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III - Chapitre 32 : Battre la chamade

HOLA EVERYBODY 

Attention épisode Perri se plaint. ça fait depuis le 1er octobre que je n'ai pas un seul Week-end de tranquille (entre les anniversaires, les fois où je remonte dans le Nord voir les parents, les excursions à Paris). Vraiment mon âme d'asociale timide et solitaire commence à saturer devant ces week-end pleins - et le pire c'est que je suis complète jusque 2022. Vivement les vacances T.T 

Bon tout ça pour expliquer que demain je serais bien occupée et que je pourrais pas poster. 

Episode maintenant "Perri écrit des choses sorties de nul part". En trois jours j'ai pondu un bonus sur O&P - ne me le réclamez pas, vous ne l'aurez pas avant la fin il spoile salement. Mais toujours est-il que je me suis exercée à écrire d'autres petites choses (Oui bon d'accord c'était du lemon. Non pas appliqué au Simoria. N'essayez pas vous ne trouverez pas. Ou essayez, ça va me faire rire). Pas aussi terrible que j'aurais pu l'imaginer, ça me rassure pour La dernière page où j'avais quelques petites scènes en tête. Mais j'attends l'avis de la grande Annabethfan pour être fixée. 

SUR CE CHAPIIIIIITRE j'étais bloquée sur celui là mais au final j'en étais assez contente (c'est le chapitre que j'avais le deal : si je le finissais j'avais le droit de vous poster le Simoria hihi). Bonne lecture ! 


***

- Ton cœur bat très fort, dit-elle. C'est la fatigue ?
- Non, dit Antoine, c'est la chamade.

*

-D'où vient l'expression "la chamade" ?  demanda le jeune Anglais à l'autre bout de la table.
-D'après le Littré, c'était un roulement joué par les tambours pour annoncer la défaite, dit un érudit.

- La chamade
Françoise Sagan

*** 

Chapitre 32 : Battre la chamade.

La vérité ? Nous n'avions presque plus reparlé de cela, une fois Susan entre nous et Poufsouffle atomisant Gryffondor but par but. Ginny avait limité la casse du côté des lions en attrapant le Vif d'or mais le résultat était déjà assommant. Susan nous avait laissé nous rapprocher mais nous avions plus eu de geste qui auraient pu attirer l'attention – peut-être juste un baiser volé que la jeune fille capta avec ravissement. Susan, c'était un aveu tout en douceur. Simon avait à peine angoissé – et c'était bien parce qu'il avait pleine et entière confiance en sa sœur.

Les autres, c'était une autre paire de manche.

-Mesdames, annonça Simon en entrant triomphalement dans la bibliothèque. Vous allez m'adorer !

Octavia et moi l'observâmes fixement, impassible. J'étais face à la machine à écrire pendant qu'elle relisait, annotait et numérotait les feuillets et nous travaillions depuis plus d'une heure dans le plus grand des silences. L'intervention de Simon nous coupa complètement dans notre élan et Octavia renifla d'un air dédaigneux.

-Pourquoi tu arrives toujours au plus mauvais moment ?

-J'arrive au meilleur, rétorqua Simon avec un grand sourire. Sincèrement, vous allez m'adorer ! Je dirais même que je mériterais peut-être que vous vous mettiez à genoux devant moi.

Je haussai un sourcil face à Simon, qui s'était installé sur une chaise sur laquelle il se balança nonchalamment, la mine satisfaite et presque arrogante. Je n'en revenais pas en le voyant ainsi de prétendument sortir avec un crétin pareil.

-Quand tu fais cette tête, j'ai plutôt envie de te renvoyer la machine à la figure.

Simon m'envoya un long regard qui faillit me faire rougir et je rivai de nouveau les yeux sur le parchemin qui s'élevait de ligne en ligne.

-On en reparle après, miss Bennett ... Bon, personne ne me demande ce que j'ai fait pour mériter une prosternation ?

-Non mais quel imbécile, maugréa Octavia en raturant une phrase. Dépêche-toi, qu'on en finisse avec ton air satisfait ... Bennett a raison, ça donne envie de te donner de grandes claques. (Elle me lorgna, un sourire tressaillant au coin des lèvres). Pourquoi tu te retiens ?

Je ne répondis pas, feignant d'être absorbée parce que je tapais. Les joutes verbales entre Simon et Octavia devenaient de plus en plus pesantes ; ils avaient pris tous les deux l'habitudes de me prendre à parti et je ne savais jamais de quel côté me situer. Parfois, Octavia était inutilement méchante et cruelle avec des rappels douloureux de leur relation qui faisait grincer les dents de Simon. Et celui-ci répondait avec des répliques mordantes tout en me jetant un regard insistant, comme s'il attendait un soutien de ma part. J'étais à présent dans une position inconfortable que je gérais en faisant ce que je réussissais le mieux : fuir et ignorer le chaos.

Simon ménagea son suspens en se taisant quelques secondes et savoura l'air parfaitement exaspéré d'Octavia. Il fallut que je lui donne un coup de pied dans le tibia sous la table pour qu'il daigne se départir de son sourire et enfin balancer :

-Il se pourrait que j'aie parlé avec mon tuteur, Julian Shelton, de votre projet de livre. Et ... il se pourrait qu'il soit intéressé de vous rencontrer.

-Oh, lâchai-je, surprise.

-Quoi ? s'écria Octavia, sous le choc. Sérieusement ?

Les yeux de Simon pétillaient d'exaltation. Après la conversation que nous avions eu à Poudlard, j'ignorais si c'était parce qu'il croyait fermement en notre projet, ou qu'il était ravi de rabattre le caquet d'Octavia McLairds. Face à cette indécision, je n'eus pas le loisir de réagir à l'annonce et laissait Simon poursuivre avec délectation :

-Vous aviez besoin de documentation, non ? D'avoir un aspect plus scientifique, des attaches plus concrètes ? Quoi de mieux que le nom de l'un des chercheurs en Sortilège les plus reconnus de sa génération ? Diplômé de Poudlard et d'Ilvermorny, plus jeune membre à avoir déposé un brevet, responsable de formation du département ... Oui, je vous ai trouvé quelqu'un de parfait pour apporter du poids à votre argumentaire.

