III - Chapitre 42 : Songes d'une soirée de printemps
Je vais péter les plombs c'est pas possible
Bonjour au fait (Oui en avance, je me lève tôt pour aller à Verdun demain !).
Mais je vais péter les plombs, c'est insupportable l'italique, en plus c'est juste un chapitre HYPER LONG donc clairement j'ai pas la foi, je vais m'armer de patience ...
Well je vais commencer par remercier toutes les personnes qui ont souhaité mon anniversaire sur l'histoire d'Anna, je les ai tous lu et vous m'avez fait bien plaisir <3 J'ai survécu à cette journée, notamment à l'union de mon copain et de l'Hydre (oui oui on a clairement passé une étape dans notre amitié : elles ont comploté avec mon copain) qui m'ont concocté un WE à Paris avec :
- Pièce de Cyrano (MERCI LES FIIIILLES)
- Expo sur le Machu Pichu (MERCIII Val ! Il faut savoir que un de mes rêves est d'aller au Pérou, quand j'aurais les sous - et la forme physique).
Et la semaine pro le mariage de CAZOOO APNOFRIBOGRAOIBVFAB JUST CAN'T WAIT
Bon maintenant que j'ai raconté ma vie le CHAPIIIIITRE
C'est le fameux chapitre qui avait un sacré potentiel et que finalement j'ai tout toutes les peines du monde à boucler, à faire vivre. Vraiment, vous allez voir, c'est assez décousu je trouve.
Heureusement qu'il y a un passage qui vaut le coup ... Bon ce passage euh. Pas de warning, mais je vais juste un peu plus loin, tel que je vous l'ai annoncé. Je vous prends pas en traitre. Et euh. Voilà. Je vais aller corriger l'italique. BISOUS BONNE LECTURE
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L'amour, panique de la raison, se communique par le frisson.
- Victor Hugo
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Chapitre 42 : Songes d'une soirée de printemps.
Mon père nous retrouva près de deux heures plus tard, dans sa chambre, à tenter de trouver la tenue que j'allais porter aux fiançailles d'Octavia McLairds, des larmes de rire dans les yeux après que ma mère ait réessayé pour sa part sa propre robe de fiançailles datant de 1971, couverte de volants et de dentelle qu'elle avait choisi pour faire plaisir à sa future belle-mère – dernier geste à son égard après que ma grand-mère avait décrété qu'elle ressemblait à une bonne qui avait volé la robe de sa maîtresse. Je le vis à peine : il poussa la porte, nous observa avec un sourire attendri, puis s'effaça pour ne pas briser le fil qui se renouer entre ma mère et moi.
Malheureusement, notre quête demeura un cinglant échec : Octavia m'avait fait une liste stricte des éléments que devaient comporter ma robe : « On est début juin donc une robe d'été, ça se passe à l'intérieur mais on aura accès au parc. Elle doit être longue quand même : je ne veux pas voir tes chevilles Bennett, mon grand-père est plutôt vieux jeu. Evite le noir ou les couleurs sombres aussi : je veux de la joie, pas l'impression que ma fête de fiançailles est un enterrement ! ». Devant l'allongement de la liste, Simon avait ironiquement demandé si elle ne préférait pas choisir ma robe à ma place, ce à quoi Octavia avait rétorqué des exigences concernant sa propre tenue qui lui avait fait fuir la pièce.
C'était Melania qui m'avait sortie de l'embarras en m'apportant l'une de ses propres robes, qu'il avait fallu ajuster pendant des heures pour qu'elle tombe peu ou proue bien sur moi. Le travail était à peine achevé quand Simon vint me chercher pour nous rendre à la fête de fiançailles. Il fut presque déçu lorsqu'il s'avéra que nous étions dans les temps et que nous apparûmes à l'heure dans la résidence écossaise des McLairds.
-On n'aurait pas pu gratter encore quelques minutes ? s'enquit-t-il à Melania devant le portail.
Il tira sur son col avec une grimace. Melania l'avait forcé à orner son cou d'un nœud de soie noire en plus de son veston et de son pantalon de toile. Le tout noir mais il avait vertement refusé le costume mauve que son père avait sorti des tréfonds d'un placard et que je soupçonnais fortement d'avoir appartenu à Edgar Bones lui-même – la coupe était trop frêle pour être celui de George.
-Je dois en retard à la fête de fiançailles de mon frère ? rétorqua sèchement Melania. Ça ne va pas ? Alexandre, arrête de tripoter ta cravate !
-Tory, dis-lui.
-La cravate n'est rien d'autre qu'un nœud coulant qui t'étrangle minute après minute, récitai-je dans un soupir, assez exaspérée.
Je tirai sur ma robe, gênée. Malgré les ajustements, je sentais que la robe était lâche et tombai mal et cet inconfort physique ne faisait qu'accentuer un malaise que j'essayais par tous les moyens de gommer. Je comprenais l'appréhension d'Alexandre : il était littéralement l'agneau au milieu des loups. Les Selwyn, il avait appris à gérer mais toute une bande de sorcier qui le dévisagerait comme une sorte de curiosité, voire avec mépris ? Octavia avait beau me promettre que tout se passerait bien, j'étais moi-même inquiète. Simon en revanche ne faisait rien pour apaiser ses doutes – ni les miens. Ignorant les garçons, je rejoignis Melania qui s'était portée quelques mètres devant.
-Dans les faits, qui sera là ?
-Beaucoup trop de gens, marmonna-t-elle en lissant les pans de sa cape d'été. Toute la bonne société sorcière ... Mon père a fait très attention à éviter toutes ses fréquentations liées de près ou de loin à des activités Mangemorts donc vous ne verrez ni Malefoy, ni Nott, mais on aura des hauts responsables du Ministère ... Pius Thicknesse par exemple, le Directeur de la Justice Magique. Le Ministre n'est pas là, c'eut été poussé trop loin les choses, mais je crois que son petit-fils est là avec sa femme ... (Elle fronça du nez). Une des sœurs Abbot de mémoire.
-Qui ça ?
-Les sœurs Abbot. Désolée, je parle en nom de code ... Tu sais toute la bonne société sorcière s'est côtoyée toute petite. Ophélia, Joséphine et Bérénice. Leur mère est richissime, elles étaient dans le viseur de plusieurs grandes familles pour des fiançailles. Les Fudge ont eu Ophélia, mais les autres ... Joséphine est une rebelle, elle aurait refusé tout arrangement matrimonial ... Et la plus petite ... (Un sourire étrangement démoniaque fendit le visage de Melania). Oh la petite perle, Bérénice ... Peine perdue, elle préfère se consacrer à son travail ...
-Ah ...
Je réprimai un sourire amusé. La seule chose que j'avais retenu était l'évocation de Joséphine Abbot, la fameuse amie de Tonks et l'idée qu'elle et Melania aient des connaissances communes me paraissait incongrue. Maintenant que j'y pensais, elles étaient de la même tranche d'âge, plus âgées que moi respectivement de quatre et cinq ans. Je laissai Melania poursuivre ses commentaires sur les invités et étudiai quelque peu mon nouvel environnement. La réception se déroulait dans la demeure des McLairds, en Ecosse, niché dans une vallée entourée de colline rocailleuses et d'une forêt qui pouvait servir de décors à Songe d'une nuit d'été. Je trouvai véritablement le paysage féérique dans son coucher de soleil et m'attendait presque à voire des nymphes diaphanes et Puck sortir des bois. A défaut, c'était un flot de sorcier tous vêtus de leurs plus belles parures qui se déversaient dans la propriété et entraient par le beau portail de fer forgé. Planté devant, une jeune femme vérifiait les invitations. Elle ressemblait trop à Octavia pour ne pas être sa sœur : aussi grande et gracieuse et dotée de la même opulente chevelure acajou, elle avait le visage plus maigre et les yeux bleus au lieu de brun. Elle adressa un immense sourire à Melania.
-Oh, ravie de te revoir, Mel !
-Vivian, salua poliment Melania, un sourire nettement plus mesuré aux lèvres. Tu es resplendissante ...
-Oh, obligée de compenser quand ta petite sœur se fiance avant toi. Tu as tes invitations ? C'est ton fiancé ?
Elle jeta un regard curieux à Alexandre – curieux, mais un peu méfiant. Mais pas autant que la voix de Melania qui cingla sèchement :
-Mon petit-ami, oui. Les invitations sont là. Bonne soirée, Vivian.
-Oh mais ...
