III - Chapitre 13 : L'ombre du serpent
CAN I GET A HALLELUJAH ?
Amen mes enfants, mon texte s'est copié docilement sans italique directement depuis mon document pour la première fois de la partie 3. C'est magnifique. C'est beau un texte qui se copie dans difficulté.
Sinon merci pour vos encouragements pour mon concours ! Est-ce que ça s'est bien passé ? Je ne sais pas, honnêtement on verra mais je suis LIBEREE ! Fêtons ça tout ensemble avec un chapitre !
Pour la citation, je n'avais pas d'inspiration. Mais elle me fait toujours rire : oui, Slughorn c'est Varys dans GoT.
Bonne lecture !
***
" Horace avait constitué une sorte de club où il rassemblait ses élèves préférés et dont il était le centre, faisant les présentations, établissant des contacts utiles entre ses membres et récoltant toujours un quelconque avantage en échange, que ce soit une boîte d'ananas confits ou l'occasion de recommander un jeune collaborateur au Bureau de liaison des gobelins. "
Harry eut soudain la vision saisissante d'une grosse araignée qui tissait sa toile autour d'elle, secouant un fil ici ou là pour rapprocher ses grosses mouches bien juteuses.
- Dumbledore, Harry Potter et le prince de Sang-mêlé
***
Chapitre 13 : L'ombre du serpent.
Ça avait été une après-midi hors du temps, niché entre les collines dans la propriété des Diggory, à observer le vent qui chassait les nuages et ramenaient un peu un de soleil dans nos vies. Flavia avait eu les larmes aux yeux en nous revoyant de revenir à trois, mais cela avait été les dernières larmes de la journée. Malgré le souvenir de Cédric qui ne nous avait jamais quitté mais pour la première fois depuis cette tragique nuit, j'avais l'impression de ne ressentir que les bienfaits de sa présence. Emily avait retrouvé sa bonne et mauvaise humeur habituelle, Simon son sarcasme qui lui avait valu une ou deux claques de ma part et j'avais passé deux heures à rire et à sourire dans le salon des Diggory, sous le regard bienveillant de Flavia. Simon et moi étions repartis chacun avec une pile de livre gracieusement prêté et qui nous aideraient dans nos recherches respectives – et Emily était devenue à nouveau Emily en fustigeant mon choix de continuer de travailler avec sa grande rivale Octavia McLairds. Dans son énervement, elle avait révélé à Simon que Miles sortait à présent avec Gillian et il avait failli en lâcher ses précieux bouquins. Et malgré tout, il s'était, comme toujours, abstenu du moindre commentaire.
Emily était repartie de son côté, avec ce sourire toujours étrange qui marquait clairement que son cœur balançait toujours. Nous avions retrouvé des réflexes mais en y réfléchissant le soir dans mon lit, j'avais été forcée de lui donner raison : c'était loin d'être la même chose. J'avais apprécié sa présence, notre complicité retrouvée mais j'avais senti que les dynamiques amorcées étaient inébranlables. Simon et moi étions repartis de nôtre côté ... et elle du sien. Mais néanmoins, je m'étais endormie avec la certitude que malgré ce qu'elle avait voulu croire, le lien était loin d'être brisé.
Cette bouffée de fraicheur et de bonheur fut suivie d'une autre quand je reçus une lettre de Susan qui me forçait ni plus ni moins à venir la voir à sa sortie de Pré-au-Lard qui avait justement lieu ce samedi. Presque aussitôt, l'animation des Trois Balais me parut le meilleur écrin possible pour achever cette semaine de détente – sans entrainements intensifs, sans réunions dans le grenier des jumeaux. J'avais donc passé mes quelques jours de répit à éplucher les livres que j'avais pioché dans la bibliothèque des Diggory – des véritables reliques vieilles de plus de deux cents ans et qui relataient les différents qu'il y avait eu entre moldus et sorcier. J'avais même réussi à emporter un carnet avec des notes manuscrites du Ministre Elditch Diggory, qui, après quelques recherches, avait tenté de faire disparaître les Détraqueurs d'Azkaban. J'avais eu un léger sourire en songeant que c'était un ancêtre digne de Cédric.
La sortie à Pré-au-Lard arriva à point nommé pour parfaire cette semaine où j'avais l'impression de nouveau respirer. J'attendais Simon derrière chez lui, prête à faire un voyage dans le temps et ne put m'empêcher de crier lorsque je le vis émerger de sa maison, vêtu chaudement pour affronter l'Ecosse :
-Ah non !
Simon se figea sur sa terrasse et porta immédiatement sa main à la tête recouverte de son immonde bonnet orange qu'il passait dès que la température passant les dix degrés. Il ouvrit la bouche pour protester mais je le coupai en le menaçant de mon doigt :
-Je sais qu'il était à Matthew mais ça ne justifie pas que tu te trimballes avec une horreur pareille !
-C'est un souvenir ! Tu devrais être contente, non ?
-C'est moche Bones. Mais je te l'accorde, ça devait être encore plus moche sur Matthew – quelle idée d'acheter un bonnet orange quand on est roux.
-Arrête de fanfaronner. Tiens, du courrier pour toi ...
Il me tendit un rouleau de parchemin scellée d'une cire de très mauvaise qualité – le sceau était en train de s'écailler. Sur les bords courbés du parchemin, je pouvais lire d'une écriture brouillonne « Victoria Bennett, Terre-en-Landes », sans que l'adresse ne soit précisée. Perplexe, j'arrachai les miettes de cire qui restait et commençait à la dérouler.
-Comme la chouette a su que c'était chez toi qu'elle devait la déposer ?
-Et tu es censée être historienne de la magie ? se moqua Simon.
-Joueuse de Quidditch, en fait.
-Et c'est pour ça que tu comptes écrire un livre ... Bref. Les chouettes et hiboux sont des animaux à forte sensibilité magique même s'ils en sont dépourvus. Ils ... sentent ces vibrations. C'est ce que je suis en train d'étudier, les différentes vibrations de magie et ce qu'elles nous disent sur le type de magie exercé ... Bref, les hiboux la sente. Et comme on doit être la seule maison magique de Terre-en-Landes ...
-Pigé ... Oh la la ...
La lettre était courte, mais me laissa bouche bée. Je la lus une seconde fois, incrédule.
AH AH AH.
Sérieusement, tu vas vraiment cru que c'était moi ? Je suis déçue, moi qui pensais que nous étions devenues bonnes ennemies à Gdansk ...
