IV - Chapitre 2 : Une nouvelle bombe
Hello les enfants !
Désolée j'arrive un peu tard mais j'ai pas dormi de la nuit donc Perri avait besoin de faire la sieste avant de poster <3 Comment vous allez vous?
Moi je viens d'arriver à mon spot préféré de ma vie, l'étang de mes grands-parents en Charente et je suis juste trop refaite - et j'en reviens toujours pas d'avoir l'électricité, avant on survivait avec un groupe électrogène. Avant ça Budapest c'était chouette, une belle ville à faire c'était sympa !
Et je tiens juste à faire le bilan du Tour de France : l'honneur est sauf pour la France, on vient de gagner une étape ALLELUIA MERCI LAPORTE. Pas fan du maillot jaune Vingegaard, je préférais Pogacar, au moins il a du panache de fou (même s'il nous a livré l'étape du siècle). Très belle 4e place de David Gaudu au classement général, pleine de promesse.
Allez maintenant je vous offre le chapitre ! Bonne lecture et on se retrouve en bas !
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Il existe des péchés dont le souvenir, plus que l'accomplissement, fait le charme ; d'étrange triomphes qui flattent l'orgueuil encore plus que la passion.
- Oscar Wilde
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Chapitre 2 : Une nouvelle bombe.
J'aurais sincèrement pensé qu'à partir de là, les choses se seraient accélérées sur le projet qu'Octavia et moi portions depuis plusieurs mois. Mais dans les faits, les choses restèrent d'une étonnante et frustrante mobilité.
Flavia m'avait assuré que Les petits trolls rouges visaient une publication en septembre mais beaucoup d'étape invisible restait à faire. Des sombres calculs économiques, la mise en page, des démarches juridiques dont j'étais rassurée d'être débarrassée. Mais malgré tout, j'avais cette désagréable impression d'avoir laissé mon bébé entre des mains étrangères et je n'avais pas la moindre idée de l'état dans lequel je le récupérerai. Même si Julian avait négocié pour nous l'impossibilité pour Irène et Flavia de modifier ne serait-ce qu'une virgule sans notre accord, elle pouvait parfaitement nous demander des changements et étaient en charge de la rédaction de la préface. Et la préface me semblait à présent d'une importance démentielle. C'était le ton sur lequel toute notre œuvre allait être lue. Malheureusement, ni Julian, ni Octavia ne pouvaient me rassurer sur mes angoisses : ils étaient retournés tous les deux à leur quotidien, lui à l'IRIS à Oxford et elle au Ministère et à sa nouvelle vie de fiancée. La date de son mariage n'était pas encore fixée : Ulysse Selwyn voulait acter les choses au plus vite, mais Octavia se répugnait à accélérer le processus et souhaitait demeurer encore pour quelques mois juste Octavia McLairds.
Me retrouvant seule à cogiter, j'avais fini par moi aussi obliquer sur ce qui avait fait mon quotidien. Notamment en me remettant au Quidditch. J'avais abandonné quelque peu ce qui demeurait mon travail ces dernières semaines, meurtrie à la fois physiquement et psychologiquement, excusée par le président en personne, l'esprit complètement tourné vers le livre et la guerre. Mais à mesure que je retrouvais les terrains, je réalisai quel bien cela pouvait faire de mettre primairement un grand coup de poings dans un souafle, de voler à en perdre haleine, de débrancher son cerveau pendant des heures et de réduire son univers à une balle rouge.
-Barbapapa est de retour, se réjouit Arnold, notre Batteur. Et ça fait du bien !
Il me donna un grand coup dans le dos qui me décolla mes poumons et faillit m'envoyer contre mon casier. Le vestiaire se vidait : Eden, un jeune espoir belge et poursuiveur, s'était dépêché de rentrer pour rejoindre sa petite-amie qui venait de fraichement emménager, et Swan, notre Capitaine, devait relayer sa mère auprès de ses trois enfants. Ne restait qu'Arnold qui m'accompagna dans les couloirs avec un rire à en faire trembler les murs.
-Honnêtement quand Grims nous a dit que tu cessais l'entrainement pour cause de blessure, j'ai cru que tu voulais simplement rester au lit avec ton copain. Et vu la forme dans laquelle tu reviens, je continue de douter !
-Je me suis salement désartibulée ! me défendis-je vertement, outrée. Honnêtement, je ne pensais pas avoir ce niveau en revenant !
J'avais recommencé en douceur début juillet avant de complètement lâcher. J'avais accumulé angoisse, tension et colère : tous les moteurs qui pouvaient faire de moi une excellente gardienne. Eden avait toujours la bosse du souafle que je lui avais renvoyé sur le pelvis. Je manquais simplement d'endurance, mais maintenant que le livre était aux mains des éditrices, j'avais tout le loisir de reprendre la course et de me refaire une santé.
-Mais enfin Barbapapa, tu es plus forte que cela, lança Arnold, goguenard. Au fait il te veut quoi, le président ?
-Je vais le savoir tout de suite ...
Leonidas Grims m'avait discrètement glissé de le rejoindre dans son bureau après l'entrainement et depuis que j'avais mis pied à terre, une boule d'appréhension s'était logée dans mon ventre. La dernière fois que je l'avais croisé, il m'avait rappelé lourdement ses liens diplomatiques avec son pays natal, les Etats-Unis. « Au cas où ». Etait-ce cela dont il voulait discuter ? D'un plan destiné à évacuer ma famille ... au cas où ?
Arnold me donna une dernière tape sur l'épaule avant de m'abandonner devant la porte entrouverte du bureau de Leonidas Grims. J'y entrai sans réfléchir, sans même m'annoncer, mue par la familiarité que je commençai à lui porter, avant de me figer sur le seuil. J'interrompais visiblement quelque chose : le président était installé sur les confortables fauteuils bleus ciels qui constituait le deuxième espace de son bureau. Elégant dans son costume marine, les doigts croisés devant son visage à la mâchoire volontaire, il glissa un œil bleu cobalt sur moi et un large sourire vint s'étirer sur ses lèvres.
-Ah Victoria ! Parfait, nous vous attendions.
-Ah bon ? m'étonnai-je bêtement.
Je sentis mes pommettes chauffer sous l'effet de l'embarras et face aux deux autres paires d'yeux qui se braquèrent sur moi. Celle brune et incisive de Rudolf Parkins, entraineur de l'équipe A, et l'autre bleue et morne de Leonard Spielman, le gardien titulaire. Ce dernier était littéralement avachi sur le fauteuil, les bras croisés sur sa poitrine, en simple jean et tee-shirt, les cheveux châtain soigneusement peignés sur le côté. Dans le début de la vingtaine, il faisait légèrement plus âgé avec une barbe qui lui couvrait sa mâchoire dépourvue de menton.
-La remplaçante ? me reconnut-t-il avant de se tourner vers Parkin, l'œil étincelant. De quoi il en retourne, là ?
-Tu le sauras bien assez tôt, si elle daigne s'asseoir.
L'entraineur planta sur moi son regard inflexible. Et sans l'avoir réellement décidé, simplement pour m'en libérer, je me trouvai assise sur le dernier fauteuil restant, jetant précipitamment à mes pieds pour balai et mon sac qui frappèrent le sol avec fracas. L'air amusé de Leonidas maintint une chaleur insupportable du côté de mes joues, mais au moins l'attention de Parkins se tourna sur lui.
-Ne vous en faites pas, nous serons brefs, j'ai rendez-vous avec les autres présents dans une heure pour le programme de la Petite Ligue, annonça le président, la commissure des lèvres relevée. Il va y avoir des petits aménagements dans le temps de jeu l'année prochaine ...