Mais Melania avait fermement passé son bras sous celui d'Alexandre et s'en fut dignement, sans précipitation mais avec beaucoup de grâce. Tout fier à côté d'elle, mon frère releva le menton et réserva son regard le plus méprisant à la jeune fille éberluée qu'il dépassait. Amusée, les suivis dans le parc. Des bulles magiques auréolaient le jardin à l'anglaise, fait de chemin sinueux et de bosquets d'arbres, d'une douce lumière semble à celle de la lune. Nous sillonnâmes le parc jusqu'à l'entrée de la demeure, une belle maison aux pierres grises qui ressemblaient à s'y méprendre à une chaumière avec des dimensions de château et la classe d'un manoir enchanté. Une foule se pressait déjà aux portes et nous vînmes la grossir. Je grimaçai en comprenant : tout le monde faisait la queue pour saluer Octavia et Ulysse dans le Hall. Désespéré, Simon laissa aller son front contre mon épaule. Je lui jetai un regard déconcerté.
-Mais Bones !
-Désolé. Je vais encore me plaindre. Mais je veux pas être là. On va regarder un film chez toi ?
-Allez un peu de nerf mon crapaud, lui lança Alexandre avec une grande tape dans son épaule. Depuis quand tu t'appuis comme ça sur ma sœur, d'ailleurs ?
Simon gratifia mon frère d'un regard torve et ce faisant, il ne put capter le sourire étrange qui flotta sur mes lèvres. La rhétorique me rappelait ma mère, la façon dont elle s'était appuyée sur Cassiopée après ma naissance, jusqu'à ce qu'elle soit trop occupée avec son propre bébé. Ce soutien sans failles, ce n'était pas que nous. C'était une partie de notre héritage. Un lien de plus qui m'unissait à jamais à Simon Bones. Simon Sirius Bones, songeai-je soudain et mon sourire s'agrandit sur mes lèvres. Il me fallut vite le réprimer car la file avançait et nous nous retrouvâmes bientôt face au couple. Si Ulysse, splendide dans sa tenue de soirée d'un gris anthracite, les cheveux châtains plaqués sur ses tempes, osa expirer un petit soupir en posait les yeux sur ma personne, je sentis Octavia se détendre imperceptiblement. Elle portait une robe de soie d'un rose poudré qui aurait pu paraître niais, mais qui lui seyait admirablement bien. Ses cheveux acajou étaient retenus dans un chignon sobre et la seule fantaisie qu'elle s'était autorisée était une magnifique broche d'or et de diamant sur sa poitrine représentait visiblement un chardon écossais.
-Parfait, souffla-t-elle au même moment où Ulysse assénait à sa sœur :
-En retard. Père et mère sont arrivés depuis plus d'une heure ...
-Eux ils marient leur fils, moi je profite de la fête, rétorqua âprement Melania. Tu veux vraiment commencer tes fiançailles comme ça ou tu veux que ce soit un moment de bonheur ?
Un tic nerveux fit tressauter la lèvre d'Ulysse qui parut vaguement penaud devant la réprimande de son aînée. Il redressa le menton mais les traits de son visage parurent s'adoucir.
-Tu as raison. C'est très gentil d'être venue ... (Il nous jeta un vague regard, nettement moins chaleureux). Et ... vous aussi.
Je m'apprêtai à répliquer que je venais plus pour Octavia que pour lui, mais ça aurait été remettre de l'aigreur dans un moment qui commençait tout juste à s'adoucir. Melania le prouva par ailleurs en se penchant sur son frère pour embrasser sobrement sa joue et en portant une main douce sur l'autre.
-Je suis heureuse d'être là pour toi, assura-t-elle. Tu as choisi une fille bien. Ce n'était pas gagné alors ... ça se fête.
-Oh non ce n'était pas gagné, me murmura Octavia, de qui je m'étais rapprochée. De base, c'était Gloria Flint ... (Elle coula un regard sur moi). J'espère que je suis mieux que Gloria Flint à tes yeux, Bennett ?
Je secouai la tête, moitié dépitée, moitié amusée, mais je perçus la véritable question sous les railleries d'Octavia. Elle avait les mains jointes devant elle et chaque mouvement arrachait un éclat aux bracelets d'or dont elle avait orné ses poignets. C'était un simple geste anodin, mais que je n'avais jamais vue chez elle, toujours flegmatique, détachée, si ... digne. Là c'était une autre posture, une autre sorte de dignité plus rigide qui trahissait sa nervosité.
-Tu sauves la famille Selwyn à mes yeux, rectifiai-je pour la rassurer. Enfin, avec Mel. Et c'est très joli chez toi, pourquoi tu ne m'y as pas invité plus tôt ? Je ne savais même pas que tu habitais en Ecosse !
La ligne d'épaule d'Octavia s'abaissa très légèrement et un vague sourire retroussa ses lèvres. Elle observa vaguement Simon et Alexandre échanger une poignée de main qu'on pouvait qualifier au mieux de crispante avec Ulysse avant de me répondre :
-Bien sûre que je suis écossaise enfin Bennett. Ce n'est pas parce que je n'ai pas d'accent ...
Oh, tu peux donner ta cape à Salky, elle va te la ranger.
-Qui ça ?
D'un vague geste du menton, Octavia désigna le mur derrière elle. Il fallut que je fouille l'espace avant de trouver une elfe cachée dans les plis de rideaux, si immobile qu'elle en paraissait statue. Sa peau était très pâle en comparaison de ceux de Poudlard et elle gardait les yeux globuleux mi-clos, comme pour se fondre parfaitement dans le décor couleur crème derrière elle. Cette attitude d'invisibilisation complète, exacerbée par le geste désinvolte d'Octavia la concernant, me fit resserrer mes doigts sur ma cape.
-Ça va, merci. Dis-moi juste où la ranger.
Les mots étaient sortis naturellement de ma bouche, sans même que je n'aie conscience de leur porter. Mais le regard écarquillé qu'Octavia se posa franchement sur moi, stupéfait.
-Mais non allons, elle est là pour ça ... On les dispose à l'étage, elle les fait juste disparaître par magie.
-Je peux le faire aussi par magie, insistai-je sans trop savoir pourquoi. Je n'ai pas besoin d'une elfe ...
Un sourire tordu déforma les lèvres d'Octavia. Ses yeux se portèrent rapidement quelque part au-dessus de mon épaule et je la sentis se crisper un peu plus.
-Très bien, j'ai pu être méchante dans le passé concernant ton niveau, mais ne t'en fais pas Bennett je suis certaine que tu sais parfaitement réaliser un sortilège de disparition. Inutile de me le prouver ...
-Non ce n'est pas ça, me rebiffai-je, presque vexée. C'est juste que je ne veux pas embêter Salky, c'est tout.
Le ton était légèrement monté, passant du chuchotement à la discussion claire et ma dernière phrase interloqua Ulysse, mais aussi les sorciers et sorcières qui attendaient derrière nous de pouvoir saluer le couple nouvellement fiancé. Dans les yeux du vieux monsieur derrière Alexandre, ce n'était pas simplement de la surprise que je lisais, mais du mépris. La dame pendue à son bras – nettement plus jeune – s'efforça d'être plus douce, mais son ton me parut trop condescendant pour m'être agréable :
-Oh ma chère petite sans doute n'êtes vous pas habituée à nos mœurs ... mais vous n'embêtez pas cette elfe, au contraire. Le travail est aux elfes ce que la magie nous est à nous, sorciers. Donnez donc votre cape sans crainte et libérez ces jeunes gens, je vous prie.
-Oui Victoria, enchérit Ulysse, les dents serrées. Donne ta cape.
Je sus vraiment interpréter le pourquoi du comment mais tant d'insistance me hérissa. Je ne demandai pas la lune, que je sache : simplement de pouvoir ranger mes affaires toute seule sans en référer à cette pauvre créature derrière ne me semblait même pas avoir d'âme, de conscience... et qui demeurait expressément silencieuse. Cela me frappa, alors que je lui jetai un nouveau coup d'œil à cette statue de cire, toujours immobile, les yeux mi-clos. Beaucoup d'elfe avaient fait entendre leur voix dans cette situation « laissez, miss, ça nous fait plaisir » m'avait assuré ceux de Poudlard chaque fois que j'y avais été. Mais celle-là était rendue muette par un ordre. Cela acheva de me révulser et je fis un pas en arrière, la cape pliée sous mon bras.
-Non ça va. J'en ai besoin en plus. Je vous laisse à vos invités ...
-Mais enfin Victoria, persiffla Octavia, presque scandalisée.
