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IV - Chapitre 21 : A ma Némésis

Ladies, gentlemen and no-binary-people. 

J'ai effectué ma journée de travail hier et j'ai réalisé que je restais juste pour avoir accès à plein de livre gratuit, je suis repartie avec deux bouquins et un magazine (mais c'est le l'Histoire sur les Incaaaas et j'aime troooop les civilisations pré-colombiennes !). Il fait beau, le ciel est bleu, ce soir je vais avoir une vie sociale qui me sort de ma grotte ... Et vous, ça va? 

Sachez qu'alors qu'il me restait 9 chapitre à écrire sur chacune de mes fanfictions (oui oui on en est là) que j'ai décidé de me tourner sur ... O&P. Voilà, je suis un peu plus prête psychologiquement à finir O&P, genre ça fait quand même quelques chapitres que je sens la fin venir et que je m'en lamente alors que LDP je suis encore un peu dans le déni. Donc la fin est mieux balisée aussi, nécessairement. Voilà, je vous préviens pour que vous puissiez vous préparer vous aussi psychologiquement ! 

Donc on continue notre inexorable route vers la fin avec ... ce chapitre. Qui est comme les précédents une pièce importante de cette partie. Voilà. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse lire ! 

AH SI c'est le chapitre écris très bizarrement. Enfin pas son contenu, mais voilà : je l'ai commencé dans le train vers Paris pour aller au Salon du Livre Jeunesse, une autre dans le froid de la gare de l'est en attendant une amie, une autre chez Marion où je dormais et une autre dans le bus qui me ramenait à Reims pour le finir le soir même chez moi. Vraiment le chapitre du voyage ahah ! 

Bonne lecture les enfants ! 

***

La vengeance est le seul plaisir de l'enfer. 

- Pierre-Claude-Victor Boiste 

***

Chapitre 21 : A ma Némésis. 

De septembre à janvier, j'avais été enfermée entre les quatre murs de l'appartement de Julian et Noah. Je m'étais sentie dépérir, tombée en cendres, m'accrochant désespérément à tout ce qui pouvait me rappeler pourquoi mon cœur battait. Je m'étais sentie stupide de faire tourner mon univers autour de Simon, avait été réduite à la léthargie la plus indigne lors de mes premières heures dans ma nouvelle chambre, et revenue en arrière en devenant de nouveau l'enfant craintive de Poudlard face à la vergue de Noah. Vivre et non survivre m'avait paru un combat de chaque instant.

C'était réellement ce que j'avais pensé, dans la chaleur et la solitude d'Oxford. Mais face à l'isolement glacé des geôles du Ministère, je revoyais mon jugement.

La cellule dans laquelle on m'avait traînée était plus petite la première et pour cause, j'avais l'air destiné à y vivre. Une paillasse munie d'un fin matelas et d'une couverture de laine me servait de lit et d'unique ameublement. Aucune fenêtre ne me permettait de faire la distinction entre le jour et la nuit : ma seule source de lumière était l'ouverture carrée et ferrée qui perçait la porte de bois et qui laissait entrer la lueur des torches du couloir. Mes repas m'étaient livrés deux fois par jours, maigres mais rarement infects, et me permettaient d'avoir une vague idée du temps qui s'écoulait. Pendant plusieurs jours, mes sorties se limitaient aux passages aux sanitaires, accordée si je le réclamais assez fort en tambourinant le battant qui me retenait. Le premier jour, j'avais craint que ma vessie ne me lâche tant le geôlier barbu avait tardé. Plus tard, je l'avais tellement agacé qu'il avait électrifié d'un sort la porte et je m'étais retrouvée à convulser sur le sol glacé, parcourue de spasme de douleur qui m'avaient laissée tremblante. Depuis, j'avais appris à anticiper, à doser mes coups sur la porte – et surtout à retirer mes poings dès que les pas du barbu s'approchaient.

Son nom était Steverson. J'avais entendu un responsable le nommer ainsi, et il semblait avoir la responsabilité de tout le couloir. Dur, froid, l'air rompu aux idées du régimes, il n'avait pas daigné me répondre lorsque j'avais osé m'enquérir de mon devenir dans un filet de voix. Parfois, un Détraqueur l'accompagnait, me réduisant en une boule tremblante dans un coin de la pièce en attendant que le désespoir cesse de s'abattre dans ses épaules. Dans la semi-pénombre dans laquelle était plongée ma vie, j'avais tout le loisir de ressasser mon sort, les erreurs qui m'avaient conduites là, Renata qui tombait en boucle, que ce soit dans les ombres ou derrière mes paupières clauses. Les périodes de sommeil n'étaient pas plus agréables : j'étais tant rongée par l'angoisse que le sommeil m'avait longtemps fui, avant que je ne sombre, vaincue par mes pleurs ... pour être assaillie par autant de cauchemar.

Il en fut ainsi pendant cinq jours, comptai-je lorsque Sterverson ouvrit la petite fenêtre dans la porte pour faire léviter mon repas. Cinq jours et je commençai à sérieusement songer qu'ils m'avaient oubliés, qu'ils allaient me laisser moisir ici, par précaution. Quels étaient les véritables liens entre ce nouveau régime et les Liszka de Pologne, je n'en avais pas la moindre idée mais je m'accrochai à l'expression défaite d'Ombrage. Elle signifiait forcément quelque chose. Assez pour qu'ils ne m'envoient pas à Azkaban où un Détraqueur hors de contrôle était susceptible d'aspirer mon âme ... La soupe, fade, mais chaude, réchauffa quelque peu mon corps et mes convictions. Grâce à mon mensonge, j'avais évité le pire ... Le pire ... Un grand fracas au bout du couloir me fit sursauter et quelques gouttes de soupe aspergèrent mon jean. Je m'en fustigeai : mon ventre avait grondé une heure avant l'arrivée du bol providentiel, je ne pouvais pas me permettre d'en gâcher ...

-Qu'est-ce qui se passe encore ... ? râla Sterverson plus loin. Je vous jure que si c'est encore une intrusion ...

-Je ne paye pas cher de l'intru, murmurai-je amèrement en enfournant une nouvelle cuillère de soupe.

