II - Chapitre 9 : Rivalités
Allez, c'est le début d'année, et j'ai repris beaucoup d'avance (23e chapitre) donc exceptionnellement, je poste deux semaines de suite !
Bon ce chapitre, je le poste assez vite parce que c'est un petit chapitre qui ne sert un peu à rien, il n'était même pas prévu jusqu'à ce que je lise une phrase oubliée de HP5... Mais comme elle concernant l'un de mes personnages, je n'aurais pas pu y couper. Et comme il me manquait un petit passage, ça finit sur une chose dont c'est assez délicat de parler, mais bon ... ça va peut-être paraitre cru pour certain, mais je considère très personnellement qu'il faut arrêter les tabous ...
Bonne lecture !
Chapitre 9 : Rivalités.
La recomposition de l'équipe de Poufsouffle fut une sorte de mini-victoire sur la néo-dictature d'Ombrage qui fut fêtée comme il se devait dans la Salle Commune de Poufsouffle lorsque nous revînmes de l'entrainement, trempés par la pluie qui battait le terrain, mais heureux d'être autorisés à jouer de nouveau. Simon avait ressorti sa guitare pour l'occasion et Emily s'était faite une joie de piller les cuisines, s'attirant les moqueries de certain qui arguait que c'était indigne d'une préfète-en-cheffe. Elle n'en eut cure et revint avec bièraubeurre et victuailles, si bien que je me retrouvais propulsée un an en arrière, le soir où Cédric était revenu de sa première tâche et où j'avais fini par chanter Je voudrais déjà être roi sur la table. Et au vu de l'empressement de Simon à me ravitailler en alcool, cette situation semblait être son objectif mais je réussis miraculeusement à garder la tête froide grâce à une adorable Susan qui lui assénait « tu n'as pas honte de faire boire les filles, Simon ? » chaque fois qu'il me proposait une bièraubeurre.
Mais Poufsouffle semblait être les seuls à festoyer et à préparer sereinement le match. Les Serpentard, malgré une rapide obtention d'autorisation d'Ombrage grâce à l'amitié entre la Grande Inquisitrice et le père Malefoy, peinait à trouver un réel rythme d'entrainement. Montague manquait d'intelligence dans son management et avait laissé cette fouine de Malefoy faire entrer deux de ses amis, Crabbe et Goyle au poste de Batteur, deux gorilles sans une once d'intelligence selon Miles, et le nouveau Poursuiveur, Adrian Pucey, avait certes un certain talent mais passait le plus clair des entrainements à comploter avec Warrington. La coopération était difficile et les entrainements assez tendus pour que Miles envisage sérieusement de demander la destitution de Montague comme Capitaine – mais il avait trop peur que Rogue nomme Malefoy à sa place. Montague ce n'était pas l'idéal, mais lui au moins s'y connaissait en Quidditch.
Roger avait eu un mal fou à obtenir la reformation de son équipe : il avait parlementé pendant plus d'une heure avec Ombrage, avec comme principal point de désaccord la présence dans l'équipe de Lionel Chambers, un très bon Poursuiveur mais qu'Ombrage avait déjà collé trois fois depuis le début de l'année pour arrogance et manque de travail. Elle finit par lui accorder la reconstitution à la condition qu'il se porte garant que Chambers – et par là-même, si celui-ci se faisait remarquer, que Roger laisse le brassard. Le Capitaine avec accepté à contrecœur mais de ce que je savais, Chambers s'était retrouvé étonnement calme depuis cet entretien. Mais s'ajoutait à tout cela quelques difficultés : la formation d'un nouveau poursuiveur, Bradley, trop tendre au goût de Roger et la méforme de Cho, qui volait sur son balai tel un fantôme sans but.
Sans surprise, la chose fut plus ardue pour Angelina, qui dut en recourir à l'aide de sa directrice de Maison pour qu'Ombrage daigne accepter que l'équipe de Gryffondor ne se reforme – malgré un Harry Potter qui avait remarquablement tenu sa langue dans les semaines qui suivirent. Mais l'autorisation n'avait en rien arrangé le niveau de Ron Weasley, qui ne cessait de désappointer Angelina au point où elle me demandait de le coacher un petit peu pour qu'il ne se ridiculise pas durant le premier match de la saison.
Le Quidditch prit une place prépondérante dans les semaines qui suivirent le décret d'éducation numéro vingt-quatre : ragaillardies par le spectre de leur dissolution soudaine, chaque équipe s'était mis à se plonger corps et âmes dans les entrainements, si bien qu'il devenait difficile de trouver un créneau. Angelina, Roger et moi arrivions à trouver des arrangements pour tourner, quitte à se partageait l'espace entre une séance tactique dans les vestiaires et pratique sur le terrain, mais les Serpentards étaient moins coopératifs, malgré mes demandes répétées à Miles de faire entendre raison à Montague. Cela devenait pire avec l'approche du premier match de la saison entre Gryffondor et Serpentard, où les deux équipes monopolisaient les créneaux, si bien que Roger et moi nous étions résignés aux séances tactiques et à attendre que le match passe.
-Et bon sang, vivement que ça se termine, grommela Roger alors que nous sortions d'étude des moldus. Il y a eu les premiers heurts entre Gryffondor et Serpentard, tu as vu ? Adrian Pucey a essayé de pousser Katie Bell dans les escaliers du sixième étage.
-Charmant, constatai-je avec mauvaise humeur.
Pour avoir été forcée de déclarer forfait après un incident similaire, l'anecdote répandait un goût amer dans ma bouche.
-Et puis, ce serait bien que Cho se remobilise, un bon petit match ça peut l'aider, ça la reboostera.
-Elle vole toujours aussi mal ? m'enquis-je du bout des lèvres.
J'étais toujours embarrassée quand il s'agissait de Cho Chang, à laquelle je n'avais toujours pas adressé le moindre mot malgré notre perte commune – et c'était d'autant plus gênant que je l'avais surprise en train de pleurer dans les toilettes des filles pas plus tard que la semaine dernière. Roger eut un soupir dépité.
-Oui, je ne sais pas ce qui lui arrive ... Enfin si, je sais ce qui lui arrive, ajouta-t-il alors que je le lorgnai l'air circonspect. Je sais, je sais, Diggory, tout ça ... Mais c'était ton meilleur ami à toi aussi, non ? Et pourtant ... Tu n'as pas de problème de vol ? Tu repousses toujours aussi bien les souafles ?
-Mon vol et moins important que celui d'un joueur de champs, évaluai-je avec prudence. Et si j'ai réussi à être aussi efficace au Quidditch c'est parce que ... j'ai été bien entourée au moment de remonter sur un balai. Elle a été bien entourée, Cho ?
Le silence gêné de Roger fut éloquent et je lui lançai un regard incisif, prenant soudainement conscience que Cho devait se sentir bien seule avec sa douleur à Serdaigle. Simon, Emily et moi étions ensemble, mais elle ... Qui savait bien ce qu'elle pouvait ressentir ?
-Peut-être que tu devrais lui parler, proposai-je, le ventre noué. C'est toi, son Capitaine. C'est à toi de la remotiver. Essaie de savoir ce qui se passe dans sa tête ...
