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III - Chapitre 25 : Doute que le soleil n'accomplisse son tour

J'ai le droit à quoi pour mes largesses? Votre reconnaissance éternelle au moins? Un envoi de chocolat? 

Je suis impatiente et on avait un deal avec Anna' : si je finissais le chapitre 32, sur lequel je galérais comme tout, j'avais le droit de poster la suite dans la foulée. ET HEHEHEHEHE 

Bon, ce n'est pas raisonnable DU TOUT. Mais le thème d'en ce moment est l'amour et s'il y a bien quelque chose qui échappe à la raison, c'est ça n'est-ce pas? 

Maintenant, installez-vous confortablement, préparez-vous un petit grignotage, prévoyez un sac en papier ou un coussin pour prévenir le fangirlage ... Et enjoy ! 

La citation est très longue. Mais ça me peinait de la couper, je la trouve tellement intense. Elle est bien entière. 

***

CYRANO
Tous ceux, tous ceux, tous ceux
Qui me viendront, je vais vous les jeter, en touffe,
Sans les mettre en bouquet : je vous aime, j'étouffe,
Je t'aime, je suis fou, je n'en peux plus, c'est trop ;
Ton nom est dans mon coeur comme dans un grelot,
Et comme tout le temps, Roxane, je frissonne,
Tout le temps, le grelot s'agite, et le nom sonne !
De toi, je me souviens de tout, j'ai tout aimé :
Je sais que l'an dernier, un jour, le douze mai,
Pour sortir le matin tu changeas de coiffure !
J'ai tellement pris pour clarté ta chevelure
Que comme lorsqu'on a trop fixé le soleil,
On voit sur toute chose ensuite un rond vermeil,
Sur tout, quand j'ai quitté les feux dont tu m'inondes,
Mon regard ébloui pose des taches blondes !

ROXANE, d'une voix troublée.
Oui, c'est bien de l'amour...

CYRANO
Certes, ce sentiment
Qui m'envahit, terrible et jaloux, c'est vraiment
De l'amour, il en a toute la fureur triste !
De l'amour, - et pourtant il n'est pas égoïste !
Ah ! que pour ton bonheur je donnerais le mien,
Quand même tu devrais n'en savoir jamais rien,
S'il ne pouvait, parfois, que de loin j'entendisse
Rire un peu le bonheur né de mon sacrifice !
- Chaque regard de toi suscite une vertu
Nouvelle, une vaillance en moi ! Commences-tu
À comprendre, à présent ? voyons, te rends-tu compte ?
Sens-tu mon âme, un peu, dans cette ombre, qui monte ?...
Oh ! mais vraiment, ce soir, c'est trop beau, c'est trop doux !
Je vous dis tout cela, vous m'écoutez, moi, vous !
C'est trop ! Dans mon espoir même le moins modeste,
Je n'ai jamais espéré tant ! Il ne me reste
Qu'à mourir maintenant ! C'est à cause des mots
Que je dis qu'elle tremble entre les bleus rameaux !
Car vous tremblez, comme une feuille entre les feuilles !
Car tu trembles ! car j'ai senti, que tu le veuilles
Ou non, le tremblement adoré de ta main
Descendre tout le long des branches du jasmin !

Il baise éperdument l'extrémité d'une branche pendante.

- Cyrano de Bergerac, Acte III scène 7 
Edmond Rostrand 

***

Chapitre 25 : « ... Doute que le soleil n'accomplisse son tour ... ».

J'atterris sur les berges du ruisseau de Terre-en-Landes, la poitrine complétement compressée sans que cela n'ait à voir avec le transplanage. Je donnai un coup de pied furieux dans un cailloux qui alla heurter avec fracas la surface de l'eau, puis en ramassai un autre que je lançai dans le vide. Mon manteau entrava mon mouvement et il se perdit à peine à quelques mettre alors je m'en débarrassai pour prendre une autre pierre et la jetai de toutes mes forces avec un cri de rage. Je l'entendis atterrir sur la berge opposée et ricocher jusque la route déserte à cette heure.

Je ne serais même pas dire ce qui s'était mal passé. Le cinéma m'avait paru une bonne idée : un moment à deux, hors du temps dans une salle où les esprits auraient pu s'apaiser. Un moyen de me laisser le temps de rassembler mes esprits, de trouver un moyen de lui dire ce qui me rongeait depuis des semaines et enfin extraire ce qui nous empoissonnait.

Mais c'était justement ce qui avait dérapé, réalisai-je, désemparée. Simon l'avait vu. Il avait vu le changement dans mon attitude, ma raideur dès qu'il s'agissait de lui. Et face au moment où j'aurais dû me justifier, enfin dévoiler mes véritables sentiments, j'avais paniqué. Je m'étais enfuie.

-Bennett, tu es stupide, me fustigeai-je en essuyant mes larmes. Vraiment d'une stupidité folle, c'est incroyable. Reprends-toi.

Et évidemment, il avait fallu qu'il ravive le pire : son identité, cette plaie qui refusait de se refermer. La pire erreur de la soirée, celle qui avait obstruée ma gorge et fait remontrer le ressentiment. A la réflexion, c'était peut-être lui qui était stupide. En même temps, comment pouvait-il savoir que c'était le pire moment pour l'évoquer ?

Je laissai mon manteau sur le banc et fis quelques pas-chassé, quelques bonds dans le vide. M'activer était un bon moyen de chasser la rage : l'entrainement de Quidditch me l'avait prouvé. De plus l'air glacial de cette nuit de février me brûlait la peau. J'aurais pu simplement rentrer chez moi et m'en tenir au plan initial : regarder un film en me gavant de chocolat. Quand je me retrouvai essoufflée et réchauffée, mon souffle se répandant en un panache de fumée blanc tout autour de moi, je m'allongeai sur le banc, les mains dans les poches de mon sweat. J'essuyais un petit rire. Je n'avais même pris le temps de me changer pour le cinéma : la tenue laissait plus qu'à désirer. Mais je m'en fichais. Quand Simon m'avait vu dans une belle robe, il avait éclaté de rire. Et bon sang ce que je l'aimais pour ça.

Toujours haletante, je nouai mes doigts à l'arrière de ma nuque et levai mon regard vers les étoiles. La lune était à son premier quartier et son éclat laiteux éclipsait toutes les étoiles à proximité, de même que les réverbères qui luisaient le long de la berge. J'arrivais à peine à distinguer la Grande Ourse, seule constellation que j'étais capable de discerner dans la myriade de point lumineux qui composait le ciel. Le second prénom de Simon se trouvait parmi l'une d'entre elle, brillante à me narguer alors qu'elle était inaccessible. Il fallait que je me résigne : ce ne serait jamais simple avec lui. Ça ne pouvait pas l'être avec quelqu'un qui avait subi un tel traumatisme à un âge si jeune et qui l'avait aggravé par des années de déni. Peut-être que son second prénom était encore ancré dans cette illusion qu'il s'était créé. Il était trop relié à Cassiopée, aux Black. Le nier, c'était nier la vérité. Pourquoi n'avais-je pas songé à cela plus tôt ? Simon faisait tant de progrès que j'en oubliais que la route était encore longue et que la mort de ses parents avait laissé des griffes refermées en lui.

Je poussai un long gémissement en me prenant la tête entre les mains. Je me repassai le film des dernières minutes et ma plainte d'éternisa à mesure que les images me revenaient à l'esprit.

-Bon sang ce que je suis ridicule ... Tu l'as laissé seul dans une salle de ciné ... Bon sang, il va me tuer ...

CRAC !

Je me redressai d'un bond et mes mains trouvèrent seules la baguette dissimulée dans ma poche intérieure de manteau. Les réverbères étaient rares sur dans ce coin des berges, aussi allumai-je la pointe de ma baguette d'un sort à peine murmuré. Le faisceau lumineux découpa les contours d'une maigre silhouette qui leva une main pour se protéger.

