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IV - Chapitre 26 : De la patience et du temps

Et comme prévu, me voilà de nouveau ! 

Je suis infiniment désolée pour les lecteur.ices de La dernière page ... On arrivait à un chapitre que j'aimais bien en plus, mais je préfère vraiment me laisser le temps de digérer la fin d'O&P ! Je vous remercie de votre compréhension <3 

(En plus sinon ça aurait trop fait de chapitre, vous auriez été noyer je suis sûre j'en aurais perdu en route) 

AVANT TOUTE CHOSE UN PETIT RECTIFICATIF 

(Vraiment tout petit, une broutille de rien du tout) 

On a eu un gros micmac avec Anna' (oui nous ne sommes pas parfaites ...). Certain.es l'ont noté dans son bonus. Alors quand j'ai brainstormé avec elle un conversation intégrée maintenant dans le chapitre Victoria et Juliette sur Noah qui se plains que Julian soit né après Noël, elle a dû me dire un peu à l'oral sans faire attention que Julian était du 6 janvier. J'ai intégré cette information et l'ai reprise en disant que Vic disparaissait la veille de son anniversaire. 

SAUF QUE relisant mon chapitre pour les soins de son bonus, Anna' me dit "Non mais ... Julian est du 18 janvier Perri". Bon, ne cherchons pas un coupable - c'est quand même moi parce que j'ai la fonction de calendrier d'Anna, je lui fais tous ses calculs  PARDON ANNA TON CALENDRIER A FAILLI - ça reste un détail mineur. Ainsi afin de rester cohérente avec mon récit, Victoria part bien un 5 janvier et donc plus la vielle de l'anniversaire de Julian, voilà, détail réglé ! Je rectifierai à l'occasion (si c'est comme l'âge de Matthew et Spencer ça risque de prendre du temps) 

Ce qui me fait rappeler de vous enjoindre expressément d'aller lire le Bonus d'Anna' "De cendre et de lumière", qui relate le pdv Nolian sur les événements présents ! Même ceux qui n'ont pas lu LHDI peuvent s'y risquer, elle s'insère vraiment dans les blancs d'O&P ! ET LA PARTIE QUI VIENT EST JUSTE AMIOBGRAOBVAOIBVAEIOEVAIBOAEV voilà vous savez tout, j'ai eu les yeux tout mouillés. 

MAINTENANT VOTRE CHAPITRE, enjoy et profitez bien ! 

***

Comment reprendre le cours de son ancienne vie, comment continuer, lorsque dans son coeur on commence à comprendre qu'on ne peut plus retourner en arrière. Il y a des choses que le temps ne peut cicatriser, des blessures si profondes qu'elles se sont emparées de vous. 

- Frodon 
Le Seigneur des anneaux : le retour du roi

***

Chapitre 26 : De la patience et du temps.

-Remets-toi, Miles.

-Non mais c'était quoi l'intérêt ...

-C'est une fiction, oh la la ! Se vider la tête, rire un bon coup, oublier qu'on est en guerre ...

-Paradoxal devant des lions qui chantent et une guerre civile ... Aïe !

Angelina venait de frapper Miles à l'arrière du crâne, à la grande satisfaction de l'ensemble des personnes présentes dans le salon. Toutes pour des raisons différentes. Angelina avait lancé Le Roi Lion frustrée, lorsque Fred et George s'étaient enfermés avec Lee dans la salle à manger/studio d'enregistrement avec la ferme intention de ne pas être écoutés (par Miles et Eugenia, le mystère n'en était pas un). Par la force des choses, nous nous étions tous un peu retrouvés devant le film qui semblait avoir abasourdi les sorciers autant qu'enchanter ceux qui avaient de l'ascendance moldue. Même Lee avait fini par s'extirper de la réunion pour en découvrir la fin et les jumeaux avaient pu contempler Simba reprenant sa place sur le rocher des Lions. George fut sans doute celui qui accueillit avec le plus de satisfaction la frappe d'Angelina et se fendit d'un large sourire goguenard.

-Et bim.

-Toi, tu veux vraiment t'en prendre une, réagit Angelina avec une froideur coupante. C'était quoi cette réunion secrète à laquelle personne n'était conviée ?

-Des nouvelles de l'Ordre, répondit Fred alors que George s'empourprait délicatement – d'embarras ou de colère, c'était difficile à juger. On faisait le tri sur ce qui devait être diffusé ou non. Et désolé, mais si ce n'est pas pour la Communauté Magique, ce n'est pour aucun d'entre vous.

Tous un peu éparpillés dans le salon, nous les gratifiâmes d'une unanime réaction de défiance. Angelina et moi plissâmes toutes les deux les yeux face aux jumeaux, Eugenia ne se priva pas pour les fusiller du regard, Lee et Miles soupirèrent à des teintes différentes. Seul Simon, assis en tailleur sur le divan, accusa le coup, stoïque. Devant tant d'exaspération palpable, Fred leva les mains pour se défendre.

-Hé, c'est un ordre qui vient d'en haut, arrêtez ! Vous comprenez qu'on ne doit pas montrer à l'ennemi tout ce qu'on sait, non ? Arrêtez de le prendre systématiquement contre vous !

-On a compris, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, enchérit George de mauvaise grâce.

Le fait que Miles ait ramené Simon Bones, et non une bande de Mangemort dans la maison avait étouffé les derniers doutes et arguments des jumeaux. La difficile acceptation des jumeaux était accompagnée d'un dépit évident pour George car l'affaire avait semblé monter Angelina contre lui, tout en la rapprochant ostensiblement de Miles puisqu'elle l'avait défendu et mené les recherches avec elle. Toujours était-il qu'en récompense de sincère contrition, Eugenia s'était résolue à retirer sa ramure à George. Quel dommage ... Le rire de Simon lorsqu'il l'avait aperçu avait constitué l'un de mes plus beaux moments depuis longtemps.

-Mais ça ne veut pas dire qu'on peut tout se dire, rappela Fred d'un ton un peu sombre. Bennett et Bones, vous êtes là depuis le début, vous savez ce que c'est.

-Là, là ..., murmura Simon, sceptique.