-Essayer de savoir ce qui se passe dans la tête d'une fille. Excellente idée, Bennett. Tu ne veux pas, euh ... aller lui parler, toi ?
-Je n'étais pas particulièrement en bon terme avec Cho, lui appris-je, les joues rougissantes. Crois-moi, mieux vaut que ça ne soit pas moi. Toi, vas-y. C'est ta joueuse, après tout. En tant que Capitaine adverse, je ne dois pas t'aider à avoir une équipe performante.
-Ahah. Hilarant, Madame-j-ai-le-prénom-d-une-reine.
-Tu es jaloux, Davies, lançai-je avec un éclat de rire.
Nous venions d'arriver devant la Grande Salle, qui à cette heure du déjeuner commençait doucement à se remplir. Emily, qui avait eu une heure de libre le cours précédant, était déjà installée à la table de Poufsouffle et je vis Roger déglutir en remarquant que Cho était aussi assise à la table des Serdaigles, seule et fixant son assiettes vide d'un regard éteint. Je le poussai sans ménagement vers sa table et il me gratifia d'une œillade noire par-dessus son épaule.
-Ça va, j'y vais, céda-t-il de mauvaise grâce. Mais si Emily dit quoique ce soit sur le fait que je parle à Cho ...
-BENNETT !
Je sursautai si fort devant ce cri que je me retranchai derrière Roger, le cœur battant. Malgré le rire du Capitaine de Serdaigle, je risquai un œil sur la Grande Salle pour voir Angelina remonter l'espace entre les tables de Serdaigle et Gryffondor, un air furieux peint sur le visage et ses tresses s'agitait fougueusement sur ses épaules. Elle avait l'air véritablement hors d'elle, et je ne savais pas ce que j'avais pu faire pour mériter qu'elle hurle ainsi mon nom avec tant de hargne. Je ne m'en retranchai que plus derrière Roger, les mains crispées sur ses omoplates.
-Surtout ne bouge pas. Sur un malentendu, elle ne me verra pas ...
-Ben voyons, s'esclaffa Roger, l'œil pétillant.
Sur ce, il s'écarta souplement et je fus momentanément déséquilibrée, titubant presque. Fort heureusement, Roger m'attrapa par les épaules, mais pour mieux me présenter à Angelina avec un grand sourire.
-Je te la livre de bon cœur !
-Espèce de traitre ! glapis-je en le fusillant du regard.
-Que veux-tu, si Angelina peut t'assassiner avant le match, ce serait parfait pour moi ...
Sans répondre, je lui flanquai un coup de poing sur l'épaule. Mais Roger était bien plus musclé et résistant que pouvait l'être Simon et se contenta d'un vague sourire amusé, avant de me quitter avec un salut militaire. Angelina parvint à ma hauteur au moment où il s'enfuyait lâchement pour s'asseoir en face de Cho. Je ne pus observer la réaction de la jeune fille que la Gryffondor m'agrippait fermement par les épaules et plantait son regard furibond dans le mien.
-Par Merlin qu'est-ce que j'ai fait ? lançai-je, entre irritation et peur.
Angelina plissa ses beaux yeux sombres et les ongles de sa main s'enfoncèrent si fort dans mon épaule que ça en fut douloureux.
-Je vais te dire, moi ce que tu as fait ! C'est déjà assez compliqué de gérer un match, je n'ai pas besoin que ton copain envoie l'un de mes meilleurs éléments à l'infirmerie ! Gère-le !
-Pardon ?
-Il a jeté un sortilège à Alicia et elle est à l'infirmerie, maintenant ! Une dizaine de personne l'ont vu dans la bibliothèque mais Rogue refuse de m'écouter ...
-Miles a attaqué Alicia ?
Je cherchai une réponse derrière Angelina, où une partie de l'équipe de Gryffondor était regroupée avec Katie Bell, Fred et George. Harry déjeunait également non loin avec Hermione et Ron et je le remarquai qu'il lorgnait discrètement en notre direction. Mais quand son regard d'émeraude croisa le mien, il détourna les yeux et les baisser sur ses pommes-de-terre.
-En gros, ouais, confirma l'un des jumeaux d'un air sombre. Un sortilège de Cheveux Dru. Quand Bones l'a amené à l'infirmerie, ses sourcils étaient si longs qu'ils lui arrivaient dans la bouche.
Ce n'était pas bien méchant, constatai-je avec un certain soulagement. Pendant un instant, j'avais craint que Miles ait blessé Alicia pour l'empêcher de jouer le match. Un sortilège de Cheveux Dru était certes contrariant et totalement déloyal, mais pas dangereux.
-Bones ?
-Simon Bones, répéta l'autre jumeau avec lenteur. Tu dois connaître, toi qui passes ton temps à lui hurler dessus ?
-Je suis perdue, là ...
Je ramenai mon regard déboussolé sur Angelina, qui devant ma mine égarée parut se radoucir. Elle poussa un profond soupir et désigna la table des Gryffondor du menton. Je m'assis entre elle et un jumeau, et cette fois je vis distinctement Harry et Ron se pencher vers nous. Mes joues s'embrasèrent d'embarras.
-Bon, on peut m'expliquer calmement ce qui se passe ?
-En deux mots, Alicia et moi on révisait à la bibliothèque quand ses cheveux et ses sourcils se sont mis à pousser de façon exagérée, entonna Angelina d'une voix où tremblait encore la colère. Je suis allée voir qui avait jeté le sortilège et Simon qui travaillait à côté a essayé d'arranger ça, mais il a dû la conduire à l'infirmerie. Je suis restée interrogé les autres élèves, et beaucoup ont identifié à minima un garçon de Serpentard, soit carrément Miles.
-C'est une blague ..., marmonnai-je.
Je posai une main sur ma tempe, singulièrement contrariée par la nouvelle. Ce n'était certes pas méchant, mais c'était réellement irritant. Je savais qu'il arrivait à Miles de participer à la campagne d'intimidation d'avant-match, mais généralement il se contentait de piques bien senties, que j'avais moi-même pu subir durant ma première saison. Peut-être que c'était ma capacité à lui répondre qui l'avait attiré. Je secouai la tête pour recouvrer mes esprits.
-Je sais qu'on est habitué aux tentations de ce genre, poursuivit Angelina, plus apaisée maintenant que les mots étaient sortis, mais c'est déjà assez compliqué de gérer un match, et les Serpentards sont exaltés de se sentir sous la protection d'Ombrage, alors ils sont pires que d'habitude. Les insultes permanentes, Pucey qui tente de pousser Katie, et maintenant Bletchley qui lance un sort à Alicia ... Cette année, je trouve que ça fait beaucoup.
Sans compter que l'équipe n'était pas la plus sereine que j'avais connu, admis-je à part moi. Angelina était sans cesse au bord de la crise de nerf, entre Harry qui avait passé le début d'année en retenue et ses inquiétudes quant au niveau de Ron Weasley. Alors les quolibets habituels des Serpentards devaient résonner cette fois plus profondément dans les esprits des joueurs de Gryffondor. Le jumeau en face de moi me toisa longuement.
-En temps normal, je ne te cache pas qu'on se serait chargé de Bletchley nous-même ...