Sache que si vraiment j'avais voulu t'attaquer, ton église se serait réellement retrouvée réduite en cendre – une illusion, sérieux ? Qui fait ça ? Ensuite, moi, je n'aurais pas raté ton grand-père, je pense que tu le sais ... Dommage, les fleurs attendront. Mais tu aurais le nom de l'agresseur ? J'aimerais lui envoyer un encouragement !
Trêve de plaisanterie. Je suis assez occupée chez moi pour que Viktor vienne me voir furieux parce qu'il pense que je te harcèle encore. Toujours la petite protégée, hein Victoria ? Le lot des filles petites et mignonnes ... Eurk. Il m'a passé un véritable savon mais j'ai fini par le convaincre que je n'avais rien fait – parce que je n'ai rien fait. Cette fois ce n'est pas moi que tu vas devoir combattre, Victoria. Et si tu t'épuisais à traquer ceux qui te veulent du mal et que tu me laissais un peu faire mon job en Pologne ?
Il va falloir grandir, ma chère. C'était un avertissement maladroit cette histoire d'illusion, franchement grossier et pas original – j'ai hoRReur d'être copiée ! Mais un avertissement tout de même ... Prends garde.
K.
-Elle a le sens de l'humour, marmonna Simon, qui avait lu derrière mon épaule. Tu la crois ?
-Est-ce que tu me décernes le prix de la naïveté si je te dis que oui ? Je pense sincèrement qu'elle a d'autre choses à faire et puis ... Bon sang, je suis sûre d'avoir reconnu la voix de Nestor ...
Je relus la dernière phrase de Kamila et un frisson glacé me parcourut. Prends garde ... La garde en question avait été doublée à Terre-en-Landes et des Aurors passaient quotidiennement dans le village, j'en avais aperçu un en allant faire du jogging – qui s'habillait encore avec des costumes de couleur bleue glacée et de soie verte ? On aurait dit un véritable arlequin ... Est-ce qu'ils étaient là avec l'espoir d'arrêter un Mangemort et de pouvoir s'en vanter ou bien pour protéger l'une des familles de sorcier les plus attaquées sur les deux guerres, je n'aurais su dire. Mais leur présence semblait être dissuasive.
Simon me prit la lettre des mains pour la relire. Un pli soucieux était apparu entre ses sourcils.
-Naïve, non. Je pense que tu as raison, je ne vois pas pourquoi soudainement elle agirait contre toi depuis la Pologne ... Mais Nestor a bien capté cette phrase quelque part ...
-Ulysse ?
Il était au courant des messages que j'avais reçu en sixième année, Melania lui en avait parlé sans réellement détailler. Peut-être que lui aussi l'avait répété à sa famille ... Ce qui voudrait dire qu'il restait un lien entre la famille et Nestor. Le sourire teinté d'orangé de Thalia Selwyn me revint à l'esprit. Simon haussa les épaules, visiblement incapable de me donner une réponse et je finis par ranger la lettre dans les plis de ma cape.
-Bon, on va passer ... et se dépêcher, Susie va finir par nous attendre ... Et tu es sûr qu'on ne peut pas enlever le bonnet orange ? Elle a pris en confiance ta sœur, elle va finir par le mettre en pièce ...
Simon leva les yeux au ciel et me dépassa de quelques pas avant de passer les sortilèges de protections de sa maison et transplaner sans même m'attendre – et en ignorait totalement le cri d'indignation qui avait franchi mes lèvres. Fulminante, je me dépêchai de sortir du champs magique et transplanai à mon tour sur la place principale de Pré-au-Lard. Le vent me coupa immédiatement en deux et je me félicitai d'avoir attaché mes cheveux en queue-de-cheval. Je rabattis ma capuche sur mon front et enfouis mon nez dans mon écharpe mais le froid assécha immédiatement mes yeux et les morceaux de peaux qui demeuraient. Je poussai un grognement en songeant que la couleur du bonnet me permettait au moins de repérer Simon quelques mètres plus loin et je le suivis jusqu'aux Trois Balais. J'eus à peine le temps de savourer de retrouver les maisons tordues et les boutiques familières tant le vent était fort et menaçait de m'emporter. Le pub était déjà empli des élèves de Poudlard qui profitait de leur première sortie de l'année : je reconnus Anthony Goldstein, le préféré de Serdaigle, puis Aaron Summerby, l'attrapeur que j'avais recruté l'année dernière et qui m'adressa un sourire ravi, et Katie Bell, la pousuiveuse de Gryffondor, me fit un signe de la main.
-Hé, salut Bennett ! Le niveau pro est décevant, tu viens rejouer avec nous ?
Elle éclata de rire avant de rejoindre sa table et en la suivant du regard, je vis Felicity Bletchley, en cinquième année et qui s'était embelli cet été. La vue de cette jolie jeune fille me fit perdre mon sourire et je jetai un regard paniqué à Simon.
-Tu ... Tu crois que Miles ... ?
Il haussa les sourcils avant de poser le regard sur la Serpentard qui riait avec ses amis sur une table centrale.
-Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Allez, viens, avec ce temps tout le monde se réfugie ici ... On sera chanceux si on trouve une table ...
-Tu préfères aller chez madame Pieddodu ? Oh Seigneur non, ce n'était pas une vraie question ! ajoutai-je précipitamment en remarquant son regard amusé qui disait très clairement qu'il affronterait les angelots et les freluches roses juste pour le plaisir de me voir dans ce décor. Arrête, ça c'est une idée du même type que « allons au bal ensemble » !
-Arrête, ça aurait été drôle !
-Drôle ? Je t'aurais arraché les yeux et écrasé les pieds, Bones !
-Tu ne dansais pas si mal que ça ...
Je haussai les sourcils en me glissant à une petite table écrasée contre un mur et où trainaient encore trois chopes sales des précédant préoccupants. Simon s'y affala et retira sa cape. Je me chargeai d'arracher enfin cet affreux bonnet de ses cheveux.
-Parfait, je devrais le brûler, maintenant ...
-Fais ça et je te hanterais jusque la fin de tes jours.
-Ce sera le cas quoiqu'il arrive, Simon ...
-Salut !
Le cri, presque noyé dans la masse des voix et des échos du pub, eut pour mérite de faire cesser notre puérile prise de bec. Avec un sourire fatigué, Susan se frayait difficilement un chemin jusque nous et se laissa aller sur la dernière chaise de libre avec un soupir de contentement. Le froid avait rosi ses joues, effaçant ses tâches de rousseurs et le vent avait emmêlé ses longues mèches auburn. Elle embrassa Simon sur la joue, si fort et si bruyamment que ça lui arracha une grimace.
-Heu, moi aussi je suis content de te voir ...
