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III - Chapitre 10 : Gunpowder, treason and plot

Je me suis demandée pendant quelques minutes "mais c'est bien cette semaine que je poste? T'es sûre de toi là  Perri?" 

Bon, on va dire que je suis sûre. BONSOIR TOUT LE MONDE ! 

Bon demain je fais de la route et ce week-end je serais occupée (Réunion avec l'Hyyyyydre ouiiii) donc vous avez le chapitre plus tôt ! D'AILLEURS EN PARLANT DE L'HYDRE, avis aux fans de Percy Jackson : annabethfan a posté le premier chapitre de sa fanfiction Les torches d'Hécate ! Au programme : la plus fascinante de toutes les déesses, du Solangelo, mon bébé Connor Alatir et la plume magnifique d'Anna ! Courrez-y ! 

Bon concernant la citation, elle n'a cette fois qu'un petit lien avec le chapitre mais je l'ai trouvée très jolie. Donc je vais arrêter de bavasser et vous laisser avec le chapitre - que vous attendez tant ... BONNE LECTURE ! 

Tiens, la citation s'est copiée sans italique. Espoir ...? Oh la la non. En fait c'est mon doc word qui doit avoir un problème. BOOOON. 

***

Nos ennemis peuvent couper toutes les fleurs, mais ils ne seront jamais maîtres du printemps.

- Pablo Naruda 

***

Chapitre 10 : Gunpowder, treason and plot.

J'étais rentrée furieuse chez moi. Pas parce que j'avais raté mon match, pas parce que Dalia m'avait passé un savon une fois Leonidas parti parce qu'elle avait senti l'odeur du tabac sur ma personne, mais parce que Simon prénom-ridicule Bones persistait à me cacher des choses, lui qui savait chaque aspect de ma misérable vie, même les moins avouables. Le 5 novembre, mes vers de Shakespeare préférés, décrivant parfaitement ma vision de l'amour, mon grand-père et les souvenirs douloureux qui allaient avec ... Il avait su, toujours tout su, et les rares fois où j'avais résisté, il me l'avait arraché.

Cette relation asymétrique me mettait hors de moi. J'avais pensé qu'on avait dépassé ça ce jour-là sur le pont où j'avais découvert tout ce pan de sa vie que je n'avais jamais soupçonné, où j'avais pris sa douleur à bras le corps pour être digne de partager ce secret. A partir de ce moment-là, je m'étais inconsciemment donné pour mission de le guérir de son amnésie, d'extraire le poison de la plaie, puisque sa famille semblait trop soucieuse de son bonheur apparent pour le faire. Alors qu'il me cache que sa tante cherchait à le rencontrer ... Ce n'était peut-être rien. C'était un détail, une anecdote sur l'intimité de Simon, mais il s'ajoutait à tout le reste. Une petite voix en moi me répétait que c'était sans doute pour ça qu'il ne m'avait rien dit. Qu'il avait craint ma réaction, que je ne le force à voir sa tante alors que la situation l'effrayait. Et ça ne faisait qu'attiser ma colère, sans savoir si elle était dirigée contre moi ou contre lui.

Toujours était-il que le jour fatidique où arriva la rencontre avec Thalia et Julius Selwyn, j'étais une outre pleine, prête à déborder à la moindre goute. J'avais évité Simon durant ces quelques jours, me plongeant dans mes recherches avec Octavia ou passant mes nerfs sur les souafles. La seule fois où je fus obligée de communiquer fut la scène d'entrainement de l'Ordre, mais cette fois ce fut moi qui affrontais Remus Lupin en combat singulier. Les duels furent harassants mais purgateur et je rougis de plaisir lorsque mon ancien professeur m'avoua à mi-mots que j'étais la mieux prédisposée en terme de duel. Je n'étais pas aussi puissante que Simon, ni aussi inventive que les jumeaux, mais j'étais agile, précise et réaliste. Il commençait à nous parler des entretiens qu'ils nous feraient passer pour déterminer si nous étions prêts à œuvrer pour l'Ordre. Les jumeaux bouillonnaient : ils trouvaient ça injuste d'être ainsi mis à l'écart de l'action alors que la veille, une nouvelle famille de moldue avait été tuée au Pays de Galles. Et je voyais dans le regard désabusé de Lupin que leur impatience était précisément la raison pour laquelle ils patientaient encore.

-Bon sang, Alex, ce n'est qu'une cravate !

-Et pourquoi je ne peux pas rester ? Les parents de celui qui a voulu tuer mes petits-enfants va se trouver dans notre salon et tu veux que je reparte ?!

-Oui, papa, je te demande de partir ! Justement parce que tu es comme ça !

-Alexandre Benedict Miroslav, mets cette cravate sinon je te la jure que j'use de ma baguette !

-Comment oses-tu menacer un pauvre sans magique comme moi avec ta magie ?

-Tu es un « pauvre moldu » seulement quand ça t'arrange, Alex !

-Leur fils a mis Victoria sur un bûcher !

-Monsieur Liszka, Marian a raison ... Je pense que Julius Selwyn se sentira menacé par votre présence et ...

-Mais c'est bien ce que j'espère, Bones !

Enfermée dans ma chambre, je tentai de faire abstraction de la tempête qui agitait ma maison à en faire trembler les murs. Dans la pièce d'à côté, Melania mettait toute son énergie à rendre mon frère présentable aux yeux de ses parents et en bas, ma mère et George Bones tentaient d'apaiser les inquiétudes de mon grand-père pendant que mon père et Rose s'activaient aux fourneaux. C'était un véritable branlebas de combat qui s'organisait et j'étais trop épuisée moralement pour tenter de calmer le jeu. J'avais peur d'exploser et je préférais consacrer mon énergie à me calmer. J'avais ensorcelé des brouillons qui volaient à présent, pliés en forme d'oiseau et de papillons, agitant leurs ailes blanches noircie de mon écriture en cercle concentrique au-dessus de mon lit. J'observai leur vol, allongée, les bras en croix. Pour l'occasion, Rose m'avait prêté l'une des anciennes robes de sorcières de Caroline, plus sophistiquées que celles que je portais d'habitude mais je me sentais comme une gourde dedans. Caroline avait toujours été plus grande que moi, avec des formes plus généreuses et les ajustements de Rose n'avait en rien enlevé l'impression d'être engloutie dans une masse de tissus. Quelques coups furent frappés à ma porte, qui s'entrouvrit dans la foulée.

-Je peux me réfugier ici ? C'est de la folie en bas.

Simon. Une bouffée de colère remonta dans ma poitrine et je l'étouffai en gardant ma concentration bien fixée sur les volatiles en papier.

-Vas-y.