-Mais comme on a un match à tenir, et que c'est ton amoureux, on a considéré qu'il valait mieux laisser te faire, toi et ta diplomatie, poursuivit son frère en me donnant une tape dans le dos qui me propulsa contre la table.
-La diplomatie en question peut se traduire par un coup de poing dans le nez, enchérit Katie Bell. On te couvrira.
Je me mis à mâchouiller nerveusement la lèvre, la tête appuyée contre mon poing, considérant chacun des joueurs de Gryffondor avec indécision. Je ne voulais pas m'immiscer dans les confrontations entre Gryffondor et Serpentard, et encore moins prendre une sorte de parti entre les deux équipes. Mais si Angelina avait raison et que Miles avait jeté un sort à Alicia ... J'eus l'impression que mes entrailles se remplissait de plomb. Seigneur, Katie avait raison. Simon avait reçu des coups pour moins que ça.
Et ça me gênait que par notre relation, je sois associée à de tels méfaits.
-Je lui en parlerais, promis-je finalement en me levant. Si jamais il fait d'autres conneries de ce genre, prévenez-moi.
-Compte sur nous Bennett, assura le jumeau à mes côtés avant de taper sa main contre la mienne en guise d'au-revoir.
J'adressai un sourire que j'espérai encourageant à Angelina, mais elle était plongée dans une conversation avec Katie. Faute de mieux, j'agrippai les épaules de Ron Weasley en un geste qui le fit sursauter et osai pointer un index accusateur sur Harry Potter :
-Et vous deux, arrêtez de donner des cheveux blancs à Angie parce qu'après c'est sur moi qu'elle beugle à travers la Grande Salle. Toi (je tapotai la tête rousse de Ron). Tu te constitues une bulle dans laquelle seul le souafle existe, et n'aies pas peur de la balle quand elle arrivera sur toi.
-Ecoute la, c'est la Gardienne adoubée par Viktor Krum qui te parle, renchérit son frère avec un sourire sarcastique.
-Vraiment ? s'étonna Harry.
Ses yeux verts me dévisagèrent, et je fusillai le jumeau en question du regard, agacée que cette information filtre de manière impromptue.
-Ce n'est pas l'important ici, vous vous en inquiéterez en Février quand on jouera contre vous, répliquai-je avant de m'adresser à Harry. Et Seigneur-Dieu, Potter, arrête de te retrouver en retenue. Crois-moi, je sais à quel point c'est dur de se la boucler, mais pour le bien commun il faut savoir faire des sacrifices.
-Non, tu ne sais pas, rétorqua Harry avec un certain agacement.
Il écarta une mèche qui lui barrait le front, et pour la première fois je pus admirer cette célèbre cicatrice en forme d'éclair qui se détachait de sa peau pâle. Au prix d'un grand effort, je parvins à en détacher mon regard pour le planter dans celui de Harry. J'aurais voulu répliquer quelque chose de cinglant, mais ce fut Angelina qui mit une main sur son bras pour dire avec une certaine douceur :
-Si, elle sait. Je t'expliquerais. (Elle m'adressa un sourire). Des paroles pleines de sagesse, Bennett. Pour te faire pardonner que ton copain ait envoyé Alicia à l'infirmerie ?
-Peut-être, avouai-je en haussant les épaules. Je vais aller le trouver d'ailleurs, tu as une idée d'où il est ?
Mais tous répondirent par la négative, et je pris congé des Gryffondors, les oreilles bourdonnantes de rage. Je parcourus rapidement la pièce du regard pour remarquer que Roger parlait avec Cho et que Miles ne se trouvait pas à sa table, et j'étais tant prise par mon inspection que je heurtais Simon qui venait en sens inverse depuis le Hall.
-Vicky bon sang ! Regarde où tu marches !
-Tu es devenu tellement grand que tu ne me vois plus, je suis trop basse pour toi ? plaisantai-je avant de m'enquérir avec plus de sérieux : comment va Alicia ?
Simon frotta le bras que j'avais percuté, me jetant un regard soupçonneux derrière quelques mèches blondes qui lui tombaient dans les yeux. Il les repoussa d'un souffle et finit par lâcher du bout des lèvres :
-Pomfresh a eu du mal à trouver un contre-sort, Flitwick a dû intervenir. Mais ça va mieux, je pense : en tout cas ses sourcils ont arrêté de pousser.
Il continua de me lancer des petits regards, presque embarrassé.
-Est-ce que ... Est-ce qu'on t'a dit ... ?
-Que Miles avait lancé le sort ? Angelina s'en est faite une joie, oui. Et je m'apprête à tirer d'autres oreilles que les tiennes : jour béni, Simon.
Un léger sourire passa furtivement sur ses lèvres, avant qu'il ne jette un regard à la table derrière nous.
-Ça peut attendre que tu manges non ? Toute maigre que tu es.
Pour étayer ses propos, il pinça mes côtes et je glapis en faisant un bond sur le côté. Je finis à accepter en comprenant que Simon ne me laisserait pas partir à la chasse au Miles sauvage tant que je n'aurais pas mangé quelque chose et m'amadoua en m'apprenant qu'il avait oublié de me donner mon courrier ce matin. Je passai donc le repas entre frustration, lecture de lettre et porridge. Simon en profitait également pour lire son courrier et La Gazette et Emily finissait un interminable devoir qu'Ombrage nous avait donné. Nous n'échangeâmes pas un mot du repas jusqu'à ce que Simon me demande, les sourcils froncés derrière une lettre qu'il lisait :
-Vicky ? Pourquoi Alex m'envoie « Tu n'as pas le droit de m'abandonner ! » en lettre capitale ?
-Hum ?
Simon montra la note qui tenait sur une ligne et s'étalait de l'écriture brouillonne de mon frère. Un feulement de chat furieux monta dans ma gorge. Je venais de prendre connaissance de la lettre qu'Alexandre m'avait envoyée et je savais pertinemment ce à quoi ça faisait référence.
-Il veut que tu viennes quand je vais lui amener Miles, pour qu'il n'ait à tenir la chandelle.
-Vraiment ?!
-Il dit que Susan peut venir, aussi.
-Mais il est sérieux ? Pas question !
-Tu te débrouilles avec lui, Simon, soupirai-je, assez contrariée à la fois par sa réaction et par les exigences de mon frère.
-En parlant de Susan, vous saviez où elle était hier ? s'enquit Emily d'un ton distrait. Mon frère l'a cherché toute la soirée ...
Nous nous accordâmes pour lui adresser un regard circonspect. Le frère d'Emily, Sullivan, faisait une fixette sur Susan depuis l'année dernière, malgré les efforts de celle-ci pour le fuir.
-Tu sais bien que Susie préfère se cacher que d'avoir affaire à ton frère, lui rappela Simon. D'ailleurs il ferait bien de faire attention, elle ne va plus supporter ça longtemps et elle est devenue forte en Sortilège de Chauve-Furie.
-Je transmettrais. On y va ? On a métamorphose.
