III - Chapitre 7 : Un train à prendre
Bonjour tout le monde !
Avant toute chose : bonne année et meilleurs voeux à tous.tes ! J'espère sincèrement qu'elle sera bien meilleure que cette année 2020 et que tous vos objectifs se réaliseront !
Ensuite, un peu de pub de moi à moi : j'ai lancé mon compte instagram sous le nom de Perripuce ! Si vous avez des demandes sur ce compte, n'hésitez pas ! (conseils, aesthetics, autres choses ...)
Ensuite, voilà le dernier chapitre des vacances d'été ! Elles ont été plus longues que mes parties précédentes, mais il y avait tellement de chose à mettre en place et ça continue avec ce chapitre. J'espère qu'il vous plaira ! Bonne lecture !
Par contre Wattpad, ça fait depuis le début de la partie 3 que dès que je copie mon texte il se met tout en italique. Quelqu'un a une solution à ce problème?
Chapitre 7 : Un train à prendre.
Dans les faits, nous avions parlé jusque tard dans la nuit, de tous les sujets qui pouvaient éloigner ses pensées de sa famille et lui assurer la paix avant de trouver le sommeil. Pas aussi gênant que je l'avais craint mais je m'étais tout de même sauvée à l'aube, incapable de me dire si la situation était normale ou non. Je me souvenais avoir eue exactement la même sensation de gêne l'année dernière, après que j'aie été confronté mon grand-père. Simon m'avait accueilli, soutenue, aidé ... Mais le lendemain, j'avais repensé au fait que je sortais avec un autre garçon qui n'aurait certainement pas apprécié que je passe la nuit avec lui. Maintenant, il n'y avait plus d'autre garçon, mais la sensation demeurait.
Cela dit, mon soutien parut donner la force à Simon de passer la semaine sereinement et le 13 août se passa sans crise. J'y veillais en l'emmenant toute la journée en vélo avec Chloé, si vite et si loin qu'il s'écroula épuisé dans son lit le soir venu.
Après ça, les vacances filèrent à une vitesse folle. Entre le Quidditch et les préparations à l'entrée dans l'Ordre, je ne voyais aucune de mes journées passées. Lupin nous avait fait ensuite passer des exercices de dissimulation qui se résumaient presque à une partie de cache-cache dans l'appartement des jumeaux. Simon, aidé par ses grandes capacités, était l'un des meilleurs à ce jeu alors que les Weasley peinaient tous deux à tenir en place et que Renata se trouvait bloquée par son manque de créativité. Et je m'étais cognée la tête en tombant de la poutre sur laquelle je m'étais perchée, causant l'hilarité absolue de mon grand-père lorsque je rentrais chez moi, un pan de glace plaquée sur mon front.
-Comment tu t'es fait ça, perelko ?
-Je suis tombée chez des amis, éludai-je en m'asseyant lourdement sur le canapé. Mamy est là ?
Mon grand-père me lança un regard pénétrant, si pénétrant que je me forçai à vider mon esprit de toute pensée. Miro n'était pas à strictement parler dans l'Ordre du phénix – il avait juste accepté de se tenir prêt si un jour Dumbledore avait besoin de lui. Je doutais qu'il connaisse réellement l'organisation et je ne tenais pas à ce qu'il sache que j'en faisais partie.
-Dans la cuisine avec ta mère. Du thé ?
-Du thé, moi, m'esclaffai-je, vaguement amusée par l'idée. Non merci, de toute manière je dois rejoindre mon amie Chloé ... Qu'est-ce que tu fais là, d'ailleurs ?
Miro, qui était en train de se servir une dose généreuse de thé, me lança un regard sombre.
-Je rentre de chez les Bones. J'ai tenté de convaincre le moustique de venir faire quelques séances d'occlumencie avec moi mais ... la mère a été rétive, dirons-nous.
Je levai les yeux au ciel, désabusé. Jamais Simon ne prendrait le risque de laisser son esprit entièrement à nu et à la merci de mon grand-père – et jamais Rose ne laisserait son précieux fils entre ses mains.
-Il apprendra tout seul à l'IRIS, comme un grand, rétorquai-je avant d'ajouter : et la vraie raison de ta présence chez les Bones ?
-Ma réhabilitation, avoua-t-il avec un haussement d'épaule. Amelia m'avait inscrit sur le registre du Ministère, mais d'après Rose je dois encore passer une audience et jurer qu'en tant que citoyen polonais, je ne ... rompe pas les lois de la paix britannique. Comme je suis arrivé illégalement sur le territoire britannique, ils tiennent à vérifier que ... je suis clean.
-Mais tu n'as pas été naturalisé il y a dix ans ?
-Côté moldu, oui.
L'idée me dit mal à l'aise. Encore quelque chose qui prouvait que les deux mondes ne s'entendaient pas, ne s'écoutaient pas. Le fait que Miro ait la nationalité britannique côté moldu n'influençait en rien la décision côté sorcier. Je dévisageai les traits tendus de mon grand-père. Il avait taillé sa barbe qui étoffait un menton assez fuyant et des joues que la vieillesse commençait à creuser.
-Ils te prennent pour le Liszka parfait, prodige de Durmstrang et adepte de la magie noire ? devinai-je avec dépit.