Tout l'exposé parut plaire à Octavia, dont les iris se mirent aussitôt à luire – et les rouages de son cerveau à tourner. Simon enfonça le clou en ajoutant :

-Et je l'ignorais, mais il se trouve que l'année dernière, il a tenté de déposer un brevet pour un système de téléphone comme on en utilise chez les moldus. Ça a été refusé par le Ministère et le Conseil de l'IRIS – ils ont avancé le fait que selon eux, c'était obsolète dans un monde de sorcier. Mais d'après le professeur Shelton, vous tenez un bon filon en songeant qu'il y a un côté culturel à creuser.

-Sans rire, laissa échapper Octavia.

Elle s'était mise à fouiller nos notes de manière compulsive. Elle finit par trouver un morceau de parchemin vierge où elle inscrivit presque mot pour mot les explications de Simon.

-C'est parfait, c'est parfait, c'est parfait ! J'espérais les archives, mais ça, c'est presque mieux ! Oh mais il pourra nous donner accès aux archives en plus ! Bennett, ton dernier feuillet.

Elle tendit la main avec autorité et je lui confiai le feuillet en passant outre son ton péremptoire. Maintenant qu'elle était plongée dans les parchemins, le regard de Simon s'était tourné vers moi et c'était fait infiniment moins insupportable. Toujours fier, mais plus doux, plus déterminé et je sentis un sourire effleurer mes lèvres et s'agrandir de manière absurde.

Il allait vraiment finir par avoir son nom en fin de livre.

Je tordis mes lèvres pour faire disparaitre mon sourire et me penchai vers Octavia. Si je contemplai davantage Simon et son air tendre, j'allais finir par faire une bêtise.

-Tu fais quoi ?

-Je commence une série de question à lui poser, répondit Octavia, surexcitée. Oh la la ... (Elle posa brutalement sa plume). Ce qui est idiot, parce que je n'ai même pas cerné l'homme ! Simon, tu aurais des livres de lui ? Des traités, des thèses ?

-Euh ..., entonna Simon, les sourcils froncés. Oui, quelques-uns, mais c'est de la magie complexe, je ne sais pas si ça ...

-Je veux juste lire les préambules et les remerciements – des parties sous-estimées mais qui en disent énormément sur l'auteur. Où est-ce que je peux trouver ça ?

-Sur l'étagère de mon bureau, dans ma chambre.

Octavia s'était déjà levée mais pivota avec légèreté vers Simon, l'air mutin. Avec sa belle robe de sorcière mauve et ses cheveux parfaitement lustrés ramenés sur son épaule, elle était si charmante que j'en éprouvai un pincement de jalousie.

-Dans ta chambre ? répéta-t-elle en susurrant. Je vais enfin la voir, donc ?

Les yeux de Simon roulèrent dans leurs orbites, soudainement agacé et il évita soigneusement mon regard. Je me retranchai de nouveau derrière ma machine en anticipant ce qui allait suivre et insérait un nouveau parchemin dans le chemin.

-Et si tu touches la moindre affaire, je le saurais McLairds et il y aura des conséquences.

-Ça je veux bien le croire ... D'ailleurs (elle mit ses poings sur ses hanches). Pourquoi tu fais ça pour nous ? Ton ex et la fille sur laquelle tu tapes depuis que tu es né ...

-Et inversement...

-... Qu'est-ce qu'on va devoir faire pour mériter tes largesses de grand prince ?

Les doigts de Simon pianotèrent impatiemment sur la table.

-Je te l'ai dit : que tu te prosternes. Ce sera déjà bien assez distrayant ...

-Revoie ton prix à la baisse, Bones, moi je ne te donnerais pas ça, chantonna tranquillement Octavia. Pense à autre chose pendant je vais chercher tes livres ...

Cette fois, un sourire retroussa les lèvres de Simon et il me jeta un petit regard que je tâchais d'ignorer. Malgré tout, rien que sa brûlure permit à mes joues de rosir et je fus ravie de constater qu'Octavia me tournait déjà le dos.

-Oh mais j'y pense ...

Octavia se fendit d'un reniflement hautin et s'en fut dans les couloirs. Simon la suivit du regard, se balançant de plus en plus précaire sur sa chaise jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Quand il se laissa tomber sur ses quatre pieds avec un grand sourire satisfait, je m'étais déjà arrachée à ma chaise pour me précipiter vers lui : avec un éclat de rire, il me réceptionna maladroitement et je me retrouvai assise sur ses genoux, un sourire extatique aux lèvres, une main passée derrière sa nuque.

-Toi, je t'aime !

L'expression, toute faite, complètement détaché d'un quelconque romantisme mais simplement d'un sentiment pur et simple qui m'envahissait, s'était envolée toute seule de mes lèvres. Simon eut un bref mouvement de recul et me dévisagea, abasourdi.

-Excuse-moi ?

-Oh ça va Bones, ne fais pas comme si tu ne savais pas !

Sans attendre qu'il proteste ou s'englue dans un quelconque embarras, je raffermis ma prise sur sa nuque et me redressai pour l'embrasser. Fort heureusement, il ne résista pas et répondit même à mon baiser en m'enlaçant plus franchement. Sa main s'était portée jusque ma nuque et caressait les boucles qui la recouvraient. Je m'écartai d'un millimètre, un sourire absurde aux lèvres.

-Tu as été rapide, dis donc ...

-Je te l'ai dit, j'y crois en votre projet, souffla-t-il en faisant glisser l'une de mes mèches entre ses doigts. Et si ça peut te rassurer, le professeur Shelton a l'air vraiment emballé aussi ... (Il tira ma mèche, un sourire moqueur aux lèvres). Alors, j'ai le droit à mon nom dans les remerciements ?

-Tout en haut, assurai-je avant de me pencher de nouveau vers lui.