Je consultai la montre offerte par les Bones pour mes dix-sept ans et grondai sourdement. Emily avait raison, je n'aurais pas le temps de mettre la main au collet de Miles. Ce fut donc résignée et fulminante que je la suivis jusque notre table. Mon humeur déteignait sur mes sortilèges, que je ratais systématiquement, m'attirant le regard sévère de McGonagall et récoltant pour le cours suivant d'une tonne de devoir supplémentaire, dont Emily jura qu'elle allait m'aider à les réaliser parce qu'elle, toutes ses métamorphoses étaient parfaites. Ce fut en cours de Botanique que je croisais enfin Miles, installé devant un bac avec une fille de sa classe et deux Serdaigles. Je fusillai sa nuque d'un regard ardent tout le long du cours, mais je remarquai que je n'étais pas la seule : les jumeaux Weasley complotaient en lui jetant des fréquents coup d'œil, et je dus les rappeler à l'ordre en leur lançant une truelle à la figure, que l'un d'entre eux transforma d'un coup de baguette en avion en papier. La cloche finit par sonner la fin des cours. Simon parlait avec Chourave de l'organisation des rondes de préfets et de la décoration du château pour noël qu'ils étaient censés superviser, et presque aussitôt après le premier tintement de cloche, les jumeau Weasley vinrent me flanquer pour mettre chacun une main sur mon épaule.
-Allez Bennett, attaque !
-Si le coup de poing est assez joli, un te donnera un assortiment gratuit de pastille de gerbe et de nougats néansang.
-Nougat néan ... Oh je vous jure, rageai-je en secouant la tête. Dégagez de là, laissez-moi respirer !
-Et il est hors de question que je vois la moindre boite à flemme dans les barrages, prévint Emily en pointant sur eux un index menaçant.
-Whao Fawley, t'es presque aussi effrayante qu'Hermione, plaisanta l'un des jumeaux avant de tapoter mon épaule. Tu viendras nous raconter dans les cuisines ce soir, Bennett.
-Et n'oublie pas : vise bien.
Je réussis à atteindre le postérieur de l'un d'entre eux de mon pied avant qu'ils ne sortent avec un sourire goguenard. Angelina leur emboita le pas : Alicia ne l'avait toujours pas rejointe. Mon cœur se serra. Je n'avais déjà pas assez à gérer de mon futur match, il fallait en plus que j'assure la paix entre Gryffondor et Serpentard ? C'était beaucoup de poids mis sur mes maigres épaules. Miles passa devant moi et m'adressa un sourire avant de se diriger vers la sortie. Un sourire tendre, qui d'habitude me faisait faire des cabrioles à mon estomac, mais cette fois il prenait dans mon esprit une teinte différente. Mon sang ne fit qu'un tour.
-Je te rejoindrais à la bibliothèque, lançai-je à Emily, qui m'attendait. J'ai ...
Mais Emily me rassura d'un sourire, et entreprit d'arracher Simon à sa conversation avec Chourave pour sortir de la serre. Je les suivis dehors, et repérai Miles qui marchait seul, les mains dans les poches.
-Bletchley !
Miles fit volte-face et s'immobilisa sur la pente qui menait au château. Je resserrais ma cape sur moi et recrachai les cheveux que les bourrasques plaquaient sur mon visage et faisaient entrer dans ma bouche. Le temps était exécrable ses derniers temps et le vent poussait vers nous des nuages qui semblaient noirs de pluie. Un fantastique temps écossais. Je rejoignis Miles au pas de course, une main dans les cheveux pour les tenir en place et l'autre serrant contre moi le parapluie que j'avais amené car nous avions traversé le parc sous une averse pour venir en cours. Une fois arrivée à sa hauteur, Miles entreprit de me frictionner mes bras pour me réchauffer. Effectivement transie de froid, je le laissai faire de mauvaise grâce.
-Fais attention, avec ce vent tu vas t'envoler, plaisanta-t-il en refermant ses bras sur moi.
-Pas si vite, Bletchley, protestai-je en plaquant le manche de mon parapluie sur sa poitrine pour l'inciter à s'éloigner. On a à causer, toi et moi. C'est quoi ton excuse pour avoir jeté un sortilège à Alicia Spidnett ?
Le sourire qui s'étirait sur les lèvres de Miles se figea, avant de s'agrandir à ma plus grande stupeur. Un rire amusé secoua sa poitrine.
-Oh, le sortilège de Cheveux Dru ? Ce n'est rien, ce n'était pas méchant. Juste les provocations habituelles d'avant-match, tu sais à quel point c'est particulier avec Gryffondor.
C'était bien ce que j'avais pensé, songeai-je, mortifiée. Miles ne voyait pas le mal dans ce qu'il avait fait, et j'ignorais si c'était rassurant ou affligeant. Avant que je n'aie pu décider, une bruine se mit à se déverser sur nous, et je m'écartais pour ouvrir mon parapluie. Après s'être prit la toile dans la figure, Miles me le prit des mains pour le maintenir au-dessus de sa tête – bien plus haute que la mienne. Devant la pluie qui s'intensifiait, nous prîmes la direction du château, mais je n'attendis pas d'être à l'abri pour asséner :
-Je trouve ça limite, quand même. Je comprends que ce soit différent avec Gryffondor parce que vous avez une grande rivalité avec eux, mais d'habitude tu te contentes de lancer des piques verbales. Pourquoi passer aux maléfices ?
-Oh je ne sais pas, répondit Miles en haussant les épaules. Felicity est venue me voir hier avec ce maléfice en me demandant quel était ses effets et je me suis fait la réflexion qu'il serait drôle à lancer. Ce n'est pas dangereux, et embêtant juste ce qu'il faut. Et crois-moi, j'ai fait bien moins mal avec ce sort à Alicia que Malefoy avec ce qu'il prépare pour Ron Weasley ... ça, c'est de la malveillance.
-Si tu te compares à Malefoy, évidemment que tu auras l'air d'un saint, peu importe les bêtises que tu feras, répliquai-je un brin sèchement. Bon sang, Angelina avait un entrainement ce soir et Alicia ne pourra pas participer, tu tronques sa préparation, là ! C'est complétement déloyal et ...
-Oh, Vic' ! soupira Miles en levant les yeux au ciel. C'est du Quidditch !
Je plissai les yeux, piquée au vif par l'argument qui n'en était réellement pas un. Je regrettai de ne plus avoir le parapluie en main pour le lui asséner sur le crâne.
-Ce n'est pas du Quidditch. Le Quidditch, ça se passe sur un terrain, où Alicia essaie de marquer un but et que toi, tu essaies de le bloquer. En tout cas moi, c'est comme ça que j'y joue.
-Oui mais toi, tu es une Poufsouffle. Tu es gentille, tu es juste, tu es loyale, évidemment que tu ne tenterais jamais de déstabiliser un adversaire en dehors du terrain. Parce que c'est dans ta nature et que tu es comme ça. Alors que moi ... je suis retors, un peu fourbe et ...
-... du genre à lancer un maléfice à une amie de ta copine pour la désarçonner avant un match ? Désolée, ce que tu as fait c'est complétement contre les lois du sport pour moi. Et contre nos lois. Bon sang Miles, Alicia est mon amie ! Je n'ai pas envie qu'elle m'en veuille parce que mon copain l'a attaquée par derrière !
