans les mains. J'avais espéré retrouver de la sérénité ici, et force était d'admettre que ce grand jardin et ce grand ciel bleu qui semblait repousser les problèmes avait quelque chose d'apaisant. Armée d'une baguette et avec des poumons qui, grâce au sport, semblait respirer plus loin, je me sentais également plus forte. D'autant que maintenant que mes cheveux n'effleuraient plus mes épaules, je me reconnaissais dans un miroir et ça c'était appréciable. Plus qu'appréciable. Libres à Tonks et Ginny de s'épuiser et de jeter toutes leurs forces dans la bataille. Le jour où elles s'épuiseraient, j'aurais retrouvé les miennes et serais là pour les suppléer.

Alors pourquoi, alors qu'au fond de moi je me sentais redevenir la Victoria d'antan, on venait briser ma quiétude ?

Elle vola en éclat lorsque j'étais encore au milieu du jardin et que j'entendis le son fracassant d'un verre qui se brisait sur le carrelage et mon sourire se fana immédiatement sur mes lèvres. Les tulipes pressées contre moi, je retournai prudemment sur mes pas et les premiers éclats de voix me parvinrent, avant même de passer la véranda. Et alors quand les verrières n'étouffèrent plus les mots, ils me parvinrent avec une netteté qui me fit grimacer. Mes doigts se crispèrent sur les tulipes et je m'immobilisai devant la porte qui menait à la pièce de vie, l'oreille tendue. Dans l'encadrement de la porte qui menait à la pièce de vie, je perçus une immense tache d'encre sur le sol, baignant les éclats de verres colorés d'un encrier.

-... ne te donne pas le droit de me parler comme ça, calme-toi !

-Je rêve, tu vas me dire ce que je dois faire maintenant ? Me donner des ordres ? Non mais il manquerait plus que ça ! Tu fais la magie à ma place, tu sors Victoria des geôles du Ministère, tu me donnes des exercices pour rééduquer ma main et maintenant tu devrais régir mes moindres faits et gestes ?

-Quand tu te conduis de manière irrationnelle, oui ! Ou alors tu préfères que j'appelle Victoria comme ça au moins tu la fermeras un peu !

Je clignai des yeux, abasourdie. Un silence pesant me parvint, brisé par une voix féminine qui venait de la véranda :

-Et après ce sont les filles qui se crêpent le chignon.

Je pivotai vivement pour découvrir Eugenia, pelotonnée dans un fauteuil en osier, un livre de botanique posé sur ses genoux et Bella la Fléreur à ses pieds. Sa joue appuyée contre son poing trahissait une exaspération qui se traduisit dans le regard qu'elle me lança.

-Il se passe quoi ? interrogeai-je à voix basse.

-Aucune idée. Ça a dégénéré juste après que l'encrier se soit explosé sur le sol. Je n'ai pas cherché à comprendre, j'ai fui avec Bella.

Elle gratta les oreilles proéminentes de la Fléreur qui se mit à ronronner si fort que le carrelage sembla vibrer sous mes pieds. Je fermai les yeux, résignée. Oui, un jour il fallait bien que tout explose.

-Un peu ? répéta Simon, visiblement hors de lui. Un peu ? Mais je ne sais pas si tu as remarqué, je ne fais que ça, me taire encore et encore depuis des semaines ! Tu ne sais pas tout ce qui se bouscule dans ma tête, tu ne sais pas tout ce que je retiens, je serre tellement les dents que parfois j'ai l'impression qu'elles vont se briser !

Oh, Simon ... ça avait beau ne pas être une surprise, l'idée qu'il s'empoisonne en retenant ses angoisses, ses peurs, ses inquiétudes et que ce soit certainement pour me ménager m'acidifier le ventre. En revanche, cela ne parut pas attendrir Miles pour deux noises.

-Oh et tu veux une médaille ? Pardon, j'avais oublié à quel point c'était exceptionnel que tu puisses un peu ranger ta langue.

-C'est bon, tu me saoules, cingla durement Simon. Vraiment ...

-Mais arrête, arrête de croire que c'est exceptionnel ! Qu'on devrait te féliciter pour ça, te plaindre, que ça justifie ta mauvaise humeur ! Tu penses que t'es le seul à ronger ton frein, à avoir peur, à avoir sacrifié ? Le seul à avoir été blessé ? Mais ta blessure n'est même pas grave, si seulement tu te montrais un peu patient – mais ça c'est pas ta qualité première, sauf quand il s'agit de Victoria Bennett. Ah ça pour Victoria t'as su être patient ...