-Non !
Spielman se dressa d'un bon sur ses pieds, l'air singulièrement remonté, les poings serrés.
-Vous allez me rétrograder ? comprit-t-il avec dépit. Vous allez la mettre à ma place ? Mais vous l'avez vu ! J'ai peut-être fait des erreurs en fin d'année dernière, mais j'ai arrêté des buts avec ma simple carrure qu'elle ne pourra jamais espérer toucher du bout des doigts !
Mes joues se gonflèrent d'un souffle que je me refusais à lâcher, à la fois chargée d'incompréhension, d'embarras et d'irritation. Malgré l'éclat de Spielman, aucun des deux hommes n'avaient bronché, se contentant de lorgner le jeune homme d'un œil à la fois indifférent et blasé.
-Mon garçon je suis navré de te le dire, mais tes erreurs nous ont malheureusement coûté le titre l'année dernière, fit valoir Leonidas avec une certaine sollicitude. Et personne ne dit que la mesure est définitive ...
-Mais je veux essayer autre chose, ajouta fermement Parkin de son ton bourru. Même si c'est une gardienne de moins d'un mètre soixante...
-Attendez ...
Les yeux de la pièce se vrillèrent de nouveau sur moi et mes mots se rétractèrent dans ma gorge. Je voulais d'abord demander à ne pas être sans cesse rapporter à ma taille, comme s'il s'agissait de mon unique caractéristique – une caractéristique éliminatoire, presque, un défaut insurmontable. Mais maintenant que j'étais au centre de l'attention, je commençais à pleinement réaliser ce qui était en train de se jouer dans cette pièce. Une bouffée brûlante que je ne sus complètement identifier me fit suffoquer.
-Vous ... vous voulez que je passe titulaire ? Vraiment ? Dans la vraie Ligue ? Avec l'équipe A ?
Les mots s'enchainaient avec une incrédibilité presque puérile qui arracha un sourire à Leonidas et un grognement à Parkin. Spielman me désigna avec un grand mouvement condescendant du bras.
-Vraiment ?!
-Vraiment, confirma calmement Parkin sans nous adresser le moindre regard. Au moins pour les deux premiers matchs, voir comment elle s'adapte à l'équipe. Dalia m'en a fait un éloge, elle a fait une très bonne saison dans l'équipe de réserve et surtout je l'ai vu sur un terrain. Ce que tu vas chercher avec ta taille, elle va le chercher avec ses tripes. C'est de cet état d'esprit dont j'ai besoin. Alors ... essayons.
Il avait lâché le dernier mot avec une certaine réticence qui me fit lever les sourcils au ciel. Lui-même n'y croyait qu'à moitié : j'étais un choix par défaut, par dépit, une option en laquelle il croyait à peine mais pour laquelle il était forcé d'opter, faute de mieux. Je n'avais que peu suivi la fin de saison des Tornades, mais Spielman avait dû faire des performances déplorables ... Leonidas m'adressa un petit sourire.
-Alors Victoria ? Vous vous sentez prêtes pour le grand saut ?
Non, aurait fait une réponse parfaitement honnête. J'avais encore la tête dans mon livre, mon corps n'était qu'à moitié remis des derniers événements et avec dehors la guerre qui s'accélérait je ne me voyais pas vraiment consacrer mon existence au Quidditch. C'était futile. J'avais autre chose à faire de mon temps. Ma famille était en danger, comment pouvais-je simplement rester sur un balai ?
Mais oui, murmura une petite voix, si infime au fond de moi, celle qui s'était trouvée galvanisée par la séance, qui avait retrouvé des couleurs, une force. Le sport, c'était ce qui m'avait en partie constituée en tant que personne et je m'étais rendue compte en bloquant souafle sur souafle à quel point il m'avait manqué, à quel point mon équilibre avait basculé alors que j'en avais été privé juste quelques semaines. Mais de là à consacrer mon existence entière ? L'indécision dût largement se lire sur mon visage, car le petit sourire sur les lèvres de Leonidas s'estompa légèrement. Il consulta rapidement du regard Parkin qui se contenta d'un vague mouvement d'épaule.
-Je la veux à cent pourcent ou rien.
-Parce que je fais moins d'un mètre soixante ? devinai-je avec une certaine amertume. Et qu'avec ce handicap, je dois faire plus d'effort que le ferait Spielman ?
Parkin acquiesça d'un grognement nonchalant, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde et cela m'hérissa. Au point même de faire naître dans ma poitrine un feu qui n'était pas différent de celui qu'avait pu provoquer Simon, ce pic dans les retranchements, cet acculement pour prouver ce que j'avais dans le ventre. Le simple fait de savoir que j'étais un choix par défaut me donnait une envie rageuse et irrépressible de faire mes preuves, de prouver que ce que je valais. Puis un clignement de cil plus tard, je repris mes esprits ; l'exaspération retomba pour ne laisser qu'une profonde lassitude mêlée à un détachement certain. Encore une fois, pourquoi se soucier du Quidditch avec tout ce qui se passait dehors ?
-Vous ne m'aurez pas à cent pourcents. Vous savez pourquoi j'étais absente ces dernières semaines ? On s'est attaqué à ma famille, monsieur Parkin. Dans une telle situation, je suis incapable de vous promettre que je serais à cent pourcent.
Les prunelles de Parkin s'embrasèrent alors que Spielman se laissait aller contre le fauteuil, l'air satisfait. Ce fut cette vision insupportable du coin de l'œil qui me força à ajouter d'un ton calme :
-Mais je suis très professionnelle. Je ferais bien sûr du mieux que je peux, chaque fois que je serais sur un terrain. C'est la meilleure promesse que je peux vous faire. A vous de voir ce que vous préférez avoir. Je ne veux pas vous prendre en traitre.
Je restai silencieuse, raide face au regard de plus en plus songeur de Rudolf Parkin. Descendant d'une longue lignée de joueurs écossais, ancien attrapeur international de haut rang, il était réputé pour son exigence et son inflexibilité. Réputé et redouté. Heureusement, j'avais des peurs bien plus grande pour ne serait-ce que frémir face à un entraineur. Il finit par se détourner sèchement pour s'adresser au président.
-Tant pis. On va essayer comme ça pour les deux premiers matchs. Actez l'échange.
-Quoi ? s'étrangla Spielman.
-Je fais cela en rentrant de la réunion, promit Leonidas sans se soucier du Gardien outré à côté de lui.
-Parfait. Bennett, entrainement lundi. Surtout, ne sois pas en retard.
Il planta un dernier regard sur moi, à la fois entendu, scrutateur ... et intrigué. Oui, au fond ce monsieur semblait curieux de voir ce qu'il pouvait faire de moi, assez pour passer outre ma taille et mes conditions. Et de nouveau alors qu'il sortait de la pièce, suivi d'un Spielman qui mit un point d'honneur à garder la tête haute et à m'ignorer, cette sensation brûlante monta par vague, empourprant mes joues et m'arrachant un sourire impensable. De l'orgueil.
-Et bien toutes mes félicitations Victoria, me lança Leonidas en se levant. Je vous avais dit que ça sentait bon pour vous cette année ...
-Vous y êtes pour quelque chose ?
Le soupçon tempéra la fierté qui s'était éprise de moi, mais Leonidas secoua immédiatement la tête. Il récupéra un dossier sur son bureau et m'ouvrit galamment la porte. Je ramassai mes affaires avec précipitation et le suivit dans les couloirs lumineux du centre Plumpton.