Miles s'immobilisa net, et je me trouvais momentanément découverte à la merci de la pluie devenue battante. Je fusillai mon petit-ami du regard en reprenant ma place sous le parapluie, les cheveux trempés et les poings serrés dans mes poches. Je fus heureuse de constater que son sourire s'était enfin fané.
-Je n'avais pas envisagé les choses sous cet angle, admit-t-il à mi-voix.
-Evidemment que tu ne les as pas envisagées, poursuivis-je avec une certaine hargne. Tu n'as pas réfléchi une seule seconde aux conséquences que ça aurait sur moi. La moitié de l'équipe de Gryffondor m'est tombée dessus en me demandant de te gérer. Seigneur Miles, tu es un grand garçon, tu dois être capable de te gérer seul, non ? Tu ne penses pas que j'ai assez de ma propre équipe, de mon propre match, il faut encore que je fasse l'arbitre en toi et les Gryffondors ?
-Non, répondit précipitamment Miles. Non, bien sûr que non, ils n'ont pas à te demander ça ... leur réaction est exagérée ...
-Miles !
Mon cri le força à rentrer la tête dans les épaules et à détourner le regard. La pluie s'intensifiait et le vent soufflait si fort que le parapluie était obsolète : j'étais trempée de la tête aux pieds, ce qui décuplait ma contrariété. Je profitai du silence songeur de Miles pour poursuivre :
-Leur réaction n'est pas exagérée. On est tous à cran en ce moment, moi aussi j'aurais pété un câble si un de mes joueurs avait été envoyé à l'infirmerie. D'ailleurs je sais à peu près ce qu'il ressente pour avoir aussi été victime de ces « provocations d'avant-match » ...
-Vic', ne compare pas à ça, rétorqua rudement Miles, les yeux flamboyants. Jamais je n'aurais fait quoique ce soit de dangereux, et si tu le penses encore ...
-Je ne le pense pas, le rassurai-je d'une voix plus douce. Je pense que tu ne voyais vraiment pas le mal en lançant ce maléfice et que tu voulais juste participer à l'élan de ton équipe, mais ... Miles, c'était franchement idiot. Au-delà du fais que tes actes ont des conséquences sur moi, et que tu n'arriveras pas à me convaincre que ça fait parti du Quidditch, si Rogue n'était pas là pour couvrir vos arrières on aurait demandé que tu ne participes pas au match, tu comprends ça ? Ça vaut le coup ?
Miles avait blêmi au moment où j'avais évoqué son équipe, et je sus que j'avais visé juste sur l'une de ses motivations : ne pas être à l'écart. Il avait eu peur qu'on l'accuse de ne pas participer, et par là-même de ne pas être loyal envers Serpentard, alors il avait lancé de sortilège, sans mauvaise pensée, juste animé par ce qu'il pensait être une saine rivalité. Cette constatation me fit un peu de peine, si bien que je me radoucie définitivement en lui prenant sa main libre. Miles ferma les yeux et poussa un long soupir où transparaissait du soulagement et de l'agacement.
-Je comprends, finit-il par lâcher en rouvrant les paupières. Je comprends que je n'avais pas à faire ça, ne serait-ce que par égard pour toi et c'est la seule chose pour laquelle je m'excuse. Mais tu vois le Quidditch de façon trop optimiste, Victoria. Warrington qui te pousse dans les escaliers, ce n'est rien par rapport à ce qui se passe dans les ligues professionnelles, et si tu comptes te tourner vers le Quidditch l'année prochaine ...
-Ola, le stoppai-je en levant une main, les joues rougissantes. On n'y est pas.
-On y sera plus rapidement que tu le crois, penses-y. Pourquoi tu penses que Chourave t'a désigné comme Capitaine, ou lieu de Smith qui sera là plus longtemps et qui garantirait la stabilité ? Pour donner plus de poids à ta candidature. Un statut sortant de Capitaine de Quidditch est plus brillant que celui d'une subalterne d'un cinquième année.
Envisager les choses ainsi fit décrocher ma mâchoire, interdite. Se pourrait-il qu'en me nommant ma directrice de Maison n'ait pas seulement pensé à que je pouvais apporter à l'équipe, mais aussi à ce que l'équipe pouvait m'apporter ? Miles exhala un nouveau soupir, dépité.
-Parfois il faut vraiment tout t'expliquer ...
-A toi aussi, rétorquai-je en le frappant sèchement au torse. Plus de maléfice ?
-Plus de maléfice, céda Miles.
Ses doigts pressèrent les miens et les tirèrent doucement vers lui. Avec un dernier grognement, je me laissai faire et laissai Miles m'enlacer. Sa cape était toute humide et un frisson me parcourut alors qu'une bourrasque nous ébranlait. Malgré les conditions, nos lèvres finirent par se trouver. Les siennes était froides, mais se réchauffèrent sous le souffle du baiser et lorsque je m'écartai, la couleur était revenue sur son visage. J'eus un petit sourire.
-C'est peut-être très romantique de s'embrasser sous la pluie, mais ça ne te dirait pas d'aller au chaud ? Mon match est dans deux semaines, je ne tiens pas à tomber malade ...
-Est-ce que tu crois que si tu tombes malade à cause de moi, j'aurais l'équipe de Poufsouffle sur le dos ?
-Smith peut-être pas. Mais Judy a acheté une nouvelle batte et ça fait depuis le début de l'année qu'elle rêve de l'écraser sur la tête de quelqu'un. Ah et au fait ! (un large sourire fendit mon visage). Mon frère m'a répondu, c'est d'accord pour l'initiation aux arts moldus pour les vacances. Seul petit inconvénient, c'est qu'il refuse de « tenir la chandelle » et qu'il a demandé à Simon et Susan de venir. Mais ne t'inquiète pas, si Susan est là ça devrait bien se passer.
La présence des Bones ne parut pas enchanter Miles, mais il s'efforça de sourire et m'embrassa sur la tempe. Mais cette fois, le temps s'emballa véritablement et le vent retourna mon parapluie, nous livrant à la tempête. Nous courûmes vers le château à perdre haleine, nos mains soudées comme si nous craignions que les vents emportent l'un d'entre nous.
***
J'avais toujours apprécié regarder Gryffondor jouer : ils avaient trois excellentes poursuiveuses, un attrapeur pétri de talent, et deux batteurs pleins de panache. Ce fut donc la première fois que je m'ennuyais ferme devant l'un de leurs matchs. Pourtant, le temps n'était pas en faute : le vent avait chassé les lourds nuages et la pluie mais avait amené avec lui un froid sec et glacial qui annonçait l'hiver et la neige. Le ciel était couvert d'un tapis de nuage gris perle qui donnait une luminosité étrange, assez brillante mais le temps était calme. En revanche, le terrain l'avait été beaucoup moins été. Le match avait été court, mais ça avait suffi à Ron de Weasley pour encaisser quatre buts contre un marqué par Gryffondor avant qu'Harry n'attrape le Vif d'Or sous le nez de Drago Malefoy. Miles avait globalement été au chômage technique, ne réussissant pas à bloquer l'un des seuls tirs de Gryffondor mais la performance de Ron avait été bien plus inquiétante : il avait complétement paniqué en voyant arriver sur lui les flèches de Serpentards. Les trois poursuiveurs avaient une silhouette massive qui pouvait effrayer, mais de là à perdre ses moyens comme il l'avait fait ...
