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III - Chapitre 43 : Un dernier conseil

Rire nerveux. Je vous laisse deviner pourquoi. 

Bon je vais me rassurer en vous parlant du mariage de Cazoooo ! Oh je vous jure elle était tellement belle, il se peut qu'une larme ait été versée dès l'instant où on l'a aperçu sur le parvis de l'église ! Si on ajoute à ça une route musicale entourée d'Anna et Clem (vous voyez la musique Lemon tree que je met en story en ce moment? Ce n'est pas un hasard, depuis que Anna' l'a mise dans la voiture, elle me grignote le cerveau), on a un week-end presque parfait ! (le "presque" tenant à des chaussures à talon que j'ai eu le malheur d'enfiler ... Pourtant je supporte les talons mais celles-là je vous jure c'était impossible, je préférai marcher à pied nu dans les orties (presque true story)). Bref vraiment beau WE, j'en reviens toujours pas qu'il soit passé. 

A PART CA je finis demain mon contrat et je vais me retrouver un peu démunie sans trop savoir quoi faire puisque les académies n'ont plus de remplacement pour ma personne. Mais bon on reste optimiste ! Mais du coup ça explique pourquoi je poste aujourd'hui : je vais pas mal travailler demain pour rendre le CDI dans un état décent ahah et le soir je sors sooo 

Enfin, je ne sais pas si vous avez vu la publication sur mon mur mais j'ai donné quelques petites précision sur les codes en terme de sexualité dans mes fanfics, pour savoir où vous allez mettre les pieds parce que j'ai vu qu'il y avait quelques petites confusions dans le chapitre d'avant. 

Voilà je pense que c'est tout pour moi. J'ai le cerveau un peu éteint et envie de dormir. Mais envie d'écrire Joséphine (LDP. Vraiment pour celle.eux qui ne lisent pas, je crois que c'est le meilleur personnage que j'ai jamais crée, je suis beaucoup trop obsédée par elle).

Bonne lecture ! 

***

Toute la vie est une pièce de théâtre : chacun fait sa partition et s'en va. 

- Aristote 

*** 

Chapitre 43 : Un dernier conseil.

-Toc toc ?

Ma mère prit tout de même la peine d'accompagner sa prévention d'un vrai coup sur ma porte laissée ouverte. Je relevai la tête sur elle, un peu prise au dépourvu. J'étais assise en tailleurs au milieu de mon livre, des notes volantes partout autour de moi sous forme de feuilles quadrillées et de parchemins, la machine à écrire cliquetante devant moi. Elle m'adressa un petit sourire, appuyée contre le chambranle de ma porte.

-Si une certaine Octavia se présentait devant notre porte, à quelle question elle doit répondre avant que je ne la frappe avec le parapluie ?

Je laissai échapper un petit rire et pris le temps de finir ma phrase avant de répondre. Ma mère a décidé que le parapluie serait son arme face aux Mangemorts. Elle avait bien tenté de subtiliser son fusil de chasse à mon grand-père Benedict mais malgré le danger, mon père refusait la présence d'une arme à feu dans sa maison. Alors ma mère s'était rabattue sur le parapluie.

-Elle dit qu'elle doit venir s'excuser, ajouta-t-elle avec douceur.

-Alors frappe-la. Ce n'est pas Octavia.

Ma mère leva les yeux au ciel face à la conclusion. Je lui adressai un sourire et me frayait un chemin sur les notes qui jonchait mon lit pour m'en extirper. Contrairement à ce que je disais, la raison de la visite ne pouvait qu'annoncer Octavia. Personne ne savait qu'on s'était disputé, si on exceptait Simon. Le rouge me monta aux joues quand les images de lui et moi, perchée sur le piano dans l'obscurité du salon, me revinrent en tête. Dans les faits, ça avait été peu. Des caresses, une exploration du buste presque chaste, curieuse. Mais comme ça avait été Simon, chaque sensation avait été décuplé. Je grattai nerveusement ma clavicule comme pour chasser le souvenir des lèvres de Simon qui avaient pu s'y balader avant de saisir ma baguette.

-Bon. Baguette et parapluie sont prêts, allons-y !

Ma mère éclata de rire et prit mon visage entre ses mains pour embrasser ma joue. Je la laissai faire, vaguement étourdie par le bonheur simple d'avoir retrouvé un semblant de complicité avec elle. Nous descendîmes ensemble les escaliers qui menait au bas de la porte d'entrée. A travers les quatre carreaux vitrés qui la perçait, je perçu le profil d'Octavia. Vêtue d'une simple robe de sorcière vert d'eau, les cheveux lâchés, j'avais presque l'impression de la voir se trémousser sur le perron. Ma mère saisit son parapluie au porte-manteau et testa la solidité de son arme contre le mur. Je m'esclaffai avant d'en prendre la pointe avant qu'elle ne s'attaque à la porte.

-Je suis sûre que les Mangemorts tremblent, mais je pense que ça va aller !

Une moue déçue déforma les lèvres de ma mère, mais elle accepta docilement de ranger le parapluie à sa place.

-D'accord, d'accord ... Je m'entrainerai sur Alexandre la prochaine fois qu'il daignera venir alors.

Avec un clin d'œil, elle s'en retourna à son dossier – qu'elle avait étalé de la même manière, mais dans tout le salon. Elle avait même ressorti les tableaux de feutres que mon père avait réussi à reléguer dans le garage pour les gribouiller de plein de calculs compliqué qui me donnaient mal à la tête, et même le miroir qui devait nous servir d'alerte en cas d'attaque était couvert de dessin d'atome. Je l'entendis déjà pester contre ses molécules avant que je n'ouvre la porte sur Octavia. La jeune fille sursauta face à la brusquerie du mouvement mais parut se détendre en me reconnaissant.

-Oh. Salut.

C'était sobre et gêné, constatai-je, encouragée malgré les restes de courroux qui remontaient. Je gardai le silence et la dévisageai en me composant un visage impassible. Je n'avais pas parfaitement digéré notre dispute si je devais être parfaitement honnête. Simon n'avait fait que masquer ma colère, la mettre en sourdine le temps d'un délicieux instant avant qu'une pensée ne l'embrase de nouveau. Ça n'avait pas été long : dès que je m'étais remise à la rédaction de notre projet, la frustration s'était mise à exploser comme du pop-corn dans ma tête.