-Evidemment. Pourquoi penses-tu qu'il y a une audience ? (Il me jeta un bref coup d'œil de son regard clair, spectrale, la tasse au bord des lèvres). Ils demandent un témoignage pour prouver ma ... moralité. Ça te dérangerait d'en faire un ? Tu es une sorcière, ta voix aura plus de poids que celle de ta mère ou ta grand-mère ... C'est juste un écrit certifié.
Un goût amer se répandit dans ma bouche et mon regard glissa sur la porte vitrée qui séparait le salon de la cuisine. Ma mère et ma grand-mère discutaient, le visage grave, les traits creusés. Elles étaient toutes deux des femmes admirables, de valeur, des voix que j'écoutais avec attention depuis mon enfance. Mais on leur accorderait que peu de crédit parce qu'elles étaient des moldues ... L'idée que les « gentils » dans cette guerre, le Ministère, l'organisation qui luttait contre Voldemort et ses idées nauséabondes, se laissait aller à ce genre de préjugé n'augurait rien de bon pour la suite.
Mon grand-père suivit mon regard et étouffa un grognement de dépit dans sa tasse de thé.
-Et pour tout te dire ... Si on est là aujourd'hui, c'est que ta mère a besoin de notre avis sur ... quelque chose.
-La rencontre avec les Selwyn, devinai-je avec un pincement au cœur. Elle hésite toujours ?
Contrairement à mon père, qui après réflexion, avait accepté l'idée qui pourtant ne lui plaisait pas. Mais c'était dans sa nature profonde de désamorcer les conflits et il voyait dans cette rencontre l'opportunité unique de le faire. Miro poussa un nouveau grognement.
-Evidemment. Et qui peut la blâmer ? Le fils a essayé de vous tuer tous les deux, ton frère et toi. Je te jure, s'il se présente devant moi ...
-Je doute qu'il se présente devant toi de son plein gré, tu sais ...
La réplique de Miro fut coupée par l'entrée dans le salon de ma mère et de ma grand-mère pendue à son bras. Ma mère poussa un soupir en me voyant affalée dans le canapé puis poussa un cri de surprise en remarquant ma bosse. Avec une certaine horreur, je vis défiler dans son regards mille scénarios qui auraient pu provoquer cette marque, et tous impliquaient des sorciers.
-Seigneur, qu'est-ce que tu t'es fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, qui ... ?
-Ce n'est rien, je suis juste tombée ! assurai-je précipitamment. Je t'assure, ça va partir ...
A contre cœur, je me forçai à sortir de ma poche l'effaceur de bleu que les jumeaux m'avaient donné avant de partir. J'avais hésité à l'utiliser, peu convaincue par son efficacité – et méfiante au possible de chaque cadeau venant d'eux – mais je voulais absolument effacer l'inquiétude des yeux de ma mère. Et surtout, minimiser ses questions. Je versais prudemment la crème sur mon doigt et l'appliquai sur mon front.
-Pitié, ne me dis pas que je deviens bleue ...
-Non, il me semble même que ça s'estompe, me rassura Jaga en m'observant.
-Après avoir eu les cheveux violets ce serait le comble ..., maugréa ma mère, visiblement calmée. Je pensais que tu voyais Chloé ...
Je tâtai ma bosse qui rétrécissait presque sous les doigts.
-Après, quand cet œuf aura disparu. Où est papa ?
-A l'église.
Je haussai les sourcils face à son regard fuyant, presque coupable. Puis je vis mon grand-père s'enfoncer dans son siège et noyer son regard dans sa tasse de thé et je compris. Mon père peinait encore à rester dans la même pièce que mon grand-père depuis les révélations du printemps dernier. Ma mère avait dû calculer pour que son père vienne au moment où son mari était occupé.
Visiblement crispée, ma mère s'assit sur un fauteuil et se servit à son tour une tasse de thé.
-Alors papa, qu'est-ce que tu en penses, finalement ?
-Je te l'ai déjà dit la première fois que l'idée a été mise sur la table, Marian. Ça n'arrivera pas sans moi.
-Oh, papa, soupira ma mère en levant les yeux au ciel. Ne cherche pas, ça n'arrivera pas, tu vas jeter de l'huile sur le feu. Ça se fera ou non, mais ça se fera sans toi.
-Alors c'est hors de question ! Comment veux-tu que je ... ?
-Marian, l'interrompit ma grand-mère d'un ton neutre, l'important ce n'est pas ce que nous en pensons, mais ce que tu en penses toi. Tu veux vraiment rencontrer ces gens ?
Les doigts de ma mère se figèrent sur la hanse de sa tasse en porcelaine – le service délicat de mon arrière-grand-mère paternelle qu'elle avait reçue en cadeau de mariage. D'ordinaire, elle le sortait plus volontiers lorsque ma grand-mère Anne venait car elle adorait exposer cet héritage qu'elle n'avait pas eue sous son nez.
-Je n'en sais rien ... Alexandre et Melania ont vraiment l'air d'y tenir – ce qui montre le sérieux de leur relation ... Edward pense que ça pourra apaiser les conflits ...
-Le problème ce ne sont pas les parents, mais le fils aîné, rappela Jaga en dressant un sourcil. En quoi rencontrer les parents apaisera-t-il le feu du petit Nestor ?
