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III - Chapitre 9 : Jeu, dupes et match

L'italique. 

Je n'en peux plus de l'italique. 

C'est insupportable. 

Bref Bref. Comment vous allez tout le monde? 

Pour ceux qui ne sont pas au courant, la première partie d'un nouveau bonus est posté sur mon bonus Book ! Et je pense que le thème devrait leur plaire ... héhé. 

Sinon. Nous repartons pour un chapitre ! Bon normalement, la dynamique commence à s'enclencher - je suis infiniment désolée du temps que ça a appris, peut-être que vous avez trouvé les chapitres un peu vains mais j'avais vraiment besoin de ce temps pour prendre tout en main ! J'espère que ça vous va quand même ! 

Allez, bonne lecture ! 

*** 

Après beaucoup d'années où le monde m'a offert beaucoup de spectacles, ce que, finalement, je sais de plus sûr sur la morale et les obligations des hommes, c'est au sport que je le dois.

- Albert Camus 

***

Chapitre 9 : Jeu, dupes et match

-Qu'est-ce que c'est ?

J'observai l'image que Lupin me collait sous le nez, celle d'une vieille zone de grande surface désaffectée et dont les mannequins qui hantait la vitrine faisaient froid dans le dos. Comme pour les trois précédentes, je dus admettre mon ignorance et Lupin la montra à Simon qui répondit immédiatement :

-C'est Ste Mangouste.

-Vous avez caché un hôpital là-dedans ? m'indignai-je, tant l'endroit paraissait miteux. Et comment tu peux savoir ça ?

-J'y suis allée à neuf ans, je me suis fait mordre par un gnome de jardin.

-Oh pauvre petit chou, railla Fred alors que George s'esclaffait. Tu sais ce qu'on en fait des gnomes de jardin ? On joue à qui le lance le plus loin. On voulait essayer avec Bennett, mais chose miraculeuse : il semble qu'elle soit trop grande pour l'activité.

Je levai les deux doigts pour faire un signe obscène de la main, ce qui redoubla le rire des jumeaux. La séance d'aujourd'hui était la plus tranquille et la plus apaisée depuis le début. Sans doute parce qu'elle était très théorique : le but était de reconnaître les lieux socles de la communauté sorcier. Le Ministère, Ste Mangouste, le chemin de Traverse, la résidence de Scrimegeour et même quelques lieux de société comme des clubs ou des bars fréquentés par les sorciers. Quelques coups furent frappés à la porte de l'appartement des jumeaux et Fred ouvrit à une Renata à moitié enveloppée dans une cape d'invisibilité. Elle la lui tendit avec un faible sourire.

-C'est pratique. Mais j'ai transplané à presque un kilomètre de la résidence du Ministre, j'ai dû marcher un peu ...

-Au moins maintenant tu sais où c'est, la rassura Lupin avec un sourire indulgent. C'est important que vous sachiez vous réparer dans la carte sorcière : parfois les missions sont imprévisibles et un indice peut vous mener rapidement à l'un de ses endroits... George, à toi. L'entrée du Ministère.

-C'est pour que je fasse de l'exercice ? railla George avec une grimace.

Vous venions de l'apprendre : le Ministère avait lourdement renforcés sa sécurité. Face à la menace qui pesait sur les cheminées, seuls les hauts fonctionnaires pouvaient connectés la leur aux locaux. L'entrée officielle était protégée sur un rayon de près de cinq cent mètres qui interdisaient les transplanages et expliquait que George doive trouver l'entrée à pied. Il prit la cape délaissée par Renata et s'en drapa d'un geste somptueusement royal avant de sortir. La jeune fille reprit sa place et pointa la photo que Lupin tenait toujours.

-Ste Mangouste, récita-t-elle sur le ton d'une bonne élève avant de se tourner vers Fred. Quand j'aurais mon premier salaire, je vous achèterais sans doute l'une de vos capes. Elles sont de belles factures je trouve ...

-C'est pour ça qu'elles sont à cent quarante-neuf Gallions et neuf Mornilles.

Renata grimaça. C'était une certaine somme pour n'importe quelle bourse. Simon leur jeta un regard torve.

-Et vous ne faites même pas de prix pour nous et la bonne cause ?

-Un prix pour toi ? demanda Fred, l'air amusé. Avec tout l'or qui doit dormir chez les Bones ? Rêve, va, ça te va bien. Et pour info, tu payes pour Bennett, aussi.

-Pourquoi ?

-Parce que j'ai décidé que vous faisiez un lot.

-Ça ne veut pas dire qu'il m'entretient, rétorquai-je, piquée au vif. Si je dois payer, je le ferais toute seule.

Je me retranchai dignement derrière une carte de Londres. Simon venait de lever les yeux au ciel d'un air désabusé et cela m'avait agacé. Des petites croix d'encre rouge désignaient les différents lieux de société que nous aurions à reconnaître quand les vertes indiquaient les institutions. Je me désintéressai vite de cela pour glisser sur les monuments importants de Londres. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Incroyable qu'en dix-huit ans de vie je n'aie pas visiter une seule fois la capitale ... Quel anglais n'avait pas fait son pèlerinage à Buckingham Palace pour saluer la reine ? Et toutes les infrastructures culturelles ... Londres, c'était le savoir. Mon esprit divagua rapidement sur le projet dans lequel nous nous étions plongés à coeurs perdus, pressées de nous rendre utiles alors que la liste des morts et des disparitions s'allongeait. Je passai un doigt gourmant sur la National Gallery sur Trafalgar Square et baissai brusquement la carte pour fixer Simon. Il dressa un sourcil, surpris de l'attention.

-Quoi ?

-On n'irait pas faire un musée un jour ?

-Quoi ?

-Un musée. Tu sais, les grands bâtiments avec les tableaux. Pas des tableaux, forcément. J'ai toujours rêvé de faire le British Museum.

Simon cligna des yeux, puis un sourire entendu retroussa ses lèvres.

-Avoue que c'est une vaste machination pour m'enfermer dans un sarcophage ...