Mais je lui avais déjà tourner le dos, la cape serrée contre moi, presque bouillonnante de rage. Le pire dans tout cela, c'était que je ne comprenais pas d'où elle venait. Certes j'avais toujours été soucieuse du sort des elfes, mais aussi toujours largement consciente que l'amélioration de leur situation ne pouvait venir que d'une volonté qu'ils étaient encore loin d'avoir. Moi toute seule je ne pouvais pas libérer les elfes – simplement avoir un bon comportement à leur égard. Je m'étais toujours conduite ainsi à Poudlard, multipliant les politesses, voire les cadeaux. C'était certainement ce qui m'avait motivée à garder dans un premier temps ma cape, sans arrière-pensée. L'aspect de l'elfe m'avait glacé ... Mais c'était peut-être le ton outré d'Octavia qui me heurtait le plus. J'avais fait l'effort de venir ici, pour elle, pour personne d'autre, de mettre une jolie robe qui ne m'allait même pas, de laisser Melania me maquiller. Pouvait-elle me permettre d'être moi-même après tout cela ou était-ce trop demander ? A elle, qui connaissait parfaitement mes combats, mes motivations, peut-être mieux que personne si on exceptait Simon ?
Je m'étais tellement enfoncée dans mes réflexions bouillonnantes que je ne remarquai pas qu'en réalité, je m'enfonçai dans la foule réunie dans une immense salle qui pourrait s'apparenter à une salle de balle tant elle était immense et haute de plafond. Les pierres grises apparentes ne suffisaient pas à refroidir une atmosphère chaleureuse qui n'était pas sans rappeler Poudlard, avec ses riches tapisseries aux murs, de grands tableaux animés, des tables aux nappes blanches qui flottaient entre les convives. Simon se dépêcha par ailleurs de se porter à mes côtés, toujours secoué d'un fou rire qu'il tentait à peine de réprimer.
-Oh ça va, râlai-je en roulant des yeux. Reprends-toi ...
-Non mais c'était magnifique ! Ah la la Bennett ... ça fait des heures que je te maudis parce que tu m'obliges à me trainer ici ... Je te jure j'étais presque en train de m'imaginer comment j'allais pouvoir me venger ...
-Je ne t'ai forcé à rien, tu es juste incapable de me laisser seule ...
-Mais, poursuivit Simon comme si je ne l'avais interrompu, un grand sourire aux lèvres, j'avoue qu'avec ce genre d'instant, ça me rappelle pourquoi je te laisse m'embrasser sur le sol crasse de la maison hantée.
Je lui jetai un regard oblique, mais ce fut le seul mouvement que je m'autorisai à faire. Il avait toujours ce sourire étrangement extatique sur ses lèvres qui contrastait sérieusement avec la mine renfrognée qu'il avait abordé jusque là, comme si le soleil s'était de nouveau mis à briller sur sa vie. L'aplomb avec lequel il venait de prononcer ces mots avait failli me faire m'étrangler de surprise, mais j'étais aussi certaine que mes joues étaient devenues aussi écarlates que les lourds rideaux qui décoraient les fenêtres des McLairds. Plutôt que de laisser éclater la gêne, je redressai les épaules en me drapant de dignité, un petit sourire aux lèvres.
-Oui bah ravie de t'avoir servie cette ... piqûre de rappel. Je suppose que tu préférerais qu'on soit dans cette situation qu'ici ?
-Cent fois, confirma Simon dans un grognement, sans même rougir.
Moi aussi, finis-je par admettre en promenant mon regard sur la pièce. Des aristocrates, des robes, des sourires, des faux-semblants. J'étais au cœur du confort et du luxe et pourtant j'aurais infiniment préféré le sol froid et poussiéreux de la maison hantée, à me contenter de la seule chaleur que m'apportait Simon. Au souvenir de ce moment, mes joues s'embrasèrent un peu plus et je secouai la tête pour me remettre les idées en place. Je le fais pour Octavia.
-Mais maintenant moi aussi je vais être de mauvaise humeur ... C'est officiel, je vais avoir besoin d'alcool pour tenir la soirée.
Une étincelle familière embrasa les prunelles de Simon. Il évita souplement un couple d'âge mûr resté près des hors d'œuvre servis et me murmura d'un ton mutin :
-Dans un autre contexte je t'aurais moi-même apporté le premier verre ... Mais je ne pense pas que ce soit la soirée idéale pour chanter des chansons de dessin animé sur la table.
J'esquissai un mouvement pour lui planter mon coude dans les côtes, mais nous étions en train de dépasser un homme que je reconnus sans peine comme Pius Thicknesse, le nouveau directeur de la Justice Magique. Il coula par ailleurs un regard sur nous et alors qu'il s'apprêtait à se détourner, son œil s'attarda particulièrement sur le visage de Simon. Celui-ci, visiblement trop occupée à m'imaginer chanter à tue-tête aux fiançailles d'Octavia, ne remarqua rien. En revanche, il pointa du doigt un autre groupe du doigt, rassemblée autour d'une des tables flottantes les plus reculées, comme s'ils craignaient de se mêler à la foule.
-C'était prévu, ça ?
Emily l'était, me souvins-je en sentant avec soulagement ma poitrine se desserrer au sourire que m'adressa ma meilleure amie. Je fis un pas vers elle, avant de découvrir de qui elle était accompagnée. Roger, bien sûr, dont la main était négligemment posée sur sa taille. Mais il discutait avec une jeune femme blonde au visage ovale qui semblait boire de ses paroles, elle-même fermement accroché au bras de Miles Bletchley en personne. Je n'aurais pas dû être surprise : après tout, il avait été de loin le camarade de classe qu'Ulysse appréciait sincèrement le plus. Le gloussement d'Alexandre, qui nous suivait, acheva d'alourdir mes entrailles.
-Alerte au petit sorcier ... Mais c'est qu'il a bien grandi, serait-ce un soupçon de barbe ? Hé (Il donna une tape dans l'épaule de Simon). Ça va aller ?
-Pourquoi ça n'irait pas ? objecta-t-il en dressant un sourcil.
Son sourire s'était néanmoins légèrement estompé sans totalement disparaître et il ne put s'empêcher de jeter un nouveau coup d'œil au groupe. Emily nous adressait déjà des signes insistants, mais je pris le temps de me rapprocher discrètement de Simon pour poser une main inquiète sur son bras.
-Sûr ? Je sais qu'on a dit qu'on ne cachait plus ... mais si tu préfères ...
Simon cligna des yeux, un peu surpris. Il s'attarda encore une seconde sur la tablée qui nous attendait, d'Emily qui nous fixait toujours avec insistance, comme Gillian, par ailleurs – mais de façon moins avenante. Miles, lui, ne nous avait pas remarqué – ou alors le cachait admirablement. Finalement, quand il baissa les yeux sur moi, je vis une lueur malicieuse traverser ses prunelles.
-Pourquoi ? Toi tu préfères ?
Devant le défi ouvertement lancé par Simon, un sourire retroussa mes lèvres. Pour toute réponse, je passai mon bras sous le sien et il laissa échapper un petit rire devant le geste.
-Fort bien. Message reçu, miss Bennett.
-Et au fait Victoria ..., entonna Melania en se rapprochant. Qu'est-ce qu'il s'est passé, tout à l'heure ?
Il n'y avait pas particulièrement de jugement dans sa voix, mais je sentis une certaine tension. Cette fois, les éclats de rire émanèrent à la fois d'Alexandre et de Simon.
-Dire que c'est de moi qu'Octavia avait peur, s'esclaffa Simon, l'œil brillant.
-Et je ne sais pas ce que c'était, mais c'était du génie ! ajouta Alexandre. La tête de l'homme derrière moi ...
-Tu veux parler du directeur de la Chambre de Commerce Magique ? siffla Melania avec un regard aigu.
-Qui a offensé le directeur de la Chambre de Commerce ?
La question sincèrement perplexe émanait de Roger que nous venions d'atteindre. Le fou-rire de Simon fut proche de l'incontrôlable.
-Victoria, finit-t-il par dénoncer pleinement en s'adressant à Emily. Elle a refusé de donner sa cape à l'elfe ...
Roger parut modérément surpris, Gillian écarquilla les yeux. Mais je fus rassurée de la réaction d'Emily qui ne sourcilla même pas et se contenta de boire une gorgée d'hydromel. Cependant, c'était celle de Miles que j'attendais – Miles qui avait justement posé les yeux sur mon bras passé sous celui de Simon. J'attendis, anxieuse, jusqu'à ce qu'un sourire effleure ses lèvres et qu'il se fende même d'un haussement d'épaule :
-Quelqu'un est surpris ?
-Tellement Victoria, confirma Emily avant de m'adresser un sourire radieux.