Je l'embrassai de nouveau, avec moins d'ardeur, de manière plus douce et un frisson me parcourut quand la main de Simon lâcha ma mèche de cheveux pour se porter sur ma gorge. Son pouce caressa ma joue et je voulus approfondir le baiser quand soudainement, un grand fracas se fit entendre derrière nous. Je sursautai et nous nous séparâmes brusquement. Dans l'encadrement de la porte, Octavia nous contemplait, les yeux écarquillés, les livres de Simon épars sur le sol après leur chute. Les notes qu'il avait prises volaient encore autour de ses jambes mais elle se contenta de nos fixer, choquée.

-Vous vous foutez de moi !

-Oh non, gémit Simon en laissant aller son front contre mon épaule.

-C'était quoi ça ? poursuivit Octavia d'une voix plus aigue que d'habitude. C'est ... vous ... (Elle porta une main à sa tête, l'air sonné). Ce n'est pas possible, j'ai rêvé ... Non ?

Ma main se crispa sur l'épaule de Simon et je considérai ma position – assise sur ses genoux, un bras passé autour de son cou pendant que le sien m'enlaçais toujours, malgré le regard incrédule d'Octavia toujours rivé sur nous. Je rejetai ma tête en arrière, épuisée en avance de ce qui s'annonçait. Je n'étais pas contrariée d'être ainsi découverte et j'avais conscience d'avoir joué à un jeu dangereux à embrasser Simon alors qu'elle était encore dans la maison. Mais je doutai que cet aveu ça soit aussi facile que celui de Susan ... Je pressai l'épaule de Simon pour lui donner du courage et m'extirpai de ma position scabreuse qui semblait nous paralysé plus qu'autre chose.

-Non, non ... tu n'as pas rêvé ...

-Quoique si c'est ce que tu choisis de croire, on ne t'en empêchera pas, marmonna Simon.

Ses joues avaient rougi et il évitait d'affronter le regard d'Octavia, toujours fixement rivé sur nous. Sa main retomba lentement le long de son corps et elle pointa un index tremblant sur nous.

-Donc ... vous deux ... ?

-Oui, Octavia, soupirai-je en me rasseyant derrière la machine à écrire. Maintenant, ferme la bouche.

Simon m'adressa un petit sourire, moitié fier, moitié crispé. Octavia secoua la tête et après quelques secondes d'hébétude, elle s'avança vers moi à grand pas puis de brusquement s'immobiliser pour pivoter vers Simon, qui se trouva un intérêt soudain pour le plafond de lambris.

-Non mais ... Attends, toi : et ta petite archiviste ?

-Hein ? réagit Simon, perplexe. Qui ?

-Adrianne, lui soufflai-je, amusée.

-Ah !

Il cligna les yeux, comme s'il émergeait d'un mauvais rêve. Bien décidée à le laisser gérer Octavia, je me penchai sur la machine à écrire, un petit sourire aux lèvres. Lorsque je touchai ma joue, elle était encore brûlante d'embarras et j'évitai aussi de trop chercher le regard de la jeune fille, qui pivotait de Simon à moi comme si elle ne savait pas comment commencer. Faute de mieux, elle se laissa aussi tomber sur sa chaise, comme une poupée de chiffon.

-Mais je rêve ! Je rêve ! Bones, quand on était ensemble tu passais cinquante pourcents de ton temps à te plaindre d'elle ! Je ne passais pas une journée sans entendre parler de Victoria Bennett, je te jure t'embrassais juste pour te faire taire ! Et là ...

Elle me désigna des deux mains, incrédule et Simon se contenta de hausser les épaules, les joues rougies par la gêne, l'air peu désireux de se justifier. Faute de trouver des réponses chez lui, elle se tourna vers moi et ajouta d'un ton presque énervé :

-Et toi tu m'entends le tailler et répéter à quel point c'est un copain déplorable et tu ne trouves rien de mieux que de mettre ta langue au fond de sa gorge ?

-Eurk, réagit Simon avec une grimace.

-Tu vois ! triompha Octavia en le désignant. C'est un gosse ! Quand il va passer enfin sa main sous ta culotte, il va te dire qu'il est désolé !

-Non mais ça ne va pas, s'étrangla Simon en bondissant sur ses pieds. Ce n'est jamais arrivé !

Cette fois, son visage était passé au cramoisie et j'étais presque certaine que mes joues avaient exactement la même couleur. J'en attrapai un morceau de parchemin pour m'éventer, respirer un peu, et apaiser le feu sur mes joues. Octavia n'était pas en reste et poursuivit avec verve :

-Non tu as raison : c'était pire !

-Oh Seigneur-Dieu tout puissant, gémis-je en m'éventant de plus belle. McLairds, je ne veux pas savoir !

-Mais Bennett, tu mérites mieux ! Cent fois mieux ! Pas un gosse handicapé des sentiments qui est incapable de s'investir dans une relation !

-Avec toi peut-être mais grande nouvelle McLairds : je ne suis pas toi ! Maintenant Ulysse Selwyn ne t'arrive pas à la cheville et je suis presque persuadée que ça va finir avec une bague au doigt votre affaire alors est-ce que tu peux nous laisser en paix ?

Octavia ouvrit et ferma sa bouche plusieurs fois, les joues brusquement écarlates. Alors que je la fixai avec insistance, son regard se baissa brièvement vers sa main. Son majeur était orné d'une belle bague d'or blanc sertie d'une pierre bleue trop claire pour être un saphir, mais d'un geste nonchalant, son pouce caressa l'espace vide sur son annulaire gauche. Je haussai les sourcils, douchée par son geste.

-Oh la la mais tu l'attends carrément ta demande !

Octavia referma ses doigts dans son poing et le cacha sur ses genoux. Même Simon passa outre son mutisme à la fois buté et gêné pour secouer la tête, incrédule.

-Mais ... Octavia, tu n'as que dix-huit ans ...

-Dix-neuf, et alors ? rétorqua-t-elle sèchement. Justement. Je ne veux pas perdre une minute. Je sais ce que je veux dans la vie, je n'ai pas envie de me complaire dans une attente qui ne veut rien dire ...