-Oh ! ça va, c'est moi, baisse ce truc ! Et si tu veux une preuve, tiens.

Simon me tendit mon écharpe que j'avais vraisemblablement oublié dans le cinéma. Mais de façon très honnête, j'aurais pu oublier ma baguette que je ne m'en serais pas rendue compte.

-Nox, soufflai-je avant de prendre mon écharpe. Merci ...

Simon ne daigna pas m'adresser un sourire et s'assit sur le banc sans un mot, le visage fermé. Ça ne m'étonnait même pas qu'il m'ait trouvé : il n'allait pas me laisser m'envoler dans la nature comme ça. Et même si je m'étais enfuie pour les cacher, il devait avoir remarqué les larmes qui avaient commencé à piquer mes yeux. Il était évident que j'allais mal. Et j'avais été assez là pour Simon, même contre son gré, pour qu'il me rende la pareille. Je me laissai aller sur le dossier en poussant un gros soupir.

-Je ne me débarrasserai jamais de toi, c'est ça ?

Simon me jeta un regard oblique.

-Il faut vraiment que je te répète tout ce que tu m'as dit l'année dernière et que ça s'applique à toi ?

-L'année dernière ?

-Que c'était ton rôle. Donc par miroir, c'est aussi le mien. Parce que je suis la personne dont tu acceptes le pire et que j'accepte le pire de toi. Parce que j'étais là au début et que je le serais à la fin pour t'enterrer d'un « on se reverra en enfer, minus ». Parce depuis toujours je suis là pour te piquer, t'électriser un peu et que sans ça tu serais restée une gamine craintive incapable de faire entendre sa voix alors que bon sang, Vic', tu en a une de voix – et une sacrée. Tu as quelque chose à offrir au monde et si je n'avais pas été là tu n'aurais pas été capable de le voir, tu serais restée renfermée à considérer que tu n'en valais pas la peine. Et j'ai oublié la suite que tu as dit parce que mon cerveau avait complétement grillé à ce moment-là. Mais l'essentiel est là : non, je ne te lâcherais pas. Parce que tu as besoin de moi, Victoria Bennett. Alors que tu le veuilles ou non, je suis là. Mais s'il faut que je te frappe pour faire passer le message ce sera avec plaisir.

Mon souffle se bloqua dans ma gorge quand je reconnus la structure de la tirade, en miroir de celle que je lui avais asséné lorsque j'avais appris sa véritable identité. Il me contemplait calmement, un coude posé sur le dossier du banc et à moitié tourné vers moi. Il secoua longuement la tête et exhala un soupir.

-Vicky, ça fait des semaines qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Et au début j'ai respecté ton droit à le garder pour toi, je me suis dit que ça avait peut-être un rapport avec l'attaque des Détraqueurs, que tu avais du mal à t'en remettre. Que si c'était ça tu viendrais me voir à un moment ou à un autre mais tu n'es jamais venue. Et chaque fois qu'on se voyait, c'était soi en coup de vent, soit quelqu'un était avec nous : je n'ai jamais trouvé l'occasion de te tirer les vers du nez. C'est pour ça que je suis venu ce soir. Je veux savoir ce qui se passe. Maintenant plusieurs choix s'ouvrent à toi : soit tu le dis docilement de ton plein gré, soit on se dispute comme au cinéma, soit je choisis de passer cette étape et je te jette dans le ruisseau et te tortures par noyade jusqu'à ce que tu avoues.

Un rire me secoua malgré la boule chauffée à blanc qui s'était formée dans ma gorge. Les larmes m'étaient de nouveau montées aux yeux et je savais que la lumière des réverbères les rendait parfaitement visibles aux yeux de Simon. Je levai le visage pour les refouler.

-Tu n'arriverais pas à me jeter dans le ruisseau, prétendis-je plutôt avec les frémissements d'un sourire.

-Ce que tu oublies souvent, c'est que je suis un sorcier.

-Ce que tu as oublié, c'est que je suis une sorcière aussi.

Simon dressa un sourcil et une étrange chaleur se diffusa dans ma poitrine quand une étincelle de fierté embrassa ses prunelles vertes. Ça avait toujours été établi entre nous que sans magie, j'avais l'avantage : j'étais plus sportive, plus vive. Mais Simon était l'élève le plus douée de sa génération la baguette à la main. Ce que j'avais découvert au fil du temps, c'était que je n'avais rien à lui envier dans certains domaines et notamment dans les duels. C'était quelque chose dont je n'avais pas conscience il y avait encore quelques mois, ou si je l'avais je ne l'avais pas revendiqué. Je n'aurais jamais osé le défier sur ce terrain-là. Mais c'était avant de découvrir qu'il y avait une force en moi. En partie grâce à lui, portée par lui.

Simon sortit sa baguette et la fit tourner entre ses doigts avec un sourire cynique.

-Bon. Du coup, quelle option tu choisis ?

Je grimaçai et tamponnai discrètement le coin de mes yeux. Je pris une grande inspiration et décidai de faire une tentative. J'entrouvris les lèvres dans l'espoir que la fameuse phrase s'y glisse enfin. « Il faut qu'on parle ». Elle était courte, évidente, facile. Je la sentis se former dans mes cordes vocales, montée dans ma gorge comme une bulle chaude, presque brûlante au moment où elle jaillissait dans ma bouche. Mais tout resta bloquer au fond de ma gorge qui se noua douloureusement. J'avais les nerfs à fleurs de peau : je ne voulais pas commencer à fondre en larme alors que je lui avouerais que j'avais fini au bout de dix-huit ans, des coups, des insultes mais aussi des moments incroyables de soutiens, de tendresse, de communions que j'avais fini par tomber amoureuse de lui. Mon pied battit impatiemment dans le vide et je finis par agripper ma baguette et à me lever pour lui faire face.

-La troisième option. Si tu arrives à me jeter dans le ruisseau, je te dis tout. Mais il n'était noté nulle part que je me laisserais faire.

Les lèvres de Simon se pincèrent et je compris qu'il était frustré de ne pas avoir le droit à la première option. Il était habitué à ce que je me livre facilement, à ne jamais devoir lutter pour avoir accès à mes pensées, mes sentiments, ce que j'étais. J'étais transparente. Mais lui m'avait toujours vu alors que j'étais transparente. Cette fois il allait devoir le faire et de la plus littérale des manières.

Un sourire effronté retroussa mes lèvres et j'exécutai une révérence moqueuse puisqu'on m'avait appris qu'il fallait toujours saluer avant un duel. Simon leva les yeux au ciel et finit par s'extirper du banc, la baguette à la main. Pour l'avoir observé lors de ses duels avec Lupin, je savais qu'il ne se mettait jamais en garde : il avait toujours une attitude nonchalante qui présupposait une confiance certaine en ses talents. Je savais aussi qu'il attaquait fort et vite et une stratégie se mit en place dans ma tête alors qu'il entonnait à mi-voix :

-Très bien ... un ... deux ... trois !

Comme ça pouvait être anticipé, il attaqua le premier, sans un mot, d'un mouvement vif de baguette et je parai d'un bouclier que j'avais préparé. C'était ce que j'allais devoir faire pendant quelques minutes : parer, l'épuiser, jusqu'à ce que son manque d'endurance lui fasse perdre sa lucidité. Il tenta de m'envoyer un sortilège de désarmement mais cette fois je l'évitai en faisant un bond sur le côté puis déployai un bouclier quand un nouveau maléfice avec une trainée de couleur mauve fonça sur moi. Mon charme faillit ne pas tenir face à la violence du choc et de nouveau je m'écartai et trébuchai sur la berge. Elle n'était pas large et si j'avais fait un pas en plus en arrière je serais tombée dans le ruisseau. Et quand je vis le sourire satisfait de Simon m'indiqua qu'il avait parfaitement vu que j'étais en mauvaise posture géographique.

