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III - Chapitre 3 : A l'ouest, rien de nouveau

Hola todo el mundo ! (Oui on change de langue, ça fait du bien de voir d'autres horizons et par ce temps pourri j'aime appeler à moi la chaleur de l'Espagne) 

Well well, malheureusement les vacances sont terminées pour Victoria, il est temps de rentrer en Angleterre ! Je voulais faire un petit point pour la suite : vraiment, j'avoue que je suis assez lente sur la mise en place de cette partie. On change complétement de cadre et je préfère bien poser les bases de ce nouveau cadre avant d'entrer à fond dans les intrigues et les actions. C'est couplé au fait que j'essaie de faire un effort et cantonner mes chapitres à 8000 mots, ça donne un début qui va paraître peut-être un peu lent ... Je m'en excuse d'avance, mais je ne voyais pas comment faire autrement. 

Du coup comme je me réfrène en terme de taille de chapitre, j'ai décidé de ne pas me réfréner en terme de nombre de chapitre. Je vise entre 30 et 40 mais si ça dépasse 40 ça ne sera pas un drame. 

Voilà ! Maintenant un petit point sur la citation : en cette semaine de 11 novembre, mon hommage a été d'enfin lire A l'ouest, rien de nouveau dans lequel on peut lire de très belles réflexions sur la Grande Guerre - et la guerre en général. Néanmoins, j'ai eu envie de m'appuyer sur une pensée positive. 

Bonne lecture ! 

***

Mais le plus important ce fut qu'un ferme sentiment de solidarité pratique s'éveilla en nous, lequel, au front, donna naissance ensuite à ce que la guerre produisit de meilleur : la camaraderie.

- A l'ouest, rien de nouveau, Erich Maria Remarque

***

Chapitre 3 : A l'ouest, rien de nouveau.

J'aurais préféré passer le relai à Viktor et le laissai convaincre Kamila en usant de leur vieille amitié. Mais la triste vérité fut que je passais presque la journée entière dans le petit appartement miteux de Gdansk, à siroter de la vodka bon marché à petites gorgées. Ce fut sans doute la boisson qui me donna la force de répondre à toutes les questions de Kamila – et j'en recrachai la moitié lorsqu'elle me demanda avec un sourire sarcastique où en était ma relation avec Miles Bletchley, qu'elle avait vu m'accompagner au bal de noël. Elle n'avait plus touché sa baguette de l'entretient, sinon pour remplir nos verres et si, à mesure qu'elle abusait de la vodka, son regard et son ton s'étaient encore enflammé, elle avait été relativement courtoise. Quand elle consentit à me laisser partir, elle me claqua la porte au nez, sans même préciser si elle réfléchirait à notre proposition – mais il fallait dire qu'elle chancelait à ce moment-là. Pressé par un rendez-vous avec son agent, Viktor dut m'abandonner dans la foulée, non sans promettre de visiter Kamila le lendemain pour faire un point. Je pus ainsi transplaner – ce qui était plus facile lorsqu'on visualisait parfaitement sa destination – jusqu'à Cracovie, l'esprit assez embrouillé.

A dire vrai, je n'avais pas su quoi penser de Kamila. Je m'étais attendue à être furieuse en me trouvant face à mon ancienne tortionnaire, voire à être effrayée et paralysée par les souvenirs de cette nuit-là. Mais la vérité était qu'alors que j'avais embrasé une dernière fois son tout petit appartement, ses journaux dans lequel elle entourait des offres de petits emplois ou la bouteille de vodka à moitié vide qu'elle s'était enfilée seule, j'avais fini par avoir pitié de cette fille. Pas la pitié mêlée de compassion bienveillante, mais la pitié mêlée de mépris. Je ne comprenais pas comment la pétillante et forte personne que j'avais connue à Poudlard avait pu tomber si bas. La vengeance aiguisait réellement les plus bas instinct ... Puis mes pensées avaient dérivé vers Simon et son comportement de l'année écoulée et j'avais décidé d'arrêter là mes réflexions.

Les deux derniers jours du voyage s'égrainèrent sans que je n'aie de nouvelle ni de Viktor, ni de Kamila. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir déçue alors que je préparais mes bagages pour rentrer à la maison. Pourtant, Maugrey m'avait prévenue que je n'aurais sans doute pas la réponse, que ce serait à Viktor de prendre le relais et de nous la transmettre, mais j'avais espéré avoir le fin mot de cette histoire. Et surtout, j'aurais aimé savoir si je devais cesser définitivement de m'inquiéter de Kamila Tokarsky.

-Alex, tu as de la place dans ta valise ? criai-je dans le couloir. Je n'arrive pas à faire rentrer ma peluche-dragon !

-T'es une sorcière ou quoi ?

-Il faut une permission ministérielle pour agrandir un espace et de toute manière je ne sais pas jeter le sort.

Melania passa la tête par sa porte et m'adressa un sourire coquin.

-Et tu ne sais pas réduire tes affaires, aussi ? C'est de quel niveau, déjà, cinquième année ?

Mes joues s'enflammèrent et je me sentis stupide de pas y avoir penser. Pour garder contenance, je souris à Melania en claquant des doigts.

-Ça, c'est une solution ! Et c'est même de la quatrième année je crois le sortilège de réduction, je vais tester ça !

Je retournais dans ma chambre, embarrassée et réussis à réduire ma peluche à la taille d'un porte-clef pour le coincer dans un coin de mon sac. Je n'avais pas ramené grand-chose de la ville, au final. Emily disait toujours de moi que j'étais un véritable gobelin parce que j'avais du mal à dépenser mon argent – l'héritage de mon éducation anglicane, je supposais ... Mais j'avais éprouvé l'envie le dernier jour d'emmener un souvenir de ce premier voyage à l'étranger et n'avais pas d'autre idée de cette peluche colorée en forme de dragon. Cliché et très touristique, mais je trouvais ça drôle de ramener une créature de mon monde de ce voyage. Ce dragon, c'était le monde sorcier et moldus qui s'effleurait à Cracovie et c'était quelque chose qui me touchait.

Une fois que je l'eus bouclée, je descendis à la suite de mon père dehors où le taxi nous attendait pour nous emmener à l'aéroport. Le chauffeur, un homme d'une trentaine d'année à la barbe fournie et qui mâchait tant ses mots que même Jaga peinait à le comprendre, me prit les bagages des mains sans ménagement pour les mettre dans son coffre.

-On a tout ? demandai-je à mon père qui était en train de compter les zlotys que lui coûteraient la course.

-Je pense qu'il manque les affaires de toilettes et la valise de ta grand-mère, mais Alexandre est parti la chercher ... Alors je pense qu'on est bon, on va pouvoir rentrer.

Le sourire satisfait de mon père montrait clairement que la perspective ne lui déplaisait pas. C'était un anglais pure-souche qui se répugnait à quitter son pays. Ce voyage, il l'avait surtout fait pour ma mère et pour moi – et pour visiter la ville de naissance du pape de l'église catholique. Puis son visage se rembrunit et passa une main sur sa joue fraichement rasée.

-Ce que j'espère, c'est que les mauvaises nouvelles ne nous tomberont pas dessus dès notre arrivée ...

