III - Chapitre 34 : Entre quart murs
JE SUIS LA
J'ai cru comprendre que j'étais attendue.
Mais me voici pour vous offrir ce chapitre ! Alors. Ce n'est pas le meilleur chapitre que vous pouviez espérer pour noël. A vrai dire, je n'en reviens toujours pas qu'il soit un chapitre complet. Je l'ai commencé en me disant "bon allez je commence comme ça mais après j'enchaine sur autre chose ..." ... et finalement quand j'ai vérifié le nombre de mot, j'étais déjà à 5000 donc foutu pour foutu ça fait un chapitre complet de vide.
Mais de vide composé de Simon et Vic, donc ça compense.
Concernant le concours de meme, vous aurez tout demain ! Ceux d'O&P seront dans le bonus Book et les autres sur les fanfics correspondantes ! (Encore merciiii)
Bon réveillon à tous.tes, j'espère que vous apprécierez ces moments avec vos familles - et vos cadeaux héhéhé !
Joyeux noël <3
PS : La citation n'a le rapport que le Simoria. Je l'aime bien. VOilà.
PPS : Booon et je réitère pas ce que j'ai dit à la fin du chapitre précédent mais ... il se peut que j'en rajoute une couche désolééééée.
***
Le premier symptôme de l'amour vrai chez un jeune homme, c'est la timidité. Chez une jeune fille, c'est la hardiesse.
- Victor Hugo
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Chapitre 34 : Entre quatre murs.
-Mais il est vraiment homosexuel ?
Je cassai nerveusement ma plaque de chocolat, troublée. Quelques jours s'étaient écoulés depuis notre entretien avec Simon, et devant l'urgence de son lien avec Matthew Bones, je n'avais pas songé à remettre ce sujet sur la table. A présent, Simon était plus à l'aise avec l'idée et était détendu pendant que nous regardions Apollo 13, je me risquai à l'évoquer de nouveau. Il était allongé sur le ventre sur mon lit, les yeux rivés sur la télé et poussa un grognement devant la question.
-Oui, Vicky, il est homosexuel. Ou bi, je n'en sais strictement rien. Mais ce que je sais, c'est qu'il vit avec un homme. Je crois même que son prénom c'est Noah.
-Mais ... Tu le sais ? Et ça ne te dérange pas ... travailler avec quelqu'un qui aime les hommes ?
Je devais l'admettre, l'idée m'était inconfortable. J'avais grandi dans un milieu religieux et plutôt traditionnaliste, grandi toute ma vie en voyant des hommes et des femmes avoir des relations et se marier. C'était tard dans l'adolescence – par Emily ? Alexandre ? Je ne savais même plus – que j'avais appris qu'un autre modèle était possible. Que les femmes pouvaient aimer les femmes et les hommes les hommes. D'ailleurs, jusque là, j'avais toujours cru le « Lesbienne » était une insulte synonyme de « pétasse ». J'avais pris la nouvelle avec un certain désappointement, d'autant qu'à cet égard, j'avais entendu autant de chose que de mauvaise sans avoir su me faire mon propre avis. Et je n'en avais pas eu l'occasion : jamais je n'avais croisé de couples homosexuels. Julian Shelton était le premier – adulte et installé de surcroit. Alors pour la première fois depuis mes quinze ans, mes sombres questionnements refaisaient surface.
Avec un gémissement, Simon plongea sa tête dans son oreiller.
-Vicky ... Qu'est-ce que ça change ? Il vit avec son compagnon et vu comment il en parle, il semble très heureux avec ... Et sérieusement, tu poserais la question si c'était une sorcière ?
Sans doute pas, admis-je, vaincue. Mais l'idée restait perturbante pour moi. Je restai profondément convaincue qu'une femme ne pouvait être qu'avec un homme et inversement. Sans doute parce que c'était le seul modèle que je ne connaissais et que j'en étais profondément imprégnée. Peut-être parce que je n'avais jamais ressenti d'intérêt pour une fille.
-Mais ... ils n'ont pas peur du SIDA ?
Car elle me venait de là aussi, les rares connaissances que j'avais sur l'homosexualité : les homosexuels avaient et transmettaient le SIDA. Pour certains, une preuve de plus s'il en fallait que c'était une pratique qui attirait la maladie, donc par essence mauvaise. L'idée arracha un rire à Simon et il roula sur le flanc pour me contempler avec un petit sourire moqueur.
-Les sorciers ne contractent pas le SIDA, je doute qu'ils s'en soucient. Arrête de torturer l'esprit et laisse-les être heureux ensemble, d'accord ?
Sa nonchalance m'exaspérait, je devais l'admettre. Aussi plissai-je les yeux alors qu'il se rallongeait confortablement et reporte son attention sur la télévision pour asséner avec acidité :
-C'était le meilleur ami de Matthew. Son meilleur ami. Et il aime les garçons.
La remarque eut l'effet que j'espérais : Simon cessa de sourire d'un air condescendant et se redressa brusquement sur ses coudes, brusquement catastrophé. Rassurée d'enfin le voir réagir, je ne songeais même pas à triompher. Simon se redressa, hagard et s'assit en tailleurs devant moi.
-Bon sang ... tu as raison. Je ne sais même pas ça.
-Quoi ? répondis-je, perplexe.
-Ce qu'aimait Matthew. Qui aimait Matthew. Il avait dix-huit ans ... et je ne sais rien de sa vie, pas même s'il aimait les filles ou les garçons.
Je papillonnai des yeux, très surprise par la tournure de la conversation et la brusque révélation de Simon. Ce fut sans doute cette stupeur qui balaya la moindre raison dans mon esprit et qui me fit dire :
-Est-ce que c'est pour arrêter de m'entendre jacasser sur l'homosexualité que tu reviens sur Matthew ?