C'était bien aussi mon objection à cette rencontre. Je ne voyais pas comment cela pourrait arranger les choses concernant Nestor. La seule chose qui le pourrait serait de le mettre derrière les barreaux d'Azkaban mais là encore la solution n'était pas satisfaisante. George avait laissé entendre que la prison n'était plus si sûre depuis que les Détraqueurs l'avaient désertées. Notre regard à ce moment avait glissé vers Simon, occupé à lire plus loin.
Jugson était enfermé pour l'instant, mais que se passerait-il le jour où il pourrait quitter cette île ?
Je chassai l'idée de mon esprit et me concentrai sur le visage tiraillé de ma mère. Elle contemplait sa tasse de thé comme si elle pouvait lire la réponse dans le liquide chaud et brun.
-Je veux protéger Alexandre, maman, de tout mon cœur, souffla-t-elle sans lever les yeux. Et je me sens tellement impuissante à le faire devant toute cette magie ... Je ne sais pas. Cette rencontre, évidemment que c'est infime et que ça ne changera pas le cours de l'histoire mais ... Seigneur, c'est la seule chose que je puisse faire.
-Laisse-moi être là et on protégera Alexandre plus efficacement.
-Bon sang, papy, laissai-je échapper, excédée. Je doute que ce soit intelligent de révéler à une puissante famille de suprémaciste que tu es un sorcier. S'ils l'apprennent, ils vont fouiner, tout découvrir, c'est ce que tu veux ?
-Exactement ce que je lui ai dit, soupira ma grand-mère avec d'appuyer sa remarque d'un regard sur Miro. Nous ne tenons pas à ce qu'ils déterrent Agata, tu ne crois pas ? Ils pourraient s'en servir contre nous.
-Agata n'est qu'un souvenir ! s'écria-t-il avec un geste impatient de la main. Ma croix, ma croix personnelle et j'accepterais volontiers qu'ils me la revoient à la figure si ça me permet de mieux protéger ma famille ! Et elle le sera mieux si ces gens comprennent qui je suis ...
Les yeux de ma mère se plissèrent.
-En sommes, tu comptes ... les menacer ?
-Pas verbalement, mais ...
Ma mère abaissa brutalement sa tasse de thé et foudroya son père du regard. Elle avait les mêmes yeux que Jaga – sombre et étincelants, expressifs.
-Bon sang, papa ! Tu vois, je te l'avais dit : tu vas mettre de l'huile sur le feu et on ne veut pas de ça ! On veut éteindre le feu, l'étouffer ! Alors très clairement, si ça se fait ça se fera sans toi ! Je te tiendrais au courant de l'évolution, mais il est hors de question que tu assistes !
-Je suis ton père, Marian ! Je ne le suis peut-être pas par le sang, mais je le suis par le cœur et crois-moi c'est ce qui importe ! Et ça me donne le droit de ...
-Perelko, chuchota ma grand-mère en prenant le bras. Tu devrais rejoindre ton amie. Partis comme ils le sont, on en a pour quelques heures ...
Je hochai la tête, presque fascinée par la dispute qui s'étoffait entre père et fille et qui me rappelait étrangement les grands affrontements entre ma mère et Alexandre. Pas de toute, le feu et la fureur de Marian Bennett lui venait de Miro.
Je pris ma veste sur le bras du canapé et m'éclipsai discrètement alors que les cris montaient crescendo. Je ne tenais pas à prendre part à ce débat, de peur qu'Alexandre m'accuse une nouvelle fois d'ingérence dans les intérêts familiaux. La remarque me brûlait toujours comme de l'acide. Tout ce que j'avais voulu faire, c'était les protéger. Puis je me rappelais que c'était exactement le but de mon grand-père et qu'au nom de ce principe, il était capable de faire pire que mieux. N'était-ce pas ce que j'avais fait ?
Passablement morose, je passai la porte du seul café de Terre-en-Landes, bondé en cet après-midi de match que diffusait la télévision installée dans la pièce. Chloé était installée de sorte à pouvoir suivre chacune des actions, ses cheveux bruns tirés en queue de cheval. Deux verres de milk-shake – fraise et chocolat – étaient déjà posés sur la table. La célébration d'un but rendit mon accession difficile mais je finis par m'écraser sur une chaise avec un soupir.
-Pas trop tôt, je pensais que tu ... Oh mais attends, c'est quoi ça ?
Elle pointa mon front du doigt et je passai la main sur la bosse qui s'était résorbée mais où une légère brûlure persistait. Peut-être qu'il restait une vague trace du coup.
-Comment tu as fait pour te faire ça ?
-Je suis tombée, c'est tout.
-Nan, je suis sûre qu'il y a autre chose. Bones est impliquée ? Ou alors ton ex ?
-Chloé, persifflai-je en la frappant sur le bras.
L'Ancien, notre dernier poilu qui n'était sourd que lorsque cela l'arrangeait, mangeait son Fish and chips à deux tables de nous, avachi dans son fauteuil roulant. Et pour mon plus grand malheur, mes parents persistaient à l'inviter tous les dimanches pour le sortir de son isolation. Chloé haussa les épaules et sirota son milk-shake à la fraise.
-Vic', ça ne te ferait pas de mal de parler de ta vie amoureuse à tes parents. Très bien ton père est pasteur, mais Alex a eu des copines et il n'a rien dit, non ?
-Alex est un mec.
-Et alors ? Parce qu'il a le service trois pièces il a le droit d'avoir des relations amoureuses avant le mariage ? Ton père est plus intelligent que ça, je pense. Tu devrais lui faire confiance.