J'ignorai ce qui s'était passé dans celle d'Octavia, mais qu'elle soit venue ouvertement s'excuser était de bon augure. Simplement, j'en avais assez de lui faciliter la tâche, alors je me tus, jusqu'à ce que le silence soit insoutenable et qu'elle ne le rompe d'un :

-Ecoute ... Désolée pour ce que j'ai dit à mes fiançailles.

C'était simple, dit avec la dignité qui la caractérisait, mais ce fut assez pour ma colère reflue lentement pour révéler ma courtoisie :

-Ça te dit du thé glacé sur la balancelle ?

Octavia papillonna des yeux avant qu'un petit sourire éclaire son visage. Elle hocha la tête, et je rentrai brièvement chercher le pichet, slalomant entre les calculs de ma mère avant d'émerger de nouveau sous le soleil de juin qui se faisait estival. Elle s'était déjà assise au bord de la balancelle, les mains posées sur ses genoux. Elle sourit en agrippant le verre de thé glacé que je lui tendis.

-Merci. Tu as de l'encre sur les doigts ... tu travaillais ?

-Il faut bien que je m'occupe ... Je suis au chômage technique du côté du Quidditch.

Et du côté de l'Ordre, ajoutai-je à part moi. Même si j'avais bien l'intention d'y passer dans l'après-midi, ne serait-ce que pour vérifier si Tonks allait mieux, ou si je pouvais avoir une miette d'information concernant la poignée de porte. Mais malgré l'agacement qui avait pu tenir face à ma mise à l'écart, j'avouai apprécier pouvoir souffler et me consacrer uniquement à une tâche au lieu de courir partout. Pour la première fois de l'année, je n'avais pas l'impression de subir ma vie et c'était fantastique. Alors même si j'avais l'impression de voir notre projet vaciller avec les propos d'Octavia, je m'y étais plongée ces derniers jours. De toute manière, Simon arrivait dans sa phase d'examen avec l'IRIS et travaillait beaucoup, soit à Oxford, soit directement chez Julian Shelton. Je l'avais à peine aperçu durant la semaine écoulée ...

Octavia but une gorgée de son thé glacé. La brise faisait jouer ses mèches que le soleil rendait presque roux, sans pour autant la décoiffer. Un silence assez pesant s'installa entre nous deux jusqu'à ce que je demande du bout des lèvres :

-Tu veux arrêter ?

-Non, assura Octavia en secouant la tête. Non, bien sûr que non ...

Elle pianota le verre de ses ongles, l'air indécise. Elle ne s'était même pas maquillée : avec la lumière crue de l'été, je réalisai pleinement à quel point elle était pâle.

-Je viens de déposer une demande pour un mi-temps cet été, poursuivit-t-elle sans me regarder. Pour que tu n'aies pas à copier seule. Si on s'y met bien ... en août on peut avoir quelque chose de viable à proposer.

-Je ne te comprends pas.

Octavia soupira et se massa la tempe avec une grimace. Je voyais bien qu'elle n'avait pas envie de s'aventurer sur cette pente, mais ne nous y emmenait tout de même :

-Pourquoi tu veux publier si tu veux que personne ne sache ? Si tu te comportes comme ça avec ces gens ? Bon sang, McLairds ! Je pense que c'est ça qui m'a le plus énervé dans cette affaire, c'est que tu es venue me voir la première fois en disant que c'était contre ces mêmes personnes qui étaient là à tes fiançailles que tu voulais commencer ce livre ! Pour leur prouver qu'ils avaient tort ! Et maintenant qu'on l'achève, tu recules ? Octavia, ... Si on sort ce livre ... Si on le publie ...

-On n'est pas obligé de le faire sous notre vrai nom, objecta-t-elle. En tout cas je ne comptais pas et tu devrais faire la même chose.

-Les codes, ça se craque. Tu marches sur une corde raide, Octavia ... Tu dis que je suis trop radicale, mais ta situation est intenable aussi. A moitié dedans, à moitié dehors ...

Les lèvres d'Octavia se pincèrent en une ligne butée qui me fit soupirer. Je repliai mes jambes en tailleurs.

-Si on publie, on se mettra en danger. C'est quelque chose que tu dois accepter. Si tu n'acceptes pas ... on ne publie pas.

Cela me morcelait le cœur, mais c'était une décision qui devait être prise avant de dépenser notre énergie pour rien. J'avais mis énormément de moi dans ce projet. Mon temps, mes réflexions, les meilleures que je sois capable de produire. Une partie de mon identité aussi. Même Simon s'était investi – la machine, les relectures, le soutien silencieux. Il avait eu raison : c'était peut-être ce que j'étais capable de faire de mieux dans cette guerre. Y renoncer me crèverait le cœur ... mais je ne pouvais pas mettre Octavia en danger par simple égoïsme. J'avais déjà fait des efforts, refusant un ouvrage engagé, m'assurant qu'il ne porterait en rien la marque d'Albus Dumbledore et de l'Ordre du Phénix ... Maintenant c'était à son tour. Oui, le risque existait. A elle de décider si elle était prête à le prendre.

Tendue, Octavia rejeta la tête en arrière.

-Je n'ai jamais renoncé à publier, quitte à prendre les risques qu'il faut pour ça ... j'avais parfaitement calculé, j'étais prête à le faire en septembre quand je suis venue te voir et je le suis toujours ...

Elle prit une profonde inspiration et riva son regard brun sur le saule pleureur verdoyant qui ornait mon jardin.

-Non, je pense que tu ne m'as pas vraiment comprise. Tu sais ce que c'est d'être liée aux Selwyn ? Oui bien sûr que tu le sais, ajouta-t-elle quand j'essuyais un petit rire incrédule. Mais pas comme moi. Toi tu t'en fiches, et tu es liée par Melania qui a juste un pouvoir incroyable sur son père. Moi je suis liée à Ulysse et c'est plutôt l'inverse ... C'était atroce avant la fête, il était irascible, pointilleux sur tous les détails, terrifié à l'idée qu'il arrive le moindre incident ...

-Et j'étais un incident potentiel ?