Fred eut un vague sourire qui se fana lorsque je le fusillai du regard. De nouveau, il leva une main avant de s'enfoncer dans son fauteuil en sifflotant. Je l'avais désiré, pourtant je n'avais pas eu besoin de le formuler pour que Simon reste chez Angelina avec moi au lieu de vaquer à ses occupations, comme il avait pu le faire quand j'étais enfermée chez Noah et Julian. Puis, j'avais fini par comprendre, bride par bride, allusion par allusion, que sans moi sa vie s'était arrêtée. Rongé par l'angoisse, Simon avait tout lâché. L'Ordre, l'IRIS, tout. L'unique activité qu'il avait été capable d'accomplir sans se laisser dominer par la colère ou la panique, c'était la rénovation de sa maison à Oxford. Certainement parce que c'était une pratique de la magie qui lui permettait de canaliser sa rage. « J'ai détruit un mur », m'avait-t-il lancé d'un ton badin. « Ça m'a fait du bien ». En revanche, les cours de l'IRIS lui avaient paru futiles. L'Ordre accroissait son désarroi. Même la présence de sa famille lui était devenue insoutenable : il avait eu la sensation d'avoir constamment son dilemme devant les yeux. Et puis le fantôme de ses frères et ses parents, qui jour après jour, lui rappelait que moi aussi je ne tenais plus qu'à un fil ... Entre les lignes, j'avais compris qu'il était à peine resté chez lui, préférant la présence réconfortante d'Emily, cartésienne de Julian, voire la solitude de la maison d'Oxford. Voilà pourquoi Miles et Angelina avait mis tant de temps à le retrouver. Simon avait totalement modifié ses centres de gravités pour supporter mon absence.

C'était ainsi que la culpabilité était revenue infester mes entrailles. Je m'en voulais d'avoir inconsciemment gâché la vie de Simon. Son abandon de l'IRIS avait failli constituer une crise d'angoisse et il avait fallu qu'il m'explique, patiemment, que l'idée le taraudait déjà avant ma disparition. Dès les premières ombres de la guerre, il avait perdu en motivation, cherchant un sens aux devoirs universitaire quand le monde tournait à feu et à sang. « Si quelqu'un me gâche la vie, ce n'est certainement pas toi, c'est la guerre, avait-il martelé fermement. Elle nous gâche tous la vie, elle est la source de tous nos maux. Des tiens comme des miens ». Et à ça, je n'avais pu qu'acquiescer, à moitié rassurée.

-Là quand il faut, trancha Fred. Comme Bletchley, dirons-nous. Définitivement vous avez plus en commun que Bennett.

-Je vais te taper, prévins-je avec automatisme. Qu'on me donne une poêle, je pense qu'il a oublié ce que je suis capable de faire avec.

-Et j'accepte pas vraiment qu'on soit mis sur le même plan, ajouta Simon, l'air un brin vexé.

Je comprenais la réticence : l'implication de Simon, même si elle s'était atténuée, était longue, ancienne, viscérale, chevillée à son histoire. Miles avait longtemps louvoyé et malgré tout je n'étais pas prête d'oublier sa profonde stupéfaction lorsque j'avais jeté un maléfice à Warrington, qui tenait du choc et même du jugement. Oui, à une époque, Miles m'avait reproché d'agir. Mais ces dernières actions effaçaient des années d'indécision et je ne fus pas surprise de le voir hausser les sourcils, plus condescendant que vexé.

-Toi, commença Miles avec un calme redoutable. Je ne sais pas quoi dire mais je rappellerai juste que j'ai gagné mon immunité à vie.

Ce n'était pas un rappel particulièrement agréable ... et pourtant, c'était toujours délicieux quelqu'un rabatte le caquet de Simon Bones. Presque jubilatoire. Et en l'occurrence, Miles avait en effet le talisman ultime. Je pus littéralement voir Simon ravaler ses mots, les écraser sous sa langue pour les laisser fondre dans son gosier en une boisson amère. Sa posture était quelque peu raide lorsqu'il admit du bout des lèvres :

-Je ne peux rien dire contre ça.

-Et encore je suis gentil, enchérit Miles, visiblement peu désireux de s'étendre son avantage. Octavia, elle, va te demander honneur, prosternation, vénération éternelle et statue.

-Misère ...

-Vous êtes horribles, attaqua Eugenia, irritée. On dirait que vous avez fait ça juste pour qu'il vous soit redevable ... (Elle fit un large geste vers Simon). En soi, il ne vous doit rien, Victoria ne lui appartient pas que je sache et ce n'est pas lui qui était coincé.

-Amen, ma sœur, approuvai-je, reconnaissante. Je suis la seule à devoir des vénérations éternelles dans l'histoire. Vous préférez que je fasse ma prière à quel moment de la journée ?

Je toisai aussi bien Miles qu'Eugenia, très souvent oubliée dans l'histoire comparativement à son application. Même Simon avait été perplexe devant l'action de la jeune femme, même s'il la discutait de façon moins virulente que les jumeaux. Si un sourire ourla les lèvres d'Eugenia, Miles lui détourna pudiquement les yeux. Il faisait toujours preuve d'une humilité surprenante qui s'approchait même de l'embarras dès que mon extraction était évoquée.

-Arrête, Eugenia a raison, on n'a pas fait ça pour une récompense, marmonna Miles, le regard dardé sur la télé noire. On l'a fait parce que... parce qu'il le fallait, c'est tout. On était les seuls à avoir la latitude.

Simon le lorgna du coin de l'œil en silence, la mâchoire crispée. Par égard pour moi, il restait mutique sur ses remords, mais je savais que l'idée d'avoir été réduit à l'impuissance le brûlait comme un acide. Peut-être que constater que les uniques personnes à avoir réagi étaient nos ex respectifs ajoutait du sel dans la plaie. Pourtant, comme chaque fois depuis deux jours que nous nous étions retrouvés, il ravala ses états d'âmes, s'efforça de détendre les muscles de son visage. Lorsque que je le rejoignis dans le fauteuil après m'être fait un chocolat chaud, il m'enlaça d'un bras et nicha sa tête contre mon épaule, m'arrachant par là-même un sourire que je ne trouvais pas la force de réprimer. A défaut, je le masquai dans une gorgée de chocolat.

-Je ne sais pas si tu mérites un câlin vu comment tu as failli me griller avec ton fou-rire à Je voudrais déjà être roi, chuchotai-je, mutine.

Et des traces devaient subsistaient au fond de lui car il s'esclaffa doucement et son souffle me chatouilla la peau. S'il avait pu un jour être pudique en public, l'angoisse et le bonheur de se retrouver avait fait voler en éclat les dernières inhabités et je n'avais rien fait pour les restaurer. De toute manière, même Miles, le seul que j'autorisais à être gêné par notre proximité, semblait s'y être facilement acclimaté. Je surprenais même parfois un inexplicable sourire sur ses lèvres, à la fois entendu et désabusé.

-Les images que j'avais en tête étaient hilarante, j'y peux rien ..., prétendit Simon avec hauteur. Et toi aussi tu es partie en fou rire à L'amour brille sous les étoiles ... il faut m'expliquer là, d'ailleurs.

-Oh ! Non, ça c'est juste parce que j'ai réalisé que Simba me faisait penser à toi.

Simon se redressa vivement à ma remarque pour me gratifier d'un regard éberlué qui m'arracha un petit rire. Naturellement, ma main alla se loger sur la joue de Simon et mes doigts effleurèrent les mèches blondes qui couvraient ses oreilles. A l'image de mes cheveux, les siens aussi avaient poussés, gagnant en indiscipline mais chez lui ça avait toujours été un état naturel. La coiffure de Simon n'avait jamais eu à vocation d'avoir un quelconque projet.