-Pas du tout – mais si ça marche, c'est bien.
-Pff !
Je le repoussai au visage et il se laissa mollement retomber sur mon lit, un vague sourire aux lèvres, mais une main toujours passée dans ses cheveux. Son regard s'était enfin détaché de la télé pour se concentrer quelque part sur mon plafond, hagard. Touchée par son émotion apparente, je repoussai mes questionnements et effleurai les mèches de cheveux qui couvraient son front. L'ombre d'un sourire frémit sur ses lèvres.
-Ça va, ne t'inquiète pas. C'est juste ... je fais la somme de ce que j'ai vécu en dix-huit ans et je me dis que Matthew a dû en vivre, des choses ... et je ne sais rien. Je sais qu'il était roux, à Gryffondor, plutôt turbulent ... C'est peu.
-Alors demande au professeur Shelton, proposai-je en m'allongeant à côté de lui. A Leonidas et Lysandra, ils ont l'air plus ouvert pour en parler que tes parents ... en plus Julian est leur filleul, c'est ça ?
Et homosexuel, ajoutai-je à part moi en réprimant un frisson. Je me sentais stupide de faire une fixette sur cet aspect des choses alors qu'en réalité, j'avais beaucoup apprécié l'homme, sa sobre malice, son vif intellect. Mais c'était plus fort que moi. Simon parut réfléchir à l'idée. Distraitement, sa main effleura mon bras et les quelques boucles qui le couvraient.
-Celui de Leonidas, rectifia Simon, les sourcils froncés. Sacrée coïncidence quand même ...
Sa main continuait de jouer avec mes cheveux, enroulant une boucle autour de son doigt. Il finit par y jeter un regard consterné.
-Dis-donc, toi, depuis quand tu laisses pousser tes cheveux ?
-Je dois pouvoir les attacher pour les matchs.
-Oui, enfin là c'est ... très long, pour Victoria Bennett.
-Dis-donc, toi. (Je le gratifiai d'une petite pichenette sur la tempe) Depuis quand tu commentes la longueur de mes cheveux ?
-Attends, je ne t'ai jamais vu avec les cheveux si longs – et je te connais depuis dix-huit ans ! Si j'avais eu cette prise quand on était petits, j'aurais gagné plus de combat.
Je pouffai quand il tira gentiment sur une mèche pour étayer ses propos. Ce faisant, mon visage se rapprocha mécaniquement du sien et très vite je sentis son souffle balayer ma joue. Son regard, lui, tomba brusquement sur mes lèvres où s'étirait un sourire entendu. Lentement, nous nous penchâmes l'un vers l'autre. Nous n'étions qu'un un souffle lorsque qu'une voix jaillit du couloir et nous força à nous séparer précipitamment :
-Victoria !
Lorsque ma mère entra – sans même songer à frapper – nous étions allongés à plein ventre sur le lit, le regard rivé sur la télé, et j'avais même eu la présence d'esprit de récupérer ma plaque de chocolat. Elle traversa la pièce sans nous accorder un regard et tripota la radio posée sur mon bureau. De ce fait là, elle ne remarqua pas les joues rosies de Simon ni mes jambes qui battaient nerveusement le matelas.
-C'est toi qui as le CD de Genesis ? Il est à Beata, elle veut le récupérer ...
-Attends, il est là ...
Je me contorsionnai pour attraper la boite de CD sur ma table de chevet et le lançai à ma mère. Elle le récupéra adroitement et me remercia d'un sourire.
-Merci bien ! Tu restes jusque ce soir Simon ? Tu veux dîner avec nous ?
Je retins un profond soupir quand je vis les joues de Simon surchauffer au point de virer au cramoisi. Il ne prit pas la peine de regarder ma mère droit dans les yeux et bredouilla vaguement que ses parents l'attendaient chez lui, que ce n'était pas nécessaire mais « merci beaucoup Mrs. Bennett ». Sans remarquer son comportement anormal, ma mère se fendit d'un petit rire et se dirigea vers la porte.
-Mrs. Bennett ! Pitié, je t'ai connu quand tu étais dans le ventre de ta mère ... Appelle-moi Marian.
Simon cligna des yeux et considéra ma mère sous un œil nouveau. Lentement, le sang reflua de ses joues et il trouva la lucidité nécessaire pour demander :
-Attendez ... Vous parliez avec ma mère ?
Ma mère, occupée à lire les titres sur le dos de la boite de CD, se trouva brusquement paralysée. Elle leva les yeux sur Simon, puis m'interrogea discrètement du regard. Assise en tailleur au centre de mon lit, je lui adressai un sourire penaud que Simon ne put voir et elle parut y voir un encouragement. Elle resta dans l'encadrement de ma porte, la mine soudainement grave, un regard mélancolique rivé sur Simon.
-Et bien ... peu, à dire vrai. On se voyait à la sortie de l'école, quand elle venait chercher Spencer et moi Alexandre ... Et puis on est tombées enceinte en même temps.
-En même temps ? Mais Vicky a trois mois de plus que moi ...
-Alors de une, une grossesse ça dure neuf mois, la crevette, lui rappelai-je avec un sourire. Et je suis prématurée, j'étais prévue pour fin juillet.
J'effleurai machinalement ma médaille de baptême frappé à l'effigie de St-George, justement parce que j'étais un bébé chétif et que mes parents avaient espéré que le patron de l'Angleterre me donnerait de la force. Ma mère capta mon geste. C'était peut-être l'éclairage vacillant de ma chambre ou la lumière que la télévision faisait jouer sur sa peau, mais j'étais certaine qu'elle avait blêmi. Mais la seconde d'après, un sourire s'était épanoui sur ses lèvres.