-Ah, ça je connais ! soupira Fred en mettant une main sur son cœur, l'air soulagé de pouvoir comprendre un mot de notre conversation. On en a vu en Egypte, quand on est allé visiter mon frère Bill. On a visité des pyramides ...

-Vraiment ?

-Sérieux ?

Ma réponse et celle de Simon se télescopèrent et nous échangeâmes un petit sourire. Son regard s'était mis à étinceler à la mention des pyramides et il s'était redressé, l'air aux aguets. Nos intérêts divergeaient – lui la magie qu'elles renfermaient, moi leur histoire – mais notre fascination restait la même. Fred eut l'air amusé d'avoir ainsi provoquer notre curiosité.

-On a essayé d'enfermer mon frère Percy dans l'une d'entre elles, si tu veux un tuyau, Bennett.

-Et ton frère Bill, il faisait quoi en Egypte ?

-Briseur de sorts pour Gringrotts.

-Tu t'entendrais bien avec, évalua Lupin avec un mince sourire à l'adresse de Simon. Vous avez la même élégance magique, si je puis dire.

-Oh je vous en prie, râlai-je en abaissant définitivement ma carte. Ne flattez pas son égo, je prends tellement soin à le dégonfler !

-C'est toi qui vas finir enfermer sous une pyramide, rétorqua sèchement Simon.

Lupin éclata de rire et Renata daigna esquisser un sourire. Elle s'était éloignée et je vis de la brume blanche se dissiper de son coin. Je penchai la tête, intriguée.

-Tu veux de l'aide ? proposai-je charitablement.

-Pour créer un patronus ? répliqua Fred à sa place, la commissure des lèvres relevée en un sourire ironique. Il faudrait que tu aies le tien Bennett non ?

Je levai les sourcils, indignée et glissai de nouveau mon regard vers Simon. Il me fixait calmement, son bras négligemment plié sur son genou, un pâle sourire aux lèvres. Quelque chose dans l'étincelle de ses yeux me défiait silencieusement. Et comme je n'avais jamais su résister à un défi lancer par Simon, je m'exécutai :

-Spero patronum.

Je craignis l'espace d'un instant que mon expérience tourne au court, mais ce fut bien un petit colibri argenté qui jaillit de ma baguette et s'éleva dans la pièce en battant frénétiquement des ailes. Lupin se redressa subitement, interloqué et Renata écarquilla les yeux. Mais Simon comme moi fixions Fred, qui suivait l'oiseau du regard, bouche bée. La surprise passé, Lupin éclata d'un rire tonitruant et communicatif.

-Et qu'est-ce que tu dis de ça ?

-Que je vais laisser Bones se moquer de Bennett, maugréa-t-il en se refrognant dans son fauteuil. Il fait ça mieux que moi !

-Amen mon frère, se réjouit Simon avec un sourire sarcastique.

-Mais il est tout petit, s'étonna Renata.

Elle tenta de l'effleurer du bout des doigts et la lueur argentée du patronus se refléta spectralement dans ses lunettes. Mais le petit oiseau reprit aussitôt son envol et virevolta du côté de la tête de Simon. Il souriait toujours, avec une teinte de fierté qui me mit le rouge aux rouges.

-Ce n'est pas la taille qui importe, c'est l'éclat.

-Et niveau éclat, il est plutôt pas mal, confirma Lupin avec l'analyse bienveillante du professeur. Fantastique Victoria ... (Son regard se baissa sur Simon). Bon, toi, je ne te demande pas ...

-Je ne voudrais pas éclipser Vicky.

Je roulai des yeux mais ne pus empêcher un sourire fier de fleurir sur mes lèvres. Je me souvenais encore de la première fois où je l'avais créé, dans la salle commune de Poufsouffle, après une soirée éprouvante en plein cœur des ASPIC où j'avais rallumé l'espoir d'un chant. L'un de mes plus beaux souvenirs de ma scolarité, sans doute.

Renata continua de suivre de colibri avec envie et je finis par le laisser voler dans la pièce. Il semblait donner des inspirations, car Fred s'essayait également. La pointe de sa baguette dégageait énormément de brume, mais une brume sans consistance, voilée et transparente qui peinait à luire comme le faisait celle de Renata. Les deux étaient encore loin d'une forme et quand je vis un pli soucieux apparaitre entre les sourcils de Lupin, je compris que ça commençait à devenir un problème. La faute aux lacunes de l'enseignement d'Ombrage ...

-Pourtant, Harry a essayé de m'apprendre, marmonna Fred au bout de la troisième tentative infructueuse. Je ne comprends pas ... J'ai tellement de souvenir ...

-Il n'y a pas que le souvenir. Il y a la détermination et la puissance magique qui entre en compte. Il faut se concentrer, se laisser imprégner et surtout s'exercer. Ne désespère pas.

Il tapota l'épaule de Fred avec confiance. Je me glissai à côté de Simon, qui n'avait pas pris la peine de faire apparaître le sien. Magnanimité envers ceux qui n'y parvenait pas, nonchalance ou volonté de me laisser dans la lumière, je ne saurais le dire. Il fixait mon colibri qui continuait de visiter le grenier des jumeaux et baignait la pièce dans une douce lueur d'argent.

-Je serais curieux de savoir quel souvenir tu utilises pour qu'il brille comme ça, souffla-t-il. Même le mien ne brille pas autant ...

-Jaloux, Bones ?

-Un peu oui.

Qu'il l'admette si facilement m'interloqua et je le lorgnai du coin de l'œil. Il ne paraissait même pas amer, juste perplexe. Dans ses yeux dansaient la belle lueur de curiosité et de vivacité qui s'allumait dès qu'il parlait de la magie.

-Ce n'est pas un souvenir, c'est plus ... un sentiment, explicitai-je. Que j'en suis capable, tu sais ? Que malgré tout ce qu'on m'a dit, je vaux quelque chose. Que je peux être fière de ce que je suis.

Ma bouche se tordit et je coinçai nerveusement une mèche folle derrière mon oreille. Je n'avais jamais exprimé cela à voix haute. Jusque-là, le colibri était la seule émanation de mon acceptation de moi, dans mon entièreté. Je sentis le regard de Simon se détacher du patronus pour se planter sur moi et cela renforça assez mon malaise pour que je change de sujet.