-« Mais comment lui avouer mes secrets, mes problèmes ? Impossible ... ». Je suis désolée minus, mais c'est tellement toi.

-Euh ...

-En plus d'être un crétin arrogant qui a besoin d'un bon coup de bâton sur le crâne pour se souvenir de qui il est, ajoutai-je sans ménagement, mais avec un sourire caustique. Dans l'histoire je tiens à la fois le rôle de Nala et de Rafikki.

-Ah ah, rit cyniquement Simon en rejetant la tête en arrière. En tout cas tu as les mêmes techniques de combat, je te l'accorde.

-Et de ce fait, je t'ai imaginé chanter la partie de Simba sur L'amour brille sous les étoiles et je suis partie en fou rire.

Les yeux de Simon s'écarquillèrent, ses joues se parèrent de rose, mais avant que je n'aie le temps de jubiler de son embarras il choisit d'en rire, et d'en rire de manière de plus en plus inquiétante. J'étais presque perplexe lorsqu'il se pencha de nouveau vers moi et qu'il effleura mon oreille de son nez d'une tendre caresse :

-Je le fais seulement si tu me chantes derrière que je suis « le roi en exil qui règne dans ton cœur », murmura-t-il avec une pointe subtile de défi.

Ce fut alors mon tour de passer par une multitude d'émotion, de la gêne à l'exaltation avec un soupçon d'indignation et d'incrédulité. Toutes empourprèrent mon visage et firent surchauffer le sang dans mes veines. Mon corps avait totalement oublié comment réagir aux saillies de Simon Bones. La langue aussi, car aucun mot ne me vint et je me retrouvai à plonger mon visage dans son cou avec un grognement de frustration qui fit s'esclaffer Simon. Plutôt que de m'enfoncer, il m'entoura de ses bras et plaqua un baiser sur mon crâne auquel je répondis à peine, mortifiée de m'être faite prendre à mon propre jeu. Ça ne reviendrait jamais à la normale, m'avait répété Eugenia, une heure après le retour de Simon quand nous nous étions enfin séparés. Notre relation allait forcément changer face aux bouleversements qui m'avaient atteint. Je ne devais pas m'attendre à retrouver ce que j'avais eu en claquant la porte de chez Noah. Et de fait ... elle avait raison, et le premier jour, ça aurait pu me désarçonner. J'avais senti mes réactions parfois en décalage, Simon d'une extrême prudence. J'avais failli m'effondrer en pleurs le premier soir face à son indécision au moment d'aller dormir, et il avait sans doute fallu que les larmes me montent aux yeux pour que le naturel reprenne le dessus, et que Simon se couche avec moi dans le petit lit que j'occupai, malgré la présence d'Eugenia et les promesses de cauchemars. C'était comme tout, il fallait que je me réhabitue. Que je rapprivoise. Que je réapprenne.

Je ne pensais pas réellement devoir réapprendre à clouer le bec de Simon Sirius Bones. Ça, c'était humiliant.

-Je te déteste, marmonnai-je, sans émerger car mon visage brûlait toujours. J'avais oublié que je pouvais te détester. Pour de vrai.

-Bien sûr, bien sûr ..., éluda-t-il en me tapotant la tête avec condescendance.

-C'est quand même pas croyable.

La voix d'Angelina me fit relever la tête, malgré mes joues qui devaient toujours virer à l'écarlate et le rictus presque satisfait qui ourlait les lèvres de Simon. Elle était toujours assise en tailleurs sur son tapis, la cassette entre les mains, à nous fixer de ses grands yeux sombres où pointait une once de perplexité.

-Vraiment, je me suis arrêtée au moment où vous étiez incapable de vous adresser la parole. Enfin, sans que ça tourne en catastrophe, en tout cas. Quand est-ce que vous êtes passés de la haine à l'amour ?

-Cette question, ricana Miles, incrédule.

Je le fusillai du regard, pleinement consciente de ce que sous-entendait son souverain mépris – lui l'avait venu venir, plus vite et plus loin que certain et il en avait même conçu une certaine amertume à l'époque de Poudlard. Cependant il désamorça mon irritation avec un petit sourire.

-Quand Victoria a arrêté de faire son bébé, répondit Simon avec un certain flegme.

Angelina et Lee s'esclaffèrent, Fred et George la suivirent de façon plus désabusée, lorgnant ma réaction avec des étincelles dans les yeux. Ils s'attendaient certainement à un coup, une réplique fougueuse et verte comme seule Simon pouvait les provoquer chez moi. Ils ne voulaient pas rater une miette du spectacle dont nous avions généreusement arrosé Poudlard durant sept ans.

Mais ils avaient oublié. Ils avaient oublié que j'étais cassée.

Il fallut que je prenne une, voire deux inspirations et que Simon tourne le visage vers moi pour qu'enfin je m'efforce de réagir avec calme. Ma voix devait être un peu tendue lorsque je déclarai :

-Ce n'était pas de la haine, ça n'a jamais été la haine ...

-Je viens t'entendre un « je te déteste », releva Fred avec un sourire goguenard.

-Weasley ..., lança Miles d'une voix prudente. N'en rajoute pas, c'est bon.

L'expression de Fred qui hurlait « mais quoi encore ? » avait quelque chose de comique, mais on venait de glacer d'un souffle les muscles de mon visage. Pourtant, je réussis à sourire, à vaillamment masquer le maelström intérieur qu'avait provoqué la question ... et sa réponse. Mine de rien, alors que la conversation repartait sur totalement autre chose, je me levai et montai les escaliers, le cœur battant la chamade. J'avais à peine posé un pied sur une marche que j'entendais la voix d'Eugenia fendre le brouhaha :

-Miles ? Donne-moi ton coussin s'il te plait.

-Avec plaisir.

S'en suivit un cri de surprise étouffé de Simon qui aurait pu m'arracher un sourire, si ça n'avait pas signifié que malgré mes efforts, j'avais été transparente. J'aurais aimé l'être pour Simon, qu'il n'ait pas besoin d'Eugenia pour comprendre en quoi la réponse était maladroite. Parce que somme-toute, n'étais-je pas devenue quelque peu le bébé que j'avais été lors de mes premières années à Poudlard ? Cette jeune créature craintive et effarouché, cette fille qui faisait sa victime qu'avait exécré Simon et Emily ? Que ce n'était qu'une fois la confiance prise qu'il s'était mis à me regarder autrement ? Je pris une profonde inspiration pour que l'air noie mes appréhensions. Pas une seconde il n'avait pensé à mal, la réponse avait sans doute fusé toute seule, suivant une langue certainement ravie de pouvoir reprendre des automatismes ... mais les flèches ne se plantaient plus dans la même cible.