Mon regard s'aimanta automatiquement sur celui de Simon avant de s'intéresser de nouveau à Octavia. Elle avait réhaussé son masque digne, malgré des joues toujours teintées d'une couleur rosée et des yeux qui brillaient. Elle repoussa une mèche qui lui barrait le front.

-C'est ce dont j'ai envie. C'est la vie que j'ai envie de mener et je considère que ça n'entravera en rien mes ambitions parce qu'Ulysse les respecte et me respecte. Alors oui ... peut-être que j'attends une bague. Si je suis sûre, pourquoi attendre ?

Je faillis demander d'un ton extrêmement dubitatif « sûre d'Ulysse Selwyn ? » avant de ravaler ma langue. C'était ouvrir la porte à une réplique concernant Simon et moi. Mais l'intérêt de Simon était ailleurs et il plissa les yeux avec suspicion.

-Dis-moi. Ce n'est pas parce que tu dois justement ... attendre que tu veux que ça arrive aussi vite ?

Octavia leva les yeux au ciel avec mépris et ce faisait, son regard retomba sur moi. Je la gratifiai d'un sourire entendu qui la fit profondément soupirer.

-Oui, on doit attendre avant d'aller plus loin ...

-Et bien dis donc, il en a de la chance lui ..., maugréa-t-il avec une pointe d'amertume.

Les joues d'Octavia passèrent à l'écarlate en une fraction de seconde. Elle se redressa pour pointer un index sous le nez de Simon qui se retrouva coller au dossier de sa chaise.

-Oh ne commence pas toi ! Tu veux vraiment qu'on en parle alors que je viens de te voir embrasser Victoria Bennett ? (Elle se mit une main sur le front). Mais mille gargouilles, je ne pensais jamais prononcer cette phrase ! Victoria Bennett ! On s'attend toutes à être remplacée, mais je ne pensais pas ce que ce serait par Victoria !

-Et visiblement je mérite « cent fois mieux », c'est que je suis une remplaçante plus qu'acceptable, évaluai-je d'un ton laconique.

Simon me jeta un regard torve mais Octavia me gratifia d'un geste évasif de la main. Le sang s'était quelque peu résorbé de son visage.

-Certes. Juste ... sacrément inattendue. (Elle pivota vers Simon, une moue boudeuse aux lèvres). Et toi ... La vérité des seize ans n'est pas celle des dix-huit. Oui, Ulysse et moi on a décidé ensemble qu'on préférait attendre mais ce n'est pas ça qui motive ma décision. Je suis simplement sûre de mes plans d'avenir.

-Dans une période de guerre civile presque ouverte où rien n'a jamais été aussi incertain, tu veux faire des plans ? conclut Simon.

Il y avait une pointe de cynisme dans sa voix qui occasionna un nouveau roulage d'yeux de la part d'Octavia. Elle prit une plume et inscrit quelques mots sur le parchemin sur lequel elle avait commencé à noter des informations sur Julian Shelton.

-Justement : dans ce monde incertain, mes plans sont tout ce qui me reste. Je ne compte pas y renoncer. (Elle nous désigna d'un vague geste de la main). Et vous pouvez parler, avec ce que vous avez décidé !

-On ne l'a pas vraiment décidé, protesta Simon dans un souffle.

Il passa une main dans ses cheveux et me jeta un petit regard. Un petit sourire s'était dessiné sur mes lèvres. Non, il avait raison, on ne l'avait pas décidé. On pouvait même dire que la vie avait véritablement décidé pour nous. Le regard et le silence se prolongèrent jusqu'à ce que la commissure des lèvres de Simon se relève en les prémisses d'un sourire. Cela parut trop pour Octavia, qui se redressa brusquement et se mit à fourrer les parchemins dans son sac.

-Oh non, c'est trop perturbant ! Ecoutez, je vais rentrer, me remettre de cette révélation, écrire des questions pour le professeur Shelton – dans la semaine ce serait bien, Simon, on n'a plus de temps à perdre – et oublier que je viens de vivre l'un des moments les plus étranges de ma vie ! Pendant que vous vous bécoterez !

Elle se précipita vers la porte, sous notre regard abasourdi, avant de finalement s'immobiliser et de se tourner souplement vers nous, les mains appuyées sur le chambranle de la porte.

-Oh et pas à mot à mon futur époux je suppose ?

-Attends la bague avant de parler, marmonnai-je avant de hocher la tête. Et oui pas un mot à Ulysse.

-Ni à personne, ajouta Simon avec une pointe de sévérité.

-Attendez ... (Octavia replia des mains jusque son cœur, interdite). Ne me dites pas que je suis la première à le savoir ? Oh, en fait je m'en fiche ! Dites-moi juste que je le sais avant Emily Fawley et je serais une femme comblée !

-Simon sera ravi de dire à Ulysse avant votre nuit de noce qu'il t'a déjà comblée, raillai-je.

Et avec une immense satisfaction, je les vis tous les deux s'étrangler et ravaler leur langue. Octavia bredouilla des mots incompréhensibles et finit par s'en aller et Simon ne songea même pas à renchérir et se retrancha derrière son livre, les oreilles écarlates. Fière de moi, je me remis à taper sur la machine, un sourire aux lèvres et le cœur battant étrangement la chamade. Un sentiment d'étourderie qui venait chaque fois m'enivrer quand il était question de Simon et que j'avais fini par caser dans tout ce qu'on éprouvait quand on était amoureuse.

***

Mais il fallait l'admettre, le cœur à la chamade et l'étourderie se casait aussi dans le phénomène de la peur. Comme quoi d'une émotion à l'autre, les symptômes étaient les mêmes.