Elle rejeta écarta une mèche de cheveux blonds de son front. Elle les avait laissés lâches pour l'occasion, à chatouiller ses épaules drapées d'une éblouissante robe pourpre qui lui tombait aux pieds. Peu maquillée, parée uniquement d'une chaine dorée, elle brillait incroyablement par sa simplicité. Gillian était tout l'inverse, vêtue d'une belle robe crème brodée de perle et de dentelle, les lèvres peintes de rouge et ses cheveux blonds relevé en un délicat chignon. Oh elle était somptueuse. Mais je préférais de loin la sobriété éclatante d'Emily. Du moins, jusqu'à ce que son regard se pose sur moi, glisse jusqu'à mon bras passé négligemment sous celui de Simon et qu'un sourire moqueur n'ourle ses lèvres.
-Non, l'interrompis-je immédiatement avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche.
-C'est fou, plus je le vois, moins j'y crois.
-C'est donc officiel, murmura Miles, de manière assez audible. Incroyable.
Je lui jetai un coup d'œil nerveux, mais il souriait toujours. C'était à peine esquissé, très mesuré, mais c'était là, comme le pétillement qui luisait dans ses iris. Cela me poussa à sourire à mon tour, de façon tout aussi tenue.
-Que veux-tu, j'ai reçu l'ordre de cesser de « me prendre la tête ».
-J'aurais au moins servi à ça, lâcha Miles, amusé. De rien, Bones.
C'était sobre, mais piquant et Simon ne se priva pas de le fusiller du regard. Fort heureusement, Miles se contenta de savourer sa réaction agacée sans renchérir et but simplement une gorgée de son hydromel. Gillian, elle, nous dévisagea carrément, estomaquée.
-Attendez ... vous êtes ensemble ? Sérieusement ? Vous deux ?
-Voilà qui devrais te rassurer, grinça Emily entre ses dents. Simon ? Je t'emprunte Vic'. A toute !
Elle s'arracha à la prise de Roger, me faucha le coude et me força à m'enfoncer dans la foule sans même que je ne songe à réagir. J'eus juste le temps de capter le regard consterné de Simon, celui un peu plus anxieux de mon frère avant qu'il ne se tourne résolument vers Miles avec un « alors quoi de neuf depuis, mon petit sorcier ? » - agrémenté d'un sourire qui fit s'étrangler Miles dans sa gorgée d'hydromel. Rassurée de voir Alexandre s'aventurer sur un terrain plus familier, je me tournai vers Emily, un sourcil dressé.
-Un problème ?
-J'ai besoin de respirer, marmonna-t-elle, excédée. Gillian fait une vie à Miles depuis qu'elle sait que tu es là aujourd'hui ... Mais il faut dire qu'elle sent un peu qu'il lui échappe, ces derniers temps. Je ne pense pas que ça va durer encore longtemps.
Sa mine renfrognée s'était illuminée d'un sourire presque sadique et je haussai les sourcils. Malgré sa fuite effrénée, je réussis à capter une coupe sur une table quasiment désertée.
-Et depuis qu'on est arrivé, Roger est insupportable, poursuivit-t-elle d'un ton plus bas, presque honteux. Il me surveille comme si j'étais du feu liquide près à exploser. « Emily, parle-moins fort », « Emily, le père d'Octavia nous regarde », « Emily, tu es sûre qu'une robe rouge ce n'est pas trop provoquant ? », « Emily ... » Argh !
Sa main se serra si fort sur mon bras que je sentis la morsure de ses ongles et fus obligée de lui donner une tape sèche sur les doigts.
-Aïe !
-Désolée, s'excusa-t-elle en relâchant la pression, penaude. A cette soirée qui commence mal ?
Elle leva sa coupe devant la mienne avec un sourire plus naturel, empreint de sa malice habituelle. Avec un petit rire, je toquai mon verre contre le sien.
-Amen ma sœur.
Emily s'esclaffa et vida le reste de sa coupe d'un trait, l'air à bout de nerf. Sans la suivre dans le mouvement, j'en bus une assez longue gorgée pour créer une sensation brûlante dans la trachée et échauffer immédiatement mes joues. Nous nous étions éloignées jusqu'à nous retrouver aux côtés d'une fenêtre, à l'écart de tous et je sentis l'étau dans ma poitrine se desserrer quelque peu. C'était plus respirable et peut-être avais-je besoin de ce moment de quiétude avant de me retrouver face à Julius ou Thalia Selwyn. Emily en revanche, était une créature de la foule. Qu'elle cherche à la fuir était inhabituel ... Je fis tourner le liquide ambré dans la coupe de cristal, indécise.
-Donc ça ne va pas toi non plus ? Avec Roger ?
Le regard d'Emily se figea quelque part dans la foule, vidé de toute expression. Son seul geste équivoque fut l'abaissement progressif de sa coupe désormais vide.
-Oh ... Non, ça va. C'est juste là il est pénible. Mais il a raison, non ? Si je commence à crier partout, McLairds va me tomber dessus. Oh regarde-la ...
Octavia venait en effet d'apparaître, accompagnée de sa mère, une femme dont elle tenait la chevelure d'acajou et le port altier. Elles saluaient un groupe de jeune femme menées par la sœur aînée d'Octavia, la jeune femme qui nous avait accueilli et qui avait si mal considéré Alexandre. Une sensation glacée m'étreint tout entière. C'était simple, je n'étais pas à ma place. Pas plus que mon frère.
-Il m'aide beaucoup, ajouta Emily, le regard toujours perdu. A changer. A m'adoucir. Pour que je penche vers la « vieille sage bienveillante », tu vois ?
-Em' ... tu n'es pas qu'une vieille sage bienveillante. Oh tu l'es, c'est clair. Mais si tu n'étais que ça, ce serait triste à en mourir.
Emily ne répondit pas, mais j'entendis le long soupir qu'elle poussa. Sa coupe pendait au bout de sa main, presque prête à lui échapper. Ses joues étaient légèrement empourprées et je compris que ce n'était pas la première qu'elle engloutissait ainsi.
-Em' ? l'interrogeai-je, un peu surprise. Tu es certaine que ça va ?
-Je ne voulais pas venir, je l'ai dit à Roger, grommela-t-elle. Mais on devait être ensemble selon lui ... Sinon ça aurait été bizarre.
Encore une, songeai-je avec lassitude. Pour me remettre les nerfs d'aplomb, je bus une nouvelle gorgée d'hydromel et fermai les yeux pour l'apprécier. A mesure que l'alcool déployait ses effets en moi, je sentais mes épaules s'affaisser, mon rythme cardiaque ralentir. Comme une couverture apaisante qui éloignait la tension qui m'habitait depuis que je portais depuis le début de la soirée.
-Tu vois, moi j'ai dit à Simon qu'il n'était pas obligé de venir, et il est venu quand même pour trainer sa mauvaise humeur.
-C'est mignon, ironisa Emily avec un petit rire. C'est pour ça qu'il se met à boire ?
Elle le pointa vaguement de sa coupe vide. Mon regard se porta sur le petit groupe que nous avions abandonné. Roger nous lorgnait vaguement, malgré Gillian qui tentait de lui faire la conversation. Alexandre était raide comme un piquet, planté entre Melania et Simon, le regard se promenant négligemment sur la foule en quête de distraction. Et si Melania semblait soutenir une conversation avec Miles, Simon se tenait légèrement à l'écart, à vider consciencieusement la coupe qu'il avait entre ses doigts. Ce n'était pas de la gêne, il semblait plutôt étudier son environnement, visage par visage, nom par nom. L'Ordre ? m'interrogeai-je distraitement en le voyant plisser les yeux en direction de Thicknesse. Je me souvenais parfaitement de notre seule et unique mission commune, à la fête de Slughorn. Pour du repérage. Peut-être avait-on demandé la même chose à Simon. Ça expliquerait son obstination à venir malgré sa mauvaise volonté évidente.
-Je n'ai jamais vu Simon bourré, commenta Emily, soudainement plus joyeuse.
-Ce n'est pas joyeux. Mais t'inquiète, mon frère veille ...
Alexandre venait justement de se rapprocher de Simon pour lui retirer son verre en secouant la tête d'un air presque condescendant. Un sourire attendri retroussa mes lèvres et je m'efforçai de détourner le regard assez vite pour jeter un coup d'œil à Emily. Elle ne quittait pas le groupe que nous venions de quitter, les yeux singulièrement vidés de toute expression.
-Rassurée de la réaction de Miles, alors ? enchérit-t-elle finalement. Elle a été sobre ... Vu comment il m'a parlé de vous une fois, je pensais qu'elle serait plus ... je ne sais pas, froide ?