En plus d'avoir une carrure impressionnante, je soupçonnai le geôlier d'être un excellent duelliste et un meilleur ensorceleur qu'il n'y paraissait. Ma porte électrifiée m'avait appris à ne pas sous-estimer ses capacités : je doutais que l'enchantement soit des plus aisés. Merlin que ma propre baguette me manquait ... Cela dit, le boucan ne cessait pas et il sembla passer une autre porte car j'entendis enfin les voix tonner sous le brouhaha :

-Tu ne sais pas rester à ta place ! On t'a offert des opportunités en or, tu es maintenant plus puissant que tu ne l'aurais jamais espéré grâce à nous et j'envisageais même de te trouver une place de choix à la Brigade Magique, mais si tu sors des sentiers maintenant ...

-Sortir des sentiers ? Sortir des sentiers ?! En quoi faire payer une Sang-de-Bourbe c'est sortir des sentiers ?!

Je faillis recracher ma soupe lorsque la voix me percuta le tympan. Glacée d'effroi, je posai mon bol à terre avant qu'il ne m'échappe des mains. Néanmoins, mes doigts peinèrent à s'éloigner de leur seule source de chaleur.

-C'est pas vrai ...

-Sortez, exigea la seconde voix, couvrant mes gémissements.

-Bien, monsieur Yaxley.

Les pas de Sterverson s'éloignèrent docilement, ne laissant dans le couloir que les deux hommes qui venaient d'arriver si furieusement. La première voix, je m'étonnais qu'elle me soit si étrangère maintenant que j'apprenais qu'elle appartenait à un homme qui avait été mon quotidien pendant des mois : Corban Yaxley, Mangemort de renom et actuel Directeur de la Justice Magique. Cela dit, je n'avais eu à faire à lui que de loin, par des surveillances et des rapports à distances. Pas une seule confrontation. Contrairement à la seconde ...

-Ce n'est pas une Sang-de-Bourbe, reprit Yaxley d'un ton sec. C'est une Liszka. Les déclarations de Miroslav Liszka le prouvent, il l'a clairement identifiée comme sa petite-fille.

-Mais elle ment ! Elle ment, c'est forcé, ils mentent tous ! C'est une Sang-de-Bourbe, je vous l'assure ! Il n'y avait aucun mystère là-dessus à l'école, elle était la première à le revendiquer !

-D'après la déposition de la petite Bennett, il semblerait que Liszka ait voulu ... se déposséder du statut qui faisait de lui un être spécial en s'abaissant à une vie indigne de son rang, lâcha Yaxley avec dégoût. Qu'il ait élevé sa fille dans la crasse et l'ignorance. Peut-être a-t-elle cru toute sa vie être de cette espèce ... mais apparemment, ce n'est pas le cas.

Recroquevillée contre un mur, suspendue aux mots qui me parvenait de façon feutrée à travers la porte, je laissai échappée un soupir de soulagement. Mon mensonge semblait avoir pris racine dans la tête du chef de la Justice Magique en personne et je n'en croyais pas ma chance. Papy je te promets que si je sors de là et qu'on se revoit, je te voue un culte ... Sa précision était pour l'instant l'unique chose qui me légitimait.

-Que veux-tu que je te dise. Son abandon a déjà eu des conséquences désastreuses sur sa lignée : quoiqu'il arrive, la gamine se retrouve avec le sang souillé. Son père était apparemment dresseur de mouton, ou je ne sais plus trop quelle autre activité dans laquelle il patauge.

-Son père prie Dieu. C'est pour ça que j'ai voulu brûler son église.

Le mépris roula sur moi et m'hérissa l'échine. Enfoiré, je savais que c'était toi, rageai-je en me souvenait des flammes fantômes qui avait dévoré l'église de mon village, l'église dans laquelle mon père avait toujours officié et à laquelle j'avais toujours un attachement singulier.

-Et rappelle-moi pourquoi on t'a empêché de le faire pour de vrai, Nestor ?

Un silence répondit à la question purement rhétorique de Yaxley. Le souffle coincé anxieusement dans mes poumons, j'observai les ombres qui jouaient dans le fin trait de lumière qui jaillissait sous la porte.

-Ne pas faire d'actes inutiles, ânonna Nestor Selwyn d'une voix pleine de dépit. Ça ne sert à rien d'effrayer des paysans ... c'était le pays l'objectif.

-Exactement.

-Mais ...

-Quoi, Selwyn ? le coupa Yaxley avec brutalité. Quoi ? Tu crois qu'on tient ce pays rien qu'avec l'aura du Seigneur des Ténèbres ? Tu penses que sa magie, si puissante et pure soit-elle, suffit à maintenir notre cap ? Si on tient si bien, c'est parce qu'on a des financements étrangers qui nous soutiennent, qui financent notre propagande et nos recherches, qui nous envoient des agents ! Tu crois que les Dolohov sont là gratuitement ? Leur famille russe attend qu'on maintienne ce pays sous notre coupe et espère récupérer un partenariat privilégié avec nous. Toute l'Europe hypocrite et bien-pensante nous a tourné le dos depuis que Scrimegeour est mort : on a besoin de ces soutiens ! Et devine quel est l'un de nos plus solides ?

Il s'écoula quelques secondes, une éternité pendant laquelle le triomphe gonfla lentement dans ma poitrine, jusqu'à ce que Nestor ne murmure d'une voix dure comme la pierre :

-Les Liszka.

-C'est que tu te mets à réfléchir. Les Liszka tiennent la Pologne depuis des générations, c'est une lignée presque royale et certainement le régime dont les idéaux sont les plus proches des nôtres. L'une des premières choses qu'ils nous ont demandé, c'est de ramener l'enfant du pays à la maison et c'est pour ça qu'on t'a envoyé chercher un grand-père censé avoir abandonné la magie depuis cinquante ans !

De l'autre côté de la paroi, quelqu'un fit un geste brusque, comme une empoignade et j'imaginai facilement la haute silhouette de Yaxley agripper le col de Nestor Selwyn.

-Alors non, je ne vais pas te laisser défigurer un membre de leur famille !

-Mais elle n'est même pas polonaise ! éructa Nestor, outré.

-Elle a du sang Liszka dans les veines, leur sang, leur précieux sang qui fait que même nous, ils nous regardent de haut ! Tu crois qu'ils réagiraient comment si je leur rendais leur sang avec le visage aussi ravagé que le tien, hein ?

-C'est elle qui m'a fait ça ! s'écria Nestor, l'air hors de lui. C'est elle qui a lâché son feu sur moi, c'est cette Sang-de-Bourbe ! Elle est là, je la veux !