-Il va falloir que je m'imprègne de ça pour ce week-end ...

-Ce week-end ?

-Mon premier match.

-Oh.

Il papillonna des yeux, comme s'il émergeait d'un rêve. Je me trémoussai et tentai d'ignorer la boule de nervosité qui grossissait dans mon ventre à la perspective. Mon premier match comme professionnel, dans le plus vieux stade de Quidditch d'Angleterre, la Lande de Bodmin. Il y avait de quoi avoir la pression.

-Tu vas venir ?

Je n'aurais pas voulu être si frontale, mais la nervosité semblait réduire mes filtres à néant. Simon ne parut pas s'en formaliser – après tout, je venais juste de le menacer de l'enfermer dans une pyramide.

-C'est quand ?

-Samedi matin.

Ses lèvres esquissèrent une moue peinée et mon cœur se serra.

-J'ai cours ...

-Un samedi matin ?

-Initiation à la recherche magique. On n'est plus à Poudlard, Vicky.

Il paraissait sincèrement peiné de m'abandonner dans cette nouvelle étape de ma vie mais également enthousiaste en évoquant cet enseignement. Pour avoir lu sa maquette, je savais qu'il s'agissait de véritable pratique, d'expérimentation en enchantement tel qu'il n'avait jamais pu en rêver à Poudlard. Je me forçai à sourire.

-Cool. Tu l'attendais ce cours, non ?

Un petit sourire s'étira sur les lèvres fines de Simon.

-Tu veux vraiment faire semblant ? Avec moi ? T'es mignonne, dis donc. (Il poussa un soupir et laissa sa tête partir vers l'arrière). Mais je te jure, si j'avais pu, je serais venu. Je n'ai pas vu tous ces matchs pour ne pas voir comment tu as fini ...

Je lui flanquais un coup de coude qui n'avait absolument rien d'agressif et lui arracha même un petit rire. Prise entre angoisse et mélancolie, je fus presque tentée de poser ma tête trop lourde sur son épaule. Mais le regard de Lupin se portait trop régulièrement vers nous, comme pour vérifier que nous ne nous étripions pas. J'essuyais un petit rire. Il y avait longtemps que vous avions passé ce stade. Comme pour m'approuver silencieusement, je vis le doigt de Simon glisser sur le parquet pour effleurer le mien. Une infime, discrète mais agréable preuve de soutient qui redonna de l'éclat à mon colibri.

-Mais en tout cas, évidemment que tu peux être fière de toi, Victoria Bennett. Essaie seulement de t'en souvenir sur ton balai, d'accord ?

***

C'était plus facile à dire qu'à faire.

Les Frelons de Wimbourne était une équipe emblématique du championnat, rendue populaire dans les années soixante-dix pour ses performances exceptionnelles menées par un certain Ludovic Verpey. Club du sud de l'Angleterre, elle s'entrainait la mythique Lande de Bodmin, terre ancestrale de Quidditch. Ce qui expliquait sans doute qu'en entrant sur la pelouse de ce stade à l'allure hors norme, les joueurs de la réserve des Frelons semblaient moins impressionnés que je ne l'étais.

J'avais l'impression d'être entrée dans une bulle dès le moment où j'avais ouvert les yeux le matin même. J'avais pris un déjeuner modeste sous le regard inquiet de mes parents, subi la présence de Simon jusqu'au moment où je transplanais au centre Pumpleton, la base de mon équipe. Après un bref échauffement, Dalia nous avait mené à la grande cheminée au fond du bâtiment administratif et nous étions tous partis, balai et sac d'affaire en main, à la Lande de Bodmin. Pour être honnête, je n'avais pas écouté un traitre mot du discourt ardent de mon entraineuse. En revanche, j'avais senti la tendre accolade de Swan, entendu le trait d'esprit d'Arnold et perçu le sourire encourageant d'Eden. Swan avait rajusté le brassard de Capitaine qu'elle portait en qualité de plus ancienne joueuse et meneuse de l'attaque auprès d'Eden et de Xena. Joana, l'allemande à la mine revêche, jouait à son poste d'Attrapeuse alors que Cameron accompagnait Arnold à la batte. J'avais été rassurée de voir que beaucoup était dans le même état que moi : imperméable, concentrés sur le match au point d'en oublier le reste pour ne pas se laisser submerger par la pression. Même Cameron ne semblait plus si sûr de lui : les Frelons étaient connus pour former les meilleurs batteurs du championnat.

-On a répété le plan durant toute la semaine, vous savez ce que vous avez à faire, nous avait asséné Dalia alors que nous sortions de notre vestiaire, vêtus de notre robe bleue ciel frappé du double « T » marine. Eden, essaie de rester sur ton côté gauche et soit mobile autour de Swan, Joana n'oublie pas d'aussi regarder en l'air et Victoria ... Bon courage.

Elle m'avait gratifié de tape sur l'épaule qui m'avait donné envie de rendre mon déjeuner. Je m'étais avancée dans le tunnel du stade de la Lande, lorgnant les Frelons – presque tous des garçons, plus grands que moi et faisant trois fois mon poids – en songeant que pour la première fois de ma vie, j'allais probablement enfin passer à travers mon anneau. Dommage pour lui, Simon ne serait pas là pour voir ça ... La réflexion m'avait détendue et j'étais enfin entrée dans l'arène en reprenant la lumière.

-Et les quatorze acteurs entrent sur le terrain ! annonça une voix féminine qui semblait venir de partout et de nulle part. C'est parti pour le premier match de la saison à la Lande de Bodmin !

Laquelle était magnifique, je devais l'admettre. Plus vieux stade construit, ses gradins étaient en bois sculpté et certaines arrêtes se fondaient en des branches d'arbre dont le feuillage abritait les spectateurs du soleil. J'avais l'impression de me trouver au milieu d'une clairière ovale sur laquelle se déversait toute la lumière. Assis dans les tribunes officielles assignée aux Tornades, au-dessus du banc de touche occupé par Dalia et notre médicomage, Emma Spielman, le président Grims applaudissait notre entrée. Les gradins avaient été réduit de moitié pour la cession des réserves, m'avait appris Arnold. Nous attirions moins de monde que les équipes professionnelles. Pourtant, la capacité du stade devait être deux fois supérieure à celle de Poudlard et il était plein à craquer de supporters des deux équipes qui tranchaient bien l'espace avec leurs couleurs : bleues pour les Tornades, jaune et noire pour les Frelons.