J'étais assise depuis cinq minutes sur mon lit, seule face à la chandelle qui brûlait de sa blanche flamme, à rationnaliser mes pensées quand le parquet grinça. Une seconde plus tard, Simon apparaissait dans l'encadrement de la porte, les cheveux un peu plus ébouriffés. Il resta statique quelques secondes, une main appuyée sur le chambranle, à me contempler les lèvres pincées. Devant cet air ouvertement indécis, je pris les devants en balayant de possibles excuses d'un revers de main :

-Non, ça va. Je sais que tu détestais que je me cache derrière les autres alors que toi je te cassais le nez et te broyais la cheville.

-Donc ... tu avoues enfin que tu visais ma cheville.

-Ce n'est pas vrai, je visais vraiment le ballon ! m'indignai-je, suffoquée.

Simon lâcha un petit rire et la familiarité de l'anecdote brisa d'un grand coup la glace qui avait pu nous entourer jusqu'à nous ankyloser. Là, il s'autorisa à entrer dans la pièce et même à grimper dans le lit à mes côtés. Sans me toucher, sans me presser, une jambe repliée contre sa poitrine et nonchalamment appuyé sur le mur. Cela devait être en parti feint, car il me considérait avec une pointe d'interrogation et de désœuvrement dans ses yeux verts. Je le dépassais. Mes réactions le dépassaient. Pourtant il m'avait fait une promesse et rien que sa présence était une preuve qu'il s'y tiendrait. C'était déjà beaucoup. Assez pour que mes ressentis glissent du fond de mon cœur jusque mes lèvres pour se révéler dans un filet de voix :

-Je veux pas redevenir un bébé.

-Oh arrête, souffla Simon, peiné. Ça n'arrivera pas ...

-Mais si. Regarde, je suis restée enfermée un mois sans voir la lumière du jour et j'ai toujours un peu peur dès que je mets un pied dehors. Je n'accepte toujours pas plus qu'une chandelle et parfois quand quelqu'un jette un sort je ... (Ma voix s'étrangla et je renonçai à mettre des mots sur les sursauts de frayeurs que cela pouvait occasionner). Et ma baguette me manque. Vraiment, je pense que j'arriverais à affronter tout ça si je l'avais, si je sentais que je pouvais me défendre mais là je me sens juste ... démunie et impuissante.

Je baissai les yeux sur mes mains. Mes doigts s'étaient mis à s'entortiller autour de mon bracelet « petit soleil », le faisaient claquer contre mon poignet. Inlassablement. Impitoyablement.

-Alors je vais retomber en enfance, et me cacher derrière des gens, conclus-je, mortifiée.

-Tu as utilisé le bon mot, fit remarquer Simon avec lenteur. Oui, à l'époque tu te cachais, tu cachais ta force derrière de la faiblesse. Et oui ça m'exaspérait au plus haut point parce que je savais de quoi tu étais capable et tu ne le montrais qu'avec moi. Contre moi. C'était ... frustrant. Cela dit, ne refais pas la même erreur en cachant tes faiblesses derrière tes forces maintenant. Tu as été forte toute ta vie, Vic'. Tu as le droit t'exposer tes fragilités. Je ne trouve pas que c'est une régression, au contraire. C'est même ... rassurant que tu t'écoutes un peu.

Je dressai un sourcil, sceptique. Le bruit des perles qui s'entrechoquaient fracassaient le silence.

-Rassurant ?

-Disons que ça prouve que tu es humaine, soupira Simon, d'une façon qui m'arracha un sourire. Je commençais sérieusement à me poser la question. Je me suis posé la question toute l'année. « Au bout d'un moment, avec tout ce qui se passe, avec tout ce qui s'est passé, elle va bien craquer ? ». Vicky, il a fallu ... ça pour que tu craques. C'est loin, très loin, d'être déshonorant. Je dirais même que c'est normal.

Il parut hésiter une seconde, avant de refermer sa main sur la mienne, celle qui faisait claquer le bracelet, et presser mes doigts contre les siens comme pour ancrer physiquement le message et sa présence. Je me détendis imperceptiblement. Inconsciemment, j'avais craint que Simon ne tombe dans le piège, dans celui où tout le monde était tombé la tête la première et m'énonce pour me rassurer à quel point j'avais été courageuse. La phrase me laissait toujours un goût aigre dans la bouche. Jamais, pas un seul instant, je ne m'étais sentie courageuse. Téméraire, oui, lorsque j'avais suivi Renata ou trouvé des brides d'énergie pour répondre à Nestor. Mais surtout léthargique, à bout de force, terrifiée, tellement terrifiée tout le temps, par tout. Je m'étais laissée consumer sans combattre. Même pas le début d'une révolte. Un frisson glacé me parcourut l'échine mais je m'ébrouai pour le faire disparaître.

-Je sais, assurai-je avec la moitié d'un sourire. Je sais que c'est normal, mais ça ne veut pas dire que c'est agréable ... J'en vraiment envie de sortir de ça. Mais ça va vraiment mieux, cela dit. Je commence même à vouloir sortir d'ici ... A me demander ce qu'on fera après.

Je me laissai aller contre le mur, les yeux clos. Oui, sortir. J'étais en huis-clos total depuis si longtemps, totalement coupée des réalités. Mes rares excursions m'avaient semblés des rêves et des cauchemars. L'étouffement commençait à doucement se faire sentir, surtout quand la maison était surpeuplée comme aujourd'hui. Peu à peu, la peur de poser l'orteil dehors refluait et j'avouais craindre ce qui pourrait la remplacer. Malgré tout, les malheurs qui s'étaient abattus la dernière fois que j'avais osé me hantaient.

Simon garda le silence quelques secondes, l'air de soupeser ses mots, balayant ma main de son pouce à intervalles réguliers et apaisants. Son regard s'était fixé sur la chandelle sur la commode, la chandelle que j'éteignais tous les soirs, toujours avec prudence, mais avec plus de facilité.

-Après tout de suite, ou après après ?

Le « après après » fit monter un mélange de désespoir et d'exaltation dans ma poitrine. J'avais envie. Depuis que mon horizon s'était éclairé, j'avais envie de songer à l'avenir. J'avais besoin d'espoir, de me nourrir et me convaincre de l'idée que tout finirait bien. Qu'il y avait un monde derrière la barricade. Et pourtant il était si hypothétique, si noirci par la réalité et le présent cet avenir ... c'était beau et douloureux à imaginer.

-Déjà après tout de suite, ce sera pas mal, évaluai-je.

-Avant ou après qu'on ne chante L'amour brille sous les étoiles en duo ?

Cette fois, un véritable éclat de rire franchit mes lèvres et je m'enhardis à passer les doigts dans ses cheveux pour vanter leur aspect proche de la crinière de Simba le lionceau. Les ressemblances m'avaient sautés aux yeux pendant le visionnage, et j'aurais peut-être même pu m'exploser la vue avant si je n'avais pas été étrangement émue et troublée par la façon dont Simba avait pu communiquer avec son père depuis les cieux, juste après avoir aperçu son reflet dans un étang. La gorge serrée, le corps saturé d'un mélange de mélancolie et de panique, je n'avais pas pu m'empêcher de songer à Cédric et à la manière dont il m'était apparue au fin fond de mon enfer. J'avais fermé les yeux, incapable d'affronter ce passage qui résonnait tant avec un vécu que je refusais de m'expliquer, dans lequel je ne voulais pas induire la moindre rationalité. C'était un désir si viscéral que pas une seule fois j'avais envisagé d'en parler à Simon. Non. Comme à Eugenia je ne m'étais pas sentie de poser des mots sur ce que j'avais subi, tout sauf ça. Ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Même si c'était Simon. Surtout si c'était Simon, en fait.