Je me pressai contre le mur, comme pour échapper aux terribles mots de l'homme qui avait hanté la moitié de ma vie. Ils secouaient l'enfant en moi qui avait toujours craint qu'un jour, Nestor Selwyn me retrouve et me face payer cet épouvantable soirée.

Remember, remember, the fifth of November ...

-J'ai fait tout ce qu'on m'a demandé ! poursuivit Nestor avec un mélange de ferveur et de fureur. Je suis venu chercher ma Marque, j'ai obéi, j'ai fait tous les efforts possibles pour satisfaire la cause et le Seigneur des Ténèbres, j'ai oublié mes envies et mes rêves pour me construire un nouveau rôle, me rebâtir ! J'ai réussi maintenant, je me suis donné corps et âme ...

-Et tu as été récompensé. Tu as eu le droit d'entrer dans nos rangs ...

-Ce n'est pas assez. C'est elle que je veux.

Quelque chose dans le ton de Nestor me glaça le sang. Mon pouls me battit les tempes et m'étourdit le temps que Yaxley trouve un argument à opposer :

-C'est trop. On ne sait pas ce que les Liszka espèrent d'elle et le temps qu'on le sache, il faut qu'elle reste intacte. L'argent, c'est le nerf de la guerre Nestor. On ne peut pas se permettre de perdre nos rares soutiens étrangers pour assouvir tes désirs de vengeance ...

-De justice, rectifia Nestor avec véhémence. Elle a bousillé ma vie, s'est complait dans une existence au milieu de la vermine, a été arrêtée avec une membre de l'Ordre du Phénix ! Si ça se trouve, elle en fait partie, elle fait partie de ses pourritures qui pensent encore qu'il faut protéger les moldus et qui nous mettent des bâtons dans les roues ! Tu penses que les Liszka voudront d'une telle engeance ?

Son vocabulaire n'avait pas changé d'un pouce depuis notre duel sur les toits de Bristol, songeai-je, crispée dans l'attente, incapable de deviner où finirait cette discussion. Elle longeait farouchement une crête, vacillait d'un côté ou de l'autre et Nestor était bien décidé que la chute soit du sien.

-Le vieillard, là : crois-moi il n'avait aucune envie de rentrer au pays ! Il s'est même compromis lui-même avec une vermine, elle n'a pas trouvé mieux qu'un couteau pour se défendre, elle a utilisé des moyens indignes ...

-Ils ont marché, ses moyens indignes, murmurai-je dans le noir. Le couteau, tu te l'es pris dans le dos ... Seigneur, si seulement elle avait pu bien viser ...

-Dès qu'il a su qui nous étions, il a lancé les hostilités. Cet homme est perdu. Il a gangréné l'arbre généalogique des Liszka ... Nous leur rendrions service en brûlant la branche infectée.

L'argument parut recevable à Yaxley qui se mura quelques instants dans un silence songeur qui me coupa le souffle. Mes doigts se crispèrent sur le bol à la chaleur évaporée depuis longtemps, simplement pour ne pas laisser échapper un couinement d'appréhension.

-Tu penses vraiment que tu mérites récompense après ce qui s'est passé chez Lovegood ? douta soudainement Yaxley. Harry Potter à ta portée et tu n'en profites même pas ...

-Comment j'aurais pu savoir qu'il risquait d'y avoir Harry Potter chez Lovegood ? se défendit férocement Nestor. Je surveille ce vieux fou depuis le début de l'année, je vous ai ramené sa fille, l'ai poussé à changer de discours mais rien, absolument rien n'indiquait que Potter risquait de se pointer chez lui avec sa Sang-de-Bourbe de compagnie !

-Non, c'est vrai, concéda Yaxley. Mais le Maître va être furieux d'apprendre qu'il nous a filé entre les doigts ...

-Vraiment ? renifla Nestor, dubitatif. Alors qu'il martèle que Potter est à lui ? Vous ne pensez pas qu'il rêve plutôt de l'attraper lui-même pour être maître de son sort ?

Quelques pas résonnèrent sinistrement dans le couloir et sous la porte, les ombres ondulèrent dans un lent et insoutenable ballet.

-On a chacun notre Némésis, Yaxley. Cette personne qui reste au fond de nous comme un poison et dont il faut nous expurger. Notre ultime quête, notre combat le plus terrible avant réellement s'appartenir totalement. Le Seigneur des Ténèbres a Potter ... et moi j'ai Victoria Bennett. Laissez-moi m'en libérer et j'appartiendrais à notre cause corps et âme.

Le discours mystique et fiévreux de Nestor roula sur moi, m'écrasa la poitrine et compressa ma trachée. Je sentais la conversation m'échappait, titubait du mauvais côté de la pente, prête à la dévaler au besoin et à me broyer de tout son poids. Le silence le Yaxley attestait bien que les arguments sonnaient en lui, que Nestor venait de toucher une corde sensible. Après tout, à quoi servait le pouvoir pour ces gens-là ? A montrer leur ascendant sur tout humain. A sentir en haut de la pyramide, capable d'écraser leurs inférieurs. Pourquoi renierait-il ce droit presque absolu à Nestor ?

-Ah, Selwyn, soupira finalement Yaxley d'un ton infiniment plus suave qui m'hérissa l'échine. Viens, voyons si nous ne pouvons pas trouver une sorte de compromis ... En nettoyant les vieilles salles d'audiences, nous avons trouvé ... des choses intéressantes, je suis sûr que tu sauras y trouver ton compte. Tu as appris l'obéissance ... maintenant il est temps d'apprendre la subtilité.

***

Ils étaient parti sans plus de détail, me laissant dans l'incompréhension et l'angoisse la plus totale. La relative confiance que j'avais réussi à prendre durant ces quelques jours s'était totalement évaporée. Yaxley avait cédé quelque chose à Nestor et je n'arrivais pas à imaginer quoi. Les différents scenarios faillirent me grignoter l'esprit les heures qui suivirent. L'estomac noué, je ne touchais plus à ma soupe que Sterverson ramassa pour remplacer par une sorte d'assiette de gruau qui promettait d'être aussi insipide. La moindre variation de lumière me faisait frémir.

Lors de mon séjour chez Julian et Noah, je m'étais sentie vide et léthargique. Cette fois, entre les quatre murs d'une cellule plongée dans la pénombre, j'avais l'impression de saturer.