J'entendis la porte se refermer derrière lui, puis le matelas s'affaisser lorsqu'il s'installa en tailleur sur mon lit. Je tentai un coup d'œil. Il s'était nonchalamment adossé au mur et lisait la quatrième de couverture du livre que j'avais jeté sur l'oreiller. Les angoisses du mois d'août et de la rentrée étaient passées, broyée par le rythme quotidien qui s'était épris de sa vie. Les journées à l'IRIS étaient longues et je savais que comme moi avec le Quidditch, son égo et sa foi en ses capacités en avaient pris un petit coup. Et comme à chaque fois que son orgueil était touché, Simon s'était mis à travailler et c'était sans doute pour cela qu'il avait été si facile pour moi de le semer ces derniers jours. Il dut sentir mon regard sur lui car il releva les yeux du livre. Je levai immédiatement les miens sur les oiseaux de papier.

-Mon grand-père s'est résigné à partir ? demandai-je plutôt d'une voix que j'espérais neutre.

-Je pense que ta mère ne lui laissera pas le choix ... Les Selwyn arrivent dans dix minutes et on n'a pas demandé à Melania de la fermer sur son identité pour qu'il se trahisse comme ça ... Moins ils en savent sur ta famille, mieux c'est, non ?

-Ça, c'est sûr ...

Je donnai un coup de baguette en direction du papillon. Ses ailes froufroutèrent et il décrivit un arc de cercle gracieux avant d'exécuter quelques boucles. Puis l'un de mes oiseaux heurta le papillon, abîmant son aile dans la collision. Je me redressai brusquement sur mes coudes et dardai un regard agacé sur Simon. Il avait sorti sa baguette d'acacia et m'adressa un sourire moqueur qui me donna encore de casser son grand nez d'un coup de poing.

-Tu as abîmé mon papillon !

-Vigilance constante, Vicky. Je ne savais même pas que tu savais ensorceler des parchemins comme ça ...

Je ne savais pas ... Je me redressai définitivement, et balançai mes jambes dans le vide, inspirant brusquement. Il fallait que lui parle de Lysandra, ne serait-ce que pour respecter la parole que j'avais donné à Leonidas Grims. Mais ce n'était certainement pas le moment.

-Comme quoi, il y a des choses que tu ignores toujours ...

Simon essuya un petit rire derrière moi, un petit rire qui me mit davantage les nerfs à fleurs de peau. D'un coup de baguette un peu raide, j'interrompis le vol de tous mes oiseaux de papiers qui tournoyèrent, aspirés par la gravité. L'un d'entre eux atterrit sur la tête de Simon et il était en train de l'observer quand je lâchai :

-Je vais descendre, convaincre mon grand-père de partir ... Tu peux continuer à te planquer, si tu veux ...

Le mot répandit un goût de cendre dans ma bouche et je portais mes doigts à mes lèvres. Je détestai ce tourbillon de colère qui ne faisaient que s'attiser et bouillonner depuis quelques jours. Elle atteignait aujourd'hui son paroxysme parce qu'elle était conjuguée à la nervosité de la rencontre qui se jouait et je tentais de mettre cette spirale de négativité sur son compte, tout en sachant que je me fourvoyais. Je me levai et ma main eut à peine le temps de se poser sur ma poignée que la voix de Simon m'interrompit net.

-Vicky, attends.

Ma main se crispa sur la poignée. « Tu sais que je déteste qu'on m'appelle comme ça ... ». « Ça dépend qui. ». Chloé avait raison, Simon jouissait d'une impunité surprenante compte tenu de ma détestation de ce surnom. La faute à sa ténacité à me faire enrager. J'avais fini par oublier à quel point j'avais haï ces deux syllabes qui sonnaient si mal à mes oreilles, uniquement quand c'était lui qui les prononçait.

Je me refusai à me retourner me contentai de lâcher du bout des lèvres :

-Quoi ?

J'entendis Simon soupirer derrière moi et le froissement délicat d'un de mes parchemins.

-Merci de me conforter dans mon impression ...

-Quelle impression ?

-Que tu m'en veux. Et très honnêtement, je ne comprends pas pourquoi.

Je m'autorisai un coup d'œil en arrière. Simon était assis en tailleurs sur mon lit, ses longs doigts lissant un parchemin issu de l'un de mes oiseaux en un geste compulsif.

-Un peu comme la fois où tu as reçu le premier message de Kamila et que tu as cru que c'était moi, continua-t-il sans me regarder. Je te jure, je suis encore blessé que tu aies pensé que j'aie pu faire une chose pareille ... Alors là, je ne vois pas quelle faute imaginaire j'ai encore faite, mais j'aimerais bien le savoir. Je te connais, Vicky et je vois bien que tu es furieuse. Et je vois bien que c'est contre moi.

Je ne cherchai pas à nier : je n'avais rien fait pour cacher ma colère, espérant que son accaparement par l'IRIS et le stresse dû à la rencontre en masque la véritable raison. Malheureusement, j'avais oublié à quel point je pouvais être transparente pour lui. Autant que je sois transparente avec lui. J'hésitai un instant, alors que les disputes à l'étage et au rez-de-chaussée s'envenimaient. La maison pouvait bien accepter quelques cris de plus ...

-Tu n'aurais pas quelque chose à me dire ?

Simon se raidit, assez pour attiser mon ressentiment. Lentement ses yeux se détachèrent des notes qui parcouraient le parchemin pour se poser sur moi.

-Euh ... De quelle nature ?

-Bon sang, Bones ! éclatai-je enfin. Il me semblait qu'on était d'accord pour en finir avec ça ?!

-Avec quoi ? demanda-t-il d'un ton presque apeuré.

-Les omissions ! Toi qui persistes à me cacher absolument tous les pans de ta vie, après tout ce que j'ai fait, après t'avoir porté à bout de bras l'année dernière, après tout le chemin qu'on a fait ensemble ! Comment tu oses encore me cacher des choses, Simon ... ?

Je me mordis la lèvre au dernier moment. La tirade aurait mérité que je prononce son nom au complet ... Sauf que cela aussi échappait à ma connaissance. Simon papillonna des yeux, l'air si déconcerté que ma colère monta en flèche et je poussai un cri de rage en me détournant. Si je continuai de le contempler, lui et son grand nez, je risquai de céder à mes plus bas instincts et de me jeter dessus toute griffe dehors.

-Alors là, je suis perdu.

-Bones, je vais t'arracher les yeux !

-Mais pourquoi ? s'agaça-t-il en écrasant mon parchemin dans son poing. Sérieusement, Vicky ...

-Arrête de m'appeler comme ça !

La phrase m'avait échappée, venue des profondeurs de l'enfant que j'étais encore un peu dans l'écrin de Terre-en-Landes et dont les deux syllabes hérissaient chaque centimètre de peau. Les prunelles de Simon étincelèrent, mais pas de malice qui les habitaient d'habitude. Il semblait presque blessé par mon éclat.

-Vraiment ? Ça fait au moins trois ans que je t'appelle comme ça sans que tu t'énerves, et soudainement ça recommence ?

-J'ai toujours détesté ce surnom ...

-Et c'est précisément pour ça que je t'appelle comme ça, me coupa Simon avec un sourire tordu. Et c'est justement parce que c'est moi que tu l'acceptes. Je suis la seule personne autorisée à te faire du mal, Vicky.