Je ne répondis pas, répugnée à l'idée de devoir lui servir des mensonges pour cacher le fait que c'était l'identité sorcière de ma relation amoureuse qui aurait plus posée problème, et Chloé poussa un soupir de résignation.
-Enfin, ce n'est que mon avis ... Mais ... Tu n'as plus de nouvelles de ton ex ?
-Non.
-Tant mieux. C'est toujours plus sain de couper les ponts, je trouve ... Et tes amis d'Ecosse ?
Mon cœur se serra affreusement. Emily n'avait toujours pas répondu à ma dernière lettre, mais Simon avait reçu un assortiment de bonbons venant de Honeyduckes avec une carte lui souhaitant un joyeux anniversaire – deux jours après celui-ci. Encore maintenant j'ignorais s'il était touché de l'attention, ou vexé par sa distance. Chaque fois que je tentais de parler d'elle, il était le premier à se braquer. « C'est elle qui a dit qu'elle avait besoin de temps », me rappelait-t-il sans cesse. « Si elle veut nous revoir, elle sait où nous trouver ». Je fis tourner mon milk-shake au chocolat dans mon verre.
-Pas trop. (Je jetai un petit regard à Chloé). Tu parles encore à beaucoup d'amis de lycée, toi ?
Elle passa une main dans ses cheveux bruns, les sourcils froncés. Elle avait un an de plus que moi et entrait en deuxième année d'université : inconsciemment et malgré son statue de moldue, elle était quelque peu mon exemple, mon point de repère dans l'avancée dans la vie. C'était elle qui m'avait montré le chemin pour m'imposer dans une équipe ou aider à dédramatiser l'entrée au collège. Moldus ou sorciers, les expériences de la vie restaient les mêmes.
-Quelques-uns, mais peu, admit-t-elle avec une certaine tristesse. Mais ce n'est pas surprenant, ils sont tous à Gloucester et moi je suis partie à Bristol ... On ne se voit quasiment plus. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit. Mais j'ai quelques gens sûrs que je continue d'appeler et de voir quand je reviens, ça me fait toujours plaisir. Mais c'est vrai que ce n'est plus exactement comme avant ...
-Je vois ...
J'étais déçue de la réponse, malgré son évidence. Ma situation était étrangement semblable à celle de Chloé. Mon groupe d'ami était complétement éclaté et cela m'arracher le cœur de voir que le destin ne nous était pas favorable ... J'avais tenté de prendre contact avec Roger pour recevoir une minuscule note écrite d'une écriture indéchiffrable qui trahissait un certain épuisement qu'il manquait de temps à cause de sa préparation à la médicomagie. L'entrée dans l'âge adulte nous avait tous éclaté aux quatre coins du Royaume-Unis et sans le socle commun qu'avait été Poudlard, je ne voyais pas comment maintenir les liens ... Chloé eut un petit sourire et me tapota la main.
-Mais ne t'en fais pas, je me suis refaite un groupe super à Bristol. Et ça m'a permis de faire un véritable tri dans ma vie, de ne garder que les gens qui comptent vraiment et qui se soucient de moi autant que je me soucie d'eux. Ne t'angoisse pas avec ça, vraiment. De toute façon toi, il te restera toujours Bones. Vous ne vous quitterez pas dans que l'un n'aura pas enterrer l'autre. D'ailleurs, c'est vrai que tu lui as offert un guide pour séduire les filles pour son anniversaire ?
-Je trouve sa vie amoureuse triste depuis quelques années, affirmai-je avec un éclat de rire, soudainement ragaillardie. Qui te l'a dit ?
-Susan l'a balancé à mon frère. Si Simon est prêt pour le marché, rappelle-moi de prévenir Tracy, je l'ai toujours soupçonnée d'avoir le béguin pour lui ...
Secouée par un fou rire, je m'étranglais avec ma gorgée de milk-shake et Chloé me donna de grandes tapes dans le dos, hilare également. Tracy travaillait justement derrière le bar et venait de débarrasser la table de l'Ancien qui s'était fendu d'une remarque désagréable sur la couleur de ses cheveux, un pourpre que je trouvais agréable mais qui était la marque de la décadence pour le vieil homme.
-Oh mon Dieu je te jure, tu parles d'un scoop, haletai-je, remise de mon hilarité. Je te jure de prendre une photo de Simon quand je lui en parlerais ...
-Non mais ça va pas, Tracy va me tuer si tu lui en parles !
-Comme si elle te faisait peur, tiens. Tu es la guerrière du groupe, Chloé. D'ailleurs, séance de sport demain matin ?
Chloé, qui avait amorcé un mouvement pour porter son verre à ses lèvres, suspendit son geste. Elle me jeta un regard désolé.
-Oh, Vic' ... J'ai oublié de te dire ... Je prends le train pour Bristol, demain. Tu sais, la rentrée est bientôt et il faut que je réemménage dans ma chambre ....
-Oh.
Je fis de mon mieux pour masquer ma déception. J'avais apprécié retrouver mon amie d'enfance pendant les vacances, nos fous-rire, notre passion commune du sport et de notre amour pour le grand air du Gloucestershire. Cela m'avait permis d'étouffer la douleur liée au silence persistant d'Emily. Chloé aussi parut un instant triste avant de sourire avec enthousiasme.
