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Epilogue 1 : Vingt-deux ans plus tard ...

LE BAC C'EST FINI 

(Enfin presque, il reste les oraux. May the force be with you !) 

ENFIN BREF. Comment ça a été? Et les autres, comment vous allez? Préparation du brevet, résultats d'année universitaire, vacances? 

Moi j'ai fait un truc adulte au possible J'AI VISITE DES MAISONS. J'ai l'impression d'avoir fait un grand pas dans la vie. Tellement pas hâte d'être sous la paperasse et le déménagement, mais on en a marre de notre appart (et de notre rue. Et je veux un chien. Voilà vous savez tout de ma vie !) 

Je tiens absolument à vous remercier pour vos réactions sur le dernier chapitre. 1k de commentaires en 24h ! Je n'ai jamais eu ça, j'avais le souffle coupé ! Mention spéciale à DarkLemming qui s'est fait un devoir de commenter chaque ligne, vraiment elle s'est donnée pour offrir un dernier baroud d'honneur à O&P ! Et puis tous vos messages, tous vos adorables retours ... vous m'avez arraché les larmes ... Et le pire c'est qu'on a pas fini de pleurer *prends un mouchoir en précaution* 

Maintenant on passe aux épilogues ! Alors ça été difficile lequel je mettais en premier mais je choisis cet ordre là finalement je trouve que c'est le plus sympa ! 

JUSTE UN AVERTISSEMENT. A partir de maintenant, je ne veux plus voir de commentaires qui commencent par "SPOILE LFDO" avec le spoile en question plus loin. Vous avez vu le titre, vous voyez à peu près où on va. Et avec le "et après" on n'a pas fini. Alors vous avez le droit de fangirler, mettre des cœurs, mais JE NE VEUX PAS LE MOINDRE GEMISSEMENT concernant le destin des personnages susnommés. 

Je suis vraiment désolée je sais que j'ai été infernale avec les spoils, mais ayez à l'esprit que beaucoup n'ont pas lu LFDO - et encore plus par la suite, souvent les gens commencent par O&P ou LHDI. D'autant que la première version de Lucy m'a appris quelque chose : les gens sont stupides, cliquent quand même et se spoilent. Donc j'ai été assez tolérante jusque là alors que je tique et grimace à chaque fois devant ce genre de commentaire (je vous dis j'ai été traumatisée par la première version de Lucy). Y'a déjà des gros indices qui ont été laissé échappés, même sans précautions ... Bref, là je serais INTRANSIGEANTE. 

J'ai vraiment envie que tout soit une surprise, que les lecteurices découvrent tout au fil de la lecture quand ils le peuvent, alors je vous demande sincèrement de respecter ce fait dans les épilogues, et de respecter la lecture des ignorants. Merci ! 

Concernant la citation ... J'ai envie de finir simplement. Parce qu'au final, ils y sont arrivés. "Tomorrow" est venu pour eux. 

Bonne lecture les enfants, j'espère que ça vous plaira <3 

***

Do you hear the people sing?
Say, do you hear the distant drums?
It is the future that they bring
When tomorrow comes!

Ah ! Ah ! Ah ! 

Tomorroy comes ! 

- Do you hear the people sing? - Epilogue 
Les Misérables 

***

Epilogue : Vingt-deux ans plus tard ...

En ce matin du 1er septembre, l'été ne semblait pas décidé à céder le pas à l'automne. L'air était chaud, presque pesant, et un soleil de plomb obligeait la foule à se parer de chapeaux, casquettes et lunettes de soleil. Les étoffes légères étaient encore de sorties, ainsi que l'insouciance et la langueur qu'apportait la chaleur.

C'était bien pour ça que l'urgence de deux enfants détonnaient somptueusement dans la gare. Déjà vêtue d'uniforme aux couleurs vierges jusqu'à la cape noir agrafée à leur gorge par une attache d'argent, la fille courait, hilare, poussant un charriot empli de deux grosses malles sur lesquelles était perché un garçon. Lui aussi était déjà couvert d'un uniforme de pied en cap, un bras refermé sur la cage d'une chouette et l'autre levée pour sentir la caresse du vent. Leurs éclats de rire, le fracas des roues sur les dalles et les hululements terrifiés de la chouette couvraient jusqu'au brouhaha ambiant.

Un 1er septembre banal à King's Cross, songeai-je en avançant dans la foule, les yeux rivés sur les deux enfants qui serpentaient agilement entre les moldus stupéfaits. Leur excitation avait quelque chose d'à la fois jouissif et nostalgique et ce fut certainement pour cela que je ne fis rien pour faire taire leurs rires. Néanmoins, je n'étais pas la seule à être décisionnaire dans cette affaire : quelqu'un s'était dépêché de se glisser à leur poursuite pour attraper vertement la fille par le col. Le charriot s'arrêta net et une tempête de protestation vint de nouveau couvrir les murmures de la foule.

-Mais papa !

-Je maîtrisais !

-Tu maîtrisais tellement que William allait se rompre le cou et toi te casser une jambe, répliqua Simon avec lassitude. Ça aurait été beau, une demi-heure avant de prendre le train ...

-Mais Arwen sait ce qu'elle fait ! contesta William, indigné.

-Et si tu avais laissé échapper Madame Mim ? lançai-je innocemment.

Le regard vert de William s'écarquilla et il le baissa sur la cage qui refermait la belle chouette aux plumes brunes. Un air penaud se peignit sur son visage et il descendit promptement du charriot, les doigts crispés sur les barreaux de la cage. Arwen claqua la langue, irritée.

-Froussard, accusa-t-elle avec hauteur.

-C'est ma chouette, je n'ai pas envie que lui faire mal ! répliqua William.

-Maman a dit que tu devais me la prêter !

-Criez plus fort, ce n'est pas comme si on était au milieu des moldus, persiffla Simon, consterné.

La réplique eut pour mérite de rabattre le caquet des deux enfants qui rougirent exactement de la même manière, en parfait miroir l'un de l'autre. En de parfaits jumeaux. Même s'ils n'avaient pas besoin de cela pour le prouver, un simple coup d'œil suffisait à attester de leurs gènes communs. Fluets, de grands yeux verts, les traits fins, ils se ressemblaient tant que les différencier avaient été difficile durant leur enfance. Si bien que les gens s'étaient réjoui en voyant apparaître sur le nez d'Arwen une paire de lunette au lendemain de ses neuf ans lorsqu'on lui avait découvert une légère myopie - à sa grande frustration, elle détestait ses lunettes, en avait cassé un nombre de paire incalculable et s'arrangeait toujours pour les perdre en oubliant que son père était un sorcier de génie.  L'âge commençait néanmoins à faire apparaître quelques nuances, un visage plus rond et des pommettes plus hautes pour William, un nez plus grand et des boucles brunes plus longues pour Arwen. Elles lui battaient de dos telles des ronces oubliées au bord d'un château en ruine, remarquai-je, un brin horrifiée. Cela m'avait toujours consternée qu'elle puisse supporter ce poids, mais elle avait toujours refusé que je touche à ses cheveux. Ou son père. Ou n'importe qui d'autre. La paire de ciseau était le cauchemar d'Arwen Bones.