-Espèce d'enfoiré.

Eugenia eut une réaction très spéciale en gloussant et je lui jetai un regard acéré. Le rire s'estompa, mais pas son sourire sarcastique et je fus proche de lui renvoyer l'image de Miles sortant de sa chambre ce matin pour le faire disparaître. Simon m'en empêcha en bredouillant :

-Mais ça n'a rien à voir ... si je me suis mis à ... enfin ... Enfin, je viens d'apprendre que ma sœur vient de retourner à Poudlard !

Un soupçon d'angoisse était venu érailler la voix de Simon, si bien que je reçus les mots en plein cœur malgré leur banalité. Ça me semblait évident que Susan retournerait à Poudlard une fois les vacances de printemps achevées, elle n'avait jamais caché ses convictions et Simon n'avait jusque là rien fait pour l'en empêcher ... Mais la situation venait de brusquement changer, me rappelai-je, figée d'horreur. Personne n'était certain de qui avait été reconnu ou non lors que l'attaque de la maison d'Angelina, et Simon s'était de toute manière mis en retrait de la communauté en abandonnant l'IRIS et en se cachant avec moi, ce qui ne pouvait paraître que suspect. Alors Rose et George Bones avaient envisagé l'idée de se mettre à leur tour sous Fidelitas à la rentrée scolaire. Si Susan avait eu de la chance lors du trajet qui l'avait mené jusque Londres, peut-être que ... La détresse vint compresser ma poitrine.

-Elle ne devait pas y retourner, on s'était mis d'accord avec mes parents, par sécurité ... Elle s'est sauvée au milieu de la nuit et elle a pris le train !

-Et mes deux sœurs y sont aussi, rappela Miles avec sécheresse. Et tu ne me vois pas péter un câble !

-Peut-être parce qu'on n'a pas le même terrain familial ! J'ai perdu deux frères, je n'ai pas envie de perdre une sœur en prime !

-Ouille, commenta Eugenia d'un ton neutre.

Ouille. Oui, exactement. J'avais pris les mots en plein cœur et mon poing alla se loger au creux de ma gorge. J'ignorai même si Simon avait fini par raconter son histoire à Miles ... Cela devait être le cas, parce qu'il ne parut pas sourciller face à la réplique pleine de détresse.

-Bones ...

-Tu ne sais pas ce que c'est, le coupa vertement Simon. Tu ne sais ce que c'est d'avoir déjà eu une famille qu'on t'a arraché, qu'on a brisé et que le peu que tu as réussi à te reconstruire on menace de te le prendre. Tu ne sais pas ce que c'est de vivre avec en permanence avec une épée de Damoclès au-dessus de ta nuque, tu ne sais pas ce que c'est d'être né dans ma famille, et d'avoir une cible au milieu du front parce que tu t'appelles Bones !

-Oh non, intervint Miles d'un ton glacial. Non, non, non, ne viens pas me mettre sous le nez que ta sœur a plus d'importance que les miennes, parce qu'elle s'appelle Bones et qu'elle est issue d'une famille de héros. Ne viens pas me dire qu'elle est plus en danger que les miennes, parce qu'elle a du sang bleu dans les veines. Tout le monde est concerné par cette guerre, tout le monde est en danger !

-Excuse-moi, je suis vraiment désolé de te le dire, mais il y a plus de chance qu'à choisir entre une Bones et une Bletchley, ils se jettent sur la Bones !

-Ah bon ?!

C'était un exploit de pouvoir crier plus fort que Simon, et pourtant s'il y avait quelqu'un qui avait un coffre pour un parvenir, c'était bien Miles. Pourtant le coffre en question avait toujours été inexploité tant il avait été la pondération même, préférant la froide logique des arguments rationnels à des cris démesurés, du bruit pour rien. Presque intriguée, je jetai un coup d'œil par la fenêtre de la pièce de vie qui ouvrait sur la véranda. Sans surprise, Miles surplombait littéralement Simon, les épaules rejetées en arrière, le visage tordu par l'indignation.

-Va dire ça à Felicity, cracha-t-il. Va dire ça à ma petite sœur que j'ai retrouvé l'ombre d'elle-même parce qu'Enoboria Selwyn n'a rien trouvé de mieux à faire cette année que de profiter de ses nouveaux pouvoirs illimités de sang-pure et sœur d'un Mangemort pour lui rendre la vie infernale ! Va dire ça à ma petite sœur qui a à peine manger au repas de Noël parce qu'elle passait son temps à lutter contre les larmes à l'idée de devoir retourner à Poudlard !