-Au milieu d'une liste longue comme la barbe de Dumbledore, relativisa-t-elle avec un vague sourire. Ma grand-mère est un peu du genre progressiste en plus d'être à moitié sourde, ma sœur un peu aigrie que je me marie avant elle. Il y avait ton frère et la réaction de tout le monde, les agissements de ma future-belle-mère ... et bien sûr, la moitié des invités et de la famille d'Ulysse fraye silencieusement avec des Mangemorts plus ou moins déclarés. (Elle baissa les yeux sur son verre). Je t'avoue que ma pire crainte, c'était que Nestor débarque. Et qu'il vienne réclamer son héritage en tuant Ulysse ...

La fin de sa phrase s'était brisée et elle se laissa enfin aller contre le dossier de la balancelle. Pour la première fois depuis longtemps, son masque se décomposa assez pour laisser apercevoir sa vulnérabilité, si bien que je ne puis m'empêcher de lâcher mon verre pour couvrir sa main de la sienne. Elle eut un petit rire et se détacha, visiblement incommodée par la marque d'affection.

-Arrête Bennett, souviens-toi que tu m'en veux.

-Je ne t'en veux pas, protestai-je avec douceur. J'étais juste ... un peu blessée que tu m'écartes comme ça alors que j'avais l'impression que tu voulais que je sois là.

Je me trémoussai nerveusement, mal à l'aise. C'était étrange de parler de sentiment avec Octavia McLairds, si détachée, si ... au-dessus de tout. Mais à la façon dont elle s'affaissait chaque seconde à peu plus, dont les traits de son visage se relâchaient, j'avais l'impression que cela ne la dérangeait pas. Un petit sourire retroussa ses lèvres et elle plongea son regard dans son thé glacé.

-Tu sais, je voulais vraiment que tu sois là ... Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ... j'ai assez peu d'amie, au final.

-Gillian était là ... Roger aussi.

-Roger est peut-être la personne dont j'étais la plus proche à Poudlard, c'est vrai. C'est peut-être pour ça que Fawley ne m'aimait pas par ailleurs ... Mais de là à le qualifier d'ami ? Et Gillian, s'il te plait, respecte-moi ... J'étais beaucoup avec elle, mais elle était l'arbre qui cachait la forêt. Et ma forêt est une immense solitude.

J'eus un vague sourire en l'écoutant, tant son expérience faisait écho à la mienne dans mes premières années d'étude. Néanmoins, si je n'avais pas eu d'arbre pour cacher ma forêt, j'avais fini par en sortir. Cédric s'était occupé de moi, Emily avait fini par voir par-delà ma timidité et Simon ... était un cas à part. Cela paraissait aussi être le cas d'Octavia qui ajouta avec un petit rire amer :

-Enfin si, j'avais Simon. Vraiment – et désolée – mais j'adorais discuter avec lui. Il a fallu que je gâche tout en mêlant de la romance à tout ça ...

A plus grande honte, la seule chose qui me vint en tête fut l'anecdote que Simon m'avait avoué, sur la fois sous la tente où Octavia avait souhaité aller plus loin et qu'il l'avait violemment repoussé. Pour masquer ma gêne, je haussai les épaules d'une façon que j'espérai nonchalante.

-On fait toutes des erreurs.

-En tout cas, Binns n'en a pas fait quand il nous a forcé à travailler à deux ... Sur le coup, ça m'a vraiment agacé. Je ne pensais pas trouver une amie dans l'aventure ...

« Amie ». Le mot me toucha autant qu'il souffla les braises de ma colère. Sans doute consciente de ce fait, elle but une gorgée comme du courage liquide et reprit avec un soupir :

-Peut-être que je t'ai pas vraiment traitée comme une amie chez moi. Tout au plus une collaboratrice lointaine ... c'était indigne de toi. C'est pour ça que je suis venue m'excuser. Mais Victoria il faut que tu comprennes que ...

-... Tu vis dans un monde où c'est dangereux d'être amie avec une née-moldue.

-Née-moldue, pas vraiment. Sinon ton frère n'aurait pas mis un pied à cette fête si ça avait été à ce point. Mais une Née-moldue radicale ? Oh Bennett, si je t'ai coupé, c'est que je savais que si je te lançais sur le sujet, tu allais t'enflammer. Et ça, clairement, ça aurait été dangereux. Tu as bien vu comment ils ont réagi quand tu as refusé de donner ta cape ?

Je rejetai la tête en arrière pour lui accorder silencieusement ce point. Oui, j'avais perçu le mépris dans les yeux des aristocrates, l'incompréhension qui les avait secoués. Et une partie de ces gens avaient des liens avec les Mangemorts, de près ou de rien ... Rien que Thalia Selwyn qui avait sans doute des contacts avec son fils Nestor. Nestor qu'Octavia craignait – et peut-être même Ulysse. Il fallait que je l'admette, sans doute que je m'étais laissée un peu trop portée par ma radicalité. Mais elle faisait à présent profondément partie de moi. J'en avais pris conscience, depuis qu'elle m'avait poussé à transformer Warrington en cornflex géant.

-Alors on fait quoi ? murmurai-je dans le vague. On publie, ou pas ?

-Je n'ai pas fait tout ses efforts pour que ça reste dans les tiroirs. Je veux juste qu'on prenne toutes les précautions possibles. Des faux noms, un éditeur fiable. En parler au moins de personne possible. Chez moi, seul Ulysse est au courant. Ça l'énerve autant que ça l'inquiète. Moi aussi ça m'inquiète, pour lui, à dire vrai ... J'ai peur que si ça se sait, ce ne soit pas moi qu'on attaque, mais les Selwyn. Qu'ils perdent tout le crédit qu'ils ont gardé jusque-là des deux côtés de la guerre ... (Elle marqua une pause, indécise). Et Simon, il dit quoi ?

-Comment ça ?

-Il est assez protecteur avec toi. Vu tout ce qui se passe ... j'avoue que je pensais qu'il t'empêcherait de te mettre plus en danger.

-Non, objectai-je dans un filet de voix. Non ... il est juste fier de moi.

Octavia secoua la tête mais ce n'était pas condescendant. C'était plus dépité. J'eus un pincement au cœur en réalisant que la sortie de Poudlard n'avait en rien entravé la solitude d'Octavia. Que les heures passées à travailler dans la bibliothèque des Bones avaient dû constituer le maximum de sa vie sociale cette année. Qu'alors qu'elle y mettait toute sa conviction, sa seule personne de confiance, son fiancé, ne la soutenait pas. Et malgré ce manque de soutien, l'amour demeurait parce qu'elle tremblait visiblement à l'idée que Nestor Selwyn ne débarque dans sa vie pour le lui enlever. Ce dernier point me fit fermer les yeux et inspirer profondément. Sincèrement, j'avais toujours douté que Nestor puisse faire trembler une autre que moi.