-Des erreurs de débutant, rit Alice en arrivant derrière eux. Vous vous y ferez au fil des années. Regardez Steph, la première fois qu'il est venu à King's Cross il a fait tomber son chaudron au milieu de la foule, c'était tellement la honte !

-Quelle horrible grande sœur tu fais, marmonna Stephen en la dépassant, poussant son propre charriot avec sa propre malle et son propre hibou. Pourquoi tu es venue, déjà ? Tu aurais pu faire comme Michael et rester chez toi ?

-Non, contrairement à l'ermite qui nous sert de frère je suis une sœur attentive, répondit Alice avec un fin sourire. J'assiste à la dernière rentrée de mon petit frère puisque nos parents ont décidé que tu n'étais pas assez important pour qu'ils reportent leur voyage. Paraît-il vingt ans de mariage, ça ne vaut pas la dernière rentrée de leur fils.

-Alice ! cinglai-je vertement.

-Je plaisante !

La jeune femme rejeta ses longs cheveux châtains derrière son épaule et envoya un baiser à son frère avant de prendre la tête de leur groupe en direction de la barrière qui séparait les voies 9 et 10. Stephen suivit avec son charriot, à peine heurté par les piques de son aînée. Sans attendre, les jumeaux leur emboitèrent le pas, sauf que cette fois Simon s'appropria le charriot avant qu'Arwen ne puisse poser un doigt dessus. J'essuya un petit rire et le rejoignis pour passer un bras sous le sien, vaguement amusée.

-Tu sais que tu es en train de les priver d'un des meilleurs plaisirs de la rentrée ?

-Tu veux voir notre fils se rompre la nuque donc ? Ça ne devrait que me surprendre qu'à moitié. Ce sont mes gènes, ça, tu ne peux pas les voir sans essayer de leur casser quelque chose.

Pour toute réponse, je lui donnai un coup de hanche qui le fit à peine dévier de sa trajectoire. La barrière fut en vue, et Alice fut la première à la franchir telle une ballerine, dans un tournoiement de mèches châtains et d'une jupe mauve. Sa frivolité fit lever les yeux de Stephen qui fonça sobrement droit vers les briques sans tergiverser. Là, les jumeaux s'immobilisèrent et levèrent un regard implorant sur Simon. Je plantai mes dents dans ma lèvre inférieure pour retenir mon rire et levai les mains lorsque Simon me lorgna, l'air d'attendre que je prenne la décision à sa place.

-Ce n'est pas moi qui tiens le charriot ! me dédouanai-je habilement.

-S'il te plait, papa ! Et c'est toi qui tiens Madame Mim pour qu'il ne lui arrive rien !

William tendit la cage à son père, qui finit par céder avec un soupir et saisit la chouette. Avec des cris de joie, les enfants se précipitèrent vers le charriot et sans même attendre un top départ, foncèrent sur le mur de brique. Mon cœur manqua un battement, et je n'eus même pas le temps de savourer l'image que la barrière les avaient avaler. En un battement de cœur, ils étaient passé dans un autre monde. Je pris une profonde inspiration pour refouler la boule d'émotion qui avait gonflé dans ma poitrine et Simon passa une main dans mon dos. Ignorant une chouette qui battait des ailes dans sa cage, il contemplait la barrière, visiblement un peu décontenancé.

-Oh arrête, soufflai-je en roulant des yeux. Toi tu les verras tous les jours à Poudlard ... professeur.

Un vague sourire passa sur les lèvres de Simon, presque effarouché, encore incrédule de l'honneur qui lui était fait cette année. Ce n'était pas une surprise, le poste de professeur de sortilège était instable depuis le départ à la retraite de Flitwick. S'il avait toujours décliné pour profiter de l'enfance des jumeaux, cette année il n'avait eu aucune excuse pour repousser l'offre. Professeur ... L'idée apportait toujours autant de joie sadique que de fierté. Seigneur que j'aimerai être une petite souris pour assister à son premier cours.

-Ça ne console pas vraiment du fait qu'ils grandissent si vite, rétorqua-t-il, l'œil brillant. J'ai l'impression que je les tenais au creux de mes bras hier ...

-C'est clair ... les deux petites crevettes ...

Nous échangeâmes un sourire à la fois attendri et entendu. Ça nous avait frappé, lorsque les jumeaux étaient nés à sept mois et demi, deux bébés chétifs destinés à devenir aussi petits et épais que leurs crevettes de parents. Jusque là, le temps nous donnait raison. J'avais espoir que William dépasse Simon, il était un peu en avance sur sa courbe. Mais l'espoir était tenu. 

-Cinq Gallions que William est déjà grimpé dessus le temps qu'on arrive sur le quai, paria Simon pour faire claquer notre bulle de nostalgie.

-Arrête de tout le temps craindre le pire.

-Ce sont tes enfants, Victoria Anne Jadwiga Bennett. Avec eux, je m'attends toujours au pire. Je te jure que je ne les lâcherai pas du regard jusqu'au 5 Novembre.

-Tu feras bien, ris-je, loin d'être heurtée par le rappel. Je suis certaine de les avoir vu acheter des feux d'artifices à George lorsqu'on est passé le voir à Farce pour sorciers facétieux après les fournitures ...

-Il ne manquerait plus que ça ... Obligé de coller mes enfants dès leur première année ...

La mort dans l'âme à l'idée, il passa la barrière relativement morose, la cage de Madame Mim oscillant au bout de son bras. J'étais passée à travers ces briques une multitude de fois. Pendant ma scolarité, chaque fois que j'avais accompagné mes neveux à la gare ces dernières années. Pourtant, mon cœur s'emballa comme au premier jour lorsque je suivis Simon, les paupières closes, les oreilles bourdonnant de passer d'une foule à une autre. Je sentis le changement d'atmosphère avant même d'ouvrir les yeux : l'insouciance s'était envolée pour laisser place à des cris stridents, la joie des retrouvailles, l'excitation d'une nouvelle aventure. Et lorsqu'enfin, je consentis à ouvrir les yeux, le Poudlard Express était là, écarlate et imposant, baignant le quai dans son épais panache blanc. La vision exacte que j'avais eue près de trente ans plus tôt en pénétrant la voie 9 ¾ pour la première fois, mais à présent je n'arrivais pas à simplement le voir avec mes yeux d'enfants. Je consacrais un chapitre entier au symbole que constituait ce train, véritable artefact importé du monde moldu, dans Les deux côtés du chaudron Baveur. Mon projet si ancien, si viscéral, avait fini par prendre une forme concrète et même si j'avais dû en acheter deux exemplaires pour les jumeaux, je ne réalisais toujours pas qu'il s'était concrétisé au point d'être au programme de Poudlard. J'avais contemplé la liste de fourniture tellement longtemps que Simon avait fini par se moquer.