Et alors que je me débattais avec un début de crise d'angoisse, les mots « il vit en toi » m'avaient paru alors adressés. Je les avais entendus susurrer à mon oreille comme une invocation, une prière, une caresse apaisante faite à mon esprit tourmenté. « Il vit en toi ». Ça réglait tout, pas vrai ? Cédric vivait en moi. Son souvenir, sa mémoire. Ce n'était pas son fantôme, c'était la partie de lui qui ne m'avait jamais quitté, pas une seule fois depuis le drame. C'était ce à quoi je m'étais toujours raccrochée. Pas étonnant que je l'aie fait viscéralement dans un moment pareil ...

Mais c'était fini. J'étais définitivement sortie, des geôles, de la léthargie, de l'attente. La tête posée sur l'épaule de Simon, j'avais la sensation que tout s'équilibrait enfin pour que je puisse me permettre d'avancer sans trébucher. Autour de moi, le monde avait enfin cessé de tanguer. J'avais repris la maîtrise.

-Simon ? Je peux utiliser ta baguette ?

L'idée m'était venue d'une aspiration soudaine, d'une soif de reprendre contact avec la magie, avec la sorcière que j'étais. D'enfin revenir à la réalité. Sous ma joue, l'épaule de Simon se crispa quelque peu et je le vis porter nerveusement la main à sa poche. Il parut hésiter, mais finit par extraire sa belle baguette d'acacia aux délicats arabesques. Mes doigts frémirent lorsque je la pris en main, fascinée.

-Ne sois pas déçue si ça marche moins bien, voire pas du tout, ajouta-t-il précipitamment, l'air vaguement inquiet. La baguette qui choisit son sorcier, ce n'est pas que des conneries, Vicky. Elle tisse un lien particulier avec son maître et ne marchera jamais aussi bien qu'avec lui. Surtout l'acacia, c'est têtu comme bois.

-Justement. Si mes souvenirs sont bons, tu m'as dit qu'elle ne fonctionnait qu'avec des sorciers doués. Accio !

Forte de l'avertissement, j'avais préféré assurer et prononcer la formule. Cela me fit étrange, moi qui étais mutique sur mes enchantements depuis la sixième année et je crus que même là, cela n'allait pas fonctionner. Et pourtant, après un temps de latence, le livre sur lequel j'avais pointé la baguette s'extirpa lourdement de la commode et lévita lentement jusque moi. La fin du trajet tenait presque de la chute, mais je le réceptionnais en me tournant vers Simon avec un immense sourire.

-Je suis une sorcière douée !

-Je sais que j'ai longtemps dit le contraire, mais j'en ai jamais douté, lança Simon en me prenant le livre des mains, certainement de crainte qu'il finisse potentiellement sur son crâne. Mais tu n'es pas qu'une sorcière, tu te souviens ? Ce n'est pas parce que tu es sans baguette que tu es inoffensive. Je le sais, les jumeaux Weasley le savent – et tu l'as rappelé avec la poêle – et tu le sais. Tu l'as souvent revendiqué. Tes ressources ne se contiennent pas à la magie ...

-Ce n'était pas la même histoire, là-dessous, protestai-je dans un filet de voix. Crois-moi, j'avais besoin d'une baguette ...

-Tu n'es plus là-dessous. Les règles ne sont pas les mêmes.

Je penchai la tête sur mon épaule, à moitié convaincue. Pour illustrer ses propos, Simon passa un bras autour de ma taille et m'attira contre lui. Apaisée par le contact, je posai mon front contre le sien, appréciant son souffle régulier sur ma peau, son nez qui frôlait le mien dans une tendre caresse. C'était aussi le genre de geste qui renouait mon lien avec la vie. Mes parents étaient loin, Emily inaccessible, mes rêves d'historienne et de sportive brisés : je n'avais plus que Simon autour de qui le reconstruire. Et si ça avait pu me gêner lorsque j'étais chez Julian et Noah, cette fois je n'en avais cure. J'en avais trop besoin. D'une main loin d'être ferme, j'effleurai sa joue. Je m'émerveillais chaque fois de sentir sa peau contre la mienne, la chaleur qui émanait de lui ... Il était réel. Je n'avais pas rêvé ce moment hors du temps alors que la voix de Paul McCartney écorchait jusqu'à mon âme. Il était là, vraiment là contre moi. Une chance et un miracle.

-Il faudra que je passe à Oxford, à un moment, murmura Simon sans s'écarter. Juste une heure, le temps de récupérer le reste de tes affaires chez Julian et les lettres que tes parents t'ont envoyés.

-Seigneur, il faut vraiment que je leur écrive ... C'est juste que ... je ne sais pas quoi leur dire ...

-Juste l'essentiel ..., proposa-t-il, un pli dépité au coin de la bouche. Ça a été compliqué ... agité ... mais tout est en train de rentrer dans l'ordre.

Simon n'avait pas informé de mes parents de ma disparition. Ça aussi, c'était une question qui l'avait déchirée pendant un mois, mais ses parents l'avaient conforté dans sa décision : si ça s'était su, toute ma famille aurait pris le premier vol pour Londres. Alexandre serait même rentré à la nage s'il le fallait. Leur présence aurait compliqué les choses, braquer de nouveau le danger sur les Bones, décupler les risques, pour moi et pour eux. Alors mon silence avait posé question, évidemment. Simon s'était attendu à tout instant voire débarquer Miro si une lettre n'arrivait pas. Mais j'étais réapparue au bon moment, dans un délai assez court pour étouffer les inquiétudes dans l'œuf. Encore fallait-il que je trouve la force de prendre la plume.

J'écartai une mèche de cheveux de mon visage et la coinçai derrière l'oreille. Suivant mon geste, Simon fit courir ses doigts sur la tresse qui me battait les omoplates. Il s'écarta d'un souffle pour la rabattre sur mon épaule, comme pour en évaluer la longueur. Trop pour lui, visiblement. Il fronça les sourcils alors que ses doigts glissaient de mèches en mèches jusqu'à la touffe de cheveux rêches qui s'échappaient de l'élastique.

-Il faut vraiment qu'on coupe ça.

-Que je coupe ça. Tu ne touches pas à mes cheveux.

-Tu veux rire ? se récria Simon en jouant avec l'élastique. C'est mon plus grand plaisir depuis qu'on est ensemble ! J'ai rêvé de toucher tes cheveux avant d'avoir envie de t'embrasser !