-Melania a trainé les oreilles lorsqu'elle était dans le monde magique de Cracovie et d'après elle, rien de neuf. Les médias polonais se sont arrêtés à l'effondrement du pont de Brocklade et à la ...

Je déglutis pour faire passer la boule chauffée à blanc dans ma gorge. Je n'arrivais toujours pas à me faire à l'idée qu'Amelia Bones, si droite, si inébranlable, l'un des piliers de la communauté magique, n'était plus de ce monde.

-Bref, je pense que la seule nouvelle qu'on aura, c'est le nom du nouveau Ministre de la Magie, articulai-je finalement. Les élections ont eu lieu avant-hier ...

-J'espère qu'il sera mieux que votre précédant. Celui qui avait un nom de caramel ...

J'eus un sourire amusé et qui fis fondre la tristesse qui me broyait la trachée.

-Ne t'en fais pas, on ne prendra pas le risque d'élire un nouveau Fudge. Je n'ai pas très bien suivi après la mort d'Amelia, mais je crois que celui qui se présentait contre elle était le directeur du Bureau des Aurors ... Notre police d'élite, si tu veux. Bref, un homme d'action et qui connait le sujet. Espérons que ce soit lui ...

-Je vais prier pour vous ... peut-être qu'ainsi, l'histoire se terminera vite.

Avec un sourire confiant, mon père me tapota l'épaule et remonta pour aider ma grand-mère à descendre les escaliers. Je pinçai les lèvres, sceptique. La première guerre avait duré une dizaine d'année jusqu'à la chute de Voldemort en 1981. Et vu la violence avec laquelle celle-ci avait commencé, on pouvait effectivement qu'elle s'achèverait vite et de la pire des manières. Le Mage Noir avait eu un an pour rassembler ses forces et il faisait à présent un étalage triomphal du fruit de ses efforts. Des géants dans le Somerset ... Mon sang s'était glacé lorsque je l'avais appris et lorsque j'avais vu le regard inhabituellement grave des jumeaux. Papa dit que c'est pas normal, m'avait avoué Fred en aparté. Tu-Sais-Qui n'avait utilisé les géants qu'une fois la dernière fois, et c'était vers la fin de la guerre, à Inverness. Là il ouvre le bal avec ça ... ça montre qu'il veut frapper vite et fort.

En voyant la violence déployée en un peine un mois de conflit, j'avais fini par me plier à l'avis de Fred. Voldemort ne voulait pas de longue guerre d'usure, d'ombres et de dupes. Il voulait une guerre éclair et conquérir les institutions au plus vite. Et Dieu que c'était une perceptive vertigineuse.

Mes pensées furent interrompues par ma mère, qui descendit en trombe me confier sa carte de crédit : il nous manquait quelques liquidités pour payer le taxi. Sous le regard suspicieux du chauffeur, je m'éloignai dans la rue à la recherche d'un distributeur. Je finis par en trouver un coincé entre une boulangerie et une supérette, vide comme du temps du communisme. Je retirais l'argent nécessaire avec des gestes machinales avant de repartir et de m'engouffrer dans une rue moins fréquentée. A force de me faire harceler dans les couloirs par des Serpentard qui en avaient après mon sang, j'avais appris à être un minimum alerte en me déplaçant seule et ce fut sans doute pour cela que je réussis à percevoir un mouvement du coin de l'œil alors que je remontais la rue déserte. Puis le mouvement fut accompagné d'un son et je plongeai ma main dans mon sac pour agripper ma baguette et me retourner vivement. J'eus à peine le temps de l'extraire et de lever un bouclier qu'un sortilège rouge se fracassait en mille éclats dessus avant de se perdre dans les briques de la rue. Faute de voir mon adversaire, je ne pus riposter et l'instant d'après, ma baguette me sauta des mains sans que je ne puisse rien y faire. J'allais me mettre à courir, paniquée, quand un éclat de rire me figea sur place.

-C'était presque ça, c'est dommage ! Il faut apprendre à ouvrir les yeux, Victoria.

-Tu as fini, oui ? grogna une autre voix. Rends-lui sa baguette !

Je les vis enfin émerger de l'ombre sans pour autant que la vision me détende. Je baisserais la garde quand j'aurais de nouveau ma baguette de bois de saule entre les doigts, mais elle tournoyait à présent entre les doigts agiles de Kamila. Derrière elle, Viktor Krum la lorgnait avec un certain désespoir dans le regard. Je tendis une main.

-J'aimerais la récupérer.

Je crains un instant que Kamila ne refuse, un sourire mutin aux lèvres. Elle était toujours maigre et cernée et la cape qu'elle portait était usée et trouée. Son état contrastait avec celui de Viktor dont l'allure était impeccable malgré sa démarche toujours gauche. Celui-ci lui jeta un regard féroce qui dut faire céder la polonaise. Elle me présenta ma baguette avec une révérence moqueuse. Je m'en saisis immédiatement, le cœur battant et sentis la tension quitter mes épaules à son contact.

-Merci ... Maintenant... (je les toisai tous deux, pleine d'espoir). Je peux savoir ce que vous faites ici ?

-Kamila a quelque chose à te dirrre, se contenta d'annoncer Viktor avant de retourner dans son mutisme.

La polonaise leva les yeux au ciel avant de planter sur moi un regard ennuyé. Sa baguette battait négligemment sa cuisse même si son visage ne laissait transparaître aucune nervosité.

-Tu n'attends pas d'excuses et je ne t'en ferais pas, entonna-t-elle finalement d'une voix résolue. Ta famille – parce que même si elle ne l'est pas par le sang, ça reste ta famille – a fait énormément de tort à la mienne et c'est quelque chose que je ne peux pas simplement oublier. Je devais faire quelque chose pour rétablir l'équilibre, Victoria. Un crime ne doit pas rester impuni.

Ses lèvres se pincèrent et les soubresauts de sa baguette s'accélérèrent.

-Cela dit ... Peut-être que te tuer n'était pas la meilleure solution pour rétablir l'équilibre. C'est une dette de sang, et tu n'as pas de sang Liszka dans les veines. Te prendre pour cible était je l'admets ... une erreur.

-A la bonne heure.

J'étais plus soulagée que ne le supposait mon ton neutre. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point la menace implicite de Kamila avait pu être un poids durant l'année écoulée mais à présent qu'elle quittait mes épaules, je réalisai que cela m'avait pesé. La jeune femme plissa les yeux.

-Fais attention, Victoria. Ça ne veut dire ni que j'oublie, ni que je pardonne. Mais je veux bien admettre ... qu'il y a des priorités dans la vie. Et que la menace qui se lève à l'ouest en est une.

-Alors ... Tu acceptes notre proposition ?

Un rictus de dépit déforma les lèvres de Kamila.

-Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je ne croule pas sous le travail en ce moment. J'ai du temps à revendre pour toute sorte d'activité ... illicites. Et je suis toujours ravie de pouvoir mettre des bâtons dans les roues de ces enfoirés de suprématistes. Je ne le fais pas pour vous. Je le fais parce qu'il est hors de question que je vois mon pays sombrer de nouveau. Ce qui se passe chez vous, ça risque de nous ébranler.