L'exposé jeta un froid qui sembla nous pénétrer jusque la moelle. Même Eugenia leva les yeux de son grimoire, l'air alerte, à l'écoute, et la fureur qui imprégnait les traits de Simon sembla se fendiller quelque peu.

-Quoi ... ?

Miles passa une main dans ses cheveux avant de se détourner, regrettant visiblement d'avoir laissé échapper cette information. Il fallut quelques secondes pour qu'il daigne desserrer les dents :

-Tu crois vraiment qu'il n'y a que les enfants de héros qui vivent l'enfer à Poudlard ... ? Felicity n'a pas eu à faire grand-chose. Juste de l'ombre à Enoboria Selwyn. Elles sont dans la même année, tu le savais, ça ?

-Non, avoua Simon d'un ton nettement moins vindicatif. Je pensais même qu'elle était plus jeune que ça ... mais je ne sais pas de mémoire elle avait l'air ... douce, mignonne.

-Douce, mignonne et parfaite, soupira Miles, l'air abattu. Et intelligente, en plus de ça ... elle a été nommée préfète de Serpentard, elle était si fière ...

Je cillai, perplexe. Je me souvenais parfaitement de Felicity, d'à quel point elle ressemblait physiquement à Miles avec ses longs cheveux bruns toujours peignés et sa peau mate qui faisait ressortir ses yeux bleus. Elle était déjà assez grande pour être préfète ? Seigneur, pour moi elle était figée en troisième année ... La bouche de Miles se pinça et il lâcha d'un ton plein de dépit :

-Le problème ... c'est qu'elle a volé le diadème de la reine. On était encore à Poudlard qu'Enoboria se conduisait déjà comme une princesse. Tant que Felicity était timide et réservée, tout allait bien. Sauf qu'en grandissant, elle a pris de l'assurance et l'insigne est venu récompenser ses bons résultats. Pour ne rien arranger, elle est vraiment jolie et commençait à attirer les regards ... et visiblement, Enoboria n'est pas fille à souffrir d'une rivale.

-C'est bien la sœur de Nestor ...

Mon estomac se contracta douloureusement au mot amer de Simon. C'était bien parce qu'il ne souffrait de la rivalité, même au sein de sa propre famille, que Nestor s'en était pris à moi d'un prime abord. Pour assoir sa domination sur son jeune frère. « Elle te frappe, mais c'est moi qui vais lui faire payer ».

-Je ne sais pas exactement comment elle a fait, mais Felicity s'est retrouvée accuser de toutes sortes de méfaits, poursuivit Miles. Triches, retards, oublis de devoir. Ses excuses sont apparues comme de la mauvaise foi et elle s'est retrouvée en retenue. (Son poing se serra sur la commode). Tu sais comment ça se passe les retenues à Poudlard, maintenant ?

Les traits de Simon semblaient graver dans le marbre tant ils étaient figés. Je revis le mot de Susan, la lueur fiévreuse dans les yeux de Ginny. Les échos des assauts que j'avais subi picotèrent sur ma peau et je m'entourai de mes bras pour retenir ma chaleur corporelle qui semblait d'évaporer.

-Oui, ricana amèrement Miles devant le mutisme épouvanté de Simon. Alors tous n'y parviennent pas, évidemment. Je dirai même qu'il s'agit d'une minorité. Tu te souviens de ce que nous disait Maugrey ? Ce n'est pas le genre de sort où il suffit de dire la formule ... mais tout de même ... certains ... (Il cogna son poing plusieurs fois sur le buffet). Elle ne voulait pas m'en parler, au début. Mais elle était si ... éteinte, si peu elle-même, ça m'a frappé dès la sortie du train ... C'est Cora, mon autre sœur, la plus petite, qui est venu me donner l'alerte et j'ai fini par lui faire cracher le morceau. Chaque fois qu'elle pouvait, Enoboria la dénonçait ... elle s'est retrouvée en retenue une dizaine de fois ... et encore, je suis sûr qu'elle ne nous a pas tout dit, j'ai réussi à comprendre entre les lignes qu'elle avait été obligée de dormir hors de sa chambre pendant plusieurs jours ... et la seule chose qu'elle arrive à pleurer c'est « je ne comprends pas, il ne me plaisait même pas en plus ce garçon ! ». Mais la petite Bletchley contre la grande Selwyn ...

-C'est David contre Goliath, murmura Simon et Miles lui jeta un regard soupçonneux. Laisse tomber ... tes parents ont fait quelque chose ?