Contrairement à Poudlard, nous devions tous nous serrer la main et je tentai de soutenir dans broncher les regards amusés des grands poursuiveurs des Frelons. Ils devaient avoir étudiés mon profil comme j'avais dû étudier le leur lors de la dernière quinzaine. James Whitman, un colosse anglais qui n'était certes pas fin techniquement, mais qui était également le plus à même de m'envoyer à travers mes buts. Jason Cooper, plus petit, mais capable de porter des tirs puissants et de longue portée. Tarje Boe, un norvégien d'apparence plus chétive que ses coéquipiers, mais promis à un brillant avenir en raison de sa précision au tir et de sa capacité exceptionnelle à garder un souafle. Tous les trois s'entreregardèrent une fois éloignés et je sus parfaitement interpréter leur regard.

« On va lui faire mordre la poussière à la naine ».

Mais oui. Tous les poursuiveurs qui étaient passés devant moi avaient songé la même chose. Jusqu'au premier match. Je pris une profonde inspiration et me forçai de m'imprégner des mots qu'avait laissé échapper Simon :

« Evidemment que tu peux être fière de toi. Essaie de t'en souvenir quand tu seras sur un balai ».

Swan me donna une grande claque dans le dos avant d'enfourcher son balai.

-Les supporters derrière les buts risque de « bourdonner », ne te laisse pas déconcentrer. Montre-leur que la taille n'a aucune importance, Mini-pouce. Bon courage !

-Dis à Xena de rester en arrière. Avec ses trois lascars, il ne vaut mieux pas que je sois le seul rempart ...

Swan acquiesça, au moment même où l'arbitre de la rencontre siffla le début du match. Et alors que je m'envolais vers mes buts, j'avais l'impression que le somptueux décors autour de moi s'effaçait et qu'enfin, j'étais de retour à Poudlard pour jouer mon premier match de la saison avec Poufsouffle. Cooper n'était pas plus redoutable que Roger, tentai-je de me persuader alors qu'Eden avait mis la main sur le souafle. Whitman n'était pas plus massif que Warrington – et jamais je n'aurais laissé Warrington me faire passer par mes buts ... J'étais plus inquiète de Boe, dont le profil était nouveau, différent de ce que j'avais pu rencontrer. Fort heureusement pour moi, c'était Whitman qui se présenta le premier devant moi et arma une frappe d'une trajectoire si prévisible qu'elle trouva mes gants sur son chemin. Des cris de rage et de déceptions des supporters des Frelons se firent entendre.

-Premier arrêt d'apparence facile de la nouvelle gardienne des Tornades, Victoria Bennett ! s'enthousiasma la speaker, que je réussis à trouver sur l'un des plus hauts gradins. Elle relance pour Vanler ... Vanler ... Son coéquipier belge !

Je vis Eden grimacer et lui faire payer la remarque en marquant un but en solitaire. J'eus à peine le temps de me sentir heureuse que Whitman avait déjà remis la main sur le souafle et s'élançait vers moi. Ils se passaient si vite la balle que je peinais à la suivre du regard et que j'en oubliais de surveiller les mouvements de mes adversaires. Cela me joua un tour lorsqu'au dernier moment, Boe lança à Cooper qui marqua dans mon anneau gauche.

-Egalité entre les deux équipes ! Bennett était complétement perdue sur ce coup, elle laisse l'occasion de revenir ... Ah, sa passe à sa capitaine était approximative, elle perd ses moyens, pas facile de passer de Poudlard aux professionnels ...

-Ne les laisse pas dire, reste concentrée ! me cria Swan avant de poursuivre Xena.

Mais Xena avait déjà perdu le souafle et Boe marqua d'une frappe si puissante que j'en poussai un cri de douleur lorsque la balle heurta ma main dans ma tentative de l'arrêter. Même les souafles étaient plus lourds – et les joueurs plus forts physiquement. Je massai mon poignet, mais Boe intercepta la balle dans l'entrejeu et marqua d'une frappe lointaine et je n'eus pas le temps de me jeter pour le sauver.

Tout allait trop vite pour moi et malgré tous mes entrainements, j'avais l'impression de redevenir la petite gamine de Poudlard qui ne croyait pas en sa force ou en son talent. J'en étais réduite à sauver un souafle de temps à autre de façon anormale – en me pendant à mon balai, en donnant des coups de pieds dedans ... Tout ce que Dalia détestait, car ça laissait le temps aux poursuiveurs adversaires d'en marquer un autre. Au bout du dixième que j'encaissais, je hurlai à Swan, folle de rage :

-Bon sang, tu vois bien que je suis sous l'eau ! Pourquoi vous ne gardez pas le souafle ? Est-ce que quelqu'un défend au moins ? J'ai l'impression qu'ils sont tout le temps sur moi !

-Ce n'est pas qu'une impression, ricana Whitman avec un rictus mauvais.

Swan lui jeta un regard féroce et il fila à l'autre bout du terrain, un sourire satisfait aux lèvres. Derrière, j'entendais le bourdonnement incessant des supporters des Frelons, destinés à déstabiliser ma relance. Les lèvres pincées, Swan finit par hocher la tête.

-Je vais dire à Xena de rester derrière et aux Batteurs de viser les Poursuiveurs. Cameron préfère se concentrer sur l'attrapeur des Frelons ...

-Si Joana attrape le Vif d'Or mais qu'on se prend une volée de but, ça nous fera une belle jambe !

-Alors fais ton job, rétorqué Cameron qui volait un peu plus haut. C'est toi qui es censé éviter une volée de but, non ?