Je hochai la tête, assez intimidée par l'air grave et les flammes qui dansaient de nouveau dans les iris de Kamila. Malgré le changement de nuance dans les gerbes, je trouvais toujours à ce feu des accents dangereux, destructeurs. Cesserait-il un jour de la consumer ?

-D'ailleurs, poursuivit Kamila avec amusement, je trouve ça assez drôle que ce soit la grande Angleterre donneuse de leçon, pays du grand et bienveillant Albus Dumbledore qui soit touchée par ces conflits ... Ils étaient si moralisateurs avec nous ces dernières années ... Vous l'êtes toujours un peu ... Nous sommes les pays de la magie noire et pourtant, regarde qui part à présent en guerre ...

L'idée ne me faisait pas rire, même si j'admettais l'ironie de la chose. Ce n'était pas d'aujourd'hui que l'occident – et l'Europe en particulier – se faisait targuer de condescendance. Kamila resserra sa queue de cheval dans un geste qui me sembla teinté de nervosité.

-Bien. Viktor me transmettra vos besoins ici, d'après ce que j'ai compris. Je connais une ou deux personnes en Pologne qui pourraient être intéressée. Alors ... Je suppose que c'est tout ?

-Je ne risque pas de te voir en Angleterre pour obliger mon grand-père à « régler sa dette » ?

Les yeux de Kamila se plissèrent, mais avant qu'elle ne s'embrase, Viktor se fendit d'un toussotement qui sonnait comme un avertissement. Elle lui jeta un regard ennuyé avant de s'adresser à moi :

-Disons que ... je te fais confiance pour veiller à ce qu'elle le soit. (Elle toisa Viktor). C'est bon ?

-C'est parrrfait.

-Bien. (Elle se tourna à nouveau vers moi, sa queue-de-cheval fouettant l'air). Maintenant qu'il semble qu'on soit dans même camp ... bonne chance, Victoria. Et apprends à ouvrir les yeux. Et bien sûr, si ton grand-père se fait tuer dans une rixe ... n'hésite pas à m'envoyer une carte postale, j'enverrai des fleurs à son assassin.

Elle en leva sa baguette avec un sourire moqueur. Avant que je n'aie pu me sentir agressée, elle pivota sur elle-même et disparut en un « crac » sonore. Je balayai la rue du regard pour être certaine d'aucun moldu n'ait vu cet acte magique.

-Charmant, commentai-je sombrement.

-Kamila n'a jamais fait dans la dentelle, argua Viktor en haussant les épaules, nullement déconcerté par la scène. Mais je pense que vous pouvez compter sur elle. Elle n'a qu'une parrrole.

-Je ne sais pas si ça me rassure, je te rappelle qu'elle a juré de « rétablir l'équilibre » entre nos famille ... (Je me trémoussai, embarrassée). Tu vas retourner la voir ?

Le visage de Viktor se renfrogna et il passa une main calleuse dans ses cheveux coupés courts.

-Bien ... Je pense, oui. Elle a besoin d'être cadrrrée et je compte bien faire le lien entrrre vous et elle.

-Je pense qu'elle a aussi besoin d'être épaulée, non ?

Les sourcils de Viktor se rejoignirent au-dessus de son nez aquilin. L'appartement de Kamila, son appétence pour la boisson et son empressement d'accepter une mission active sonnait pour moi comme un cri de détresse. Son acte un an plus tôt avait signifié le début pour elle d'une descente aux enfers.

-Je veillerrrais sur elle, finit-il par admettre. Je n'ai pas digérrré ce qu'elle t'a fait, elle n'avait pas à te fairrre payer les crrrimes d'un autrrre ... Mais elle était mon amie.

-Je sais. J'espère que ... ça ira pour vous.

Un fin sourire retroussa les lèvres de Viktor.

-Et moi pour toi. Tu me raconterrras ton intégrrration chez les Torrnades ?

-Est-ce que ce serait de l'espionnage ? m'amusai-je. Je ne pensais que tu t'abaisserais à ce genre de choses, toi le grand attrapeur ?

-Trrrès drôle. Contente-toi de m'envoyer un hibou, d'accord ?

-Avec plaisir. Bonne chance pour ta saison ...

Viktor inclina la tête avec un sourire plus franc. J'avais l'impression de lentement gratter la surface de ce garçon qui ne laissait apparaitre qu'un visage renfrogné valorisé par s'immenses talents. Mais il y avait autre chose sous le vernis, quelque chose de plus profond, de plus solide. Je commençais à percevoir ce qui avait pu plaire à Hermione Granger, la défentrice du droit des elfes. Viktor Krum était en roc, droit dans ses convictions et qui avait la tête sur les épaules. Cela changeait agréablement.

Je lui adressais un dernier salut avant de faire quelques pas en arrière et retournai vers le taxi.

-Victoria ?

Je me retournai à moitié, perplexe. Viktor me contemplait avec cet air grave qui ne semblait jamais le quitter, mais j'y percevais un soupçon d'inquiétude en plus.

-Surtout ... Bonne chance pour ce qui t'attend. Et je ne parrrle pas que de Quidditch. Il va falloir être forrrte dans les prrrochains mois ... Kamila a raison, apprrrend à ouvrir les yeux. Et surrrtout ... Ne te laisse pas entrrrainée dans les bois par une redoutable jeune fille.

La dernière remarque m'arracha un rire nerveux. Je pensais pouvoir affirmer que je n'étais pas prête de refaire cette erreur un jour ... Mais le reste tordit douloureusement mon ventre.

-Je vais faire attention, promis. J'ai bien l'intention de te retrouver en coupe d'Europe l'année prochaine ... Alors je t'assure que je vais me maintenir en vie jusque là.

-Ne te contente pas de te maintenir en vie. Sauve des vies. Et pour cela il faut t'endurrrcir. La guerrre, c'est violent et tu n'es encorrre qu'une enfant. Je ne dis pas ça pour te vexer, ajouta-t-il alors que j'ouvrais la bouche, outrée. Je sais que tu as vécu des choses. Mais je te sens encore un peu tendre, optimiste ... J'espèrrre juste que tu sais ce qui t'attends.

-Sans doute pas, admis-je à mi-voix, la gorge fermée. Mais en tout cas, j'y vais. Je n'ai pas d'autres choix. C'est soit ça ... soit pire.

-Je sais. (Il eut un pauvre sourire). Tu es aussi courrrageuse que Diggorrry ... Il serrrait fier de toi, je pense.

Ma gorge se ferma à ces mots qui semblaient être l'ultime mot de Viktor Krum. Il s'inclina légèrement en guise de salut avant de faire volte-face et de s'éloigner dans la rue, la cape flottait gracieusement autour de sa silhouette maladroite. Je le vis ensuite disparaitre en « crac » sonore, me laissant seule et penaude au milieu de la ruelle, avec le fantôme de mon ami comme seule compagnie.