Mon corps s'était gorgé d'angoisse, crispé d'attente. Le lendemain, je me réveillais avec des courbatures tant le sommeil n'avait pas suffi à me détendre. Les étirements ne firent rien, ne parvinrent même pas à apaiser mon esprit : il était tout entier tournée vers l'éventuelle future visite de Nestor. Elle ne tarda pas. Nestor s'était montré patient jusque là, jouant le jeu des Mangemorts et de son Maître en espérant qu'un jour je tombe entre ses griffes. Maintenant que c'était arrivé, il pouvait tomber le masque.

J'eus à peine le temps de le voir arriver. Des pas furieux dans le couloir, ma porte qui s'ouvrait à la volée : à peine le temps de me redresser qu'un sortilège me frappait en pleine poitrine et m'envoyait valser contre le mur. Un cri où se mêlait la surprise et la douleur m'échappa et mes poumons se vidèrent leur souffle sous l'impact.

-Bonjour Victoria, susurra une voix bien connue au-dessus de moi.

-Oh c'est pas vrai, marmonnai-je, une main sur mes côtes douloureuse.

Je m'appuyais contre le mur pour me redresser, mais au premier mouvement de ma part, ma main se retrouva collée aux briques, attachée par des liens invisibles qui m'obligèrent à rester affalée à terre, à la merci de l'homme qui pointait sa baguette sur moi avec un sourire satisfait à peine esquisser sur ses lèvres fines. Même devant moi, Nestor Selwyn ne voulait pas se donner l'air de jubiler. Je tirai sur ma main entravée avant de lever les yeux sur lui, dépitée.

-Je suis désarmée et tu as encore assez peur de moi pour te sentir obligé de m'immobiliser ?

Les traits brouillés par les cicatrices de Nestor se crispèrent à peine. Seigneur que c'était difficile d'imaginer qu'il était le frère jumeau de Melania ... Son visage me semblait tellement plus dur, l'éclat dans ses yeux gris tellement plus froide. Sa joue où la peau était brunie, fripée, déformée par la mutilation n'aidait en rien. Le seul indice était ce nez, ce nez si particulier, évasé et difforme qui paraissait être un charme de plus de chez Melania mais au milieu du visage ravagé de Nestor, n'était une laideur supplémentaire.

-Je veux juste être certain que cette fois, tu ne t'échapperas pas, éluda-t-il d'un ton neutre. On ne sait jamais, un balai caché dans les escaliers par exemple ...

-Et j'aurais attendu que tu viennes pour me servir d'un balai providentiel, très bien. Alors, qu'est-ce que tu as obtenu de Yaxley ?

Nestor parut à peine surpris de ma franchise. J'étais trop fatiguée, trop pétrie d'angoisse pour trouver un autre angle d'attaque que celui qui avait toujours marché avec Nestor Selwyn : le piquer, le piquer jusqu'à ce qu'il perde ses moyens et commente une erreur. Cela dit je doutais que la technique soit aussi efficace quand l'erreur pouvait tout simplement être ma crémation pure et simple.

Remember, remember.

-Oh, mais c'est que tu es impatiente, sembla s'amuser Nestor en caressant sa baguette. Je ne vais pas te mentir, je le suis aussi. J'ai passé des années à m'imaginer ce moment, où je pourrais te rendre la monnaie de ta pièce ...

Je crispai le poing de ma main immobilisée pour empêcher mes doigts de trembler. Mon corps souffrait encore de l'impact contre le mur et de la nuit passée recroquevillée à paniquer sur mon sort.

-Tu es polonaise, paraît-t-il ? poursuivit Nestor avec un sourire plus prononcé. Alors tu connais certainement le principe très oriental des dettes de sang ...

Pour avoir faillir mourir pour payer une telle dette, je pouvais dire que j'étais effectivement familière de la chose. Kamila y avait veillé.

-Je n'ai pas versé le tien, rappelai-je vertement, satisfaite de ma voix ferme. Je n'ai rien fait d'autre que ce que tu as tenté de me faire. La dette, c'est moi qui l'aie payé.

-Pourtant tu es intacte, fit remarquer Nestor à mi-voix. Est-ce juste, Victoria ? Tu étais à Poufsouffle, tu dois t'y connaître en matière de justice ...

La pression monta dans ma poitrine face à la baguette qui se pointait de plus en plus franchement sur ma personne. Je me plaquai un peu plus contre les briques, tirai machinalement sur ma main pour me délivrer, bondir hors de portée du danger, mais les liens magiques paraissaient solides. Une lueur dangereuse dansa dans les yeux de Nestor lorsqu'il constata ma fébrilité.

-Définitivement, j'aime bien cette idée, chuchota-t-il. J'aurais dû naître à l'est ... là mon potentiel aurait reconnu ... Là on m'aurait admis le droit de prendre mon dû et de te faire subir ce que tu m'as infligé.

Je reprenais à cette nuit-là, à la terreur qui m'avait remplie lorsque Nestor m'avait entravé, à l'épouvante lorsqu'une étincelle avait embrasé son écharpe et à l'horreur qui m'avait donné des ailes face au cri qu'il avait poussé lorsque les flammes lui avaient léché le visage ... L'idée d'être sur le point de pousser un tel cri me donna la nausée et je tirai davantage sur mon lien. M'avoir face à lui, ouvertement aux abois, transie de peur face à sa baguette parut être jubilatoire pour Nestor qui laissa enfin s'échapper un sourire extatique. Sinistrement extatique au milieu de ce visage ravagé. Il s'avança vers moi, baguette pointée sur mon front, me contempla me recroqueviller, m'agiter comme un asticot, ma respiration s'accélérant à un rythme erratique pour traduire ma frayeur, les grands yeux humides rivés sur la baguette dans la terrible attente de l'étincelle ... avant de lever la baguette et de me libérer d'un coup de la pression.

-Mais ... il semblerait malheureusement qu'on doive présenter ton minois intact aux Liszka. Crois-moi, c'est regrettable, mais ce sont les directives de Yaxley ...

Et pourtant, il ne semblait tant le regretter que cela : son visage venait de s'illuminer et lorsqu'il écarta largement les bras, baguette levée, une sorte de triomphalisme éclairait son regard.