Mais le véritable spectacle, et la véritable cause de la prestation de Ron Weasley s'était trouvée dans les tribunes, qui avait dès les premières secondes du match entamé un chant odieux qui avait fait s'étrangler d'indignation Susan, et donnant une explication au badge argentée que j'avais aperçue sur la tenue de Miles lorsque j'étais venue le voir avant le match. Weasley est notre roi. Les paroles étaient cruelles, affligeantes et déplacées, et mon cœur avait saigné pour le pauvre Gardien de Gryffondor chaque minute qu'avait duré le match. J'étais sortie du stade dès le coup de sifflet final, ne remarquant que du coin de l'œil un des nouveaux batteurs de Serpentard envoyer un cognard sur Harry, à la grande indignation des spectateurs. J'avais une tonne de devoir à finir pour le lundi suivant, et le match m'avait passablement mortifié. Il fallait que je m'y plonge pour penser à autre chose. Je sortis à peine de ma Salle Commune ce week-end là, m'attardant sur mon travail dans lequel j'avais pris un retard absolument alarmant. Ce ne fut donc que le lundi matin en croisant Fred Weasley dans le Hall que j'appris les événements qui s'étaient passés à la fin du match – et leurs conséquences.
-Interdit à vie ? répétai-je, horrifiée. Mais ... elle n'a pas le droit !
-Elle a fait passer un nouveau décret d'éducation, m'apprit sombrement Fred. Pour pouvoir retirer nos privilèges sans en référer à Dumbledore. Donc Harry et George ont été interdit de jouer pour avoir taper ce furoncle de Malefoy et moi à titre de prévention, on va dire ... Mais en même temps tu as entendu la chanson, Bennett ?! Et ils ne sont pas punis d'avoir dit qu'on était né dans un « trou à rat » ?!
-Je sais, Fred, je sais ... Seigneur, je suis tellement désolée ...
Fred poussa un grognement sonore, mais finit par me gratifiai d'un sourire qui tenait plus du rictus dépité. Il leva une main pour ébouriffer mes boucles rendues humides par la douche.
-Ne t'excuse pas Bennett, ce n'est pas de ta faute.
-Je peux faire quelque chose ? proposai-je, troublée par la tristesse qui transparaissait dans les prunelles de Fred. Euh. Remplir des bons de commande pour votre boutique ? Où est George, au fait ?
-Il gère une livraison de boite à flemme, justement, répondit-t-il, soudainement ragaillardi par l'évocation de son entreprise. On risque de se replier là-dessus, puisqu'on a plus le Quidditch ... (un sourire machiavélique s'étira sur les lèvres de Fred) et Ombrage risque fort de regretter de nous avoir accorder tout ce temps libre.
Je m'attendais presque d'entendre un rire de grand méchant de Disney franchir ses lèvres quand son frère nous rejoignit, toquant son poing contre le mien en guise de salut. Nous entrâmes dans la Grande Salle sous les injures de George, qui proposait de verser une solution liquide de leurs pastilles de gerbes dans le jus de citrouilles d'Ombrage quand Fred le fit taire d'un coup de coude.
-C'est Hagrid ?
Je levai immédiatement les yeux sur la table des professeurs. Dumbledore et McGonagall étaient en grande conversation à côté d'une Ombrage dont les yeux parcouraient la pièce, sans doute à la recherche d'un quelconque élève en faute. Et effectivement, à l'autre bout de la pièce et dépassant ses pairs d'un bon mètre, Hagrid venait de se lever de sa chaise. Un immense sourire naquit sur mes lèvres et je suivis les jumeaux qui se précipitaient à sa rencontre. Hagrid, le gigantesque et aimable professeur de soin aux créatures magiques, n'avait pas repris son poste à la rentrée et avec tous les problèmes j'en avais oublié de m'interroger sur l'absence du garde-chasse. Mais mes interrogations revinrent quand je m'approchai et que je remarquai son visage tuméfié et son œil réduit sous l'amas de chairs violacées qui gonflait sur son arcade sourcilière. Les jumeaux ne parurent pas s'en émouvoir car ils s'empressèrent de serrer la main de Hagrid avec chaleur.
-Ah vous deux, grogna Hagrid, un sourire faisant frémir sa barbe. Qui vous a empêché d'entrer dans la forêt interdite pendant mon absence ? Ah et tu es là aussi Victoria ! constata-t-il en posant sur moi un regard bienveillant. Comment tu vas ? J'ai appris que tu jouais samedi !
-Hagrid ! s'écria George, épouvanté, posant une main tremblante sur son cœur. Ne parlez pas de Quidditch maintenant !
-La blessure est trop récente, ajouta Fred d'un ton dramatique.
-Je vais bien, merci, répondis-je avec un regard amusé pour les jumeaux. Et vous ? Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?
Hagrid parut troublé et porta la main à sa blessure, ce qui provoqua une grimace qu'il tenta de masquer d'un sourire.
-Une maladresse. Peu importe ...
-On voulait savoir où est-ce qu'on peut trouver des serpents de serpencendre, dit Fred d'une voix plus basse, sans doute pour ne pas se faire entendre d'Ombrage. Pour nos affaires, vous comprenez ?
-Oula ! fis-je en levant les mains en signe d'innocence. Vous ne ferez pas tremper dans quelque chose d'illégal, les garçons, je vais déjeuner moi. (J'adressai un dernier sourire à Hagrid). Je suis heureuse de vous revoir à Poudlard !
-Plaisir partagé, Victoria. Viens boire le thé, à l'occasion, tu sais que tu es la bienvenue !
Avec un dernier signe de la main, je laissai Hagrid entre les mains des jumeaux, le cœur léger et un sourire aux lèvres, malgré la sombre nouvelle de l'exclusion de Harry et des jumeaux du Quidditch et le manque de sommeil que j'avais accumulé en travaillant dur ce week-end. Deux filles de quatrième année lorgnaient Hagrid l'air mauvais :
-Bon sang, le gros balourd est de retour ... Si je vois un seul veracrasse, je fuis dans la forêt ...
-Je comprends ... Gobe-Planche était tellement mieux ...
Mais même leurs méchancetés ne parvinrent pas à m'atteindre : le retour de Hagrid m'avait véritablement ragaillardie.
-Salut, lançai-je d'un ton joyeux en retrouvant Emily et Mathilda à la table. La crevette se cache ?
-Si tu parles de Simon, il finit un devoir de potion, répondit mon amie d'un ton morose. Je ne sais pas s'il compte descendre ...
-Ah, sembla regretter Susan en se grattant la tête. Dommage, Hannah devait lui demander de changer sa ronde de ce soir avec Malefoy ou Parkinson ... On a ... un horrible devoir de Défense contre les Forces du Mal à finir et ...
-D'accord, soupira Emily en se munissant d'une plume pour le noter sur sa main. J'échangerais ... Mais dis-lui la prochaine fois de mieux s'arranger, c'est épuisant de faire un planning avec toutes vos exigences ...