-Bien sûr que non, Parkin a la tête trop dure pour prendre mon avis en compte et de toute manière je ne compte pas m'immiscer dans les choix sportifs. Mais si vous voulez tout savoir, il comptait déjà terminer la saison avec vous l'année dernière. Malheureusement avec les derniers événements ...
Sa voix s'infléchit légèrement et il fouilla l'intérieur de son veston pour en retirer une boite argentée gravée d'un petit oiseau. Il ouvrit pour en extraire une cigarette qu'il coinça immédiatement au coin de sa bouche. Le tabac allait tuer Leonidas Grims bien avant que la guerre ne pose son œil sur lui ...
-Souvenez-vous, Victoria, souffla-t-il après en avoir tiré sa première bouffée. Quand vous voulez. Je suis à votre service.
-Mais enfin, vous êtes sûr que ...
-Je suis allé visiter ma famille pendant les vacances. Ma tante n'est pas réticente à l'idée, ce qui est une grande approbation. Mon neveu Archer accepte aussi d'accueillir des membres de la famille chez lui – il a un faible pour les exilés, ce coquin ... Enfin bref. Vous n'avez qu'un mot à dire.
Une nouvelle vague monta dans ma poitrine, d'une nature plus ambivalente mais tout aussi suffocante. Un mélange d'angoisse face à une réalité dont je sentais le souffle glacial sur ma nuque, et une bouffée de reconnaissance. Si je ne cédais pas complètement à la panique, c'était parce que Leonidas Grims m'offrait gracieusement cette porte de sortie, cette échappatoire pour ma famille. Si jamais.
-Merci, murmurai-je, la poitrine compressée. Infiniment ...
-C'est tout naturel ... C'est mon seul moyen d'aider. Je dois vous laisser, Victoria, je pars vers la salle des cheminées ... Mes salutations à Simon.
Il m'adressa un franc sourire, accompagné d'un long regard qui tarda à me lâcher, comme s'il voulait faire ancrer cette promesse en moi. Le coup fut réussi : elle raisonna complètement dans mon esprit alors que je quittais le centre Plumpton après avoir salué Philibert, notre sorcier-vigile. La possibilité d'exfiltrer mes parents avait bien sûr était mise sur la table après l'attaque qui avait visé Miro et Jaga. Ils étaient doublement en danger. Tout d'abord, ils étaient les parents d'une née-moldue – moi – qui s'était déjà faite remarquée en défigurant le visage d'un homme qui se trouvait dorénavant dans les rangs des Mangemorts. Mais aussi, ma mère était officiellement la fille de Miroslaw Liszka, héritier d'une lignée de sang-pur polonais connus pour leurs liens avec Grindelwald et la magie noire. Miro qui venait de signifier vertement qu'il n'était pas question qu'il rejoigne les rangs de Voldemort ... Et bien sûr pour eux, le monde était binaire. Qui n'était pas avec eux était contre eux. Et mon grand-père, fort de son expérience, de son histoire, de l'amour qu'il portait pour sa famille en grande partie moldue, venait très clairement de se placer contre Voldemort.
Plus que ma situation, c'était elle qui m'angoissait depuis quelques semaines. Combien de temps avant que les Mangemorts ne fassent payer son affront à mon grand-père ?
Mes sombres réflexions m'accompagnèrent jusqu'à ce que je transplane à Terre-en-Landes, sans réfléchir. Je jetai un regard dérouté autour de moi avant de comprendre où mon instinct venait de me mener, par automatisme : chez les Bones, devant la grande maison victorienne qui ornait la pente de la colline sur laquelle s'étendait le village. J'évitai d'y mettre le moindre orteil depuis quelques semaines, m'y autorisant seulement quand j'étais absolument certaine de ne pas croiser Rose. Ce n'était pas le cas aujourd'hui, pourtant je franchis tout de même le portail avec un soupir. J'avais des nouvelles à partager, des sentiments à extraire et une seule personne dans ce bas-monde était à même de les comprendre.
J'espérai donc trouver du calme et de la sérénité en ouvrant la porte, mais la seule chose qui m'accueillit furent des cris, à peine étouffés par la distance. Je refermai derrière moi, surprise, alors que de l'autre côté du mur s'épanouissait une dispute qui masquait complètement ma venue :
-... as toujours été jalouse de moi, c'est ça le fond du problème ! ça et rien d'autre ! Admets-le qu'on puisse passer à autre chose, parce que là j'en ai ma claque !
-Ta claque ? Non mais tu plaisantes ? Mais c'est moi qui devrais en avoir marre, moi qui devrais envoyer tout valser ! Je me suis effacée dans cette famille pour que Simon et toi vous puissiez prendre toute la place et voilà comment tu me remercies ? En me faisant ce coup-là ?
-Mais je ne savais pas, Susie ! Je ne savais pas, en quelle langue je vais devoir te le dire ? Comment j'aurais pu deviner un truc pareil, enfin !
-Mais il fallait réfléchir ! C'était évident non ?
Frémissante face à la force des cris qui traversaient les murs, je me dépêchai d'atteindre l'escalier sans être vue. Le monter était devenu insupportable et j'avais littéralement l'impression d'être poursuivie par les éclats de la dispute, aussi soutins-je mon effort jusqu'au deuxième étage. C'était le niveau où les murs commençaient à se pencher par endroits et au fond du couloir se trouvait la chambre la plus mansardée de toutes, celle qu'occupait Simon depuis quinze ans. La porte était entrouverte, éclairant le couloir d'un mince filet de soleil que je suivis, attirée par les marques d'agitation à l'intérieur. Je poussai le battant du bout des doigts et le mouvement fit grincer les gongs et annoncèrent mon entrée tels des héraults.
-Par la barbe de Merlin, qu'est-ce qui se passe ici ?
Assis en tailleurs au milieu des carton, Simon sursauta et attrapa à la volée la baguette qui reposait près de lui sur le parquet. Mais le temps qu'il la pointe sur moi, j'avais déjà levé les mains avec un sourire désabusé.
-Du calme, Bones. Je t'assure que c'est moi. Et heureusement d'ailleurs. Si j'étais Mangemort, tes sœurs seraient déjà mortes. Elles n'ont pas bronché quand je suis rentrée ...
Simon poussa un soupir et après m'avoir observé faire quelques pas dans la pièce, abaissa lentement son bras jusqu'à lâcher sa baguette à côté de lui.
-Elles se disputent encore ? Bon sang, ça fait une heure que ça dure ...
-Qu'est-ce qui se passe ?
Les mots résonnaient encore dans mon oreille, beaucoup trop violents pour être simplement issus de Caroline Bones, reine du politiquement correcte et Susan dont l'adjectif qui lui correspondait le mieux était « adorable ». De plus, elles s'étaient toujours bien entendues. La façon dont la mâchoire de Simon se crispa me fit froncer les sourcils. Retourné à ses cartons, les épaules voûtées par la tâche, il repoussa impatiemment une mèche rendue blondie par le soleil qui barrait son front avant de frotter l'arrête de son long nez pointu. Simon avait toujours eu l'air d'un lutin, avec ses tâches de rousseurs et son sourire de coin, mais en l'instant je lui trouvais surtout singulièrement l'air contrarié.
-Assieds-toi, tu n'es pas prête, lâcha-t-il finalement. La bombe est tombée ce matin ...
-La bombe, carrément ?