-Mais puisque tu restes ici, je reviendrais, bien sûr ! Pour Halloween par exemple, on fera une soirée dans le cimetière – ou dans la maison hantée ? Tu te souviens de la fois où l'Ancien a appelé la police pour nos déloger ? Oh, et ça fait tellement longtemps que tu n'étais pas là pour la nuit de Guy Fawkes ! Préviens Alexandre, je veux qu'on fasse un magnifique feu de joie !
Mon cœur s'emballa et des étincelles dansèrent fugacement devant ses yeux. Mes doigts se crispèrent mécaniquement sur mon verre.
-Halloween à la maison hantée me semble être une super idée, abondai-je en me forçant à sourire. Ça marche, je t'attendrais de pied ferme ...
Un grand sourire fendit le visage de Chloé et elle tapota ma main avec entrain.
-C'est noté, alors. Et dis à Alex de ramener sa copine. Je tiens à voir le visage de la femme qui m'a volé l'amour de ma vie. Bon, je vais devoir y aller, je dois encore faire mes cartons ...
Elle laissa quelques pièces pour payer son milk-shake sur la table et m'adressa un dernier signe de main.
-Bonne chance pour la fac, Vicky.
-Alors là pas question, lançai-je immédiatement, piquée au vif. Tu sais que je déteste qu'on m'appelle comme ça ...
-Ça dépend qui, s'esclaffa Chloé avec un immense sourire. Dis au revoir à Bones de ma part !
Les yeux pétillants de malice, elle s'éloigna, fit un détour pour prendre Tracy par le cou et l'embrasser bruyamment sur la joue malgré le plateau de boisson qu'elle portait, et s'en fut joyeusement.
***
Le départ de Chloé avait sonné la fin définitive des vacances. Le temps se dégrada, passant de l'heureux soleil estival à un ciel couvert et menaçant. Ma mère reprit le travail, si bien que je ne la voyais plus de la journée et Simon commençait à préparer sa rentrée pour l'IRIS prévue en septembre. Contrairement à ce que j'avais craint, il semblait excité par la perspective et avait passé une heure à me montrer les maquettes de cours qu'il allait prendre et des recherches qu'il allait entreprendre sous la direction d'un certain professeur Shelton, une pointure en enchantement selon lui. La seule mauvaise humeur qui persistait était celle de Susan, qui allait croissant avec la rentrée. Son visage s'était fermé et à présent c'était contre elle que Rose se battait. L'année précédente avait grandi notre petite Susan dont le caractère s'était développé et visiblement, sa mère ne reconnaissait plus sa petite fille docile et souriante et mettait ce changement sous le compte d'une « crise d'adolescente ».
-Celle de Caroline a été terrible, me raconta-t-elle la veille du départ de Susan pour Poudlard. A quinze ans elle fuguait pour aller voir Andrew en douce, ça donnait des disputes interminables ... Mais bon, tu dois connaître ça avec ton frère ... Oh mille gargouilles, heureusement que Simon m'a épargné cela ...
Ça pour l'épargner, il l'avait épargné, songeai-je alors qu'elle retournait dans la cuisine, agitée. Rose était l'unique personne avec laquelle Simon avait une telle patience, sans doute parce qu'un lien spécial s'était noué entre eux ce maudit soir où elle l'avait sorti du placard. Rose l'avait résumé elle-même en me montrant l'album de famille. « En un sens, j'ai l'impression qu'il ne m'a jamais lâché ... ». Mais Simon avait bel et bien eu des crises, simplement ce n'était pas Rose, mais moi qui les avais essuyées. Il les avait épargnées à sa mère.
Des pas firent grincer l'escalier et je levai les yeux sur Susan qui descendait prudemment, pieds nus, ses cheveux auburn pendant autour de son visage. Elle m'adressa un pauvre sourire.
-Ma mère se plaint encore de moi ?
-Je ne savais pas que ma petite Susan était une petite rebelle, me moquai-je en la rejoignant dans l'escalier. Tu as besoin d'aide pour ta valise ?
-Mon Dieu, oui ! soupira Susan en joignant les mains au niveau de son cœur. Je ne sais pas quoi emporter !
Je la laissai la guide jusque sa chambre au premier étage, juste à côté de la bibliothèque. La chambre était plus spacieuse que celle de Simon mais c'était sans doute parce que les murs étaient droits et que la fenêtre ouvrait magnifiquement sur le jardin de derrière. Les murs pastel s'accordaient parfaitement avec l'écharpe de Poufsouffle qu'elle avait accroché au-dessus de son lit. Sa malle était ouverte en grand sur le sol et elle y avait déjà entassé ses robes de sorcières pendant qu'une tonne de grimoire couvrait le lit. Je pris place sur une partie découverte et les observaient un à un.
-Tu comptes garder quelles matières ? lui demandai-je en observant son dictionnaire de runes.
-Sortilège, Métamorphoses, Défense contre les Forces du Mal ... J'ai hésité sur la Botanique, mais ça me briserait le cœur d'abandonner la matière de Chourave ... Ah et Etude des moldus, bien sûr et l'Histoire de la Magie.
-L'histoire de la magie ? répétai-je, étonnée. Tu t'infliges une nouvelle année de Binns ? Mais tu serais sans doute la seule !