Je braquai sur lui un regard ardent avant de prendre Swan à parti. Elle haussa les épaules, impuissante. Elle était peut-être la capitaine, mais il était évident que Cameron et Joana la méprisaient. Néanmoins, Xena se mit docilement sur l'entrejeu, prête à presser et à intercepter le souafle et j'eus moins l'impression d'avoir la tête sous l'eau. Je fis deux arrêts, Eden marqua deux fois : nous refaisions lentement notre retard. Arnold prenait soin de viser les poursuiveurs, mais se prenait chaque fois une remarque acerbe de Joana qui se trouvait découverte. Je savais que la stratégie était de lui laisser les clefs du jeu pour qu'elle attrape le Vif d'Or vite et éviter un match harassant face à une équipe connue pour sa rudesse, mais la seule alerte que nous avions eu émanait de l'attrapeur adverse et elle avait été sauvée in extremis par un cognard de Cameron. De toute manière, j'étais si occupée par mes buts que j'étais totalement déconnectée des jeux des attrapeurs. J'étais loin de mes standings de Poudlard, mais la présence de Xena pour freiner les adversaires me permettait de mieux m'organiser pour repousser les souafles. Je pris encore trois buts pour deux arrêts et à l'autre bout du terrain, Swan et Eden faisaient leur possible pour combler notre retard.

J'avais commencé à sentir les poursuiveurs des Frelons fébriles : même s'ils avaient l'ascendant sur moi, je sentais que je les déconcertais et qu'ils ne savaient plus vraiment où viser en arrivant devant moi. Je décidai d'accroître leur trouble d'un arrêt spectaculaire – et qui dût faire hurler Dalia d'horreur – me jetant presque à bas de mon balai pour avoir le souafle, puis en le repoussant du pied quand Boe tenta d'armer une seconde frappe. La balle écrasa son nez qui émit un craquement horrible et le sang se mit à couler abondement sur son visage. Son capitaine demanda un temps mort médical et nous nous précipitâmes sur le sol. Malgré son nez ensanglanté, le grand norvégien m'adressa un sourire.

-Pas mal, lança-t-il dans un anglais approximatif avant de laisser son médecin le soigner.

-Tu es folle ? s'écria Xena, estomaquée. Tu es chanceuse, certains arbitres auraient pu considérer ça comme une faute et ça aurait été pénalty !

-Si la seule manière que tu as trouvé de sauver tes buts c'est de nous mettre en danger ..., poursuivit Cameron avec humeur.

-Et toi, tu étais où lorsque j'ai failli perdre ma course au Vif d'Or ? lança Joana à Arnold qui venait d'atterrir. Heureusement que Cameron lui a coupé la trajectoire !

-Mais tu n'as qu'à être plus rapide !

J'observai s'épanouir la dispute que j'avais provoqué et échangeai un regard déconcerté avec Eden et Swan. Ce n'était pas une équipe que j'avais devant moi, constatai-je, désespérée. C'était une somme d'individualité ... La pauvre Xena qui me protégeait si bien se vit reprocher par Cameron de ne pas participer à l'attaque et Arnold fut rappelé à l'ordre pour Dalia en personne : l'important, c'était de protéger Joana et d'assurer les points du Vif d'Or. L'entraîneuse se tourna ensuite vers moi, le feu dans les yeux.

-Et veux-tu bien arrêter des arrêts dangereux et inutiles ? Tu nous fais perdre des points précieux !

-Les poursuiveurs ne savent pas comment me prendre, il faut que je continue à les déconcerter !

Je me mordis l'intérieur de la joue, consciente d'avoir été un peu trop violente avec elle. Elle m'observa longuement avant de jeter un coup d'œil aux adversaires. Ils chuchotaient en me lorgnant, l'air moins vainqueur que lorsqu'ils étaient entrés sur le terrain. Dalia se passa une main sur le visage, visiblement tiraillée.

-Les Batteurs doivent couvrir Joana, Xena assurer les points, alors dans ces cas-là laissez-moi carte blanche sur mon jeu, insistai-je d'une voix résolument plus calme. Je promets de ne rien faire de dangereux, juste de les déstabiliser pour qu'ils continuent à hésiter une fois devant moi. C'est pour ça que vous m'avez engagé, non ?

-Très bien, céda Dalia, l'air toujours indécise. Mais si tu te blesses dans tes manœuvres, Bennett, crois-moi tu n'es pas prête de revoir un match.

Elle s'en retourna immédiatement vers le banc de touche et je m'envolais vers mes buts, déterminée. Ils avaient tous l'intention de se comporter en individualité et de ne pas jouer en équipes, songeai-je avec une certaine amertume. Ce n'était pas ma mentalité, j'étais persuadée qu'une équipe solidaire et soudée était plus efficace et plus belle à jouer qu'une équipe bourrée de talent. Mais puisqu'il n'y avait personne pour jouer avec moi, il allait falloir que je ne pense qu'à moi ... Alors dans les minutes qui suivirent, je fis comme à l'entrainement et pris les souafles les uns après les autres, tournoyant comme à Poudlard entre mes poteaux pour ne surgir qu'au dernier moment et botter le souafle en touche. Ça ne marchait pas toujours parce que précisément, je n'étais plus à Poudlard et les poursuiveurs en face de moi infiniment plus talentueux, mais au moins je me fis plaisir à jouer, à feinter, à faire des courses pour repousser le souafle d'un coup de pied rageur. Puis, aidée par les deux Batteurs qui coupèrent la route à l'attrapeur des Frelons, Joana remonta en piquet en tenant le Vif d'Or dans son poing, un sourire fier sur son visage. Sans fêter la victoire avec Cameron, Xena et elle, je me dépêchai de retourner vers le sol, éreintée, à bout de souffle. Le match avait duré près d'une heure et je n'avais presque rien vu du temps qui s'était écoulé tant j'avais toujours eu quelque chose à faire – un souafle à suivre ou à repousser. Une grosse main se posa sur mon épaule.

-Vraiment pas mal.