-Mais il dirait la même chose que toi, il faut qu'on se protège, embrayai-je finalement pour faire passer le malaise. Il y aura toujours un risque, il faut en être consciente ... mais on ne va pas tenter le diable. On prendra toutes les précautions que tu jugeras nécessaire. Moi j'ai déjà une cible sur le dos quoiqu'il arrive, mais il n'y a aucune raison que tu en aies une.

Dans le regard que me jeta Octavia, je lus un profond déchirement. Je ne sus déterminer s'il découlait de la décision que nous venions de prendre, ou du rappel de la position précaire dans laquelle cette guerre me mettait, mais je fus presque sûre de la sentir réprimer un mouvement de sympathie.

-Nestor n'osera jamais s'attaquer à toi, affirma-t-elle finalement.

-Hum ... Tu sais ce qu'il s'est passé à Bristol l'année dernière ?

A la grimace qui déforma ses lèvres, je compris qu'Ulysse lui avait touché un mot de mon dernier affrontement avec son frère sur le toit de l'immeuble qu'habitait alors Alexandre. Elle poursuivit néanmoins :

-La situation a changé, maintenant. Maintenant tu as clairement la protection du clan Selwyn. Il a conscience que maintenant, s'attaquer à toi, à ton frère ou à Mel, c'est s'attaquer à son père. Julius l'a clamé quelques fois, assez pour que ça se soit répandu. Et sincèrement je ne sais pas s'il aura le courage de faire ça. Son père est loin d'être un idiot, il a gardé des cartes dans son jeu. Nestor est encore dans le testament, par exemple, un testament dans lequel il a précisé que s'il était tué de façon litigieuse, Nestor n'aurait le droit à rien. Un accord tacite, si on veut. Tu auras ton argent, mais tu ne dois rien tenter qui entachera davantage ma réputation. Et Nestor étant une personne bassement vénale ...

-Je vois, soufflai-je, assez déconcertée. Il le tient par les cordons de la bourse. Mais il n'y pas que Nestor dans l'affaire. Il y a aussi tous les Mangemorts qui pensent que parce que je suis née-moldue, je ne devrais pas pratiquer la magie.

-C'est pour ça qu'il faut qu'on stoppe cette guerre à notre façon. On publie et puis c'est tout.

Evoquer mon cas personnel semblait avoir redoublé son ardeur et soudainement, je m'interrogeais sur ma part dans les motivations d'Octavia. N'était-ce pas parce qu'au fond elle m'appréciait qu'elle s'était découvert une conscience politique ? Je laissai couler mes questionnements pour me laisser aller contre la balancelle, les jambes repliées sur ma poitrine, les yeux rivés sur les branches du saule devant moi qui tremblaient au rythme de la brise.

-« Suivez l'ardeur qui vous emporte et dans l'assaut criez : Dieu pour Henry, Angleterre et Saint George ... », récitai-je

-Pardon ?

-C'est une pièce de théâtre. Henry V. C'est ... c'est ce que j'ai dit à Cédric juste avant qu'il aille affronter le dragon. Je trouve ça adapté.

Cette fois, ce fut un sincère éclat de rire qui franchit les lèvres d'Octavia. Toujours avachie sur la balancelle, elle semblait néanmoins plus détendue et enchérit d'un ton mordant qui lui ressemblait déjà plus :

-On va affronter notre propre dragon c'est ça ?

-Exactement. Merci de l'affronter avec moi.

Octavia m'adressa un petit sourire, simple, loin du sourire de grande dame dont elle se parait comme d'une armure. Un sourire incertain, même, comme si elle continuait de douter de sa décision sans réellement se l'avouer. Ce fut sans doute pour cela qu'elle plaça son verre vide sur le sol à côté de la balancelle et qu'elle se leva, lissant sa jupe d'une main nerveuse.

-Un plaisir, Bennett. Bon, je dois y aller ... Il faut que je boucle mes dossiers avant le mi-temps. Je pensais à une publication en septembre, c'est la rentrée littéraire ...

-Octavia, on est en juin ... C'est trop court.

-Je pensais que tu étais au chômage technique ? rétorqua-t-elle avec une œillade amusée. Au travail, Victoria ! Et prépare-toi parce que cet été tu me verras plus que Simon. Oui je refuse qu'il nous lorgne comme il a pu le faire, il va te déconcentrer.

Face aux images qui me venaient de nouveau en tête et qui menaçait d'échauffer mes joues, je préférerai me contenter d'un petit rire. Je bondis à mon tour sur mes pieds pour la raccompagner jusqu'au portail. Elle s'immobilisa avant de le franchir, prit le temps de remettre son fin gilet de laine sur ses épaules sans l'effiler avant de pivoter derechef vers moi :

-Au fait, tu as disparue des radars après notre dispute ... Je pensais que tu étais partie, mais je t'ai vu ensuite t'en aller avec ton frère ... Tu étais passée où ?

Mon grand-père m'assurait que j'étais une bonne occlumente grâce à lui, et pour la première fois je l'en remerciai du fond du cœur. Car face à la question d'Octavia, ma mémoire s'emballa, entrainant dans son sillage mon pouls et mon rythme cardiaque, faisait du soleil agréable de juin une brûlure insupportable. Ce fut tel que je mobilisai toute ma dérision possible pour lancer :

-Je suis allée bécoter Simon dans ton salon. Pourquoi ?

Octavia haussa les sourcils et son regard se mit à étinceler. Je ne sus déterminer si elle me crut ou crut mon ton moqueur, mais elle entra dans le jeu en répondant dans un soupir :

-Au moins deux qui sont amusés ... J'espère que tu as profité, parce que maintenant c'est fini, Bennett. Au travail !

***

-Zou !

-Mais !

-On ne veut pas de toi ici, tu as mieux à faire. Zou !

Je fusillai Tonks du regard, presque vexée d'être ainsi accueillie alors que je venais de mettre un pied au 12 Square Grimmaurd. Elle était installée à la table de la cuisine avec Podmore, penché sur des parchemins qu'ils s'étaient dépêchés d'enrouler d'un coup de baguette dès qu'ils avaient aperçu l'ombre dans la cage d'escalier. S'ils voulaient de la discrétion, pourquoi se réunir dans la pièce la plus fréquentée ?