J'étais allongée à plat ventre, dans l'humus et l'herbe humide. J'étais même chanceuse qu'une belle journée ensoleillée ait séché la terre gorgée de la pluie des derniers jours. A présent, la nuit était tombée et j'avais à peine conscience de la présence de Tonks à côté de moi, dissimulée sous un sortilège de désillusion. Je relevai la tête de quelques millimètres pour évaluer mon environnement. C'était une prairie faite de butes et d'espace boisés, au nord du pays. Nous avions réussi à nous dissimuler derrière un talus pendant Podmore et George se cachaient dans le petit bois en face de nouveau. L'obscurité était totale, les rayons de la lune bloqués par d'épais nuages, la ville trop loin pour nous gratifier de sa lumière. Je laissai aller ma joue sur l'herbe et mon oreille se nicha entre deux touffes. J'eus alors tout le loisir d'entendre mon cœur tambouriner contre le sol à un rythme affolant.

La première mission active était toujours angoissante. Tonks avait tenté de me rassurer là-dessus. Mais ça n'empêchait pas mon cœur d'en battre comme s'il voulait s'échapper de ma cage thoracique. Je fermai quelques secondes les yeux et prit une profonde inspiration pour calmer mes nerfs. J'en fus quitte pour un coup de pied de la part de Tonks et je retins ma plante en serrant les dents. Nous devions être invisibles. Invisibles en attendant que quelqu'un se montre. Je raffermis ma prise sur ma baguette de bois de saule. J'avais déjà été confrontée au feu – en revanche, c'était la première fois que je me présentais à lui de mon plein gré. Je passai mon doigt sur mon nez allongé et puis repoussai une mèche que je savais blonde. Il n'était pas question de risquer d'être reconnue, alors faute de quantité suffisante de polynectar, Tonks m'avait assez transformée pour que je ressemble le moins possible à Victoria Bennett. Ça ne tromperait pas Simon ou mes parents, jugea-t-elle quand elle en eut fini avec moi. Mais avec de longs cheveux blonds et raides, un nez plus long et des tâches de rousseurs, cela ferait l'affaire.

Le plan était simple. Un trafiquant, ancien ami – ou ennemi ? – de Mondingus devait arriver dans un futur proche. L'homme, d'origine allemande, jouissait d'un réseau important dans l'Europe de l'est plus empreinte de magie noire et avait pu trouver la pièce demandée par Barjow. Mais le plus important était le destinataire : qui se tiendrait devant nous ? Le gérant de l'odieuse boutique ? Un partisan affilié à Voldemort ? Ou pire, un Mangemort ? Nous l'ignorions, mais Maugrey nous avait fermement ordonné d'identifier tout le monde avant de songer au moindre assaut. Mais l'assaut devrait être lancé, quoiqu'il arrive. Car l'objectif, c'était justement cette pièce pour laquelle les Lestrange avait investi une somme colossale qui avait justement transitée par le compte de Thalia Selwyn.

J'étais encore en train de m'interroger sur la nature de cette pièce quand un « CRAC » sonore déchira le silence. Je ne pus me retenir de sursauter et Tonks me donna un nouveau coup de pied dans le tibia pour me maintenir tranquille. Je collai mon nez contre l'herbe, le cœur battant si fort qu'il parut vouloir creuser un trou sans le sol pour s'y terrer. Entre les brins qui se dressaient dans mon champ de vision, je pus apercevoir la silhouette longiligne d'un homme encapuchonné. Il resta immobile au centre de la prairie, les mains dans les manches, telle une statue de sel à une respectable distance de nous. Le vent emportait des pans de sa cape mais lui restait statique. Tonks se mit alors à marteler ma jambe de petits coups et je finis par lui en rendre un, exaspérée.

-Quoi ? chuchotai-je furieusement, profitant qu'une bourrasque couvre ma voix. Tu essaies de me parler en morse ?

J'en fus quitte pour un coup encore plus fort. Je consultai ma montre et notai mentalement que l'homme était arrivé à vingt-trois heures quinze. Jusque là, les informations de Ding étaient correctes, jusque l'apparence du trafiquant. Grand, élancé, une barbe blonde qui dépassait de sa capuche. Mais nous étions des sorciers : l'artifice pouvait très bien être de mise. Je serrai si fort ma baguette que les arabesques gravées sur son manche s'imprimèrent sur ma peau. J'étais à présent persuadée que la trace de mon cœur battant devant s'être tracée sur le sol quand un second « CRAC » se fit entendre. Deux nouvelles personnes apparurent alors à la lueur pâle et feutrée de la lune cachée, mais l'Allemand restait lui immobile, bien plus que les arbres qui s'agitaient furieusement autour de lui. Sans attendre que les deux autres s'avancent, il clama d'une voix gutturale :

-Ceci ne sera pas la dernière larme, jaillissant brûlante de ce cœur...

Les vers s'envolèrent de sa bouche, portés par les vents jusqu'à ce que les deux arrivants s'arrêtent à une distance respectable. Je n'arrivai pas parfaitement à les distinguer : l'un était maigre, mais restait petit, écrasé par la présence de l'autre de plus imposante stature et au port plus altier. Si le premier était clairement un garçon aux cheveux que je devinais courts, le second était plus difficilement discernable, enveloppé dans une cape et une capuche comme l'Allemand. Ce fut que lorsque sa voix s'éleva que je pus l'identifier comme une femme :

-Qui dans une nouvelle indicible torture s'apaise en accroissant sa douleur.

Elle se fendit d'un ricanement méprisant et repoussa quelque peu son capuchon pour dévoiler un visage pâle et quelques cheveux sombres. Je sentis Tonks se tendre à côté de moi et sa main se crisper encore sur sa baguette. Visiblement, la femme était de sa connaissance.

-Pourquoi devons-nous utiliser ce genre de mots issus d'une langue de boue ?

-Vous êtes sévère envers ce cher Goethe, ma chère, objecta tranquillement l'Allemand. Peut-être que ces mots ont été proféré par une « langue de boue », mais ils ont plus de joliesse que la plupart des banalités échangées par les sorciers à la langue d'or ... D'or elle est certainement, puisque de nos mots naissent la magie. Mais c'est de celle des ... comment dites-vous ici ? Moldus que nait la poésie. Et croyez-moi, la poésie a aussi quelque chose d'aussi magique que la magie elle-même .