C'était Tarje Boe, le puissant poursuiveur des Frelons. Il m'adressa un sourire qui sonnait comme une promesse de revanche et rejoignit son équipe dépitée aux vestiaires. Nous avions réussi à gagner avec cent cinquante points d'avance – les points du Vif d'Or. La stratégie de Dalia avait été payante, mais j'avais un goût amer dans la bouche, mêlé à un peu de sang parce que j'avais pris un souafle en plein visage – ça lui avait évité de finir dans mes buts. Emma Spielman, notre médicomage, se précipitait d'ailleurs vers moi avec sa trousse.

-Allez, montre-moi ça ... Hum, un beau bleu sur ta pommette, rien de grave, j'ai une pommade ... Super match au passant !

C'était une femme d'une quarantaine d'année aux cheveux blonds comme les blés et au menton fuyant. Elle m'appliqua une pâte violette sur ma joue et je sentis la chaleur et la douleur se résorber lentement. Je fronçai les sourcils et lorgnai Dalia qui félicitait Joana.

-Vous trouvez ?

Les Tornades avaient beau avoir gagné, j'avais cette impression désagréable qu'à titre personnel, j'avais perdu. Personne, pas même Eden ou Arnold, n'était venu me voir en fin de match : tous s'étaient précipité vers notre sauveuse.

-Tu n'as pas été ridicule, me rassura-t-elle tranquillement. Dalia trouvera des défauts, Cameron te reprochera de ne pas avoir assez protéger tes buts, mais je trouve que tu as fait de ton mieux. Beaucoup craquent au moment du premier match professionnel, mais tu t'es battue et ça, Dalia a apprécié, sois en sûre.

Elle tapota doucement ma joue valide et m'ordonna de garder la pâte sur ma joue encore dix minutes. J'observai Joana faire un tour d'honneur sur son balai devant les supporters bleus des Tornades, extatiques. S'il y avait une telle foule pour la réserve, qu'est-ce que ça devait être au niveau professionnel ... J'essayais d'imaginer le stade avec plusieurs étages de plus, des gradins plus remplis que ceux que j'avais devant moi et cela me donna une certaine nausée. Je n'avais réalisé que j'avais fait ce match devant tous ces gens ... Que chacune de ses personnes anonymes avait vu tous mes échecs et auraient le loisir de les commenter en rentrant chez eux. Que demain dans les pages sports de La Gazette il y aurait un article qui résumerait le match et dirait un mot sur la petite gardienne désespérée qui avait tout tenté – et beaucoup raté. Mon cœur se mit à battre comme un oiseau effrayé dans ma cage thoracique et sans attendre, je rentrais dans les vestiaires, pressée d'enlever cette robe que j'avais l'impression d'usurper et d'aller passer mes nerfs en me moquant d'une héroïne de théâtre qui vivrait des aventures autrement plus dramatiques que les miennes. Peut-être même que j'ouvrirais la Gazette aux pages qui comptent pour me rappeler quels étaient mes vrais problèmes et que je commencerais à me pencher sur le projet que nous montions avec Octavia afin d'agir et d'avancer.

Parce qu'en terme de Quidditch, j'avais plutôt l'impression de régresser.

J'avais remis mes vêtements de moldus quand Leonidas Grims passa la porte du vestiaire, son chapeau à la main et l'air surpris de me voir ranger mes affaires.

-Victoria, vous ne participez pas à la fête ? C'est votre première victoire avec nous !

-Navrée, monsieur le président, répondis-je, penaude. C'est juste ... Je ne crois pas que ma propre performance soit à fêter ...

-Oh, vous êtes trop dure avec vous-même.

Il referma la porte derrière lui et s'assit à mes côtés sur le banc. Je le lorgnais, embarrassée, d'autant qu'il portait à sa bouche une cigarette qu'il alluma d'un coup de baguette. Il perçut mon regard et me présenta son paquet avec un sourire avenant. J'hésitai. En signant dans un club professionnel, je m'étais promis de ne plus toucher au tabac, mais le match avait été épuisant moralement et stressant pour mon organisme. Mes doigts tirèrent seuls la tige blanche.

-S'il vous plait, ne me dénoncez pas à Dalia.

-Ça ne me viendrait même pas à l'idée, assura le président en tapotant ma cigarette de sa baguette.

Le bout s'enflamma et j'en tirai une bouffée brûlante qui détendit absolument tous les muscles de mon corps. Il ne dit rien pendant longtemps, se contentant de fumer tranquillement et de tenter de faire des ronds avec sa fumée. Frustré par ses échecs, il agita sa baguette et ce fut un véritable navire à trois mats qui se dessina dans la brume grisâtre et qui s'évapora lorsque le président souffla dessus.

-Victoria, en réalité j'espérais vous parler seul à seule ...

Je haussai les sourcils, prise de court par la confidence. Leonidas Grims avait perdu le sourire amusé qui le caractérisait normalement et son visage était empreint d'une certaine nervosité, ce qui expliqua sans doute qu'il tire une longue bouffée de sa cigarette.

-Jusqu'à présent je vous ai toujours croisé en présence de vos coéquipiers et je ne voulais pas vous embarrasser en vous prenant à part ... Voilà ... Je suis américain, certes, mais marié à une anglaise. Et dès que je vous dirais son nom, vous comprendrez pourquoi je voulais vous en parler.

-Vraiment ?

-Vraiment. Elle s'appelle Lysandra. Croupton, de son nom de jeune fille.

Je me figeai, glacée par le prénom qui sonnait en moi comme les échos d'un vieux songe. L'image d'une jeune fille brune et délicate à la droite de sa sœur aînée me revint en tête.

Bon sang, c'était là que j'avais vu la femme de Leonidas Grims. Sur la photo de mariage d'Edgar et Cassiopée Bones.

Monsieur Grims parut lire mon trouble sur mon visage car il eut un sourire penaud.

-J'en conclus que j'avais raison et que vous comprenez de quoi je voulais vous parler.

Je le fixai, en réalité sans comprendre réellement. Pourquoi voulait-il me parler de la sœur de Cassiopée ... ? Puis brusquement, les liens se firent dans mon esprit et ma bouche s'assécha. J'en laissai ma cigarette s'éteindre entre mes doigts. Si elle était la sœur de Cassiopée, Lysandra était aussi la tante de Simon, au même titre que Rose Bones. Même bien plus que Rose, Rose n'était que la femme de son oncle quand Lysandra l'était par le sang ...