Alice, Stephen et les jumeaux s'étaient déjà enfoncés dans le brouillard qui se déversait sur le quai, si bien que je discernais que leurs silhouettes aux côtés de leurs charriots. Je souris, savourant le relatif anonymat que permettait cette épaisse fumée qui brouillait les visages et les reconnaissances. Main dans la main avec Simon, je les suivis le long de la voie, écoutant les conversations badines qui me parvenaient au milieu du brouhaha :

-... Arrête de demander, Willy, ça ne veut rien dire les Maisons des parents, c'est ta personnalité qui compte, rappelait Alice, exaspérée. Regarde nous, on a été tous les trois dans une Maison différente ... Ce n'est pas parce que tes deux parents sont à Poufsouffle que tu ne vas pas finir à Serpentard, comme moi.

-Arrête tes conneries, j'ai besoin de lui à Poufsouffle ! se récria Stephen, presque paniqué. J'ai littéralement une équipe de bras cassés, j'ai besoin du sang de Victoria Bennett pour relever le niveau ! Sinon on va encore être la risée de l'école en Quidditch ... Serpentard n'a besoin de personne, si tu voyais leur équipe ... entre Marcus Montague et Lucy Weasley, je ne sais plus où donner de la tête !

-Je ne serais peut-être pas aussi bon que maman, prétendit William en piquant un fard. Et les premières années n'ont pas le droit de jouer ...

-Je suis sûr qu'on pourra s'arranger. Après tout, ton père sera Directeur de Poufsouffle, on va pouvoir mettre ça à son avantage ...

-C'est le meilleur moment pour rappeler que bien qu'étant l'époux d'une championne du monde, je n'y connais rien en Quidditch, lança Simon d'une voix forte pour couper court à la conversation. Tu demanderas directement à McGonagall. Tu es préfet, non ? Tu n'as pas besoin de moi comme intermédiaire.

Stephen déglutit et effleura l'insigne juste au-dessus de celui de Capitaine. La vérité, c'était qu'il avait été déçu de ne pas recevoir celui de préfet-en-chef en prime, pour sa dernière année, mais à mon humble avis, ce garçon avait déjà assez de poids sur ses épaules. Leader né, il portait Poufsouffle à bout de bras depuis qu'il avait l'âge de le faire. Rien ne l'intimidait – sauf sa sœur dont il semblait toujours chercher l'approbation et son frère Michael dont la personnalité pouvait être un peu écrasante. Bien le fils d'Alexandre celui-là ...

-Euh ... ouais, t'as raison. Je devrais y aller, d'ailleurs. (Il lorgna vaguement Alice). Merci de m'avoir accompagné.

-Mais je t'en prie. On se voit à Noël ?

Stephen répondit par un marmonnement indistinct avant d'empoigner sa valise et son balai pour s'enfoncer dans la foule. Sur la pointe des pieds, c'était aussi ce que Arwen scrutait de ses grands yeux verts et curieux. Elle repoussa impatiemment les boucles brunes qui lui tombait sur le front avant de se tourner vers nous, courroucée.

-Mais ! Je pensais qu'ils seraient déjà là ...

-Ils sont peut-être plus loin, attends un peu avant de t'énerver, soupira Simon. Viens, on va avancer ...

Il lui tendit la main, et Arwen attendit quelques secondes avant de céder à l'enfant qu'elle était toujours un peu et de la glisser dans la sienne. Ravi, William prit possession du charriot qu'il poussa joyeusement devant Alice et moi. Les silhouettes restaient des ombres à peine discernables et pourtant je sentis quelques regards peser sur moi, assez insistant pour que mes joues rougissent. Il fallut que je prenne sur moi pour garder les yeux rivés sur ma fille plutôt que de les darder sur mes chaussures. Une étiquette de championne du monde, ce n'était pas des plus facile à assumer. Presque quinze ans après avoir soulevé le trophée ultime avec l'Angleterre en Allemagne, j'entendais encore les mêmes murmures interloqués et exaltés sur mon passage. Au fond de moi, j'espérais retrouver la petite gamine anonyme de Poudlard. Fort heureusement, une voix jaillit du brouillard pour me ramener à l'époque de l'école :

-Dorothy ! Reste ici trente secondes avant de filer !

-Mais maman, Alex m'attend !

-Tu vas être avec Alexandra tous les jours à compter d'aujourd'hui, tu peux bien rester deux minutes avec tes parents !

Abandonnant ma famille avec un sourire, je suivis cette fois à l'aveugle jusqu'à qu'émerge du chaos trois silhouettes bien connues. Miles, les mains dans les poches, contemplait avec un certain défaitisme Emily se disputer avec leur fille cadette, Dorothy. Dorothy que je reconnus à peine : en lieu et place de cette chevelure brune qu'elle tenait de son père évoluait un véritable arc-en-ciel. Ses mèches s'étaient colorées de mauve et de rouge, avaient été raccourcies au menton. En revanche, sa mine butée était la réplique exacte de celle qui s'était peinte sur le visage d'Emily.

-Je vous ai vu tout l'été, c'est bon ! râla Dorothy en levant les yeux au ciel. On ne s'est pas lâché pendant deux mois, vous avez même demander à Felicity de me faire faire mes devoirs ... Oh, salut tante Vic' !

Elle m'adressa un sourire éclatant, puis profita que ses parents se tournent vers moi pour récupérer ses affaires et se fondre dans la foule. Le temps qu'Emily pivote de nouveau, son petit diable avait disparu et elle tapa du pied contre le quai avec colère.

-Oh ! Je vous jure cette gamine !

-Libre à toi de lui courir après, lâcha Miles avec un sourire caustique. Alors, Vic', toujours pas de larme ? Je t'ai pris des mouchoirs, au cas où.

-La ferme, marmonnai-je devant l'espièglerie qui brillait dans son regard. Me retrouver de quatre à toute seule, ça ne va pas être facile ...