Je le contemplai, soufflée par cette vérité qui m'était jetée crument au visage. Il avait raison. J'acceptais tout, même le pire de lui, avec bien plus de bienveillance que pour n'importe qui dans ce bas monde. La violence entre nous avait été banalisée, se faire violence l'un l'autre était devenu normal, notre moyen de nous faire avancer face aux épreuves.

-Ce n'est pas le sujet, contrai-je néanmoins d'une voix plus calme.

-En fait, ça l'est un peu. Parce que l'inverse est vrai, Vicky : tu es la seule personne que j'autorise à me faire du mal. Comme sur le pont, comme chaque fois que tu me forçais à admettre que Cassie et Edgar sont mes parents ... Comme m'obliger à inviter Kamila au bal, maintenant que j'y pense.

Je retins le sourire qui me venait aux lèvres. J'avais oublié cette histoire ... Mon expression dût se radoucir parce que Simon parut plus serein quand il acheva, les yeux rivés sur le parchemin qu'il émiettait consciencieusement :

-Tout ça pour dire ... C'est justement parce que j'accepte que tu me fasses du mal que tu es la personne qui en sait le plus sur moi. Alors peut-être que pour toi ce n'est pas évident, justement parce que ... je t'ai longtemps caché un gros morceau de ma vie. Mais ça n'empêche pas que même sans ça, tu restes celle à qui je m'ouvre le plus, à qui je dis le plus de chose. Crois-moi, ce qui s'est passé sur le pont, ça m'a servi de leçon : je ne peux pas t'échapper, Vicky. Alors non, je ne te cache rien.

Au fil des mots, j'avais senti ma colère fondre jusqu'à devenir une boule chaude, étrange et douloureuse au creux de mon estomac. J'y croisai les doigts dans l'espoir d'y atténuer la sensation presque physique mais au même moment, mes joues s'étaient empourprées. Je mis ça sur le compte de la honte et de la gêne. Parce que je le croyais : Simon Bones n'était pas du genre à me faire une telle déclaration simplement pour dissimuler Lysandra Grims. Sans me regarder, il continua de morceler le morceau de parchemin donc les chiquettes tombaient sur ses genoux et un silence assez gênant s'installa entre nous. Il fut le premier à le briser, les sourcils froncés :

-Mais maintenant .... J'aimerais bien que tu m'expliques quand même.

-Euh ... Oh. Oh.

J'étais si étourdie par la déferlante de chaleur et par l'embarras que j'avais oublié de réfléchir aux implications de l'aveu de Simon. Il ne savait rien concernant Lysandra Grims, pourtant d'après Leonidas, ses tentatives pour voir son neveu s'étaient soldées par un échec. Lentement, je m'assis à côté de lui sur mon lit, perplexe.

-Euh ... ça risque de ne pas être agréable, comme conversation.

-C'est déjà le cas, tu sais, ricana-t-il en haussant les épaules. Vas-y, je t'écoute et tu as intérêt à être convaincante.

Mes lèvres se tordirent et la boule dans mon estomac fut chauffée à blanc. Ma fureur des derniers jours me semblaient soudainement injuste et puérile et je préférais me concentrer sur l'histoire pour ignorer cette désagréable sensation :

-Le président de mon club. Il s'appelle Leonidas Grims ...

J'attendis quelques secondes, mais le nom ne parut rien évoquer à Simon, qui poursuivit son déchiquetage de parchemin sans lever les yeux de sa tâche. Je pris une grande inspiration pour continuer :

-Il ... il est venu me voir. Au nom de sa femme.

-De sa femme ?

-Oui. Elle s'appelle Lysandra ...

Les doigts de Simon se figèrent sur le morceau de parchemin et son visage se vida de toute expression. Profitant de son mutisme et de sa stupeur, j'en profitai pour résumer toute la conversation avec Leonidas Grims : ils étaient revenus depuis un an en Angleterre, un an durant lesquels ils avaient tenté de revoir Simon sans y parvenir. Caché dans mon dictionnaire de rune, je pris les photos que le président m'avait laissé et Simon et les parcourut, presque choqué par la nouvelle. Il les parcourait, incapable de prononcer le moindre mot, faisant défiler sa propre vie sous ses yeux.

-J'étais sur beaucoup de photos, moldues comme sorcière, achevai-je d'expliquer d'une voix douce. Alors quand on s'est rencontré, il m'a reconnu et ... s'est dit que je pouvais être un lien plus direct avec toi.

-Je me souviens d'elle, souffla Simon, comme s'il ne m'avait pas entendu. Lysa ... Elle avait des cheveux noirs ... et elle lui ressemblait ...

Il baissa les photos pour fixer le mur d'en face. Le choc passé, trop d'émotion s'étaient mises à parcourir les traits de Simon, trop pour que je puisse les identifier. Nostalgie, douleur, colère : toutes ces émotions qui restaient en embuscade dans sa poitrine, prête à surgir du gouffre auquel appartenait sa famille.

-C'était la marraine de Spencer, je crois ... Mais ... J'ai interrogé ma mère il y a de quoi ... Deux mois de ça ? En rentrant de vacance ... J'ai regardé un vieil album photo, il y avait des photos de mariage ...

Mon cœur se serra presque autant qu'il s'emplisse de fierté. Quand je pensais à l'état dans lequel s'était mis Simon à cause de ce traumatisme, qu'il aille de lui-même parcourir les albums était une grande victoire, un signe que le processus de guérison était en cours. Les doigts de Simon se crispèrent sur les photos.

-Mais quand j'ai demandé à ma mère ce qui était advenu d'elle, elle m'a dit qu'elle était partie aux Etats-Unis avec son mari ... Est-ce que tu crois qu'elle sait ... ?

-Je n'en sais rien, le coupai-je immédiatement. Je ne sais pas du tout, je n'y ai pas réfléchi ... Pour moi, c'était toi qui bloquais la rencontre et ça n'aurait pas été surprenant, ajoutai-je alors qu'il tournait un regard outré sur moi. Ils sont revenus il y a un an, Simon, souviens-toi du niveau auquel tu étais, il y a un an.

-Mais ça va mieux depuis quelques semaines, protesta-t-il, un brin vexé. Vicky, si comme ton président te l'a dit ils ont tenté de me voir, ils ont bien dû parler à quelqu'un. La personne qui leur a envoyé ça.

Il leva les photos avant de brusquement les lâcher et elles s'éparpillèrent sur mon lit avec mes oiseaux de note.

-J'en ai reconnu certaines, ce sont mes parents qui les ont prises.

-Peut-être que tes parents ont voulu te protéger, Simon. Peut-être qu'ils n'ont pas vu le chemin que tu avais fait depuis quelques semaines ...

-Ils n'ont pas à décider à ma place !

-Bon sang, Simon. Tu aurais accepté ? Ta mère serait venue te voir, disons, ne serait-ce que cet été pour te dire que ta tante – qui visiblement ressemble fort à ta mère – veut te voir, est-ce que tu aurais accepté ?