-Vous voulez me parler de Simon. C'est cela ?

-C'est cela, confirma le président en hochant la tête, visiblement soulagé. Simon Bones, le fils de Cassie ... le neveu de Lysandra. Le mien, par mariage.

Il tira une longue bouffée de sa cigarette. Je papillonnais des yeux, stupéfaite. Rose avait évoqué la sœur de Cassiopée, partie aux Etats-Unis rejoindre son mari ... Mais je n'avais jamais imaginé que le destin ait pu placer le mari en question à la tête du club dans lequel j'avais signé ... et si loin de l'Amérique. Je ne savais toujours pas quoi penser quand le président embraya :

-Je parlerais sans détour, Victoria. Mon épouse aimerait rencontrer son neveu et je suis venu vous demander de lui en parler.

-Je vous pensais aux Etats-Unis ...

La phrase pleine d'incompréhension me valut le regard amusé de Leonidas Grims. Mais son sourire, lui, était plutôt dépité.

-Nous sommes revenus l'année dernière, quand Lysa a su pour la mort de son frère ...

-Barty Croupton, réalisai-je en me souvenant de la mine revêche du directeur de la Coopération Magique. J'ai appris ...

-Lysa a hérité d'une partie de sa fortune, l'autre héritier étant bien sûr le fils de son autre sœur, Simon. Ils ne s'entendaient plus depuis longtemps, ils ne se sont pas du tout contactés depuis que nous sommes retournés aux Etats-Unis après la mort de Cassie ... Mais il demeurait son frère, sa dernière famille. Alors une fois les histoires d'héritages réglées et nos affaires en ordre à Boston, nous avons décidé de revenir en Angleterre. J'ai pris la présidence du club dont la famille était propriétaire depuis trois ans – bien qu'américain, j'ai toujours été un grand fan de Quidditch, j'y ai joué à Ilvermorny – et Lysa a cherché à prendre contact avec la dernière famille qui lui restait.

-Attendez ...

J'étais perdue. Je comprenais parfaitement la logique de cette femme qui avait perdu toute sa famille en ces dernières années et qui avait été traumatisée au point de partir loin de l'Angleterre. Mais ce détachement total, cet exil m'interpellait tout de même. Je m'étais vaguement interrogée en découvrant la photo et l'existence de Lysandra : comment pouvait-on partir en laissant la dernière trace du passage sur terre d'un être aimé derrière soi ? Pour revenir quinze ans plus tard, qui plus est ? Et surtout ...

-Pourquoi vous venez me dire ça, à moi ? m'enquis-je, troublée. Parce que vous avez entendu notre conversation la dernière fois ?

-Il y a de ça, admit Leonidas en inclinant la tête. Et puis, Lysandra a ... Attendez, je vais vous montrer.

Il coinça sa cigarette au coin de ses lèvres et fouilla l'intérieur de son veston pour en sortir une enveloppe en papier kraft. Il me la tendit et j'en sortis un paquet de plusieurs photos. Je les parcourues, bouche bée. Ces photos m'étaient affreusement familières et pour cause, c'était mon enfance qui défilait sous mes yeux. Ou plus précisément, celle de Simon. Simon à quatre ans sur les bords du canal de Terre-en-Landes. Simon à six ans, deux trous dans la dentition qu'il tentait de cacher d'une main malgré Caroline qui le forçait à sourire. Simon figé sur cette photo moldue perchée sur les épaules d'Alexandre pendant que j'étais moi-même sur celles de Caroline. Notre première rentrée sur le quai de la voie 9¾, lui heureux d'enfin quitté le Gloucestershire, moi effrayée à l'idée d'être arrachée à mon foyer ...

Je poursuivis mon exploration, presque fascinée par cette vie qui me parvenait par flash, par image figée dans l'éternité et dans l'instant. Quelqu'un avait pris soin de permettre à Lysandra Croupton – Grims – de suivre l'évolution de Simon, de le voir grandir ... et de percevoir qui était son entourage. Je restais de longue minute sur une photo qui nous représentait à quatre à l'âge de quinze ans, la seule fois où Simon, Emily, Cédric et moi avions été réunis pendant les vacances d'été entre notre quatrième et notre cinquième année.

-Tu étais sur la plupart des photos, souffla doucement le président Grims alors que je fixai toujours le cliché, prise d'une vague de nostalgie. Sorcière comme moldue. Je ne t'ai pas reconnu ... je n'avais même pas le nom de cette petite fille qui souriait à la caméra. Mais Lysandra a un meilleur œil que moi, elle t'a immédiatement située lorsqu'elle t'a vu sur le terrain.

-C'est pour ça qu'elle me fixait ...

-Sans doute. Lysandra n'a jamais été franchement discrète ... Je suis désolé si ça t'a inquiété.

Je me fis violence pour arracher mon regard à la photo de groupe et au sourire merveilleusement heureux de Cédric pour passer aux suivantes. La dernière me porta un ultime coup. C'était la photo de Simon et moi devant la maison des Bones, vêtus une dernière fois de nos uniformes. Elle avait à peine deux mois ... Je baissai les clichés pour river mon regard sur le président.

-Pardonnez-moi, mais je ne vois toujours pas pourquoi vous m'en parlez à moi ...

-Si vous êtes au courant, c'est que vous savez que Simon a ... comment dire ça ?

- ... Préféré considérer qu'il était le fils de George et Rose, je sais. Justement, c'est eux que vous devez aller voir, pas moi ... Oh.

Leonidas venait de se détourner avec un ricanement amer. Il tira à nouveau une grande bouffée de sa cigarette et son pied battit nerveusement le carrelage. Je compris qu'ils avaient déjà demandé à George et Rose de voir Simon ... et que la permission leur avait été refusé. Je sortis ma baguette et rallumai nerveusement ma cigarette pour aspirer les vapeurs toxiques mais détendantes.

-Ils n'ont pas voulu alors vous voulez passer par moi, verbalisai-je puisqu'il ne disait rien. Parce que vous avez vu sur les photos que j'étais proche de Simon.