-Moi je suis sûre que ça va te faire du bien, assura distraitement Emily, les yeux fouillant toujours le quai à la recherche de sa fille. Et puis Simon rentrera quelques soirs par semaine, non ? Ce n'est pas comme s'il allait rester à Poudlard jusque Noël ...

C'était bien la moindre des choses que Simon avait réussi à obtenir de McGonagall. Rares étaient les professeurs avec des familles, et il avait obtenu de n'avoir qu'une ou deux nuits à passer à l'école par semaine, des permanences obligatoires. Le reste du temps, il rentrerait en transplanant. Il aurait pu le faire par cheminée, mais l'idée que des flammes jaillissent de l'âtre à l'improviste alors que j'étais seule faisait encore bondir mon cœur.

-Oui mais toi tu as débouché le champagne lorsqu'on a laissé Dorothy pour la première fois, rappela Miles.

-Et toi tu as pleuré pour Felicity !

-C'est la fumée qui m'a tiré des larmes !

-J'étais là, rappelai-je avec un sourire carnassier. Et je confirme que ce n'était pas la fumée !

Miles secoua la tête devant nos allégations, et finit par repérer sa fille qui grimpait dans le train à la suite de sa meilleure amie. Dorothy finit par avoir mauvaise conscience, car elle se retourna sur le seuil de la porte pour faire un signe à ses parents avant de définitivement disparaître à l'intérieur. La vision parut légèrement adoucir Emily qui exhala un petit soupir avant de repousser une mèche qui s'était échappée de sa queue de cheval.

-Bon, je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à y aller ... J'ai encore une tonne de dossier qui m'attendent, je vais peut-être devoir retourner au Département des Mystères.

-Tu deviens aussi frimeuse que Simon, la tançai-je gentiment.

-Mais vu tous les efforts qu'elle a fait pour y parvenir, elle a bien raison de frimer, répliqua Miles avec un sourire tendre. Bon courage pour le départ du train !

Il me lança vivement un paquet de mouchoir que je rattrapai d'une main habile, désabusée. Emily m'embrassa sur la joue avant de me rappeler que je devais dîner avec eux dans la semaine et de repartir au bras de Miles dans la foule et la fumée. A la fois dubitative mais dans l'appréhension, je contemplai le paquet de mouchoir en reprenant ma route. Mon inattention finit par m'être préjudiciable lorsqu'une jeune fille portant les couleurs de Serpentard me bouscula au milieu d'une course effrénée. Désarçonnée, je n'eus le temps qu'un coup d'œil pour percevoir l'éclat flamboyant d'une chevelure rousse.

-Excusez-moi ! me lança-t-elle à la volée, sans m'accorder un regard.

Mais moi je lui accordai, et j'eus le temps d'effleurer des prunelles bleus et limpides qui me transpercèrent comme un coup de poignard. Terrassée, je la contemplai achever sa course en bondissant sur le dos d'un garçon aux cheveux noirs qui glapit un « Weasley ! » étranglé. La fille d'Audrey Dragonneau, devinai-je, luttant contre la douleur sourde qui me lancinait. J'avais entendu qu'elle avait épousé l'un des frères de George Weasley, celui à lunette ... La chevelure rousse était un indice immanquable. Mais impossible de ne pas reconnaître ce regard bleu, vif, pétillant qui avait été mon quotidien pendant de longs mois. Une vie plus tôt.

Je relâchai lentement le souffle brûlant qui s'était coincé dans mes poumons et la douleur reflua à chaque apport d'air. Ça ne disparaissait jamais, mais j'avais appris à vivre avec. D'abord ça avait été l'air neuf, frai et revigorant des montagnes bulgares qui avaient chassé le poids sur ma poitrine, puis les longues années devant mes buts qui m'avait permis, match après match, victoire après victoire, d'expier le poison. Sur ce terrain si familier et si nouveau à la fois, je m'étais totalement reconstruite jusqu'à embraser un destin que je n'avais jamais envisagé et devenir une femme que je ne pensais jamais être. Vraiment, qui aurait cru en me voyant pénétrer à Poudlard, tremblante de peur derrière Simon Bones, que je deviendrai l'une des meilleures gardiennes de ce pays et que je finirais ma carrière avec une armoire emplie de trophées ? J'avais la sensation d'être un malentendu de l'histoire, et pourtant les regards qui m'effleuraient alors que je rejoignais Simon et les jumeaux près du train me prouvaient que je ne l'étais pas. Ils n'étaient plus seuls : un immense sourire fendit mon visage lorsque je rencontrai les yeux de Susan.

-Je pensais que tu ne pourrais pas venir ! m'écriai-je en l'étreignant.

-Il me faut plus qu'un dossier chaud pour rater la première rentrée de mes neveux, enfin !

-Parce que tes enfants tu t'en fiches, grinça Zephan derrière elle.

Comme Dorothy, il paraissait pressé de monter dans le train et se tenait près de la porte, prêt à bondir. Shannon, sa sœur aînée, resta silencieuse. Avec ses longs cheveux blonds, son visage mince, et ses grands yeux verts, elle paraissait être davantage la fille de Simon que de Susan. A défaut, on découvrait lorsqu'elle ouvrait la bouche un charmant accent Irlandais qui rappelait que, bien que Bones par sa mère, elle n'avait pas grandi à Terre-en-Landes. C'était bien là la seule bataille que Susan avait perdu face à son irlandais de mari. Seamus ne lâchait par ailleurs pas ses enfants, et certainement pas son fils : il avait placé une main prudence à la base de sa nuque.

-Tu étais où, tu signais des autographes ? se moqua-t-il dès qu'il m'aperçut.

-Arrête, le rabroua Susan en plantant son coude dans ses côtes. Bon, les enfants je vous aime, mais il faut que je file. Prenez soin de vous, travaillez bien ... (Elle prit le visage de son fils en coupe et planta un regard sévère dans le sien). Je ne veux pas de lettre de McGonagall ou de Neville avant au moins octobre, tu m'entends Zephan Finnigan ?

-Oui maman ..., articula Zephan de mauvaise grâce.

-Tu t'en vas déjà ? s'étonna Simon.

Susan trépigna d'un pied à l'autre, visiblement gênée. C'était peut-être une impression, mais elle me sembla soigneusement éviter mon regard et prit un soin particulier à lisser son impeccable robe de sorcière.

-Oui ... Je travaille avec Audrey Weasley sur ... Comment dire ça ? C'est un peu compliqué mais sur une grosse proposition. On veut le bétonner au maximum avant de le proposer au Magenmagot et on aimerait boucler ça avant l'automne ...