-Cela dit, tu restes une criminelle selon nos lois. Tu t'es dérobée à ton entretien, étrange si tu es réellement une sorcière, n'est-ce pas ? Tu as déjà levé la baguette contre nous, je peux en attester. La dernière fois étant en juin dernier ... où est ton grand-père, Victoria ? Où est parti se cacher Miroslav Lizska ?

Sa voix s'était faite dure et métallique et en même temps qu'il m'assénait sa question, je ressentis une pression contre mon crâne qui faillit me faire hoqueter. La sensation, désagréable, oppressante mais familière, me donna envie de repousser d'un revers de la main tous les murs de ma cellule. Je portais mes doigts libres à ma tempe et un sourire insensé retroussa mes lèvres.

-Tu as appris où la legilimencie, Nestor ?

Voir Nestor battre des cils, pris de court, fut une maigre victoire et en voyant la baguette pendante dans sa main, je compris qu'il n'y était pour rien. Quelqu'un d'autre, caché dans le couloir – Sterverson ou Yaxley en personne – devait prendre en main ce sortilège technique. La pression s'accrut sur mon crâne – sur mon esprit – et dans une grimace, je laissai échapper les vagues souvenirs de mon grand-père, courbé par la toux, préparant ses valises.

-Je ne sais pas, prétendis-je précipitamment, priant pour qu'ils se contentent de cet aveu. Il est parti sans rien nous dire ... par sûreté ... il n'est pas idiot, il n'allait pas se compromettre ... il a quitté le pays ... je ne sais pas où ... (Un éclair de douleur me transperça la tempe et je poussai un gémissement). Je ne sais pas ! Vraiment pas !

Mon crâne se fracassa sous l'assaut étranger et explosa en souffrance. Les images des préparatifs défilèrent dans mon esprit, m'envoyant dans une nouvelle dimension où je sentis à peine le choc lorsque je claquai ma tête en arrière contre le mur. Les voix m'apparaissaient floues, comme passées par d'innombrables voiles et strates, comme autant de murs de défense qui concevraient l'essentiel. Puis tout cessa et je réintégrai mon corps avec une immense inspiration paniquée, les poumons brûlants comme après une apnée de plusieurs minutes. Le visage de Nestor devint de nouveau ma réalité la plus urgente. Il me contemplait calmement, la baguette toujours tendue vers moi.

-Bien ... Très bien ... On en rediscutera, Victoria. En attendant ...

Il se détourna de moi et fit joyeusement tournoyer sa baguette dans sa main. Sa pointe projeta des étincelles dans l'air : rouges, elles jetèrent des lumières inquiétantes sur les murs de brique qui prirent la couleur du sang. Il finit par la pointer vers la porte ouverte et un coffre s'avança en grinçant, dépassa lentement Nestor avant de s'immobiliser au bord de la pièce. Je le contemplai, perplexe, avant de relever les yeux sur lui.

-C'est quoi ?

-Un ami que je voudrais te présenter, déclama Nestor avec un fin sourire. Il va te tenir compagnie, jusqu'à ce qu'on ait une réponse de ta famille de l'est ... Alors Victoria, de quoi as-tu peur ?

Sur ce, avant même de me laisser le temps d'assimiler sa question, il donna un grand coup de pied dans le coffre qui traduisait toute sa frustration et sa rage. Littéralement, je sentis qu'il se déchainer contre lui comme il aurait voulu le faire contre moi, l'exploser au sol comme il aurait voulu briser ma colonne ... Mais au lieu d'une Victoria meurtrie, ce fut un coffre qui se renversa, un couvercle qui se dévissa et non des os, une gueule béante qui s'ouvrit et non du sang qui jaillit ...

Et en une fraction de seconde, la cellule s'embrasa.

Un cri me broya les tympans. C'était certainement le mien, je l'avais senti m'écorcher la gorge alors que des flammes plus hautes que moi léchaient le plafond et se dresser face à moi en une ligne destructrice. Mais c'était trop fort, trop gutturale pour n'être issu que de mon maigre petit corps. Ça avait trop de résonnance, comme une voix double. L'idée me traversa furtivement, mais l'image des flammes qui emplissaient la pièce et de la chaleur qui s'abattait en bouffée brûlante sur mon visage effacèrent toute réflexion. Paniquée, je m'échappai jusqu'à un coin qui me semblait moins exposé, mais l'incendie me suivit, comme attiré par les effluves de terreur qui devait jaillir de ma personne. Une flamme crépita à mon pied et un couinement jaillit de mes lèvres.

-Arrête ça ! m'égosillai-je sans réfléchir, rongée par l'angoisse. Nestor, arrête ça, arrête ça ! Tu n'as pas le droit de me blesser ! Selwyn !

-C'est donc de ça que tu as peur ? ricana une voix entre les flammes que je reconnus vaguement comme étant celle de Yaxley. Ce n'est pas très original ...

-Arrêtez ça !

Répondant à mes hurlements, les flammes rugirent, s'élevèrent, tournoyèrent devant moi en un ballet infernal. Ce n'était pas une danse, c'était un combat et le feu m'acculait, me consumait sans même m'atteindre. Face au brasier, je sentais toutes mes résistances et mon courage fondre. Lorsque j'enfouis mon visage entre les mains, j'effleurai les larmes d'effroi qui avaient inondé mes joues. Pas suffisante malheureusement pour faire cesser l'incendie.

Comment ils ont pu savoir ? J'ai peur du feu, Nestor m'a détraqué à tout jamais, une peur d'enfant ... les enfants ont peur du noir moi j'ai peur du feu ... il l'ont lu dans mon esprit ... non, ce n'est pas possible, comment ils ont pu le savoir ?

Les sanglots qui me secouaient cessèrent sec. Je m'étais recroquevillée, horrifiée, j'avais soustrait à mon regard les flammes pour rendre l'épreuve moins pénible, mais la chaleur et les crépitements suffisaient bien assez à m'affoler.

Alors Victoria, de quoi as-tu peur ?

-C'est ça, murmurai-je, les yeux rivés sur le sol couvert d'indomptables lueurs rouges et oranges. C'est ça ... Riddikulus ...