Podmore se joignit à moi pour gratifier Tonks d'un regard torve. Suite à l'intervention chez Barjow et Beurk, il avait encore son bras en écharpe et de ses bandages s'échappait une entêtante odeur d'herbes et de réglisses. Les contours jaunes et bleus d'un œil au beurre noir se résorbait lentement autour de son orbite et rarement je ne l'avais vu si fatigué.

-« Zou », répéta-t-il d'un ton cassant. Oui c'est clair qu'elle va se barrer, tu es terrifiante au possible !

-Je viens juste prendre des nouvelles, pas m'impliquer, promis-je à Tonks. Dans dix minutes je suis rentrée chez moi et scotchée à ma machine à écrire !

-A ta quoi ?

J'aurais pu me lancer dans de grandes explications techniques, mais je sentais que des sorciers de pure-souche comme eux comprendraient peu l'utilité de la machine à écrire. Je me laissai aller sur le banc à côté de Tonks et lui donnai un coup de coude dans les côtes.

-Alors, comment ça a été avec ton amie ? Joséphine, c'est ça ? Je crois que j'ai croisé sa sœur aux fiançailles d'Octavia et Ulysse ...

-Et bien choquée et déçue, lâcha Tonks, visiblement résignée à ma présence. Moi qui étais très clairement venue pour me bourrer la gueule, figure-toi que je suis arrivée pour découvrir qu'elle était enceinte !

-Enceinte ? m'étonnai-je. C'est vraiment le moment ?

L'acidité des prunelles de Tonks me fit presque reculer sur le banc. La question m'était venue instinctivement, mais elle parut indisposer Tonks qui répliqua sèchement :

-Ce n'est jamais le moment. Alors pourquoi pas maintenant, après tout ? De toute manière elle est déjà enceinte de quatre mois ... Bref, toujours est-il qu'au lieu de m'enfiler le whisky Pur-Feu que j'avais rapporté, j'ai dû boire du jus de citrouille par solidarité. Je te retiens Abbot !

-Quelle Abbot va avoir un bébé ?

La voix me transporta loin, traversait les highland pour se percher dans une tour, au milieu des gradins, derrière un imposant bureau aux pieds sertis de serres. Et lorsque je levai les yeux, la vision d'un Albus Dumbledore dans l'embrassure de la porte, souriant dans sa barbe blanche, fit monter un bouchon de nostalgie dans ma gorge. L'image était décalée, comme sortie d'un rêve : j'avais l'impression que mon esprit avait pris plusieurs éléments de ma vie pour les raccrocher ensemble, mais que la composition ne faisait aucun sens. La raison me vint vite : je n'avais jamais vu Albus Dumbledore en dehors de Poudlard. J'avais beau savoir qu'il avait le chef de l'organisation, jamais je ne l'avais aperçu entre ses murs. L'apparition me laissa sans voix, mais je fus la seule à être déconcertée. Tonks répondait déjà d'un ton plus guilleret :

-Joséphine ! Inimaginable, n'est-ce pas ?

-Oh j'avoue que des trois Abbot j'ai plus eu affaire à Bérénice parce qu'elle était préfète ..., répondit Dumbledore, l'œil étincelant. Mais vous lui transmettrez mes plus chaleureuses félicitations, ainsi qu'à l'heureux futur papa.

-Le futur papa .., ricana Tonks d'un ton machiavélique. Tellement hâte de le voir jongler avec un môme !

-Et qu'est-ce qu'on va rire quand ce sera ton tour, la tança Podmore en lui donnant une pichenette sur la tempe.

-Pas demain la veille, s'esclaffa Tonks, un peu plus sombre. Aux dernières nouvelles on ne peut pas faire un bébé toute seule ...

-Oh mais nulle doute que vous trouverez un jour quelqu'un de bien Nymphadora, tenta de la rassurer Dumbledore. Ah miss Bennett, vous n'auriez pas apporté votre grand-père dans vos bagages ?

Je clignai des yeux, assez surprise qu'il s'adresse à moi avec cette simplicité. La dernière fois que je m'étais retrouvée face au directeur de Poudlard, c'était il y avait près d'un an lorsque je lui avais fait part de ma décision d'entrer dans l'Ordre du phénix. A présent que la fascination de l'apparition était passée, je réalisai que les mois avaient prélevé leur lourd tribut sur Albus Dumbledore et que ce n'était pas complètement l'éminent directeur de Poudlard qui se tenait devant moi. Au lieu de ses robes chatoyantes, il portait une cape de voyage couverte de poussière et lorsque sa main vint agripper le bord de son chapeau, j'eus un mouvement de recul. Elle était noircie, décharnée, presque morte. L'unique marque de vie était le chatoiement d'un anneau d'or à son majeur. Dumbledore suivit mon regard jusque sa main et un sourire frémit sur ses lèvres. Il retira tranquillement son chapeau qu'il posa sur la table. Il diffusait une légère odeur de brûlé.

-Oh ne vous en faites pas miss Bennett ... Elle est ainsi depuis quelques mois, maintenant, j'en viens à oublier son aspect. Alors, votre grand-père ?

-Euh ... Non, désolée, professeur, il est ... enfin, sans doute chez lui, il ...

-Jouit de sa vie de famille comme il se doit, comprit-t-il en opinant du chef. Oui, bien sûr je me doute ... Merci miss Bennett. Nymphadora, Sturgis, vous pouvez de nouveau rejoindre Alastor. Je suis encore navré de vous avoir dérangé ...

-Aucun problème, professeur, assura Podmore en entassant les parchemins dans les bras de Tonks. On y retourne ! Et toi ... (Il pointa son index sur moi avec un sourire tordu). Zou !

-Hé, prends ta part ! râla Tonks, ensevelie sous les parchemins. Tu veux que tout finisse à terre ?!

Ils chamaillaient encore dans le couloir, car Podmore s'était contenté de quelques rouleaux et qu'il avait fallu deux pas à Tonks pour faire tomber la moitié de sa charge. Dumbledore laissa échapper un petit rire et redressa ses lunettes demi-lune sur son nez. Il me jeta un petit regard. J'étais restée figée sur le banc, sans savoir si je devais suivre Podmore et Tonks vers la sortie, ou si une telle fuite aurait été malpolie.