-Ça a l'air ... d'être quelque chose d'important, lâcha Simon avec lenteur.

Il scrutait sa sœur comme s'il pouvait lire un début de réponse sur son visage. Il était vrai que nous avions à peine vu Susan de l'été : elle avait semblé confiner au Ministère, obligeant Shannon et Zephan à venir chez nous ou à Terre-en-Lande pour passer le temps. Ce n'était pas réellement dans les habitudes de Susan de négliger son rôle de mère : sa plus grande fierté avait justement été d'avoir pu constituer un équilibre parfait entre ses ambitions de juriste et sa famille. Elle s'était battue, telle la lionne qu'elle était, pour grimper les échelons malgré deux grossesses jeune et coup sur coup. Son entrée au Mangenmagot deux ans plus tôt avait fait pleurer de fierté ses parents. Elle était bien l'unique de leurs trois enfants à reprendre le flambeau ancestral des Bones. Alors que l'équilibre se rompe avec autant de brutalité avait autant surpris Simon que cela l'avait inquiété.

-Très, affirma Susan avec légèreté. Bonne rentrée les enfants.

Elle embrassa Zephan sur le sommet du crâne, Shannon sur la joue, Seamus sur les lèvres et s'en fut avec un parchemin sous le bras et la mine sombre, presque sinistre. Et toujours pas le moindre regard pour moi, notai-je, le cœur serré. Lorsque nous tournâmes un regard interloqué vers Seamus, il leva les deux mains en signe de totale ignorance.

-Ne me demandez pas, lui demander de trahir les secrets de la sacro-sainte justice magique c'est lui arracher le cœur, rappela-t-il avant de se tourner vers Arwen et William en s'efforçant de paraître enjoué. Alors, vous avez décidé dans quelle maison vous serez, tous les deux ?

-On ne peut pas décider, c'est le Choixpeau qui nous dira, répliqua William avant de concéder avec prudence : mais je pense Poufsouffle ...

-Tout ça pour plaire à Steph, ricana Alice.

Je me fendis d'un coup de coude pour la faire taire et la jeune femme grimaça. Plutôt que de protester contre la marraine violente que j'étais, elle entortilla ses doigts autour de sa chaine au bout de laquelle pendait sa médaille ornée d'une colombe.

-Moi je m'en fiche, annonça Arwen avec un haussement d'épaule nonchalant. Du moment que je ne suis pas dans la même que Joy ...

-Mais Arwen ! suffoqua William, incrédule. T'es méchante !

-Mais elle est tout le temps dans la lune !

Un regard acéré de Simon finit par la réduire au silence, mais elle marqua son mécontentement d'être ainsi bâillonnée en croisant les bras sur sa maigre poitrine, aussi creuse qu'avait été la mienne au même âge. Shannon était du même acabit : loin d'avoir hérité des formes généreuses de sa mère, elle était plutôt longiligne comme Seamus. Elle sourit timidement à sa cousine.

-Si vous voulez, je peux vous aider à trouver des compar ...

-AH ! Vous êtes là !

Face à la voix joyeuse et tonitruante qui couvrit totalement la sienne, Shannon referma immédiatement la bouche et se replia dans l'ombre de son père. De façon soudaine, elle se trouva éclipsée totalement par une jeune fille solaire et souriante qui fendit le groupe avec un immense sourire. Des cheveux blonds, un tee-shirt orné d'un grand tournesol à la mode Van Gogh sur un jean taché de peinture, et une assurance débordante pour ses quatorze ans, elle se dirigea droit vers Arwen dont le visage s'éclaira sublimement.

-Hope !

-Je viens vous chercher pour vous monter dans le train avec Joy, annonça la jeune fille, rayonnante. Oh, salut Vic' ! Pap's te cherche, il dit qu'il a des mouchoirs pour toi.

-Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec leurs mouchoirs ? me récriai-je alors que Simon étouffait son rire dans son poing.

-Je crois qu'il a parié avec papa sur le fait que tu pleures avant qu'ils ne montent dans le train, m'apprit tranquillement Hope avec un sourire penaud.

-Comment oses-tu ainsi nous balancer ? s'offusqua une voix indignée derrière moi.

Je pivotai sur moi-même pour voir Noah jaillir de la brume, éternellement flanqué de Julian à ses côtés. L'unique chose qui muait dans ce tableau était la hauteur de la petite Joy, leur cadette qui entrait elle aussi en première année, et les mèches grises filaient chaque année davantage les boucles noires de Noah. Déjà vêtue de son uniforme de Poudlard, Joy adressa à William un sourire qui creusa ses adorables fossettes. Insensible à son charme, Arwen esquissa une moue boudeuse en se rapprochant d'un pas de Hope.

-Balancer ainsi les malversations de ses pères, tu n'as pas honte, poursuivit Noah à l'adresse de sa fille aînée.

-Et pour information, c'est un pari de lui à lui, précisa Julian, contrit. Tu me connais, Victoria, je n'aurais pas osé ... même si je vois que tu es préparée.

Il désigna avec un sourire le paquet de mouchoir que je tenais toujours à la main et que je rangeai précipitamment dans le sac que je portai en bandoulière. Exaspérée, je le repoussai au milieu des brouillons, des plumes et des parchemins avant de me recomposer une mine avenante pour Julian et Noah.

-Tu ne vas pas pleurer, maman ? s'inquiéta William, déconcerté.

-Mais non, le rassurai-je en effleurant ses mèches sombres. Ne t'en fais pas, je ne ferais pas ce plaisir à oncle Noah.

-Parrain, tu vas venir voir le premier cours de papa ? demanda Arwen à Julian.

-Oh tu sais je lui ai déjà donné tous les conseils que je pouvais, on a fait des cours estivaux ensembles ... (Julian jeta un regard amusé à Simon). Tu as bien pris tes notes, jeune padawan ? 

-De toute manière si je ne peux pas voir ce premier cours, personne ne pourra ! intervins-je fermement.

Si mon obstination arracha un soupir à Simon, les enfants éclatèrent de rire, jusqu'à Alice qui, elle aussi, n'en revenait pas d'être née trop tôt pour assister aux cours de son oncle. Zephan bondit jusque Simon, ses cheveux blonds-roux agités à chaque saut.

-Ce sera qui ton premier cours, hein ? Allez, tu peux nous le dire ! Ce sera nous ?

-Oh ce serait trop bien ! renchérit Hope, qui partageait la classe de Zephan à Gryffondor. Allez, c'est nous ?