-Sans cynisme s'il te plait, répliqua-t-elle avec un sourire désabusé. Moi, ça me fait vraiment du bien de vous revoir ...
Simon et moi échangeâmes un regard inquiet pendant qu'elle se défaisait de sa cape pour faire apparaitre son uniforme et l'écusson de Poufsouffle qu'elle portait encore. Un petit sourire persistait sur ses lèvres, mais il paraissait forcé, artificiel et elle tripotait négligemment la montre qu'elle portait fièrement depuis ses dix-sept ans en septembre.
-Vous allez bien ?
-J'ai l'impression que c'est plus à toi qu'on doit demander, fit remarquer Simon avec douceur. Tu es toute pâle, Susie.
Simon avait raison : sous le teint rose que lui avait donné le froid, on devinait ses joues d'une blancheur de craie. La bouche de Susan se pinça.
-Non, moi ça va ... C'est juste ... Un peu dur, en ce moment. On a plein de devoirs à rendre, le niveau ASPIC est vraiment plus élevé que ce à quoi je m'attendais ... (Elle marqua une pause de plusieurs secondes avant de reprendre devant notre regard insistant : ) C'est surtout dans le dortoir ... Je ne sais pas si vous saviez, mais la mère d'Hannah est morte ... tuée par des Mangemorts ...
Elle glissa un petit regard vers Simon avait de se fixer sur moi. Les lèvres de son frère s'étaient tordues mais il ne laissa pas échapper la moindre trace de douleur, seulement de la sollicitude.
-C'est une ancienne famille de Sang-Pur, même s'ils n'en ont plus le fast, expliqua-t-elle, visiblement soulagée de la réaction de Simon. Hannah m'a dit que son père a passé l'été à recevoir des menaces, qu'il a même hésité à la renvoyer à Poudlard à cause de ça ... avant de se dire que c'était l'endroit le plus sûr. Finalement, ils ont eu raison parce que les Mangemorts ont apparemment profité que son père soit parti pour attaquer ...
-Oh Susan ...
Elle balaya ma plainte d'un revers de main.
-C'est surtout pour Hannah que c'est dur, moi ça va. On ne sait plus franchement comment réagir, on marche sur des œufs ... ça rend la situation très tendue dans le dortoir. Du coup je suis vraiment contente que vous soyez venus aujourd'hui, ça va me changer les idées ...
Elle nous adressa un sourire rempli d'espoir et ni moi ni Simon n'eûmes la foi de renchérir sur le meurtre de Mrs. Abbott et de lui faire définitivement perdre sa belle énergie. Cela se sentait que le début d'année avait été éprouvante : malgré son sourire, Susan était pâle, marquée et peut-être avait-elle aussi un peu maigri. Et loin de lui donnait la beauté qu'elle espérait, cette relative maigreur lui donnait l'air plus fatigué et plus âgé. Madame Rosermeta débarrassa la table d'un coup de baguette. Elle ne nous reconnut pas mais je ne lui en voulus pas : elle devait voir tant d'élève passer entre les murs dans son pub que les visages devaient se confondre. Distraite, elle retourna derrière son bar et Simon se leva pour aller chercher nos boissons. Je vis Susan faire un petit signe derrière mon épaule et je me retournais vivement pour voir Anthony Goldsetin lui répondre. J'eus le temps de le détailler une seconde avant de me retourner : l'été lui avait réussi, c'était devenu un beau jeune homme aux cheveux blonds cendrés et aux traits harmonieux. Je nichais mon menton dans le creux de ma paume et observai malicieusement mon amie qui rougit jusqu'aux oreilles. Cet embrasement était le plus poignant des aveux.
-Quelque chose à me dire, Susie-jolie ?
-Oh, tais-toi, soupira-t-elle en détournant le regard. C'est juste ...
-Un ami ?
-J'allais dire « un crush » pour être parfaitement honnête, avoua-t-elle en entortillant une mèche de cheveux roux autour de son doigt. Et en fait ...
-Ma chère Susan !
La lumière fut brutalement coupée par une immense ombre qui me fit sursauter tant elle était soudaine – la voix tonitruante. Je levai les yeux sur un homme corpulent vêtus d'un pardessus en col fourrure et au bonnet assorti. En observant ledit bonnet, je me promis de ne plus jamais me moquer de l'orange de Simon : c'était la chose la plus ridicule jamais portée au monde. Et l'homme souriant en dessous du bonnet semblait l'être tout autant avec son air exagérément réjouis à la vision d'une Susan qui s'était plaquée contre le mur, brusquement livide.
-Je suis ravi de vous voir ici, ma petite Susan ! J'ai été si déçu de constater que vous n'avez pas poursuivi les potions, j'ai été privé de votre charmante présence ...
-Désolée, professeur Slughorn, bredouilla Susan, visiblement prise de cours. Euh, je n'ai pas eu la note requise en potion, je suis désolée ...
-Ne vous excusez pas, ma chère, déclara le professeur d'un ton presque paternel. Je suis certain que vos qualités sont ailleurs ...
Il s'assit sur la chaise laissée libre par Simon et j'échangeai un regard perplexe avec Susan. Dans ses prunelles vertes se battaient l'agacement et le désespoir.
-Ma petite Susan, reprit le professeur en retirant enfin son bonnet de fourrure pour dévoiler un crâne chauve et des joues tombantes. Je profite de vous avoir sous la main pour réitérer mon invitation à mes petits soupers ! Vous êtes presque aussi insaisissable que monsieur Potter – vous ne l'auriez pas vu, par le plus grand des hasards ? Il faut que je le convainque de venir à la prochaine également ...
-Désolée professeur, j'ai énormément de travail et ...
Le professeur partit d'un immense éclat de rire qui fit trembler la table et qui me fit écarquiller les yeux. Le pire dans cette scène, c'était qu'il agissait comme si je faisais parti du décor et qu'il était seul avec Susan sur cette table. Je jetai un vague coup d'œil en arrière en espérant voir vite Simon revenir tant la situation était gênante.
-Ah ma petite Susan ! Vous n'êtes pas sans me rappeler cette chère Amelia, elle aussi faisait passer ses obligations scolaires avant ses plaisirs ... mais vous travaillez si fort, prenez donc une pause ... Disons, ce cinq novembre ?
Je braquai mes yeux sur le professeur à la mention de la date, le souffle coupé. Vu son absence totale de réaction, je me détendis mais le malaise demeurait. Susan s'était remise de sa surprise initiale et avait repris une posture plus digne.
-Je suis navrée professeur, mais le professeur Binns attend le plan détaillé de mon projet pour avant la fin du trimestre et j'ai pris un peu de retard, il faut que je m'y attelle ...