Le gringalet poussa un toussotement qui trahissait très clairement un rire mais sa compagne sortit sa baguette avec rudesse. De sa silhouette trapue, elle dépassa son compagnon et se rapprocha de l'Allemand. Lui, ne bougea pas d'un pouce, pas même lorsqu'elle leva sa baguette sous son nez.

-Range ta langue derrière tes dents, sale germain. Ta fascination pour ton Sang-de-Bourbe me prouve bien que tu es indigne de la somme dont notre cause t'a très généreusement gratifiée. Où est la marchandise ? Dépêche-toi. Dépêche-toi ou tu sauras ce que nous faisons subir à ceux qui vénère les « langues de boue ».

L'Allemand demeura statique quelques secondes encore avant d'enfin faire émerger ses mains de ses amples manches. Ce qu'il en sortit, je ne pus le voir mais la femme s'en saisit aussitôt et le tendit à l'aveugle au gringalet derrière elle.

-Turner, vérifie.

Turner, répétai-je intérieurement alors qu'il s'avançait maladroitement pour s'emparer de la « marchandise ». Je plissai les yeux pour dévisager le garçon mais la pénombre ne me révélait rien de plus que ses courts cheveux sombres et le profil d'un nez dont la pointe tombait. Pour ce que j'en savais, cela pouvait très bien être le commis de Barjow et Beurk. Avec des gestes fébriles, il ouvrit ce qui semblait être un coffret. Après quelques examens à l'aide de sa baguette qui se soldèrent par quelques étincelles pourpres et nimba le coffre d'une couleur violette qui me permit enfin de distinguer les traits des trois négociants, il finit par hocher la tête.

-C'est bon.

-Alors c'est parti, murmura Tonks à côté de moi. N'oublie pas : on laisse l'Allemand et on se concentre sur eux. Laisse-moi la femme, va sur le gamin. On est quatre, ils sont deux. Go !

Et de façon très soudaine, je la sentis se redresser et un éclair rouge jaillit de sa position pour fuser sur la femme. Incroyablement vive pour sa corpulence, elle para in extremis le sortilège avec un cri de rage. J'eus à peine le temps de me redresser à mon tour qu'elle criait à Turner :

-Dégage ! Ramène ça ! Allez, bouge !

Mais à peine eut-il esquissé un mouvement pour se retourner qu'un éclair le frappait lui aussi de plein fouet : le coffre nimbé de violet lui sauta des mains et une version modifiée de Podmore – brun avec un affreux nez camus et bosselé – surgit du bois, baguette en avant. George affublé d'une barbe et de lunette suivit de peu, le visage crispé par la concentration et la hargne. Tonks lançait des sorts à tout va.

Récupérer le coffre. Laisser l'Allemand s'échapper. Deux contre quatre. Ça semblait facile. Alors pourquoi ça ne le fut pas ?

La femme était coriace. Tonks fut la première sur elle et un combat acharné commença dans une nuée d'étincelles rouges et mauve. George se proposa immédiatement de lui porter main forte quand un sort la toucha à l'épaule. Se sentant certainement menacé, l'Allemand ne fuit pas : il attaqua et se retrouva face à un Podmore déchaîné. Ne resta que moi, au milieu des étincelles et des cris, le cœur battant à tout rompre, si fort qu'il semblait effacé l'environnement sonore de la prairie. Mon regard tomba presque par hasard sur la boite au sol, toute simple, et dont l'aura violette s'estompait de seconde en seconde. Elle éclairait très vaguement les pieds de Turner, tombé pour éviter un sort et qui se redressait, hagard. Nos yeux se trouvèrent. J'y lus de la peur. Sans doute y trouva-t-il la même chose dans les miens. Pourtant, d'un même élan, nous nous précipitâmes sur la boite.

Je fus la première à me rappeler que j'étais une sorcière et à brandir ma baguette pour m'exclamer :

-Accio boite !

Et la boite vola vers moi, son couvercle vacillant sur ses loquets. Malheureusement, son contenu à l'aura violette glissa sur l'herbe et Turner se jeta littéralement dessus. Mais quand il voulut se redresser, j'étais là à écraser mon talon sur un pan de son col et le couler au sol avec un gémissement. Sans attendre, je le désarmai et ses vagissements redoublèrent. Il serra les doigts sur l'objet dont la lumière violette était réduite à une lueur surgissant de son poing.

-Pitié ...

Ma mâchoire se contacta au mot et à la façon dont Turner se tortillait dans l'herbe humide alors que je n'avais qu'une prise limitée sur lui – une simple chaussure sur sa cape. Puis mon regard tomba sur la pointe de ma baguette, pointée sur lui, menaçante en tout point sauf au mien. Moi je voyais parfaitement que je ne maîtrisai qu'à grand-peine les tremblements de ma main. Je n'étais pas menaçante. Pourtant, lui était terrifié. C'était moi qui détenais la magie contre lui. Moi qui détenais le pouvoir.

Je déglutis nerveusement et jetai un petit regard derrière moi. George et Tonks luttaient toujours contre la sorcière pendant que Podmore acculait l'Allemand dans les bois. Et quand un éclair couleur fuchsia cueillit Tonks en pleine poitrine, mon cœur remonta et se mit à battre dans ma gorge.

-Ce que tu as dans la main, dis-je à Turner sans lui accorder un regard. Lâche-le.

-Quoi ?

-Lâche ce que tu as dans ta main !

-Mais je ne peux pas, protesta Turner d'une voix faible. Je ne peux pas, ils me tueront sinon ...

Je ne sus déterminer la part de vérité ou d'exagération dans son ton. Une véritable menace des Mangemorts planait-t-elle sur sa vie ? Ou craignait-il simplement l'ire de son patron ? A quel point ce garçon chétif et tremblant était-il réellement impliqué ? Ce que je savais, c'était que Tonks s'était mis à hurler derrière moi et que les lueurs des sortilèges dansaient toujours dans le ciel et découpait mon ombre sur Turner. Sa main restait fermement serrée autour de l'objet, aussi fus-je obligée de me pencher et d'enfoncer ma baguette dans sa gorge. Les halètements de Turner décuplèrent.