Simon acquiesça sombrement avant de ranger un livre dans son carton. La pièce en était couverte, des cartons qui s'entassaient contre les murs, des piles d'objets ou de vêtements triés que Simon prévoyait de laisser, un tas de parchemin qui s'était accumulé avec les années, les devoirs, les révisions et qu'il n'avait jamais pris le temps de jeter. L'accumulation de toute une existence dont il faisait enfin le tri, après des années à l'avoir laissé pousser et se diffuser dans un chaos à peine ordonné. Je repoussai une pile de tee-shirt pour m'assoir au bord de son lit et lâchai prudemment mon sac et mon balai à l'un des rares morceaux de parquet laissé libre.
-Allez, je t'écoute. Ça te fera une pause, tu as l'air à bout.
Simon considéra longuement la proposition, un livre dans chaque main sur lesquels il promena ses yeux verts. Puis ses épaules s'affaissèrent de nouveau et il les lâcha brusquement pour venir bondir dans son lit à côté de moi, faisait fi de la pile de pull sur laquelle il venait allégrement de s'assoir.
-Hé ! protestai-je vertement en le repoussant. C'est moi qui les aie pliés, ceux-là !
-Mais je referais tout par magie après !
-Je pensais que c'était « pauvre », la magie ménagère, que ça t'ennuyait ?
-Pas autant que de ranger tout ça à la main ! conclut Simon avec un regard désespéré sur sa chambre en chantier.
Là-dessus, je ne pouvais pas le blâmer. Mais cette étape s'était révélée nécessaire et fastidieuse : il était forcé de faire le tri dans sa vie, et en ça, la magie ne pouvait pas l'aider. Personne ne pouvait le faire – et par ailleurs, Simon ne demandait aucune aide. Depuis qu'il avait pris la décision de quitter la maison de son enfance, il tenait particulièrement à être maître des opérations, à faire valoir sa voix et sa décision. Se retrouver complètement paralysé en juin dernier avait agi sur lui comme un électro-choc et depuis il ne supportait plus que quiconque prenne la moindre petite décision à sa place.
Soudainement gêné, je pris conscience de la distance infime, mais présente qui régnait toujours physiquement entre nous. Simon s'était certes rapproché, mais sans m'effleurer. J'ignorai si j'en étais vexée ou soulagé. S'il l'avait fait, je me serais certainement reculée ..., songeai-je, le cœur serré.
-Alors, Caroline et Susan ? repris-je finalement après m'être éclairci la gorge. C'est quoi le souci ?
-Ce n'est pas un souci, c'est pire que ça. Comme si on avait besoin de ça maintenant ... (d'un geste qui me surprit, il coinça une mèche trop longue derrière son oreille). Enfin bref. Tu te souviens d'Anthony Goldstein ? Il est préfet, il était de la même année que Susan ...
-A Serdaigle, oui ... elle avait le béguin pour lui.
-Le béguin, répéta Simon dans un soupir. Oui, souviens-toi de ça. Tu te souviens de pour qui travaille Caroline ?
Cette fois, ce furent mes yeux écarquillés surmontés de sourcils dressés par la perplexité qui lui répondirent. Ma tête arracha un petit rire à Simon.
-Je vois. Elle travaille dans le cabinet de Myriam Goldstein, la mère d'Anthony. C'est une membre du Mangenmagot ... Et pendant les vacances, elle a pris son fils en stagiaire. Donc Caroline et lui ont quelque peu travaillé ensemble et on a appris ce matin que ... ils n'ont pas fait que travailler.
-Attends. Attends ...
Les éléments s'alignaient dans mon cerveau sans trouver d'assemblage particulier. Je repérai bien les points de concordance sans discerner le dessin final. Simon inspira profondément et coinça son souffle dans sa poitrine creuse. Ses prunelles presque orageuses s'étaient fixées sur la fenêtre en face.
-Oui, je sais, c'est un bordel.
-Ils sont ... enfin, ils ... sortis ensemble ? Caroline et Anthony ?
C'était l'unique conclusion que j'arrivais à tirer et pour autant elle m'apparaissait hautement improbable. Ils n'appartenaient pas au même monde, Anthony était plus jeune, encore étudiant ... le garçon dont m'avait parlé Susan dans de nombreuses lettres. C'était à Susan que ce nom était associé. Susan. Pas Caroline.
Simon se fendit d'un reniflement mêlé d'un ricanement. Il enfouit son visage dans ses mains et exhala un long souffle entre ses doigts.
-Oh sortir je ne sais pas ... mais ils ont couché ensemble ça, c'est sûr.
Je m'étranglais avec ma salive, à la fois devant l'information en tant que telle mais aussi la façon crue avec laquelle Simon me la présentait. Ce n'était dans ses habitudes d'utiliser ce genre de vocabulaire et soudain je me demandais si ce n'était pas de cette exacte manière qu'il l'avait lui-même appris.
-Je te jure. C'est Susie qui a compris ce matin. Ça fait quelques jours que Caroline fait allusion à un gars qu'elle fréquente au bureau ... Susan était curieuse, comme une petite sœur peut l'être, tu t'imagines, elle a commencé à l'interroger. Enfin bref, Caroline a fini par avouer qu'elle couchait avec Anthony depuis le début de l'été.
-Mais ... mais attends ... Attends.
J'accompagnai mes mots d'un geste des mains, à la fois sec et affolé mais qui surtout réclamaient silencieusement du sens à ce que je venais d'entendre. Simon coula sur moi un petit regard moitié amusé, moitié dépité.
-Je t'avais prévenu.
-Mais ... attends ... elle couche avec ... mais il a l'âge de Susan !
-Ce qui fait très exactement trois ans d'écart, Caroline l'a assez répété. Elle va avoir vingt-et-ans dans trois jours, et Anthony dix-huit en septembre. En plus il est majeur. Ça aussi, elle l'a répété plusieurs fois. Ils sont majeurs, ils font ce qu'ils veulent.
Il avait dit cela sur le ton du superbe ennui, encore une fois mêlé dans un souffle qui sembla vouloir expier absolument toute cette histoire de son être. Une nouvelle fois, il repoussa les cheveux qui retombaient sur son front en mèches désordonnées et qui couvraient largement ses oreilles.
-Caroline ne savait pas que Susan avait le béguin pour lui et en vérité je la crois. Elles ne se parlent jamais de leurs histoires de cœur, comment elle aurait pu savoir ? Non, c'est juste ... c'est juste un affreux concours de circonstance, en fait.
-Mais c'est sérieux ? Entre Caroline et Anthony ?
Simon gonfla ses joues et ses yeux s'écarquillèrent légèrement avant qu'il ne relâche tout.
-Difficile de savoir. Au début ça ne l'était pas, mais plus la dispute monte, plus ça le devient. Quand j'ai pris Caroline à part pour en parler, elle avait l'air de dire que c'était une histoire comme ça qui ne passerait pas l'été. Mais quand j'ai abandonné, elle était en train de dire qu'il faudrait bien que Susan se fasse à l'idée parce qu'elle envisageait de le présenter aux parents ...
-Et tes parents ...
-Ne sont pas encore rentrés du travail et ne s'attendent pas au cataclysme qui les attend. Je suis resté avec elle dix minutes avant de comprendre que ma simple présence envenimer les choses. (Un sourire cynique retroussa ses lèvres). Au moins ça fera peut-être oublier mon déménagement l'espace d'une soirée ...