-Mon père s'est débrouillé pour avoir du courage. Il était prêt à aller voir Rogue pour que ça cesse. Ma mère l'a convaincu de ne rien en faire. Qu'on allait attiser le feu, braquer les projecteurs sur nous. C'étaient des disputes d'adolescentes, il suffirait que Felicity fasse profil bas. Elle l'a sermonné, comme si c'était sa faute ... elle a pleuré toute la nuit après ça ...

La voix de Miles semblait morte un peu plus à chaque mot. Sa mâchoire se contracta et en l'observant attentivement je crus même voir ses yeux luire. Mon monde sembla s'écrouler. Que Miles puisse crier était une chose, mais pleurer ... Je n'étais pas prête à assister à cela.

-Alors tu vois, ça touche tout le monde. Sans ce climat, sans cette guerre, Enoboria ne se sentirait pas assez forte pour se permettre d'écraser ma sœur. Poudlard ne serait pas une machine à broyer les enfants. Sauf que Felicity, tu vois ... ce n'est pas Susan. Susan, elle est forte, elle est opiniâtre, elle est débrouillarde. Susan, on se lèvera pour elle parce que c'est une Bones. Qui se soucie de Felicity Bletchley, hein ? Qui va la sortir de son enfer, elle ? Parce qu'elle n'est pas assez forte pour le faire toute seule ... vraiment pas ...

Epuisé par son récit, il se laissa tomber dans le canapé où traînait encore la couverture qui avait enveloppé Teddy Lupin une heure plus tôt. Simon attendit quelques secondes, le visage fermé, une moue vaguement contrite aux lèvres, avant de le rejoindre, à une distance raisonnable. Ils ne se regardèrent pas, n'échangèrent pas le moindre regard, pourtant on sentait par leur raideur qu'ils avaient lourdement conscience de la présence de l'autre.

-C'est pour ça que tu as sorti Victoria du sien ? murmura Simon, si bas que je l'entendis à peine. Parce que tu étais impuissant à aider ta sœur ?

-Je ne vais pas mentir, ça a joué, avoua Miles du bout des lèvres. C'est Felicity qui m'a fait comprendre que ... je ne pouvais pas juste rester dans mon coin en me réjouissant d'être tranquille. Je n'étais pas tranquille, personne ne l'est. C'est une illusion qu'ils essaient de maintenir ... Mais le sang ça ne nous protégeait pas ... ça ne protège que les familles comme les Selwyn. Vous avez le droit de le dire, ajouta-t-il avec un ricanement amer. Il a fallu qu'un malheur s'abatte sur un membre de ma famille pour que j'ouvre enfin les yeux ... pour que je cesse de faire l'autruche.

-Personnellement, je ne me réjouirais jamais pour ça.

-Même pas si c'est ça qui m'a permis de trouver en creusant bien profond en moi mon courage et d'aller sauver ta copine ?

La provocation manquait de cœur, mais Simon daigna s'esclaffer très légèrement pour ne pas la rendre pathétique. Miles profita de la brèche pour renchérir avec une légèreté feinte :

-Pardon, ton âme sœur. Ta moitié. La femme de ta vie. Sur mon épitaphe je veux qu'il soit inscrit « est sorti avec Victoria Bennett avant Simon Bones ».

-Ah c'est ça ta plus grande fierté ? railla Simon avec un petit rire cynique. C'est sacrément réducteur, quand même ...

Pour toute réponse, Miles se contenta de rejeter sa tête contre le dossier avec un soupir et de contempler le plafond jusqu'à ce qu'enfin, ses yeux cessent de briller. Sa voix avait repris un semblant de constance et de gravité lorsqu'il lâcha :

-Je ne pouvais juste pas. Victoria. Quand Octavia a appris que c'était Nestor qui avait la main sur elle ... que ce qui lui arrivait, c'était sans doute cent fois pire que Felicity ... Je savais que Victoria était résistante, peut-être même la personne la plus résistante que je connaisse ... mais là je me suis dit que ça allait sans doute atteindre ses limites et ...