-Tu travailles sur quoi ?
Je poussai un petit soupir de soulagement alors qu'une main déposait une tasse de chocolat fumant devant moi. Je levai le visage pour adresser un sourire à Simon, mais lui observait l'homme qui avait pris si impunément sa chaise, ses deux bièraubeurres à la main. Le professeur observa Simon, puis Susan, puis à nouveau Simon avant de pousser un cri de ravissement.
-Oh ! Votre frère aîné sans doute ?
-Exact. Vous êtes sur ma chaise, monsieur ... ?
-Slughorn, professeur Slughorn, se présenta-t-il en tendant une grosse main à Simon.
Il n'esquissa pourtant pas une seconde un mouvement pour se lever et rendre sa chaise à Simon malgré le regard perplexe et insistant de celui-ci. Il lui souriait toujours largement et les sourcils de Simon s'envolèrent sous ses mèches blondes. Résignée, Susan avait appuyé sa joue contre son poing pendant que son professeur avait porté son attention sur son frère.
-Vous venez de quitter l'école, c'est cela ? Quel dommage, monsieur Bones ! Nous nous sommes manqués à une année près ! Mais j'avoue m'être renseigné auprès de vos anciens professeurs : l'IRIS ! Quelle voie aussi prestigieuse qu'originale pour l'héritier des Bones ...
Le mot « héritier » nous fit à tous froncer les sourcils et je glissai un regard inquiet sur Simon, dont l'air étonné avait laissé place à une expression de défiance. Pourquoi « héritier » ? Parce que le professeur suivait une généalogie archaïque qui rendait le garçon plus digne d'intérêt que la fille dans une fratrie ... ou parce qu'il savait ? Je bus une gorgée brûlante de chocolat pour m'éviter de pousser un grognement de dépit face à cette possibilité.
-J'ai une sœur aînée, rappela Simon d'une voix un peu plus froide. Maintenant, professeur ...
-Oh, bien sûr, bien sûr ... Mais, voyez-vous, j'ai entendu des choses dans la salle des professeurs, le professeur Chourave qui notamment se félicitait que vous ayez brillamment passé vos ASPIC ... Quelle génération d'élève vous deviez être ! J'ai consulté la liste : pas moins de dix entrées au ministère, c'est exceptionnel ! J'ai vu aussi deux acceptés à la formation de médicomagie, une à l'observatoire britannique ... Belle promotion sportive également, le professeur Chourave a évoqué l'une de ses élèves recrutée par les Tornades ...
J'étais de nouveau en train de porter la tasse à mes lèvres quand je me figeai en plein mouvement. Le regard moqueur de Susan se braqua sur moi et Slughorn le suivit, l'air intrigué. De nouveau son visage s'illumina alors qu'il posait pour la première fois les yeux sur ma personne.
-Oh, c'est vous, si je comprends bien ? Pomona a parlé d'une « petite » Gardienne ...
-Euh ... Oui, c'est cela.
Les yeux de Slughorn étincelèrent et il tapa bruyamment entre ses mains.
-Vous êtes ma chance d'attirer cette chère Susan à ma fête, ma chère ! Car voyez-vous, je viens juste de recevoir l'acceptation de Gwenog Jones, la capitaine des Harpies de Holyhead et elle sera présente ce cinq novembre ! Joignez-vous à nous, je suis certaine qu'elle sera ravie de rencontrer la gardienne de réserve des Tornades ... Et ma chère Susan, si c'est l'histoire de la magie qui vous préoccupe, sachez que Herbert Belleplume sera là – vous avez peut-être lu son ouvrage Les grands sorciers du XXe siècle ? Il a même avoué vouloir me mette dedans, je l'en ai dissuadé, qu'il laisse ma place à ceux qui le méritent ...
-Pardonnez-moi, l'interrompit Simon de manière un peu sèche. Mais qui êtes-vous ?
Slughorn eut l'air offusqué – mais l'effet était plus comique qu'autre chose. Susan, qui retenait visiblement son rire, se chargea d'éclaircir la situation.
-Simon, c'est notre nouveau professeur de Potion ...
-Nouveau, nouveau ... Vous me flattez Susan, mais je suis malheureusement un vieil homme. J'ai accepté de revenir pour rendre service au professeur Dumbledore, néanmoins ... J'ai enseigné à chacun des membres de votre famille – Edgar, Amelia ... Et même à vos grands-parents, maintenant que j'y pense ! Votre grand-mère, Susan, quelle femme ... Elle a été parmi mes premières chouchou. Mais je serais ravi de vous expliquer ça plus en détail le cinq novembre si vous venez à ma petite soirée. J'en parlerais au directeur, il ne verra sans doute aucun inconvénient à ce que l'un de ses meilleurs élèves ne revienne à Poudlard ... Et bien sûr vous aussi miss euh ...
-Bennett, répondit Susan avant que je n'ouvre la bouche. Victoria Bennett.
Slughorn se tut enfin mais en profita pour me dévisager, l'air de chercher quelque chose dans mes traits ou dans mon nom qu'il semblait murmurer en faisant frémir son imposante moustache.
-Elle est née-moldue, ne cherchez pas, cingla Simon.
L'impolitesse du ton ne parut pas vexer Slughorn et il essuya un nouveau rire réjoui.
-Oh, oh ! Mais c'est que vous avez hérité du franc-parler d'Edgar, mon garçon ! Ne vous en faites pas, je n'ai absolument aucun préjugé sur les personnes comme votre amie – l'une de mes meilleures élèves actuelles est comme elle ! Bien ... (Il sortit une montre à gousset en or et finement ouvragée de son pardessus). Je dois encore me rendre à Honeyduke, Amborsius m'a commandé une boite d'ananas confis ... Par ailleurs, n'hésitez pas à en ramener, le cinq novembre ! Vous recevrez une invitation de ma part dans la semaine !
Il extirpa enfin son immense masse de la chaise, adressa un clin d'œil complice à Susan et s'en fut en slalomant difficilement entre les tables. Nous le fixâmes tous les trois, absolument déconcertés par la scène qui n'avait strictement aucun sens avant que notre regard ne tombe sur Susan. Ses joues étaient devenues cramoisies.
-Je vous jure, s'il l'un d'entre vous a l'idée idiote d'accepter cette invitation, je lui tords le cou !
-Très honnêtement, je n'ai pas l'intention d'accepter, la rassura immédiatement Simon en prenant enfin place sur sa chaise. Il est toujours comme ça ?