Être ainsi acculé fit rosir les joues de Simon, mais il tint bon en se contentant de secouer la tête en signe de refus, un léger sourire aux lèvres. Le gong le sauva sous la forme d'un sifflement strident qui jaillit de l'une des cheminées du Poudlard Express et qui déversa encore un peu de fumée sur le quai. Je consultai la montre qui ne me quittait plus depuis mes dix-sept ans et mon cœur saigna lorsque j'avisai la grande aiguille proche de son zénith. Refusant de donner satisfaction à Noah, je battis des paupières pour faire disparaître l'humidité suspecte qui venait de me voiler la cornée.

-Arwen, William, venez prendre vos affaires avant de suivre Hope, les appelai-je plutôt pour reprendre contenance.

Les jumeaux se précipitèrent vers le charriot et saisirent chacun leur malle. En plus de ses bagages, Arwen passa dans son dos l'antique étui de sa guitare, sous le regard inquiet de son père. Depuis son plus jeune âge, elle avait été fascinée par les cordes et avait très vite montré un talent certain pour les manier, mais il avait fallu quelques semaines de réflexion avant que Simon ne consente à la lui transmettre en guise de cadeau de rentrée. Sa difficulté à s'en détacher fut prouvée par les doigts qui effleuraient l'étui par intermittence. Il finit par la lâcher et s'accroupit pour être à la hauteur de sa fille.

-Tu y fais très attention, d'accord ? lui souffla-t-il, ses yeux verts plantés dans les siens. C'est une vieille dame.

-Elle était à papy, je sais, assura Arwen avec une douceur surprenante. J'en prendrai soin, je te l'ai déjà promis cent fois. (Échappant à la prise de Simon, elle attrapa la cage de la chouette de son frère). Et j'apprendrai un sort pour transformer Madame Mim en dragon, comme dans Merlin l'Enchanteur !

-Seigneur, laissai-je échapper, amusée par l'idée. Je ne suis pas sûre qu'elle appréciera. Apprends à transformer une aiguille en allumette et tu serais meilleure que moi en Métamorphose !

Une lueur de défi familière se mit à briller dans les yeux d'Arwen et elle plongea sa main dans la poche pour effleurer sa toute nouvelle baguette que j'avais failli mettre sous clef jusqu'à la rentrée tant j'avais craint qu'elle ne cède à son côté aventureux pour tester ses capacités. Avec une certaine tendresse, j'effleurai sa joue avant de démêler sa chaine en or de ses cheveux. Au bout une médaille, non gravée d'un quelconque signe religieux, mais du dessin stylisé par Julian de la constellation dont elle tirait son deuxième prénom, la Carène. Il nous était vite apparu à Simon et moi que nous avions trop de personne à honorer et nous avions vite fini par préféré une identité neuve et dépourvue d'attache pour nos enfants, tout en suivant la tradition entonnée par Cassiopée Bones. Une boule d'émotion vint enserrer ma gorge lorsque je contemplai ma petite fille, vêtu de son uniforme vierge de Poudlard, prête à vivre ses propres aventures dans l'antique château, guidée par sa bonne étoile.

-Lunettes? vérifiai-je, un sourcil dressé. 

Une moue se dessina sur les lèvres d'Arwen, avant qu'elle ne se mette à tâter ses poches, son sac et son col avant de les trouver sur sa tête, perdues au milieu des boucles. Pour me donner satisfaction, elle les glissa sur son nez avec un immense sourire mi-ange, mi-démon destiné, au choix, à me faire rire ou pleurer. Emue, je les replaçai tendrement dans ses cheveux et coinçai une mèche derrière son oreille. 

-Bonne route, ma chérie ...

-Tu vas pleurer, s'amusa Arwen avec un pauvre sourire.

-Merci de me rendre les choses plus faciles. Va-t'en espèce de chipie.

Arwen éclata d'un rire cristallin avant de se jeter dans mes bras et d'embrasser ma joue. J'eus à peine le temps de respirer son odeur, celle qui imprégnait notre maison à Oxford qu'elle s'écartait déjà, avec toujours ce sourire éclatant et sans la moindre trace de peur dans ses yeux. D'un pas léger et bondissant malgré son chargement, elle rejoignit Hope et avant de me laisser submerger par l'émotion, je pivotai vers Simon et William un peu plus loin. Moins serein que sa sœur, il serrait machinalement sa propre médaille à travers sa chemise pendant que son père s'efforçait de le rassurer :

-... pas à t'inquiéter. On se voit ce soir, pour la répartition.

-C'est quand même cool, avoua William du bout des lèvres. Que tu sois là ...

-Et tu n'es pas obligé d'écouter Stephen, ajoutai-je en posant une main sur son épaule. Ni qui que ce soit d'autre, d'accord ? Si tu n'as pas envie de faire de Quidditch, n'en fais pas. Ce n'est parce que tu es mon fils que tu y es forcé.

-Mais je vole très bien ! protesta William, les yeux écarquillés. Tu ne trouves pas ?

La lueur d'appréhension qui déchira son regard me brisa le cœur et je fis tout mon possible pour réprimer un soupir. Fort heureusement, Simon m'avait entrainé depuis longtemps à rassurer et apaiser les peurs les plus viscérales. Ce regard vert et troublé, je le connaissais par cœur et je n'eus aucun mal à trouver les mots pour notre fils :

-Bien sûr que si, merveilleusement bien. Je ne dis pas ça pour te faire plaisir, c'est évident que tu es très à l'aise sur un balai. Mais ne fais pas les choses parce qu'on te le demande, d'accord ? Ou pour me faire plaisir. Mon ange, je t'aimerais même si un jour tu m'annonces que le chocolat est la chose la plus dégoûtante au monde.

-Ouh la, commenta Simon avec un sourire. Ça tu peux me croire, c'est une sacrée preuve d'amour venant de ta mère.

William esquissa un faible sourire, visiblement peu convaincu par mes arguments. J'effleurai ses cheveux, regrettant de tout mon cœur de ne pas avoir le pouvoir d'apaiser ses doutes de cette simple caresse.

-Tu n'as rien à prouver à personne, William Persée Bones, d'accord ? Juste à vivre tranquillement l'aventure à Poudlard telle que tu as envie qu'elle soit.

-Et si j'ai envie de faire du Quidditch ?

-Et bien tu attendras l'année prochaine parce que c'est interdit aux premières années, rappela Simon d'un ton sans appel. Pas de passe-droit, mon grand. C'est comme ça.