-Qu'est-ce qui vous amène, Victoria ? m'interrogea aimablement Dumbledore. Je pensais que vous aviez été mise au repos ces derniers temps ...

-J'y cru comprendre qu'il y avait une « consigne » à ce sujet, en effet.

Dumbledore ne chercha pas à nier : il sourit et sortit sa baguette pour remplir un verre vide de jus de citrouille.

-Oh, il se peut que j'en ai glissé un mot à Alastor ... Vous trouvez le temps d'écrire votre livre ?

-Comment êtes-vous au courant ? demandai-je, curieuse. Je n'en avais parlé à personne ici ...

-J'ai les oreilles qui trainent partout, Victoria, rappela-t-il aimablement en inclinant la tête.

Je fronçai les sourcils, assez frustrée de la réponse énigmatique. A dire vrai j'y avais réfléchi et la meilleure poste restait pour moi celle qui passait par le professeur Shelton. Julian Shelton, qui avait de son propre aveu encore des contacts avec nulle autre que mon ancienne professeur d'Etude des Moldus, Charity Burbage ... L'ex-petite-amie de Matthew Bones ...

-Je dois admettre que c'est un projet qui a éveillé ma curiosité, ajouta Dumbledore d'un ton serein. Le professeur Binns a insisté pour dire que votre analyse dans votre projet de fin d'étude était remarquable. Le sujet que vous avez décidé d'aborder étant plus qu'essentiel ... Il m'a semblé naturel de vous donner toutes les cartes afin de réaliser ce livre.

-Je vous remercie ... C'était juste ... Enfin, j'ai été surprise. J'ai cru qu'on ... enfin, que je ...

-N'étais plus utile à l'Ordre ? acheva tranquillement Dumbledore.

Un peu embarrassée, j'acquiesçai à peine. Mais Dumbledore eut un sourire indulgent et prit place en face de moi, sur le banc inconfortable de la cuisine des Black. L'ampoule nue qui se balançait au plafond jetait une lumière crue sur son visage, révélant les profonds sillons qui creusait son visage, une véritable toile d'araignée imprégnée dans ses traits et qui chaque visible semblait s'enfoncer un peu plus. Sous la violence de ces rayons, ses cheveux semblaient plus blancs qu'argentés. Il passa une main sur sa barbe avant de répondre :

-La question n'est pas d'être utile à l'Ordre, Victoria. Elle l'est de l'être au monde. Se mettre au service du monde. Et croyez-moi, c'est exactement ce que vous faites ... n'y voyez aucunement une mésestimation de vos capacités. Remus m'a dit que vous vous étiez admirablement comportée dans chacune de vos missions, Alastor était contrarié de perdre une bonne duelliste ... Mais je sens ce que vous étiez capable de produire de mieux était ailleurs.

La formulation me parut affreusement familière et bourdonna dans mon esprit, si bien que je m'attardais à peine sur le compliment qui m'était fait. Ce qui me frappa davantage, c'était l'air usé de Dumbledore, et l'odeur persistante de brûlé qui émanait de son chapeau. Ses cheveux, normalement peignés, soignés, étaient emmêlés comme s'il venait de passer des heures au bord de la mer.

-Vous allez bien professeur ?

La question m'avait échappé, et son innocence arracha un sourire à Dumbledore. Il prit le temps de boire une gorgée de jus de citrouille avant de répondre :

-Ce n'est pas à vous que je vais apprendre que ce ne sont pas des temps faciles ... ils prélèvent leur tribu chez chacun. Dire que je vais bien serait vous mentir miss Bennett et je vous estime trop pour cela.

-Je comprends ... désolée, ma question est stupide.

-Votre question montre que vous avez du cœur, protesta Dumbledore avec une certaine fermeté. Gardez-le, Victoria, c'est votre empathie qui fait votre force.

Cette fois, j'acceptai le compliment sans broncher, trop contente que tout ce qu'avait pu m'inculquer mon père trouvent une résonnance chez le plus grand sorcier de notre génération. Le sourire dont il me gratifia fit remonter le professeur qui était venu me consoler de la perte de mon meilleur ami dans les gradins de Quidditch, il y a si longtemps, dans une autre vie. Ce fut sans doute cette familiarité qui me poussa à demander avec plus de légèreté :

-Professeur ... vous avez un lien de parenté avec les Bones ?

Les sourcils de Dumbledore se haussèrent.

-Ah ... Comment l'avez-vous appris ?

-Le grand-père de Simon a tenu un arbre généalogique qui remontait à une certaine Antonia Dumbledore, qui a épousé ... Edward ? Edmund ? Bref, le premier Bones.

-La sœur de mon grand-père, confirma Dumbledore, un petit sourire aux lèvres. Elle s'est en effet mariée à un Bones, un moldu ... un scandale à l'époque, avec des lois beaucoup plus contraignantes que maintenant, il lui a fallu un sacré courage ... ça a tellement marqué notre famille qu'elle s'est complètement désunie des Bones. Alors même que nous habitions le même village, nos familles avaient cessé de se fréquenter et ce bien avant ma naissance ...

-Donc vous avez habité Terre-en-Landes ? La maison hantée ?

Votre père a vraiment agressé le frère de l'Ancien ? Votre sœur était-elle une Cracmolle ? Pourquoi avez-vous quitté la ville ? Les questions se bousculaient dans mon esprit depuis que j'avais ouvert les carnets de Nicholas Bones et il s'en fallut de peu pour qu'elles ne franchissent mes lèvres, mais je parvins à fermer les vannes après la première échappée. L'extrême prudence avec laquelle Dumbledore répondit me conforta dans mon choix :

-Très peu de temps ... J'y suis né, mais j'ai principalement grandi à Godric's Hollow. Mais veuillez m'excuser ... La Maison Hantée ?

-Elle est abandonnée depuis longtemps, dans les hauteurs, expliquai-je avec un sourire contrit. Vous imaginez, il n'en faut pas plus à des enfants pour se faire des idées ... Nicholas Bones l'a identifié comme la vôtre. J'y ai passé quelques soirées. On y a fait une séance de spiritisme même une fois.

Je passai sous silence mon baiser avec Simon, l'apparition de l'épouvantard qui avait profité de l'isolement obscure de la maison et la présence de Rita Skeeter. Malgré tout, les anecdotes parurent amuser Dumbledore qui s'esclaffa doucement, visiblement charmé.