-Donc tu as eu envie de m'embrasser avant que je le fasse ?!

Mon rire tenait presque du gloussement tant il fut compulsif et Simon secoua longuement la tête, plus fatigué que gêné de ma réaction. Ses doigts restaient scotchés à ma tresse et le contact m'obligeait à incliner le visage proche, tout proche. Nous ne nous étions pas embrassés depuis nos retrouvailles ..., réalisai-je, un peu brutalement. Pas un baiser. Ce n'était pas un oubli, juste pas une priorité. Ce n'était pas de ça dont nous avions besoin. Les mots et les étreintes m'avaient nourri depuis. Mais là, mes yeux se retrouvèrent à se baisser sur ses lèvres, tentés. Le mouvement ne dut échapper à Simon, car un sourire s'y étira. Avec douceur, il tira sur ma tresse et je laissai mon visage suivre le chemin tracé jusqu'au sien.

La sensation fut très étrange. J'eus l'impression de plonger, couler sous l'eau, entrer dans un autre monde. Là où je m'attendais à de la familiarité, je trouvais plutôt au baiser un goût d'inédit. Une deuxième première fois à gouter aux lèvres de Simon Bones. Comme nos premières fois, nous nous cherchions, curieusement, lentement, presque langoureusement. Une caresse sur le visage, un bras qui m'enlaçait. Il fallut longtemps, le temps de reprendre des repères pour que la main passe du visage aux cheveux, que le baiser s'approfondisse, que la bouche s'entrouvre à la redécouverte de l'autre. Je basculai sur le dos, entrainant Simon dans ma chute sans jamais dessouder mes lèvres des siennes. Jamais, jamais, jamais. Je ne voulais plus jamais oublier cette sensation grisante de toute-puissance qui m'enveloppait toute entière chaque fois j'embrassais Simon. Si c'était ça être sous l'eau, je voulais me noyer.

Les débuts furent doux. Prudent. Mais une fois le rythme retrouvé, l'avidité gonfla dans mes veines. Je voulais retrouver plus. Je voulais retrouver tout. Je voulais perdre la tête, mais dans le bon sens, dans ce sens euphorisant et voluptueux. Je voulais enfin me sentir bien. Pleinement, sans frayeur, sans poignard au cœur. Juste bien. Ce fut dans cette optique que ma main s'infiltra sous son tee-shirt, impatiente de sentir sa peau, sa chaleur sous mes doigts. Elle remonta, suivi la colonne vertébrale, se délectant des frissons à chaque passage, du souffle de Simon qui se bloquait dans sa gorge lorsque la seconde vint se joindre à la découverte ... En revanche, quand elles chutèrent, quelque chose se brisa. J'émergeai brutalement lorsque Simon rompit le baiser, se redressa sur un coude et d'un geste vif, attrapa l'une des mains qui était descendue sur sa ceinture. Un peu sonnée, je scrutai son visage, à la recherche d'une trace de crispation, de malaise mais ce n'était rien de tout ça. Il semblait même y avoir un semblant de déception et de regret au fond de ses yeux verts.

-Vicky ... On va peut-être y aller doucement, non ? souffla-t-il. Vraiment, moi aussi j'ai envie de te retrouver ... dans tous les sens du terme. Mais je ne veux rien brusquer non plus.

Je faillis protester, un peu vertement, que je ne me sentais pas brusquée, bien au contraire. Sans trop savoir pourquoi, les mots s'étiolèrent d'eux-mêmes dans ma gorge et je me retrouvai à contempler le visage de Simon au-dessus du mien, un peu désemparée. Ses pommettes étaient rougies, ses lèvres gonflées mais la gravité de son regard me cloua sur place. Maintenant que mon esprit avait réintégré mon corps, l'avidité qui m'avait étourdie me semblait futile, étrange et étrangère. Et moi qui avais toujours été très soucieuse des réactions de Simon, de son aisance et de ses inclinaisons, je me rendis compte que cette fois-ci elles ne m'avaient pas une seule fois effleuré l'esprit. J'avais pris, tiré sur la corde jusqu'à ce qu'elle rompe ...

Un soupir bloqué derrière mes dents, je finis par acquiescer. Oui, peut-être que je n'étais pas émotionnellement prête pour ce genre d'ivresse. Ce serait gâcher le moment que de le vivre dans une fuite en avant destiné à combler le vide qui s'était creusé en moi. Se noyer, c'était mourir.

-D'accord.

Ma rapide acceptation, sans la moindre amertume, parut soulager Simon qui compensa le coup d'arrêt en pressant de nouveau ses lèvres contre les miennes, de manière plus chaste, plus pure, en restant en appui sur son coude pour me libérer de son poids. Mes mains n'éprouvèrent aucun regret à quitter la ceinture pour se loger sur sa nuque et effleurer les mèches soyeuses à la base de son crâne. Posée, tranquille. Savoure. Savourer toutes les nouvelles nuances de ce baiser. Apprendre chacune d'entre elles.

-Au fait, je vais préparer le dîner, vous n'avez pas d'allergie à ... Oh pardon !

Simon et moi tournâmes la tête au moment où Angelina cachait la sienne entre ses mains, comme une petite fille venant de trouver ses parents en position compromettante. Elle venait de pousser la porte à peine entrouverte mais reculait déjà, l'air de vouloir rentrer six pieds sous terre.

-J'étais venue ... peu importe. Désolée !

Et elle s'enfuit sec, une seconde avant que Simon ne s'effondre sur moi en éclatant de rire. Son hilarité finit par me gagner et je refermai mes bras sur lui pour la contenir dans son cou. C'était réellement un rire pour masquer l'embarras, mais il nous fallut quelques minutes pour le réprimer et lorsque ce fut fait, nous nous retrouvâmes à bout souffle, enlacés sur le petit lit, un sourire improbable aux lèvres. Le bras de Simon était posé en travers de mon ventre et je l'effleurai d'une caresse.

-Je vais peut-être aller l'aider, pour le dîner. Je crois qu'elle finit par me laisser m'approcher de la casserole.

Angelina était assez possessive avec sa cuisine, certainement parce qu'elle était peut-être la seule à avoir des compétences dans la matière avec Miles, qu'elle autorisait parfois à la seconder. Je la soupçonnais aussi de monopoliser les fourneaux pour ne pas à avoir faire la vaisselle, toujours dévolu à ceux qui ne cuisinaient pas. Simon me libéra après un dernier baiser, plein de gourmandise, de bonne humeur et qui scotcha un sourire affreusement niais sur mon visage quand je descendis les escaliers pour rejoindre Angelina dans la cuisine. Elle était déjà affairée devant deux poêles fumantes, qu'elle lâcha lorsqu'elle m'aperçut pour plaquer sa main contre sa bouche.

-Non mais vraiment je suis infiniment désolée, je voulais juste vérifier que personne n'est allergique aux poivrons ...