Je me détournai, incapable d'affronter l'immense peine qui semblait disloquer Miles ou le dépit qui brillait dans le regard de Simon. Fébrilement, je me mis à faire les cent pas dans la véranda, les bras croisés sur mon ventre retourné. Mon doigt se glissa sous mon bracelet d'un geste compulsif, machinal, ancré, et le fit claquer contre mon poignet. Le son de mes talons qui claquaient contre le sol et des perles qui s'entrechoquaient ne suffirent pas à masquer les mots :

-C'est juste ... la personne au monde qui méritait le moins ça. Vraiment. Victoria Bennett, c'est l'incarnation même de la bonne personne. Elle n'a pas une once de mauvais en elle, une once de méchanceté, une once de vice. Elle est intelligente, généreuse, courageuse et je ne sais pas ... l'idée qu'il lui arrive de telles horreurs à elle, c'était insoutenable. Pour Octavia comme pour moi. Vraiment si l'univers avait vraiment un dessein, on ne comprenait pas pourquoi les malheurs s'abattaient sur Victoria Bennett alors qu'elle est justement le genre de personne qui rend le monde meilleur. Les autres meilleurs. (Miles baissa les yeux sur ses mains). Elle m'a rendu meilleur. Je lui devais bien ça ...

Les larmes qui vinrent me brûler les yeux me surprirent à peine, tant ma gorge s'était serrée autour d'une boule chauffée à blanc. Je pris une profonde inspiration pour remplir mes poumons et chasser cette émotion soudaine et le son de ma respiration se noya dans le petit ricanement de Miles.

-Ne t'en fais pas, Bones, je te la laisse. C'est une fille exceptionnelle mais qui se prend beaucoup trop la tête pour moi. Un peu trop casse-cou aussi. Et je pense que mes sentiments pour elle se sont égratignés depuis le jour où je l'ai vu avec une clope au bec ...

-Merci, souffla Simon, sans la moindre ironie. Enfin, pas de ça ... Non, ça tu n'avais aucune chance de toute manière ...

-Je sais ... la guitare ...

-Et tant d'autres choses Bletchley, si tu savais. Non, sans déconner juste ... merci de l'avoir sortie de là. Vraiment, je sais qu'il ne s'agit pas de moi, mais d'elle, que je n'ai pas à être reconnaissant mais ... Merlin si tu savais à quel point je le suis ...

-Avec ce qui t'es arrivé, je peux comprendre. Désolé pour tes frères ... tes parents ... c'est vrai que je ne peux pas imaginer ce que c'est de craindre de perdre tout ... pour la seconde fois.

-Et je suis désolé pour ce qui arrive à ta sœur, rebondit Simon plutôt que de s'appesantir sur sa propre histoire. D'avoir minimisé le danger qui pesait sur elle ... Tu as raison, ça peut venir de partout. C'est là que c'est terrifiant ...

Miles sembla acquiescer silencieusement et lorsque je risquai un coup d'œil à travers la fenêtre, je les découvris enfoncés dans le canapé, l'air à bout de force. La main de Simon, totalement débandée mais qu'on devinait raide et tordue, reposait sur sa poitrine. Il s'écoula encore quelques minutes le temps que les esprits s'apaisent, dans tous les sens du terme et sans un mot, Miles se leva pour se diriger vers l'intérieur de la pièce quand Simon resta amorphe dans le canapé, la tête rejetée en arrière. J'échangeai un petit regard avec Eugenia, toujours blottie dans le fauteuil d'osier, mais nettement plus attentive pour ce qui se passait à l'extérieur. Ce fut sans doute pour cela que nous sursautâmes toutes les deux lorsque Miles débarqua dans la véranda, la mine sombre. Il nous toisa l'air surpris lorsqu'il découvrit nos deux paires d'yeux écarquillées braquées sur lui.

-Qu'est-ce qu'il y ... ?

Je ne lui laissai pas le temps de finir sa phrase : sans réfléchir, je me précipitai vers lui pour l'étreindre. Il était grand, si grand comparé à moi je ne pouvais pas lui sauter au cou, mais le simple fait de pouvoir presser mon visage contre son épaule satisfit ma soif de lui montrer ma reconnaissance, à quel point j'étais touchée de la description qu'il avait fait de moi. Je savais que Miles aurait toujours une petite place dans mon cœur, en tant que premier garçon que j'avais embrassé, que j'avais aimé d'une certaine manière, juvénile et imparfaite ... mais depuis des mois il prouvait qu'il méritait plus. Il méritait d'être mis un piédestal et que mon cœur lui élève un monument. Je l'avais peut-être rendu meilleur ... mais lui m'avait sauvé la vie, et en ça, la balance penchait largement de son côté.

La poitrine de Miles gonfla contre ma joue et il finit par relâcher un soupir qui alla se perdre dans mes cheveux avant de me rendre mollement l'étreinte.

-C'est bon, j'ai compris. C'est ta nouvelle activité d'écouter aux portes ?