-Oui, exactement. De ce fait là on a pu un peu échanger et ... Enfin bref, toujours est-il quand je te connais depuis assez longtemps pour que tu m'appelles Marian. Mon mari ce n'est pas pareil, il y tient à son titre de révérend ...
Simon essuya un petit rire qui détendit ma mère. Avec un dernier sourire, elle finit par se retirer, le CD plaqué contre son cœur et ferma la porte derrière elle. Je me rallongeai alors sur le dos avec un gros soupir.
-Pfiouh. C'était moins une.
Simon esquissa un petit sourire mais ne répondit pas. La couleur s'était définitivement résorbée sur ses joues mais son regard s'était de nouveau vidé et voilé de mélancolie. Il croisa ses bras devant lui et y calla son menton dans une position droite qui m'empêchait parfaitement de reprendre là où nous en étions avant que ma mère n'ouvre la porte. Frustrée, je m'étirai de tout mon long et observai à l'envers Tom Hanks entrer dans la fusée qui devait l'emmener sur la lune. Ce n'était pas la première fois qu'une telle situation se produisait : nous étions proches, trop proches, bien trop proches et soudainement l'un de nos parents ou un ami ou un membre de l'Ordre apparaissait. Et plus je prenais mes marques avec Simon, plus cela devenait frustrant.
J'étais en train de réfléchir à comment formuler ça quand ma porte s'ouvrit à nouveau à la volée sur ma mère. Cette fois, elle avait le panier de linge coincé sur la hanche et m'adressa un sourire crispé.
-Ah et j'oubliais ... je lâche le fauve.
-Le fauve ?
-C'est moi !
Le cri et la voix ravirent ses dernières couleurs à Simon. Avec un regard aux abois, il leva les yeux sur Alexandre qui entrait triomphalement dans ma chambre, les bras écartés comme s'il recevait les applaudissements dus à une rock-star. Ce qu'il reçut réellement fut le coussin que je lui jetai à la figure. Il le rattrapa in extremis et me toisa longuement, un sourcil dressé.
-Ma petite sœur me fournirait-t-elle des munitions ? Non mais sérieux, qu'est-ce que je t'ai appris toutes ces années, Tory ? Quand on lance un coussin ...
-... on se le reprend ... Non !
Je croisai mes bras devant mon visage alors que mon frère se précipitai sur moi pour me battre de trois coups de coussins. Le quatrième alla sur le crâne de Simon, qui pourtant s'était vivement écarté dès l'attaque d'Alexandre.
-Aïe !
-Et un pour le crapaud sauvage qui ne daigne venir visiter ma maison ! Ça fait des semaines que je t'attends pour inaugurer mes verres à shots, qu'est-ce que tu fous ?
Simon se frotta la tête, l'air à la fois penaud et énervé. Il chercha mon regard en quête de soutien mais ne trouva que mon sourire mutin. Cela faisait plusieurs semaines que je relayais la volonté de mon frère de voir Simon, et plusieurs semaines que Simon l'ignorait. Pas étonnant que le « fauve » finisse par débarquer. Alexandre n'attendit pas que je l'y invite pour s'installer confortablement dans mon lit et piquer un carré de chocolat sur la tablette.
-Bien, entonna Alexandre, la bouche pleine. Comment ça va depuis le temps ?
-Ça va, répondit laconiquement Simon.
Il n'avait pas pris la peine de se tourner vers lui et faisait mine de suivre le film. Alexandre haussa les sourcils, surpris.
-Il est mignon, il pense qu'un « ça va » va me contenter. (Il lui donna un coup de pied) Hé, ho mon crapaud, détaille un peu ! Sérieux ça fait une éternité que je t'ai pas vu – presque pire que quand vous étiez dans votre école. Qu'est-ce que ça cache ?
-Mais rien, s'agaça Simon.
Néanmoins, sa main alla couvrir sa joue qui avait commencé à rougir. Je m'efforçai de rester impassible, de ne pas tourner le regard vers l'un ou l'autre d'un air coupable, mais c'était si difficile que je dus me lever et feindre de chercher quelque chose dans mon bureau.
-Ecoute, j'ai juste eu ... énormément de boulot, en ce moment Alex alors désolé si je n'ai pas pu venir mais ...
-Enormément de boulot en regardant Philadelphia avec ma sœur ? Ah nan c'est Apollo 13. Désolé, parfois je confonds les films avec Tom Hanks ... Mais regardez Philadelphia, c'est beau. C'est l'histoire d'un avocat qui chope le SIDA et son entreprise le renvoie pour ça.
-Il était homosexuel ? grognai-je sans réfléchir.
Simon poussa un profond soupir et Alexandre me jeta un regard interloqué.
-Euh ... oui. Oui, mais ce n'est pas ça l'important je trouve dans le film. (Il plissa les yeux à mon adresse). Dis-moi, Tory, tu sais que tout le monde peut transmettre ou choper le SIDA ? Pas que les gays ? C'était ce qu'on faisait croire dans les années quatre-vingt mais on sait maintenant que ça touche tout le monde ...
Il fronça les sourcils et s'étala de tout son long sur le lit de manière à se porter à hauteur de Simon.
-D'où le fait que tout le monde doit se protéger. Dis-moi mon crapaud, tu as une boite de capotes quelque part ?
Simon s'étrangla d'indignation et son visage rouge de confusion radoucit visiblement Alexandre à son égard. Il ébouriffa joyeusement ses cheveux avec un éclat de rire.