-Oui ! C'est horrible, dès qu'il passe dans un couloir je suis obligée de me cacher ! C'est pire que l'époque où Sullivan Fawley me harcelait ! Il a réuni autour de lui des élèves, soit des enfants de bonnes familles, soit des gens dont il a perçu le talent – Hermione Granger ou Ginny Weasley, par exemple. Jusque là, j'arrive à esquiver mais si l'un d'entre vous se pointent, je ne vais pas avoir d'autres choix !
-Susan, soupirai-je, les doigts enroulés autour de ma tasse. On ne se pointera pas ...
Je fixai l'endroit la porte qui venait de se claquer sur la silhouette corpulente de Slughorn, assez mal à l'aise. Je n'avais pas apprécié être ignorée jusqu'à ce qu'il découvre que j'étais une joueuse de Quidditch ou qu'il me décortique comme s'il avait voulu me rattacher à une grande famille qui aurait pu accroître ma valeur. Cet homme était une véritable pie voleuse : il aimait collectionner les objets qui brillaient. Simon paraissait dans le même état d'esprit – et l'implicite qui planant quant à ses connaissances sur la famille Bones n'arrangeait rien. Le mot « héritier », l'allusion au franc-parler d'Edgar : c'était des détails que je voyais tournoyer dans l'esprit de Simon. Il buvait sa bièraubeurre, le regard perdu au loin et je m'obligeai à reprendre la parole pour que son esprit s'éloigne de cette conversation.
-Bon, Susie, tu n'avais pas des choses à me raconter ? Tu vas travailler sur quoi en Histoire de la Magie ?
-Oh ... En fait ...
Elle se plongea dans une explication sur un sujet sur l'évolution du Mangemagot et la comparaison avec les autres chambres de représentants dans le monde et je dus donner un coup de pied à Simon pour qu'elle écoute ce qu'elle ait à dire. Elle enchaîna de façon plus triste sur l'ambiance tendue dans le dortoir depuis que Hannah avait perdu sa mère, en septembre, qui expliquait qu'elle se soit rapprochée d'une bande de Serdaigle composée d'Anthony Goldstein mais aussi d'une certaine Padma avec laquelle elle s'entendait bien. Je la laissai parler un moment avec Simon en allant au bar me reprendre un chocolat quand une voix couvrit le fond sonore bourdonnant des Trois Balais :
-Il a volé des objets qui étaient à Sirius !
Accoudée au bar, je pivotai vers la porte où venait d'apparaître, en toute sobriété, Harry Potter et ses amis. Hermione Granger paraissait embarrassée par tous ces regards qui se tournaient vers elle et força Harry à aller s'assoir malgré sa rage apparente. Son regard luisant croisa le mien et je revins sur Madame Rosemerta qui me préparait mon chocolat avec des gestes machinaux, les joues rouges de confusion. Le nom m'avait porté un coup au cœur, je ne réalisai toujours pas que je devais la vie à cet homme que j'avais méprisé ... ni que le Mangemort présumé était à présent le parrain de Harry Potter. Je n'eus pas le temps de m'attarder davantage sur le cri de Harry car Madame Rosemerta fit léviter ma tasse jusque moi et ramassa d'un geste leste les pièces que j'avais laissée tomber sur le comptoir. Ses lèvres charnues esquissèrent une moue en les comptant.
-Tu n'as pas de la monnaie sur ta mornille ? Et toi, ma chérie, c'est pour quoi ?
-Trois bièraubuerres, s'il vous plait.
Je m'interrompis dans ma recherche de noise en reconnaissant la voix et adressai un sourire radieux à Hermione Granger. Elle parut un instant prise de court avant de me le rendre.
-Oh, Victoria ! Comment tu vas ?
-Très bien et toi ?
Mon regard se perdit du côté de Harry, qui ne paraissait pas décolérer et Hermione parut brièvement gênée.
-Oh, ne fais pas attention. Une affaire personnelle et en plus de ça, il se fait harceler par un nouveau professeur en ce moment, ça n'arrange rien ...
-Slughorn ?
-Susan t'en a parlé ? s'étonna-t-elle, les sourcils dressés.
-On vient juste de le rencontrer. Il nous a proposé de venir à une fête, à Simon et à moi ...
Les yeux d'Hermione roulèrent dans leurs orbites et je me souvins que Susan avait cité son nom comme était l'une des nouveaux élèves favoris de l'étrange professeur. Puis ses yeux étincelèrent et elle me prit vivement le bras, l'air soudainement ragaillardie.
-Mais oui, viens ! Il y aura Gwenog Jones en plus, apparemment ! Oh Victoria s'il te plait, viens, Harry s'arrange toujours pour être en entrainement de Quidditch, je suis toujours toute seule ...
La mine d'Hermione était si désespérée que je faillis céder, attendrie. Puis je me souvins du supplice que me réservais Susan si jamais j'osais mettre un pied à cette soirée.
-Ce serait parfait, tu pourrais un peu apprendre l'humilité à McLaggen en plus, ajouta-t-elle avant que je n'ouvre la bouche. Il passe ses soirées à me dire qu'il a le niveau d'un gardien international ...
-Il joue dans quelle équipe ?
Hermione eut un étrange sourire, moitié-fier, moitié coupable.
-Aucune, il s'est fait battre par Ron aux essais. Et c'est aussi pour ça qu'il est si insistant avec moi alors s'il te plait, ça me ferait vraiment plaisir que tu viennes ...
-Je vais y réfléchir, lui promis-je pour ne pas trop la décevoir.
Hermione n'adressa un sourire soulagé, prit ses trois bièraubeurres et s'en fut rejoindre ses deux amis bougons sur la table. J'appréciais énormément cette jeune fille, le combat qu'elle menait et sa dignité mais même pour elle, je doutais que Susan me laisse aller à cette fameuse soirée. Je pris mon chocolat qui refroidissait et laissai quelques noises à Madame Rosemerta qui était occupée à servir l'un des Batteurs de Serpetnard de l'autre côté du comptoir. Je jetai un regard dégoûté au jeune homme à cause duquel je n'avais pu jouer mon dernier match de la saison et qui n'avait jamais été punie pour m'avoir privé de finale avant de m'arracher au bar de retourner à ma place. Je me figeai net, et serrai ma tasse entre mes doigts. Susan s'était levée pour parler à Anthony et quelqu'un s'était laissé tomber sur sa chaise pour parler avec Simon.
Miles Bletchley.
Je promenai mon regard du côté de sa sœur, Felicity, qui me regardait justement, comme si elle guettait ma réaction. Un sourire penaud ourla ses lèvres et ses beaux yeux bleus braqués sur moi me forcèrent à me mettre en marche pour ne pas perdre la face. Seigneur, celle-la je l'aurais pariée ... Simplement, jamais ne n'aurais parié qu'il s'assirait à la table de Simon.