-Ce n'est rien, la rassurai-je, à moitié gênée, moitié amusée. C'est bon, on s'embrassait juste, ce n'est pas comme si ...

Je ne parvins pas à finir ma phrase, mais la délicate teinte rose qui colora mes joues le firent à ma place et Angelina se fendit d'un petit rire sardonique.

-Il aurait manqué plus que ça ! Cela dit, si tu as besoin ... disons, un jour, je crois qu'il me reste quelques capotes du temps où je fréquentais un gars de l'usine Nimbus ...

La proposition me fit ciller des yeux, plusieurs fois. Je pensais avoir pris de l'aplomb au contact de Noah, notamment sur ces allusions qui donnait à Angelina un sourire presque tordu. Définitivement, je n'étais pas prête émotionnellement pour aller plus loin. J'avais besoin de temps. De temps et de patience. Mon corps allait parfois trop vite pour moi.

-Merci, mais ..., bredouillai-je avant de me râcler la gorge. Enfin, ce n'est pas le moment ...

-Oh, Vic', lâcha Angelina, l'air chagriné lorsqu'elle me contempla. Tu sais, ce que tu as vécu ... il ne faut pas que ça te bloque. Que ça t'empêche de vivre.

-Mais non, protestai-je, un peu agacée qu'elle ramène la conversation à ma détention. Non, rien à voir, c'est juste ... on en n'est pas là du tout.

Je m'avançai vers les poivrons pour couper court à la conversation, mais sentis le regard étonné d'Angelina sur moi. J'avais déjà épluché la moitié du légume rouge qu'elle avait toujours les yeux rivés sur moi, ouvert et refermé la bouche plusieurs fois, l'air à la recherche de ses mots.

-Oh ... Bien ... Si tu as ... je ne sais pas, envie d'en parler, de dénouer le problème, entonna-t-elle avec prudence. Enfin, il n'y a pas de soucis, je suis là.

-Quel problème ?

L'œillade circonspecte que je lui décochai parut la mettre mal à l'aise. D'un geste fébrile, elle repoussa ses longues tresses derrière son épaule. Elle avait ajouté aux longueurs des extensions rouges, comme si elle n'avait pas pu résister à l'idée de garder un peu de Gryffondor avec elle en quittant l'école.

-Bien ... ça fait un an que vous êtes ensemble, non ? Et vous dormez ensemble ... je ne sais pas, ça fait beaucoup pour ne pas avoir besoin de préservatifs.

Je faillis me couper le doigt à la place du poivron tant la déclaration me prit de court. A côté de moi, Angelina ne se laissa pas démonter par ma stupéfaction visible.

-C'est parce que vous êtes vierges tous les deux, c'est ça ? hasarda-t-elle calmement. C'est normal que ce soit angoissant, tu sais ... je comprends que ce soit difficile à appréhender, la première fois, mais vraiment tu prépares ça bien ...

-Je ne suis pas vierge, Angie, la coupai-je vertement. Je sais parfaitement ce que j'ai à faire, c'est gentil.

Elle me dévisagea, suffoquée et je retins un soupir exaspéré derrière mes dents. Bien sûr, à Poudlard je m'étais cachée derrière l'image de la jeune fille sage, timide, réservée. Le genre de fille qu'on imaginait prude, voire coincée. Combien avaient dû plaindre Miles d'être tombée avec une fille qu'ils estimaient frigide ? me demandai-je brutalement, indignée par l'idée. Le pauvre poivron subit mon irritation et se retrouva outrageusement lacéré.

-Mais alors où est le problème ? s'étonna-t-elle, perplexe.

-Mais aucun ! Vraiment Angie, il n'y en a aucun. On va à notre rythme, d'accord ? Ce n'est pas parce que j'avais couché avec Miles que je me sentais de faire de même avec Simon, immédiatement d'accord ? J'avais besoin de temps pour reprendre mes marques...

Je préférais tout assumer. Même si je n'avais aucun problème avec les insécurités de Simon, je doutais sincèrement qu'il apprécie que je les déballe à une jeune fille qui avait l'oreille des jumeaux Weasley à porter de bouche.

-C'est si difficile à imaginer que ça ? Bon sang, ce n'est pas parce que tu as couché une fois que tu es prête pour la vie, non ? Une fois ne fait pas de toi une experte ?

-Non, non, sans doute pas tu as raison ..., tempéra Angelina d'un ton prudent. Et puis vous avez eu une vie mouvementée, je suppose que vous n'avez pas eu que ça à penser l'année dernière.

Non clairement – mais qu'elle utilise cet argument pour justifier notre rythme m'agaçait plus qu'autre chose. Je découpai consciencieusement le poivron en lamelle, les dents serrées.

-J'en reviens de devoir me justifier sur ça, en fait ... je veux dire ... en quoi ça te regarde ?

Angelina me renvoya un regard blessé qui me rappela qu'au fond d'elle, elle n'avait fait que me tendre une main secourable et bienveillante. Malheureusement, de la bienveillance à la condescendance, il n'y avait qu'un pas, et Angelina était trop dynamique pour ne pas le franchir. Elle avait cela en commun avec les jumeaux Weasley : elle était entière, absolue ... peu emprunte au tact.

-C'était pour t'aider ...

-Mais tout va bien, martelai-je dans un soupir. Vraiment. On avait l'air d'aller mal ? Il n'y a pas de problème, pas de blocage, oui les évènements ne nous ont pas franchement aidé, mais même sans ça on n'aurait pas avancé comme ça. (Je claquai des doigts, les sourcils relevés). C'est vraiment difficile à croire qu'on veuille prendre notre temps ?

-Personnellement, j'aurais trouvé ça ... extrêmement frustrant de devoir attendre un an avant de coucher avec mon copain, ouais, confessa-t-elle avec aplomb, les yeux plantés dans les miens. Je suis désolée, ce n'est pas pour juger ... je pensais que c'était le cas de tout le monde, à dire vrai. Frustrant, voire blessant, même. Tu as le temps de te demander mille fois si tu l'attires vraiment ...

Il y avait eu de la frustration et des questions, dus-je admettre à part moi. Surtout au début, quand Simon était encore un petit oiseau effrayé à rassurer et que j'avais dû prendre sur moi et mes envies pour le faire. Mais quand je voyais l'assurance que Simon avait pris dans ce domaine, j'estimais que ma patience initiale avait été plus que gagnante et plus jamais, depuis que nous nous étions expliquées à la Maison Hantée, je ne m'étais sentie pas désirée. Non, vraiment au contraire.

-C'est un peu triste de se dire qu'on a besoin de coucher avec quelqu'un pour se sentir aimée, non ? finis-je par déclamer avec lenteur. Qu'il y a mille autres manières de le prouver ? Y compris physiquement ?

Cette fois, le visage d'Angelina se ferma et une lueur blessée s'alluma dans son regard sombre. Elle me bouscula un peu lorsqu'elle voulut reprendre place devant les fourneaux.