L'incantation avait franchi mes lèvres en un souffle sans n'avoir aucun effet. Evidemment. Ma baguette, ma belle baguette de bois de saule m'avait été enlevée. Elle avait sauté de mes mains à la gare routière d'Oxford. Ce qui faisait de moi une sorcière m'avait été volé : on m'avait arraché la partie magique de mon être. Les flammes parurent réaliser que j'étais à leur merci car elles s'avancèrent, enhardie par mon impuissance. Désespérée, je brandis les deux mains devant moi, paumes vers l'incendie. L'air était si chaud et saturé que ma peau s'assécha aussitôt, proche de fondre.

-Riddikulus !

Seul un rire cynique et des crépitements impitoyables me répondirent. De façon paradoxale, l'hilarité face à mes piteuses tentatives me renforça dans ma conviction et éclaira mon esprit paralysé par la terreur. Rire. Une forme amusante. Bon sang, j'aurais dû pratiquer avec Lupin au lieu de rester sur une table à me moquer de Simon ! Je fermai les yeux, toujours douloureusement consciente de la chaleur qui pesait de plus en plus sur mon corps qui subissait une terrible pression. Une image amusante. C'est le rire qui désarme un épouvantard ... Un embryon de forme se forma dans mon esprit, simple digression de ce à quoi étaient reliées ces flammes dans mon esprit et j'ouvris la bouche, prête à faire une nouvelle tentative désespérée ...

CRAC !

Le son, sec et sans équivoque, me fit tant sursauter que j'en bondis sur mes pieds, le cœur cognant contre mes côtes. J'eus à peine le temps de réaliser que la chaleur avait disparu que je constatai qu'elle n'était pas la salle : les flammes s'étaient envolées. En lieu et place, un véritable feu d'artifice crépitait joyeusement depuis le coffre, s'envolant avec des pétards plus sonores les uns que les autres. Elles éclairaient la pièce de mille éclats, formants dans l'air des dessins les plus grotesques dans lesquels je pouvais presque lire le traits caractéristiques de Noah Douzebranches. Un crapaud bondissant, un serpent à la langue proéminant ...

Et pourtant ce furent les mines littéralement abasourdies de Nestor et Yaxley qui déclenchèrent le rire chez moi. Je n'aurais certainement pas dû. Rire, c'était creuser ma tombe, rire, c'était sceller mon destin. Et pourtant il m'échappa, irrépressible, relâcha toutes les tensions qui m'habitaient, évacuant effroi et panique, purifia mon corps et mon esprit d'un son qui n'avait plus rien de contrôlé.

-Comment elle a fait ... ? s'étonna Nestor, furieux et incrédule. Elle n'a même pas de baguette !

-C'est dans son sang, répondit Yaxley, les dents serrées. La puissance du sang pur ...

Mon hilarité redoubla face à l'ironie de la chose. Crois-le, pense-le ... Les crépitements du feu d'artifice s'accélérèrent, emplirent la pièce jusqu'à tomber aux pieds de Nestor. Là, l'épouvantard trouva une nouvelle victime et se transforma en un nouveau en un « CRAC » assourdissant. Mon rire se coupa net lorsque les joyeuses étincelles se muèrent en un serpent de feu qui louvoya vers Nestor, grossissant à chaque mètre gagné. Si je me plaquai de nouveau contre le mur, peu rassurée par l'apparition, Nestor Selwyn devint blême sous ses cicatrices. Le serpent prit en taille et en épaisseur, ses têtes se divisèrent et se multiplièrent jusqu'à ce qu'il n'ait bientôt plus de grande différence entre ma plus grande peur et la sienne. C'était un véritable brasier qui se dressait face à Nestor, un cobra immense et destructeur prêt à nouveau l'engloutir tout entier. Nos regards se croisèrent et j'y lus une frayeur identique à la mienne, et tapissant ses prunelles, les souvenirs du Cinq Novembre qui depuis huit ans nous hantait tous les deux. Nous brisaient tous les deux.

-Ça suffit ! Riddikkulus !

La colonne de feu fut transformée en un immense ballon de baudruche qui se dégonfla de façon sonore en une fraction de seconde, laissant apparaître le visage furieux de Corban Yaxley. D'un coup de baguette, il obligea l'épouvatard à regagner son coffre qui se scella en un cliquetis définitif. Je n'eus pas le temps de m'en sentir soulagée : j'étais toute entière accaparé par l'image de Nestor qui m'apparaissait paralysé. Blême, la respiration lourde, il tenait sa baguette mollement au bout d'une main qui tressautait, comme pour masquer des tremblements. Il n'avait rien tenté pour échapper aux flammes. Il se serait laissé dévorer, les jambes coupées par leur vision infernale. Même avec une baguette.

C'était lui qui avait crié avec moi, à l'apparition première des flammes, réalisai-je, soufflée. J'avais invoquée sa plus grande peur lorsqu'il m'avait confronté à la mienne.

-Vas-y, effraie-moi comme quand j'étais petite, le défiai-je, enhardie par la constatation. Mais comme ce soir-là, on sera terrifié ensemble.

Les doigts de Nestor se refermèrent sur sa baguette et au regard incisif qu'il me jeta, je sus que j'avais osé le mot de trop. Le rire aurait pu être pardonné, passé sous l'hébétude et la frayeur ... mais cette impertinence-là, cette accusation-là, Nestor ne pouvait la souffrir. Lorsqu'il leva sa baguette, je vis le sort invoqué avant même qu'il ne soit prononcé. Le cœur battant la chamade, je bondis pour l'éviter avant qu'il ne puisse articuler :

-Endoloris !
Les briques éclatèrent derrière moi à l'impact du sortilège. Malheureusement, ma fuite précipitée me bloqua dans un coin et lorsque la baguette s'arma une seconde fois, je ne pus qu'attendre, comme un lapin pris dans les phares, les yeux écarquillés par l'horreur.

-Endoloris ! hurla Nestor, pris de folie.

Et j'hurlai avec lui.

Plus fort que lui, plus fort que tout. Je noyais l'espace de mes cris, de ce son inhumain qui s'échappait de mon corps par tous les pores alors que j'irradiais de douleur. Elle semblait venir de partout, me massacrer, me lacérer de mille lames, se fracasser contre ma boite crânienne à m'en faire exploser les os. Cela me sembla durer une éternité, une éternité au bord de l'implosion, une éternité où mon souffle infini ne fit qu'hurler ma souffrance. Et lorsque tout cessa, je retombai lourdement sur le sol, à bout de force, haletait désespérément pour chercher de l'oxygène, le corps courbé par l'assaut.