-Lâche maintenant. Lâche maintenant et on rentrera tous tranquille. Là c'est moi – dans trente secondes ça peut être l'autre là-bas qui sera ravie d'emporter ta main avec ce que tu protèges.

Les mots étaient durs, à peine vacillants, d'une détermination glaçante – et me laissèrent un goût de cendre sur la langue. Ces intonations me semblaient affreusement familière et pourtant si nouvelle à goûter ... La respiration de plus en plus courte, Turner finit par desserrer les doigts sur sa prise qui s'était à présent éteinte. Dès que sa main le découvrit, je me penchai attraper l'objet. Mon mouvement fut vif et je fus vite redressée pour être certaine qu'il ne m'attaquerait pas, et pourtant j'eus le loisir de sentir son souffle poisseux et irrégulier sur ma joie et d'entendre les battements affolés de son cœur. Mais la seconde passa et je fus de nouveau debout à la surplomber, ma baguette pointée négligemment sur lui. Il se rétracta, toujours bloquée par mon pied sur sa cape. Je m'empressai de le retirer.

-Va. Dépêche. Dépêche !

Je fus carrément lui donner un coup de pied dans le tibia pour qu'il daigne enfin bouger. Il se redressa maladroitement, fit quelques pas, trébucha, se redressa avant de prendre quelques mètres. J'attendis qu'il soit assez loin pour me tourner vers le reste du groupe. George couvrait une Tonks affalée dans l'herbe et je me dépêchai vers elle en hurlant :

-C'est bon ! Go, go !

J'attrapai un pan de la veste de Tonks et transplanai aussitôt, sans attendre, sans jeter le moindre regard derrière moi. J'atterris sur le porche du 12, Square Grimmaurd et dans l'élan me retrouvai écrasée contre la porte. Avant qu'un moldu ne puisse nous percevoir, je cherchai la poignée à tâtons. L'ouverture brusque déséquilibra complètement Tonks qui s'étala de tout son long une fois à l'intérieur. Dans sa chute, elle percuta le porte-parapluie en forme de jambe de troll qui le décorait. Devant le fracas provoqué par notre arrivée, le monstre se réveilla et se mit à nous percer les tympans de sa voix criarde :

-Vermines ! Créatures infâmes qui souillait la maison de mes ancêtres, déguerpissez immédiatement ! Que les flammes des sept enfers vous dévorent et brûle vos veines souillées !

-Tonks ! Bon sang, combien de fois on t'a dit de ...

Bill avait à peine émergé dans le Hall qu'il se figea à la vue d'une Tonks désarticulée que je tentai de relever avec la force du désespoir, des larmes dévalant mes joues. La porte claqua derrière nous, et soudainement, on me sépara de Tonks et elle fut soulevée par Bill qui avait fini par se précipiter sur nous. Moi, je me retrouvai face à un homme à la barbe rousse qui serra mon bras avec douceur pour me redresser.

-Du calme, Bennett. T'as fait du bon boulot ... Allez, viens, c'est quoi que tu bois, toi ? Du chocolat ?

-Du chocolat ? ricana Podmore en nous tenant la porte. Sers-lui un whisky Pure-Feu, Weasley.

-Oui, acquiesçai-je d'une voix faible. Oui, c'est mieux ...

George ricana et passa une main dans mon dos pour me conduire jusque la cuisine.

-Ce sera répété à Bones, Bennett ...

-Répète, répète ... Je l'ai déjà vu vomir : sur l'alcool, quoiqu'il arrive je gagne.

Cette fois, George éclata ouvertement de rire. Je m'abattis sur un banc, à bout de force. Cette fois, je tremblais réellement, comme si mon corps avait attendu que je sois à l'abri pour exposer mon état véritable. Tonks fut allongée par Bill sur la table. Elle avait les yeux grands ouverts, mais une brûlure au niveau de l'épaule et un autre dans son ventre. Pourtant toujours vive, elle donna une tape taquine, quoique molle, sur la main de Bill quand il écarta son tee-shirt pour découvrir la blessure de son ventre.

-Arrête, ta copine va être jalouse ...

-Fleur n'est jamais jalouse, rappela Bill d'un ton tranquille. Qui ... ?

-Alecto Carrow, grogna Podmore, occupé devant une vitre à se débarrasser de sa fausse moustache et de son nez camus. Je vous jure celle-là ... J'étais à Poudlard en même temps qu'elle. Un sacré client ...

-Je vois ça, murmura Bill. Tonks, arrête de bouger ...

Elle gigotait sur la table pour trouver une position confortable, mais chaque mouvement la faisait grimacer. Bill examina ses blessures pendant que George servait des doses généreuses de Whisky Pur-Feu. Tous se taisaient, attendant dans un mutisme angoissé le verdict de celui qui, en l'absence de médicomage, suppléer à la tâche. Je croisai alors par mégarde mon reflet dans le petit miroir qui pendait au-dessus de l'évier. Comment Simon ou mes parents auraient pu me reconnaître ? Cette fille blonde qui me fixait d'un regard brillant et hagard m'était complètement étrangère. Quand le verre fut posé devant moi, je le vidai d'un trait, sans même prendre la peine d'apprécier son goût et sa brûlure dans la gorge. Mes tremblements commencèrent à s'apaiser et mon estomac à cesser de se tordre quand Bill se redressa, visiblement soulagé.

-Bon, rien d'irrémédiable ... Dedalus a laissé des potions en haut, je pense que certaines d'entre elles pourraient sans doute faire l'affaire ... Hestia devrait arriver dans la matinée, elle pourra jeter un œil, elle est meilleure guérisseuse que moi. A moins que Remus soit dans le coin, je crois que je l'ai vu ...

-Quoi ? croassa Tonks en se redressant à moitié.

Bill et Podmore la repoussèrent sur la table et Tonks s'y affala, sans doute trop faible pour protester. Bill partit fouiller les étages et Podmore profita de son absence pour vriller un regard ardent sur moi.

-Bon. On n'a pas fait ça pour rien. Balance, Bennett.