J'observai distraitement Miles qui parlait toujours avec Melania, un petit sourire aux lèvres. Certes parfois je voyais ses yeux vagabonder vers Simon, mais jamais ce sourire ne s'estompait. Il avait beau m'avoir donné sa bénédiction au Chaudron Baveur, j'y avais toujours cru à moitié, ayant trop en tête ses éclats amers qui m'avaient frappé juste avant que les Détraqueurs ne nous attaquent à Londres.
-C'est vrai, admis-je, touchée de constater qu'il avait été sincère. Mais attends, vous en avez parlé autant ?
-Un peu c'est tout ... Disons qu'après l'histoire des Détraqueurs, il avait beaucoup de chose à dire.
Je lui jetai un regard oblique, dubitative.
-Et il te l'a dit ... à toi ?
Miles n'avait jamais apprécié pleinement Emily à Poudlard, je le savais. Il l'avait trouvé futile, agaçante, trop flamboyante. C'était difficile de croire qu'il s'était confié à elle ... Mais après tout, n'avaient-ils pas subi la même chose ? Une mise à l'écart dû à un brusque rapprochement entre Simon et moi ... Peut-être avait-il retrouvé sa propre expérience en Emily. De nouveau, elle haussa les épaules dans un geste teinté de nonchalance. Mais avant qu'elle ne puisse répondre, son regard se figea quelque part dans la foule et d'un geste soudain, elle saisit mon bras.
-Attention prépare-toi.
-Quoi ?
-Victoria.
Je dus faire tous les efforts du monde pour ne pas rentrer la tête dans les épaules en une attitude de repli. Je relevai les yeux pour les river sur Julius Selwyn, père du fiancé. Vêtu d'un somptueux costume bleu roi qui le distinguait de la foule, il se promenait aux côtés d'un homme corpulent que j'identifiai avec surprise comme étant le père d'Octavia – et visiblement, elle lui devait peu. Son pas ralentit en passant devant moi et ses yeux d'un bleu délavé qu'il avait légué à Nestor se baissèrent sur ma personne, accompagné de l'ébauche d'un sourire.
-Ulysse m'a prévenu de votre présence. Vous m'en voyez ravi ... (Il se tourna vers Mr. McLairds, qui me dévisageait avec surprise). Je vous présente la charmante sœur de l'ami de ma fille ... Elle a fait des études avec Octavia, il me semble ?
Un frisson parcourut mon échine, sans que je ne sache si c'était dû à son ton doucereux ou au choix de ces mots. Dès nos premières rencontres chez mes parents, j'avais trouvé l'homme froid, glacial même, capable de me figer le sang d'un mot ou d'un regard. Un regard de serpent.
-Mes félicitations pour le mariage, me forçai-je à ânonner avec un sourire. Et merci de nous recevoir Mr. McLairds ...
-Victoria ... Victoria, parut réfléchir le père d'Octavia, l'air perplexe. Vous n'êtes pas cette jeune fille avec qui travaille avec ...
-Si c'est elle, papa !
Octavia venait d'apparaître et je fus stupéfaite de la célérité avec laquelle elle avait traversé la pièce pour se placer entre son père et moi. Je crus lire un avertissement dans ses prunelles, mais avant que je ne puisse en être certaine, elle s'adressait de nouveau à son père avec un sourire.
-Et je pense que tu reconnais Emily Fawley ... Son oncle travaillait au transports magiques ...
-Oh ... Oui, nous le pleurons beaucoup, mes condoléances ... Votre oncle était un grand homme, il aurait été loin si ...
Le fracas du verre nous prit tous de cours. La coupe qui pendait depuis quelques minutes dans la main d'Emily avait fini par s'échapper de ses doigts et à se fracasser sur le sol. Nous eûmes tous un identique mouvement de recul pour éviter d'être frappés par les éclats, sauf Emily. Elle mit très vaguement une main sur sa tempe avant de se redresser avec dignité.
-Pardon. Veuillez m'excuser ...
Et piétinant les débris avec la grâce d'une reine, elle m'abandonna à eux pour s'éloigner, la tête haute, mais les yeux étrangement humides. Je voulus la suivre, mais Roger me devança en se précipitant vers elle, l'air affolé. De toute manière, Octavia avait déjà repris, fulminante :
-Mais sérieusement, elle aurait pu ramasser !
-Mais qu'est-ce qu'il t'a pris aussi de parler de son oncle qui vient d'être tué par des Mangemorts !
Ma voix était un brin trop forte et d'autres têtes se tournèrent vers nous, interloquées. Octavia s'empourpra, un air penaud se peignit sur le visage rougeaud de son père. Seul Julius Selwyn demeura parfaitement stoïque et déclama froidement :
-Quelle époque terrible ... Les douleurs sont légion. Tout le monde semble destiné à perdre un membre de sa famille ...
Mes yeux s'écarquillèrent face à lui et même le père d'Octavia parut vaguement embarrassé face aux propos. Mais le père de Julius, percevant certainement mon inquiétude dans mon regard, l'effaça d'un éclat de rire aussi chaleureux qu'un blizzard.
-Oh ne vous en faites pas, Victoria ... Vous faites maintenant partie de notre famille, non ? Et nous avons d'ors et déjà perdu Nestor ... Oui, j'ai perdu un fils dans cet affaire, ne l'oubliez pas. Alors je ferais tout pour protéger ceux qui me restent ...
Octavia et son père échangèrent un discret regard, mais toute l'attention de Julius Selwyn était si moi, me fixait intensément comme s'il voulait me convaincre silencieusement de sa sincérité. Je savais que de tout ses enfants, Melania était certainement sa préférée et que c'était bien pour cela qu'il acceptait sa relation avec un moldu. Mais de là à se mouiller pour lui ? Non, je ne préférais pas compter sur les Selwyn. Fort heureusement, il m'empêcha de répondre en demandant de façon aimable :
-Ainsi vous travaillez ensemble ? Sur quel sujet ? Je vous pensais joueuse de Quidditch ...
-Oh, Victoria est aussi une remarquable historienne, s'empressa de répondre Octavia avec un grand sourire. Elle m'aide sur un projet concernant l'établissement du secret magique, c'est vraiment fascinant !
Je haussai les sourcils, un brin crispée par la façon dont elle présentait les choses. J'ouvris la bouche pour préciser, mais elle embrayait déjà :
-Elle a un regard original sur le monde et ses méthodes nous sont très utile. Le Bureau dans lequel je travaille au Ministère demandait un rapport sur l'établissement du secret magique, car vous savez qu'avec ce qui se passe en ce moment il est vraiment mis à mal ... Victoria m'a vraiment aidé à approfondir la chose...
-Remarquable, lâcha placidement son père. Bien, Julius, peut-être pourrais-je vous présenter à ma mère ... Oh, ne faites pas état de son accent, si vous ne comprenez pas contentez-vous de hocher la tête ... de toute manière elle est à moitié sourde depuis qu'elle a pris un Augrey chez elle ...
Julius Selwyn suivit poliment son hôte, mais j'avais la nette impression que c'était à lui que s'adressait ces hochements du chef condescendant. Il m'adressa un dernier regard qui pouvait être qualifié de courtois et s'éloigna dans le sillage de Mr. McLairds. Octavia attendit qu'ils soient hors de portée de voix pour soupirer :
-Le pire, c'est que je pense vraiment qu'il t'aime bien ... ou alors il fait tout pour te le faire croire, donc de ce côté tu peux être tranqu...
-C'était quoi ça ?!
J'avais sagement attendu pour laisser éclater ma frustration et je trouvais encore que ma voix était relativement contrôlée et dénuée d'animosité. Mais Octavia leva tout de même les yeux au ciel.
-Oh Victoria ...
-Un rapport pour ton bureau sur lequel je t'aiderais ? Mais enfin !
-Mais tu voulais que je dise quoi ? Si mon père savait ce sur quoi je travaillais vraiment, il ferait une crise cardiaque ! Et Ulysse ne veut surtout pas que sa famille soit au courant ! On est en train de ruiner les idées sur lesquelles ils font encore fortunes, enfin !
-Je pensais que tu assumais un peu plus que ça tes idées, persifflai-je, déçue. Pas du genre à les dissimuler simplement pour faire plaisir à ta belle-famille.
Octavia plissa des yeux, avant de se rapprocher de moi pour murmurer rageusement :
-Victoria, je ne sais pas si tu lis La Gazette en ce moment, mais dehors ça s'intensifie un peu. Tu te souviens ce qu'on fait ? De prouver que notre différence est construite et non innée ? Tu penses que les Mangemorts vont apprécier ce genre d'idée ? Par Merlin, même le professeur Shelton nous a dit d'être prudent !
-On n'est pas devant des Mangemorts là !