-Je suppose que non, mais le jour où tu auras besoin de capotes, appelle tonton Alex – je suis presque sûr que ce n'est pas ton père qui va t'en fournir !
-Oh Merlin, gémit Simon en enfonçant son visage dans le matelas. Je te jure Alex, tu es la dernière personne que j'appellerais !
-Comment oses-tu mon crapaud ? Enfin bref, j'arrête de parler capotes si tu acceptes de venir chez moi visiter ma nouvelle maison. Tu as été jusqu'où déjà avec la belle Octavia ? Une aussi belle plante, même toi tu n'as pas dû être indifférent à ses charmes ...
-Alex ! glapis-je alors que les oreilles de Simon devenaient écarlates.
J'espérai que mes joues n'étaient pas devenues de la même couleur que celle de Simon, mais mon visage chauffait tant que j'en doutais. Heureusement, Alexandre se délectait tellement de sa réaction qu'il ne se soucia pas un seul instant de la mienne. J'en profitai pour m'éventer discrètement. J'avais depuis toujours cherché une réponse à cette question – mais à présent, pas comme ça, ni maintenant et encore moins en présence de mon frère. Alexandre mit sa main en cornet du côté de Simon.
-Mais qu'ouïs-je ? Tu viens bien chez moi samedi prochain, c'est cela ?
-Oui, céda Simon sans émerger. Oui, je viendrais ...
Alexandre brandit le poing en signe de triomphe. J'attendis d'avoir repris le contrôle de moi-même pour de nouveau me tourner vers eux. J'avais un rouleau de parchemin dans la main et le frappai avec.
-Allez ! Oust, toi, sors de ma chambre !
Alexandre, outré, s'en fut en martyr en déclamant que si je ne voulais pas de lui il irait trainer sa peine auprès de notre mère. Une fois la porte refermée sur les vociférations de mon frère, Simon enfouit sa tête dans un oreiller et poussa un cri de frustration à peine étouffé.
-Oh la la ...
-Tu savais à quoi tu t'exposais en l'ignorant, rappelai-je avec un brin de triomphe.
Simon releva subitement la tête, les oreilles et le cou marbré de rouge, l'air toujours un peu catastrophé par la situation. Il me jeta un regard paniqué.
-Je ne sais pas mentir, Vicky. A certain moins qu'à d'autres – et malheureusement, Alex est parmi les personnes avec qui je suis le plus transparent. « Qu'est-ce que ça cache » ... Sérieux je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir ma langue !
Je le lorgnai, à la fois amusée et gênée. J'imaginais parfaitement le nombre de réplique cinglante qui devaient se bousculer devant les lèvres de Simon et la frustration de celui-ci de ne pouvoir en laisser échapper aucune. Et de façon très paradoxale pour quelqu'un qui avait développé un talent certain pour le déni, Simon était très mauvais à l'exercice du mensonge. Il se lisait sur son visage, il finissait par se trahir parce qu'il ne savait pas se taire et de manière générale, il détestait les artifices. Et pire que tout, Simon était quelqu'un qui détestait les contraintes. C'était pour cela qu'il avait fini par nous avouer sa relation avec Octavia à l'époque : se libérer des entraves du secret.
Quand est-ce que le temps serait venu pour nous ?
-Alors ne la tient plus.
Je n'avais pas pu retenir mes mots. Des semaines s'étaient écoulées depuis que nous nous étions embrassés pour la première fois, durant cette soirée absurde de février. Des semaines depuis ce moment hors du temps dans le cellier où nous avions décidé d'avancer à notre rythme, le temps de retrouver des repères. Alors l'heure était venu d'envisager la prochaine étape, notamment depuis que Susan et Octavia étaient au courant.
Simon avait froncé les sourcils à ma réaction et dans le silence qui avait suivi, avait commencé à se masser la tempe. J'évitai de trop le fixer, car mon regard pouvait s'apparenter à une pression mais c'était difficile.
-Je dis juste que ... ta sœur le sait, ajoutai-je avec prudence. Ce serait logique que mon frère le sache.
-Sache quoi exactement Vicky ?
Avec un soupir, je me laissai tomber sur le dos, les bras en croix. Les problèmes de l'obligation de verbaliser, de mettre des mots sur des situations, des sensations, des relations. Je cherchai depuis quelques jours un terme, un mot qui engloberait tout ce que Simon et moi étions l'un pour l'autre – à savoir presque tout. Il en avait pour nous décrire ... mais ils faisaient peur. « Ame sœur » était presque celui qui avait sonné avec le plus de justesse à mes oreilles, presque autant qu'il m'avait fait grimacer. Je n'étais pas une romantique et chacune des lettres de ce terme en était teinté. Mais comment décrire autrement le lien absolu et unique qui nous unissait ?
-On peut rester vague dans un premier temps, proposai-je d'un ton résolument calme et rationnel. Dire « on est ensemble ». C'est des termes que tu peux accepter, non ? Si on prend les mots d'un point de vue littéral, ça peut un moment qu'on « est ensemble », Simon prénom-étoile-ridicule Bones.
Un vague sourire frémit sur ses lèvres mais il se frotta le visage pour le masquer et l'effacer.
-Je vois que tu y as réfléchi ...
-Il faut bien que l'un de nous deux le fasse et ce ne sera pas toi.
Je devais être un peu sèche parce que Simon darda sur moi un regard exaspéré. Je levai une main pour m'excuser et soupirai :
-Désolée, c'est juste ... Tu ne le feras pas alors ne m'en veux pas de le faire.