Je fixai le vide comme si je pouvais le percevoir, discerner son contour, l'éclat de son sourire, la tendresse dans ses yeux. Cédric aurait-il vraiment été fier de moi comme l'affirmait Viktor ? Non, il aurait été terrifié pour moi, songeai-je, le cœur morcelé. Il avait toujours été très protecteur, si protecteur que ça en avait rendu sa petite-amie jalouse. Je me souvenais encore de la force de son étreinte alors qu'une potion avait failli m'arracher le bras – une potion concoctée par Kamila ... Soudainement, j'eus l'impression de la sentir cette étreinte, cette chaleur alors qu'il me pressait contre lui et que je m'accrochais à son pull, certaine qu'il serait là pour toujours et que je pourrais toujours inhaler cette odeur de cannelle chaque fois que j'avais l'impression de me perdre. Qu'aurait-t-il pensé de me voir ainsi, à retrouver la fille qui m'avait tué, son ancien ennemi du tournoi, prête à prendre les armes contre des forces qui me dépassaient de très loin ?

-Victoria ?

Je clignai des yeux et une larme coula inopinément le long de mon nez. Le fantôme et l'odeur de cannelle en volèrent en éclat, brisée par la voix familière et vivante qui avait résonné dans la ruelle. Je l'essuyais d'un revers de manche et je pivotai pour voir mon père à l'autre bout de la rue, trop loin pour voir mes yeux rougis.

-On y va ma chérie, dépêche-toi !

Inspirant profondément pour me remettre de mon émotivité, je me mis en marche, abandonnant derrière moi mes peurs et mes fantômes.

Oui. On y va.

***

Le vol fut crispant et plein de turbulence. Melania, encore moins à l'aise en avion que sur un balai, s'accrochait au bras d'Alexandre qui ne semblait lui-même pas si serein. Nous fûmes tous rassuré d'atterrir à Londres où mon grand-père nous attendait au volant d'un monospace qui ne lui appartenait pas.

-Bon sang papa, ne me dis pas que tu l'as volé ! s'indigna ma mère en toisant le véhicule.

-Mais non, enfin Marian, pour qui tu me prends ! J'ai appelé l'agence de taxi, ils ont accepté que je le loue pour venir !

Outré par l'accusation, Miro Liszka en claqua la porte passager et arracha ses bagages des mains de ma mère pour les mettre dans le coffre. C'était un homme massif au regard clair. Sa crinière grise était soigneusement attachée sur sa nuque, coiffure impeccable qui contrastait avec sa barbe de fer broussailleuse qui accentuait sa ressemblance avec un ours. Il ajusta son béret sur sa tête avant d'enlacer Jaga pour plaquer un tendre baiser sur son crâne.

-Mon amour, murmura-t-il sans se soucier de la famille qui l'entourait. Comment vas-tu ?

-Bien, merci, assura Jaga d'un ton neutre en lui tapotant le bras. S'il te plait, je veux vite rentrer, je suis épuisée.

-Je pense qu'on l'est tous, grimaça Alexandre. Salut, papy.

-Au moins un qui est poli ...

Là-dessus, Miro lança un regard impérieux à ma mère qui l'ignora superbement. Après avoir rangé soigneusement ses bagages dans son coffre, elle entra dans la voiture, s'installant à l'arrière aux côtés de mon père et de Jaga. Alexandre et Melania ayant pris place sur les places dans le coffre, je n'eus d'autre choix que de me glisser à l'avant aux côtés de mon grand-père. Ce n'était pas plus mal ... J'étais la seule à réussir à être quelque peu courtoise avec lui. Melania, mise au courant au début de l'été, restait embarrassée par son passé et son aura, Alexandre et ma mère peinaient à ne pas être acide avec celui qui leur avait toute leur vie cachait la véritable identité et mon père refusait tout bonnement de lui adresser la parole lorsque cela n'était pas nécessaire. Il était un homme de foi, d'église, et de vie : rien, absolument aucune justification, ne pouvait lui faire entendre qu'on prenne une vie. Tout cela expliquait qu'un silence de plomb qui pesait presque physiquement sur moi s'installe dans la voiture alors que Miro attachait sa ceinture.

-Merveilleuse ambiance ..., commenta-t-il à voix basse, si bien que seule moi l'entendis. Dis-moi, Perelko ... Tout s'est bien passé là-bas ?

-Bien ... A part Auschwitz qui nous a tous secoué, oui.

L'air mortifié de mon grand-père ainsi que son grognement dépité me serrèrent le cœur. Il savait pertinemment que ce n'était pas le voyage qui occasionnait ce mutisme, simplement la difficile situation familiale. C'était peut-être cela qui le meurtrissait le plus : être le poison de son plus grand trésor.

-Sois patient, lui conseillai-je une nouvelle fois sans élever la voix. Il m'a fallu quelques mois pour digérer ... Il ne leur en faudra pas moins.

-Bah tiens ... Bon, allons-y. Conduire, ça me détend. C'est peut-être la chose la plus magique que j'ai faite chez les moldus. Ça et la télévision.

-Il faut la télé chez les sorciers, très clairement.

Un sourire fit frémir la barbe hirsute de mon grand-père.

-Tu n'as qu'à souffler l'idée au moustique. Il est plus à même de réaliser cela que moi ...

-Je garde ça dans un coin de ma tête.

L'idée arracha un petit rire à mon grand-père avant qu'il ne mette le contact et que son esprit se vide de tout ce qui ne concernait pas la route. Je comprenais l'attrait qu'il avait eu pour la voiture et qui avait donné lieu à son métier de moldu de chauffeur de taxi. Déjà, c'était une technologie nouvelle pour lui, une nouvelle pratique à apprendre, une nouvelle magie à apprivoiser. Ensuite, la conduite demandait de l'attention à chaque instant, c'était une activité qui demandait de rester alerte et concentré, s'obligeant ainsi à écarter de son esprit toute pensée parasite. Enfin, c'était une activité solitaire et la solitude devait être agréable lorsqu'on était un légelimens qui percevait facilement les pensées d'autrui.

Je fus la seule à parler tout au long du trajet : je racontais le voyage à mon grand-père, demandais à mon frère s'il repartait pour Bristol aujourd'hui, précisai à ma mère mon programme des vacances. Lorsqu'au bout de deux heures de routes, nous fûmes de retour dans le Gloucestershire, j'avais la gorge sèche et le silence était toujours de plomb. Puis le village aux briques de miel fut en vue et j'exhalai un infime soupir en ouvrant ma portière. Mon père quitta la voiture plus vite que moi et se dépêcha de débarrasser les bagages. Melania s'approcha de moi pour me tendre une bouteille d'eau. J'en bus avec plaisir une grande gorgée.

-Merci ... Et toi, tu repars maintenant ?

-Oui, je préfère raccompagner Alex. Il a encore des tonnes de cartons à déballer, je vais l'aider.