-Non, je ne le serais pas, Anthony Goldestein m'a dit qu'il comptait continuer aussi. Et ce n'est pas tant Binns ... Ce que tu as fait ces deux dernières années, ça m'intéresse. Faire des recherches, créer un projet, réfléchir aux événements passés ... C'est en étudiant le passé qu'on peut rendre l'avenir meilleur, ce n'est pas à toi que je vais l'apprendre.
Elle m'adressa un sourire éclatant et, prise de résolution, prit son Histoire de magie de Bathilda Toudesac pour le jeter dans sa malle. Le sourire de Susan diffusa une chaleur bienfaisante dans ma poitrine. Peu importait ce que pensait sa mère, ce n'était pas une crise d'adolescente. C'était Susan qui grandissait et la gamine souriante était toujours là derrière la nouvelle rebelle. Je sélectionnai tous les livres sur l'Histoire qu'elle classa dans sa valise avant de demander :
-Ça va aller ? Retourner à l'école ?
Susan haussa les épaules, sans grande conviction.
-Oui, je pense. Je me suis fait des amis l'année dernière. Hannah est très contente de retourner à Poudlard, ça commence à être pesant chez elle ... (son visage se crispa et elle ajouta dans un chuchotement : ) Je crois que sa mère a reçu ses menaces. Mais Justin espère être pris dans l'équipe de Quidditch mais avec Smith en capitaine j'en doute. Et Anthony m'a promis de rendre les cours de Binns moins pénibles.
Je haussai les sourcils avant de faire disparaitre les signes de surprise. Ça faisait deux fois que le nom d'Anthony franchissait ses lèvres et je ne pouvais m'empêcher de constater que chaque fois, ses joues prenaient une très légère teinte rose. Je manipulai distraitement L'histoire de Poudlard.
-Anthony, c'est le préfet de Serdaigle c'est ça ?
-Oh ... oui. Il était dans l'A.D. avec nous, il était gentil.
-Cool. Je suis contente que tu te sois fait d'autres amis.
Mon ton neutre parut intriguer Susan, qui cessa de replier ses affaires pour m'observer longuement. Son sourire se fana lentement sur ses lèvres.
-Ce ne sera pas pareil, pas vrai ? Poudlard.
-Sans doute pas, admis-je en lui laissant Affronter l'ennemi sans visage, leur nouveau livre de Défense contre les Forces du Mal. Mais ça ne pourra pas être pire que l'année dernière.
-C'est dommage. J'aimais bien l'A.D. (Elle tripota son bonnet aux couleurs de Poufsouffle). En fait, j'ai peur que ... Le groupe se délite sans l'A.D. tu vois ? J'ai eu l'impression de créer plein de lien ... mais sans nos réunions, est-ce qu'on va vraiment continuer de côtoyer ?
Je refermai le livre que j'étais en train de feuilleter, un sourire incertain aux lèvres. Je redécouvrais là les vieux démons de Susan, qui avait passé la majorité de sa scolarité à n'avoir que son frère et moi comme réels amis. Je me laissai glisser à terre et fis mine de réfléchir.
-Et bien ... Je suppose que tu verras Hannah dans ton dortoir ... Ernie dans la salle commune ... Anthony en Histoire de la magie ... Non, je ne vois aucune raison que vos liens se délitent.
-Mais regarde, toi. Tu avais Emily, vous étiez meilleures amies ... Pareil pour Simon ... Et vous ne l'avez pas eu l'été.
-Et on n'a même pas reçu une lettre, oui, confirmai-je malgré la peine qui me pinçait le cœur. Je suppose que c'est la vie. Je ne pense pas que tes parents parlent encore à leurs amis de Poudlard ... (Je lui tapotai la main avec plus de conviction que je n'en ressentais). Toi, tu es encore à Poudlard, tu as encore deux belles années devant toi pour rendre tes liens solides. C'est à l'extérieur que tout explose.
Susan eut un pauvre sourire et frotta son poing contre ses cuisses, qu'elle trouvait toujours trop grosses. Sans doute ce complexe qu'elle avait sur son cœur la freinait encore pour avoir une vie sociale épanouie.
-Et Miles ? demanda-t-elle avec une certaine timidité. Ça a explosé avant la fin de Poudlard ...
Le nom me donna un coup au cœur. Le coup était moins violent qu'avant, plus étouffé et ne s'accompagnait plus de la vague de culpabilité qui m'avait assailli pendant plusieurs semaines, mais persistait tout de même. Je fixai les robes de sorcière de Susan d'un regard vide.
-Ça a explosé à ce moment là parce que je voulais éviter une explosion encore plus violente en dehors. Miles et moi, ce n'était pas fait pour durer à l'épreuve de la vie.
-Tu l'aimes encore ?
La question me prit au dépourvu et Susan parut embarrassée.
-Je veux dire, si je t'écoute tu ne l'as pas quitté parce que tu ne l'aimais plus. Tu l'as quitté parce qu'en somme, vous n'avez pas pris le même train. Vous avez des trajectoires différentes. Pas parce que tu l'aimais plus.
-Oh. (Je tordis nerveusement ma chaine entre mes doigts). C'est un ensemble de chose, je pense. Mais non, Susie, je ne l'aimais plus. Pour être parfaitement honnête, je ne suis pas sûre de l'avoir réellement aimé un jour ...
J'avais conscience que la phrase était dure et les échos de la vieille culpabilité flottèrent un instant en moi. Susan parut compatissante et posa sa main sur mon genou.