La déception se mêla à un certain soulagement dans les yeux de William, certainement rassuré d'avoir le temps de s'adapter à l'école avant de devoir assumer dans un stade le fait d'être le fils de Victoria Bennett, championne du monde avec l'équipe d'Angleterre. C'était pour ça que j'avais envie de tirer les oreilles de Stephen chaque fois qu'il réclamait à corps et à cri son cousin pour son équipe. Il n'avait pas la moindre idée de la pression qu'il faisait peser sur ses jeunes épaules, à travers cette idée triviale qu'il devait être au moins à ma hauteur sur un balai. Malheureusement, Alexandre me détruirait si jamais j'osais poser la main sur son benjamin.

-Alors tu as bien un an pour laisser voir, et après si tu en as envie tu passeras les sélections, conclus-je tranquillement. En attendant, contente-toi juste de bien travailler, d'éviter la Forêt Interdite – et Peeves, surtout Peeves. Et ne laisse pas Zephan t'embarquer toi ou Arwen dans un coup foireux. Ou l'inverse d'ailleurs. Inutile de faire ta tête d'ange, je sais que c'est parfois toi la tête pensante. Ne pense pas que je ne vous ai pas vu faire le plein de feux d'artifice à Farce pour sorcier facétieux.

-De toute manière je veille, vous ne m'échapperez pas ! rappela Simon d'un ton faussement menaçant.

William finit enfin par se dérider et à essuyer un petit rire qui sembla fendiller son stress. Il récupéra la cage de Madame Mim qu'Arwen avait abandonné à ses côtés et réajusta son uniforme. Je n'avais aucun mal à imaginer un écusson de Poufsouffle venir le compléter. Contrairement à sa sœur, je n'avais que peu de doute sur l'issue de la répartition pour lui.

-Tu m'écris demain pour raconter, d'accord ? m'assurai-je d'une voix qui commençait à s'assourdir.

-Promis.

Je me forçai à constituer un sourire et l'embrassai sur le front avant de le laisser rejoindre Arwen. Hope tenait déjà Joy par la main et n'attendait plus que lui pour grimper dans le train après avoir enlacé ses deux pères. Pour quelqu'un qui n'attendait que de me voir pleurer, Noah eut beaucoup de mal à laisser partir ses filles et ne les lâcha pas du regard alors qu'elles montaient dans le wagon. Mon cœur s'apprêtait à éclater de les voir disparaître lorsque, soudainement, la tête d'Arwen apparut juste au-dessus de moi, tout sourire, par la fenêtre ouverte d'un compartiment. Je levai la main pour attraper celle qu'elle me tendait et nouai mes doigts aux siens.

-On se revoit vite à Noël ! cria-t-elle pour couvrir les sifflements et les au-revoir de plus en plus sonores. Willy espère avoir son balai à cette occasion !

-C'est pas vrai ! glapit son frère.

-Au revoir papa !

Le train s'ébranla et la main d'Arwen glissa de la mienne. J'aurais voulu me mettre à courir sur le quai comme une enfant pour maintenir le contact le plus que possible, mais je me résolus à simplement agiter ma main vide, l'agiter jusqu'à ce que le train file tel un serpent écarlate dans les rues londoniennes pour gagner la campagne anglaise. Il avait disparu depuis longtemps avec mes enfants à bord qu'elle était toujours levée. Depuis combien de temps avaient-ils déjà détournés les yeux pour les river vers l'avenir brillant qui les attendait à Poudlard ? La réponse ne plairait certainement pas à mon cœur de mère ... J'avais enfin baissé ma main pour venir enserrer mes doigts autour de ma chaine quand Simon vint m'enlacer d'un bras. Et comme toujours lorsqu'on m'arrachait quelque chose, je me reposai contre lui, me laissant aller contre son torse en contemplant l'horizon qui avait avalé mes enfants dans un épais panache blanc.

-Désolé de devoir doubler la mise, mais je dois y aller aussi pour la réunion pédagogique de pré-rentrée, murmura-t-il d'un ton peiné. J'ai déjà réussi à échapper à la matinée, ce n'est pas très professionnel pour un premier jour. Mais je suis de retour ce soir.

-Je sais, ne t'inquiète pas, assurai-je avec un petit sourire. Je suis une grande fille. Cours-y, professeur Bones, sinon McGonagall va venir te transformer en écureuil.

-Ça te ferait plaisir, hein ?

-Pas autant que de te voir pour ton premier cours. Tu es sûr que ce n'est pas possible ?

-Même pas en rêve, minus.

Etouffant un rire, je me retournai dans ses bras pour venir poser mes lèvres sur les siennes et faire passer la déception. Dix ans d'exil, un mariage et deux enfants plus tard, j'avais toujours la sensation de décoller totalement du sol chaque fois que j'embrassai Simon Bones. Il avait fallu du temps pour y parvenir mais une fois acquis c'était resté l'un des délices immuables de ma vie et comme toujours un soupçon de regret vint percer mon cœur lorsque nos lèvres se désunirent. Le sourire crispa qu'il m'adressa m'alerta aussitôt et en l'observant plus attentivement, j'eus la sensation que se superposait à l'adulte l'adolescent anxieux que j'avais dû rassurer avant qu'il entre à l'IRIS pour la première fois.

-Tu es nerveux, notai-je calmement.

-Comme un écolier avant son premier jour de classe, concéda-t-il dans un souffle haché. Honnêtement, je ne dois pas être dans un meilleur état que William. La pression, volonté d'être à la hauteur ... J'ai tellement la sensation de ... je ne sais pas, changer totalement de dimension.

C'était là tout naturel. Simon avait vécu au gré de ses envies ces dernières années, parfois étudiant la magie en autodidacte, parfois acceptant les contrats comme Briseur de sort pour Gingrotts. Il s'était épanoui dans chacun d'entre eux, mais ce poste de professeur était un graal ultime. Et comme chaque fois qu'il était nerveux, les doigts de Simon glissèrent jusqu'aux perles de mon bracelet.

-Tu pensais à quoi, toi ? s'enquit-t-il sans me regarder. Lorsque tu as dû monter dans les tribunes pour soulever la coupe du monde ?

A Cédric, aurait été la réponse la plus facile, et pourtant elle resta bloquée au fond de mon cœur. Fort heureusement, j'en avais une autre toute aussi vraie et satisfaisante qui m'arracha un sourire insensé.

-Pas grand-chose, honnêtement. J'étais ... euphorique, tout étourdie. Je n'en revenais pas d'être là. Je veux dire ... moi. Vraiment, j'ai mis plusieurs jours à véritablement réaliser. Et puis n'essaie pas de comparer ton job de prof à ma coupe du monde. J'étais face à un stade avec des milliers de personne : toi tu auras vingt élèves devant toi. J'ai confiance en toi, Simon Sirius Bones. Tu sauras gérer ça.