Je lui renvoyai un regard sans doute singulièrement vide et hagard. Podmore me fixa et une veine se mit à palpiter sur son front.

-Bon sang Bennett ... Tu as fait sonner la retraite alors que tu n'as pas récupéré la pièce ?

-La pièce ... Oh !

J'en avais oublié la chose métallique que je serrai toujours dans ma main, absurdement. Dans l'urgence, je n'avais même pas pris la peine d'identifier l'objet et le découvris en même temps que mes camarades en le posant sur la table. La lumière vacillante de la cuisine fit alors luire les éclats cuivrés d'une poignée de porte ronde et peu ouvragée. Nos quatre regards tombèrent dessus, abasourdis.

-On a fait ça pour une poignée ? fit Tonks, incrédule.

-On a fait le pied-de-grue devant Barjow et Beurk pour une poignée ? poursuivit George.

-Lestrange a dépensé une fortune pour une poignée ? acheva de s'ébahir Podmore. C'est ... insensé, rien que cette somme couvre ce que j'ai gagné dans une vie ...

-Alors c'est que c'est une poignée de porte sacrément gorgée de magie noire, suggérai-je.

Je regardai ma main, soudainement inquiète d'y voir apparaître une brûlure, une plaie ou le moindre signe de magie noire, mais elle paraissait tout ce qu'il y avait de plus normal. Malgré tout, personne ne fut pressé de toucher la poignée. Nous étions toujours en train de la contempler quand Lupin surgit dans la cuisine, le visage pâle et fatigué qui se tendit davantage devant les blessures de Tonks. Sans attendre, il sortit sa baguette et voulut s'en occuper, mais Tonks se tortilla pour se dérober.

-Non, non, laisse ...

-Arrête de faire le bébé, râla Podmore en abattant une main ferme sur son poignet. Vas-y Lupin, je la tiens. Weasley (Il leva son verre d'un air suggestif). Un autre. Et que quelqu'un débarrasse Bennett de sa couleur blonde, ça ne lui va pas au teint.

Lupin posa pour la première fois les yeux sur moi et je compris à son regard déconcerté qu'il ne m'avait absolument pas reconnu sous mon déguisement. Mais sa surprise passa vite et il s'affaira sur les blessures de Tonks. La jeune femme poussa un profond soupir de reddition qui se transforma en une grimace quand il effleura sa blessure à l'épaule.

-Bon ..., souffla-t-il. Je risque de te faire un peu mal, j'en suis désolé à l'avance ...

-Bah tiens, grogna Tonks en se couvrant les yeux de son bras. Ça changera ...

Sa mâchoire de contacta immédiatement, comme pour se préparer à résister à la douleur future et la bouche de Lupin se pinça. D'un signe discret de la tête, Bill nous indiqua la porte et nous nous glissâmes silencieusement dans le grand salon des Black au moment où Tonks lâchait son premier cri. Il était étouffé, bref, mais cela rendit nécessaire pour moi une seconde dose de Whisky pour éviter à mes mains de trembler. Podmore remplit immédiatement mon verre, la mine lugubre.

-Alecto Carrow est une furieuse. Ça change de Nestor Selwyn, hein ?

-Ça, tu peux le dire ..., soupirai-je.

Je laissai ma main se perdre sur ma gorge où mon pouls battait à présent à un rythme beaucoup plus tranquille. Bill s'assit à côté de moi sur le sofa et entreprit de me rendre mon aspect naturel. Les mèches blondes se rétractèrent pour laisser place à d'abondantes boucles brunes qui tombaient à présent dans mon dos et je sentis mon nez s'arrondir pour redevenir le nez slave qui avait toujours fait mon complexe. Lorsque je passai ma main dans mes boucles, j'éprouvai un sentiment de familiarité qui me rassura définitivement et me permit d'apprécier mon troisième verre que je bus à petite lampée. Podmore avait débarrassé George de sa barbe et de ses lunettes et lui tapota fièrement l'épaule.

-Et tu as tenu contre cette furieuse tout seul en protégeant Tonks. Tu vois que tu n'es pas qu'un idiot, Weasley. Bien joué aussi, Bennett. Ne pas avoir cédé à l'élan de l'héroïne en venant nous aider et s'être rappelé la mission principale ... Il est devenu quoi le gosse, d'ailleurs ?

Avec un étrange étau qui me serra la poitrine, je vis les images défiler dans mon esprit, les yeux terrifiés de Turner à la pointe de ma baguette. Exactement comme j'avais été terrifiée à onze ans à la pointe de celle de Nestor Selwyn ... Soudainement, mes mots, mon intonation froide et déterminée résonnèrent à mes oreilles et j'y portai une main, sonnée.

Je venais de comprendre pourquoi elle m'était familière. C'était ce ton exact qu'avaient pris chacun des petits princes de Serpentard qui s'en était pris à moi pour mon sang, qui m'avaient brutalisé, menacé de leur baguette en tirant leur puissance de la magie et de la peur qu'ils m'inspiraient.

Mon cœur se remit à battre frénétiquement dans ma poitrine, un véritable tambour de guerre, la chamade – pire que ça. Et il faudrait plus que du Whisky pur-feu pour le calmer. 

*** 

Alors ce chapitre? 

Je n'étais pas du tout inspirée pour la deuxième partie (longtemps Victoria est restée allongée sur le talus avec moi pensive de mon écran "huuuum. Non je sais pas") mais au final j'en suis assez satisfaite - et c'est rare que je sois satisfaite d'une scène d'action. 

Je sens que je vais avoir des impatient.e.s pour le prochain chapitre - le préféré de Marion, si vous voulez savoir. Vous devinez aisément pourquoi ... 

MAIS il va falloir malheureusement attendre deux semaines. Je sais je sais mes cher.e.s ami.e.s (réflexion en l'air : c'est tellement devenu un réflexe l'inclusif, je ne pensais pas que ça arriverait) c'est trop long mais vous aurez un petit chapitre de LDP pour couper un peu l'attente la semaine prochaine ! 

BISOUS prenez soin de vous <3 

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