-Ça n'a pas dû être simple, mais je pense que tu as eu raison. Miles et toi étiez mignons, mais ... ça n'avait pas l'air d'être le véritable amour, si on veut. Vous méritez mieux ...
Très soudainement, ses beaux yeux verts mousses se remplirent de larmes, comme si elle les retenait depuis une éternité mais que soudainement, elle se sentait submergée. Je me dépêchai à ses côtés alors que la première larme dévalait sa joue.
-Susie ...
-C'est rien, je suis désolée ... C'est juste ... Ça va être dure de prendre le train sans vous ...
-Oh, Susie-Jolie ... ça va être dur pour nous aussi de prendre le train sans toi.
-Quel train ?
-Celui qui mène à l'âge adulte. Tu le prendras dans deux ans. Le problème c'est que contrairement au Poudlard Express, on ne comprend pas réellement où il va ... Alors crois-moi, je préférais largement prendre le Poudlard Express avec toi.
Des larmes d'émotion embuèrent mon regard. J'avais l'impression d'enfin réaliser que cette année je ne retournerais pas à Poudlard. Je ne retournerais pas dans le train écarlate qui traverserait la Grande Bretagne jusqu'en Ecosse, je ne referais pas le trajet en diligence pour voir les tours de Poudlard percer les cieux et se refléter dans le Lac Noir, je ne me jetterais pas dans mon lit à baldaquin aux tentures jaunes et rassurantes avec Emily. J'avais beau avoir commencé ma nouvelle vie, avoir commencer le chemin vers l'âge adulte ... Arrivée à ce premier septembre, au moment où le train de l'enfance s'élançait sans moi, le changement avait quelque chose de définitif. Susan parut comprendre mon trouble et se jeta à mon cou et je l'en serrais davantage en retenant mes larmes.
-Fais attention à Smith ... Qu'il ne ruine pas l'équipe que j'ai crée l'année dernière. Je lui laissé une belle base, qu'il ne gâche pas tout.
-Promis ... Grâce à Harry, je suis devenue forte en maléfice, je te promets de lui montrer ... Et toi ... Bon sang, je le sais que tu le fais tout le temps mais ... s'il te plait ...
-Ne t'en fais pas, je garderais un œil sur lui. Voire les deux.
***
Elle était là, la belle locomotive rouge déversant sur le quai un panache de fumée qui rendait l'air trouble et les silhouette floues. Aujourd'hui, ce serait la première fois que je la verrais s'élancer vers le nord, sans moi à son bord.
Le quai était étrangement bondé. Malgré les menaces, les familles avaient tenu à être là pour voir leurs enfants partir pour l'Ecosse. Une première année peinait à lâcher son père. Accrochée à son cou et ses pieds pendant à quelques centimètres du sol, elle pleurait toutes les larmes de son petit corps pendant que son père caressait ses longs cheveux, l'air incapable de la laisser partir. Je vis Judy Summerby, son balai à la main, enthousiaste à l'idée d'une nouvelle saison de Quidditch et prête pour obtenir une belle place chez les Harpies de Holyhead en fin d'année. Kenneth me reprocha une nouvelle fois le choix de Zacharias Smith comme Capitaine. Harry Potter, entouré de la famille Weasley, s'apprêtait à vivre une nouvelle année difficile sous le surnom cette fois d'« Elu », qui expliquait sans doute que de nombreuse filles autour de lui le dévorait littéralement du regard. Ron Weasley avait grandi, remarquai-je alors qu'il passait devant moi. Peut-être qu'il aurait plus confiance en lui cette année pour tenir les buts de Gryffondor ... Sullivan Fawley était venu sans sa sœur, et je vis Simon jeter un long regard à la mère d'Emily, qui avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds, ressemblait beaucoup à sa fille. Susan avait regardé le quai avec appréhension avant que Hannah Abbott ne fende la foule et ne la traine jusqu'à un compartiment avec Ernie et Justin. Après ça, les adieux furent pour elle moins déchirants et elle grimpa définitivement dans le Poudlard Express avec un sourire.
-J'en reviens pas d'être du côté de ce train, soupira Simon alors que les portes se refermaient une à une.
Rose était elle quelques mètres plus loin, devant la fenêtre du compartiment de Susan. Normalement, c'était plutôt George qui nous amenait au quai, mais là encore les trajectoires semblaient s'être inversées. George revenait peu chez lui, se battant avec acharnement au Magenmagot alors que Rose avait prolongé son arrêt. Elle semblait avoir autant de mal que le père de la première année à lâcher sa petite fille. Simon finit par la rejoindre et je laissai mon regard vagabonder sur le quai. Je ne voulais pas regarder le train lorsqu'il se mettrait en marche. Je m'éloignai de quelques pas, mélancolique alors que le brouillard sur le quai s'épaississait et ce faisant je m'approchai de deux hommes au visage flou. Une brise fit onduler la fumée, révélant leurs traits à ma vue.
-C'est pas vrai ...