-Exactement, confirmai-je en levant le visage vers lui. Maintenant je vais m'occuper de mon « âme sœur » aussi « homme de ma vie » aussi « moitié » avant qu'il ne réussisse à s'embrouiller avec ses grands-parents.

-Nom d'un hippogriffe boiteux, personne ne veut ça, maugréa Eugenia.

-Et de toute manière je les ai fait taire dès le début, ils criaient avec nous ça faisait un peu trop de bruits dans la maison, m'apprit Miles avec un sourire assez fier. Mais je ne suis pas sûr que ça lui ait plu que je puisse le faire et pas lui ...

Il me gratifia ensuite d'une pichenette sur la tempe pour me faire payer mon espionnage et j'acceptai le prix avec humilité. Lui adressant un dernier sourire complice, je m'engouffrai dans la pièce de vie à présent silencieuse, mais qui semblait crouler sous le poids des mots qui avaient été échangé. La première chose qui m'accueillit fut le verre brisé et l'encre qui s'écoulait toujours sur le carrelage, sous la table où était étalé le carnet qui contenait l'annonce de Susan. Je songeai vaguement à lire ces mots, ou à nettoyer ce carnage, avant de songer que ce ne serait que du sel rajouté dans une plaie ouverte. Toujours dans le canapé, la tête rejetée en arrière pour contempler le plafond, Simon resta remarquablement impassible à mon entrée. Je ne sus réellement s'il n'avait pas conscience de ma présence, ou s'il avait choisi de l'ignorer, mais il tressaillit à peine lorsque je pris place à côté de lui, les jambes repliées sur moi, la joue appuyée contre mon poing.

-Alors Susan est bien arrivée à Poudlard ?

Le coin de sa bouche frémit et je compris qu'il tentait de garder contenance après avoir réalisé que j'avais entendu tout ce qu'il essayait de me masquer depuis des mois. Parce que cette fois, c'était lui qui devait me porter. Parce que cette fois, je n'étais peut-être assez forte pour partager ses angoisses. Un sentiment acide de culpabilité me grignota le ventre et je jouai nerveusement avec la couverture de Teddy.

-Ecoute ... Là, ça va. Je veux dire je suis allée cueillir des fleurs, j'ai les cheveux courts, je viens de croiser un Lupin si rayonnant que ça en a été contagieux. Alors feu, profites-en.

-Et gâcher ta bonne humeur ? douta Simon avec l'ombre d'un sourire cynique.

-Arrête ... on sait tous les deux qui se passe quand tu gardes les choses trop enfermées en toi. Et moi aussi, je m'inquiète pour Susie.

Les paupières de Simon papillonnèrent plusieurs fois, et pourtant ses yeux restaient parfaitement secs. Juste fixés sur le carnet sur la table et emprunts d'une expression tourmentée.

-Elle m'a écrit ce matin pour m'annoncer qu'elle était arrivée à Poudlard sans encombre ... je l'ai vu quand Lupin et Tonks sont partis ... j'ai voulu lui répondre de suite et ... enfin, la main gauche, quoi. Mes doigts ne me répondent plus, ont laissé échapper la plume et puis ...

Il leva le bras et la main suivit par la force des choses, raide, si raide qu'elle paraissait appartenir à un cadavre et la pointa vaguement vers l'encrier brisé. La bile me monta aux lèvres mais je trouvai la force de passer outre ma réticence pour effleurer ses doigts des miens. Leur tiédeur sur ma peau me sembla rassurante, de bon augure et je pus affirmer avec conviction :

-C'est normal, mais ça, ça se rééduque ... Maintenant que le maléfice s'est résorbé, on va pouvoir s'y atteler et quand ce sera fait tu pourras reprendre la magie.

Je marquai une pause, songeuse sur la tournure qu'avait pris la conversation. Déjà, Susan semblait être passée au second plan ... ce n'était pas elle qui avait provoqué la colère de Simon. Non, c'était beaucoup plus trivial que cela.

-C'est ça, le problème ? insistai-je face à son silence. La magie ? Enfin Simon, tu as grandi comme moi, presque comme un moldu. Tu n'es pas le genre de sorcier qui prend la baguette pour la moindre tache. Tu es juste un frimeur.

-Ce n'est pas ça, soupira Simon en fermant les yeux, l'air excédé. C'est ...

-Dis-moi.

Mon injonction, presque dure, parut avoir raison de ses dernières réticences. Les yeux toujours clos, il se massa la tempe de sa main saine.