-Ce que tu peux être naïve Bennett !
Le passage à mon nom de famille acheva de me hérisser. Il n'y avait que la façon dont elle avait détourné notre projet : elle avait minimisé mon rôle, elle avait détourné l'attention de son père de moi pour le fixer sur Emily, issue d'une excellente famille, quitte à réveiller le deuil chez elle. Et la façon dont elle revenait si facilement à mon nom de famille ...
-Pourquoi tu m'as invitée ?
Ses paupières papillonnèrent. Elle semblait visiblement prise de court par la question et ouvrit la bouche pour qu'aucun son n'en sorte.
-Sérieusement, insistai-je. Parce que je suis affiliée aux Selwyn ? Pour que je te ramène Simon ? C'est vrai qu'un Bones ça fait classe dans une soirée comme celle-ci ...
-Mais non enfin Victoria ! s'indigna Octavia, suffoquée. Je l'ai fait parce que ... enfin, je t'aime bien ! Crois-moi je me serais bien passée de Simon et de sa tête mal coiffée. Sérieusement, quitte à être sa copine, tu ne pouvais pas y faire quelque chose histoire qu'il soit présentable ?
-Parce que c'est ce qui t'importe ? Qu'on soit présentable ?
-Victoria ...
-Parce que je comprends. Si tu m'as invitée juste parce que tu m'aimes bien, pourquoi j'ai l'impression de devoir me cacher ? Comme si ma personne n'était pas voulue ?
-Mais bien sûr qu'elle l'est ! Arrête de déformer mes propos, je veux juste qu'on évite de parler du projet parce que ça va forcément aller jusqu'aux Mangemorts ! Je veux juste avoir une belle fête de fiançailles comme je l'ai rêvée ! Je veux juste que tout se passe juste comme je l'ai prévu, c'est tout ! Bon sang, pourquoi il a fallu que tu refuses de donner ta cape à Salky ?
-Quoi ?
-Oui ! C'était pas difficile. Elle est bien traitée en plus, elle appartient à ma grand-mère. On n'est pas les tortionnaires qui tapent dessus ! Tu avais juste à donner ta cape, c'était trop demandé ? Après ça toute la file m'a demandé qui était cette jeune fille qui avait refusé de donner sa cape et pourquoi ! Désolée, j'ai dû dire que c'était une excentricité de née-moldue !
Je reculai d'un pas, heurtée. J'avais presque l'impression d'avoir pris un carreau en pleine poitrine et Octavia parut se rendre compte de la violence de ses propos. Elle se couvrit la bouche de la main, avant de prendre une profonde inspiration. Lentement, ses nerfs semblaient lâcher et visiblement ce relâchement l'horrifiait.
-C'est ... c'est de l'esclavage, murmurai-je avec une certaine hargne. C'est pour ça je ... je ne peux pas cautionner, en fait. J'arrivais avant mais maintenant ... Ce n'est plus possible, je n'arrive plus. J'ai l'impression que si je lâche sur ça, je lâche sur tout. Comme je ne peux pas cautionner que ta sœur ait reluqué mon frère comme s'il était un chien dans un jeu de quille.
-Elle n'est pas subtile ...
-Toi non plus pour le coup.
Et la subtilité ayant toujours été l'une des forces d'Octavia Mclairds, elle prit fort mal mon trait d'esprit. Redressant la tête et bombant la poitrine, elle me toisa de toute sa hauteur mais cette fois ça ne m'atteint pas. J'étais trop en colère pour cela.
-Tu es trop radicale, Victoria, ça va te jouer des tours, me prévint-t-elle. Si tu ne respectes pas les us et coutumes sorcière et que tu les insultes, ils t'insulteront en retour, c'est tout ce que tu vas gagner. Tout ce qu'on essaie d'éviter en soi, non ?
-Il y a des coutumes qui devraient être jetées aux oubliettes.
Cette fois, Octavia s'abstint de répondre. Je ne sus si c'était parce qu'elle n'avait rien à argumenter ou qu'elle n'en avait simplement plus la force, mais elle parut subitement lasse. Elle se frotta la tempe avec une grimace avant de se recomposer un masque de dignité et une stature d'aristocrate fraichement fiancée. Elle caressa la pierre qui ornait sa bague d'un geste distrait avant de lâcher :
-Très bien. J'ai d'autres invités à voir alors ... profite de la soirée.
Une pointe d'aigreur avait percée sa voix et elle m'adressa un dernier regard scandalisé avant de faire volte-face pour s'enfoncer dans la foule. Moins même courroucée, je partis rapidement en quête d'une nouvelle coupe pour transformer mes émotions bouillonnantes en quelque chose de positif susceptible de me détendre et de vider ma tête, mais je ne réussis qu'à attiser l'émulation de mes pensées.
J'avalai le reste de ma coupe d'hydromel d'un coup pour faire passer l'énervement. C'était désagréable de constater que, malgré toute son ouverture d'esprit, malgré son intelligence et sa modernité, Octavia restait une riche sorcière incapable de voir que le contrat qui liait les elfes étaient de l'esclavage, pur et simple. Incapable de voir qu'elle m'avait blessée en m'invisibilisant alors même que je commençais à la considérer comme une véritable amie. Incapable de comprendre pourquoi j'étais aussi radicale et pourquoi son attitude m'avait agacé. Les effluves de l'alcool créèrent une brume légère dans mon cerveau, assez existante pour faire passer ma mauvaise humeur mais assez opaques pour garder ma lucidité. Je tirai sur la longue robe bordeaux prêtée par Melania et dans laquelle je me trouvais gourde. Malgré tous les ajustements, elle restait trop grande : ses bretelles tombaient sur mes épaules et le décolleté découvrait trop les bords modestes de ma poitrine. Mais justement parce qu'ils étaient modestes, ça ne paraissait choqué aucun membre de la bonne société sorcière présente chez les McLairds.
J'attrapai rapidement une nouvelle coupe qui passait sur les tables volantes. De l'autre côté de la pièce, Octavia dans son élégante robe d'un rose poudré continuait de visiter ses convives au bras d'un Ulysse Selwyn dont le sourire me donnait envie de brûler les beaux rideaux de velours. Mais vu la terreur que le feu m'inspirait toujours, c'était certainement une très mauvaise idée.
-Tu as l'air énervée, fit une voix derrière moi.
Et ce ne fut que parce que je reconnus parfaitement la voix que je ne me dégageai pas quand il posa une main sur ma taille. Je levai le visage pour adressa un petit sourire crispé à Simon avant de désigner notre hôtesse du menton.
-Oh rien, je me suis disputée avec Octavia ... Sur ma présence ici ... les elfes ...
-Encore ? s'étonna Simon avec un sourire fier. Après l'histoire de la cape ?
-Je manquerais « de respect à la communauté sorcière et ses us et coutumes », récitai-je en singeant un air de profond ennui.
Je levai mon verre à Simon, comme pour porter un toast. Quand j'avais refusé de donner ma cape aux elfes, je l'avais senti s'esclaffer derrière moi quand tout le monde s'était étranglé d'horreur. Cela m'avait agacé dans un premier temps, attiser mon agacement mais maintenant je savais que j'avais besoin de ce rire. Avec moi, Simon était toujours le seul à avoir la réaction juste.
-Et quand je lui ai dit que certaines coutumes devraient être jetées aux oubliettes, elle s'est en allée furieuse, insultée. Je crains d'avoir gâché sa soirée ...
-Et tu sembles ... incroyablement contente de toi-même.
Avec un sourire mutin, je bus une nouvelle gorgée d'hydromel. Je baissai ma coupe, rassurée. C'était bon : le flux destructeur s'était transformé en un flux positif. Peut-être que l'apparition de Simon y était-elle par ailleurs pour quelque chose.
-Je sais, je suis horrible.
Les sourcils de Simon s'envolèrent sous ses mèches blondes. Il n'avait pas pris le soin de se coiffer pour cette réflexion et Octavia ne l'avait manqué dessus non plus. Mais comme moi, il semblait avoir pris sa fureur comme le plus doux des nectars. Son regard flamboya un instant et sa main glissa au creux de mon dos. La chaleur qui se diffusait de sa paume transperça les tissus de ma robe et atteint ma peau avec trop d'intensité – et j'accusais l'alcool de cela. Simon m'arracha d'ailleurs la coupe des mains, assez brusquement et la reposa sur la longue table derrière nous.
-Viens, exigea-t-il soudainement.
Il faucha mon coude et n'attendit pas que je proteste pour me faire traverser la foule de sorcier et sorcières guindés. En passant entre deux cercles qui embaumait le tabac et les débats nauséabonds, je faillis le perdre et me rattachai in extremis à sa main. Il me regardait à peine et gardait les yeux rivés sur une destination qui demeurait invisible pour moi. La flamme dans son regard s'était embrasée.