-Je te le dis, je voulais juste t'aider Victoria. Libre à toi de faire à ton rythme. Enfin, si jamais ça arrive, n'hésite pas à te servir ...

-Servir de quoi ?

Miles passa la tête dans la cuisine, les sourcils froncés. Excédée, je rejetai ma tête en arrière mais fort heureusement, Angelina resta coite. Elle se contenta de lever les yeux au ciel avant de plonger les poivrons coupés dans la poêle et de mettre les pommes-de-terre à chauffer.

-Rien. Tu veux quoi ?

-Le grand type noir de peau dont je n'arrive pas à retenir le nom est arrivé, il est en direct sur les ondes, là, nous apprit-t-il avec un haussement d'épaule. Du coup comme on nous tient toujours à distance de l'enregistrement de Potterveille, je viens voir s'il n'y a pas besoin d'aide ici.

-Parfait, marmonna Angelina en lui flanquant la cuillère en bois dans les mains. Vous pouvez me surveiller ça pendant que je vais prendre une douche ?

-L'odeur de la viande, ça m'écœure vraiment, maugréa Miles en fronçant du nez.

Il tâta le poulet qui mijotait au milieu des épices du bout de la cuillère, une expression absolument dégoûtée empreinte sur ses traits. Pour toute réponse, Angelina lui tapa deux fois l'épaule avant de filer d'un pas rapide et raide. Miles parut vérifier son cheminement en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule avant de m'adresser un petit sourire.

-En fait j'ai tout entendu. Je me suis dit que tu avais besoin d'un coup de main pour arrêter la conversation.

-Toi, t'es vraiment mon sauveur de toute circonstance, soupirai-je, reconnaissante avant de le dévisager avec suspicion. Rassure-moi, ce n'est pas pour qu'on ait la même discussion derrière ?

-Merlin tout puissant, non ! se récria-t-il, l'air sincèrement horrifié. J'en sais déjà beaucoup trop par rapport à ce que j'aurais voulu ! Non, n'en profite pas pour m'interroger sur Gillian, ajouta-t-il en pointant un couteau sur moi, puisque je m'étais mise à sourire tel le chat dans Alice au pays des merveilles. Vraiment, il n'y a pas de mystère ! On se croisait aux pauses-cafés, on a fini par flirter, on s'est mis ensemble ! Je sais qu'elle peut paraître superficielle, mais elle était drôle et pas prise de tête et c'était ce dont j'avais besoin à ce moment-là de ma vie !

-Parce qu'avant tu étais sorti moi, Madame-prise-de-tête-en-cheffe.

-T'es pénible parfois.

-Ça c'est Simon qui le dit.

-Vraiment pénible.

-Il fallait me laisser au fond du Ministère, plaisantai-je.

Le cœur y était à moitié, et cela n'arracha pas le moindre sourire à Miles. Il passa la main sur ses joues toujours recouvertes d'une barbe de trois jours qui prenait en épaisseur sur la ligne de sa mâchoire. Cela soulignait les contours de son visage. Miles était déjà beau garçon à Poudlard et la vie n'avait définitivement pas fini de le gâter.

-Comme si j'aurais pu, tiens ... Angelina a eu le temps d'assaisonner les poivrons entre deux questions sur ta vie intime ?

Je lâchai un petit rire avant de secouer la tête et Miles se chargea de pallier aux manquements, l'air dépité. Lui qui avait un jour fustigé Emily pour son manque de retenue et de délicatesse, il n'avait pas dû apprécier cette tentative d'ingérence. D'une pulsion des bras, je me hissai sur le plan de travail à côté des fourneaux et contemplai Miles passer d'un plat à l'autre, y compris le poulet devant lequel il grimaçait systématiquement.

-Au fait, commençai-je, indécise. Tu as rempli ta mission, non ?

-Merci de le noter, c'est toujours agréable d'atteindre ses objectifs, répondit-t-il avec légèreté.

-Non mais. Je veux dire. Tu veux faire quoi, maintenant ?

La question me taraudait à titre personnel, mais elle prenait en profondeur avec les personnes à mes côtés. Les jumeaux restaient actifs dans la lutte, avec Angelina pour les seconder comme pour leur offrir un abri. Lee s'échinait chaque jour à apporter de l'eau au moulin de la révolte. Mais moi ? Simon, Miles, Eugenia ? Nous étions coincés, des balles lancées en inertie par la guerre ... Miles eut un pauvre sourire pendant qu'il testait la cuisson des pommes de terres avec la pointe d'un couteau. Lorsque son regard croisa le mien, une profonde lassitude le faisait luire.

-Comme toi, je suppose. Hiberner jusqu'à ce que Tu-Sais-Qui disparaisse et que la vie reprenne son cours.

-Si seulement ..., murmurai-je, rêveuse.

-Ouais, ricana Miles avec une exclamation dépitée. Inutile que dire que ça n'arrivera pas ... Alors je ne sais pas, dans ce cas. Mais plus je réfléchis, plus je me dis que rentrer dans mon petit appartement – que j'ai lâché, en plus – à broyer du noir parce que ma vie est partie en vrille n'est pas la meilleure solution. Je te jure que si tu t'apprêtes à t'excuser, je te le plante dans le front, prévint-t-il en levant un couteau face à ma bouche ouverte. Tu me connais, Vic'. Je n'ai pas pris cette décision sur un coup de tête, au contraire. On a réfléchi longtemps avec Octavia et crois-moi, c'était la meilleure à prendre. Surtout quand on voit comment on s'en est sorti ...

-Très bien, concédai-je avec l'ébauche d'un sourire. Mais tout de même, arrête de minimiser ce que tu as ...

BANG !

Une violente secousse me coupa le souffle et étouffa la fin de ma phrase dans ma trachée. Déséquilibrée, je me raccrochai aux épaules de Miles alors que les murs tremblaient et déversait un voile de poussière sur nous. Nous échangeâmes un regard horrifié alors que des sons d'impacts et d'agitation se substituaient à la secousse pour instiller la peur dans nos cœurs.

-Transplanez ! hurla quelqu'un de l'autre côté de la porte. Vite, code rouge ! Transplanez ! 

***

TA NA NA NAAAAA

Vous savez quelle est la bonne nouvelle? C'est mon anniversaire cette semaine, je pense que ça vaudra bien un chapitre ... 

J'espère que le chapitre vous a plu ! Dans mes plans initiaux il était couplé à celui qui va suivre, mais finalement j'ai préféré un peu vous laisser savourer le retour de Simon, ne pas directement le noyer dans l'action. ça donne peut-être quelque chose de trop calme j'en conviens ! 

Allez, on se retrouve donc cette semaine ! Bon week-end ! Moi je rentre chez moi dans le Nord et je vais voir Paris-Roubaix qui passe juste derrière chez moi, regardez vers 16h sur un malentendu vous verrez Perri occupée à mettre des bâtons dans les roues de Wout Van Aert au secteur pavé moulin de Vertain ! 


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