Et ce serait un sacré exploit. Le départ de Simon restait un séisme dans la famille Bones. Certes, Caroline était vite partie après l'obtention de son diplôme, mais rien n'était comparable selon les parents Bones – et surtout Rose. Déjà ce n'étaient pas les mêmes profils : Simon était vu comme moins indépendant que Caroline, et sautait le pas seul, contrairement à elle à l'époque qui avait emménagé avec son ex-petit-ami Andrew. Ensuite ils prenaient le déménagement comme une sanction, une vengeance de Simon après ce qui s'était passé en juin. Ils l'avaient retenu ce jour-là – en échange, il le perdait au quotidien. Enfin, il y avait le lieu. Il ne partait pour n'importe où, n'importe quelle maison. Non, il avait décidé de réhabiliter la maison dont il avait hérité des Croupton, à Oxford. La maison dans laquelle Cassiopée avait passé son enfance. Et ça, c'était une pilule difficile à avaler pour Rose Bones.
Il me l'avait montré de l'extérieur, tout début juillet. C'était une belle bâtisse aux pierres couleurs miel, plus modeste que je ne l'aurais cru, niché dans un écrin de verdure au bord de la rivière Cherwell qui rejoignait la Tamise à Oxford. Malheureusement, elle y avait près de trente ans qu'elle n'était pas entretenue, qu'elle était laissée à l'abandon par Barthemius Croupton, puis Lysandra qui avaient tous deux préférés la maison londonienne. Elle n'était tout simplement pas habitable dans l'immédiat, et surtout j'avais bien compris que Simon ne se sentait pas de vivre seul dans cette grande maison. Et j'avais compris à travers les lignes, en devenant cramoisi, qu'en réalité c'était moi qu'il attendait. Et en attendant que les travaux soient faits et que je me sente prête, il prendrait certainement un appartement en centre-ville.
C'était le plan. Le plan qui mettait les Bones en ébullition depuis quelques semaines, mais de façon silencieuse puisque Simon refusait même l'idée d'en discuter. Même moi j'étais à peine autorisée à émettre une objection. Bien sûr je le soutenais dans son choix, mais avec un pincement au cœur. Pour la première fois, il ne serait plus là, juste en bas de la colline, à quelques minutes à vélo. Alors même si la distance ne signifiait rien pour un sorcier, j'appréhendais réellement ce nouvel aspect de notre vie. A un moment où nos liens semblaient distendus, voir partir Simon créait chez moi une panique que j'efforçais de masquer de mon mieux.
-C'est prévu pour quand, déjà ? m'enquis-je innocemment.
-J'ai promis que je resterai au moins jusque mon anniversaire ... mais je sais pas. Symboliquement, j'aimerais bien partir avant le 13 ...
Le 13 août. La date à laquelle toute sa famille avait été décimée, dans cette même maison, bientôt seize ans plus tôt. Un long frisson glacé me parcourut la colonne vertébrale et je tournai mon visage vers le soleil pour le chasser.
-Tu nous laisses six jours entre les deux ...
-Cinq, rectifia Simon avec un sourire amer. Il est hors de question que je passe un autre 13 août ici ... Je sais, c'est court. Mais Emily a promis qu'elle m'aiderait et on est des sorciers, non ?
J'acquiesçai silencieusement, soulagée. Oui, il avait raison, avec la magie déplacer toutes ses affaires ne devraient pas prendre plus d'une journée. Julian lui avait proposé de prendre en attendant l'un des chambres que l'IRIS réservaient à ses étudiants qui souhaitaient vivre sur place, au cœur de l'université, mais elles étaient obligatoirement à partager et Simon n'était pas un animal particulièrement sociable. Faute de mieux, il avait accepté le loft au centre-ville que lui proposait son père George et que louait un couple de sorcier Londonien qui travaillaient avec lui au Ministère.
-Moi aussi je serais là, rappelai-je machinalement, remarquant à contre-temps qu'il n'avait évoquer qu'Emily. Pour aider.
Simon haussa les sourcils et un fin sourire retroussa ses lèvres.
-Toi, tu vas m'aider à quitter Terre-en-Landes ?
-Ne retourne pas le couteau dans la plaie Bones, tu vas mettre à mal mes résolutions. Je t'ai promis que je serais là, non ?
Les mots, pourtant sincèrement plein de bonnes volontés, jetèrent un froid dans la pièce que cette fois les rayons du soleil ne parvinrent pas à réchauffer. Simon détourna les yeux et crispa des mâchoires. Il y eut quelques instants de flottement, lourd et pesant presque physiquement entre nous jusqu'à ce que Simon décide de se lever pour retourner à ses cartons. Son départ, pourtant loin d'être brusque, me fit tressaillir. Je portai une main à mon front, incapable de savoir réellement comment réagir.
-Pardon, je ne voulais pas ...
-Je sais, me coupa-t-il d'un ton las. Je sais, Vicky. Ne t'excuse pas.
Je ramenai mes genoux contre ma poitrine, largement embarrassée. Je le contemplai toujours mais Simon s'était de nouveau assis au milieu des cartons et remit à tirer des livres, le visage impassible mais les épaules tendues, presque relevées de part et d'autres de sa nuque. Une boule désormais familière vint se loger au creux de mon estomac, mélange des restes de colère passée et présente. L'attaque de juin avait été la première véritable fracture entre nous. Pourtant nous avions eu, des bas, des moments atroces où nous étions incapables de nous entendre, jusqu'à nous faire du mal, des moments où j'avais l'impression de le perdre, qu'il m'échappait ... Mais jamais, jamais il ne m'avait abandonné. Pas même quand nos relations se résumaient à des cris, des insultes et des coups, comme lorsque j'avais été agressée par Nestor Selwyn en première année. Ni même quand son attention était toute tournée vers Cédric pendant le Tournoi et où je m'étais trouvée menacée par des lettres. Jamais, pas une seule fois, Simon n'avait failli. Qu'il l'ait fait alors que nous étions plus proches, plus fusionnels que jamais avait été une chute bien trop rude pour nous deux.
Je pris une profonde inspiration destinée à chasser la boule de colère et d'embarras dans mes entrailles. Si j'avais été incapable de lui trouver des excuses dans les jours qui avaient suivi l'attaque, je tentai depuis de faire les efforts nécessaires pour retrouver le naturel, laisser cet événement derrière nous. Lui avait montré qu'il était prêt à tout faire pour surmonter ses immenses fragilités ... Même si dorénavant, nous étions tous deux conscients qu'elle ne disparaîtrait jamais et je devais apprendre à vivre avec. Mais c'était loin d'être simple. Chaque petite mention, même innocente, nous ramenait à ce soir-là et abattait de nouveau un mur entre nous. Parfois, je me sentais incapable de recevoir sa tendresse, lui trouvai quelque chose de faux, de décalé, comme si m'abandonner ce jour-là ça avait été m'abandonner pour toujours et que depuis je doutais de sa sincérité. C'était toute notre confiance, cette confiance aveugle qui avait notre force, notre socle, qui s'était fracturée. Et Dieu que c'était dur, frustrant, éreintant de se remettre de cela.
Mais c'était Simon. Simon Sirius Bones. Et pour lui, j'avais toujours été déterminée à déplacer des montagnes.
Ce fut pour cela que je parvins à m'arracher du lit pour me glisser à côté de lui sur le sol. Je déplaçai un carton pour prendre place à côté de lui et enroulai mon bras autour du sien avant de poser ma tête sur son épaule. Je sentis Simon se détendre à mon contact, son souffle doucement se relâcher, son épaule s'affaisser sous ma joue. Il ne cessa ses activités, mais d'un geste moins énervé, moins fébrile, plus apaisé. Je restai simplement là, appuyée sur lui, à l'observer trier ses livres, à apprécier le naturel qui revenait par petite touche avec en point d'orgue le baiser que Simon plaqua timidement dans mes cheveux. Un petit sourire retroussa mes lèvres. Depuis un mois, c'était extrêmement difficile pour lui de venir vers moi. A dire vrai, il s'était complètement bridé, m'avait laissé le monopole de l'initiative, de peur d'empiéter mon espace – mais surtout, que je le repousse. Qu'il se permette de nouveau ces petits gestes était à la fois encourageant mais aussi teinté d'appréhension. Aujourd'hui, je réagissais tout à fait favorablement ... mais je savais qu'il suffisait d'un grain de sable, un mot, une sensation, pour de nouveau enrayer la machine.