-Simon ! Où tu m'emmènes ?
-Attends !
-Emily va nous tuer si on l'abandonne ! Et Alex aussi !
-On a survécu à pire. On a survécu l'un à l'autre.
J'essuyai un éclat de rire devant cette vérité significative et raffermis ma prise sur les doigts de Simon pour le laisser m'emmener de l'autre côté de la salle de réception, vers une porte. Située à l'écart des convives, personne ne la surveillait et Simon me la fit passer en me faisant exécuter une pirouette au rythme de la musique que jouait l'orchestre. Je m'esclaffai de nouveau, étourdie par le tournoiement et la brume délicate qui entourait toujours mon esprit. La porte menait à un couloir mais Simon tira de nouveau sur ma main pour me le faire traverser, toujours sans un mot.
-Hé ! Où on va ?
-Loin. Je suis déjà venu il y a quelques années, je crois que je vais reconnaître ...
-D'accord mais pourquoi ?
-Attends ... Ah !
De nouveau, il me fit passer une porte et cette fois la pièce était plongée dans une pénombre uniquement coupée par la lune, basse, d'une agréable couleur safran, qui brillait dans l'immense baie-vitrée. Sa lumière pâle découpait les contours d'un sofa bourgeois et d'un grand piano à queue dont le claquet était abaissé. Amusée, je laissai mes doigts courir le long du clavier et frapper les touches les unes après les autres pendant que Simon fermait la porte derrière nous, l'air visiblement soulagé. Il s'était adossé à la porte et me contemplait, le souffle court. Même dans la pénombre, je pouvais la voir danser cette flamme dans ses yeux, au même rythme que mes doigts arrachaient des notes au piano.
-Alors ? soufflai-je sans cesser les gammes. Qu'est-ce qu'on vient faire ici ?
Occupée à l'interroger du regard, je ne m'étais pas concentrée sur les touches et mes doigts oublièrent une note, puis deux, rendant les gammes désagréables et dissonantes. Cela devait être insupportables aux oreilles de musicien qu'étaient celles de Simon car il me rejoignit une seconde plus tard pour m'arracher au piano, pressée une main contre le creux de mon dos, m'attirer à lui et s'emparer de mes lèvres. Grisée par la course, l'étincelle dans son regard et les échos de l'orchestre plus loin, je pris son visage en coupe et approfondis le baiser.
Oui. C'était peut-être ce que j'avais moi aussi en tête, depuis qu'il avait posé sa main brûlante sur ma taille.
Simon étouffa un bruit de gorge rauque quand mes mains glissèrent sur sa nuque jusqu'à s'enfoncer dans ses cheveux. La bouche de Simon s'entrouvrit pour m'accueillir et sa langue glissa doucement sur la mienne avant de goûter mes lèvres puis s'aventurer le long de ma mâchoire, de mon cou. Chaque baiser, chaque caresse enflammait mon sang que je sentais brusquement battre à mes tempes. Mon souffle se raccourcit quand les lèvres de Simon trouvèrent la jonction entre mon cou et mon épaule et je crispai les mains sur sa chemise.
-Simon ... Attends, si ...
-La porte est fermée, Emily saura se débrouiller toute seule contre la méchante Octavia, Mel s'occupent d'Alex et toi tu n'es pas horrible, mais fantastique, martela Simon dans mon cou d'une voix rauque.
Les mots résonnèrent à mon oreille et tremblèrent sur ma peau déjà hérissée. Je me mordis la lèvre quand Simon insista sur la ligne de mon épaule et esquissai un sourire taquin.
-Donc ça te fait cet effet là quand je prends la défense des elfes de maison ?
Le rire de Simon se déploya sur ma peau et il se redressa pour me toiser avec un petit sourire, ce petit sourire insupportable pour lequel je lui aurais cent fois arraché les yeux et qui me donnait à présent envie de l'embrasser jusqu'à ce qu'il manque de souffle. La lumière opaque de la lune peinait à éclairer ses prunelles mais faisait ressortir chaque éclat de cuivre dans ses cheveux. Sa respiration laborieuse se déversait sur moi, ajoutant à mon étourdissement, qu'il approfondit quand il commença à faire courir ses doigts le long de mon bras pour venir effleurer mon épaule puis se nicher sur mon cou, en parallèle de la mienne.
-Ce que tu peines à comprendre, Victoria Bennett, c'est que tout en toi me fais cet effet-là.
-C'est réciproque, soufflai-je, le cœur battant à tout rompre.
Pour le lui prouver, je me hissai des deux bras sur le piano contre lequel j'étais coincée et une fois certaine de sa stabilité, j'agrippai le nœud de Simon pour l'attirer à moi. Ce ne furent pas nos lèvres mais nos corps qui se rencontrèrent : ses hanches contre mes genoux, sa main passée derrière mon dos, les miennes dernières sa nuque, avant que nos bouches s'unissent enfin pour poursuivre leur exploration. J'écartai les genoux pour mieux accueillir son corps et une de mes jambes se croisa derrière lui pour mieux le presser contre moi. Cette fois, il s'ouvrit plus franchement à moi, et m'embrassa avec ardeur, à m'en liquéfier complétement dans ses bras. Sa langue gouta la mienne, l'espace d'une seconde avant de plutôt s'attarder sur ma lèvre inférieure. C'était incroyable l'assurance que Simon pouvait prendre dans le noir, quand les lumières s'éteignaient sur toutes ses pudeurs, toutes ses peurs, toutes ses maladresses. Mes doigts se crispèrent sur son visage que j'enserrais toujours, tremblantes, par crainte que le baiser se coupe, que cette source de sensation grisantes et affolantes cesse de se déverser en moi. Un gémissement faillit s'échapper de ma gorge, aussi grisé que déçu car Simon s'écarta – d'un rien, mais beaucoup trop. La seule chose que j'avais dans mon champ de vision, c'étaient ses lèvres qui me souriaient, moitié fières, moitié indécises et qui continuaient de m'attirer inexorablement.
-Qu'est-ce que tu fais, là ?
Ma voix était altérée par mon manque de souffle, par le pouls qui battait contre ma gorge. Le sourire de Simon se fit malicieux.
-Je te laisse un peu respirer ...
-Je n'ai pas besoin de respirer, là. J'ai besoin de toi.
-Alors viens me chercher.
C'était insupportable qu'il se permette de jouer ainsi, alors que ses mains me brûlaient la peau à travers ma robe, que sa gauche était placée sur mon épaule et s'était mise à jouer avec ma bretelle trop lâche, prête à dévaler la pente et à tomber sur mon bras et que cela faisait monter des envies que je tentai de réprimer depuis des semaines. Un grondement sourd faillit jaillir de ma gorge et je ne réussis à ne lâcher qu'un :
-Crétin.
-Toi-Mê...
J'étouffai la fin en plaquant ma bouche contre la sienne. Mes lèvres dévièrent sur sa mâchoire jusqu'à l'endroit que je savais sensible, juste en dessous de l'oreille. S'il me voulait, il m'avait. Complètement. Taquine, j'y posai un baiser pressant qui détraqua complètement le souffle de Simon. En réaction, ses mains tombèrent de mon dos jusque ma chute de rein avant de glisser doucement vers mes cuisses qui enserraient ses hanches. Les miennes s'aventurèrent sur sa taille, tirèrent sur sa chemise pour pouvoir effleurer sa peau – son ventre, ses hanches. C'était quelque chose que j'avais déjà fait, depuis la Maison Hantée, explorant avec douceur la brèche qu'il avait ouverte. Il devait être habitué aux sensations et pourtant je le sentis se raidir contre moi. Réprimant ma frustration, mes doigts retournèrent docilement sur sa chemise et son torse.
-Vicky ...
-Hum ... ?
Je parsemai son cou de petits baisers, attendant patiemment sa réponse. Elle ne vint pas et son souffle se coupa quand j'écartai son col pour atteindre sa clavicule en toute douceur. Ses mains hésitaient au niveau de mes cuisses, les caressants en longueur, agrippant par moment le tissu de ma robe. Devant cette indécision manifeste, je consentis à me redresser et de l'arrête de mon nez la courbe de sa mâchoire.
-Tu veux que j'arrête ? murmurai-je.