Je me figeais immédiatement en reconnaissant la chevelure brune et le sourire de Miles. Debout aux côtés de son père, il agitait la main en direction d'une fenêtre – probablement vers d'une de ses sœurs. Je me sentis stupide de ne pas avoir songé qu'il serait là pour dire au revoir à ses sœurs adorées et malgré moi, je ne pus m'empêcher de le dévisager. Il ne paraissait pas aller mal, constatai-je avec un certain soulagement. Il avait meilleure mine que la dernière fois que je lui avais parlé, près des diligences, où il m'était apparu épuisé par notre rupture et les examens. J'ignorais totalement quoi faire, si je devais aller le saluer ou fuir et finalement ma vieille nature me reprit lorsque son visage se tourna par hasard vers moi. Prise de panique, je fis un bond dans la foule avant que son regard ne puisse m'effleurer et me cachai au milieu des parents qui faisait des signes à leurs enfants. Le cœur battant, je parcourus les visages autour de moi pour m'assurer qu'il ne m'avait pas vu. Cependant, la première vision que je remarquai fut aussi déplaisante et un soupir dépité franchit mes lèvres lorsque je constatai qu'il me fixait également. Considérant que nos regards s'étaient trop accrochés pour que je puisse me détourner l'air de rien, je fis quelques pas en sa direction.
-Je suppose que j'en suis réduite à croiser des Selwyn sur le quai, c'est ça ?
Un sourire dépité retroussa les lèvres d'Ulysse Selwyn. Il avait troqué son uniforme de Poudlard pour une robe de sorcier flambant neuve noire et solennelle qui le vieillissait, le rendait plus ... respectable. Et après ce qu'avait fait Nestor, la respectabilité c'était ce que je recherchais par-dessus tous les Selwyn.
-Je t'avais prévenu en fin d'année, tu n'es pas débarrassé de notre famille, Bennett. Surtout que, si je ne m'abuse, une rencontre serait en projet ? Par Merlin ...
Je saisis parfaitement les nuances du juron. Par Merlin, des Selwyn traitant avec des moldus ... Il ne l'avait pas prononcé à voix haute, mais cela m'énerva tout de même assez pour que je le fusille du regard. Les prunelles grise d'Ulysse étincelèrent.
-Ne me regarde pas comme ça, Bennett. Tu sais très bien que le bonheur de ma chère sœur passe avant tout ... Oh, regarde !
Un long cri strident à m'en percer les oreilles avait retenti et je compris avec un moment de retard que c'était le train qui prenait enfin son envol. Me refusant toujours à le laisser repartir, je tournai résolument le dos alors que les roulements mécaniques et les aurevoirs des parents emplissaient mon espace auditif. Au contraire, Ulysse suivit la locomotive écarlate du regard, un léger sourire aux lèvres.
-Je l'admets, ça fait un truc de le voir partir sans nous. Personne dans ma famille ne pouvait mener Enoboria aujourd'hui alors c'est le petit qui s'y colle ... On ne pouvait quand même pas envoyer notre elfe de maison ... Alors, comment tu la sens cette rencontre ?
-Mal. Et toi ?
-Ça dépend comment est luné ma mère. Je ne sais pas si tu en as un peu parlé avec Melania mais c'est elle le problème. Elle en veut à ma sœur et à mon père pour la fuite de Nestor alors elle risque fort de t'en vouloir à toi aussi. Il va falloir du sang froid, Bennett.
-Bon sang, qu'est-ce qui a pris à mes parents d'accepter ...
Ulysse haussa les épaules. A présent, le Poudlard Express devait être loin parce que la masse de parents se déplaçait vers la barrière et le sifflement du train s'était éloigné pour ne devenir qu'un écho.
-Laisse tomber, Bennett, c'est une situation qui nous échappe à tous les deux. Laissons ton frère et ma sœur se débrouiller avec nos parents.
La vérité qui transcendait dans ses paroles me gêna quelque peu. Déjà parce qu'elle émanait de lui mais surtout parce qu'elle ne plaisait pas. Pendant des années, j'avais voulu que mes parents s'intéressent à la magie, qu'elle fasse partie de leur vie pour qu'ils comprennent la mienne. A présent, je souhaitais à tout prix interrompre le processus, les protéger de cela. Mais Ulysse avait raison, en l'occurrence ça me dépassait. Peut-être que c'était un cas où je devais suivre les conseils de Lupin et accepter le fait que dans la situation présente, je ne pouvais rien faire. Me sentant réticente, Ulysse poursuivit :
-On a essayé d'intervenir, tu te souviens comment ça a fini ? Je suis sûr que ton frère t'en veut encore alors laisse-le avec ça, Bennett. Si ça se passe mal, ce sera à eux d'assumer. (Il consulta sa montre en or). Bien, j'ai un rendez-vous donc je te dis à très bientôt, Bennett. On évoque le 14 septembre pour ce dîner ... Préviens Bones de se tenir, il serait dommage qu'il envenime la situation.
Je n'eus pas le temps de trouver quelque chose à rétorquer qu'il me saluait avec un sourire ironique et repartait vers la barrière en suivant le flux des familles qui murmuraient avec nostalgie et inquiétude. Difficile de se séparer de sa famille dans un moment pareil, j'imaginais ... Je poussai un soupir face au vide, vaincue par la nécessité.
Susan avait pris son train. Je me devais de prendre le mien.
Voilà, j'espère que le chapitre vous a plus ! Il est court et pour la petite histoire, il devait être coupler au chapitre précédent qui du coup aurait été énorme. J'ai préféré les couper !
On se retrouve comme d'habitude dans deux semaines (oui je sais c'est long, mais c'est la garantie que vous aurait des chapitres régulièrement !)
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