Il y en un deuxième. Puis un troisième. Puis j'arrêtai de compter. Tout se perdit dans un océan de douleur et d'hurlement. Au bord de l'évanouissement, j'eus simplement conscience que c'était fini. Nestor s'était détourné, rassasié par mes cris et je l'entendis simplement ordonner d'un ton sec :

-Relâchez l'épouvantard et faites passer un Détraqueur devant sa cellule. On verra comment elle s'en sort avec ça.

La porte se referma que j'étais toujours allongée et brisée sur les dalles à présent glaciales de la cellule. Une seconde avant que l'enfer se déchaîne de nouveau et que mon univers se réduite à un brasier incandescent.

***

Orange et rouge. Des éclairs jaunâtres qui dansaient, s'élevaient. Ombres infernales qui m'avalaient. Chaleur, affreuse chaleur, terrible chaleur, qui m'asséchait totalement tout en me trempant de sueur.

Ma vie était devenue infernale. Si l'enfer existait, il n'avait pas d'autre aspect.

Perdue au milieu des flammes qui m'entouraient sans jamais m'approcher, j'avais tenté de réitérer mon exploit, de réduire l'épouvantard à des étincelles. Je m'étais souvenue des caricatures de Noah, des feux d'artifices que j'avais tiré avec Alexandre, des esquisses que Simon et moi avions fait briller dans le ciel le soir de ses dix-sept ans. Mais les souvenirs avaient été réduit en cendre. Ma magie avait reflué dans mes veines, me laissant nue et tremblante face à ce qui m'avait hanté toute ma vie.

Nuits et les jours, le brasier avait flambé. Enfin je l'imaginais. Tout s'emmêlait dans mon esprit. De jour en heure, d'heure en semaine : j'étais dorénavant incapable de maîtriser la mesure du temps. Mes seuls moments de répits étaient les heures de repas et de sanitaire où l'épouvantard était enfermé de nouveau dans son coffre par Sterverson, mais ils m'apportaient peu de réconfort. J'engloutissais fébrilement mon repas, l'estomac noué. Je l'avais même régurgité la première fois, lorsque les flammes avaient de nouveau envahi l'espace et que le sursaut de frayeur avait été si violent que mon ventre s'était soulevé. Je n'avais même plus d'appétit. Même pas la présence d'esprit de compter les repas. Même lorsque la cellule était froide et noire, les flammes chantaient dans mon esprit. Elles ne me quittaient plus. Je les avais à fleurs de peau.

Même quand Nestor revenait. Parce qu'il revenait. Son arrivée était annoncée lorsque Sterverson enfermait de nouveau l'épouvantard et me jetait un long regard. Le targuer de compassion était un peu fort. Mais je sentais qu'il préférait que ce soit moi que lui. J'avais fini par comprendre le pacte entre Yaxley et Nestor : je devais rester physiquement intacte. Or, le sortilège Doloris ne laissait aucune trace, aucune blessure. Il me faisait souffrir, il m'affaiblissait considérablement. Me l'infliger une fois, c'était s'assurer que je resterais prostrée et tremblante pendant plusieurs heures. C'étaient les rares moments où le retour des flammes me laissaient indifférente. J'étais trop meurtrie pour m'en inquiéter et je n'avais comme seule volonté de me glisser dans le néant. Je trouvais brièvement le sommeil ... avant de me réveiller et de hurler en me retrouvant nez à nez avec les flammes dévorantes.

Pour justifier ses exactions, Nestor avec une excuse toute trouvée. Une raison d'appliquer la fameuse Dette de sang à l'ouest.

-Où est ton grand-père ? demandait-il inlassablement en ouverture de séance.

Mais c'était plus accompagné de la pression sur le crâne. Non, elle n'était qu'un rituel, qu'un prétexte. La réponse, au final, importait peu. J'aurais pu dire n'importe quoi. D'ailleurs, je disais n'importe quoi.

-Je ne sais pas ...

-Va te faire foutre.

-Nestor ... arrête au moins le feu s'il te plait ... s'il te plait ...

-Finissons-en ...

-Non arrête ... arrête, pitié, arrête !

Et mes cris résonnaient terriblement sur les briques. Parfois, j'avais une pensée pour les pauvres nés-moldus qui pouvaient passer dans ce couloir, ces raflés comme Ellie et Pénélope qui tremblaient de peur dans leur geôle en attendant leur sort et qui entendaient mes hurlements qui s'élevaient lointainement. Je devais leur glacer le sang.

Et le lendemain, tout recommençait. Ou bien était-ce l'heure d'après. Chaque fois je perdais tout. Sommeil, résistance, appétit. A chaque instant, j'avais la sensation de glisser d'un nouveau cercle de l'enfer. L'enfermement chez Noah et Julian avait été le premier cercle, celui de la frustration et de la mélancolie. Le début de mon incération au Ministère avait gardé des brides d'espoir dans un nuage d'angoisse. Mais depuis que Nestor était entré dans ma cellule, je dégringolais de façon vertigineuse. Chaque fois, je franchissais un nouveau cercle en laissant un peu plus de moi dans les précédents. Je finis par ne même plus répondre aux questions rituelles de Nestor. Je n'avais plus de force pour ça. Je n'avais d'énergie que pour hurler.

Qui était cet écrivain, déjà ? m'interrogeai-je vaguement lorsque je m'éveillais une nouvelle fois, face aux flammes qui crépitaient autour de mon lit. Sa phrase me hantait depuis quelques temps ... Toi qui entres ici, abandonne tout espoir ... J'étais persuadée, persuadée qu'il était aussi celui qui avait théorisé les cercles de l'enfer. Ceux dans lesquels j'étais plongés. Qui m'aspiraient, moi et mes espoirs. Les avais-je réellement abandonnés ? Recroquevillée dans mon lit, les paupières pressées pour ne pas voir les flammes, j'en avais la sensation. Je ne savais pas comment sortir de l'enfer. J'étais coincée. Coincée avec le pire de ma vie.

-Simon j'ai changé d'avis ..., murmurai-je face au vide. Viens me chercher ... je t'en supplie, viens me chercher ... je t'en supplie ...