Miles m'aperçut le premier et se redressa immédiatement, l'air prêt à bondir de sa chaise. Il s'était rasé depuis la dernière fois que je l'avais vu, main dans la main avec Gillian Fawley ... Le souvenir réduisit mon estomac à un amas d'émotions indistinctes et je me forçai à sourire pour dissiper cette gênante sensation.
-Salut. La nostalgie t'a aussi eue ?
-Je pense qu'aucun sorcier de Grande-Bretagne ne peut résister à voir Poudlard, même de loin, confirma-t-il avec un petit sourire. Tes cheveux ... ?
Je retins difficilement un soupir. Oui, mes cheveux étaient plus longs et c'était visiblement ce que tout le monde choisissait de retenir. Puis avec un certain malaise, je me souvins que Miles m'avait avoué un jour préférer cela à mes habituelles boucles courtes et je justifiai précipitamment :
-C'est pour le Quidditch ... Ils préfèrent que je puisse les attacher.
-Je vois. Bon, je vais vous laisser, je suis venu voir ma sœur ... (Il se leva, sembla hésiter avant de me sourire avec plus de simplicité). Mais je suis content de voir que tu vas bien. Enfin, sauf ça. Une chute ?
Il désigna mon bras que je gardais en écharpe par précaution et je sentis un petit sourire effleurer mes lèvres.
-Un cognard. Apparemment, ceux de Poudlard sont ensorcelés pour aller moins vite et nous faire moins mal, mais ceux des pros ...
-Rassurant. Bah ... Bon courage. Peut-être qu'un jour, je viendrais te voir jouer.
Il adressa un signe de tête à Simon puis s'en fut retrouver sa sœur. Epuisée, je me laissai aller contre ma chaise et lorgnai Simon qui sirotait sa bièraubeurre, les lèvres étirées en un léger sourire. Avant que je ne puisse l'interroger sur la présence de Miles à cette table, Susan reprit sa place, perplexe.
-C'était Miles ?
-Ouaip.
-Tu lui as parlé de Gillian ?
-Nop.
Je glissai un dernier regard sur Miles qui s'était éclipsé avec sa sœur et s'était adossé à un poteau, tournés de trois-quart, un verre à la main. Susan poussa un gros soupir en se laissant tomber sur sa chaise.
-En parlant de Gillian ... Tu sais que j'aimerais bien qu'Emily et Octavia reviennent ? Elles ont laissé vacant le trône des filles les plus populaires de l'école et certaine essaient plus ou moins de se l'octroyer ... Quoique le grand jeu en ce moment, c'est qui réussira à faire boire un filtre d'amour au célèbre Harry Potter ?
-Venu directement de Farce pour Sorcier Facétieux, je présume ?
-Je suppose. Mais ce n'est pas le pire. Le pire, c'est qu'on a une nouvelle petite reine qui constitue sa cour et se croit tout permis. Et ça m'inquiète. C'est Enoboria.
Simon cessa de boire sa bièraubeurre et sortit de sa rêverie pour jeter un regard incrédule à sa sœur.
-Enorboria ? Selwyn ?
-Elle-même en personne. Elle est en cinquième année et ... Je ne sais pas, je la trouve gênante. Je la croise assez souvent dans les couloirs, c'est une fille assez jolie mais elle ne ressemble pas du tout à ses frères et sœurs, elle ressemble plus aux Malefoy ... Et parfois je la surprends qui me regarde et elle me sourit ... Je te jure, elle me fait froid dans le dos.
-Elle t'a menacé ou ... ?
Susan claqua sa langue avec exaspération et ses iris s'embrasèrent.
-Mais non, enfin ! Et si elle me menace, je suis une grande fille, Sim', je saurais la gérer ! Je dis juste que c'est quelqu'un dont je me méfierais. Surtout quand je vois qui s'accroche à ses pas et aux pas de qui elle s'accroche ... Vous la verriez avec Drago Malefoy ...
Elle fit mine de vomir dans sa chope et pourtant ça ne m'arracha pas le moindre sourire. L'idée qu'elle puisse s'intéresser à quelqu'un de sa famille me donnait la nausée mais ce n'était pas surprenant lorsqu'on connaissait l'obsession pour la pureté du sang des deux familles ... Mais surtout, le père de Drago Malefoy était à présent à Azkaban à cause de ses activités de Mangemorts. Alors que la plus jeune sœur de Nestor s'intéresse à cette famille n'était pas de bon augure pour la mienne. Je détournai le regard pour que Simon et Susan ne voient pas le trouble dans mes yeux. Miles parlait toujours avec Felicity près du poteau, Katie Bell sortit des toilettes avec une pâleur et un regard vide qui tranchait avec le sourire dont elle m'avait gratifié en entrant et son amie parut rouspéter contre elle avant qu'elles ne sortent, suivis de Harry, Ron et Hermione. La jeune fille m'adressa un dernier signe de la main suivi et relia ses doigts au niveau de son cœur pour une dernière prière que capta Susan, qui tempêta aussitôt :
-Ah non ! Elle t'a demandé de venir à la fête ?
-A priori, elle s'ennuie ..., me justifiai-je vaguement.
-Et bien elle n'a qu'à forcer Harry ! Nous, on n'y va pas ! Et puis quoi encore ? Je refuse d'être prise dans la toile de ce vieux morse !
-Susan Antonia Bones, laissa échapper Simon, l'air faussement choqué. Mais enfin, depuis quand tu insultes des professeurs ?
-Oh je t'en prie, comme si on n'avait jamais insulté Ombrage !
Je pouffai face à cette joute verbale entre frère et sœur qui montrait à quel point la jeune fille avait pris confiance en elle – et à quel point ça prenait de court l'ensemble de sa famille. A partir de là, l'ambiance fut plus légère et Susan monopolisa la parole avec ses imitations de la voix caverneuse de Rogue en Défense contre les Forces du Mal et de McGonagall qui leur mettait la pression pour les ASPIC. La salle se vidait des élèves qui devaient rentrer à Poudlard avant que la nuit ne tombe et Susan surveillait l'heure sur sa toute nouvelle montre avec une certaine angoisse.
-Tu veux qu'on te raccompagne ? proposai-je avec douceur.
Je préférais le faire avant Simon, ce qui menacerait de braquer la jeune fille en quête d'indépendance. Susan observa la salle et son regard tomba sur le groupe de Serdaigle qui comprenait Anthony et qui se revêtait de leurs capes et écharpes. Ses joues rosirent légèrement.