La bouche de Simon se tordit de manière compulsive et il s'affaissa un peu plus sont mon lit. Roulé sur le flanc, il avait même fini par trouver un coussin à presser contre son ventre – sa position d'insécurité. Je m'étais souvent imaginé le coussin comme le bouclier qui absorber à sa place les douleurs et les peines et le voir ériger ce bouclier contre moi me serra le cœur. Dans l'espoir de le rassurer, je levai une main et repoussai avec douceur une mèche qui lui barrait le front.
-Tu es prêt à en parler ou pas ?
-Je ne sais pas, avoua-t-il, incertain. Tu es sûre que ça ne te va plus le « on vit ce qu'on a à vivre » ?
-Si. Mais ça m'irait mieux si on pouvait commencer à le faire librement. Tu ne vas pas me dire que ça te plait de te cacher et de te réfréner tout le temps ?
-Ce n'est pas le plus agréable, maugréa Simon sans me regarder. Mais tu es sérieusement prête à t'infliger des réactions comme celle d'Octavia ?
-Il y a aussi eu celle de Susan. Elle n'était pas si terrible. Si on a de la chance, on aurait peut-être une Susan pour dix Octavia.
Simon essuya un vague rire qui détendit sa prise sur le coussin. Encouragée, je m'allongeai face à lui, la main toujours occupée à jouer avec les quelques mèches qui lui couvraient la tempe. Il ne me repoussa pas mais continua de fuir mon regard. Il restait un paradoxe. Parfois quand je l'embrassai, j'avais la sensation qu'il avait pris tellement d'assurance, que ses peurs l'avaient quittées ... pour qu'à présent il se recroqueville devant moi avec l'air d'un enfant. J'enroulai une mèche trop longue autour de mon doigt et poursuivit d'un ton neutre :
-Tu sais, les gens qui nous voient ne se posent pas de questions et prennent pour acquis le fait qu'on est ensemble. Regarde le professeur Shelton. Tu crois vraiment qu'il pense que notre relation est purement platonique ?
-Rôh, je sais, marmonna Simon en roulant des yeux. Dès que je t'ai demandé de rester et qu'Octavia a répondu je me suis dit « OK parfait, là on est grillé ».
-Simon ? On est grillé partout. Je m'étonne de ne pas avoir reçu de lettre d'Emily, d'ailleurs mais elle doit être occupée avec l'hôpital.
Simon poussa un nouveau grognement sonore qui cette fois m'arracha un soupir. Je cessai de jouer avec ses cheveux pour plaquer ma main contre ma joue, désespérée. J'étais d'une patience infinie, j'argumentai avec douceur et logique et pourtant je ne voyais la sortie du tunnel. Je voulais bien faire tous les efforts du monde pour aller son rythme, ne pas le brusquer, respecter sa pudeur mais j'avais espéré que les efforts soient réciproques et non unilatéraux.
-Simon, ça ne serait qu'officialiser une situation qui couve depuis un moment et qui est déjà évidente pour beaucoup. Et je ne demande pas non plus la face du monde : ne serait-ce qu'Alex je serais contente. Les parents ça peut attendre encore un peu.
Les parents, répétai-je intérieurement, mortifiée. C'était peut-être eux qui m'angoissaient le plus. Peut-être pas George et Rose qui avaient toujours largement accepté les relations de leurs enfants – celles de Caroline – et avec qui j'avais d'excellent rapports. Peut-être que je m'inquiétai moins concernant ma mère qu'avant : elle avait accepté la magie à présent et il était évident qu'elle gardait de la tendresse pour Simon. Non, le visage de l'angoisse avait celui de mon père, le bon pasteur. Il m'aimait, il adorait Simon mais sa bienveillance irait-elle jusqu'à nous accepter ensemble ? Malgré tout, le doute me tiraillait. J'avais besoin d'intermédiaire, de pré-test, de conseils. J'avais besoin d'Alexandre.
Simon resta longtemps silencieux, les lèvres pincées. Il s'écoula ce qui me parut une éternité avant qu'elles ne se dessoude pour laisser échapper dans un filet de voix :
-Vicky, je ne sais pas si tu te rends compte ... sans doute pas, mais ... Alex, c'est déjà beaucoup.
-Je sais qu'il peut être particulièrement pénible mais je peux le gérer ...
-Non. Non, ce n'est pas ... ses allusions, ses moqueries, ça je sais que tu sauras gérer – et que ce ne sera même pas sa priorité. Non, c'est juste ...
Il hésita, visiblement troublé. Il avait roulé sur le côté, le coussin toujours pressé sur le ventre, les mains tordues nouées sur lui.
-Je pense que j'ai ... pas mal déplacé sur Alex, finit-t-il par admettre du bout des lèvres. Qu'en un sens, il a servi de substitut à Matthew et Spencer, de façon inconsciente.
-Oh.
Je n'avais pas songé à cela. Je n'avais jamais réalisé qu'Alexandre avait cette importance dans l'esprit de Simon – dans son équilibre. De façon machinale, je me refis le film de mon enfance et tous ces moments où il avait cherché la présence de mon frère, son approbation, jusqu'à accepter de « garder un œil sur moi » pour lui. Simon parut lire mon incrédulité dans mon silence parce qu'il me servit un sourire penaud.
-Désolé, c'est juste ... du coup, c'est particulier, ce n'est pas juste « ton frère ». C'est pire que ça. C'est compliqué. C'est ...
-Douloureux ? Parce que tu ne pourras jamais ... le leur dire ?
De nouveau la bouche de Simon se tordit et son regard alla se perdre obstinément au plafond. S'il essayait de refouler des larmes, il les cacha bien car ses yeux s'embuèrent à peine.
-Peut-être que ça joue, oui ... Mais c'est surtout ... j'en sais rien. Je me demande si dans la foulée, je ne devrais pas tout lui dire, tu comprends ?