-Si vous êtes d'accord. Sinon, Lysandra finira par fracasser la porte des Bones, ça fait déjà quelques semaines que je la retiens de le faire. Ce n'est pas la meilleure des manières de rencontrer son neveu ...

-Ça non ...

Non, ça serait même catastrophique comme première rencontre. Simon la rejetterait nécessairement, de part la façon dont elle s'imposait à lui mais également à cause de ce qu'elle était : la preuve vivante que sa mère avait été une personne vivante, qu'elle avait vécu, qu'elle l'avait aimé. Cassiopée était un souvenir infiniment plus douloureux qu'Edgar. Edgar, il pouvait facilement l'assimiler à George : même nom de famille, mêmes yeux verts, même chevelure auburn. Cassiopée elle, était étrangère, un fantôme qu'il ne pouvait rattacher à rien de concret, dissimuler nulle part. La voir se matérialiser sous les traits de sa sœur cadette ... Seigneur, je le voyais déjà blêmir sous ses tâches de rousseurs.

Leonidas Grims semblait suivre le cours de mes réflexion tortueuses et osa poser la question :

-Il le pense vraiment, pas vrai ? Il est vraiment persuadé que George et Rose sont ses parents ?

-C'est compliqué, soupirai-je en baissant ma cigarette. Il a voulu s'en persuader, après est-ce qu'il a réellement oublié ... Je pense que la vérité est toujours restée en embuscade dans sa tête et elle le prenait à la gorge chaque fois qu'il avait un moment de faiblesse.

-Mais il vous l'a dit ?

-Je l'ai deviné, en fait. Après l'évasion de Jugson ...

Une flamme de colère embrasa les iris cobalt de Leonidas au nom de l'assassin de la famille. Ils étaient revenus en Angleterre au moment de la grande évasion de janvier dernier ... Et si j'en croyais la description faite de Lysandra par le président, les murs avaient dû trembler.

-Mais ça va mieux, ajoutai-je pour éloigner le sujet de cet homme. Enfin, on travaille. Il arrive à admettre qu'ils sont ses parents depuis quelques semaines, que ce qui lui est arrivé ... lui est vraiment arrivé.

-Donc il pourrait accepter de rencontrer Lysandra ?

Non, pensai-je immédiatement avec une certaine tristesse. Non, il se braquerait à la mention de cette tante dont je doutais qu'il connaisse l'existence. D'ailleurs, c'était sans doute parce qu'il le leur avait demandé que ses parents avaient refusé la rencontre ... Simon devait savoir que sa tante était en Angleterre. Je serrai le poing qui ne tenait pas la cigarette, subitement furieuse. Je revoyais le sourire de défi, fin et mutin qu'il m'avait adressé dans le grenier des jumeaux et mon ventre s'en tordit douloureusement. Encore quelque chose qu'il m'avait caché ...

Quand allait-il cesser de se dissimuler ainsi à moi ?

-Je vais lui en parler, promis-je entre mes dents sans pouvoir contenir la rencoeur dans ma voix. Mais je ne vous promets rien.

-C'est déjà beaucoup ... Merci, Victoria.

Leonidas écrasa sa cigarette sur le bord du banc et fit disparaitre les cendres et les mégots d'un coup de baguette. Puis il arracha celle que j'avais coincé pensivement au coin de mes lèvres avec un sourire moqueur.

-Et je vous prends ça avant que Dalia ne vous prenne en flagrant délit. Je vous remercie de m'avoir écouté, Victoria et je vous revoie lundi pour le débrief du match ... Je vous ai trouvé battante, une véritable lionne.

-Monsieur le président, l'interpellai-je alors qu'il se levait pour sortir. Pourquoi Lysandra a-t-elle coupé tout contact ? Je veux dire, Simon va forcément m'opposer cet argument ... C'est gentil de revenir quinze ans plus tard mais ... c'est trop tard.

Leonidas eut un triste sourire et il parut brusquement les soixante ans qu'il devait avoir : son visage était las, creusé, fatigué. Il remit lentement son chapeau sur ses cheveux où le sel commençait à l'emporter sur le poivre.

-Lysa ... Lysa n'est pas une battante comme vous l'êtes, Victoria. La mort de Cassie dans ses circonstance ... ça l'a brisé. Alors une fois certaine que son neveu serait en sécurité et bien traité – nous avions même offert à George et Rose de nous suivre aux Etats-Unis – nous avons préféré partir. Pour nous préserver, pour guérir. Pas très téméraire ni altruiste ... mais humain, je suppose, lorsqu'on est confronté à ce genre de drame. Et quand la guérison a été faite, comme vous l'avez souligné ... il était trop tard.

Il me salua d'un hochement de tête et s'en fut, me laissant seule dans le vestiaire avec cette information et ma colère contre Simon qui persistait. Mon regard tomba sur les photos qu'ils m'avaient laissé et mes doigts se crispèrent sur son visage souriant, comme si je pouvais enfin lui crever les yeux en perçant cette image.

Après mon match mitigé, j'avais éprouvé le besoin de me recentrer et Leonidas avait rempli le rôle à merveille. Le rappel de la guerre avec la mort de Cassie et cette partie de Simon qui malgré les discussions, malgré mes rappels de mon soutien, malgré mon acharnement à le guérir de cette situation, m'échappait toujours. Dieu que c'était difficile d'attraper un fantôme ... Et cela faisait bouillonner au creux de mon estomac un mélange intense de colère et de déception et cette intensité me fit momentanément tourner la tête.

Quelque part, je me disais que c'était anormal, sans réussir à me dire en quoi ça l'était.

A côté de ça, le Quidditch, mon métier, ma passion, faisait bien pâle figure. 


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ALORS je sais que nombre d'entre vous attendent la rencontre avec les Selwyn, mais j'ai dû couper le chapitre qui aurait été énorme, donc c'est pour une prochaine fois ! 

J'espère que celui ci vous a plu en tout cas ! Le titre ne me plait pas donc si vous avez des propositions ... 

A dans deux semaiiines 

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