-Tu ne prends pas Voyages avec un Vampire ? fis-je mine de m'étonner en le voyant placer le visage souriant de Gilderoy Lokhart sur la pile qu'il n'emportait pas à Oxford. Mais on ne les avait pas brûlés ces livres, en rentrant ?
Un petit sourire joua sur les lèvres de Simon à l'évocation du feu de joie que nous avions fait le soir même de notre retour à Terre-en-Landes en quatrième année. Les derniers mois avaient été particulièrement angoissants avec l'ombre du monstre de Serpentard qui planait sur les murs et nous avions eu besoin d'expier tout cela, accompagné de Susan et de Caroline qui s'étaient elles aussi prêté au jeu.
-Il faut croire que j'en ai un qui a échappé à la purge, estima-t-il en examinant le livre. Tu crois que ça mériterait un autre feu ?
-On pourra le mettre avec celui d'Ombrage ! m'enthousiasmai-je en me précipitant pour trouver le manuel d'Eskivedur qui avait fait notre cauchemar de septième année. Attends, s'il y en a une qui mérite le bûcher, c'est elle !
Simon s'esclaffa doucement et mit soigneusement les deux livres sur une nouvelle pile mentalement annoté de « A brûler ». Je m'étais quelque peu écartée, mais son bras passa naturellement dans mon dos, effleura doucement ma taille. Le geste était simple, mais oublié et réveilla par frémissement des sensations endormies dans mon ventre. Mue par elles, je n'eus aucun mal à me blottir de nouveau contre Simon et à cette fois niché mon visage dans son cou pour y déposer un baiser. Je sentis sa peau s'hérisser sous mes lèvres et Simon se figer contre moi, visiblement pris de court, et incapable de répondre à mon geste. La gêne faillit refroidir mes ardeurs, me paralyser à mon tour et je me fis violence pour la reléguer au fond de moi pour lever le visage vers Simon et l'embrasser avec douceur, pour tester sa réaction, pour le rassurer, comme à nos débuts où il avait été un petit oiseau effrayé par l'amour. Et une nouvelle fois, mon contact le fit lâcher prise, décrispa tout son être. Timidement, il porta une main à ma gorge, la glissa sur ma nuque pour passer ses doigts dans mes cheveux, approfondir le baiser auquel je m'abandonnai totalement, grisée. Définitivement, il n'y avait qu'en l'embrassant que j'arrivais à totalement oublier ... la chaleur effaçait tout, les souvenirs, la paralysie, la gêne et ne laissait plus que notre plus primaire instinct. Et le nôtre demandait simplement à se retrouver.
-Toc, toc ?
L'interruption fut accompagnée de vrais coups frappés au battant, pourtant plaqué contre le mur, laissant la porte grande ouverte. Simon poussa un grognement de frustration tout contre mes lèvres avant de s'écarter d'un souffle pour fusiller l'impudente du regard. Caroline s'était déjà avancée dans la pièce avec un petit sourire qui n'augurait rien de bon.
-Heureusement que c'est moi et pas maman, plaisanta-t-elle.
-Et heureusement que Vic' n'était pas un Mangemort sinon vous seriez morte dans la salle à manger, répliqua sèchement Simon.
-La maison est protégée. Mais puisqu'on en parle ... (Elle joignit ses mains à hauteur de son cœur en prière). Est-ce que tu peux s'il te plait faire entendre raison à Susan ? Elle est persuadée que je fais un caprice ...
-Ce n'est pas complètement infondé ...
Le beau visage de Caroline s'empourpra. Les deux sœurs avaient hérité de Rose son visage en forme de cœur et son nez retroussé, mais seule l'aînée avait en plus sa chevelure d'un brun mordoré et ses yeux bleus étincelant. Ce qui faisait que contrairement à Susan et ses yeux verts, elle n'avait strictement aucuns traits communs avec Simon.
-Alors tu crois aussi que c'est un caprice ? s'offusqua-t-elle. Mais enfin je pensais que tu avais compris que je ne savais pas que Susan craquait sur Anthony, que ...
-Oui, ça je le sais, assura Simon avec lassitude. Mais tu fais mal à ta petite sœur et comme ce n'est pas sérieux ...
-Mais arrêtez de dire que ce n'est pas sérieux ! On n'a pas encore décidé de ce que c'était encore !
-Justement, non ?
Mal à l'aise, je donnai un léger coup dans la jambe de Simon. Les mots de Caroline faisaient trop échos à nos balbutiements : Simon et moi avions nous aussi tardé à nous définir. Ce n'était même pas encore complètement clair ... alors un manque de définition n'induisait pas nécessairement une relation qui n'était pas sérieuse. Simon me jeta un regard exaspéré avant de reporter son attention sur Caroline :
-Il y a une heure, tu me disais toi-même que c'était quelque chose qui ne passerait pas l'été, non ? Alors tu peux y mettre fin un peu plus tôt pour ménager Susan ?
-Pourquoi je te parle ? ragea-t-elle en tapant du pied. Evidemment que tu es de son côté, évidemment ! Je te rappelle que je te soutiens dans ton idée de déménagement !
-Evidemment, tu attends ça depuis toujours ...
-Ne commence pas Simon !
Simon se contenta de lever les yeux au ciel avec un certain ennui. Ils ne s'étaient jamais véritablement entendus, et j'avais fini par comprendre que Caroline jalousait la place que son frère avait pris dans la famille. Héritier malgré deux ans de moins qu'elle, une vulnérabilité et une histoire qui lui valait toute l'attention de sa mère ... Alors qu'il se détache enfin du foyer familial devait être une sorte de triomphe pour Caroline. Elle repoussa ses cheveux bruns derrière son épaule et darda un œil étincelant sur Simon.
-Je ne sais pas où ça va mener, Anthony et moi. Mais je ne vois pas pourquoi ce serait moi qui devrais faire l'effort, cesser de le voir pour la ménager. C'est juste un béguin d'adolescent, elle peut passer outre aussi, non ? Pourquoi c'est à moi qu'on demande et pas à elle ?
Les arguments étaient à la fois puériles et raisonnés, et Simon ne trouva visiblement rien à répondre d'autres. La seule chose qui devait faire la différence pour lui, c'était que la peine de Susan le touchait plus que celle de Caroline ... Mais moi, je restais perplexe. Je n'arrivais pas à m'enlever qu'elle était une femme, indépendante, active ... et qu'Anthony, tout majeur qu'il était, était encore un étudiant à Poudlard. La relation était trop déséquilibrée pour que j'y sois sensible ...
-Tu crois vraiment que ça va mener quelque part ? objectai-je prudemment.
-Oh non, Vic', lança-t-elle en levant un index. Non, ne me mets pas la différence d'âge sous le nez ! On a à peine trois ans d'écart, ce n'est rien ça ! Je suis désolée, quand c'est l'inverse et que le garçon est plus âgé, on ne leur dit rien, non ?
-Et puis ça n'a pas à avoir de sens ..., toussota Simon de façon à être entendu par moi seule.