Son silence furieux me donna ma réponse. J'ignorais s'il aurait réellement refusé, mais il n'aurait pas accepté sans un long combat – que j'aurais sans doute dû mener. La boule dans mon estomac chauffa et diffusa une chaleur dans mon ventre. Seigneur, il avait raison : j'étais la seule personne capable de lui faire du mal. J'eus soudainement une sensation d'étouffement et une envie de quitter cette chambre – avant de me rappeler ce qui m'attendait à l'extérieur. Quelle idée d'aborder ce sujet maintenant.

-Ecoute, je vais aller en bas, virer mon grand-père avant que les Selwyn n'arrivent, décidai-je alors. Toi, essaie de te calmer et de ne pas aller régler tes comptes avec tes parents ce soir. Ça peut attendre que les Selwyn s'en aillent ...

Les épaules de Simon s'affaissèrent et il se frotta le visage avec une certaine résignation avant d'hocher la tête en signe d'assentiment. Soulagée, je passai une main d'encouragement dans son dos et me levai, prête à entrer dans une autre arène. Mais une nouvelle fois, la voix de Simon m'interrompit net.

-Vicky ? Tu étais vraiment en colère contre moi parce que tu pensais que je ne t'avais pas dit que ma tante cherchait à me voir ?

J'eus un pauvre sourire en pivotant vers lui.

-C'est vrai que c'était un peu idiot. Désolée.

-Le mot que j'avais en tête, c'est disproportionné.

-C'est parce que ça te concernait. Je réagis toujours de manière disproportionnée avec toi.

Les yeux de Simon papillonnèrent et la boule dans mon ventre surchauffa de façon si douloureuse que je décidai de ne pas m'attarder et de claquer la porte derrière moi. Pourtant, la sensation disparue d'elle-même lorsque je descendis de l'escalier et que j'eus la vision de ma mère et de mon grand-père, presque nez à nez malgré leur quinzaine de centimètre de différence, toujours à se vociférer dessus. Observant la scène sans savoir que faire, George me jeta un regard suppliant. Je poussai un soupir de résignation et descendis l'escalier avec l'impression de quitter une arène pour une autre.

-Papy, bon sang ! Je pensais qu'on s'était mis d'accord, tu rentres chez toi !

-Mais tu ne vas pas t'y mettre ! s'écria-t-il avec un grand geste du bras. Enfin perelko ...

-Tu laisses mamy toute seule pendant une soirée, c'est ça que j'entends ? Imagine que Nestor ait fait des recherches sur ma famille et en profite ... !

L'argument parut couper court à toutes les protestations de mon grand-père, qui parut s'étrangler avec. Ses prunelles claires me lancèrent un regard furieux avant qu'il ne croise ses bras sur sa poitrine. Evidemment qu'il ne laisserait jamais ma grand-mère seule face à un danger potentiel.

-Je te veux demain chez moi pour un compte-rendu détaillé, exigea-t-il en guise de compensation. Voire ce soir même.

-C'est hors de question, elle ne découche pas, refusa ma mère. Mais promis je la réveille aux aurores demain et je te l'envoie. C'est bon ?

Miro maugréa quelques mots en polonais et ma mère leva les yeux au ciel – elle avait assez entendu ses parents pour maîtriser les fondamentaux de la langue. Bon gré, mal gré, il finit par quitter la maison et ma mère attendit que sa voiture ait disparu de son champ de vision pour rentrer. Elle lissa les pans de sa jupe et rajusta le chemisier qu'elle avait passé, l'air épuisée.

-Combien on parie qu'il est allé se planquer quelque part pour nous espionner ?

-Du moment qu'il n'intervient pas, marmonna George.

Il était visiblement soulagé que mon grand-père soit parti. Il le connaissait de vue depuis l'enfance puisque Miro et Jaga avaient habité cette maison avant de la céder à mes parents pour leur mariage et je soupçonnais qu'en un sens, Miro avait toujours quelque peu effrayé George Bones.

Et visiblement, il avait choisi le moment idéal pour s'éclipser. Car au moment où George prononçait cette phrase, la sonnette retentit dans la maison.

Le temps parut alors s'arrêter. A l'étage, les cris de Melania et Alexandre s'étouffèrent et dans la cuisine ne subsistaient que les bouillonnements du ragoût. J'échangeai un regard nerveux avec George et ma mère, mais aucun de nous trois ne daignèrent amorcer un mouvement pour ouvrir. Il fallut que Melania en personne, vêtue de sa plus belle robe de sorcière d'un mauve profond, suivit d'un Simon monté sur ressorts, descendent en trombe des escaliers pour le temps reprenne son cours. Melania passa une main sur son chignon impeccable et demanda silencieusement la permission d'accueillir les hôtes. Ma mère le lui accorda en fuyant dans le salon et George la suivit. Je restai seule avec ma future belle-sœur quand elle ouvrit la porte à un homme grand et chauve, au regard bleu et délavé. A côté de lui, Ulysse Selwyn paraissait contenir son amusement. Enfin, un peu en retrait se tenait une femme glaciale aux cheveux d'un blonds presque blanc et au menton pointu. Son regard gris se fixa presque aussitôt sur moi et flamboya assez pour que je détourne les yeux, intimidée.

Evidemment. Tout ce que je lisais dans ce regard, c'était qu'elle découvrait enfin la sorcière qui avait brûlé le visage de son fils.

-Père, mère, les accueillit Melania avec un sourire crispé. Bienvenus chez les Bennett.

***

Ce n'est pas aussi terrible que je le pensais ... pas aussi terrible ...

C'était ce que je me répétais à chaque étape, où, suprêmement, tout ce se passait bien et en bonne courtoisie. Les présentations se firent par le biais de Melania avec des sourires qui paraissaient presque vrais et des poignées de main cordiales et l'apéritif ne fut tâché que par la remarque d'Ulysse sur la petite taille de notre salon – qui lui valut un regard si noir de Simon qu'il s'abstient d'autres commentaires, sans doute de peur de prendre un sort. Julius Selwyn monopolisait la parole dans sa famille et était un homme poli malgré sa distance. Sa culture sur le monde moldu me surprit énormément puisqu'il interrogea mes parents sur les élections municipales qui s'étaient déroulées en décembre ainsi que la politique européenne de monnaie unique qui commençait à poindre – chose que j'ignorais totalement. Les anglais allaient vraiment renoncer à la livre-sterling ?

-Certainement pas, répondit alors ma mère d'un ton cassant.

Nous étions tous attablés autour du repas fastueux concocté par mon père et sur lequel, visiblement, Thalia Selwyn qui s'était pourtant fendue à chaque étape d'une remarque salée, n'avait rien à redire. Ses yeux froids parcouraient la table à la recherche d'un détail sur lequel rebondir, exactement comme pouvait le faire ma grand-mère Anne quand elle voulait acculer ma mère. Rien d'insurmontable, donc.