Je ne pus m'empêcher d'ouvrir de grands yeux éberlués à la confidence. Inutile qu'il précise ce qu'il y avait derrière ce « tout ». Sa famille, son identité, ce qu'il avait refoulé et qui continuait de lui revenir à la figure épreuve après épreuve. Je me redressai sur les coudes, sonnée.
-Attends ... tout ? Vraiment ? Tu es prêt pour ça ?
Simon haussa les épaules sans répondre. Je le contemplai, incapable de savoir si j'étais fière ou vexée par la résolution. Fière parce le fait qu'il accepte de partager ce secret avec quelqu'un était quelque chose d'inédit qui prouvait parfaitement le chemin qu'il avait parcouru depuis ce jour sur le pont. Vexée parce que j'avais conscience des épreuves que j'avais dû personnellement traverser pour arracher ce secret qui serait livré sans effort à d'autres et que je trouvais ça particulièrement injuste. Simon parut le percevoir parce qu'un sourire plus franc retroussa ses lèvres.
-Tu es jalouse ?
-Je me console en me disant que c'est grâce à moi, marmonnai-je de mauvaise grâce. Mais je retiens que tu préfères mon frère à moi, la crevette. La prochaine fois c'est lui qui gérera tes états d'âmes sur la question.
-Ah. (Il se frotta le front, l'air soucieux). A ce propos ...
-Oh non. Qu'est-ce que tu as trouvé ? L'ancienne nounou de Spencer ? Un ancien fiancé de ta mère ?
-Pff !
Il me repoussa d'une pichenette et je fis mine d'agoniser sur mon lit, heurtée. Il me contempla avec un sourire dépité – mais au moins, il me regardait.
-N'importe quoi. Je me disais juste ... je n'ai quasiment pas revu Lysandra depuis noël – on a juste échangé quelques lettres. Dans la dernière, elle me propose de venir dîner chez elle ...
-Dans la maison où elle a grandi avec ta mère, compris-je, résignée. Et tu as besoin que je te tienne la main. Et après tu veux continuer de faire croire qu'on n'est pas ensemble ...
Les joues de Simon rosirent sans passer à l'écarlate qu'elles avaient abordés aux passages de ma mère et d'Alexandre. C'était un embarras plus mesuré, plus maîtrisé et il me le prouva en effleura ma main de son index.
-Alors ... on va dire que ce sera un pré-test pour Alex.
Mon cœur fit un bond et je tournai les yeux vers lui. La plaque rose sur ses joues ne s'effaçait pas, mais il ne détourna pas le regard. J'eus alors le loisir d'y lire toute son appréhension, mais également sa détermination. Touchée, je nouai plus franchement ses doigts aux miens.
-Tu es sûr ?
-Leonidas et Lysandra, ce ne sont pas les pires. Ils n'ont aucune attente eux et ils ne nous connaissent pas depuis l'enfance, il n'y aura pas de choc. Comme tu le dis ... ça ne fera qu'officialiser ce qu'ils soupçonnent déjà. Et Alex sera le pré-test pour les parents. Oh la la ... (Il se frotta la tempe avec une grimace) Les parents ...
-Ouais, confirmai-je en hochant la tête. Les parents.
-Avec ton pasteur de père ...
-Tout juste. Tout gentil Simon prénom-étoile-ridicule Bones que tu es, tu restes une menace pour la chasteté de sa fille.
Cette fois, les joues de Simon virèrent au rouge et je sentis ses doigts se tendre dans les miens. Rassurée par la tournure de la conversation, je me permis d'éclater de rire et de me pencher sur lui pour poser un baiser sur sa tempe.
-Mais ne t'en fais pas, on a largement le temps d'aborder ça ! Mais juste pour savoir : où tu classes Emily dans tout ça ?
-Entre Lysa et Alex, évalua-t-il. Emily ...
-Hé ! J'ai essuyé la tornade, avec toi elle sera cool. De manière générale elle a toujours été plus cool avec toi, elle sait que tu n'es pas comme moi ou Cédric à ...
Mes mots finirent par buter sur mes lèvres et je finis par les pincer, troublée. Ça avait été un mécanisme tellement naturel d'évoquer Cédric quand on parlait de nous et d'Emily ... Du quatuor de Poufsouffle qui avait été si difficile à constituer et encore plus difficile à souder ... J'avais pensé avoir réussi à l'enrayer, mais visiblement des traces lointaines demeuraient. Simon serra doucement mes doigts et me gratifia d'un sourire penaud.
-Toi aussi tu penses à ce qu'il aurait dit, parfois ... ?
J'essuyai un petit rire étranglé.
-Visiblement, il avait compris avant nous alors ... il ... (Je me figeai brusquement alors qu'un souvenir affleurait à ma mémoire depuis les abysses). Oh mon Dieu, il me l'a dit.
-Quoi ?
-« Je pense que tu as été chercher Bletchley beaucoup trop loin ». Il me l'a dit. Juste avant la troisième tâche. Oh mon Dieu il me l'a dit.
Je n'en revenais pas de réaliser cela, presque deux ans plus tard, deux après que sa mort ait fait oublié ces mots et que son rire se soit fondu dans l'ombre et la poussière. Pourtant je le revoyais avec une grande netteté, assis à côté de moi sur le banc près du saule cognard. « Est-ce que tu détestes vraiment Simon ? » m'avait-il demandé à ma grande surprise. Et à ma réponse la sienne, malicieuse, énigmatique ... mais qui à présent prenait tout son sens. J'avais été chercher Miles trop loin. La personne avec qui je devais être se trouvait à mes côtés depuis toujours – et lui, lui l'avait compris, bien avant tout le monde.
Simon me considéra quelques secondes, interdit avant de me prendre de court en éclatant d'un rire qu'il se sentit obligé de réprimer d'une main.
-Mais il te l'a dit ! Mais quel enfoiré !
Le simple éclat se mua en fou rire et son hilarité finit par m'atteindre. Nous nous retrouvâmes allongés l'un à côté de l'autre à rire aux larmes sans réellement comprendre pourquoi mais je soupçonnais le mécanisme de défense pour échapper à la douleur de la perte. Quitte à pleurer, autant que ce soit de rire.
-J'en reviens pas de comprendre un an et demi après qu'il soit mort en réalité Cédric était un petit manipulateur et sournois, haleta Simon, incrédule. Mais quel immonde enfoiré ! Bon sang, il venait juste de m'engueuler et comme je ne voulais pas l'écouter il est venu te voir dans mon dos ! Heureusement que tu n'es pas vive !
Incapable d'articuler quoique ce soit, je me contentai de lui donner un vague coup sur l'épaule. Nous nous retrouvâmes si proche que son parfum me parvenait par effluve et que j'effleurai son bras en tentant de me redresser. Les côtes douloureuses, j'y renonçai et m'affalai à un souffle de Simon, un immense sourire aux lèvres. Nos regards se trouvèrent et après quelques secondes, ce fut lui qui leva une main pour écarter tendrement une mèche de mon visage. Il la garda emprisonné entre ses doigts et l'observa couler sur sa peau. Son sourire se fit incertain.
-Bon ... on a un plan, donc ? Un pré-test chez Lysandra. Puis Alex. Et en fonction d'Alex ...
-On envisage d'en parler aux parents et advienne que pourra, complétai-je en un souffle. Ça me va ... merci.
Simon sourit devant le dernier mot, presque avec fierté d'avoir ainsi su forcer sa nature et écarter sa pudeur. Il profita de ce regain d'orgueil pour incliner son visage vers moi tout en tirant sur ma mèche pour me forcer à en faire de même. Cette fois, nos lèvres se joignirent et sa main alla se loger sur ma joue. Son pouce balaya ma mâchoire en une caresse qui m'arracha un frisson mais alors qu'il me parcourait l'échine, Simon s'était écarté pour me sourire doucement.
-Tu vois que je suis capable d'y réfléchir aussi ...
Son souffle s'abattit sur mes lèvres et me donna envie de m'y pencher de nouveau. Pourtant, je me forçai à sourire avec un brin d'effronterie qui me prenait chaque fois qu'il me provoquait.
-Et quoi, tu veux une médaille ?
-Une récompense, disons.
-Et quoi donc ?
-Tu parles à Alex pendant que moi je me cache.
-Pff !
Je le contemplai quelques secondes, allongé sur son lit, un léger sourire aux lèvres, ses cheveux blonds déployés autour de son visage comme un halo d'or et de cuivre. Sans pouvoir m'en empêcher, mes doigts s'approchèrent seuls d'une mèche soyeuse et se mirent à jouer avec.
-Simon ?
-Hum ?
-C'est quelle étoile ?
La question m'avait échappé, encouragée par l'intimité de la scène et la vulnérabilité de Simon. Un sourire malicieux retroussa de nouveau ses lèvres et il lâcha sans me lâcher du regard :
-La deuxième à droite, tout droit jusqu'au matin.
Je fronçai les sourcils en reconnaissant la réplique issue de Peter Pan qui indiquait la route vers le Pays Imaginaire. Contrariée, je levai une main pour lui donner une pichenette entre les yeux. Simon fit mine d'être douloureusement heurté et poussa un long gémissement, la paume posée sur son front, la mine désespérée.
-Pourquoi ? Pourquoi tu continues de me frapper ?
Je m'élevai sur mes coudes et plaçai mon visage face au sien. Simon dressa un sourcil, l'air de me mettre au défi mais je le déçus en restant à ces quelques insupportables centimètres de ses lèvres.
-Parce que tu persistes à me cacher des choses. C'est plus drôle, Bones, allez ...
Simon me considéra longuement, le sourcil toujours levé et la commissure de ses lèvres se souleva en un sourire moqueur.
-Je suis sûr que tu trouveras ça très drôle quand tu le sauras.
-Parce que c'est pour ça que tu continues à me le cacher ? Pour que je ne me moque pas ?
J'avouai que l'idée était vexante et je matérialisai ma contrariété en un mouvement de recul. Simon éclata de rire et avant que je ne m'écarte totalement, ses mains prirent délicatement mon visage et l'inclinèrent pour que mes lèvres puissent effleurer les siennes. Malgré mon agacement, je me laissai faire et explorai lentement sa bouche dans cette posture singulière qui donnait une autre coloration au baiser. Ses doigts glissèrent jusque ma nuque et je finis par pivoter pour retrouver une position plus naturelle. Grisée par ses lèvres qui s'ouvraient sous les miennes sans la moindre hésitation, je m'aventurai à passer une main sur sa nuque et glissai mes doigts dans ses cheveux. En réponse, son bras alla se caller dans mon dos et m'attira un peu plus à lui. Emportée par mon élan, je commençai à m'appuyer sur lui et je sentis son corps pivoter lentement jusqu'à ce qu'il finisse sur le dos et moi par le surplomber. A ce moment-là, je sentis Simon hésiter, ses lèvres se figer sur les miennes. Je n'étais pourtant pas à proprement parler sur lui : appuyée sur un coude, une main glissée dans ses cheveux, notre seul autre point de jonctions était nos lèvres et nos jambes qui s'effleuraient par intermittence. Devant ses marqueurs évident d'indécision, je finis par m'écarter et par rompre la baiser malgré la chaleur qui commençait à se diffuser dans mon ventre et dans mes joues.
-Ça va ... ?
Simon cligna des yeux, visiblement hasard. Sa main s'était figée quelque part sur ma hanche, immobile si l'ont exceptait les doigts qui s'étaient mis à taper nerveusement contre mon tee-shirt.
-Ça va ... j'ai juste ... (Il déglutit et ses joues s'empourprèrent). OK, j'ai peut-être une peur un peu irrationnelle de ce qui peut se passer dans un lit ...
J'avais compris que c'était quelque chose comme ça, aussi ne fus-je pas surprise par la réponse. Jusque là, nous ne nous étions jamais retrouvées dans un état de proximité rapprochée, rien qui puisse paniquer Simon, mais il était vrai que cette position allongée dans un lit était déjà plus équivoque. De quoi réveiller de vieilles craintes chez lui. Avec douceur, je posai un nouveau mes lèvres sans les siennes, sans prendre la peine de les ouvrir. Juste un chaste baiser destiner à le rassurer.
-Oui, mais c'est moi, soufflai-je en m'écartant. Et avec moi, tu n'as à avoir peur ... je te l'ai dit, je n'attends rien. Et si jamais ça ne va pas, tu le dis. C'est tout.
Le visage toujours enflammé, Simon finit par hocher lentement la tête, son regard ancré dans le mien. Je restai quelques secondes en suspens, mon nez à quelques centimètres du sien dans l'attente d'un geste quelconque de sa part. Mon soupir de contentement se retrouva avaler par son souffle quand il attrapa finalement mon visage en coupe pour m'embrasser de nouveau. Et pour la première fois, je sentis sa langue s'infiltrer avec timidité entre ses dents, maladroitement mais la preuve de confiance était telle qu'un frisson hérissa mon échine. Lorsque la mienne goûta la sienne, je sentis son souffle se bloquer dans sa gorge et ses mains se crispèrent sur mon visage. J'eus peur d'un signe de rejet mais quand je ralentis le rythme, les lèvres de Simon se décalèrent pour effleurer ma joue puis ma mâchoire. Il écarta quelques mèches pour atteindre ma gorge et mes doigts se tordirent sur mon drap face à l'élan que cela causa dans mon ventre.
Sincèrement ? Malgré mes promesses de patience et de douceur, je me sentais à deux doigts de craquer. De prendre les choses en mains, de tenter d'aller plus loin, d'explorer la brèche que Simon venait d'ouvrir. Malheureusement, nous étions des amants clandestins dans cette maison et ma mère vint me le rappeler en frappant contre ma porte avec humeur.
-Victoria ! Tu n'avais pas entrainement à quatorze heures ?
-Merde !
Le juron contre ses lèvres fit sourire Simon et je me redressai précipitamment, le visage brûlant, une chaleur diffuse et palpitante au creux du ventre et de la gorge. Sans attendre que ma mère n'ouvre ou qu'il fasse une remarque moqueuse, je bondis hors du lit et me précipitai sur mes affaires de Quidditch. Ma mère s'était visiblement contentée de tambouriner et Simon éclata de rire, toujours allongé, lorsqu'il me vit m'attacher les cheveux en un chignon lâche au-dessus de ma tête.
-Sérieusement, je me demanderais toujours comment ça peut tenir sur sa tête !
-Je t'ai déjà dit que c'était par magie !
-La magie ça ne fait pas ça. Si tu croises Leonidas ...
-Je lui demande si on peut venir dîner, confirmai-je chaussant mes bottines. Salut !
J'attrapai mon balai, la baguette que j'avais laissée sur mon bureau et me précipitai vers la porte sans même prendre la peine d'embrasser Simon une dernière fois. A ma plus grande honte, j'avais peur de céder et de sécher l'entrainement si je goûtais de nouveau aux sensations qui m'avaient assaillies ... Je portai une main à ma gorge et je sentis mon pouls battre contre mes doigts, fort, rythmé. Je me retournai brièvement, une main sur la porte et contemplai Simon. Il était resté dans la même position allongée, si ce n'était qu'il avait croisé ses mains derrière sa nuque et qu'un sourire moqueur ourlait ses lèvres. Ses cheveux étaient ébouriffés, son visage légèrement rougi, mais il était étrangement serein pour quelqu'un qui avait avoué avoir peur de « ce qui pouvait se passer dans un lit ». Je restai quelques secondes indécises, les doigts battant nerveusement le chambranle.
-Simon ?
-Quoi ?
J'hésitai encore une seconde, avant de décider que c'était insupportable qu'il s'en sorte si bien alors que je devais quitter précipitamment la place et que mon visage soit plus rouge que le sien.
-Un jour, il faudra sérieusement qu'on discute de jusqu'où tu as été charnellement avec Octavia McLairds.
Et après avoir apprécier une demi-seconde la vision de son visage s'empourprer brutalement et se draper d'écarlate, je m'enfuis par la porte, un grand sourire aux lèvres.
***
Je vous avais prévenu, c'est vide, vide, vide.
Mais bon c'est du Simoria donc j'ai bien aimé l'écrire. Votre verdict?
Maintenant passez tous un bon noël <3 A demain pour le concours de meme - que je dois préparer cet aprem, d'ailleurs ...
(Vous saviez que Perrine est un nom de cheval? Je vous jure mon copain suit les courses et un nombre incalculable de chevaux s'appelle "*** Perrine". Genre là il vient de gagner en pariant avec Jazzy Perrine. Voilà pour l'anecdote de la journée).
BISOUS ET JOYEUX NOEL ! <3
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