-Pardon, s'excusa Susan avec une adorable moue contrite. Et merci, Emily ...
-C'est l'année de vos BUSEs, se souvint Mathilda avec un sourire attendri. Je me rappelle à quel point c'était dur pour nous, la masse de travail, la pression des professeurs ... Et je me doute que cette année est loin d'être sereine. Surtout en Défense contre les Forces du mal. Vous avez besoin d'aide pour les maléfices ?
Susan écarta son bol de lait de ses lèvres et fixa Mathilda par-dessus, les dents plantées dans sa lèvre inférieure.
-Pour l'instant, ça va. Mais merci.
-Regardez comment Ombrage regarde Hagrid, remarquai-je avec un pincement au cœur.
Le garde-chasse avait traversé la Grande Salle en adressant un grand sourire à ceux qui le saluer, et la Grande Inquisitrice suivait son parcours de ses petits yeux malsain, sa bouche molle esquissant une moue dégoûtée. Emily poussa un grognement dans son thé.
-Hey bien on connaît le prochain inspecté ...
-Il paraît qu'elle a déjà la professeure de Divination dans le collimateur, nous apprit Mathilda à voix basse. Ça ne me surprend pas, j'ai suivi les cours de Trelawney pendant deux ans et c'était d'un soporifique et c'est sûr qu'elle n'a aucun talent ... Mais je ne sais pas. Ça me gênerait que ce soit elle qui vire Trelawney. Je veux dit, qui elle est pour faire ça ? Elle s'y connaît en Divination ?
-C'est bien tout le problème de la création du poste de Grande Inquisitrice, marmonnai-je amèrement. Fudge veut la laisser purger l'école, et elle adore ça. C'est une sadique.
-Tu exagères, Vic' ...
Je gardai le silence devant le regard intrigué de Mathilda. Je me souvenais de la lueur malsaine qui avait brillé dans son regard quand elle m'avait demandé pourquoi elle devait me permettre de recomposer mon équipe. Mais Emily ne comprendrait pas si elle n'avait pas vu cet éclat dans ses prunelles. Je tordis mes lèvres, embarrassée.
-On en reparlera.
-Tu as l'air fatiguée, remarqua Susan en fronçant les sourcils. Ça va ?
-J'ai travaillé tout le week-end. J'ai même réussi à m'avancer pour me consacrer au Quidditch cette semaine ...
-Et le week-end prochain tu auras à nouveau une tonne de devoir, lança malicieusement Emily.
-M'en fiche, cette semaine c'est Quidditch.
-Bien parlé Capitaine ! rit Kenneth qui passait derrière moi. Entrainement ce soir du coup, c'est toujours d'accord ?
-Ce soir ? répéta Smith, qui déjeunait quelques places plus loin. Mais tu ne l'avais pas dit !
Susan poussa un profond soupir et porta une main à sa tempe, l'air dépité. Kenneth et moi lui lancèrent un regard peu amène.
-J'avais dit que cette semaine on s'entrainerait quasiment tous les soirs, lui rappelai-je âprement. Pour compenser la semaine dernière où Gryffondor et Serpentard ont tout monopolisé ...
-Mais ... mais, je ne peux ...
-Le devoir pour Ombrage, soupira Susan en le lorgnait par-dessus son bol de lait. Tu ne l'as pas fini non plus, c'est ça ?
-Euh ... Ouais, c'est ça. Le devoir. On peut reporter à demain ?
Je le considérai, incrédule. Zacharias Smith, qui râlait contre mon management, m'avait houspillé la semaine dernière pour trouver un créneau sur le terrain en trouvant cela scandaleux que je « m'écrase » devant Montague et Angelina, venait de demander de reporter l'entrainement ?
-C'est Ste Mangoust qui se fout la charité, lâcha Kenneth en secouant la tête. Tu as réclamé un entrainement toute de la semaine !
-Et j'ai bossé comme une malade ce week-end pour te les offrir, enchéris-je avec irritation. Alors tu te débrouilles, tu travailles toute la nuit s'il le faut, mais je veux que tu ramènes tes fesses ce soir au terrain.
-Mais Bennett !
-Capitaine, rectifia Kenneth en posant une main sur mon épaule. C'est ton Capitaine, et elle t'a demandé de ramener ton petit cul blanc à dix-huit heures pétantes. Sinon, Judy et moi on se fera une joie de venir te tirer dehors – de force, de préférence, Judy n'a toujours inauguré sa batte ...
Smith nous fixa les yeux écarquillés, comme si nous menacions de le frapper – ce qui était peu ou prou le cas. Il finit en désespoir de cause par se tourner vers Susan, qui le fusilla du regard. Après un long moment de débat silencieux, mon amie finit par poser brusquement son bol de lait, visiblement agacée.
-C'est pas cool de planter Vic', maugréa-t-elle avant de lever des yeux désolés vers moi. Mais Ombrage a vraiment insisté sur ce devoir, elle va le tailler en pièce s'il lui rend un devoir fait à la va-vite ... Alors, juste pour cette fois ?
-Depuis quand tu prends la défense de Smith, bébé-Bones ? s'étonna Kenneth.
Je dressai un sourcil pour étayer la question, assez stupéfaite moi-même. Susan et Smith étaient certes dans la même année, mais ils ne s'étaient parlé que rarement. Globalement mon amie était un électron libre qui trainait entre notre groupe et Hannah Abott, sans qu'elle ne soit réellement liée à ses camarades. Susan esquissa un léger sourire.
-Parce que je suis une Bones, justement. J'ai la fibre justicière de la famille.
-Très bien, cédai-je, sachant qu'il serait injuste de ma part de ne pas laisser Smith rendre son devoir à temps. On s'entrainera sans toi. Mais c'est la première et la dernière fois. Pour les prochains matchs, tu t'organises mieux que ça – sinon je t'envoie Kenneth et Judy.
-Avec joie, Capitaine, accepta Kenneth avec un sourire carnassier.
Smith me remercia d'un hochement de tête et parti un instant plus tard avec Susan pour leur cour de Botanique dans les serres. Emily fronça les sourcils en les suivant des yeux, paupières plissées par la suspicion.
-Tu ne trouves pas que Susan est bizarre en ce moment ? Je la trouve vachement ... renfermée.
-Les BUSEs doivent la stresser, évaluai-je prudemment.
Mais il était vrai que Susan avait une attitude étrange depuis quelques semaines, sans que je ne comprenne à quoi c'était dû. Elle passait en tout cas bien plus de temps avec Hannah et en un sens je me réjouissais pour elle : ça ne pouvait que faire du bien à Susan d'avoir des amis qui ne soient pas ceux de son frère. Avec un mouvement vague d'épaule, je levai les yeux sur le plafond magique, où des nuages lourds de neige déversaient sur nous des flocons qui ne nous atteignaient jamais. La séance du soir promettait d'être froide, mais j'espérais profiter de l'absence de Smith pour rattraper la formation d'Owen et d'Evelyn et leur apprendre à effectuer un repli défensif.
Je crus que je n'arriverais jamais en vie à l'entrainement. J'avais passé une heure d'Histoire de la Magie à débattre avec Octavia McLairds, puisque nous n'arrivions pas à nous mettre d'accord sur notre problématique et je la considérai responsable de la bouteille d'encre qui s'était renversés sur nos notes après un mouvement brusque. En Botanique, George Weasley m'avait accidentellement poussé vers une plante carnivore qui avait failli me cisailler le bras. Et chaque fois qu'il me croisait dehors, Roger me bombardait de boules de neige, espérant sans doute que je tombe malade avant samedi, mais je n'avais perdu ma patience qu'après que Simon l'ait aidé dans sa tâche et avait fini par me jeter sur lui avec un rugissement de lionne. Nous avions roulé dans la neige sur plusieurs mètres et j'arrivai à mon entrainement avec quelques égratignures et complétement trempée.
-Qu'est-ce qui t'es arrivé ? s'étonna Aaron quand j'apparus enfin, les cheveux couverts de glace et les lèvres bleuies par le froid.
-Une bataille avec un Bones sauvage, répondis-je d'un ton guilleret. Et j'ai besoin de me réchauffer, donc on y va ?
-Kenneth est parti chercher les balles, m'apprit Judy avec un sourire. Mais on fait des tours d'échauffement ?
J'acquiesçai vivement, et j'agrippai un sifflet, enfilai mon bonnet et les gants offerts par Simon pour mon anniversaire. Le temps que je revienne, la plupart de mes joueurs étaient déjà en l'air et Kenneth était revenu avec la caisse de bois qui contenait les balles, les joues rougies par l'effort. Il en sorti le souafle et me le lança sans crier garde. Je le rattrapai par reflexe avec un sourire. Je trottinai jusque lui, arrachant mes jambes au tapis neigeux qui commençait à être conséquent. La neige continuait de tomber drue sur le stade et les cheveux châtains de Kenneth étaient déjà recouverts d'une couche immaculée.
-Ils annoncent un temps similaire pour samedi, annonçai-je, le nez froncé. Aaron aura du mal à repérer le Vif d'Or avec tous ses flocons ...
-Je préfère à la neige à l'orage. Au moins sur le blanc, toutes les couleurs ressortent et je ne risque pas de viser un Poufsouffle plutôt qu'un Serdaigle ... D'ailleurs, je trouve qu'Aaron s'est amélioré, non ?
Je levai les yeux, une main en visière pour me protéger sommairement de la neige. Effectivement, Aaron avait le vol bien plus sûr et je fus ravie de du virage en épingle à cheveux qui envoya sa sœur, qui le poursuivait, dans le décor avec un hurlement de surprise. Plus loin, Owen faisait quelques accélérations en solitaire, et lorsque je cherchai Evelyn du regard, je la trouvai proche des poteaux de buts en vol stationnaire. Elle aussi s'était grandement améliorée, mais aujourd'hui je ne pouvais m'empêcher de lui trouver le teint si blanc qu'il se confondait avec le rideau de neige.
-J'espère qu'elle ne couve pas quelque chose, marmonnai-je, avant de porter le sifflet à ma bouche et d'en souffler un grand coup. Kenneth va libérer les balles, en formation !
Un instant plus tard, les cognards surgissaient de la boite et j'eus à peine le temps d'apercevoir le Vif d'Or qu'il ne s'envole vers les hauteurs du terrain. Je m'élevai dans les airs, le souafle en main que je lançai à Owen avant de me placer devant mes buts. La séance aurait pu être parfaite, parce que malgré la neige les envois de cognards de Judy et Kenneth étaient précis et Aaron parvint assez rapidement à trouver une première fois le Vif d'Or. Mais mon inquiétude, comme toujours, était focalisée sur mes poursuiveurs : je leur avais demandé à tour de rôle que l'un prenne le souafle et tente de marquer seul, et que l'autre presse et fasse tout pour récupérer le souafle. Owen était assez mauvais car il maitrisait peu sa force et faillit faire tomber Evelyn deux fois de son balai, blêmissant un peu plus. Quant à elle, j'avais bon espoir qu'elle surgisse sur une passe et intercepte la balle, mais sa main était quelque peu molle et elle laissa tomber plusieurs fois le souafle. Son niveau m'inquiétait assez et lorsqu'elle faillit à nouveau de tomber de son balai que je mis fin à la séance. Tout le monde s'engouffra dans les vestiaires, frigorifiés, mais j'empêchai Evelyn de passer en lui barrant le passage à l'entrée de mon bras, un sourcil dressé en une interrogation silencieuse. Le visage d'Evelyn passa du neige au cramoisi.
-Désolée, bredouilla-t-elle, le nez honteusement baissé. Je sais que je n'ai pas été top ...
-Tu es plutôt bonne, normalement, et je trouve que tu as beaucoup progressé depuis septembre. Qu'est-ce qui se passe ?
-C'est juste ... je ne me sens pas très bien, aujourd'hui, j'ai ... (ses joues rougirent si fort que j'en sentais la chaleur émanait) j'ai juste mal au ventre, j'ai ...
-Ah. Cycle ?
La flambée d'Evelyn s'étendit à ses oreilles et elle replia ses bras sur son bas-ventre, comme pour me donner raison.
-C'est mes premières, admit-t-elle d'un ton presque honteux. Je ne suis pas habituée, je ... je ne savais pas que ça faisait si mal, que ...
-Tout va bien, la rassurai-je, touchée par le tremblement que j'entendais dans sa voix. Si tu as mal, va voir madame Pomfresh, elle fait d'excellentes tisanes qui atténuent la douleur. Tu as ce qu'il faut ?
Evelyn secoua la tête et m'avoua du bout des lèvres qu'elle survivait avec des mouchoirs depuis la veille par manque de moyen, et qu'elle n'avait pas osé demander à des élèves plus âgés. Je soupirai, assez agacée que cette pauvre jeune fille de treize ans se retrouve ainsi désœuvrée face à ses premières règles – et pire, qu'elle semble en avoir honte. Pour l'avoir vécu, je savais que c'était déstabilisant de vivre ce moment à Poudlard, loin de notre mère pour nous expliquer ce qui arrivait à notre corps, et impuissante contre la main cruelle de Dame Nature qui nous tordait l'utérus pour en extraire chaque goutte de sang. Je la pris par les épaules pour la faire rentrer dans les vestiaires et j'en ressortis avec elle, laissant à Judy le soin de ranger le matériel, et me dépêchant vers le château pour approvisionner Evelyn et lui expliquait les choses. C'était tellement cruel de se retrouver seule dans ce genre de situation, songeai-je alors qu'elle ressortait de ma chambre, rassurée. Dans ces moments, on avait besoin d'une maman, et à Poudlard nous en étions privés. Mais au moins, Evelyn irait mieux pour le prochain match – et pourrait aider ses cadettes lorsque leur moment arrivera à leur tour.
Hey oui, il faut y penser à ces pauvres jeunes filles qui se retrouvent seule face à leurs premières règles ... Libérons les tabous ahah, c'est une chose parfaitement naturelle !
Pour l'histoire de Miles et d'Alicia, elle est bien dans le livre, décrite juste avant le match entre Serpentard et Gryffondor. Et pour le prochain chapitre dans deux semaines, vous aurez le droit au premier match en temps que Capitaine de Vic' ! A pluuuuuus
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