Un sanglot m'échappa et j'enveloppai ma tête sous l'écharpe d'Ellie qui ne me quittait pas. La garder, c'était m'accrocher à un objet qui venait de l'extérieur, qui signifiait qu'il existait un monde en dehors des flammes destructrices qui obscurcissaient mon existence. Un monde dehors où Simon m'attendait. Où était-il, que faisait-il ? Depuis combien de temps avais-je disparue ? Noah s'était-il présenté face à lui pour lui annoncer ? Ou avaient-ils trouvé le corps de Renata et compris ? Renata ... Simon vient me chercher, pitié ...

La porte s'ouvrit dans un grincement métallique et les flammes se résorbèrent en un « CLAC » sonore. Je n'amorçais pas le moindre mouvement, toujours cachée sous l'écharpe, amorphe. Mon corps souffrait encore de courbatures et j'avais sans cesse la sensation de chercher mon souffle, comme si mes poumons s'étaient rétrécis.

-Ton repas, annonça Sterverson d'un ton neutre.

Un choc sourd m'indiqua qu'il l'avait posé au sol. J'attendis que la porte se referme et que l'obscurité m'enveloppe comme une douce couverture. Après une vie au milieu des flammes, je m'étais mise à apprécier le noir complet. Les seuls instants paisibles de mon existence. Mais les pas demeurèrent dans ma cellule. Je me tendis machinalement et le chemisier déchiré de Pénélope me traversa l'esprit comme une lame glacée. Mais aucun contact ne vint. Sterverson semblait rester planté au milieu de la pièce.

-Il ne sera pas là ces jours-ci, lâcha-t-il finalement. Envoyé en mission. Tant mieux. T'as rempli ton contrat, t'as le sang pur ... il devrait pas te toucher.

Dans mon dos, il donna un coup dans le coffre qui retenait l'épouvantard. La créature à l'intérieur s'agita en écho et un frisson d'effroi me parcourut à l'idée que la bête serait bientôt relâchée. Mais de nouveau, mes attentes furent vaines. Et lorsque j'osais un coup d'œil par-dessus mon épaule, Sterverson sortait de ma cellule, le coffre flottant derrière lui qui convulsait compulsivement. Je peinais à éprouver un véritable soulagement, mais un soubresaut de force me permit de demander :

-Je suis là depuis combien de temps ?

Ma voix m'apparut éraillée, rauque, à peine plus haute qu'un murmure. Les mots m'écorchèrent la gorge tant elle avait été lacérée par mes cris. Sterverson s'immobilisa pour me jeter un bref regard.

-Dans mon département ? Deux semaines, peut-être un peu plus. (Il se détourna derechef). Je reviens dans une heure pour te mener aux toilettes.

La porte se referma derrière lui et je fus seule dans le noir. Seule dans le noir.

Deux semaines.

Avec un soupir venu des tréfonds de mon âme, je roulai sur le dos, le souffle court. Je me sentais incapable d'exécuter un autre mouvement, incapable de ramper jusqu'à mon repas. Je n'avais même pas faim. Plus d'envie, plus de désir. Dans ma chute, tout s'était envolé. Comme si en hurlant, j'avais expié tout ce qui faisait de moi Victoria Bennett. Mon sourire, ma combativité, mes espoirs. Je n'avais plus rien. Même pas la honte de n'être plus rien. Elle m'avait traversée, cette idée brûlante qui avait fait jaillir des larmes d'impuissance. Comment pouvais-je ne pas agir, ne pas me battre, ne pas me jeter sur Nestor avant qu'il ne lève la baguette ? Tirer ses cheveux comme j'avais tiré ceux de Simon, par bouffé, avec la rage de vaincre au ventre et le désir ardent de prouver que j'en étais capable ? Où était cette Victoria-là ?

Elle tremblait face à la baguette et ce qu'elle représentait. Une douleur insoutenable qui me faisait demander grâce.

Pour quoi faire de toute manière ? Ça ne changerait rien. Derrière Nestor, il y avait Sterverson. Derrière Sterverson, il y avait les étages fourmillants d'un Ministère devenue machine de Voldemort. J'étais dans les entrailles d'un purgatoire. Autant garder de l'énergie pour crier.

D'un geste compulsif, je caressai les perles du bracelet d'or et d'onyx que Cédric m'avait offert pour mes dix-sept ans. Les premiers jours, j'avais été déboussolée, dévastée par la perte de ma médaille et de mon David, ma force et mon combat. Et en un éclair, je m'étais souvenue que j'avais de bijou, ce dernier vestige de qui j'étais qui restait attachée à ma personne, presque ancrée dans ma peau. Parfois, les perles restaient enfoncées dans mon poignet et je retrouvais l'ombre de la breloque imprimée dans ma paume.

Une larme perla au coin de mon œil lorsque je dessinai du bout de la pulpe de mes doigts les reliefs du petit soleil. Je n'étais plus un petit soleil. J'étais une ombre. Une ombre avide de se fondre dans les ténèbres.

-Cho avait vraiment bien choisi. Il te va bien.

Un cri m'échappa lorsque cette voix venue de nulle part résonna dans la petite pièce. L'écharpe d'Ellie valsa en un tournoiement, et lorsqu'elle retomba sur mes jambes je pus constater qu'en effet, je n'étais pas seule dans ma cellule. A l'exact opposé de moi, assis nonchalamment en tailleurs dans un coin, un jeune homme me contemplait. Les lumières des torches, propre à me faire frémir, jetait ombres et clarté sur son visage et me permettait à peine de discerner ses traits. Il fallut qu'un sourire retrousse ses lèvres pleines, qu'un éclat compatissant jaillisse dans ses prunelles grise et qu'un miroitement de flamme traverse ses mèches brunes pour que je comprenne.

Et mon cœur cessa de battre.

-Cédric ? 

*** 

Comment vous imaginez ... J'attends impatiemment votre verdict.

Non je ne donnerai aucune explications sur la fin, vous attendrez le prochain chapitre ! 

Mais encore une fois, c'est un passage que j'ai en tête depuis le début de la fanfiction. Alors ce n'est pas le plus simple, j'appréhendais sincèrement d'avoir à l'écrire ... et au final ça a coulé tout seul. Vraiment, le simple fait que je l'ai écris durant un WE aussi chargé dans des endroits si improbables montre à quel point ça coulait. 

Merci encore une fois à Annabethfan pour le brainstorming ! C'est elle qui a eu l'idée de l'épouvantard (moi j'étais basiquement parti sur un enchantement qui enflammait la cellule). 

VOILA on se retrouve donc dans deux semaines pour la suite ... 

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