-Chaque fois que ... que je veux faire quelque chose et que je constate que je ne peux pas, ça me rappelle que ... Bien j'ai été blessé dès mon premier instant dans la mêlée. C'était la première fois, Vicky, la première fois que je prenais la baguette pour me battre. Ce n'est jamais arrivé pour l'Ordre parce que Lupin craignait mes réactions et honnêtement ? Je pense qu'il avait raison de les craindre. Ce qui s'est passé quand tes grands-parents ont été attaqué, ça l'a amplement prouvé. Je peux vriller. Honnêtement, je me pense capable de le faire au moindre éclair vert.

Ma gorge se ferma, et l'image d'une porte de placard striée éclairée par une froide lumière qui balayait le plancher me revint en mémoire. Toujours incapable de me regarder, Simon poursuivit :

-Là, ça n'a pas été le cas et pourtant j'étais dans un escalier. Et quand je pense que j'ai franchi un cap, quoi ? (Ses doigts blessés tressautèrent, comme pour attirer l'attention sur eux). Déjà ?

-Tu es un sorcier brillant, Simon. Vraiment. Mais le duel ça n'a jamais été sa spécialité.

-Je le sais, lâcha-t-il avec dépit. Je le sais depuis que tu m'as battu au cours de Maugrey alors que je pensais tellement plus fort que toi ...

-Et ça a été un véritable plaisir de tous les instants.

-C'était un peu humiliant. Ça l'est toujours ...

Loin de m'en sentir vexée, je baissai sur lui un regard peiné. Heureusement il gardait les yeux fermés, parce que je ne pensais pas qu'il apprécierait un tel regard. Ça ne ferait qu'ajouter à l'humiliation, ce paradoxe dans lequel il avait du mal à évoluer : celui d'être un ensorceleur de génie, mais incapable dès qu'il s'agissait d'utiliser ses dons pour se battre. De nouveau, ses doigts s'agitèrent compulsivement contre les miens.

-Et je ne sais pas, ça réveille des choses ... Des trucs que je ne pensais même pas, que je ne soupçonnais pas ...

-Comme quoi ?

Ses yeux s'ouvrirent enfin, mais toujours pas pour se river sur moi. Il darda un regard fixe sur le plafond, un regard intense qui se fondait dans son visage à la mine stoïque, figée dans le marbre.

-J'en veux à Matthew.

-Pardon ?

Alors ça effectivement, c'était inattendu et je jetai un coup d'œil inquiet à la pièce de musique. Mais Charis ne semblait pas avoir entendu cet affront à son petit-fils qui s'était littéralement sacrifiée pour ses frères. Pour Simon. Ses doigts morts s'agitèrent de nouveau contre les miens et je finis par prendre cela comme une demande muette de soutiens. Je logeai ma main dans la sienne et la serrai avec douceur pour ne pas risquer de lui faire mal. Les traits de Simon se détendirent imperceptiblement et il ferma de nouveau les yeux, un pli barrant son front.

-Je ne sais pas ... ça a fini par me frapper, quand je me refaisais les images en boucles en tentant de comprendre comment j'avais foiré ... Je suis resté dans l'escalier. Parce que je savais que c'était là que j'étais utile, avec assez de recul pour pouvoir déployer mes sorts. Pas dans la mêlée. J'avais envie de me précipiter, de juste retourner te chercher et je ne l'ai pas fait, j'ai réfléchi ... Tu crois que Matthew n'aurait pas pu réfléchir, lui, avant de se jeter dans la gueule du loup ?

-Simon ... Simon, arrête de te torturer, on ne sait jamais comment on peut réagir ...

-Mais maintenant moi si. Je me suis retrouvée face à la même situation. Je me suis blessé, mais j'en suis ressorti, et toi tu étais indemne. Alors maintenant, je me sens le droit de dire que si ce stupide Gryffondor qui aurait pu me servir de frère avait eu deux noises de jugeote, alors non seulement il serait peut-être en vie, mais Spencer aussi. Peut-être qu'au lieu d'essayer de sauver mes parents alors que c'était clairement évident qu'il n'y parviendrait pas, il aurait pu trouver un moyen de nous sortir de là tous les deux. Avec un balai, ou je n'en sais rien. Quelque chose, quelque chose qui aurait pu me permettre de ne pas grandir seul, mais avec deux frères à mes côtés. (Il pressa son index et son pouce sur ses yeux et je compris qu'il voulait refouler des larmes de frustration). Ça aurait changé tellement de chose ... ça aurait tout changé ...