Je m'attendais à une nouvelle pique, une petite moquerie qui nous caractérisait tant et pourtant ce fut cet habituel regard intense qui me happa, le regard sous lequel je me sentais prodigieuse, spéciale et unique. Rien, même pas le fait de tenir la coupe du monde entre les mains, n'avait jamais pu égaler cette sensation brûlante et exquise qui s'éprenait de moi chaque fois que Simon m'adressait ce regard. Avant d'y céder et de l'empêcher de se rendre à ses obligations professorales, je posai une main sur sa poitrine pour rompre notre étreinte.

-Allez, va. De toute manière j'ai de quoi m'occuper, rappelai-je avec un fin sourire.

-Hum. Surtout, ne la salue pas pour moi.

-Je n'y comptais pas. A ce soir.

Je picorai un dernier baiser avant de le laisser partir, presque en courant, comme si les fouets de McGonagall étaient à ses trousses pour lui faire payer le moindre retard. Maintenant que le train était parti, le quai s'était éclairci, à la fois vidé des parents qui refluaient vers la gare et du brouillard qui s'évaporait enfin vers les cieux. Julian et Noah s'étaient envolés, Seamus s'était rapproché de l'un de ses amis, ne restait qu'Alice pour m'accompagner jusque la barrière, en bonne filleule volant au secours de sa marraine esseulée. Je passai un bras derrière sa taille alors que nous longions le quai, un sourire aux lèvres. Les larmes tant attendues par Miles et Noah semblait vouloir rester bloquées sur ma cornée et me brouillai à peine la vue. De ce fait, je pus parfaitement reconnaître les traits sous les taches rousses qui m'apparurent au bout de la voie.

-Salut Bennett ! m'interpella George avec un signe de la main. Tu viens fêter sa liberté nouvelle à la boutique ?

-Désolée Weasley, j'ai un programme chargé ! Une prochaine fois !

-J'oubliais à quel point tu étais une femme demandée, excuse-moi !

L'emphase et la révérence profonde et moqueuse dont me gratifia George fit rire Alice mais me poussa à lentement secouer la tête, désabusée. Fort heureusement, dans ce groupe se trouvait un homme capable de me réduire à l'ombre, et je lui en étais gré. Harry Potter attirait toujours tous les regards, auréolé de son titre de « Survivant » étayé à présent par des exploits personnels dans sa carrière d'Auror. Attiré par le cri de George, il pivota brièvement vers moi et m'adressa un hochement de la tête auquel je répondis par un sourire avant de poursuivre ma route vers la barrière. Une fois passé le mur de brique et retournées dans la cohue de King's Cross, je lançai à Alice :

-Tu n'as pas une amoureuse à aller rejoindre ?

-Je vais d'abord manger avec Babcia, je suis responsable d'elle pendant que papa et maman se dorent la pilule sous les tropiques, prétendit-t-elle avec un sourire narquois. Je vais essayer d'entrainer Michael, ça le sortira de sa grotte cet ermite. Après j'irais retrouver ma copine, on va au ciné ce soir.

-Ton père t'a vraiment bien élevé. Embrasse Jaga de ma part, dis-lui que je viens demain.

Alice hocha la tête et sitôt parvenue dans un coin d'ombre, transplana promptement. Je la suivis, mais pour une toute autre destination. Comme toujours, la sensation d'étouffement extrême du transplanage me coupa le souffle plusieurs secondes et je me dépêchai de retourner à la lumière pour apaiser les battements affolés de mon cœur après avoir bien vérifier que j'étais entière. Les mouchoirs de Miles me furent vaguement utile lorsque je me retrouvais sur Charing Cross Road, que j'avais parcouru pour la dernière fois en allant faire les fournitures pour Arwen et William, mais c'était là les seules larmes que je m'accordai. Car une fois rentrée dans le Chaudron Baveur, un regard inflexible se planta sur moi. Tapant impatiemment du pied contre le parquet, un jus d'œillet dans une main et une plume dans l'autre, une femme aux lourds cheveux d'acajou retenus dans un chignon m'attendait.

-Tu as enfin largué ta marmaille ? questionna Octavia McLairds d'un ton neutre, presque ennuyé.

-Le divorce t'a rendu méchante, répondis-je tranquillement en prenant place en face d'elle. C'est d'autant plus frustrant que je trouve qu'il te va à ravir.

-Que veux-tu, je suis destinée à être la méchante sorcière des contes moldus.

Mais loin d'en prendre ombrage, sa saillie fit naître un sourire sur son visage où l'âge n'avait aucune prise. Elle me tendit un parchemin d'un geste assez péremptoire qui la caractérisait. D'une main gourmande, j'effleurai tous les parchemins qui jonchaient déjà la table, des notes rageuses, des brouillons, des débuts de plans pour poursuivre la colossale entreprise commencée plus de vingt ans plus tôt. Un livre ne nous avait pas suffi. Au contraire, il n'avait que nous prouver à quel point notre travail était nécessaire, vital pour notre communauté. Et à présent, j'étais plus que prête à reprendre la plume et à me jeter corps et âmes dans cette toute nouvelle aventure. J'avais été une championne de Quidditch, j'étais une mère, et pour toujours l'âme sœur de Simon Bones ... il était temps d'épouser à merveille le costume de l'historienne. Un sourire impatient se dessina sur mes lèvres et je vrillai mes yeux sur ceux d'Octavia. Les étincelles dans ses prunelles semblaient me répondre.

-Alors ? On s'y met ?

FIN

***

Alooooors ce premier épilogue? 

Je réalise pleinement qu'il suscite beaucoup d'interrogation : ne vous en faites, c'est à ça que le "Et après?" sert : à répondre à toutes les questions intermédiaires (notamment soulevées par les dernières lignes, je le devine ...) 

Pour moi la vraie fin est ici, parce que c'est tout simplement la dernière partie réellement rédigée sous forme narrative. D'où le "fin", seul et définitif qui l'achève. 

C'est le dernier des trois qui a été prévu et pourtant il fait tellement sens. Parce que ça poursuit le parallèle avec les Harry Potter, et c'était irrésistible (même s'il ne s'agit pas de la même rentrée). Mais surtout parce que, les lecteurices de LFDO l'auront noté de leur œil aguerri, ça nous amène littéralement au premier chapitre des Fantômes des oubliés. La boucle est bouclée ! 

Vous avez déjà eu une belle dose d'information, et tout sera davantage détaillé dans les épilogues qui suivent ... Une idée concernant la forme ? (Un indice : il y a eu de bonnes propositions. Du moins il y avait de l'idée). 

A samedi pour l'épilogue 2 <3 (Oui ça va s'enchainer à partir de maintenant, tous les deux jours quelque chose !) 



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