L'incident à Bristol avait forcé mon frère à déménager afin que Nestor ne soit pas tenté de lui rendre une nouvelle visite. Le nouvel appartement était plus en centre-ville et Melania et George Bones avaient passé une journée entière à le protéger magiquement. Je hochai la tête, compréhensive et aidai ma mère à débarrasser la voiture. Quand chaque affaire eût repris sa place, Alexandre râlé parce qu'il prétendait que notre mère lui avait subtilisé les vêtements qu'elle estimait plus dignes d'être porté, et mon grand-père vérifié nos sortilèges de protection, tous repartirent pour Bristol avec la voiture louée. Melania me fit promettre d'aller voir mon frère dans la semaine, ma grand-mère de venir la voir elle dans la foulée et ils se mirent en route. Alexandre ne daigna aucunement esquisser le moindre geste tendre à mon égard, se contentant d'un salut de la main avant de s'en aller. Cette distance me brisait le cœur et mon père dût percevoir ma tristesse alors que la voiture disparaissait à un virage car il enroula un bras autour de mes épaules.

-Tu sais à quel point il est susceptible ...

-Je voulais juste le protéger. Il est incapable de le faire seul. Je pensais qu'il finirait par comprendre, que le voyage ça aiderait ...

-Chérie ... Seul le temps aide.

-Et parfois avec Alexandre, un bon coup de pied au cul, ça aide.

-Marian !

Je m'esclaffai aux mots de ma mère, qui m'adressa un discret clin d'œil. Concernant les conflits avec Alexandre, je faisais plus confiance à sa grande expérience en la matière. La voiture avait disparu et mon père rentra pour ranger nos bagages et préparer le reste de sa journée. Mon regard vagabonda sur la route, tenté. J'échangeai un regard suppliant avec ma mère qui poussa un grand soupir.

-Allez, vas-y, céda-t-elle avec un geste désinvolte de la main. Mais tu ranges ta valise en rentant !

-Promis !

Je me dépêchai vers le garage pour prendre mon vélo et m'élançai très vite sur les routes de Terre-en-Lande malgré ma gorge sèche et la fatigue qui me piquait les yeux. Le soleil brillait en cet après-midi de juillet mais la chaleur n'était pas étouffante et atténuée par une brise agréable qui soufflait de rares nuages. Des enfants riaient aux éclats dans le parc quand je passais devant et l'Ancien, vétéran du village, m'adressa un regard peu amène quand je passais devant lui. Enfin, un petit peu en bordure de la ville, la belle maison victorienne des Bones fut en vue et j'accélérai le coup de pédale avant de jeter mon vélo dans la pelouse devant. J'eus une bouffée de culpabilité alors que je montais les marches du porche : et si George et Rose étaient toujours reclus dans la maison, à pleurer Amelia ? Je balayai la terrasse du regard et fut rassurée de ne voir aucune trace de plat déposé ou de fleur, signe qu'ils s'étaient assez remis pour ranger les marques de sympathie. Une boule désagréable au ventre, je finis par frapper à la porte et sursautai quand elle s'ouvrit de façon presque immédiate.

-Pas trop tôt, râla Susan Bones en croisant les bras sur sa poitrine. Je pensais que tu rentrais ce matin.

-L'avion est parti un peu en retard et on a eu des bouchons en sortant de Londres, expliquai-je avec un sourire penaud. Tu ne me demandes pas comment j'ai cassé la cheville de Simon quand on avait dix ans pour vérifier qui je suis ?

Les yeux de Susan papillonnèrent.

-Attends, il faut vraiment faire ça à chaque fois ? Mais est-ce que c'est utile ?

-D'après le Ministère, il y a un risque qu'on nous dupe en utilisant du polynectar alors ... oui.

J'aurais voulu ajouter que compte tenu du risque naturel qui semblait entouré sa famille, la précaution valait surtout pour eux, mais je ne voulais pas retourner le couteau dans la plaie. Susan semblait déjà bien assez contrariée. Elle avait troqué son habituelle tresse auburn pour un chignon lâche au sommet de sa tête et le soleil avait révélé les tâches de rousseur sur son visage en forme de cœur. Elle s'effaça pour me laisser passer et grommela :

-J'avais même totalement oublié que tu avais cassé la cheville de Simon ...

-En jouant au foot sur le terrain vague, tu le sauras pour la prochaine fois. La version officielle, c'est que je l'ai taclé en visant le ballon ...

-... Mais tu visais bien ses chevilles, c'est ça ? Je vous jure, vous deux ...

J'eus un sourire penaud et me retournai pour examiner la pièce. Propre et vide, la maison semblait toutefois avoir changé d'atmosphère, comme si elle aussi portait le deuil d'Amelia. Mon regard passa sans s'attarder sur le grand portrait qui la représentait en compagnie de ses deux frères et encore plus vite sur la photo de Spencer et Matthew toujours debout sur la commode. Je préférais le promener sur l'escalier couvert de moquette cramoisie avant de revenir sur Susan.

-Ça va ?

Elle haussa les épaules.

-Mieux qu'hier, moins bien que demain. Mais mes parents ont repris le travail donc on se sent un peu moins oppressés ...

-Oppressée ?

Susan hocha sombrement la tête et me proposa de suivre sur la terrasse. Elle se mit sur la pointe des pieds pour attraper un pichet qu'elle remplit de thé glacé. Avant de sortir, je ne pus m'empêcher de jeter un regard déçu à l'escalier et aux étages auxquels il menait. Le soleil éclairait le grand jardin ainsi que les pâtures qui le jouxtaient. Sur la gauche, un troupeau de vaches et une chèvre mâchaient nonchalamment leur herbe. Elle s'efforça de sourire.

-Toi, ton voyage ? Comme s'était ?

-Tu es sûre que tu ne veux pas parler ? Tu as l'air ...

-Non, vas-y, raconte ! Et ce qui se passe chez toi, aussi. Ça va mieux avec Alex ? Et Melania ?

Il y avait une volonté de fuite dans l'empressement du ton de Susan, dans sa façon de sourire. Peut-être que je n'étais pas la première à tenter de la faire parler. Peut-être était-ce sans doute la dernière chose dont elle avait besoin. Pour effacer la tristesse des beaux yeux de mon amie, je consentis à conter les moindres détails du voyage touristique : les mines de sel, la ville, le château avec le dragon ... J'étais en train de détailler le retour de Jaga à Auschwitz lorsque la porte d'entrée claqua. Susan fit valser sa chaise en arrière pour se balancer et observer l'intérieur de la maison. Son visage, pourtant plus détendu depuis quelques minutes, se renfrogna de nouveau.

-Maman ? Tu rentres tôt ...

-Oui, Thicknesse n'avait pas énormément de travail pour moi aujourd'hui ... Oh, Victoria !

Rose Bones m'adressa un sourire fatigué. Ses beaux traits s'étaient creusés et elle avait gardé de l'enterrement d'Amelia ce regard bleu éteint.

-J'ignorais que tu rentrais, je suis contente ... (elle s'adressa ensuite à Susan, les sourcils froncés). Où est ton frère ?

-Il devait passer à l'IRIS déposer des papiers pour la rentrée, c'était le dernier jour aujourd'hui. Il te l'a dit ce matin.

L'annonce fana le sourire qui fleurissait sur les lèvres de Rose et ses paupières se plissèrent.

-Seul ?

-Il y est allé par poudre de cheminette, maman, c'est hyper sécurisé. Ça va aller ...

Visiblement, ça n'allait pas pour Rose qui fit prestement volte-face pour entrer dans la maison, prête à attendre son fils de pied ferme. Je lançai un regard surpris à Susan qui leva les yeux au ciel avec exaspération.

-D'accord, elle vous couve, compris-je à mi-voix. Mais elle vient de subir un gros choc, Susie, c'est normal qu'elle s'inquiète pour vous ...

-Elle ne s'inquiète pas, elle flippe complètement. Ça n'arrête pas depuis ... (Sa voix se brisa et elle toussa pour lui faire reprendre contenance). Bref. Papa et elle font un peu plus de zèle, on va dire. Ils nous interrogent cent fois avant qu'on sorte, ils veulent savoir quand, avec qui ... Quand Simon est sorti la première fois de la semaine, maman a paniqué, il a fallu que la fille entre et se présente pour qu'elle accepte de le laisser partir ...

-La fille ?

-Oui, une fille de votre année, je crois. Renata ? Ou bien c'était Mathilda, je n'ai jamais réussi à les reconnaitre ...

Je fis un effort colossal pour rester impassible. Si seulement Rose avait su, elle aurait fait bien plus que paniqué ... Pourtant, j'étais surprise de l'information en elle-même. Des deux parents Bones, Rose m'avait semblé être celle qui acceptait le mieux le retour de Voldemort et ses conséquences alors qu'il avait fallu à George l'évasion du meurtrier de son frère pour que la vérité éclate. Susan fit lentement tourner son thé glacé dans son verre.

-Je sais que ça peut paraitre surprenant. Mais je pense que c'est le fait ... Enfin, elle était avec elle quoi, cinq minutes avant que ça n'arrive ? La culpabilité de la survivante ... Je n'arrive pas à me dire si elle se sent coupable parce que si elle avait été là elle aurait pu la sauver ... ou si elle se dit que si elle avait été là, elle aurait été tuée comme elle. Je pense que ça tourne pas mal dans sa tête.

-Et c'est compréhensible ...

-Je sais bien que c'est compréhensible, j'essaie de comprendre. J'essaie de comprendre que même sans ça, ils auraient été différents, avec tout ce qui se passe. La mère d'Hannah refuse qu'elle sorte de la maison, par exemple : elle a reçu des menaces des Mangemorts ... Ils sont de sang pur, tu comprends ? Et je sais que le père de Ernie a annulé ses vacances ... Et tu as vu les MacDougal de l'autre côté du village ? Ils ont presque fini leurs cartons ... Le village est maudit pour les sorciers, selon eux ... Une façon polie de dire que c'est nous qui le sommes ... ça se voit d'ailleurs, non ? Il ne reste plus que nous.

-Merci pour moi.

La remarque arracha un éclat de rire à Susan qui éclaira son regard et détendit ses traits. Inconsciemment, je me détendis. Ça faisait du bien de voir mon amie redevenir elle-même l'espace d'un instant.

-Oui mais tu es une extension de « nous », Vic'. Et puis, tu ne vas pas rester à Terre-en-Landes toute ta vie et fonder une nouvelle dynastie de sorcier ici, non ?

-Oulà, je n'ai pas réfléchi si loin tu sais. Là je vois à court terme. D'ailleurs, je dois aller au chemin de Traverse dans un futur proche, tu as eu la liste de tes ... ?

La fin de ma phrase fut couverte par des éclats de voix venant de l'intérieur de la maison. Susan et moi échangeâmes un regard : celui de mon amie était mortifié. Elle se massait la tempe avec une grimace alors que la conversation nous parvenait par bride :

-... Pas partir seul par les temps qui courent, je t'avais dit que je t'accompagnerais ce soir !

-Je suis parti par poudre de cheminette maman, je ne vois pas comment un Mangemort aurait pu m'intercepter dans une cheminée ! Ils ont pris des cours avec le père Noël ?

-Arrête de prendre ça à la rigolade !

A titre personnel, la remarque m'avait arraché un éclat de rire qui m'avait valu un coup d'œil d'avertissement de la part de Susan. Je tordis mes lèvres et pris une gorgée de thé glacé pour cacher le sourire qui persistait. J'entendis des pas furieux s'éloigner puis monter dans les escaliers et Susan m'adressa un sourire narquois.

-Je gère depuis une semaine, à ton tour.

Mon sourire se fana et je lui jetai un regard ennuyé avant de m'arracher de ma chaise. Je passai sans oser regarder devant une Rose agitée et grimpai quatre à quatre les escaliers qui menaient aux étages. La chambre de Simon se situait au deuxième et était en partie mansardée. J'avais toujours été surprise qu'il soit installé là alors que d'autre pièces au premier avaient des proportions plus grandes et des murs droits, mais j'avais fini par comprendre que ces pièces avaient appartenues à quelqu'un avant et qu'en emménageant ici, Rose et George avaient préféré donner à l'enfant traumatisé une chambre sans souvenir. Je frappai au panneau de bois entrebâillé, appuyée contre la chambranle, un nœud dans le ventre.

-Maman, laisse-moi !

-Malgré toutes les apparences, je ne suis pas ta mère, Bones.

L'agitation derrière la porte cessa un instant avant que le panneau ne s'ouvre légèrement pour ne laisser qu'apparaître un œil vert et courroucé. Pourtant, il me sembla que la flamme dans ses prunelles vacilla lorsque son regard m'effleura.

-Ah. Tu es rentrée quand ?

-A l'instant et vous êtes ma première visite. Je peux entrer ?

Simon leva les yeux au ciel et ouvrit plus franchement la porte avant de s'effacer pour me laisser la place.

-De toute façon toi si je te ferme la porte, tu rentres par la fenêtre alors ... je suis résigné.

-Sympa l'accueil, commentai-je en m'asseyant en tailleurs sur son lit. Moi aussi je suis contente de te voir.

L'ombre d'un sourire passa sur les lèvres de Simon. Malgré le fait que notre dernière rencontre s'était soldée par des cris et une porte claquée au nez, j'admettais volontiers être soulagée de le revoir à défaut d'en être heureuse. Déjà parce qu'il paraissait bien se porter : ses traits fins s'étaient détendus et la décoloration de ses cheveux blonds prouvait qu'il avait passé du temps à l'extérieur. Ses yeux verts étaient passée de l'émeraude sombre et hantée au vert mousse qui caractérisait les Bones, tout comme leur grand nez et les tâches de rousseurs que le soleil faisait ressortir. Ensuite parce qu'après ce voyage dans le temps et l'avenir, c'était rassurant de retrouver une figure familière qui faisait office de socle dans ma vie.

Il rangea quelques parchemins sur son bureau, poussé contre le mur qui n'était pas mansardé. Simon allait bien, mais sa chambre laissait à désirer, remarquai-je en promenant mon regard sur la pièce. Il avait toujours été un garçon ordonné en dépit de son désamour pour les sortilèges ménagers et je m'étonnai de voir des vêtements qui trainaient à terre, des livres ouverts dans son lit et même des emballages vides de Chocogrenouilles et Patacitrouille sur sa table de nuit. Une autre chambre se superposa dans mon esprit et je l'entendis à peine qui me demander distraitement :

-Bon ... J'ai eu raison de te claquer la porte au nez alors ?

-La ferme, minus. Raconte-moi les nouvelles, plutôt – à part ta mère et ton père qui vous couvent, Susie m'a raconté et c'était prévisible.

Le visage de Simon se renfrogna mais il consentit à passer sur ses parents pour expliquer :

-On a un nouveau Ministre de la Magie depuis avant-hier. Rufus Scrimegeour, du Bureau des Aurors.

-Je l'ai vu en juin dernier ... Il avait l'air sérieux.

C'était tout ce que m'avait inspiré ce vieux lion aux lunettes cerclés de fer et au regard dur. Sérieux, inflexible ... Une figure rassurante en temps de guerre mais son manque de souplesse apparent me troublait assez. Simon haussa les épaules.

-Je le connais que de réputation. C'était un excellent Auror, un très bon gestionnaire dans les équipes mais ... Tu sais, c'est lui qui a soufflé à l'oreille de Fudge de lancer des Détraqueurs dans tout le pays à la recherche de Black, y compris à Poudlard. Un partisan de la ligne dure, donc. Un Croupton.

Ses lèvres furent agitées d'un tic nerveux et je laissai couler le nom alors qu'il s'affairait encore sur le rangement de son bureau. L'évocation de sa famille maternelle restait douloureuse pour lui. Il n'avait appris que l'été dernier qu'il était l'un des héritiers de cette prestigieuse famille de Sang-Pur.

-On verra comment il sera à l'épreuve du pouvoir, arguai-je pour éloigner son esprit des Croupton. Ça ne peut pas être pire que Fudge ...

-Mais tante Amy, ça aurait été mieux. Bien mieux.

Ses épaules s'affaissèrent et il s'arrêta net de ranger, les mains crispées sur le grimoire qu'il venait d'agripper. Je me redressai, soudainement inquiète de voir le nom de sa tante franchir ses lèvres mais il m'adressa un pauvre sourire. Le grimoire alla trouver sa place dans sa bibliothèque qui prenait un pan entier du mur.

-Ça va, ne t'en fait pas. C'est juste dur de se dire ... Bon sang, elle ne méritait pas ça ...

-Personne ne mérite ça, Simon, même les pires d'entre nous ...

-Mais elle moins que les autres. Je veux dire ... Elle a toujours fait le bien dans sa vie, elle a sacrifié son existence à un monde meilleur. Franchement, c'est la personne qui avait la balance la plus positive que je connaisse ... Qu'on ait pu s'acharner sur elle comme ça ... (Il se passa une main sur le visage et exhala un gros soupir). Je vais finir par croire les McDougal, on est maudit ...

-Non, le coupai-je fermement. Vous n'êtes pas maudits, vous vous battez juste pour ce qui est juste, Simon. C'est ça qui vous met en danger, mais c'est aussi ça qui fait votre force. C'est ce qui fait votre identité.

-Et regarde où ça nous mène ...

-Sérieusement ? Tu comptes suivre un chemin différent, Simon prénom-ridicule Bones ?

Ma pique créa une boule chauffée à blanc dans ma gorge tant elle sous-entendait que Simon s'était engagé sur une route qui le mènerait, comme ses parents et sa tante, droit à la mort. Même la plaisanterie sur son second prénom, un vide dans son identité qui symbolisait toute cette partie de lui qui m'échappait toujours, n'arriva pas à faire fondre cette boule ou à éclaircir le vert des yeux de Simon. Le sourire qui se dessina sur ses lèvres était quelque peu amer.

-Je pense que tu me connais assez bien pour savoir que non, Vic'. Mais respire, moi je compte survivre. Tu es devenue blanche comme un linge. Tu n'as pas bronzé à Cracovie ? D'ailleurs, comment ça s'est passé ?

A la manière de Susan, il y avait une volonté de fuite dans cette question et pour une fois j'étais disposée à lui laisser cette échappatoire. Du moins en partie. Mon regard se promena sur les emballages vides de Patacitrouille et je lâchai du bout des lèvres :

-J'ai revu Kamila.

Simon en laissa tomber la liasse de parchemin qu'il tenait entre les mains et planta sur moi un regard incrédule. Il n'était pas au courant de la mission que m'avait confiée Maugrey. Amelia venait de mourir et je n'avais pas voulu l'inquiéter davantage avec ça. Mais maintenant que je revenais ici, que son petit appartement négligé et la lueur fiévreuse dans son regard me revenait à l'esprit, je me trouvais poussée à partager ce que j'avais vécu.

-Kamila ? Kamila, la fille qui a tenté de te tuer l'année dernière, elle-même en personne, c'est ça ?

-Maintenant elle travaille pour l'Ordre et elle sait que je ne suis pas la petite-fille de Miro donc elle a vraisemblablement renoncé à me tuer. Mais je l'ai vu. (Je me passai une main sur le visage en me laissant aller sur le lit, à bout de force). Tu l'aurais vu dans son appartement ... Un vrai cliché polonais. C'était triste. Juste triste.

-Tu as carrément été jusque son appartement ? Pour l'Ordre ? Oh ...

Simon s'assit au bout de son lit et me lorgna avec une certaine suspicion.

-C'est Maugrey, c'est ça ? C'est lui qui t'a demandé d'aller la voir ?

-Ouais. Il a repassé mes relations en vue et Dumbledore a dû lui parler de l'incident ...

-Et il a trouvé que te faire visiter une fille qui allait te tuer, c'était une bonne idée ? m'interrompit Simon d'un ton acide. Bon sang, Vic', je ne comprends toujours pas comment tu as pu t'en sortir cette fois-là et lui il t'a jeté dans la gueule du loup ?! Mais pourquoi tu as accepté, quelqu'un pouvait ...

-Calme-toi, c'est passé et je suis en vie ! Je n'étais pas seule, Simon, je ne suis pas inconsciente. Viktor Krum est venu de Bulgarie pour m'aider ... Lui aussi accepte de nous servir de relais à l'étranger.

Simon cligna des yeux, surpris.

-Krum ? Vraiment ? Mais Vicky, tu étais en vacances ou en mission pour l'Ordre, là ?

-Maintenant que tu le dis ... Un peu des deux.

Avec un grognement il se laissa tomber sur son lit et nous nous retrouvâmes allongés l'un à côté de l'autre, épuisés avant même d'avoir commencé notre vie d'adulte. Il avait passé une main dans ses cheveux et je remarquai que son visage n'était pas animé par la colère mais par la résignation.

-C'est à ça que va ressembler notre vie de toute manière, non ? avança-t-il avec un certain défaitisme. Il y aura toujours un sens caché à nos mouvements ... (Il tourna le visage vers moi). Ça t'a fait du bien au moins ? La partie vacance ?

Mon estomac se noua. La seule image qui me revenait du voyage était celle d'un immense bâtiment percé d'une arche et des fleurs par centaine qu'on avait disséminé sur les chemins de la mort.

-Je n'en sais rien, avouai-je en toute sincérité. Je pense qu'en fait ... ça m'a juste mis une pression monstre sur ce qui risquait de se passer dans les mois à venir. J'avais juste devant moi l'étalage de ce qu'on ne doit surtout pas atteindre ...

J'exhalai un gros soupir avec l'impression que toute la tension que j'avais ressenti à Auschwitz s'abattait de nouveau sur moi. J'avais erré dans entre les baraquements détruits avec l'impression d'être un spectre de plus qui hantait le camp, d'être réduite comme eux à de l'ombre et de la poussière. J'avais eu l'impression de lire mon avenir entre ces murs et ça me terrifiait presqu'autant que ça attisait le désir ardent de faire quelque chose. Je penchai mon visage vers Simon, qui me contemplait avec un léger froncement de sourcil. Le soleil entrait à flot dans sa chambre et faisait flamboyer le cuivre dans ses cheveux blonds.

-Je ne peux pas ... juste les laisser faire de nous les juifs des sorciers, tu comprends ?

-Ça n'arrivera pas ...

J'essuyais un rire tremblant.

-Un jour, je te montrerais un film sur la Seconde Guerre mondiale. Eux aussi n'y croyaient pas, jusqu'à ce que ça arrive et qu'on découvre les camps à la libération. D'ailleurs, certains n'y croient toujours pas et continuent de dire que ça n'a pas existé ... Bon sang, Simon, là-bas il y a encore un étang gris des cendres qu'ils brûlaient dans les crématoires ...

Simon ne répondit rien, mais son regard avait glissé sur sa tête de lit où il avait accroché de nombreuses photos, moldues comme sorcière. Je le suivis et ma gorge se compressa davantage lorsque je me trouvais face aux yeux gris et rieurs de Cédric. Je les détaillai toutes pour éloigner mes pensées de mon ami et constatai avec amusement que certaines avaient été ajoutée et que, tout cumulé, je tenais une belle place sur les images. Notre groupe de quatre avec Cédric et Emily, une photo avec Susan au bord du canal qui traversait la ville, la photo que George avait prise à notre retour de notre dernier trajet de Poudlard Express alors que nous étions revêtus pour la dernière fois de nos robes aux couleurs de Poufsouffle ... Je me redressai subitement pour observer cette photo que je découvrais, prise devant la demeure des Bones alors que nous revenions de Londres. Nous nous tenions l'un à côté de l'autre sans nous toucher et sourions tous les deux malgré le soleil qui agressait nos prunelles. Sans doute la seule photo sur laquelle nous apparaissions seulement tous les deux malgré notre longue vie commune, côté moldu mais également côté sorcier.

-Tu l'as en double, celle-là ?

Après un instant d'hésitation, Simon se fendit d'un improbable éclat de rire.

-Pourquoi, je t'ai tellement manqué en une semaine que tu veux en permanence une photo de moi dans ta poche ?

-Très drôle. Tu l'as ?

-Non, mais je suis un sorcier.

Il se redressa à son tour et se saisit de sa longue baguette d'acacia. J'avais toujours trouvé la baguette de Simon très élégante, fine et travaillée et les sorts qu'ils jetaient étaient toujours délicats et d'une grande précision. La photo parut se décoller du mur lorsque Simon la pointa sur elle et une copie exacte se détacha pour virevolter jusque moi. Je m'en saisis avec un sourire.

-Merci ! Je vais pouvoir faire une poupée vaudou avec ton portrait, comme ça !

-Je me doutais que tu avais un objectif caché, se moqua Simon en considérant la photo. Tu as l'air tendue, sur la photo, tu souris d'un air crispé.

-Parce que j'avais peur que tu profites que je sois concentrée sur l'objectif pour me colorer les cheveux et te venger de l'année dernière.

-Il faut aussi que je me venge des deux années que j'ai passé à côté de toi en défense contre les forces du mal. Tu y as échappé au bal de noël.

-Seigneur, tu es toujours là-dessus ? Bon sang, Bones, ça fait deux ans, avance !

-J'aimerais bien mais tu es comme un boulet accroché à mon pied.

Je le repoussai au visage pour qu'il ne voit pas le sourire amusé qui retroussait mes lèvres. Sans la moindre combativité, il se laissa retomber sur son lit et noua ses doigts derrière sa nuque.

-Ça, Bones, il me semblait d'avoir prévenu que je ne te lâcherais pas, rappelai-je en lui donnant un coup de genou dans le bras. Ma petite ombre pour te relever si tu tombes ou te ramener sur terre si tu t'envoles, tu te souviens ?

Simon leva les yeux au ciel mais un sourire étrange passa furtivement sur ses lèvres. Puis il s'effaça aussi vite qu'il était apparu et il se passa les deux mains sur le visage.

-Au fait ... j'ai vu Renata cette semaine ...

-Susan m'a dit, oui. Première mission ?

-Non, non. On a juste été voir Maugrey dans la boutique des jumeaux – sacrée bordel qu'ils nous ont mis sur le Chemin de Traverse, il faudra que tu ailles voir. Et on est cordialement invité à aller la visiter jeudi.

-Et c'est autant un prétexte que mon voyage à Cracovie ?

-Je suppose. Je pense qu'ils nous ont laissé tranquille deux semaines le temps qu'on organise nos vies mais là ... ça va commencer. Après tout, Tommy n'attend pas, lui. Ils viennent juste d'arrêter l'attaque de géant dans le Somerset ... Et même si tout semble plus transparent et que tout le monde est aux aguets et fait preuve de prudence ... Je ne sais pas, je ne trouve pas le Ministère alarmiste. On est passé de « tout va bien » à « tout est sous contrôle ». Alors que si on fait le décompte depuis le début de juillet (Il se mit à compter sur ses doigts) effondrement du pont de Brocklade ... tante Amy ... Les géants ... Et tu as entendu parler d'Emmeline Vance ? Elle a été tuée dans les jardins de John Major.

-Le premier ministre ?!

-Dont le secrétaire d'état a été mis sous impérium et s'est mis à imiter le canard devant les caméras ...

Je plaquai une main désespérée sur mon front. Je pouvais parfaitement imaginer la consternation des moldus à la vue de l'un de leurs gouvernants perdant complétement pied au su de tous et aux cheveux blancs qu'avaient dû se faire les dirigeants sorciers face au forfait.

-Mais « tout est sous contrôle » ... Alors je suppose ... qu'on a raison de faire ce qu'on fait ?

Simon haussa les épaules avec un petit sourire. Fier, effronté, volontaire. Le sourire que j'avais vu de nombreuses fois sur les photos représentant Cassiopée Bones.

-De toute manière, Scrimegeour ou non, je n'attendais rien du Ministère. Rendez-vous jeudi pour notre nouvelle vie ?

Je hochai la tête, résolue. Me concernant, le voyage, loin d'être la coupure, la parenthèse rêvée avant d'entrer dans la vraie vie, n'avait que renforcer la conviction. Je contemplai la photo de Simon et moi qui immortalisait nos derniers instants d'insouciance avant de lui jeter un coup d'œil. Son sourire s'était élargi et teinté d'espièglerie.

-Mais puisque tu étais là ... et qu'on a encore quelques jours ... Commençons la vengeance.

Il brandit soudainement sa baguette et je croisai stupidement et inutilement les bras devant mon visage alors que le « NON ! » que je hurlai résonnait dans la demeure ancestrale des Bones. 

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