-Oh c'est possiblement la nôtre, elle n'était déjà pas très accueillante dans mon enfance ... Mon arrière-grand-père – le père d'Antonia Bones – était un homme particulièrement acariâtre. Je suis heureux qu'elle ait pu vous servir de terrain de jeu ...

Dumbledore vida son verre de jus de citrouille d'une traite et le reposa sur la table avec une infini douceur. Puis il récupéra son chapeau de sa main noircie et décharnée et le replaça sur son crâne.

-Sur ce, j'ai bien peur de devoir vous quitter, ma chère Victoria ... Mais c'était un plaisir de vous revoir, bien sûr. Je passerai certainement voir vos grands-parents prochainement par ailleurs, j'aurais besoin de l'expertise de votre grand-père ... Ils vont bien, par ailleurs ?

-Parfaitement bien, merci professeur ... Et je vous remercie de ne pas trop solliciter mon grand-père. Sur le terrain, je veux dire. Je pense que ma grand-mère ne l'aurait pas supporté ...

Les prunelles bleues de Dumbledore étincelèrent et il inclina humblement la tête en ma direction. Il me contempla quelques secondes, visiblement songeur, son sourire se mourant lentement sur ses lèvres pour ne laisser qu'une expression de gravité.

-Et vous publierez votre livre, Victoria ... n'est-ce pas ?

Il y avait une forme d'injonction qui m'hérissa l'échine et révulsa une partie mon être qui refusait que mon livre soit sous le sceau de l'Ordre du phénix. Malgré la dispute que j'avais pu avoir avec Octavia, il y avait longtemps que j'avais abandonné l'idée d'un ouvrage militant qui risquait d'accroitre sa dangerosité. Mais il y avait de la ferveur, de la foi dans le regard de Dumbledore qui m'exalta assez pour qu'en écho dans mon esprit s'élève de nouveau les chœurs du Do you hear the people sing ? qui avait symbolisé une partie de mon combat.

-Avec toutes les précautions possibles afin de me préserver et de préserver ma partenaire ... Mais oui, professeur, je ferais tout pour le publier, promis-je, de façon si solennelle que j'avais l'impression d'appliquer un serment inviolable. Par ailleurs ... sachez qu'une des propositions est d'abolir l'intitulé de « Etude des moldus ». A titre personnel, je trouve le terme « étude » ... dérangeant.

Dumbledore hocha plusieurs fois la tête, chaque fois plus appréciateur. Un sourire s'était même mis à ourler ses lèvres alors qu'il se redressait, prêt à partir.

-Et bien l'humble directeur que je suis examinera consciencieusement cette proposition ... Une fois le livre publié, bien sûr, je ne voudrais pas être accusé d'avoir eu cet ouvrage en avant-première ...

La précision me rassura grandement sur les motivations de mon ancien professeur et je pus lui adresser un sourire sincère de remercîment. Pour ses encouragements. Pour m'avoir permis de me dégager du temps. Pour y croire. Au projet, en moi. C'était si gratifiant de la part d'un tel personnage que ça en devenait presque grisant. Dumbledore me jeta un dernier coup d'œil, debout face à l'escalier, vêtu de sa cape de voyage et du chapeau qui ombrageait son regard.

-Continuez de vous battre, ma chère Victoria. Encore et encore. Vous le savez ...

-Avant d'être réduit à l'ombre et à la poussière, murmurai-je, saisie.

Un fin sourire trembla sur les lèvres de l'éminent directeur. De nouveau, sa tête oscilla doucement et il se mit à gravir les marches avec une lenteur qui trahissait son grand âge. Sa main blessée appuyée sur les murs, il s'éleva, les bras de sa robe trainant derrière lui.

-Oui, à la poussière ..., murmura-t-il une dernière avant de s'engouffrer dans la cage d'escalier, jusqu'à que sa voix devienne un écho et que son ombre cesse de trembler sur les pierres.

***

La discussion avec Dumbledore m'avait mise dans un drôle d'état. Exaltée, j'avais voulu continuer à écrire le livre avant de réaliser que j'étais beaucoup trop nerveuse pour cela. Les mots se bousculaient dans mon esprit, je ne cessais de faire des fautes, de mal enchainer les idées. J'avais fini par abandonner, frustrée et de profiter des derniers rayons de la journée pour aller courir. Mon entrainement était réduit au minimum depuis la suspension de la petite Ligue et il y avait une éternité que je n'avais pas fait un simple jogging dans les rues de Terre-en-Landes sur lesquelles je posais un regard nouveau – celui de l'historienne. J'étais passée devant l'ancienne maison des Dumbledore, m'attardant à peine pour tenter d'imaginer un Albus Dumbledore enfant inimaginable jouant dans ce jardin. Puis en passant devant celle de l'Ancien, ce fut les contours flous de son père que je vis franchir la porte pour agresser des enfants. J'avais accéléré le rythme pour me retirer les images de l'esprit, descendant toute la colline jusqu'à la maison des Bones au moment où le soleil commençait à se coucher et à tapisser le ciel de large panache de lumière mauves et orangées. J'hésitai encore une seconde avant de finalement passer la porte. Puisque j'étais venue jusque là ... inconsciemment, bien sûr, songeai-je en réprimant un petit sourire. Fort heureusement, la première personne que je croisais fut Simon, installé dans le salon dont la table croulait sous les épais traités de magie, occupé à faire jaillir des étincelles d'or et d'argent de sa baguette, le visage crispé par la concentration.

-C'est censé être quoi ça ? Un feu d'artifice ?

Mon irruption brisa la bulle dans laquelle s'était emmuré Simon et les étincelles passèrent à l'ocre puis au jaune vif avant qu'il ne rompe le sortilège d'un mouvement agacé da la baguette.

-Vicky ! Je galérais déjà !

-Excuse-moi, pardon ... Je pense que je ne t'ai jamais vu autant travailler.

-Je pense que je n'ai jamais autant travailler, confirma Simon, la mine bougonne.

Comme pour l'attester, il s'étala de tout son long sur le sofa, les pieds dépassants juste du bras pour se balancer dans le vide.

-Mais pourquoi tu travailles en bas ? m'enquis-je, assez surprise de voir qu'en plus de ses affaires, les restes d'un plateau-repas gisaient à terre.