Les doigts de Simon se figèrent sur mes cuisses, un geste que je ne sus réellement interpréter et cela créa une boule dans mon ventre pourtant en ébullition. Avec tout ce nouveau langage corporel qui s'était ouvert à nous, je peinais encore à saisir les nuances et il fallut que Simon secoue explicitement sa tête contre la mienne pour que je comprenne. Je m'écartai quelque peu pour pouvoir le regarder enfin dans son ensemble, de ses fines lèvres dépourvues du moindre sourire mais desquelles sortait un souffle erratique, ses yeux assombris par des pupilles dilatées. J'avais l'impression de connaître chaque regard de Simon, chaque éclat dans ces prunelles, chaque teinte de vert dans ses iris et pourtant ce regard intense et aveugle m'était étranger et me coupa le souffle. Instinctivement, mes mains descendirent lentement jusque la chemise de Simon et effleurèrent sa ceinture avant de frôler son ventre. Ses paupières se fermèrent. Mon cœur se mit à cogner fort dans ma poitrine.
-Tu veux que je continue ? compris-je en tentant de rester parfaitement poser. Tu veux ... aller plus loin ?
-Je ne sais pas ... Oui mais ... Enfin, si tu ...
Il y avait un mélange de détresse et de détermination dans la voix de Simon. Détresse face à son inexpérience, son aveu d'envie, les sensations inconnues qui, je le savais, l'électrisait autant qu'elles le troublaient. Mais la détermination face à la volonté d'avancer, d'enfin céder au flot, à ce que je provoquais chez lui, à goûter ce que j'étais capable de lui proposer de plus. Déterminé à me prouver qu'il m'aimait assez pour cela. Touchée, j'effleurai ses lèvres d'un tendre baiser, doux, rassurant, avant de prendre l'une de ses mains. Elle était raide, et je sentais son souffle tremblant sur mes lèvres, mais il se laissa guider jusque mon épaule, jouer sur ma peau et atteindre la bretelle lâche de ma robe. Avec lenteur, je la fis glisser de nos doigts joints jusque la chute : elle tomba sur mon bras et un pan de mon décolleté s'abaissa, dévoila la naissance de ma poitrine de façon plus suggestive qu'il ne l'avait jamais vu. Simon suivit l'opération du regard et l'étonnement brilla fugacement dans ses iris.
-Attends, tu n'as rien en ... ?
Je dus me faire violence pour me répéter qu'il parlait de mon soutien-gorge et pas un instant de ma poitrine en tant que telle. Je prenais violemment conscience que moi aussi j'étais à deux doigts de me dévoiler à lui, d'une manière inédite, suffocante.
-Quand on a un petit bonnet, on peut s'en passer, fis-je remarquer, gênée. Surtout avec une robe comme ça. Mais si tu ne veux ...
-Non, affirma Simon en plantant mon regard sur le mien. Non, ça va ... ça va ...
Et il me le prouva en glissant par lui-même un doigt en dessous de l'autre bretelle : il la suivit du regard alors qu'il la faisait glisser sur mon épaule jusqu'à ce qu'elle chute à son tour. Je le laissai faire, presque tétanisée par son regard qui revenait par intervalles vers le mien, par la chaleur de ses doigts qui virent caresser ma clavicule, du déploiement de ses paumes sur mes épaules nues. Peu à peu, le tissu s'affaissa sur ma maigre carcasse, dévoilant centimètre par centimètres des zones que Simon n'avait jamais aperçu, les rares espaces de ma personne qui lui était demeurait inaccessible. Il connaissait mon âme, je lui avais donné mon cœur et nos esprits se comprenaient comme deux pièces complémentaires mais mon corps, lui, lui était complétement étranger. Et inversement. Malgré ma paralysie relative, mes doigts s'agitaient sur les bords de chemises, curieux, avides d'en découvrir plus et de profiter que Simon se donnent à moi dans que je n'aie rien à lui arracher. Il exhala un petit soupir quand mes mains se posèrent franchement sur ses hanches et glissèrent dans son dos. En réaction, il se laissa aller contre moi et inclina la tête jusqu'à poser un long baiser sur mon épaule, là où s'était tenue la bretelle. Le frôlement de sa chemise contre ma poitrine m'exalta et faillit m'arracher un gémissement et je compris que la robe avait achevée de me dévoiler. J'en eus plus douloureusement conscience quand Simon descendit sur ma clavicule, l'explorant de ses lèvres, de sa langue jusqu'à ce qu'il atteigne enfin la naissance de ma poitrine.
Mon souffle se bloqua complétement au fond de ma gorge pendant que je sentais celui de Simon se répandre entre mes seins, lourd, laborieux. Mes mains remontèrent jusque ses omoplates et je les caressai sans trop savoir ce que signifiait mon geste. Calme-toi ? Continue ? Arrête-toi si tu veux ? Je savais pertinemment que la dernière option me décevrait : son souffle agissait déjà sur moi, me tendait, exaltait mes terminaisons nerveuses mais pour autant je refusai de le brusquer. Ses lèvres restèrent quelques instants figées quelque part au-dessus de mon sein gauche, épouvantablement immobiles, son front plaqué contre ma clavicule. Puis sans que je ne le sente venir, une caresse vint m'arracher un soupir. Son doigt effleura mon sein droit, en traça la courbe avec délicatesse et curiosité, arrachant des frissons à chacun de ses passages. Ses lèvres, elles, remontèrent en baiser jusque la jonction entre mes épaules et mon cou dans laquelle il s'enfouit. Ma tête fut rejetée en arrière quand il embrassa la zone, comme il aurait embrassé mes lèvres et qu'en complément son pouce balaya mon sein pour venir en effleurer la zone la plus sensible. Sans que je n'y comprenne rien, un gémissement s'échappa de mes lèvres entrouvertes et mes mains dans ses dos se crispèrent à enfoncer mes ongles dans sa peau. En cet instant, tout se détraqua en moi et mes mains émergèrent de sa chemise pour venir enserrer son visage et le forcer à revenir vers moi. Je l'embrassai comme une damnée, comme s'il était une source d'eau et que j'en étais assoiffée, comme si je goûtais sur ses lèvres le plus savoureux des nectars – et c'était le cas. Rassurée par la réaction, Simon déploya sa main sur ma poitrine, la caressa, la titilla, écrasa mes gémissements sous sa langue. Son bras passé dans mon dos fut le seul soutien qui me permit de ne pas basculer en arrière, de ne pas l'attirer davantage à moi et exiger plus ici et maintenant sur le piano à queue du salon des McLairds.
Tout déraya en moi. Tout éclata en moi. Chaque caresse, chaque baiser, chaque sensation résonnait à des strates bien plus profondes, faisait vibrer chaque fibre de mon être. C'était minime, à peine des caresses, des baisers d'âmes en peines, mais d'âmes complètes. C'était deux corps, deux âmes, deux esprits qui se connaissaient par cœur, qui se craignaient plus. Qui vivraient jusqu'à ce que l'ombres et les poussières aient raison d'eux.
Tant pis pour le piano des McLairds ou Emily qui nous attendait quelques mètres plus loin.
***
Allez, avec moi. On reprend sa respiration aller. Inspirez. OK. Expirez. ça va mieux ?
PARFAIT ON PEUT DEBRIEFER.
Alors je ne vous ai pas pris en traite : j'ai dit que je me réservais le droit d'être explicite sur le buste (à défaut d'aller jusqu'au lemon, ce qui envisageable (et largement envisagé) pour La dernière page). C'est peut-être trop explicite pour vous, n'hésitez pas à me le dire et dans ce cas j'irai mettre un petit warning au dessus. Vraiment n'hésitez pas à commenter le dosage ou quoi, ça me sera très utile pour la suite (pas forcément O&P, mais mes écrits quoi).
Pour la petite histoire, cette dernières scène est écrite depuis un an. Je ne sais pas si vous vous souvenez du chapitre où Vic et Simon s'embrassent dans les cuisines de l'Ordre et Simon demande "mais ou est-ce qu'on va, là?". Et après ça je me suis retrouvée hyper frustrée de devoir m'arrêter au simple baiser et j'ai eu envie d'écrire plus ... VOILAAAA.
VOILAAA sur ce je vous abandonne. Pour les fans de cyclisme, je vous invite à regarder Paris-Roubaix L'ENFER DU NORD dimanche. Sur un malentendu, vous verrez peut-être une Perri sauvage au bord de son moulin (secteur pavé Moulin-de-Vertain) à hurler des encouragements à Mathieu Van der Poel (et à tenter de mettre un bâton dans la roue de Van Aert mais chuuut).
(Sans dec, revoyez le résumé de la dernière édition qui était juste EPIIIQUE avec un Sony Colbrelli au bout de sa vie en arrivant : sa réaction en dit long sur l'enfer qu'il a vécu. Bisous je vous aime au revoir).
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