Si les arguments de Caroline m'avaient laissé dubitative – pour moi, l'inversion des rôles n'auraient rien changé mais j'étais sans doute naïve – celui de Simon eut pour mérite de me clouer le bec. Non, l'amour n'avait pas à avoir de sens. C'était cette maxime qui m'avait accepté mes sentiments pour lui, alors que mon cerveau surchauffait à trouver une logique à notre histoire.
Mais Caroline et Anthony, ce n'était pas Simon et moi. Loin s'en fallait ...
-Ecoute, je vais voir comment se passe l'été, conclut Caroline en redressant le menton. Et si je sens que ça peut continuer, alors ça continuera. Si tu veux vraiment que Susie aille mieux, essaie de lui faire accepter ça.
Sur ce, elle s'en fut en furie, le nez en l'air, nous laissant pantois au milieu de carton. Désespéré par la tempête qui s'annonçait dans sa famille, Simon saisit un volume au hasard pour le plaquer contre son front avec un gémissement.
-Ce n'est pas possible ... J'ai l'impression qu'il y a quinze ans de ressentiment qui explosent en quinze jours !
-C'est exactement ce qui se passe, confirmai-je en posant une main sur son épaule, compatissante. C'est le problème quand on ferme les yeux pendant quinze ans, ma petite crevette.
La pique fut atténuée par le surnom familier et ce fut visiblement cette dernière que choisit de retenir Simon. Un sourire frémit sur ses lèvres et il me répondit avec un automatisme des plus délicieux :
-Crevette toi-même. Mais sérieusement on n'avait pas besoin de ça ! En soit, Caroline a raison, pourquoi ce serait à elle de se sacrifier ? Mais Susan le fait depuis qu'elle est toute petite et pour une fois qu'elle veut être égoïste on doit lui dire non ? Mais Anthony préfère visiblement Caroline – pourquoi, je vous le demande !
-Parce que c'est une femme et pas une fille. Et pour certains garçons c'est attrayant.
Visiblement, la logique échappait complètement à Simon qui secoua la tête d'un air consterné. Néanmoins, il venait de soulever l'argument qui donnait raison à Caroline. Peu importe ce qu'ils étaient, c'était avec elle qui voulait être. Pas Susan. Mon cœur saigna pour elle, cette douce jeune fille qui s'efforçait depuis un an à s'affirmer, à sortir de sa carapace et qui ne se voyait pas récompensée de ses efforts.
-Je dois aller faire un câlin à ma Susie-Jolie.
-Déjà essayé. Elle ne veut pas de câlin. Elle veut hurler sur Caroline. Susie-Jolie a grandi ...
Il y avait à la fois de la mélancolie et de la fierté dans la voix de Simon, mais surtout beaucoup de fatigue. Il se frotta par ailleurs l'œil dans un geste presque enfantin, le poing fermé, l'air extrêmement las, avant de repousser de nouveau ses cheveux derrière son oreille.
-Bones, il faut vraiment que tu fasses une pause, décrétai-je finalement avant d'examiner la longueur des mèches qui couvraient sa nuque et ses oreilles. Et que tu passes chez le coiffeur, ça devient n'importe quoi. Déjà que tes cheveux n'ont pas forcément de projet dans leur état normal ...
-Je sais, Bill m'a fait la même réflexion avant-hier ...
-Ah ... comment ça va, de leur côté ?
Simon haussa les épaules. Depuis la mort de Dumbledore, nous avions dû abandonner ce qui faisait office de quartier général, le 12 Square Grimmaurd, l'ancienne maison de la famille Black aujourd'hui éteinte par les mâles. Le secret était en effet passé à tous, y compris l'assassin de Directeur, notre ancien professeur de Potion Severus Rogue. Un frisson glacé me parcourut la colonne alors que dans mon esprit flottait les yeux noirs et froid de l'homme qui m'avait tant terrifiée pendant ma jeunesse. Et en échos au fond de ma tête se faisait entendre la conversation lunaire que j'avais surpris entre lui et Igor Karkaroff, le soir de la mort de Cédric.
-Il te tuera, Severus ! Tu es devenu le chien de Dumbledore, il ne te laissera pas en vie après ça !
-Eh bien que la mort. Je ne suis pas un lâche, Igor.
Non, songeai-je, les poings serrés sur mes genoux. Non, vous êtes pire. Ce que j'avais vu comme une sorte de courage à l'époque m'apparaissait comme la pire des impostures. Il était resté, certes. Simplement pour se maintenir près de l'homme qu'il était destiné à tuer. C'était écœurant.
-C'est compliqué, admit Simon à voix basse. La maison des Weasley est devenu une sorte de QG, si on veut, mais j'ai l'impression qu'avec la mort de Dumbledore ils ont du mal à se réorganiser ... En tout cas Bill m'a dit que pour l'instant, la priorité, c'était Harry.
-Potter ?
-Tu vois quelqu'un d'autre ? Il est la priorité de Tommy, Vicky. Donc celle de l'Ordre. En plus je crois qu'il va avoir dix-sept ans là, la semaine prochaine d'après Bill ... C'est un moment charnière pour un sorcier, dix-sept ans. Symboliquement, mais aussi magiquement.
C'était prononcé avec une certaine gravité qui ne me laissa pas d'autres choix que de ravaler mon scepticisme pour hocher la tête.
-Bien ... Et donc ils vont le protéger jusque ses dix-sept ans ?
-Et sans doute après. Il vit chez des moldus ... Dumbledore mort, Tommy va concentrer toute son attention sur Harry. Je ne pense pas qu'ils pourront prendre le risque de le laisser là-bas ... (Simon se frotta le visage). Enfin bref, je n'ai pas les détails, je pense qu'ils préfèrent régler ça en petit comité. Et aussi qu'avec tout ce qui se passe chez nous, ils préfèrent nous laisser tranquille.
-Amen. On a déjà assez géré ... Oh et au fait, Leonidas m'a ...
Mais je fus interrompue par l'entrée de Susan. La jeune fille ne toqua pas, ne parla pas, se contenta de débarrasser le lit d'un coup de baguette qui envoya les affaires de Simon valser partout dans la pièce avant de s'y laisser tomber avec un hurlement de fureur si terrifiant que je m'en plaquait contre Simon. Il passa un bras autour de ma taille et enfouit son visage dans mes cheveux dans une position de repli. Je contorsionnai mon bras pour caresser sa joue.
-Courage, courage...
-Je suis à deux doigts de demander de venir me cacher chez toi.
-Tu es le bienvenu, mais bientôt tu auras ta propre maison dans laquelle te cacher.
Simon soupira dans mes cheveux avant de se lever et de rejoindre Susan toujours allongée dans le lit, les poings serrés sur la couverture, ses cheveux roux flamboyants formant une auréole sur les draps.
-Tu ruines les efforts de Vicky, Susie.
-Désolée, je rangerai tout, promit-t-elle, le visage toujours enfoncé dans le matelas. Mais je ... juste ... ARGH !
Elle battit des pieds comme une enfant et Simon pinça l'arrête de son nez, l'air de chercher les mots qui pourrait calmer sa jeune sœur. D'un bond, je pris place également sur le lit, m'allongeant sur le ventre parallèlement à Susan et tirai une mèche de ses cheveux.
-Allez ma Susie ... Tu l'as dit toi-même, ce n'était qu'un béguin ... et tu savais que ça ne mènerait à rien ...
-Mais c'est le principe ! De tous les garçons – que dis-je ? Des hommes ! – de ce monde, il a fallu qu'elle tombe sur le seul qui ai trouvé grâce à mes yeux en dix-sept ans ? Mais je rêve !