-Mes parents se disputent à l'étage depuis une heure. Je les entendais depuis ma chambre alors je suis descendu.

C'était dit d'un ton laconique, presque badin, mais la contrariété transparut sur son visage : un pli amer au coin des lèvres, un froncement de sourcil perplexe. Je pris le temps de me servir un grand verre d'eau avant de demander prudemment :

-Et ... pourquoi ?

-Oh certainement à cause de moi, ironisa Simon sans me regarder. J'ai entendu mon nom, en tout cas. C'est là que je suis parti. Le reste j'ai préféré ne pas écouter.

La fuite, constatai-je, dépitée. La fuite et le déni plutôt que d'affronter ses parents. Simon avait accepté ses fantômes à présent ... mais les faire accepter à sa famille, ça restait beaucoup trop pour lui. J'aurais peut-être dû insister, mais n'avais-je pas décrété que je cessai de lui tenir la main concernant ces questions ? Qu'il était assez grand, conscient, avancé dans sa guérison pour prendre les bonnes décisions seul ? Après tout il était en pleine période d'examen, me rassurai-je finalement en vidant mon verre d'eau. Personne ne veut se rajouter un stresse supplémentaire dans ces moments. Je gardai donc le silence et écartai ses jambes du bras du fauteuil pour prendre place sur le bord – assez loin pour qu'il ne puisse pas sentir que je venais de courir près d'une heure. Cela dit, mon jogging, mon souffle lourd et la sueur qui plaquait quelques mèches contre mes tempes parurent être un indice bien suffisant pour lui :

-Tu viens de courir ?

-Il faut bien que je maintienne en forme, me défendis-je avec un haussement d'épaule. Et j'avais besoin de me défouler je crois. Je viens de parler avec Dumbledore, ça a allumé un feu dans ma tête, je te jure. J'étais bonne à rien après ça.

Simon se redressa brusquement sur les coudes, alerte, les sourcils haussés.

-Oh, oh, doucement. Tu as parlé avec qui ?

-Dumbledore, répétai-je, amusée. Il est passé au QG, vite fait ... Et je te confirme qu'Antonia était bien la sœur de son grand-père mais que les familles ont cessé de se fréquenter dès qu'elle a épousé ton moldu d'aïeul.

-Bien évidemment, grogna Simon en levant les yeux au ciel. Et ... Tu as osé l'interroger sur son père ? Ou sur sa sœur ? Adriana ?

-Ariana, rectifiai-je avant de lui jeter un regard torve. Adriana c'était ton archiviste.

-Adrianne, pas Adriana, rappela Simon avant de me jeter un regard moqueur. Et ça n'a jamais été « mon » archiviste.

-Tu as pris un verre avec.

-Et visiblement, je vais le payer jusque la fin de mes jours ...

Je hochai dignement la tête pour le lui confirmer, d'une façon presque trop pompeuse. Effectivement, je doutai oublier un jour qu'il avait tenté de me rendre jalouse avec cette fille plutôt que de venir me voir et m'avouer qu'il m'aimait. Le changement de position de Simon me prit de court et subitement, il se retrouva à ma hauteur, dressé sur ses genoux, à venir picorer un petit baiser sur mes lèvres. Surprise, je finis par le repousser avec un éclat de rire.

-Simon ! Je viens de passer une heure à courir et ...

-Et ?

Il n'attendit pas pour fondre sur mes lèvres et m'embrasser de façon plus insistante. J'avais terriblement conscience d'être sur la retenue, de craindre que mon odeur corporelle ou ma peau poisseuse l'incommode, mais il balaya mes réticences en passant un bras derrière mon dos pour m'attirer plus proche de lui. Un cri étouffé aux lèvres, je basculai sur lui et me retrouvai maladroitement sur ses genoux.

-Simon Sirius Bones, je te rappelle que tes parents sont à l'étage !

-Et vu comment ils étaient partis ils en ont encore pour une heure.

-Mais tu es infernal !

Malheureusement, un éclat de rire avant accompagné mon cri, et ce fut ce que Simon décida de retenir. Il caressa mon oreille de son nez, comme une interrogation silencieuse et je finis par prendre son visage en coupe, radoucie, beaucoup trop tentée par ces lèvres qui m'appelaient de ce petit sourire insolent. J'avais bien l'intention de le faire disparaitre dans un baiser, malgré les parents à l'étage, malgré ma course qui m'avait laissée poisseuse et haletante, mais un son strident me fit sursauter au moment où mes lèvres n'étaient plus qu'à un souffle des siennes. Je m'écartai brusquement, le cœur battant à tout rompre.

-C'était quoi ça ?

Simon aussi s'était tendu. Tout sourire avait déserté son visage et son regard balaya la pièce jusqu'à que son cou se tende pour apercevoir la salle à manger. Ce fut en voyant son visage devenir livide que mon cœur cessa de battre dans ma poitrine.

-Oh non ...

Sans attendre, il m'obligea à bouger de façon si brutale que j'en tombais presque pour se lever et se dépêcha de courir, pied nu, jusqu'à la porte de la salle à manger. Et alors je les aperçus. Les lumières rouges qui balayaient le parquet et jetait des ombres sinistres sur les murs. Affolée, je me dépêchai de rejoindre Simon pour m'apercevoir que les lueurs ne venaient pas d'un sort, mais d'un miroir ouvragé collé au fond de la pièce, qui s'allumait à intervalle infernal, de plus en plus vite, emballant complètement mon rythme cardiaque. Un nouveau son strident se fit entendre et me força presque à me boucher les oreilles et m'étourdis complètement, si bien que j'entendis à peine Simon murmurer devant moi :

-Rouge ... Vicky ... je crois que quelqu'un attaque tes grands-parents. 

*** 

Oh allez une petite fin à suspens ça faisait longtemps. 

Je sais je sais, je suis une sadique, je n'ai pas de cœur, pitié pitié Perri craque et donne nous le prochain (non), on arrivera pas à tenir deux semaines (mais si) mais Perri qu'est-ce qui se passe tu es trop méchante (je sais). 

Maintenant que c'est dit, qu'est-ce que vous avez pensé du chapitre? 

Pour pour prévenir, on arrive tout doucement à la fin là ... C'est très clairement la dernière ligne droite qui s'amorce. Pour rappel, la P3 a de mémoire 46 chapitres ! 

A la semaine prochaine pour LDP <3 

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