Tellement que ça en était vertigineux, dus-je reconnaitre, la gorge nouée. Matthew aurait été le tuteur de Simon. Il aurait pu grandir, sans ses deux fantômes qui l'avait poursuivi toute son enfance. Le traumatisme, sans disparaître, aurait été allégé, partagé. Il n'y aurait pas eu ce déni qui l'avait entravé et empoisonné pendant des années et que j'avais dus déconstruire pierre par pierre, tant et si bien que cela m'avait laissé à bout de force. Mais ce n'était qu'un mirage. Une douce image qui torturait plus qu'elle n'apaisait. Cela n'aurait jamais pu être, parce que Matthew Bones s'était précipité dans cet escalier et s'y était fait tuer.

-Et alors que je ressasse ça depuis plusieurs jours, j'apprends que ma sœur se retrouve une vocation de tête brûlée, comme Matthew, et fuit la maison pour elle aussi se jeter tout droit dans la gueule du loup, acheva Simon, le timbre broyé. La seule chose de saine que j'ai réussi à construire dans cette foutue famille ... Avec mon père, c'est compliqué, avec ma mère j'ai découvert que c'était malsain, avec Caroline je ne t'en parle même pas ... Tout ce que j'avais c'était Susan, Susan et toi, et elle, elle est repartie à Poudlard avec les Mangemorts et toi ...

-Moi je suis là, l'interrompis-je alors que sa voix déraillait totalement. Seigneur ... Simon, je suis là, d'accord ?

La gorge nouée, je pris son visage en coupe pour presser mes lèvres contre les siennes, ancrer ma présence sur sa peau. Simon s'accrocha à ce contact, se noya dans mon baiser, aspira mon souffle pour qu'il chasse les idées noires qui lui obstruaient l'esprit. Sans rien n'y comprendre, je me retrouvai à califourchon sur ses jambes, entourée de ses bras dans une étreinte pleine de détresse et me livrai totalement comme un gage de ma promesse. J'avais le cœur trop gros, le corps trop saturé d'émotion pour me permettre de poser des mots, autant expier cela dans un baiser. Lorsque nos lèvres se désunirent enfin, un souffle erratique s'en échappait. Les mains toujours ancrées de chaque côté de son visage, je l'inclinai pour que son front touche le mien.

-Je ne pars pas, promis-je avec une brûlante conviction. Et je suis désolée, tellement désolée de t'avoir fait si peur ...

-Tu ne serais pas la fille que j'aime si tu ne me donnais pas quelques cheveux blancs ..., répliqua Simon avec un semblant de sourire. Tu es née pour avoir ma peau, Victoria Bennett ...

-Non, c'est faux. Je sais que c'est ce qu'on s'est répété toute notre vie, mais ça suffit maintenant. Je ne suis pas là pour avoir ta peau, je suis là pour vivre avec toi, aussi longtemps que je le pourrais, d'accord ? Je suis désolée de l'avoir oublié ... je t'abandonnerai plus ... je te le promets ...

Simon demeura un affreux instant statique avant de hocher plusieurs fois la tête contre la mienne et de m'attirer contre lui. J'enfouis mon visage dans son cou, la respiration lourde qui alla se répandre sur sa peau et lui arracher des frissons, ma poitrine s'enfonçant contre le sienne à la recherche d'un souffle qui semblait toujours nous échapper. C'était moi sa famille, à présent, venais-je de réaliser. Et je n'avais pas le droit de disparaître comme l'avait fait Cassiopée et Edgar, même si c'était pour de nobles raisons. Et pire que tout, je n'en avais pas la moindre envie. Un verrou venait de se débloquer en moi. C'était peut-être la mine étrangement sereine de Simon lorsqu'il avait contemplé Teddy Lupin, ou le fait qu'il venait de m'ériger au même niveau que Susan, comme seule partie saine de sa vie. Peu importait. Mon objectif ultime, ce n'était pas de tuer Simon Sirius Bones, mais de vivre à ses côtés, aussi longtemps que Dieu l'aurait décidé.

***

Aloooors? 

En vrai j'ai adoré écrire ce chapitre, j'ai pu y développer plein de chose que je gardais en réserve depuis longtemps - la situation de la pauvre Felicity et la colère de Simon envers Matthew. Et en plus de ça, vous avez pu rencontrer bébé Teddy ! 

Pas d'autres choses sur lesquelles revenir donc je vais me contenter de vous souhaiter un bon we et une bonne semaine les enfants ! A la semaine prochaine <3 


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