Elle se retourna vivement sur le dos, attrapa à l'aveugle un oreiller et le plaqua contre son visage pour étouffer un nouveau cri sous notre regard consterné. Susan avait toujours été un exemple de pondération et de joie de vivre. On avait pu la voir triste, mélancolique, réprobatrice mais rarement en colère – et surtout pas furieuse.
-Ce n'est pas sa faute, c'est juste ... un mauvais concours de circonstance, tenta de faire valoir Simon avec calme. Vraiment Susie, comment elle aurait pu deviner ... ?
-Elle ne pouvait pas, concéda-t-elle sans émerger de l'oreiller. Mais quand même, il faut être tordue pour coucher avec quelqu'un de ma classe ! Mais c'est gênant comme tout ! Sim', des gens savaient que je craquais pour Anthony et maintenant quoi ? Ils vont apprendre qu'il est avec ma sœur ?!
C'était humiliant, admis-je, le cœur morcelé pour Susan qui lâcha un gémissement dans l'oreiller. Surtout lorsque je connaissais le manque de confiance en elle de la jeune fille ... dans sa tête, Caroline incarnait tout ce qu'elle n'était pas : belle, sûre d'elle, drôle. Et c'était des deux c'était elle qu'Anthony avait choisi ...
-Et lui, il savait ? demandai-je avec douceur.
-Je n'en sais rien ... (Elle abaissa un peu son coussin pour laisser apparaître son regard vert qu'elle planta sur moi). J'ai essayé de flirter, l'année dernière. Padma et Hannah m'y ont poussé ... Je ne sais pas s'il a vraiment capté, mais il n'a pas trop réagi. C'est pour ça que je me suis dit que c'était mort ...
Simon parut avaler sa glotte et je lui lançai un regard d'avertissement. Les relations amoureuses avaient toujours été un terrain délicat pour lui et c'était pire quand cela concernait sa petite sœur chérie. Je reportai mon attention sur Susan pour lui caresser tendrement les cheveux.
-C'est qu'il ne te mérite pas. Laisse-le être avec Caroline, « voir où ça va ». Si ça se trouve, ça se cassera la figure, et tu pourras sortir de là la tête haute. Et un jour tu trouveras quelqu'un de cent fois mieux qui vaudra la peine que tu déploies autant d'énergie.
-Et si quelqu'un te fait la moindre remarque à l'école, ce sera le moment de montrer ta toute nouvelle forte tête, ajouta Simon avec une certaine malice. Ainsi que tous les maléfices que tu appris dans ton club de défense illégal ...
-L'A.D., rectifia Susan, l'air néanmoins séduite par l'idée. Je peux me dire ça, oui ...
Elle se redressa sur les coudes, l'air moins hors d'elle, mais infiniment plus triste. C'était insupportable de voir une telle expression sur le visage d'ordinaire si joyeux de Susan. Mon regard passa d'elle aux traits marqués par la fatigue de Simon et une idée germa dans mon esprit.
-Venez dîner à la maison, proposai-je finalement. Ça laissera la soirée à Caroline pour parler d'Anthony à vos parents et ça vous fera à tous les deux une petite pause. En plus on a des choses à fêter ...
Cette fois, Susan se releva d'un bond en étouffant un cri.
-Mais oui, la signature de ton livre ! On s'est à peine vues depuis, on n'a pas eu le temps de boire à ça ...
-Ce n'est pas tout. Je ... enfin, je passe titulaire chez les Tornades.
Il eut un instant de silence où le frère et la sœur me contemplèrent, sonné et ébahis. Puis un immense sourire fendit le visage de Susan et elle me sauta au cou, nous envoyant toutes les deux contre le matelas.
-C'est vrai ?! Oh par les chaussettes de Merlin, Vic', c'est merveilleux, félicitations !
-Tu sais ça depuis quand ? s'étonna Simon, l'air à moitié vexé.
-Là, Leonidas vient de m'en parler, le rassurai-je quand Susan s'écarta, tous sourire. C'est ce que j'allais te dire avant que la miss n'arrive. (J'envoyai une pichenette sur la tempe de Susan qui s'esclaffa). Mais du calme, c'est juste un test pour les deux premiers matchs ...
-Et ... ça va aller ?
-Ça va aller ? répéta Susan, incrédule. Simon, elle va la Gardienne titulaire des Tornades de Tutshill, une des meilleures équipes de la Ligue – et même d'Europe ! Elle va avoir une renommée internationale, maintenant, le salaire qui va avec ! C'est extraordinaire !
Simon papillonna des yeux avant de les vriller sur moi, l'air vaguement inquiet.
-D'accord, je réitère ma question.
J'eus un doux sourire, à peine crispé par l'appréhension qui venait de me tordre le ventre à l'exposé de Susan. C'était aussi pour cela que j'aimais Simon : avec moi, il était le seul à avoir la réaction juste. Eclater de rire en me voyant les cheveux lisses, être fier que je refuse de donner ma cape à un elfe, s'inquiéter à l'idée d'une promotion qui de toute évidence pour lui risquait de m'angoisser à plusieurs degrés. Ce n'était pas le moment idéal dans ma vie pour consacrer ma vie au Quidditch, il le savait. Peut-être doutait-il également de mon envie d'avoir une telle place et il avait raison. Jamais je n'avais eu une telle ambition. Jamais je ne me serais cru capable d'atteindre cela, cette place de titulaire dans l'un des meilleurs clubs du continent. C'était vertigineux, inimaginable.
Et pourtant. J'y étais, moi la petite Victoria Bennett qui n'était entrée dans le milieu du Quidditch que parce que Cédric Diggory m'y avait contrainte et forcée. Je m'étais élevée à force de travail et d'acharnement au plus haut niveau. Le dépit de Parkin me donnait envie de me dépasser encore, de prouver qui j'étais. Et j'aimais ça. Oui, j'aimais voler, j'aimais me faire du mal sur un terrain, j'aimais exulter ou pleurer au milieu de mes coéquipiers. Le sport, c'était un condensé intense de la vie. Et ma vie était courte. D'autant plus courte que nous étions au milieu d'une guerre risquait chaque jour de me ramener à l'ombre et la poussière.
Avais-je vraiment d'autres choix que de prendre chaque jour les opportunités que le destin m'offrait ?
***
Alors votre verdict?
Petit point pour Caroline/Anthony/Susan : certain.es d'entre vous trouveront peut-être ça bancal et drama pour rien à un moment où j'avais autre chose à traiter. Ce que vous ne savez pas, c'est qu'avant O&P, j'ai écrit Lucy Weasley (devenue depuis Les fantômes des oubliés) et que j'y couvre (paradoxalement de façon importante et superficielle) le couple entre une soeur de Susan et Anthony Goldstein.
Sachez que c'est à cause de ce point très précis que j'ai failli et choisi pendant au moins une partie de ne pas lier les deux histoires. Puis j'ai décidé de le faire quand même parce que ça aurait été trop bête et trouver cette solution pour combler les trous d'une manière ou d'une autre. J'ai lentement essayé de poser les jalons dans la P3 mais je doute que tout le monde l'ait perçu ... Mais voilà, ça me semblait important de faire de la place à ce noeud entre mes deux fanfics !
J'espère que ça vous aura pas paru trop bancal et que le chapitre vous aura plus <3 On se retrouve dans deux semaines. Attendez, où je serais dans deux semaines? Et bien je crois que je serais encore à Lisbonne (oui j'ai un mois de juillet très chargé !)
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