-Non, je vais les suivre, ça va aller ...Oh ! (Elle se jeta dans les bras de son frère et posa un baiser sur sa joue). Portez-vous bien, d'accord ? Et continuez de m'envoyer des lettres, ça manque de ragot à Poudlard – quoique Lavande Brown aurait le béguin pour Ron Weasley ...
-Il n'est pas avec Hermione, lui ? s'étonna Simon avec l'ombre d'un sourire.
Susan haussa les épaules avant de m'enlacer à mon tour et de suivre le groupe de Serdaigle qui sortait des Trois Balais, à présent désertés et étrangement silencieux. Je vis les yeux de Simon se plisser lorsqu'Anthony invita Susan à passer devant lui en posant sa main au creux de son dos et je lui donnai un coup de coude.
-Arrête de jouer les grands frères protecteurs et laisse Susie-Jolie grandir.
Les yeux de Simon roulèrent dans ses orbites et il fit tourner son fond de bièraubeurre dans sa chope. Mon deuxième chocolat était lui fini depuis longtemps et je profitai du temps qui nous restait pour faire couler le bonnet orange entre mes doigts, faisant passer une phalange dans un trou ou effleurait le pompon à moitié décousu.
-Je peux te poser une question ?
Absorbé par mon examen, je n'avais pas remarqué que Simon s'était mis à m'observer et je croisais avec surprise son regard planté sur moi, songeur, hésitant. Je haussai les sourcils.
-Depuis quand tu demandes ?
-Je peux ou pas ?
-Oui, bien sûr.
-Pourquoi ça te dérange que Miles sorte avec Gillian ?
La question était si inattendue que je restai figée, un doigt stupidement passé à travers la laine orange. Jamais Simon ne me questionnait sur ma vie intime – et au contraire, il s'était mis à la fuir comme la peste, comme pour éviter que je retourne les interrogations qu'il pourrait avoir. Et au-delà, la question semblait générer une certaine appréhension de sa part, sans doute liée au sujet sur lequel il était sans doute le moins à l'aise au monde, mais qui restait surprenante de sa part.
-Euh ... Je ne dirais pas que ça te dérange mais ... Je ne sais pas. Ça ne t'a pas fait bizarre, toi, quand tu as su qu'Octavia avait une histoire avec Selwyn ?
Le tic qui agita les lèvres de Simon me fit comprendre que la conversation tournait exactement comme il le craignait – vers lui. Il haussa les épaules dans un geste qui se voulait nonchalant.
-Ce n'est pas pareil, ça faisait plus d'un an qu'on avait rompu et ... Je ne dirais pas que les deux sont comparables. Ce n'était pas du tout le même type de relation, je veux dire ...
Il s'interrompit une seconde, constata que je le fixai toujours dans l'attente de sa réponse et se résolut à poursuivre :
-Vicky, si je dois être parfaitement honnête, je n'ai jamais été attaché ... sentimentalement à Octavia. La quitter, ça ne m'a rien fait – c'est peut-être horrible de dire ça, mais c'est la vérité. C'est une fille géniale, bien sûr, très jolie, très intelligente mais ... je pense sincèrement que je n'ai jamais rien éprouvé pour elle. Dès le début j'en avais conscience, et j'ai quand même tenté le coup ... Je ne sais pas. Pour voir ? Expérimenter ? Mais je savais qu'au bout, ce serait un échec. Je pense que toi, c'était différent avec Miles. C'était une vraie histoire qui justifie que ça t'ait fait mal de le quitter ou que tu sois encore mélancolique de votre relation ...
-Je ne suis pas mélancolique.
Mon ton était plus sec que je l'aurais voulu et je l'adoucis d'un sourire que je n'eus pas de mal à sortir. C'était étrange de sourire face à cette discussion qui pourrait être gênante, mais je retenais plus volontiers pour que pour une fois, je n'avais pas à arracher des confidences à Simon mais qu'elles venaient naturellement à moi, comme les miennes à lui.
-Je ne suis pas mélancolique, je t'assure, poursuivis-je d'un ton plus tranquille. Ni jalouse si c'est ce que tu penses ... C'est vrai que j'étais attachée à Miles, mais pas amoureuse. Gillian c'est juste ... Bizarre. Je pense qu'il mérite quelqu'un de mieux qu'elle. (J'eus un petit rire). C'est idiot mais ... je m'attendais à être remplacé, mais pas par elle, quoi. Mais non, ce n'est pas lié à des regrets ou à une mélancolie si c'est le sens de ta question. Ça fait longtemps que je n'éprouve plus rien pour Miles.
-D'accord.
Il but une lampée de sa bièraubeurre, comme pour éviter de se replonger dans cette conversation – et c'était dommage, parce que j'avais réellement envie de la poursuivre. J'attendis patiemment qu'il cesse de boire en me fixait d'un œil malicieux qui devait le pousser à prolonger sa gorgée jusqu'à ce qu'il finisse par poser sa chop.
-Donc le problème ce n'est pas Miles. C'est Gillian ? demanda-t-il résolument.
Ses prunelles s'étaient mises à étinceler et je grimaçai devant la question, prise à mon propre jeu.
-Oui, pour faire court.
-Pourquoi ? Elle n'a vraiment rien de plus que toi, ce sera plutôt l'inverse ...
-Vraiment ? cinglai-je avec une certaine tristesse. Tu ne vois vraiment pas ce qu'elle a de plus que moi ?
Simon me considéra quelques secondes, impassible, avant de tenter avec l'esquisse d'un sourire :
-Quelques centimètres ?
Réprimant le sourire qui me venait spontanément, je tentai d'atteindre son tibias mais Simon, mu par l'habitude d'années de maltraitance de ma part, écarta les siennes souplement et mon pied alla s'écraser contre sa chaise. Il le repoussa du sien pour parer d'autres coups avec un éclat de rire.
-Oh, ça va Vicky ! Non, sérieux, tu es vexée parce que tu la trouves plus jolie que toi ?
-Même toi tu le dis, marmonnai-je en détournant les yeux.
-J'ai dit que tu la trouvais plus jolie, pas que c'était mon cas, rétorqua Simon. Elle est artificielle au possible, je suis même sûre que ses cheveux ne sont pas sa vraie couleur, elle n'était pas aussi blonde quand on était plus jeune ...
Je dressai les sourcils, surprise qu'il ait retenu ce genre de détails et Simon s'empourpra devant mon silence éloquent.