Ce n'est pas aussi terrible que je le pensais ...

Non, le plus terrible, c'était d'être assis à côté de Simon – remarquablement courtois et discret, il fallait le dire – et d'être de temps à autre assaillie par cette bouffée d'embarras qui persistait.

-Le Royaume-Uni tient à son indépendance et à sa spécificité, reprit ma mère avec une certaine fierté dans la voix. Par ailleurs, notre monnaie est forte, je ne vois pas pourquoi nous irons nous convertir à cette unique monnaie européenne qui en plus nous aliénerait à Bruxelles.

Un fin sourire ourla les lèvres de Julius Selwyn et il passa les mains dans sa barbe soigneusement taillée. La lueur d'appréciation dans son regard me rappela une phrase que Miles avait prononcé concernant Ulysse. Les Selwyn reconnaissaient l'intelligence et visiblement, le patriarche appréciait celle de Marian Bennett.

-J'avoue qu'un changement de monnaie n'arrangerait en rien mes affaires, mais je ne suis également assez mal à l'aise avec l'idée de devoir jongler entre deux monnaies différentes ... Nous avons des intérêts partout en Europe.

-Nous aurons le temps de nous préparer, je pense, le Conseil ne prévoie pas d'introduire cette monnaie avant le début des années 2000, intervint Melania.

Elle était l'unique à être parfaitement à l'aise, discutant à la fois avec mes parents et les siens, puis se tournant vers les Bones sans oublier Alexandre à côté d'elle. On reconnaissait là toute l'éducation de femme du monde qu'elle avait reçu et qui semblait rendre mon frère admiratif. A défaut d'être parfaitement détendu, il ne paraissait pas intimidé ni impressionné et sa chemise lui donnait une belle allure. Il ne s'était pas démonté lorsque Julius Selwyn l'avait interrogé sur son métier ou ses perspectives d'avenir ou lorsque Thalia avait fait remarquer que ses cheveux ne tenaient pas en place et j'avais bien là reconnu mon frère dans tout son flegme. Les Selwyn l'accepteraient ou ne l'accepteraient pas : lui ne changerait pas. Et cela faisait naître un sourire fier sur mes lèvres.

-Laissons là les affaires, nous ne sommes pas là pour cela, rappela Ulysse, assis de l'autre côté de sa sœur. Votre vin est excellent, monsieur Bennett.

Il leva sa coupe vers mon père en un geste élégant et le sourire que lui servit mon père en retour me fit lever les yeux au ciel. J'avais renoncé à raconter à ma famille à quel point ce garçon avait pu gâcher la scolarité pour ne pas envenimer la situation, mais son air de perpétuel amusement me donnait envie de revenir sur ma décision.

-Un breuvage que je ne connaissais pas, je vous avoue que chez nous sommes plutôt adeptes d'un bon hydromel vieilli en fût ... Nous vous en ramènerons, la prochaine fois, c'est délicieux.

-La prochaine fois ? répétai-je, suspicieuse.

Je regrettai d'avoir ouvert la bouche car les yeux de tous les Selwyn se braquèrent sur moi et je sentis Simon se tendre à mes côtés. Je m'efforçai d'être discrète car j'avais l'impression de voir en chacun de leur regard les étincelles du 5 novembre et les terribles cicatrices qui défiguraient à présent Nestor. Peu importe les agissements de celui-ci, je doutais que ses parents me pardonnent réellement ce sévisse. Particulièrement sa mère, dont je sentais le poids du regard depuis le début.

-Mais oui Bennett, je suppose qu'il y aura une prochaine fois, ce dîner est si charmant, poursuivit Ulysse avec un amusement contenu. Peut-être sans chaperon, cette fois. Monsieur Bones, je suis sûr que vous devez être débordé par ce qui se passe au Mangenmagot en ce moment ...

-Ah oui, enchérit Julius en croisant ses longs doigts. La loi sur la sécurité des sorciers ... Elle avance ?

George mastiqua lentement sa viande, ses yeux verts braqués sur Ulysse. Il finit par faire passer sa bouchée avec une gorgée de vin et répondit :

-Je ne peux pas parler des délibérations en cours. Tout ce que je peux vous dire, c'est que c'est laborieux. Srimegeour tient à ses amendements.

-Ah, il n'a certainement pas la souplesse qu'avait Fudge ...

-Et comme elle doit vous manquer, persiffla Simon à voix basse.

Je lui écrasai le pied – sans doute trop fort car il écrasa le mien en retour. En face de nous, Rose parut comprendre parfaitement ce qui se passait et nous fusilla du regard. Je retins un soupir en me rendant compte que Simon le lui rendait parfaitement.

-Il y a eu d'autres arrestations, non ? s'enquit-t-elle sans nous lâcher des yeux. Je l'ai lu ...

-Si tu considères Stan Rocade comme une arrestation, ricana George. Je serais satisfait le jour où se sera le nom de Bellatrix Lestrange qui sortira. Pour l'instant, ce que je vois, c'est que la liste des morts d'allongent.

-Oh, ce sont beaucoup de moldus en ce moment, commenta Thalia Selwyn d'un ton neutre. Pas de quoi s'inquiéter ...

L'air devint soudainement irrespirable, chargé d'électricité qu'une simple étincelle pouvait faire exploser. Chacun fixa Thalia Selwyn, retenant un flot de parole ou de sorts qui nous venait en tête et chacun préféra se taire. Ma mère commença à récupérer les assiettes, mais je me levai d'un bond pour la suppléer, sautant sur l'occasion de quitter la table. J'étouffai dans cette salle, entre Simon à côté de moi et le regard de Thalia Selwyn qui ne me quittait peu et dans lequel j'entrapercevais les étincelles du cinq novembre. Je commençais par ramasser les assiettes à la main puis perçus le regard moqueur d'Ulysse Selwyn près de moi. Mes yeux se plissèrent et je sortis ma baguette pour ramener à moi toute la vaisselle qui s'empila parfaitement sur la table. Si ma mère ne put retenir un sursaut de surprise, mon père eut la décence de me remercier.

-Mieux, Bennett, me souffla Ulysse alors que je faisais léviter mon fardeau. Tu as besoin d'aide peut-être ?

-Non, merci. Reste et étouffe-toi le vin.

Je m'enfuis vers la cuisine, les assiettes et plats flottant derrière moi. Je m'adossais au mur, à bout de souffle, consciente de la tension qui m'habitait. Puis la porte s'ouvrit et je me remis en mouvement et donnai un coup de baguette qui envoya la vaisselle dans l'évier.

-Il semblerait qu'un plat vous ait échappé ...

Je fis volte-face pour voir Julius Selwyn entrer, la saucière dans les mains et un sourire courtois aux lèvres. Sa vie me figea. Il ressemblait à Nestor, à ce que Nestor aurait pu être s'il n'avait pas été défiguré. Lentement, je fis l'effort de récupérer la saucière. Il ne la lâcha pas et son regard clair me dévisagea. Je tirai sur le plat.

-Je vous remercie.

-Vous êtes nerveuse, remarqua Julius sans défaire sa prise. Ça se comprend. Vous avez défiguré mon fils.

Sa voix était très calme, le ton loin d'être accusateur et pourtant mon sang ne fit qu'un tour. J'arrachai la saucière à ses mains et m'en retournai vers l'évier.

-C'était un accident, me justifiai-je néanmoins. Il menaçait de me brûler.

-Oh mais je ne le nie pas. Tous ce qu'il s'est passé est entièrement de sa faute, et s'il doit trouver un coupable, il doit se regarder dans une glace. Mais voyez-vous, depuis qu'il est défiguré, la chose est devenue relativement compliquée ... Oh, ne me faites pas ses yeux là, ajouta-t-il tranquillement alors que je le contemplai, estomaquée. Je ne vous en veux pas, vous étiez jeune ... Nestor avait besoin d'apprendre l'humilité. Les leçons de la vie sont les plus dures et vous m'avez dispensé de celle-ci. De plus, il aurait lamentablement ruiné mes affaires en un an avec son incompétence ... Je vous en remercierais presque de l'avoir écarté de la ligne de succession.

Je le dévisageai, incrédule. Et soudainement je la vis, cette dureté derrière le sourire courtois et les mots polis. Cet homme visait l'excellence et son fils en était loin. Pas l'héritier rêvé, contrairement à Melania et Ulysse qui répondaient plus à ses exigences. Un nouveau sourire cassa son visage de fer.

-Tout cela pour vous dire de vous détendre, Victoria. Ce ne sera pas moi qui porterai le blâme de ce qui s'est passé sur vous et je ne vous demanderais jamais réparation. Laissons ce regrettable incident rester au passé auquel il appartient et concentrons-nous plutôt sur notre avenir, vous le voulez bien ?

Il me tendit une main qui se voulait amicale et que je contemplai sans esquisser un mouvement.

-Nestor fait parti de cet avenir, rétorquai-je calmement sans lâcher la main tendue du regard. Vous en avez conscience ? S'il n'a pas oublié toutes ses années, ce n'est pas maintenant qu'il le fera. Il nous fera payer, à moi, votre fille, ma famille ... Vous le savez ?

La main de Julius se retira quelque peu et un éclair de contrariété traversa le visage du patriarche de la famille Selwyn. Un instant, sa ressemblance avec son aîné s'accentua assez pour que j'en sois troublée.

-Nestor n'aura jamais le cran de s'attaquer à vous ou à sa sœur.

-Il l'a déjà fait. Il y a deux mois ...

-Et vous l'avez vaincu, il me semble, répliqua Julius avec une pointe d'impatience. Ce qui me dit deux choses, Victoria Bennett : premièrement, vous n'êtes pas une sorcière à prendre à la légère. Secondement, il ne recommencera pas. Première confrontation vous le défigurez, la seconde vous l'humiliez, vous pensez vraiment qu'il tentera une troisième ? Alors qu'il connait votre valeur ? Qu'il vous sait sous la protection inébranlable des Bones ? Nestor n'est pas un brave mais il n'est pas non plus complétement stupide.

Je n'en revenais pas : Julius Selwyn paraissait réellement considérer le dossier Nestor clos. Je secouai la tête, incrédule.

-Il est pire, il est déterminé et sûr de son bon droit. Vous parlez de la protection des Bones : ce n'est pas ça qui a empêché Amelia de mourir. Vous parlez de ma valeur : quelle importance cela aura s'il arrive avec des Mangemorts expérimentés devant moi ?

-Mon fils ne fraie pas avec les Mangemorts !

-Alors vous n'avez pas conscience de ce qu'il a l'intention de devenir ?

Pour moi, il y avait longtemps que c'était une évidence que Nestor Selwyn allait finir avec la Marque des Ténèbres sur la peau. Je me souvenais de l'air satisfait de Torfinn Rowle alors que Nestor laissait apercevoir son potentiel destructeur. La mâchoire de Julius Selwyn se contracta. Connaissait-il au moins son fils ? A voir son acharnement à songer qu'il demeurerait en périphérie de notre conflit et celui qui agitait le monde magique, j'en doutais.

-Nous verrons. Mais ma voix fait loi dans cette famille Victoria et je vous assure qu'aussi longtemps qu'une relation existera entre votre frère et ma fille, vous n'aurez rien à craindre de nous.

Sur ce, il s'en fut de la cuisine d'un pas digne et je contemplai le battant de la porte d'ouvrir puis se refermer, hébétée. Seigneur, le monde n'avait pas fini de s'aveugler ... Sans savoir quoi penser de cette conversation, je me tournai vers la vaisselle, prête à la faire à la main pour calmer mes nerfs. Je venais à peine d'ouvrir l'eau que Simon et Alexandre entrèrent à son tour dans la pièce.

-Je rêve, ou mon glacial beau-père vient de sortir d'ici ? dit mon frère, un sourcil dressé.

-Tu ne rêves pas.

-Qu'est-ce qu'il voulait ?

Le ton péremptoire, presque agressif, de Simon me fit lever les yeux au ciel et je frottai énergiquement le plat que j'avais dans les mains pour passer la frustration.

-Rien. Juste me dire qu'il ne m'en voulait pas pour Nestor et qu'on n'avait rien à craindre de lui ...

-C'est une blague ? lâcha Alexandre, l'air furieux. Après ce qui s'est passé à Bristol ?

Il porta une main à sa poitrine, comme si son corps se souvenait de la douleur qui lui avait infligé ce jour-là. Simon soupira et se laissa aller contre la porte.

-Ce n'est pas surprenant, ils veulent couper tout ce qui peut les relier aux Mangemorts ... Même si ça signifie mentir – parce que c'est très clairement un mensonge.

-Et imagine que mes parents croient à ce mensonge ? s'énerva Alexandre. Qu'ils baissent la garde ? Ça risque de les mettre en danger !

-Alex, sifflai-je entre mes dents.

La seule chose qui nous séparait de la cuisine était une porte vitrée qui isolait assez mal le bruit. A travers l'ouverture rectangulaire, je voyais Melania discuter avec son père et son frère faire la conversation au mien. Enfin, je vis le regard de Thalia Selwyn, rivé sur nous et je fis rapidement volte-face, le cœur battant à tout rompre.

-Bon sang, elle fait froid dans le dos.

-La mère ? devina Alexandre en hochant la tête. Carrément. Le père fait l'effort de m'adresser la parole mais elle ...

Ses lèvres se tordirent et son talon s'enfonça dans le mur pour marquer sa frustration. Simon le gratifia d'une tape sur l'épaule.

-Honnêtement, tu t'en sors bien je trouve. Tu as du caractère, tu es une forte tête et ça c'est quelque chose qu'à l'air d'apprécier Julius Selwyn, moldu ou non.

-C'est gentil de me rassurer mon crapaud, mais tout ce que j'entends dans ta phrase, c'est moldu.

Il y avait une certaine amertume dans le ton de mon frère, celle-là même qui sous-tendait sa voix chaque fois qu'il était réduit à sa condition de non-magique. Simon et moi échangeâmes un regard peiné et j'ouvris la bouche pour le rassurer. Mais je fus coupée net par le sourire amusé d'Ulysse Selwyn qui passait la porte.

-Merveilleux dîner, merveilleuse idée ! Mais tu es étrangement silencieux, Bones, tu as avalé ta langue ? En tout cas c'est d'un agréable ...

La mâchoire de Simon se contracta et son regard dévia légèrement sur la porte. S'il se taisait, c'était que la colère montait en lui. Je le sentais chaque fois qu'il posait les yeux sur sa mère ou son père.

-Qu'est-ce que tu veux ?

-Vous féliciter, en fait, répondit Ulysse avec un sourire tordu. Vous vous en sortez remarquablement bien, Bennett a même pensé à rappeler qu'elle était une sorcière !

-C'est inconvenant de frapper son futur-beau-frère ? marmonna Alexandre.

-Très, affirma celui-ci sans se départir de son sourire.

-On voit qu'Octavia est de retour dans ta vie, tu es d'humeur radieuse ...

Le sourire d'Ulysse se fana enfin sur ses lèvres et ma pique en fit naître un sur celles de Simon et Alexandre. Assez fière de moi, j'esquissai une petite révérence moqueuse.

-D'ailleurs, j'attends ta reconnaissance éternelle. Je pense que j'aurais pu la convaincre de ne pas te donner ta chance ...

La mâchoire d'Ulysse se contracta et il glissa un bref regard sur Simon.

-Je suppose qu'elle est toujours aussi pénible ?

-Et c'est jouissif quand c'est contre d'autres personnes, confirma-t-il avec un sourire ironique. Tu comptes convaincre ton père que ton frère va rejoindre les Mangemorts ou il va continuer à se voiler la face ?

Un rictus de dépit déforma les lèvres d'Ulysse. Maintenant que la discussion avait quitté la pente glissante qu'était Octavia, il semblait plus à l'aise et poussa le vice à s'approprier l'une des chaises en bois de la cuisine. Elles étaient vieilles et j'étais en train de calculer s'il ne s'était pas assis sur celles qui grinçait depuis plusieurs semaines et menaçait de se briser.

-Il ne se voile pas la face. Il calcule le pourcentage mensonge/risque qui peut lui permettre de ressortir aussi blanc qu'une colombe de ce guêpier.

-Et toi tu acceptes ce plan ?

Il y avait un mélange de dédain et d'incrédulité dans la voix de Simon qui fit se rembrunir Ulysse. Il s'apprêtait à répliquer d'un ton sec, mais sa voix fut alors couverte par le fracas d'une porte qu'on tambourinait, suivit de cris qui me parvenaient indistinctement :

-Révérent ! Révérent !

Surprise, je daignai échanger un regard intrigué avec Simon et Alexandre, qui haussèrent les épaules. Laissant là ma vaisselle, je me dépêchai vers la salle à manger où ma mère s'était à moitié levée de sa chaise et où les cris ne discontinuaient pas :

-Révérent ! Révérent, ouvrez ! C'est l'église, elle brûle !

Mon père bondit aussitôt sur ses pieds, complétement livide. L'église, c'était sa seconde maison qui portait par un heureux hasard son nom, Saint-Edward. Il y avait vu un signe le jour il avait été affecté à ce diocèse comme prêtre et il était depuis lié à ses vieilles pierres. Il traversa la pièce, ma mère et George à sa suite et ouvrit sur une Elisabeth Fisher, l'épicière, complètement affolée. Elle se précipita vers mon père et pointa d'une main la direction de l'église. Des lueurs orangées rougeoyaient comme un halo sur la ville et colorèrent le visage blafard de ma mère.

-J'ai appelé les pompiers mais j'ai cru que vous devriez être au courant ... Venez, révérent, elle brûle ! Oh Seigneur ...

Mon père n'attendit pas qu'elle se calme et planta là ses invités pour courir dans la rue, suivi de George et d'Elisabeth Fisher. Je fixai le halo, le cœur battant, avant de tourner le regard vers la famille Selwyn qui s'était levée pour assister à l'échange. Et ce fut là que je le vis, le petit sourire entendu qui ourlait la fine lèvre de Thalia Selwyn alors que les éclats d'orange rendaient cuivre sa chevelure d'argent.

Mon cœur s'arrêta de battre et sans réellement l'avoir décidé, je m'élançai à mon tour à la suite de mes parents. Simon hurla mon nom derrière moi, mais je ne l'écoutai pas et courus jusque l'église située à quelques rues de chez moi. Entre temps, j'eus l'impression que la lumière diffusée par les flammes s'estompait et bientôt je me trouvais à courir dans le noir, à l'aveugle, sans rien y comprendre. Seule la connaissance indéfectible de ma ville me fit arriver à destination et je hurlai à plein poumon :

-Maman ! Papa !

L'église était là, sa tour carrée intacte et ses deux ifs gardant son entrée comme depuis des centaines d'années. Des flammes, aucune trace et pourtant je n'avais pas rêvé ce halo orange que j'avais vu depuis chez moi. Mais j'étais trop paniquée pour faire attention à ces détails et je contournais le bâtiment, le cœur battant la chamade :

-Papa !

Mais ce ne fut pas sur lui que je tombais en premier. Alors que mon regard embrassait le parvis, un éclat attira mon attention dans une ruelle adjacente, un éclat de lumière rouge qui s'imprima dans ma rétine. Mes doigts se mirent à trembler et sans réfléchir, je me dépêchai vers la ruelle, frissonnantes à l'idée de voir des sorciers s'en prendre à mes parents, mais ce n'était pas mes parents.

C'était mon grand-père.

Miro et son immense stature face à deux silhouettes vêtues de capes et encagoulée, sa baguette en bois de vigne virevoltant avec grâce et dont jaillissait des éclairs de lumières magistraux que peinaient à parer les deux autres. Face à la férocité de l'attaque de mon grand-père, qui en plus de ça était assez souple pour éviter leurs quelques maléfices, les deux assaillants reculaient et reculaient encore, à la recherche d'une issue, faisant des tentatives désespérées. L'une d'elle faillit attendre le bras de Miro mais il s'écarta avec la vivacité d'un chat et l'éclair pourpre fonça vers moi. J'eus assez de réactivité pour déployer un bouclier et le sort alla briser les briques de la maison d'en face. Mon grand-père se tourna vers moi, surpris.

-Perelko !

-C'est moi. Attention !

Je le tirai vivement pour lui faire éviter un nouveau sort qui alla se perdre dans la ruelle derrière moi et embrayai immédiatement sur un sortilège de désarmement. Pris de cours par la rapidité de l'action, il n'eut pas le temps de parer et la baguette lui sauta des mains et alla se perdre quelque part derrière moi. Comme nous l'avait conseillé Lupin, je ne perdis pas de temps à tenter de la rattraper et préparai un maléfice qui pourrait définitivement l'immobiliser, mais son compagnon le tira derrière lui et le poussa dans la ruelle pour l'incite à fuir avant de se tourner vers nous et de hurler :

-Incendio !

La gerbe de flamme grossit et prit la largeur de la ruelle en une seconde, la seconde qu'il fallut à mon grand-père pour ériger un bouclier autour de nous. Un rideau orangé s'abattit sur nous, grésilla au contact de la protection magique, nous enveloppa d'une chaleur étouffante. Terrifiée par l'image, la chaleur qui pourtant ne me faisait aucun mal et par les flammes qui dansaient autour de moi, je poussai un cri et Miro m'attira contre lui, sa baguette toujours tendue, alerte. Puis le feu passa, ne laissant derrière lui que les poutres de bois des vielles maisons enflammées et une allée vide : les deux hommes en avaient profité pour transplaner.

Je restai contre mon grand-père, haletante, le cœur battant à m'en casser la cage thoracique avec des restes de terreur pure dans les veines. Ce mot, ces flammes, elles avaient hantés mes cauchemars.

Et cette voix ... C'était difficile, mais j'avais eu l'impression d'entendre derrière le cri et le sort celle de Nestor Selwyn. Nestor Selwyn qui avait promis de me brûler ...

-Perelko ...

Il fallut que mon grand-père caresse mes cheveux pour comprendre que je tremblais comme une feuille. Paniquée, je levai les yeux sur lui. Son visage était marqué, ses prunelles luisaient d'un éclat anxieux mais il paraissait aller bien.

-Je suis désolée ... j'ai paniqué, je ...

-Ce n'est rien, Perelko, ce n'est rien ... Allez. (Il m'enveloppa dans une étreinte d'ours et plaqua un baiser dans mes cheveux). Tu as été parfaite juste avant, ce n'est rien. Maintenant éteignons les flammes avant que ça n'atteigne les autres maisons et allons voir ce qu'ils ont fait de l'église ...

L'église. J'en avais presque oublié pourquoi j'avais couru à perdre l'haleine jusque ici ... Mon regard embrassa la ruelle qui fumait et brûlait pas endroit et Miro se chargea d'éteindre les débuts d'incendie de sa baguette. Il fallut m'y prendre à deux fois à cause de ma main peu assurée et je réussis à réparer les trous dans les murs et à effacer les traces de brûlures et de combat. Comme par magie, l'allée retrouva son aspect et sa tranquillité et Miro et moi nous hâtâmes jusque l'église qui elle aussi était déconcertante de quiétude. Malgré tout, j'avais toujours l'impression qu'une ombre rougeoyait dans la nuit et je n'arrivais pas à me défaire de la sensation de chaleur et d'étouffement que j'avais éprouvé alors que les flammes m'enveloppaient.

-Tu n'étais pas parti, murmurai-je à l'adresse de mon grand-père. Pas vrai ?

-Evidemment que non, rétorqua-t-il d'un ton bourru. Je voulais être certain qu'il n'arriverait rien et je voulais sonder les attentions de cette famille ... Malheureusement, tous étaient occlumens – quoique le fils un petit peu moins, mais il n'était pas assez ouvert pour que je puisse m'introduire en lui sans qu'il ne le sente ... Bref. Heureusement que je suis resté, Perelko ... Dès que j'ai vu l'église brûler, j'ai compris. J'ai coincé ces deux là alors qu'ils observaient les flammes ... Ils faisaient moins le malin au combat ... Des gamins, ils ont cherché tout de suite à fuir ...

-Je crois ... je ne suis pas sûre, mais je crois que c'était Nestor ...

Une main glacée se referma sur mon cœur alors que Miro se fendait d'une floppée de jurons en polonais. Il fallait que je retrouve mes parents ... Mon pas s'allongea et devant l'urgence et l'angoisse de la situation, la sensation de chaleur et d'étouffement se dissipa enfin. Je contournai le bâtiment, le sang battant à mes tempes en criant le nom de mes parents.

-Papa !

-Je suis là, chérie.

Là, il l'était, devant l'entrée latérale de l'église, sain et sauf. Je poussai un immense soupir de soulagement en constatant que ma mère était juste derrière et inspectait l'église avec George Bones. Mon grand-père se précipita vers sa fille. Elle ne parut pas surprise ni courroucée de sa présence et se laissa étreindre comme si elle était encore une enfant. Moi je me jetai dans les bras de mon père, négligeant une Elisabeth Fisher visiblement perplexe qui balbutiait :

-Mais révérent ... je vous jure, elle brûlait, j'ai vu les flammes ... J'habite juste à côté, elles atteignaient mon jardin, je ... je ne comprends pas révérend ... je vous jure que ...

-Je vous crois, Elisabeth, assura mon père quand je m'écartai. Seigneur, qu'est-ce que ... ?

-Une illusion, avança Miro en fronçant du nez. Les flammes n'avaient aucune chaleur donc c'est même une illusion très mal faite, seulement pour attirer votre attention ...

-Attendez, protesta Mrs. Fisher en fronçant les sourcils. De quoi vous ... ?

Elle ne finit pas sa phrase : mon grand-père avait déjà fait un large mouvement de baguette. Soudainement, son regard se vida de toute expression, de toute envie. Machinalement, elle tourna les talons et s'enfonça dans la nuit d'un pas mécanique. Ma mère se tourna vers lui, choquée.

-Papa !

-Il le fallait Marian, le défendit George Bones en posant une main sur son épaule. S'il ne l'avait pas fait, je l'aurais fait ... (Il lorgna mon grand-père, qui s'était détournée au cri de ma mère). J'espère juste que ce n'était pas Imperium ...

-Vous me prenez pour qui Bones ? grogna-t-il, vexé par l'allusion. Je sais faire ça proprement, merci. Regardez-moi plutôt ça ...

Ma mère, malgré sa réticence, avança d'un pas pour regarder la partie du mur que désignait Miro. Elle plaqua une main sur sa bouche, et attrapa mon bras dès que je fus à sa hauteur. George alluma la pointe de sa baguette. Le faisceau de lumière éclaira alors ce qui épouvantait ainsi ma mère, des lettres tracés comme avec du sang et qui luisait sous nos yeux effarés.

REMEMBER REMEMBER : YOUR TURN TO BURN

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Le pire dans tout ça? Il y avait une tonne d'italique dans ce chapitre 

Est-ce que j'en suis satisfaite? Pas franchement. J'ai relu, tenter de modifier mais les modifications apportaient plus de lourdeur qu'autre chose alors au final ... Bref. Bref, je ne sais pas quoi en penser, c'est peut-être aussi pour ça que je le poste tôt, pour m'en débarrasser ahah ! 

Bon j'espère qu'il vous aura plu quand même ! A dans deux semaines et allez lire Les torches d'Hécarte ! 

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