La voix de l'imposteur qui avait pris la place de Maugrey Fol Œil pendant ma sixième année résonna dans mon esprit au moment où Simon levait de nouveau la baguette. Parer, c'est bien Bennett ... mais un jour il faudra songer à attaquer.

Ce n'était pas dans ma nature profonde d'attaquer. Sauf quand je me retrouvais face à Simon prénom-ridicule Bones.

Je fis un large mouvement de baguette et un éclair rouge de stupéfixion fusa vers lui. Occupée à formuler son maléfice, Simon eut à peine le temps de parer et recula sur le choc. J'en profitai pour me replacer au centre de la berge et embrayai avec un sortilège de désarmement qu'il évita de nouveau in extremis. La frustration se lisait sur ses traits et il tenta d'attaquer de nouveau mais je louvoyais entre les traits de lumière en bondissant, ce qui me laissait le temps de mobiliser la magie pour l'attaque. C'était quelque chose que Simon ne pouvait pas faire : il n'avait aucune souplesse et si ses réflexes magiques étaient excellents, ses réflexes moteurs laissaient à désirer. S'il ne parait pas magiquement, il ne pouvait pas le faire physiquement. Sauf que s'il mobilisait sa magie défensive, ça lui laissait moins de lucidité pour l'attaque. Le changement commençait d'ailleurs à se faire sentir : il commençait à prononcer les sortilèges, ce qui lui prenait trop de temps et me laissait le temps d'à la fois lever des boucliers puis de me remobiliser pour attaquer dans la foulée. Il reculait à chaque sort : son bouclier se levait de moins en moins haut, était de plus en plus fin parce qu'il avait à peine le temps de le déployer. Il ne vit pas un sortilège de désarmement arriver et se baissa précipitamment la tête pour le voir raser ses cheveux. J'eus un méchant sourire.

-Je t'avais dit de faire des balles au prisonnier, Bones !

Il ne prit pas la peine de me répondre et attaqua, à moitié ployé après son esquive mais une pirouette un peu crâneuse me permit d'éviter le maléfice. Dalia t'aurait tué : ça équivaut à un sauvetage dangereux, ça ! Tu perds du temps ! Et Simon me fit effectivement payer ma crânerie : quand je fus stabilisée, un éclair rouge s'avançait vers moi, à une vitesse affolante, beaucoup trop proche pour que j'ai le temps de parer. Je tentai alors d'esquiver mais là encore il était trop tard : le trait de lumière frappa ma baguette qui sauta de ma main et alla rouler quelques mètres derrière moi sur la berge. Je me retournai vers Simon, dont les lèvres s'étaient retroussées en un sourire sauvagement satisfait. Sa baguette était toujours tendue devant lui et il m'observait avec une délectation palpable, fier de ce qu'il semblait être sa victoire. J'observai sa position : le combat l'avait mené au bord de la berge, à moins d'un mètre de l'eau. Simon fit tourner la baguette entre ses doigts.

-Je ne pensais pas que ce serait si facile, tu me déçois ...

Je le fusillai du regard. Il avait encore oublié un facteur, quelque chose que chaque sorcier oubliait nécessairement, obnubilé par la magie. Lui aurait dû le savoir. Lui me connaissait depuis l'enfance.

Je n'étais pas qu'une sorcière.

Sans attendre qu'il se reprenne ou qu'il mobilise un sort, je pris mon élan et courus vers lui. Simon fit pris de court par mon geste et abaissa la baguette pour reculer : une attaque frontale amenait instinctivement une défense frontale. Emportée par ma course, j'arrivais avec de l'élan et de la force sur lui : j'arrivais à lui arracher sa baguette des mains et le poussai de toute mes forces sur la poitrine. Simon battit des bras avec un cri de surprise et bascula dans le ruisseau. Je poussai un cri de triomphe, éclaboussée par l'eau qui jaillissait de la chute et quand sa tête blonde creva la surface en crachotant, il me retrouva en train de sautiller sur la berge, sa baguette dans la main, absolument extatique.

-Un combat n'est jamais fini, Bones, même sans baguette ça continue ! jubilai-je sans pouvoir m'en empêcher. Faux-Maugrey ne te l'a dit, Lupin te l'a dit et tu m'as toujours vu faire, comment tu as pu faire une telle erreur !

Simon toussa et repoussa en arrière les mèches que l'eau avait plaqué contre son front. Ses dents claquaient : la température flirtait avec le zéro, le ruisseau devait être glacial. Sans attendre, il se mit en mouvement et commença à nager vers un petit ponton qui s'avançait sur l'eau et qui servait ordinairement aux rares pêcheurs. Je le suivis d'un pas bondissant, ramassai ma baguette et fanfaronnai joyeusement :

-J'ai gagné ... !

-Match nul, protesta Simon d'une voix haletante. Je t'avais désarmé...

-Mais les termes, c'était qu'il fallait que je finisse dans le ruisseau, rappelai-je avec un immense sourire. Qui est dans le ruisseau, Simon ?

Il atteint enfin le ponton et le regard assassin qu'il me jeta indiquait clairement qu'il n'avait pas renoncé à m'y jeter, ne serait-ce que pour venger l'humiliation qu'il avait subi. Et s'il y mettait toutes ses capacités, je n'avais aucun doute qu'il y arriverait. Simon avait un côté fourbe, il n'hésiterait pas à m'attaquer dans le dos. J'évaluai mes possibilités, toujours grisée par ma victoire – car oui, ça en était une – et finis par hausser les épaules.

-Bon. Si ça peut te faire plaisir ...

-Qu'est-ce que tu fais ?

Je venais d'enlever mes chaussures et mon pull et prenais à présent quelques mètres d'élan. Sans risquer d'être paralyser par le froid qui brûlait mes bras nus, je m'élançai vers le ruisseau et poussai un cri en y sautant. Le choc à la surface fut brutal et je me recroquevillai en hurlant dans l'eau : elle était si glaciale que j'avais la sensation qu'on plantait les lames acérées dans chaque pore de ma peau. Je battis des pieds pour émerger mais c'était pire à l'air libre : chaque brise ne faisait que renforçait le froid qui s'éprenait de moi.

-Oh mon Dieu !

-Mais tu es complétement folle !

L'exclamation sidérée de Simon m'arracha un éclat de rire et je basculai mon visage vers l'arrière pour me débarrasser de mes cheveux. L'eau glacial paralysait mes membres et je trouvai à peine la force de faire quelques battements de jambe pour rester en position stationnaire.

-Vicky ! Vicky, allez, nage, viens !

Je tournai le visage vers Simon, qui me tendait le bras depuis le ponton où il était agrippé. Ses lèvres commençaient à être bleuies et ses tâches de rousseurs ressortaient comme du sang de sa peau pâle. Je m'ébrouai et réussis à faire quelques mouvements de brasse pour enfin saisir sa main. Je n'avais plus de sensation au bout des doigts. Il me ramena vers lui et je me laissai faire, même quand il passa un bras autour de ma taille. Sans réfléchir, je m'agrippai à ses épaules comme lui était agrippé au ponton d'une main, incapable de bouger la moindre partie de mon corps pour me maintenir à flot. Ma seule source de chaleur, c'était le souffle tremblant de Simon qui effleurait ma joue à intervalle irrégulier.

-Mais bon sang, pourquoi tu as fait ça ? haleta-t-il, sa voix réduite à un souffle.

Un sourire absurde s'étira sur mes lèvres. Mes jambes cognaient contre les siennes et je résistai à la tentation de les accrocher à ses hanches pour avoir plus de stabilité – mais aussi plus de proximité ... plus de chaleur. Faute de mieux, je passai un bras derrière sa nuque et me retrouvai mécaniquement collée à lui, presque dans une étreinte. Ça aurait pu me gêner, mais je sentais sa prise au niveau de ma taille : il me soutenait. Quoi qu'il arrive.

-Je ... je ne voulais pas que ce ... ce soit toi qui me mettes à l'eau.

L'aveu provoqua l'écarquillement des yeux de Simon avant qu'il n'éclate d'un rire incrédule, la tête basculée vers l'arrière. Sa voix était un peu éraillée par le froid mais cela ne semblait pas estomper son hilarité qui finit par m'atteindre et me faire m'esclaffer également.

-Bon sang j'avais oublié à quel point on était capable de se faire faire des choses stupides ! pouffa Simon.

Dans le fou-rire qui me prit, mon front alla se poser sur l'épaule de Simon et cette proximité faillit bloquer mon souffle. Il y avait une éternité que je n'avais pas été proche de lui à ce point. Dans ses bras, presque à me blottir contre lui. J'avais oublié la sensation de force, de sérénité, de stabilité que ça m'apportait. Cette impression qu'il ne pourrait rien m'arriver tant que j'étais nichée dans ses bras. Alors sans songer aux conséquences et même une fois mon hilarité envolée, je restai dans cette position, savourai cette étreinte qui en était à peine une mais qui me confortait définitivement dans toutes mes préoccupations. Le rire de Simon finit par s'éteindre et je craignis l'espace d'un instant qu'il me repousse, qu'il ne fasse éclater ma bulle de paix. Puis je l'entendis, ce petit soupir à peine exhaler et sa joue vint se poser contre mon crâne. Je fermai les yeux, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Avec un peu de chance, paralysé et rendu insensible par le froid, il ne l'entendrait pas. Je tremblai de tous mes membres et j'entendais ses dents claquées de temps à autre mais je n'avais aucune envie de desserrer mon étreinte. J'aurais pu rester des heures dans l'eau glaciale, protégée dans les bras de Simon, jusqu'à ce que le gèle ait raison de moi. Sa main remonta dans mon dos pour me presser un peu plus contre lui et il souffla doucement :

-Vraiment, vraiment très stupides ...

***

Le claquement intensif des dents de Simon avait fini par m'inquiéter et je m'étais résolue à m'écarter pour qu'on puisse s'extraire du ruisseau. Nous récupérâmes nos vêtements et nos baguettes – et je me sentis incroyablement idiote d'avoir abandonné ainsi la mienne par les temps qui courraient. Nous aurions pu transplaner mais ni lui, ni moi n'en avions la force. Il devait bien exister un sortilège mais Simon refusa d'un signe de tête. « J'ai fini dans le ruisseau, mais c'est ta pénitence ». La remarque lui avait value un coup de pied aux fesses.

J'accueillis la chaleur de la maison des Bones comme une véritable délivrance et avec le soupir de contentement qui allait avec. J'avais renoncé à mettre mon pull et mes chaussures et je tremblais tous mes membres. Simon fit naître un feu d'un simple mouvement de baguette et l'alimenta de nombre de bûche pour être certain qu'il garderait une intensité digne de nous réchauffer.

-Je vais prendre une douche je pense, annonça-t-il une fois que les flammes eurent atteintes les hauteurs de l'âtre. Bon sang, mes chaussures ont trempées dans la vase ... Tu veux prendre celle de mes parents ?

-Non, ça va aller. Mais je veux bien que tu sèches mes vêtements !

Simon leva les yeux au ciel mais s'exécuta : un souffle chaud jaillit de sa baguette et fit s'évaporer toute l'humidité. Mon débardeur avait la même chaleur et l'aridité qu'après son passage au sèche-linge. Je pus remettre mon pull qui avait gardé dans ses fibres l'air glacial de février et Simon me lança un plaid alors que ma tête était encore coincée dans mon col. Je vacillai en le recevant et trébuchai sur la table basse.

-Bones, je vais t'arracher les yeux ! Et c'est dommage c'est la seule belle chose chez toi !

-Ravi que tu l'admettes enfin. Bon, si tu veux du chocolat tu sais où c'est !

Je le fusillai du regard alors qu'il grimpait quatre à quatre les marches qui le séparaient de l'étage et tirai d'un coup sec sur mon pull pour enfin l'enfiler. Je passai les mains dans mes cheveux, encore humide et même figé par la glace pour certaines mèches alors que les pointes avaient subies l'influences du sortilège de Simon mais étaient aussi sèches que de la paille. La mention de la vase me revint à l'esprit et occasionna une vague panique en moi. Je portai une mèche à mon nez et poussai un soupir de soulagement en constatant qu'aucune odeur nauséabonde ne subsistaient.

Rassurée, encore gelée et vidée, je m'enroulai dans le plaid et me pelotonnai dans mon fauteuil préféré près du feu. Lentement, la paralysie quitta mes membres et mon esprit. J'avais l'impression que mon cerveau s'était éteint dans le ruisseau et ça m'avait permis d'être naturelle et sans calcul ni crainte pour la première fois depuis des semaines avec Simon. Je sentais que ça l'avait rassuré : peu importe ce que je lui cachais, ce n'était pas contre lui. Mais j'avais aussi perçu quelques regards sur notre chemin du retour, suspicieux, déçus, interrogateurs. Il n'en avait pas fini avec moi.

Je rejetai ma tête en arrière en expirant profondément pour dénouer ma gorge. La pression remontait lentement après le duel et la baignade purgatrice. M'attaquer à Simon, le jeter dans l'eau, ça m'avait permis d'expier toutes les émotions négatives qui m'avait assaillie toute la journée. Ne restait que la certitude et l'appréhension mais je doutais que celle-ci reste à ce stade. Je n'étais pas encore certaine d'être capable de lui parler ce soir : la soirée avait déjà été assez difficile comme ça. Mais quand ? Simon avait raison, on s'était à peine vu ces derniers temps. Et allais-je prendre le risque que la rancœur qui demeurait contre moi grandisse ? J'étais encore en train de débattre sur la question, le regard plongé dans les flammes, quand Simon revint de la douche. Il avait repassé son sweat pourpre sur un autre tee-shirt et ses mèches blondes pointaient dans tous les sens. Il me jeta un regard surpris et repoussa les quelques cheveux détrempés qui tombaient devant ses yeux.

-Pas de chocolat ?

-Non ça va, assurai-je avec un sourire.

-Mais tu ne veux pas manger quelque chose ? On n'a pas dîné et il est ... (Il se tordit le cou pour voir l'horloge et grimaça). Outch, vingt-trois heures trente.

-Merci, je n'ai pas très faim. Mais mange, toi si tu veux !

Simon s'installa en tailleur sur le canapé pour me jeter un long regard pénétrant qui m'indiquait clairement que ma réponse était suspecte et ne faisait qu'alimenter le fait que j'avais décidemment un comportement étrange. Je ne pouvais pas le blâmer : je venais de m'enfuir sans raison d'un cinéma, le provoquer en duel puis me jeter dans un ruisseau à l'eau gelée. Seigneur il avait raison : on se poussait réellement à faire des choses stupides. Je lus la question secrète derrière ses prunelles vertes et me forçai à esquisser un sourire d'avertissement.

-Tu as fini dans le ruisseau, Bones. Tu sais ce que ça veut dire.

-Je continue de penser que c'était un match nul, rétorqua-t-il en plissant les yeux. Je t'ai désarmé.

-Et tu as décidé de savourer alors que le combat n'était pas fini. Je n'y peux rien si tu n'apprends jamais de tes erreurs, la crevette. Demain je viens à neuf heures et on fait une balle aux prisonniers.

Il étendit la jambe pour me donner un coup du bout du pied et je laissai échapper un petit rire. Mes doigts se tordirent sur ma couverture et finirent par trouver les breloques qui pendaient sur mon sternum. Mon combat et ma force. Et c'était de force dont j'avais besoin aujourd'hui.

-Simon ?

-Hum ?

Il avait à moitié clos les yeux, les jambes étendues sur la table basse et une main sur la tempe. Mon ventre se contracta violement et j'hésitai quelques secondes avant de me décider.

-Si ça avait été envisageable avec Adrianne ...

-Vicky ...

-Laisse-moi finir. Si ça avait été envisageable, est-ce qu'elle aurait pu composer avec moi ?

Les sourcils de Simon se froncèrent et il finit par ouvrir les yeux sur l'âtre au sein duquel brûlait toujours un feu intense. Après quelques secondes d'incompréhension, il finit par tourner le regard vers moi.

-C'est ça qui t'inquiétait ?

-En partie, éludai-je en haussant les épaules. Je pense que cette soirée prouve définitivement qu'on n'a pas une relation normale. Si tu as une copine, elle va devoir composer avec moi, elle n'aura pas le choix. Et tout le monde n'est pas prêt à accepter ça ...

Simon me fixait toujours, un peu perplexe et je pris une profonde inspiration pour expliciter :

-J'ai une place prédominante dans ta vie et tu as une place prédominante dans la mienne. Tout le monde n'est pas prêt à partager, voire à passer derrière dans le sens des priorités. Regarde Miles par exemple : ça l'a blessé de comprendre que tu étais plus important que lui pour moi.

-Oh attends, me coupa Simon en levant une main. C'était le cas ?

Je le considérai, médusée.

-Bien ... oui. Enfin, je n'y avais pas réfléchi sur le coup mais en y repensant ... (Je coinçai nerveusement une mèche derrière mon oreille et détournai le regard). C'est pour ça que je suis allée le voir, à Londres. Il venait de dire à Emily qu'il te considérait en parti responsable de l'échec de notre couple et ça m'a mise en colère parce qu'il n'en avait jamais parlé. Mais quand j'y ai réfléchi, j'ai été forcée de lui donner raison ... Il était mon copain et pourtant je te donnais infiniment plus d'attention.

C'était la bonne méthode, me rassurai-je en constatant que ma gorge ne se bloquait pas, que mes mots restaient fluides malgré le malaise évident. Je disais des vérités, revenais à la source de mes réflexions, traçais lentement le chemin de notre relation. Et au moment où je sentais la confiance venir, Simon brisa tout : il explosa de rire, un rire plus incontrôlable encore que celui du ruisseau. Ses yeux se voilèrent d'un film de larme et il plaqua ses deux mains contre sa bouche pour tenter de le réprimer, sans pour autant y parvenir. Les éclats lui filaient littéralement entre les doigts. Je ramenai le plaid jusque mon nez pour étouffer un gémissement, mortifiée par sa réaction alors que j'avais enfin rassemblé tout mon courage. N'y tenant plus, je finis par extraire un coussin et lui jetai à la figure pour le faire cesser.

-Tu vas arrêter oui ? J'essaie de te parler sérieusement !

-Oui pardon, haleta-t-il en essuyant ses larmes de rire. Pardon, c'est vrai je me calme. Donc Miles m'en a voulu, c'est ça ?

-Ouaip, maugréai-je, toujours vexée.

-Et du coup tu as peur qu'Adrianne soit comme lui et ne supporte pas ton ingérence dans ma vie ?

-On va dire ça.

Simon avait pressé son poing contre ses lèvres et j'avais l'impression désagréable que c'était pour cacher les restes d'amusement. Dynamisés par la lueur dansante des flammes, ses yeux étincelaient. Après un silence qui me parut s'éterniser, il finit par lâcher un dernier ricanement et se leva pour s'étirer.

-Ne t'en fais pas pour ça, Vicky. Jamais personne ne te prendra ta place, ça je peux te le promettre.

Malgré le rire, il y avait de la douceur dans sa voix, de la sincérité et le sourire qu'il m'adressa était à peine esquissé sur ses lèvres et complétement dépourvu de moquerie. Le soulagement fut vite suivi d'une vague d'interrogation qui commençait à m'être familière. Quelle était ma place ?

-J'espère bien. Je te rappelle quand même que je suis la femme de ta vie.

Je voulus rattraper mes mots à l'instant même où ils sortirent de ma bouche. Les droits derniers particulièrement avaient peiné à passer ma gorge et une fois qu'ils avaient franchis mes lèvres et que je les avais découvert, mon souffle s'y était bloqué, enflammé par l'embarras. Simon, qui s'était retourné pour se diriger vers la cuisine, s'immobilisa et tourna légèrement le visage vers moi. Le mien était à moitié couvert par le plaid et je feintais la neutralité en observant les flammes qui léchaient les pierres de l'âtre et il ne renchérit pas pour s'en retrouver vers la cuisine. J'attendis que la porte se soit refermée sur lui pour me taper le front du plat de la paume, complétement mortifiée.

-Bon sang, Vic', ton cerveau est encore gelé ? gémis-je tout bas.

Je tentai de me calmer et de dédramatiser la portée de mes mots en me rappelant qu'il les avait déjà prononcés, qu'il avait déjà revendiqué ce statut pour moi et sans complexe. Dès l'adolescence il avait été évident qu'on passerait notre vie ensemble et il m'avait chaque fois décrit comme « la fille qui partageait sa vie ». De là à être la femme sa vie, j'espérais qu'il n'avait qu'un pas ...

Je ne m'étais toujours pas remise quand Simon revint, un pichet de jus de citrouille et une pile de sandwich qu'il déposa sur la table basse. Je fus soulagée de voir qu'un léger sourire persistait sur ses lèvres et qu'il était loin de son habituel sourire ironique. Il en saisit un qu'il croqua immédiatement avant de s'enfoncer dans son canapé de nouveau.

-Tu sais, je te retourne la remarque, lança-t-il après avoir avalé la première bouchée. Je veux dire, Miles je l'ai bien supporté parce que comme tu le dis, je sentais que j'avais la bonne place. Que ça n'allait pas durer – et pour tout te dire, ça a duré plus longtemps que je ne l'aurais cru ...

-Ah bon ?

Simon hocha la tête et arracha un autre morceau de son sandwich.

-Je pensais que tu ne supporterais pas qu'il soutienne le Ministère. J'ai sous-estimé ta patience légendaire ...

-Mais tu ne l'as jamais dit, ça !

Il haussa les épaules et engloutit le morceau de sandwich qu'il avait déchiré.

-Pourquoi je l'aurais fait ? Je ne voulais pas t'influencer. Tu es assez grande pour prendre tes décisions. Et puis je te dis, je savais que ça n'allait pas tenir. Qu'un jour tu en aurais assez de l'inertie de Miles, ou que lui retomberait dans ses travers. Au final, ça a été un mélange des deux, non ?

Je hochai la tête, sonnée qu'il ait analysé ainsi ma relation avec Miles sans que jamais rien ne filtre. Et pourtant Dieu que j'avais cherché cette analyse dans les dernières semaines, Dieu que j'avais tenté d'arracher l'avis de Simon mais il était toujours resté coi. Et il alla encore plus loin quand un sourire fier s'étira sur ses lèvres.

-Ça et quand Roger t'a demandé si tu rêvais que Miles te déclame tes vers, c'est ça ?

Cette fois mon visage s'empourpra et une nouvelle fois je fus réduite à acquiescer en silence. Et la flambée s'étendit à mes oreilles quand Simon fut une nouvelle fois secoué par un rire qui méritait que je le batte avec le coussin qui me restait.

-Pardon, ce n'est pas drôle, tu n'avais l'air vraiment pas bien, s'excusa-t-il en s'efforçant de se calmer. Mais ... Oh la la, je pense que je ne t'avais jamais vu rougir si fort, une sacrée fierté personnelle.

-Ferme-la, sinon je te lance un coussin à la figure.

-Je viens de sortir d'un ruisseau gelé, Vicky. Ce ne sera pas la pire douleur que je subirais aujourd'hui. Ah ! Quoiqu'il est minuit, je me ravise : garde ton coussin.

Je secouai la tête avec un petit rire et effleura l'horloge du regard. La petite aiguille pointait en effet le douze ans la grande s'était inclinée vers le cinq. Son sandwich fini, Simon allongea de nouveau ses jambes sur la table basse et s'essuya les mains

-Mais en un sens, c'est un bon test pour toi. Les vers, précisa-t-il quand je le fixai, perplexe. Quand tu veux savoir si c'est sérieux avec quelqu'un, demande-lui de te les réciter. Si tu ne paniques pas, c'est que c'est le bon. Parce qu'honnêtement dans la bibliothèque, on sentait ta panique – promis je me garde de dire que c'était drôle. Tu es sûre que tu ne veux rien manger ?

-Ce n'est pas idiot, soufflai-je, perdue dans mes pensées.

-De manger ? En effet, c'est même plutôt conseiller, surtout quand on est sportive.

-Non. Ce que tu dis sur les vers. Ce n'est ... vraiment pas idiot.

-C'est normal, je suis quelqu'un de plutôt intelligent.

Je profitai qu'il soit débarrassé de son assiette pour armer mon bras et lançai le coussin. Mais Simon avait anticipé la chose et sortit sa baguette : le coussin de transforma alors en un oiseau en papier qui poursuivit son vol gracieusement dans la pièce et évita Simon d'un ample arc de cercle.

-Frimeur.

-Frimeuse toi-même. C'est à cause de ça que j'ai réussi à te désarmer.

Pour éviter d'avoir à répondre à cette pique, j'observai le vol de l'oiseau en cercle concentrique au-dessus du salon. Différentes espèces étaient associées à Simon : le faucon de son patronus, le phénix de l'Ordre mais également de l'espoir, celui qu'il avait évoqué le soir de son dix-septième anniversaire pour se donner de la force. Mais j'étais incapable d'identifier celui qui volait à présent. A dire vrai, je n'essayais pas réellement. Mon esprit surchauffait.

-Mais tu les connais par cœur, au fait.

-Quoi donc ? s'étonna Simon.

-Les vers. Si tu sais dans quelle scène exacte ils sont joués ... Tu dois les connaître par cœur.

-Evidemment. Tu penses que j'allais renoncer à une arme si redoutable contre toi ? Franchement, la couleur de tes joues, c'était exceptionnel, je suis dégoûtée d'avoir raté ça au cinéma ...

-Par cœur ? insistai-je, le cœur battant à tout rompre. Doute que les étoiles ...

-...Ne soient que flammes, acheva tranquillement Simon.

Mais son regard s'était détourné et dardé sur la cheminée. Le feu brûlait de façon moins intense, plus contrôlée et diffusait une belle lumière orangée dans la pièce. Elle effaçait les tâches de rousseurs sur le visage de Simon et faisait ressortir le cuivre dans sa chevelure. Mon regard se bloqua dans ma gorge et j'eus l'espace d'un instant peur qu'il ne poursuive pas. Il marqua un arrête et sembla hésiter avant de finalement continuer :

-Doute que le soleil n'accomplisse son tour. Doute que la vérité soit menteuse infâme mais ne doute jamais de mon amour.

C'était déclamé d'une voix fluide qui trahissait sa connaissance de chaque mot, chaque intonation. Plus je le contemplai, lui, la courbe de ses lèvres, le cuivre que les flammes faisaient ressortir dans ses cheveux, ses longs doigts qui tapotaient négligemment l'accoudoir, moins j'avais envie de détacher mon regard de lui. Ma gorge se retrouva obstruée par diverse sensations et j'eus l'impression de vivre avec plus d'intensité ce que j'avais ressenti sous mon mentaux, dans le cinéma. Espoir. Panique. Mais en fin de compte, la sérénité reprenait le dessus et apaiser tous les maux. Mes mains se crispèrent sur ma poitrine. C'est là. C'est là depuis l'enfance. Ça ne fait que grossir. Jamais ça ne disparaitra ...

Plus de doute. Il n'y avait que de lui que j'étais capable d'accepter ces mots. Et si je les gardais pour moi, ils risquaient de me consumer.

-Tu ne vérifies pas si j'ai rougi ? murmurai-je.

Simon s'arracha à la contemplation des flammes et m'observa. Son expression était neutre et le sourire s'était lentement effacé sur ses lèvres : je l'avais vu mourir à mesure que les mots s'envolaient de sa bouche. A s'en demander s'il avait voulu m'embarrasser ... ou se libérer. L'idée affola mon cœur et je pris une discrète inspiration pour calmer mes nerfs. Les yeux de Simon me détaillèrent et il finit par évoquer l'évidence :

-Tu n'as pas rougi.

-C'est parce que je n'ai pas paniqué.

Je pris une tremblante inspiration. Soudainement, le sport, le duel, le saut dans le ruisseau : tout ça semblait avoir été vain. Sans que je ne le comprenne, les larmes me montèrent de nouveau aux yeux et j'assénai avant de perdre mes brides de courage :

-Simon ... Simon, je n'ai pas peur.

Oh mon Dieu, je l'ai dit.

La portée de mes mots me sembla immense, destructrice et j'eus envie de détourner les yeux, ne pas voir ce que j'avais provoqué. Les yeux de Simon s'étaient écarquillés et il s'était complétement figé, comme une statue de sel. Les vers semblaient presque présents entre nous, physiques, tangibles comme cet oiseau de papier qui continuait de voler au-dessus de nous, et rendait lourd le silence qui s'éternisait. Puis je me souvins de toutes mes réflexions concernant Simon : si ça m'effrayait, lui ça le terrifierait. Ce n'était pas moi la plus susceptible de paniquer dans cette histoire : c'était lui.

J'abaissai enfin mon plaid et m'avançai sur mon fauteuil. Il fallait que je le rassure ... Mais j'ignorais comment faire. J'ignorais complétement quoi attendre, ce qui suivait mes aveux étaient restés un immense trou noir dans ma tête. J'avais atteint les bords de ce trou noir et ça m'angoissait.

-Ecoute, je ne serais pas vraiment t'expliquer ... C'est juste ... Ne panique pas, d'accord ? Laisse-moi panique d'abord ... Je n'attends rien, je ne veux rien, je veux juste ... Je voulais juste que tu saches.

-Que je sache quoi exactement ?

C'était les premiers mots qu'ils prononçaient et ils me semblaient affreusement rauque, comme si sa propre gorge était obstruée. Il semblait complétement sonné, les yeux toujours agrandis et me contemplait d'un regard fixe. Tout cela fit monter le stress en moi et je me levai, dédaignant le plaid. Je me mis à faire les cent pas de la cheminée : m'activer, avoir l'air au bord de la crise de nerf : tout plutôt que laisser couler les larmes.

-Que ce n'est pas normal ! Que la relation qu'on a, que ce qu'on vit depuis des mois, ce n'est pas normal ! Regarde ce qui s'est passé ce soir : une dispute qui vient de nulle part, moi qui quitte le cinéma, nous qui finissons dans le ruisseau pour ensuite se faire un câlin alors qu'on était en train de mourir de froid ! Bon sang, ce soir c'est l'histoire de notre vie, ça prouve tout ! J'ai retourné ça dans tous les sens Simon ! Tu dis que ça fait des semaines que je suis distante ? C'est ça ! Ça fait des semaines que je m'interroge, que je me demande qui tu es pour moi, que je tente de trouver un sens à tout ce que je ressens, à ce qu'on est, sans en trouver aucun. Parce que ça n'en a pas ! ça n'en a pas, j'ai ... Bon sang, je t'ai cassé la cheville à neuf ans, à quel moment ça aurait pu avoir du sens ?

Simon avait refermé le poing devant sa bouche et cela rendait son expression difficilement lisible. J'étais incapable de traduire cet éclat qui luisant dans ses yeux, cette tension au niveau de son front, ce mutisme obstiné : je n'interprétai plus rien alors que j'avais toujours tout connu de lui. C'était déstabilisant. Et c'était précisément pour cela qu'il fallait que je poursuivre : retrouver le naturel. A tout prix. Je passai une main dans mes cheveux et évitai son regard.

-Puis je me suis rendue compte que ... l'amour n'avait pas à en avoir. Là-dedans, il n'y avait pas à avoir de rationalité : dans ce cadre-là, j'avais le droit de péter des câbles quand tu me cachais quelque chose ou de me sentir abandonnée dès que tu lâchais ma main. Qu'il n'y avait que dans ce cadre que ce qu'on vivait pourrait être qualifié de « normal ». Je te jure, j'ai littéralement retourné ça dans tous les sens ... Mais au final, j'en revenais toujours à toi. A ça. La même conclusion.

Je poussai un soupir dans l'espoir de dénouer ma gorge et d'éclaircir mes idées. En vain : c'était comme si toutes mes réflexions des derniers mois me paralysaient totalement le cerveau.

-Je ne veux pas d'Adrianne. Ni d'aucune autre. Simon, ce n'est pas elles qui ne me supporteraient pas, c'est moi. Je suis incapable de leur laisser de la place. Je ne peux pas ... Cette place, c'est aussi la mienne ...

J'aurais pu dire les choses plus simplement. Trois petits mots auraient suffi à lui faire comprendre. Mais je n'étais pas encore prête à les prononcer. C'était trop frontal, trop absolu. Comme ce que je vivais, mais je voulais éviter que cela devienne trop réel, trop sérieux. Je voulais juste poser les choses alors ce fut pour ça que j'achevai après un profond soupir :

-Je n'attends vraiment rien. Vraiment. Je ne sais même pas quoi en penser moi-même ... je voulais juste ... que tu saches. Parce que c'était en train de littéralement me bouffer le cerveau et que si ça ne sortait pas, ça sortirait un jour mais de façon plus violente et je ne voulais pas. Je voulais contrôler ce que je ressentais. (Je pris une profonde inspiration). Tu es la seule personne dont je peux accepter les vers sans paniquer, Simon Bones.

J'arrêtai enfin mes pas infernaux et pivotai vers lui. Mon cœur battait si fort dans ma cage thoracique que j'avais l'impression qu'il briserait mes côtes pour pouvoir en sortir. C'était affreux cette sensation de plus avoir son destin entre ses mains, de dépendre de quelqu'un, d'être à ce tournant de sa vie en ayant l'impression d'en être spectatrice. Simon n'avait pas bougé d'un iota et restait figé dans le canapé, le poing pressé contre sa bouche, le visage si peu expressif que j'en avais envie de hurler. Le silence s'éternisa, seulement coupé par le « tic-tac » de la grande aiguille qui avançait vers le temps. Pourtant, je serrai les lèvres. Je me refusais à être celle qui reprendrait la parole. J'en avais assez dit : c'était à son tour.

Ça finit par être insoutenable, même pour lui. Il écarta sa main de sa bouche et je pus enfin discerner les prémisses d'un sourire qui frémissaient sur le coin de ses lèvres fines.

-Je pensais justement que tu paniquais.

Je haussai les sourcils, interdite. Puis le naturel reprit le dessus et je ramassai le plaid que j'avais laissé tomber pour lui jeter à la figure. Puis les coussins du fauteuil à côté, puis ceux que j'avais déjà lancé dans la soirée : la pièce aurait pu y passer si je n'avais pas eu de respect pour la vieille demeure. Simon n'essayait même pas de parer : il acceptait cette forme passive de violence, les bras croisés devant son visage qui s'étaient enfin animé pour laisser échapper un éclat de rire qui me rendit encore plus furieuse. Je finis par m'avancer avec un coussin que je ramassai et le frappai avec avant de m'éloigner avec un cri de rage.

-Bon sang, pourquoi j'ai ouvert la bouche ? Tu es atroce, Bones !

-Je pensais que tu disais justement le contraire ...

-Je vais t'arracher les yeux !

-Ce n'est pas la plus belle chose chez moi, pourtant ?

-Argh !

Je me détournai, fulminante et prête à me jeter à sa gorge comme lorsque j'étais enfant et qu'il m'assénait pique sur pique pour me faire sortir de mes gongs. La fameuse allumette qui avait embrasé le brasier. L'idée provoqua un soupir et enfin je réussis à décrypter des brides de son attitude. Retrouver un terrain familier. Et ça, c'était bien plus familier que tout ce que j'avais pu déclamer depuis les vers. Je pivotai de moitié et observai du coin de l'œil Simon émerger de la tonne de coussin que j'avais déversé sur lui et se défaire du plaid qui s'était emmêlé dans ses jambes. Son hilarité s'était calmée mais un léger sourire persistait sur ses lèvres et ses yeux étincelaient. Son regard glissa ostensiblement vers moi et quand il remarqua que je le fixai, il se détourna et remit les coussins sur le canapé. Son sourire s'était agrandi. Légèrement. Significativement. Et soudainement, cela me frappa. Comme la vérité, comme frappée par foudre, comme le Saint-Esprit qui emplissait nôtre âme pour nous délivrer la divine lumière.

Il ne paniquait pas. Son visage était détendu, ses traits serein, son sourire plus amusé qu'autre chose. Même ses yeux ne trahissaient aucune tourmente. Ils pétillaient et ce n'était pas dû au reflet des flammes.

Oh mon Dieu.

Oh mon Dieu, oh mon Dieu.

-Tu ressens la même chose.

Le geste que Simon était en train d'amorcer s'interrompit et ses doigts se crispèrent sur le coussin qu'il tenait. Je n'avais pas pris de précaution oratoire, même pas pris la peine de donner à mon ton une forme interrogative : c'était d'une telle évidence que je ne comprenais pas pourquoi je ne l'avais pas vue avant. Je savais que Simon avait des sentiments forts à mes égards, égaux aux miens mais pas qu'ils les avaient identifiés. Et c'était clair : il savait précisément de quoi je parlais.

Lentement, je m'avançai vers lui. Il fuyait clairement mon regard et s'activait à rendre à son canapé son état impeccable d'avant que la tempête Victoria ne lui passe dessus. Ce ne fut que lorsque je m'assis à côté de lui qu'il daigna poser les yeux sur moi – sur la main qui s'était posée sur le coussin qu'il remettait. A quelques centimètres de la sienne.

-C'est pour ça que tu m'as parlé d'Eden, réalisai-je dans un souffle. Je ne savais même pas que tu avais retenu son nom ... Mais c'est pour ça, pas vrai ?

Simon resta coi, mais ses lèvres se tordirent. Je me penchai sur lui et un sourire absurde s'étala sur mes lèvres.

-Hé. Tu sais que je sais parfaitement décoder le Simon-Bones ? Et que des lèvres tordues, ça équivaut à un « oui » ?

Sa bouche se pinça, comme pour éviter qu'elles ne le trahissent davantage mais c'était trop tard. J'avais compris. Il fixait toujours ma main. C'était celle à laquelle je portais le bracelet « petit soleil » que Cédric m'avait offert. Celui avec lequel il ne pouvait pas s'empêcher de jouer chaque fois qu'il tenait ma main dans la sienne. Il finit par secouer la tête et par lâcher :

-T'es insupportable ...

-Je pensais que tu étais en train de me faire comprendre le contraire ?

La commissure des lèvres frémit sans que le sourire ne s'épanouisse. J'avançai lentement mes doigts sur le coussin et il suivit leur parcours des yeux sans un mot.

-Simon, tu ne prendrais pas la chose à la légère si tu voulais me renvoyer les vers à la figure. Avoue. Et bon sang, j'ai déjà l'impression d'avoir vécu cette situation.

Cette fois, ce fut un véritable éclat de rire qui franchit ses lèvres. Moi qui lui extorquais une information qu'il tentait par tous les moyens possibles de me cacher, c'était la réplique exacte de ce qui s'était passée sur le pont le jour où il m'avait révélé sa véritable identité. Il se mordilla sa lèvre inférieure, l'air indécis et je me tus, le laissai faire pour ne pas le brusquer. Et soudainement, sa main bougea, glissa sur le coussin pour effleurer mes doigts. Mon cœur parut exploser lorsqu'ils se nouèrent, naturellement, comme l'évidence. Sans attendre, son pouce effleura la breloque qui pendait sur le dos de ma main et un sourire entendu effleura mes lèvres. Nos doigts restaient en mouvement, s'effleuraient, glissaient sur nos peaux. Il passa le pouce sur mon ongle cassé sans s'y attarder, comme si ça n'avait pas d'importance. Et je savais que ça n'en avait pas. Comme ça n'avait aucune importance que j'étais en sweat délavé ou que mes boucles encadraient mon visage de façon complétement désordonné.

-Si tu savais ..., murmura-t-il sans quitter ma main du regard. Ne crois pas, moi aussi je me suis torturé l'esprit ... C'était atroce, je pensais ... j'allais exploser. Tu l'as dit, ça n'a pas de sens ...

-Ça n'a pas à en avoir ...

-Non, avoua-t-il. Non, ça n'a pas.

Il leva enfin la tête et me regarda dans les yeux pour la première fois depuis son long mutisme qui avait suivi ma déclaration. Mais cette fois, j'avais l'impression qu'il me regardait vraiment. Il détaillait mon visage, comme s'il le découvrait et j'avais la sensation de lui renvoyer le même regard. Mes yeux passaient d'un point à un autre, de ses prunelles vertes qui étincelaient, claires comme l'espoir, de son nez que j'avais cassé d'un coup de poing car il avait embrasé l'allumette, ses tâches de rousseurs rendue pâle par l'hiver que je pouvais presque compter pour enfin suivre la courbe de ses lèvres. L'espace d'un étourdissement, j'eus envie de franchir les quelques centimètres qui nous séparaient, d'assouvir ce désir qui montait en moi depuis quelques semaines. Mon visage s'inclina mais je me retins au dernier moment, au moment où mon nez effleurait le sien, où mes cheveux venaient chatouiller sa joue. Il ne s'écarta pas le moins du monde et resta statique face à ce vide insoutenable. Ses paupières s'étaient à moitié closes. J'eus alors conscience de la profondeur de sa respiration, de son souffle qui effleurait ma joue, lourde, laborieuse. Mes paupières se fermèrent et je chuchotai :

-Je te l'ai dit, je n'attends rien ...

-Je sais, assura Simon dans un murmure rauque. C'est pour ça que je t'aime.

Mon cœur n'eut pas le temps de manquer le battement : Simon avait glissé sa main derrière ma nuque et la caressai doucement, ses phalanges s'enfonçant dans la racine de mes cheveux. Les yeux toujours clos, je ne pus m'en tenir qu'à mes autres sens, sentir le souffle de Simon de plus en plus près, son nez qui frôlait le mien jusqu'à ce ses lèvres effleurent les miennes d'une caresse, d'un aveu, d'un tout. C'était léger, à peine plus d'un baiser et pourtant cela fit tout exploser en moi. J'exhalai un soupir libérateur et remontai une main fébrile pour caresser son visage et l'incliner vers moi. Mes lèvres rencontrèrent de nouveau les siennes, plus franchement, plus tangibles. Son souffle qui se rependait dans ma bouche devint ma seule réalité, ma seule raison de vivre, mon seul apport en oxygène. Simon ne me repoussait, bien au contraire : il me cherchait. Son autre main vint se poser sur ma jambe puis remonter jusqu'à mon dos et me pressai un peu plus. Ses lèvres goûtaient les miennes lentement, sans précipitation avec une maîtrise qui m'arracha un sourire absurde – qui aurait cru que Simon Bones savait embrasser comme ça ... ? Et je n'en revenais pas d'être celle qui jouissait de ce baiser, de sa chaleur, de sa confiance.

De son amour.

« C'est pour ça que je t'aime ».

Je sentis les lèvres de Simon sourire contre les miennes, un sourire extatique qui répondait au mien. Dieu que c'était difficile de s'embrasser quand on souriait ... Mais je ne voulais pas m'arrêter. Pas un seul instant. Jamais. C'était là depuis l'enfance et ça ne ferait jamais que grossir. Et maintenant que c'était accompli, ça effaçait tout : les peurs, les semaines de troubles, de questionnement ... les doutes.

Doute de tout mais jamais de mon amour.

*** 

Toujours avec moi? En vie? 

S'il vous plait, relisez et un peu avant qu'ils s'embrassent mettez cette chanson ==> 
C'est la chanson qui m'est venu immédiatement en tête(OK peut-être à cause de How I Met your mother) mais je l'ai eu dans la tête pendant deux semaines après ça. 

Je ne vais pas mentir : je me fiche de s'il est bien ou pas, bien écrit, réaliste, niais, quoique ce soit. Quand je l'ai écris, j'arrivais à peine à taper tant j'étais exitée : je tournais en rond dans ma chambre pour me calmer en me répétant "Oh mon Dieu oh mon Dieu j'y arrive, c'est incroyable !". C'était un moment tellement magique que j'ai du mal à être objective et peu importe au fond ! 

(Bon maintenant vous avez le droit de dire ce que vous en avez pensé ahah ==>) 

Well, donc c'était ici le fameux chapitre, celui qui m'a fait tremblé ahah ! A dire vrai tout le chapitre d'avant j'étais dans le même état, je savais très bien que je n'avais jamais été aussi proche ! C'est juste que je ne sais pas compter et je l'avais évalué à août mais il est arrivé un peu plus tard ahah. 

EVIDEMMENT QUE LE SIMORIA EST LE PLAN DEPUIS LE DEBUT ! (Désolée pour les autres ahah). Mais j'avais quatre parties, j'avais décidé d'en faire une sorte de "haters to lovers" (en beaucoup plus compliqué hein) donc il me fallait du temps, dès le début j'ai décidé que ça n'arriverait pas avant le milieu de la partie 3, que Vic aurait un copain en attendant (Miles, qui finalement est devenu un personnage à part entière. Et croyez-moi, c'est très difficile d'écrire sur un couple auquel vous n'adhérez pas. Quoique c'est pas tout à fait vrai. Bon j'arrête). 

ça vous a peut-être paru long, mais ils ont une relation complexe : je devais passer par toutes les étapes et notamment dans les réflexions de Victoria. Je vais m'arrêter là : si vous voulez, j'avais commencé à écrire une "analyse" pour expliquer comment j'ai construit le Simoria, peut-être que la reprendrais et je la posterais pour vous expliquer si ça vous intéresse ! (ça peut s'élargir par sa relation avec Miles, on est obligé de parler du Miloria à un moment) Donc si vous avez des questions sur ça, n'hésitez pas c'est ici => 

J'ai l'impression d'avoir mille choses à dire et pourtant je me retrouve à court. Bon, je vais aller écrire la suite maintenant que je suis lancée. 

AH SI EDIT 

Déjà un immense merci à Annabethfan, ma chère Anna' qui m'a aidé à brainstormer leur mise en couple. J'avais mille scénario différents (et le scénario de base est très différent) et elle m'a aidé à me fixer ! Et c'est pour ça qu'en son honneur, quand Victoria et Simon s'embrassent enfin, nous sommes dans l'histoire le 15 février 1997 soit la date de naissance exacte d'Anna ! 

CETTE FOIS, à dans deux semaines. Oh c'est bon vous avez eu le bisou, vous allez attendre pour la suite ahah ! 

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