-Pas que je m'y sois intéressé, précisa-t-il rapidement. Laisse-tomber, mon cerveau est rempli d'information inutiles. Une grande partie te concerne, d'ailleurs. Et c'est Emily qui le soupçonnait. Bref, pourquoi on parle de ça, déjà ?
-Tu trouves Gillian artificielle.
Simon cligna des yeux.
-Et pourquoi on parle de ça ?
Je levai les yeux au ciel, amusée sans pour autant être rassurée par les mots de Simon. Ça n'enlevait pas cet étrange malaise, cette sensation qui ne m'avait plus prise depuis très longtemps. Que je n'étais pas assez jolie, que personne ne me regarderait. Miles m'avait regardé, avait effacé ces doutes semaines après semaines pour choisir ensuite une véritable femme.
-Oh. (La voix de Simon sonnait, stupéfaite). Oh, ça te contrarie vraiment ?
-Je sais, c'est idiot, soupirai-je en tournant ma cuillère dans le vide. Il y a des choses plus importantes que l'apparence.
-Non. Non, c'est pas ça. C'est juste ... Euh.
Il ne semblait soudainement plus très certain de vouloir poursuivre sa phrase mais je le fixai, interloquée. Sa tête oscilla doucement devant mon insistance et il finit par lâcher dans un soupir qui semblait lui être arraché :
-Vicky, tu n'es pas moins jolie que Gillian Fawley. Vraiment, enlève-toi cette idée de la tête.
C'était dit d'un ton très doux que je lui connaissais peu. Généralement, il était réservé à Susan ou à mes pires moments d'angoisses. C'était la voix de l'assurance mais aussi du peu de sagesse qu'il avait en lui. Et je ne sus si c'était le ton ou si c'était simplement lui qui parlait, mais j'accueillis ces mots comme la vérité qui souffla les doutes que l'arrivée de Gillian avait pu réveiller en moi. Un petit sourire effleura mes lèvres, gêné et de nouveau je me sentie idiote d'être ainsi vexée du choix de Miles. Simon me contemplait avec un air désabusé démentit par un léger sourire. Il ouvrit la bouche, sans doute prêt à se moquer, lorsque la porte des Trois Balais claqua contre le mur assez bruyamment. Un colosse apparut alors dans l'encadrement, enveloppé dans son manteau en peau de taupe et se dirigea immédiatement vers le comptoir qu'astiquait Madame Rosemerta.
-Un whisky Pur-Feu, s'il te plait. Double dose.
-Et bien, s'étonna la gérante. Qu'est-ce qui se passe, mon vieil Hagrid ?
Simon fronça les sourcils, surpris. J'avais été moi aussi frappée par l'air affligé du garde-chasse de Poudlard, assez pour avoir renoncé à le saluer à son entrée. Hagrid attendit d'avoir vidé d'un trait le verre généreux que lui avait servi Madame Rosemerta pour répondre :
-Une gamine ... Pauvre petite, Katie Bell ... Elle a été ensorcelée.
Mon cœur s'emballa et j'échangeait un regard épouvanté avec Simon. Un instant, je craignis pour la sécurité de Susan avant de me rappeler que Katie était partie bien avant elle des Trois Balais. Madame Rosemerta eut un mouvement de recul.
-Comment ça, ensorcelée ?
-J'sais pas. Sur le chemin du retour, elle s'est mise à flotter et à hurler ... (Il vida un autre verre, visiblement secoué). Horrible. Je l'ai confiée à Pompon mais je pense qu'ils l'enverront à Ste-Mangoust ... Nom d'un dragon, dire que Dumbledore avait réussi à tenir les ennuis loin de Poudlard ... Mais là, c'était clairement de la magie noire. Fais attention, Rosermeta.
Trop choquée pour parler, la gérante du pub se contenta de servir à Hagrid une troisième ration de Whisky Pur-Feu. Je portai une main à mes lèvres, secouée par la nouvelle. J'avais vu la jeune fille il y avait une heure à peine, sortant des toilettes ... Et comme un flash, je revis sa pâleur et son regard vide qui m'avait surpris compte tenu de sa bonne humeur habituelle et du sourire qu'elle m'avait servi en arrivant ... Je pivotai vers les toilettes, comme si je pouvais de nouveau voir Katie en sortir. Je mis une main sur le bras de Simon.
-Attends-moi, je reviens.
-Quoi ? Où est-ce que tu vas ?
-Où tu ne peux pas aller à ma place, Bones.
Sans attendre un quelconque trait d'esprit de sa part, je me glissai dans la salle à présent complétement déserté si on exceptait un groupe de joueur et Hagrid qui continuait de boire au bar. J'ouvris la porte des toilettes, le souffle court, et la baguette tenue fermement dans ma main valide. La pièce était miteuse, le sol poisseux et le seul miroir au-dessus de l'unique lavabo me renvoyait mon reflet flouté. Il était connu de tous les étudiants qu'il fallait éviter les toilettes des Trois Balais, bien moins confortables que ceux de Poudlard, aussi étaient-ils assez peu fréquentés. Ce n'était pas difficile d'y isoler un élève ... J'avançai dans la pièce, sans réellement savoir ce que je voulais y trouver. Un Mangemort caché derrière les maigres portes de bois qui laissaient peu d'intimité ? Par acquis de conscience, je fouillais les cabines puis revins dans la pièce principale. Sur le sol collant, l'unique torche éclairait une mornille que je ramassais, assez déçue. J'étais en train de l'examiner quand la porte s'ouvrit brusquement, me faisant me relever d'un bond.
-Madame Rosemerta, haletai-je, le cœur battant à tout rompre.
-Qu'est-ce que tu fiches là, miss ? me demanda-t-elle avec une certaine rudesse.
-Rien ... Juste ... (De façon pantoise, je lui montrai la mornille). J'ai trouvé ça à terre ...
Elle la prit des mains, la soupesa et la rangea prestement dans sa poche sans aucune vergogne. Avec Voldemort qui commençait à abattre son ombre sur toute l'Angleterre, les affaires devaient être assez mauvaise pour qu'elle ne laisse échapper la moindre noise.
-Merci. Maintenant, sors miss, je vais devoir nettoyer.
Je m'extirpai sans attendre mon reste, me sentant stupide d'avoir visité les toilettes sans en avoir les compétences. C'était Simon et ses talents de détections magiques qu'il aurait fallu envoyer mais comment justifier la présence d'un garçon dans les toilettes des filles ? Avant de rejoindre Simon, je me laissai allée contre un mur, complétement sonnée.
L'ombre de Voldemort venait d'atteindre les limites de Poudlard.
Voilàààà ! Bonne lecture à tous, et à la semaine prochaine pour le bonus de Simon !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro