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II - Chapitre 5 : Une bien dure semaine


BONJOOOOUR COMMENT VOUS ALLEZ 

Avis à la population ! Je fais assez attention à la baguette de mes personnages et pour Victoria j'avais choisi la baguette de bois de saule, dont voici les caractéristique selon Pottermore : "l'utilisation du bois de saule est peu commune. Il s'agit d'un bois doté de pouvoirs curatifs qui est attiré par les personnes éprouvant un sentiment d'insécurité injustifié et ayant un grand potentiel. Ce sont des baguettes qui ont généralement une belle apparence et qui sont particulièrement efficaces pour le lancer de sortilèges informulés." Sachant qu'il correspond aussi à la date de naissance de Victoria.

MAIS en y refaisant un tour, j'ai revu la baguette de cèdre qui me semble bien correspondre à Victoria aussi ! "Les baguettes en cèdre aiment les sorciers ayant de la perspicacité et du discernement, leurs possesseurs ont tendance à être des personnes douées d'une force de caractère et d'une loyauté hors du commun, qu'il veut mieux éviter de mettre en colère surtout quand c'est en se prenant aux gens qu'elles aiment"
Alors, laquelle?
OUI JE SAIS C'EST UN DETAIL mais c'est le genre de détail que j'aime travailler ahah !

Allez, chapitre : BONNE LECTURE ! 

PS : J'ai modifié le nom des jumelles Bale en Morton car Victoria est censée être la première par ordre alphabétique. 


Chapitre 5 : Une bien dure semaine.

Deux jours. C'était le temps qu'il m'avait fallu pour me retrouver en pleurs dans la cuisine.

Malgré l'hilarité avec Emily, la douceur de Miles et mes joutes avec Simon, les premiers jours furent aussi difficile que je ne l'avais redouté. Malgré toute la bonne volonté du monde, malgré notre aveuglement, malgré nos tentatives de tromper la douleur, nous voyions Cédric partout. Même Emily, qui avait semblé si joyeuse lors de la rentrée, son insigne flambant neuf fièrement épinglée sur sa poitrine, avait dû sortir de la classe dès le premier cours de métamorphose, au bord des larmes, à la simple évocation de la merveilleuse transformation qu'avait effectuée Cédric lors de la première tâche, prise en exemple par McGonagall. Je n'en avais pas mené plus large lorsque, dans l'après-midi, j'avais croisé Cho Chang, sa petite-amie dans les toilettes des filles. Nous nous étions fixées jusqu'à ce que les larmes nous montent aux yeux, et qu'on s'éloigne l'une de l'autre en courant avant qu'elles ne coulent sur notre visage. Mais celui qui semblait le plus en pâtir, c'était Simon. Je l'avais vu blêmir sous ses tâches de rousseurs lorsqu'il avait dû s'asseoir seul lors du premier cour, et il avait passé l'heure la tête entre les mains, fixant le tableau comme si le visage de Cédric était gravé dessus.

-Il ne dort pas, il ne mange pas, déjà qu'il n'était pas épais, là il va carrément disparaître ! s'était inquiétée Susan le deuxième jour. J'ai essayé de lui parler mais je pense qu'il ne veut pas que je m'inquiète, essaie, toi ...

J'avais essayé le soir, alors que la Salle Commune était à moitié vide et que Simon ne semblait pas être prêt à s'extirper de son canapé malgré les minutes qui défilaient. A vrai dire, je l'avais soupçonné dès les premières nuits de dormir sur ce sofa pour ne pas avoir à affronter le fantôme de Cédric. Erwin Summers m'avait rapporté que le lit de notre ami avait été retiré, mais qu'en entrant dans la chambre il avait surpris Simon en train de fixer l'endroit où il s'était un jour tenu pendant de longues minutes. Je lui avais parlé longuement, et avais même réussi à le convaincre d'aller dans son dortoir. J'ignorais s'il s'y tiendrait, mais c'était le maximum que je pouvais faire.

J'avais ensuite erré dans les couloirs, mue par le besoin de bouger, d'expier la douleur sourde qui pulsait chaque pas plus fort dans ma poitrine. Ils semblaient tous avoir besoin de moi. De Simon qui refusait de se confronter au fantôme de Cédric, à Emily qui avait décidé de l'ignorer en passant par l'Equipe de Quidditch, qui me harcelait pour les essais comme si remplacer Cédric pourrait nous faire guérir plus vite. Il avait laissé derrière lui un trou béant dans nos cœurs et dans Poudlard, un trou que nous avions tenté de combler pendant les vacances, que nous tentions de masquer avec des insignes et des sourires, mais ce n'était que du rafistolage. Cédric était toujours, sa place laissée comme un vide glacé dont nous avions douloureusement conscience.

J'étais arrivée à la cuisine, et sans l'avoir décidé, sans l'avoir venu venir, toute la douleur s'abattit sur les épaules et je m'étais écroulée contre le buffet, sanglotant à m'en déchirer la gorge, des larmes brûlantes comme de l'acide dévalant mes joues. Cédric était partout : dans l'insigne que je portais sur ma poitrine, ceux qu'épinglaient tout les jours Simon et Emily, dans les larmes de Cho, sur la place vide aux côtés de Simon, tout les matins au petit-déjeuner où il n'était pas là à manger des quantités astronomiques de nourritures, et dans le regard hanté du garçon qui lui avait survécu : Harry Potter.

Partout, partout, partout.

Nul part, nul part, nul part.

-Miss Victoria Bennett, Miss ?

Je sursautai, hagarde, et me retins au buffet sur lequel je m'étais affaissée. J'étais totalement déboussolée, et mes yeux me brûlaient si fort que j'éprouvai le besoin de fermer à nouveau les paupières. Presque aussitôt, une petite main secoua mon genou.

-Miss Victoria Bennett, il faut vous réveiller ! Le soleil se lève, Miss Victoria Bennett !

-Dobby ?

Ma voix était rauque, et gardait les vestiges des pleurs qui l'avaient maltraitée dans la soirée. Je rouvris les yeux pour être certaine, une main en visière pour atténuer la douleur. Le peu de luminosité m'agressait la rétine mais je distinguai nettement le contour d'une petite silhouette aux grandes oreilles semblable à des ailes de chauve-souris. Ses grands yeux ronds comme des billes me fixaient de façon dérangeante. L'elfe de maison hocha vigoureusement la tête, faisant battre ses grandes oreilles.

-Oui, Victoria Bennett. Dobby s'excuse, mais il devait vous réveiller, sinon Victoria Bennett aurait été en retard en cours !

-Dobby ... j'ai dormi ici ?

-Oui, Miss Victoria Bennett.

Je laissai aller mon front contre le buffet en gémissant. Ce n'était pas franchement ce que j'avais prévu. Mais visiblement, c'était ce qui s'était passé : une pâle lueur miroitait dans la cuisine, et le soleil matinal colorait les nuages de rose et d'or pâle. Les elfes commençaient à investir la cuisine pour préparer le petit-déjeuner après une nuit passée dans les étages. Je m'agrippai au buffet pour me redresser, et Dobby bondit sur ses pieds :

-Je vais vous préparer un chocolat, Miss, peut-être que ça vous réveillera.

-Non merci, Dobby, refusai-je poliment en me frottant les yeux. Je vais plutôt ... aller prendre une bonne douche.

Dobby me contempla avec une gravité inhabituelle, la main posée sur la tasse qu'il venait de faire apparaître.

-Si Miss Victoria refuse du chocolat c'est qu'elle ne va pas bien, évalua-t-il avec une certaine désapprobation.

-Ça va, Dobby. Bonne chance pour le service.

Je ne lui laissai pas le temps de répondre et quittai la cuisine en étouffant un bâillement, les yeux brûlants de sommeil. Ce fut dans un état second que je me dirigeai vers ma Salle Commune, à quelques angles de couloirs de là, me passant sans cesse la main dans les cheveux pour me réveiller. Finalement, je me rendis compte en arrivant devant les tonneaux qui dissimulaient ma chambre que les pleurs désespérés dans la cuisine avaient été purgatoire : la boule chauffée à blanc avait fondue dans ma gorge, mes entrailles étaient moins nouées, et je respirai sereinement. Je portai ma main à ma gorge pour sentir mon pouls battre régulièrement contre les doigts, et j'effleurai la chaine de ma médaille de baptême, froide contre ma peau. Cette médaille que j'avais prêtée à Cédric lors de la troisième tâche pour qu'elle lui porte chance. Expiant dans un souffle les dernières traces d'émotivité de la nuit, je sortis ma baguette et tapotai les tonneaux stratégiques au rythme de « Helga Poufsouffle ». Ce fut elle-même qui m'accueillit avec un sourire fatigué depuis son cadre au dessus de l'âtre. Puis son regard accrocha le mien pour désigner quelque chose sur le canapé. Je suivis la direction, et mes yeux tombèrent sur une silhouette endormie sur le sofa, en position fœtale, serrant dans ses bras l'un de nos coussins moutardes.

-Oh Bones ...

Je m'assis sur le bras du fauteuil, tiraillée. C'était agréable de voir le visage de Simon si détendu, le front barré de quelques mèches folles, en une position enfantine qui me rappelait que malgré tout, nous n'avions que dix-sept ans. Il était encore en uniforme, et sa cape était posée comme une couverture sur ses épaules. Ma bouche se tordit, indécise. Non, bien que je trouvais ça rassurant que Simon puisse dormir d'un sommeil paisible, les élèves ne pouvaient pas découvrir leur préfet-en-chef dans cet état. Ce fut bon gré, mal gré, que je le secouai doucement l'épaule. Un gémissement jaillit de la poitrine de Simon.

-Bones, il est six heures et demi, réveille-toi ...

-Hmm. Demain.

Il agrippa sa cape et la ramena pour couvrir la partie basse de son visage. Mais j'attrapai le col pour l'en écarter.

-Va finir ta nuit en haut, Simon. On a la nouvelle prof de Défense contre les Forces du mal, tu dois être en forme ...

-Mais Vicky ... Je suis fatigué ...

-Simon, ne m'oblige pas à être méchante. C'est à tes risques et périls.

Simon grogna contre le coussin, et consentit à ouvrir l'un de ses yeux verts pour le river sur les braises mourantes dans l'âtre. L'autre suivit, et il se les frotta comme si ça pouvait lui permettre de les maintenir ouverts. Je tapotai doucement sa tête.

-C'est bien, minus. Allez, courage.

-Il reste combien de temps avant le petit déjeuner ?

-Une heure environ. Prends ton temps ...

-Non, grogna Simon en se redressant. Ça va aller, je vais ... allez prendre une bonne douche.

Il ébouriffa un peu plus ses épis blonds, sans doute dans l'espoir de se réveiller, et ses yeux d'un vert d'eau étaient devenus d'un émeraude sombre, assombri par des cernes qui mangeaient ses joues. Nous n'étions qu'à trois jours de cours, et il semblait déjà à bout. J'attrapai l'une de ses mèches pour la tirer doucement.

-Il faut que tu te reprennes, Sim'. Je t'attends au petit-dej', de pieds ferme.

-Compte pas trop sur moi, marmonna-t-il en s'arrachant au canapé. Et puis, tu peux parler, tu l'avais roulé en boule ton uniforme ?

Je souris vaguement, l'observant se trainer jusqu'au dortoir des garçons, les pieds raclant le sol sous le regard peiné d'Helga Poufsouffle. Elle m'adressa un sourire qui se voulait chaleureux depuis son cadre, mais ses yeux restaient alertes. Je me levai à mon tour, lissant ma chemise froissée d'une main molle et rejoignis ma chambre à pas feutrés. La lumière filtrait entre nos lourds rideaux de velours, mais personne ne semblait être éveillée. Discrètement, je pris ma trousse de toilette et des affaires propres avant de m'engouffrer dans la salle de bain. Cette fois, la lumière entrait à flot dans la pièce, si bien que je papillonnai des yeux en fermant les stores. Je commençais à faire couler l'eau le temps qu'elle chauffe, et par inadvertance, je croisai mon regard dans le miroir finement ouvragé qui ornait le mur. Mes yeux étaient rouges et voilés, comme hantés, et mes prunelles étaient rendues onyx par les cernes. Mes boucles étaient sans dessus-dessous, comme si un Nifleur y avait cherché une pièce, et comme l'avait fait remarqué Simon, j'avais l'impression qu'on avait roulé plusieurs fois mon uniforme en boucle avant que je ne le mette.

Seigneur, Vic', toi aussi il faut que tu te reprennes.

-Amen ma sœur, lançai-je à mon reflet.

J'attrapai ma brosse à dent d'une main et mon dentifrice de l'autre avant de m'engouffrer dans la douche. L'eau chaude acheva de faire fondre les dernières traces de nervosité et de tout nettoyer, et je ressortis d'une salle de bain complétement embuée, les cheveux humides mais dans un uniforme propre. Le sourire que j'adressai à Emily qui venait dans ma direction, les paupières lourdes et ses affaires pleins les bras, ne paraissait pas faux.

-Bien dormi ?

-Ça va encore, maugréa-t-elle en tâtant sa queue de cheval à moitié défaite. Et toi ? T'as une sale tête. Attends, tiens ...

Elle fouilla sa trousse de toilette – bien plus épaisse que la mienne, et dont il émanait divers tintements de fioles qui s'entrechoquaient. Elle en extrait un flacon contenant un liquide d'un orange limpide qu'elle me tendit.

-Anticerne, fabrication maison.

-Tu fais tes produits de beauté toi-même, maintenant ? m'amusai-je en acceptant la fiole.

Emily haussa les épaules.

-Je suis une bonne potioniste, autant en profiter. Au moins je sais ce que je mets dedans, et j'économise. M'attends pas pour déjeuner, je risque de prendre du temps sous la douche.

-Pas trop de temps ! intervint la voix fatiguée de Mathilda depuis son lit. Je suis adorable mais empêche-moi de prendre ma douche, et je te jure que je me transformerais en dragon !

-Et ce sera aussi mon cas si tu prends toute l'eau chaude, ajouta Renata en ouvrant ses rideaux, le regard inquisiteur planté sur la préfète.

Emily leva les yeux au ciel, mais se réfugia dans la salle de bain avant de réveiller la terrible colère des jumelles. J'eus un sourire amusé, et fis mon sac avant de quitter la Salle Commune pour me diriger vers la Grande Salle. A cette heure matinale, elle était presque déserte : Camilla Farley, l'ex-petite-amie de Roger Davies de Serpentard, lisait La Gazette étalée devant elle en soufflant sur son thé brûlant, Gloria Flint et Ulysse Selwyn déjeunaient en tête à tête quelques places plus loin, Angelina Johnson tentait d'échapper à Lee Jordan qui semblait lui avoir demandé une énième fois de sortir avec lui, et Ernie Macmillan semblait réviser – dès le troisième jour ? – devant son café. Attirée par les douces odeurs de nourritures qui émanaient des quatre tables, je voulus mettre un pied dans la Grande Salle, avant qu'une main ne me saisisse fermement le bras pour me ramener dans le Hall. Un cri de surprise franchit mes lèvres avant de mourir dans ma gorge lorsque je croisais les yeux bruns de Miles.

-Euh ... Salut.

-Tu as pleuré, lança-t-il de but en blanc.

Je fus tellement déroutée que je reculai d'un pas, comme si les mots venaient de me heurter physiquement. Il m'avait lâché pour croiser les bras sur sa poitrine, les yeux plissés en un regard inquisiteur. Et, chose assez rare pour être remarquée, ses cheveux d'ordinaire si soigneusement coiffés étaient ébouriffés, et sa cravate dénouée sur sa poitrine.

-Alors ?

-Oui, admis-je, songeant que malgré l'anticerne d'Emily et ma douche bienfaitrice je devais garder des traces physiques de ma soirée de pleurs. Mais ...

-Bon sang, Vic' ! s'exclama Miles en levant les bras au ciel. On était d'accord, si ça n'allait pas tu devais venir me voir ! Ce n'est pas par l'intermédiaire d'un elfe de maison que je ...

-Pardon ?

Miles passa une main dans ses cheveux, visiblement embarrassé.

-On va dire que ... j'ai été réveillé en sursaut par « Dobby qui doit dire à monsieur Miles que miss Victoria Bennett va mal parce qu'elle a refusé son chocolat ».

J'aurais peut-être dû m'indigner qu'un elfe de maison d'insinue ainsi dans ma vie privée, mais la phrase bougonnante dans la bouche de Miles me paraissait si absurde que j'en éclatai de rire, abasourdie.

-Parce que j'ai refusé le chocolat, sérieux ?

-Il a aussi précisé que tu avais passé la nuit dans la cuisine, ajouta Miles en s'adoucissant visiblement. Vic', vraiment ... si tu allais mal, pourquoi tu n'es pas venue me voir ?

-Ça va mieux, assurai-je, touchée par l'éclat tendre et inquiet dans les yeux de Miles. Je t'assure, je vais bien, maintenant. Tu veux que j'aille boire un chocolat pour te le prouver ?

Un sourire à la fois amusé et désabusé s'étira sur les lèvres de Miles. Pour achever de le rassurer, j'ouvris les bras. Après un instant où il me contempla les sourcils haussés, il franchit la distance qui nous séparait pour m'enlacer doucement. Je joignis les mains derrière son dos, pressant ma joue contre son torse, inhalant son odeur à plein poumon. Il avait un parfum agréable, il fallait que je songe à lui demander la marque.

-Sérieusement, Vic', murmura Miles à mon oreille. La prochaine fois, ne reste pas seule, d'accord ? Viens me voir, tu sais que je peux être là ...

-Je ne l'avais pas réellement prévu, avouai-je. Je ... je ne me suis pas sentie sombrer. Mais ça va mieux. Ça ira surtout mieux après un chocolat.

Le rire de Miles résonna dans mon cou et son souffle alla se perdre dans mes cheveux. Je m'écartai d'un pouce, et il pencha son visage vers le mien. Ses lèvres effleurèrent les miennes d'un baiser si tendre qu'il me fit sourire comme une idiote. Mes mains remontèrent le long de son corps pour s'agripper à sa nuque. Il s'écarta de moi pour poser son front contre le mien, le souffle court, les yeux blessés.

-Je te jure que je fais ce que je peux, Vic'. Pardon si ... je ne suis pas à la hauteur.

-Oh, Miles, soufflai-je, touchée. Bien sûr que tu es à la hauteur ... Mais ce n'est pas une longue route tracée, tu vois ? Parfois je ne prévois pas, je ne contrôle pas et ... ça peut arriver quand tu n'es pas là. Mais ça ne veut pas dire que tu n'es pas à la hauteur.

-C'est l'impression que j'ai ...

-Hey ! (j'attrapai plus fermement sa nuque et plantai mon regard dans le sien). Tu te débrouilles admirablement bien pour les circonstances. Maintenant arrête de culpabiliser, et laisse-moi aller prendre mon chocolat, d'accord ?

Un sourire penaud s'étira sur les lèvres de Miles, et je scellai nos paroles d'un ultime baiser avant de m'écarter définitivement pour retourner dans la Grande Salle. Nos doigts restèrent soudés jusqu'à ce qu'on doive s'écarter de chaque côté de la pièce pour prendre nos petit-déjeuner, et malgré tout je sentis le regard inquiet de Miles sur moi tout le long du repas. L'arrivée d'Emily et Simon avait beau me soustraire à lui, il me fixait toujours lorsque je me levai pour aller en cours. Notre premier cours avec la nouvelle professeure de Défense contre les Forces du mal, Dolores Ombrage. Je l'avais vu étalé sa marmelade sur sa tartine en parlant au professeur Chourave, qui m'avait plus semblé faire son possible pour l'ignorer.

-Franchement, je ne sais pas à quoi m'attendre, marmonna Emily alors qu'on entrait dans la salle. Elle sourit beaucoup, mais elle semble ....

-Froide, achevai-je, comprenant le sentiment ambivalent d'Emily. Je vois très bien.

-Personnellement je n'attends rien du tout, bougonna Simon. Allez, à plus.

Il s'avança vers les premiers rangs, et posa son sac sur la troisième rangée. Je perçus le bref regard qu'il lança à la table vide à ses côtés, et mon cœur tomba dans ma poitrine. Les doigts se crispèrent sur la lanière de mon sac, et ma bouche se tordit, indécise. Emily me jeta un regard interloqué.

-Vic' ? On y va ?

Là dessus, elle avança dans la salle, mais je la retins par un bras, mue d'une soudaine idée.

-Em', attends (elle me gratifia d'un regard interloqué). Ça te dérange si ... ce cours-ci je me mets à côté de Simon ?

Emily fronça les sourcils, et ses yeux firent l'aller-retour entre Simon et moi. Une lueur de compréhension traversa ses prunelles et elle posa une main douce sur mon bras.

-Non, tu as raison. Il faut qu'on tourne un peu. Je me mettrais à côté de Roger, et ... En Sortilège ce serait bien que tu te mettes avec Miles ?

-Bonne idée, approuvai-je, rassurée qu'elle prenne si bien la chose. Alors ... A toute ?

Emily m'adressa un sourire ravi, et s'éloigna rapidement pour poser brusquement son sac à côté de celui de Roger, avant qu'Octavia McLairds ne puisse le faire. Les deux filles se fusillèrent du regard, sous l'air perplexe de Roger, avant que la Serdaigle n'arrache son sac à la table pour s'avancer vers ... celle de Simon. Ah non hein. Après quelques enjambée et un saut au dessus du sac d'Angelina, je réussis à m'asseoir sur la chaise voisine de Simon avant qu'Octavia n'ait pu l'atteindre. Simon leva sur moi des yeux déboussolés, et elle me jeta un regard noir avant de se tourner derechef vers Gillian Fawley, à côté de laquelle elle s'assit, les lèvres pincées. Je soupirai en me laissant aller contre le dossier de ma chaise.

-Je t'ai sauvé d'Octavia McLairds, Bones. J'attends en retour une vénération éternelle.

-Je te demande pardon ? répliqua Simon en haussant les sourcils. Vicky, qu'est-ce que tu fais ? Emily ...

- ... est avec Roger pour ce cours, répondis-je distraitement en sortant plumes et parchemin de mon sac. Je me suis du coup dis que j'allais relever le défi de rester un an de plus à tes côtés en Défense contre les Forces du mal. Défi accepté ?

Je présentai mon poing à Simon, qui me fixait toujours les sourcils dressés. Finalement, un lent sourire s'étira sur ses lèvres, et il toqua son poing contre le mien. J'étais même presque persuadée d'avoir vu une lueur de reconnaissance briller dans son regard.

-Allez, ce ne sera pas aussi terrible que l'an dernier.

-Amen mon frère. Tu crois qu'on aura besoin de ça ?

Je secouai ma baguette magique devant son nez et il eut un net mouvement de recul, avant que sa main ne se perde dans ses cheveux. Je le gratifiai d'un sourire machiavélique.

-Ne t'en fais pas Bones, tes cheveux sont toujours blonds. D'où tu les tiens, d'ailleurs ? Ta mère est brune, et ton père est roux.

-Roux, s'esclaffa-t-il en repoussant ma baguette d'un geste de la main. D'abord, il est chauve, et ensuite mes grands-parents étaient blonds – de ce que j'ai pu juger par les photos.

Je savais que Simon n'avait que peu connu ses grands-parents : les parents de George Bones étaient morts alors que celui-ci était encore à l'école, et le père de Rose était décédé il y avait quelques année. Il ne lui restait qu'une grand-mère qu'il voyait très peu. Il m'adressa un regard oblique, et je me tendis en songeant que j'avais ouvert la discussion sur mes propres grands-parents – sur mon grand-père. Mais je fus sauvée sur le gong par le claquement d'une porte et un claironnant :

-Bonjour à tous !

Nous nous retournâmes sur Dolores Ombrage, qui remontait entre les deux rangées de tables avec son sourire qui commençait à nous être familier. Quelques « bonjour » fusèrent de façon diffuse, et elle poussa un soupir à fendre l'âme.

-Mon dieu, mon dieu, il me semble que cette école a oublié de vous enseigner la politesse la plus élémentaire, minauda-t-elle en montant sur l'estrade pour nous faire face. Le respect implique que lorsque je vous dis « bonjour », vous devez répondre par « bonjour professeur Ombrage ». Vous êtes en septième année, vous devez savoir cela, non ?

-Sérieusement ? lâchai-je dans un chuchotement.

Les yeux de Simon roulèrent dans leurs orbites, mais nous nous pliâmes à l'exigence du nouveau professeur en clamant tous en chœur « bonjour professeur Ombrage ». Son sourire de crapaud s'élargit.

-Bien. L'appel, à présent, j'aimerais retenir les noms au plus vite, hum hum ... (elle prit le registre entre ses doigts boudinés et tourna quelques pages). Ah, septième année, toutes classes confondues ... Bennett, Victoria ?

Je levai la main en me fendant d'un « présente, madame », pour satisfaire l'exigence de politesse de la professeur. Le regard appréciateur d'Ombrage passa sur moi, et elle poursuivit :

-Bletchley, Miles.

-Présent, professeur.

-Bones, Simon ... Ah (elle leva les yeux sur Simon, qui avait eu tout juste le temps de lever la main). Bien sûr, j'ai connu les parents ...

Son ton avait nettement refroidi, et toute couleur déserta le visage de Simon. Je posai une main préventive sur son genou, et fus soulagée de le voir ravaler ses commentaires pour se fendre d'un simple hochement de tête. Après avoir détaillé Simon, Ombrage reprit l'appel. Elle adressa un commentaire élogieux à Ulysse Selwyn, dont elle connaissait le père, et jeta un regard suspicieux aux jumeaux Weasley qui la fixaient avec un sourire malicieux qui n'annonçait rien de bon. Elle referma le registre avec un claquement sec qui résonna dans la pièce.

-Parfait. Je vois que tout le monde a apporté son exemplaire de Théorie des stratégies de défense magiques par Wilbert Eskivdur, c'est bien. Avant d'en commencer l'étude, j'aimerais que nous nous attardions sur quelques principes de base sur la façon dont va se dérouler le cours, vous le voulez bien ?

-Je ne suis pas sûr qu'on ait le choix, marmonna Simon.

Devant l'ennui manifeste que lui inspirait cette femme, il faisait tourner sa baguette entre ses doigts, l'air impatient de pouvoir s'en servir. Ombrage se tourna vers le tableau et tapota sèchement sa courte baguette sur l'ardoise. Aussitôt, les craies invisibles y inscrivirent des mots que je tentai de lire, gêné par un immense garçon de Serdaigle qui avait eu le bon sens de se mettre devant moi.

-Faut vraiment que tu manges de la soupe, se moqua Simon. Quoiqu'il est peut-être trop tard, tu resteras sans doute une naine toute ta vie ...

-La ferme, j'essaie de lire.

Il s'agissait des lettres du mot « ASPIC » déclinés à la verticale, avec la signification de chaque initiale à la perpendiculaire.

-Les ASPIC, Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante, cita le professeur Ombrage en pivotant vers nous. Vous êtes la fine fleur des sorciers de demain, n'est-ce pas ? Dans un an vous volerez de vos propres ailes, mais avant il faut vous résoudre à passer ce diplôme afin d'entrer de façon régulière dans la vie active. Sachez que l'obtention des ASPICs est capital pour toute carrière, quelles qu'elles soient. J'ai conscience que votre expérience dans la matière que je vais enseigner est disparate et fragmentaire ... Beaucoup de professeurs ... des programmes pas toujours adaptés ... Mais fort heureusement pour vous, le Ministère a décidé de résoudre ce problème d'instabilité. Bien, voyons les objectifs de classes ... Je vous prierais de les prendre en note.

Elle tapota à nouveau le tableau, et les mots s'effacèrent pour en laisser place à d'autres. Je pestai, insultant silencieusement le troll devant moi et qui m'empêchait de voir le tableau. Faute de mieux, j'attendis que Simon les recopie sur son parchemin pour les prendre en note à mon tour. Chaque mot me semblait plus insipide les uns que les autres.

1) Comprendre les principes qui fondent la magique défensive.

2) Apprendre à connaître les situations dans lesquelles la défense magique se trouve légalement justifiée.

3) Replacer la défense magique dans un contexte ouvrant sur la pratique.

-Ouvrant sur la pratique ? répétai-je, la plume suspendue au dessus de mon parchemin. Et la pratique elle-même alors ?

Je n'étais pas la seule à m'étonner : après un moment de flottement où nous n'avions entendu que le grattement des plumes contre le parchemin, les élèves commençaient à chuchoter entre eux, perplexe. Ce n'était visiblement pas du goût du professeur Ombrage qui tapa deux fois dans ses mains.

-Allons, allons, je ne tolérerais pas qu'on parle dans cette classe sans mon approbation. Ne vous a-t-on pas appris que pour prendre la parole, il faut lever le doigt ?

Une personne la prit au mot, et leva la main. Ombrage dressa un sourcil et son regard froid tomba sur la dernière personne que je pensais vouloir s'exprimer à haute voix dans une classe.

-Miss ?

-Renata Morton, dit poliment Renata en abaissant sa main. Excusez-moi, professeur, mais je pense qu'on s'étonne tous du manque de pratique dans vos objectifs – d'autant plus qu'il y a une partie pratique lors des ASPIC. La septième année demande l'utilisation de sortilèges complexes qui ne se maîtrisent pas simplement en étudiant la théorie – je pense notamment au sortilège du Patronus que nous sommes censés abordés d'après les livres officiels.

-Oh mais le Patronus est un sortilège d'une extrême complexité que les jurés ne vous attendent pas à voir exécuter lors des examens, répondit Ombrage avec un sourire d'apparence aimable.

Mais son regard était glacial quand elle s'approcha de Renata. La jeune fille la fixa sans sourciller, avec son habituel masque d'impassibilité.

-Vous étudierez en toute sécurité et assez profondément la théorie des sortilèges, et cela devrait amplement suffire lorsque vous vous retrouverez devant les ASPICs.

-Au delà des ASPIC, insista Renata l'air déterminé. Certains événements l'année dernière nous ont prouvé qu'ils valaient mieux savoir utiliser les sortilèges adéquats et savoir se défendre.

Un silence estomaqué tomba sur la pièce. Mathilda contempla sa jumelle comme si c'était la première fois qu'elle la voyait, et Ombrage dressa les sourcils si haut qu'ils disparurent sous sa frange cheveux châtains. Cette fois, toute trace de sourire avait disparu de son visage.

-Je vois, murmura-t-elle sans quitter Renata des yeux. Je me doute que votre année a dû être ... affecté par la perte de Cédric Diggory, si c'est à ça que vous faites allusion miss Morton.

-Pas uniquement, mais c'est un bon exemple.

Un éclat malsain qui m'arracha des frissons passa dans le regard d'Ombrage. J'étais interdite face à l'impudence de Renata. Je n'aurais jamais cru voir ma camarade de chambre aligner autant de mot face à un professeur. Surtout ces mots face à ce professeur. Ombrage se détourna d'elle, et parcourut l'allée entre les tables, promenant sur nous un regard sévère et déterminé.

-Mais souvenez-vous que ce pauvre Cédric est mort dans un tragique accident dans le cadre du Tournoi des Trois Sorciers, miss Morton. C'était des circonstances particulières qui n'ont absolument rien à avoir avec celles qui vous entourent aujourd'hui – et surtout, rien à voir avec la matière que j'enseigne.

Encore une fois, je mis une main préventive sur le genou de Simon, que j'avais senti se tendre comme un arc à mes côtés. Il ne fut pas le seul. L'un des jumeaux Weasley, jusque là avachi sur sa table, se dressa sur sa chaise avant qu'Angelina ne lui lance un regard féroce qui lui fit ravaler ses mots. Un tragique accident ... Une autre main se leva, et je fus d'autant plus surprise qu'il s'agissait d'Octavia.

-Professeur, nous sommes dans une école de magie, non ? entonna-t-elle lorsqu'Ombrage lui donna la parole. Nous sommes donc censé apprendre la magie, apprendre à l'utiliser et la catalyser. A quoi nous sert donc ce cours si nous ne pouvons pas y utiliser notre baguette ?

-Mais pincez-moi je rêve, lâchai-je, abasourdie. Aïe ! (Je jetai un regard noir à Simon, qui venait de tordre la peau de mon bras). Pas pour de vrai !

-Mais vous apprendrez, miss McLairds, assura Ombrage avec un sourire qui découvrit ses dents pointues. La théorie sera assez ouverte sur la pratique pour vous laissez tout le loisir de réussir vos sortilèges et d'avoir ainsi vos examens – ce qui est le but de l'école, n'est-ce pas ?

-Sauf votre respect, professeur, je doute que la théorie suffise à réussir la pratique. Les élèves dans cette salle à pouvoir réussir un sortilège du premier coup sont rares. A vrai dire à part Simon Bones, je ne vois pas.

Elle lui jeta un bref regard, et Simon inclina humblement la tête. Il y avait du vrai dans ce que disait Octavia, et j'étais toujours aussi médusée qu'elle s'en prenne ainsi à un représentant du Ministère. Les sourcils d'Ombrage se froncèrent.

-Hey bien ce que vous venez de rapporter montre bien que vous n'avez pas le niveau d'élève attendu en septième année. Que les nés-moldus puissent avoir besoin d'une seconde chance je comprends encore ...

-Pardon ? se récria Simon d'une voix un peu trop forte.

Je pressai son genou pour l'induire au silence, et il se laissa aller contre le dossier de sa chaise, indigné. Un des Weasley tenta à nouveau s'intervenir, mais Angelina lui flanqua une frappe sèche à l'arrière de la tête pour l'induire au silence. Même Ulysse Selwyn avait levé un sourcil dubitatif face à la phrase d'Ombrage, qui pourtant poursuivit :

-... Mais une fois la théorie acquise, vous devez être capable de lancer le sortilège. Si vous n'en êtes pas capables, et bien ... je pense que l'uniforme de contrôleur du Magicobus vous ira très bien, miss McLairds.

Octavia s'empourpra furieusement, et Gillian Fawley plaqua sa main contre sa bouche pour masquer son sourire ravi. En temps normal, j'aurais moi aussi trouvé ça jouissif de voir Octavia McLairds se faire ainsi humilier par un professeur, mais en l'occurrence j'avais plutôt des griefs pour le professeur en question. La main de Simon couvrit la mienne et la serra. Ombrage retourna à l'estrade, et ses pas claquèrent sinistrement sur les dalles.

-Maintenant que vos lumières ont été éclairées, j'aimerais que l'on s'attèle à l'étude du chapitre un de l'excellent ouvrage de Wilbert Eskivdur. Ouvrez vos livres à la page cinq, et commencez la lecture du premier chapitre. Oui, quoi encore miss Morton ?

Renata venait de lever à nouveau la main, les sourcils froncés derrière ses lunettes à fine monture métallique.

-Professeur, j'aimerais ne pas avoir à insulter la mémoire de Cédric Diggory en prétendant que tout va bien. Nous devons apprendre certains maléfices pour nous protéger.

-Mais vous protéger de quoi, voyons ?

Le sourire d'Ombrage s'était figé, et ses yeux étaient dardés sur Octavia, comme si elle pouvait d'un seul regard réduire ses paroles en cendre. La pression de la main de Simon était si forte sur la mienne qu'il me broyait les os et les cartilages, mais je préférais ça à ce qu'il laisse ne serait-ce que le quart de la moitié d'une pensée passer ses lèvres. Le regard de Renata s'assombrit.

-Il y a des forces obscures qui sévissent au delà des murs du château, professeur. Et il faut qu'on sache se défendre face à ça.

Je sentis tout les élèves retenir leur souffle. Toutes les têtes de la classe se tournèrent de Renata vers Ombrage, comme si nous suivions un match de ping-pong. Le visage de la professeure s'était figé en un masque froid. Elle inspira brusquement, puis souffla tout l'air de ses poumons par le nez, comme si elle tentait d'imiter le souffle ravageur d'un dragon.

-Miss Morton, entonna Ombrage dans un murmure qui m'arracha des frissons. Il me semble que vous êtes trop grande désormais pour croire aveuglément ce genre de fables. Si quelque chose en dehors des murs de Poudlard était dangereux, le Ministère vous en informerait, n'est-ce pas ? Maintenant je vous prierais de cesser d'importuner cette classe si vous ne voulez pas faire perdre de point à Poufsouffle.

Les lèvres de Renata se pincèrent en une mince ligne dubitative, mais après avoir échanger un regard avec sa sœur jumelle, elle renonça à répondre quoique ce soit. Ombrage eut un hochement de tête satisfait, et poursuivit :

-Maintenant veuillez commencer la lecture du chapitre 1, ça vous fera une excellente introduction sur ...

-Par Merlin, ma tante avait raison, lâcha Simon, le souffle court. Ça aurait gâché le plaisir de la rencontrer que de nous expliquer qui elle était.

-Sans doute. Heu. Je n'ai presque plus de sensations à la main, alors est-ce que tu peux ...

-Quoi ? Oh. (Son regard tomba sur nos mains entrelacées sur son genou, et il me lâcha immédiatement). Pardon.

Je frottai doucement ma paume blanchie de mes doigts, grimaçant face aux fourmilles qui assaillaient ma chair. Alors que je promenais mon regard sur la classe, je me rendis compte que la dernière intervention de Renata, cette allusion voilée au retour de Voldemort, avait retourné une partie des élèves contre elle. La plupart étaient soit concentrés sur le chapitre, comme Miles ou Alicia, mais d'autres la contemplait en secouant la tête, un air abasourdi peu flatteur sur le visage. Seuls les jumeaux Weasley s'étaient retournés l'air furieux sur Angelina et parlaient avec une telle animation qu'Ombrage les ramena sèchement à l'ordre. Ils accordèrent à sa nuque un identique regard furibond.

-Ça va être drôle, cette année, marmonnai-je, avant de me plonger dans la lecture du bouquin.

***

Nous avions vite compris le lendemain que notre cours avec Dolores Ombrage se résumerait à cela : ranger les baguettes que quelques optimistes avaient sortis, ouvrir le livre, et lire. J'aimais lire, mais au bout de trois heures de cours, ce livre me débectait totalement, et Ombrage encore plus : je la trouvais malsaine et complaisante. J'en espérais presque à la fin de notre double cours du jeudi que les Weasley face un coup d'éclat quelconque qui pourrait enfin égayer cette journée. Mais visiblement, Angelina les bridait : elle avait apparemment perdu Harry pour la première semaine, d'une fait d'une retenue avec Ombrage, elle ne tenait pas à perdre ses Batteurs également.

-C'est vrai qu'on s'ennuie royalement, admit Miles alors qu'on descendait vers le Lac après un cours commun de Sortilège. En plus j'ai dû lire deux fois le chapitre 2, et tu sais quoi ? Il est toujours aussi pourri au bout de la deuxième lecture.

C'était le vendredi après le repas : cette semaine atroce se terminait et ce n'était pas pour me déplaire. Simon et Emily s'étaient dépêchés à leur cours de Potion que Miles et moi ne suivions plus depuis l'année précédente, et nous avions décidé de profiter des derniers rayons de soleil estival. Assise sur un banc devant le lac, je levai le visage vers le ciel et appréciai grandement la douce chaleur qui se répandait sur ma peau. Je sentis Miles enserrer mes boucles de sa main.

-Je les aimais bien long, commenta-t-il en observant la touffe de cheveux qui dépassait de son poing. Ça t'aillait bien.

-J'ai toujours eu les cheveux courts. Et interdiction de me jeter le moindre sort pour les faire pousser.

-Zut alors.

Pour compenser à ce refus, il se pencha vers moi et picora un baiser au creux de mon cou. Des frissons se dressèrent sur mon échine. J'étirai le cou pour l'embrasser sur la joue en retour.

-Arrête, tu me chatouilles.

-C'est vrai ? se réjouit-t-il inutilement.

-Non, mais c'est sensible, admis-je, la couleur me montant aux joues. Au fait, comment Cora se sent dans sa nouvelle vie ?

J'avais plusieurs fois remarqué la jeune sœur de Miles aux côtés d'Isabel MacDougal. L'amitié naissante entre les deux fillettes m'avait amusé. Il laissa aller son front contre mon épaule, et une lueur de déception brilla brièvement dans son regard.

-Ça a l'air d'aller. Elle a été un peu surprise d'être répartie à Serdaigle, toute la famille ou presque a été à Serpentard. Mais au final, je pense qu'elle s'y plait bien. Elle a déjà demandé à Roger Davies si elle pouvait entrer dans l'équipe.

-Surprenant ... (Je consultai ma montre). Ça va être l'heure d'aller en Botanique ...

-Déjà ?

Je souris, et me levai pour m'étirer, les bras levés au ciel pour agrandir ma modeste carcasse. Miles attrapa mes deux mains jointes pour les tirer un peu plus vers le haut. J'éclatai de rire, et me tordis le cou pour accrocher son regard, m'adossant contre son torse

-Tu espères me faire grandir ?

-Par Merlin non. Ta petite taille fait partie de ton charme. Ça et ton côté teigneuse.

Avec un sourire désabusé, je m'arrachai à son étreinte et nouai ses doigts aux miens pour l'attirer vers les serres de Botaniques. Le professeur Chourave s'occupait de Tarentula vénéneuse lorsque vous arrivâmes dans la serre. L'unique autre personne présente était Renata, qui lisait un grimoire avant que le cours ne commence. Ma directrice de maison leva la tête et me sourit avec bienveillance.

-Ah, bonjour Bennett ! Et Bletchley, bien entendu, asseyez-vous ... Ah, vous deux.

Le regard de Chourave se fit nettement réprobateur et je me tournais pour voir ce qui enclenchait le déplaisir de la professeur. Avec un identique sourire goguenard, les jumeaux Weasley venaient d'entrer dans la serre.

-Bonjour professeur Chourave ! Vous êtes divinement radieuse, aujourd'hui !

-Vous avez mis du parfum à l'essence de dictame ? Ça sent si bon !

-Faites les malins, grogna Chourave en pointant sur eux une truelle menaçante. Mais c'est la dernière année que j'aurais à vous supporter, nous sommes presque à la fin de notre histoire. Rien ne sera pire que ce que vous m'avez fait subir !

-Ça c'est ce qu'elle croit, me souffla l'un des jumeaux alors que l'autre répondait d'un poli hochement de tête. Mais elle n'a pas goûté à nos boites à flemmes ...

-Vos quoi ?

Les jumeaux sourirent en concert et s'installèrent sur le bac en face de Miles et moi. L'un d'entre eux frappa mon épaule de son poing.

-Enfin Bennett, tu ne crois pas qu'on allait abandonner ? Les Weasley retombent toujours sur leurs pates.

-Vous avez trouvé le financement ? compris-je en un murmure ravi.

Miles me jeta un regard oblique, perplexe, mais je l'ignorai, attendant le verdict des jumeaux. Je savais qu'ils avaient depuis l'an dernier l'ambition d'ouvrir une boutique de farce et attrape, et qu'en prévision ils avaient commencé à confectionner des produits – dont des feux d'artifices magiques qu'ils m'avaient offert pour mon anniversaire. Malheureusement, ils avaient perdu leurs économies dans un pari foireux avec l'ancien Directeur des Jeux et Sports Magiques, réduisant à néant leurs espoirs d'ouvrir leur boutique. Mais si j'en jugeai par le clin d'œil que m'adressa le jumeau en face de moi, les choses semblaient avoir changées.

-Et comment.

-On t'en parlera lors de l'une de rencontre fortuite dans les cuisines, ajouta l'autre. Tu t'es entrainée au maniement de la poêle, Bennett ?

-Aucun besoin de m'entrainer, il est parfait, plaisantai-je, ce qui arracha un éclat de rire aux jumeaux.

Je n'avais jamais su le distinguer – personne, pas même leur meilleur ami Lee Jordan, qui parvenait. Mais je m'étais découvert l'année dernière une affection sincère pour Fred et George Weasley, et j'étais heureuse de pouvoir échanger quelques mots avec eux. J'avais besoin de me changer les idées, et ils étaient parfaits pour y parvenir.

Ceux qui avaient Potion au cours d'avant furent les derniers à passer la porte de la serre, et Emily m'adressa un regard suspicieux en remarquant que j'étais avec les jumeaux Weasley. Faute de place, elle et Simon allèrent s'installer avec les sœurs Morton, et le cours put commencer avec l'énième rappel que nous entrions dans notre dernière année de scolarité, celle qui serait sans doute le plus déterminante pour notre avenir. Là dessus nous nous plongeâmes dans l'étude d'une nouvelle plante, un buisson ardent qu'elle nous montrerait au prochain cours, mais qui nécessitait un cours théorique avant. Au moment où la cloche sonna la fin de la classe, je vis distinctement l'un des jumeaux s'avancer vers une tarentula vénéneuse et en arracher quelques feuilles. Il couvrit ses lèvres d'un doigt pour m'induire au silence, et j'acceptai d'un clin d'œil amusé. J'allais lui demander ce qu'il comptait en faire quand la voix de Chourave s'éleva de l'autre côté de la serre :

-Bones, Fawley, restez j'ai un mot à vous dire. Ah, et vous aussi Bennett.

-Moi ? m'étonnai-je.

Qu'elle veuille voir Simon et Emily n'avaient rien de surprenant puisqu'ils étaient préfets-en-chef, mais moi... Néanmoins, l'œil déterminé de ma directrice de Maison ne laissait pas de place au doute, et je m'approchai d'elle à pas timide alors que tous quittait la serre. Elle nous fit un signe de la suivre hors de la serre pour entrer dans un espace tout aussi en transparence, qui laissait abondement entrer la lumière et qui était tout autant rempli de plantes de touts genre. Au milieu de la verdure et de la broussaille, coincé entre une plante à pipaillon et l'une des verrières se tenait un bureau dont on ne voyait pas le surface, tant il était empli de parchemin et autres plantes en tout genre. Elle s'assit derrière et nous présenta les trois maigres tabourets. Après avoir échangé un regard déboussolé, nous prîmes place dessus en équilibre précaire. Chourave croisa ses doigts devant son visage, et nous observa chacun notre tour, le visage grave.

-Bien. La première semaine de cours est présent achevée, et une question me semble d'actualité : comment vous vous sentez ?

-Euh, lâcha Emily, prise de court.

-Ça va, professeur, assura Simon.

-On vous remercie.

Chourave nous contempla longuement, ses sourcils froncés au dessus de son nez épaté. Ses yeux étaient masqués par quelques mèches d'un gris fer qui s'échappaient de son chapeau.

-Alors si ça va, vous m'expliquerez monsieur Bones pourquoi des premières années m'ont demandé pourquoi vous dormiez dans le canapé, Miss Fawley pourquoi Hannah Abbott vient me voir moi pour assurer son devoir de préfète et miss Bennett pourquoi aucune date n'a été fixé pour les essais de Quidditch.

Nous échangeâmes des regards épouvantés, chacun s'empourprant à mesure des mots de notre directrice de Maison. Je portai une main à ma joue brûlante. Il était vrai que malgré les nombreuses sollicitations des joueurs restant, je répugnai à fixer des essais. Je remettais toujours à plus tard, m'arguant que j'avais le temps ... Mais à présent, la première semaine était écoulée.

-Désolée, professeur, murmurai-je telle une enfant prise en faute.

-Ah, Bennett, soupira Chourave en laissant aller son front contre ses mains. Je ne dis pas ça pour vous accabler. Il est normal pour vous trois que votre retour à Poudlard soit difficile, je le conçois parfaitement, et c'est pour ça que j'ai tenu à vous voir aujourd'hui. Simplement, ne prétendez pas que vous allez bien alors que c'est évident que non.

Les lèvres de Simon se tordirent et Emily baissa honteusement le nez. Il était vrai que durant cette première semaine, elle avait énormément délégué ses pouvoirs de préfète sur Hannah, alors que Simon appréhendait difficilement ses nouvelles fonctions. Ce fut vers lui et moi que pivota Chourave.

-Je sais que cette année, je vous en demande beaucoup à tout les deux, admit-t-elle avec douceur. Prendre ces responsabilités dans ce contexte, pendant votre dernière année ... Croyez-moi, j'aurais voulu vous épargnez cette peine, et je l'aurais fait si je n'avais songé que vous étiez les plus aptes à prendre la relève de Cédric.

-On ne prend pas sa relève, laissa échapper Simon d'un ton amer. On le remplace.

-Et c'est bien pour ça que j'admets que c'est difficile, Bones. Et c'est pour cela qu'il faut qu'on en parle, et surtout que vous ne restiez pas seuls face à ça. Evidemment que je suis là : au moindre moment de doute, n'hésitez pas, vous connaissez l'emplacement de mon bureau. Vous savez que je saurais me rendre disponible pour vous. Et vous avez des préfets sur lesquels vous appuyer. Alors je ne dis pas de leur laisser toutes les charges (elle jeta un bref regard à Emily) mais essayez de construire ensemble. Miss Patil m'a rapporté que vous avez fait le planning de ronde de la première semaine seul, Bones. Par Merlin, vous n'êtes pas seul. Essayez de vous en souvenir. Venez me voir. Allez voir les autres préfets.

Une nouvelle fois, sa bouche se tordit de dépit, mais il opina du chef. Chourave se tourna alors vers moi :

-Ça vaut aussi pour vous, Bennett. J'ai croisé Callagher et Summerby qui me demandaient quand auraient lieux les essais, et Smith a même poussé le vice à demander le brassard en soutenant qu'il serait plus efficace que vous.

-Sérieusement ? s'hérissa Simon, abasourdi, au moment où je murmurais :

-Oh tous sauf ça.

Chourave parut satisfaite de son effet car un sourire s'étira sur ses lèvres.

-Mais avant que je ne puisse lui répondre, il s'est fait vertement reprendre par miss Susan Bones. Evidemment, il n'en est pas question pour l'instant, je reste persuadée que vous êtes la Capitaine de la situation. Comme je vous l'ai dit dans ma lettre, je vous sais assez forte, et surtout je vous sais passionnée de Quidditch. Vous êtes talentueuse et prometteuse, Bennett, ne gâchez pas votre don. Et surtout ne vous privez pas du Quidditch alors qu'il a pris une belle part dans votre vie. Vous aurez besoin du Quidditch cette année.

J'approuvai timidement, touchée par les compliments de Chourave. Elle avait raison sur le fait que j'aimais énormément le Quidditch, et les jours de beau temps l'envie m'avait pris d'attraper ma vieille Comète pour aller faire un tour dans les airs. Mais au moment où je posais les doigts sur le manche, l'image de nos courses avec Cédric l'année précédente m'avait assailli et figé sur place. Pourtant il fallait bien que je me fasse violence. Il le fallait. Pour le Quidditch, Poufsouffle et Cédric. J'attrapai nerveusement ma médaille de baptême.

-Je vais me reprendre, professeur.

-Ce n'est pas ce que je vous demande, ce que je vous demande, c'est d'avoir confiance en nous pour vous aider. Et j'espère que vous avez tous compris ça ...

Elle adressa un regard incisif à Simon et Emily, qui hochèrent vigoureusement la tête. Avec un sourire aux accents maternels dont elle avait le secret, Chourave nous congédia et ce fut avec une mine atterrée que nous sortîmes de la serre. Emily s'adossa à la verrière, une moue contrite aux lèvres.

-On a été nuls comme piliers de Poufsouffle, non ?

-On a mal géré la chose, avouai-je volontiers, avant de donner un coup de coude à Simon. Va dormir dans ton lit, toi. Tu t'es fait cramé par des premières année ...

-Il faudra que j'y songe ..., admit Simon en se passant une main sur le visage.

-Ça va aller, le rassura Emily. Allez viens, on va faire le planning des rondes ensemble pour la semaine prochaine, Chourave a raison je t'ai laissé un peu livré à toi-même ... Pardon.

-Ça va, le planning n'était pas trop mal. A part Malefoy qui a refusé de faire la sienne tard, j'ai cru que j'allais lui jeter un sort ...

-Seigneur, la prochaine fois ne te retiens pas, plaisantai-je en ébouriffant ses cheveux. Et arrête de grandir, j'ai du mal à t'atteindre.

Un sourire timide ourla les lèvres de Simon et je poursuivis en le gratifiant d'une bourrade. Emily enroula son bras autour du sien, et laissa aller sa joue contre son épaule en soupirant à fendre l'âme.

-On est vraiment une équipe de bras cassé.

J'éclatai de rire face à la conclusion, et nous retournâmes vers le château, nos résolutions faisant lentement le chemin dans nos esprits. Une équipe de bras cassé, certes. Mais nous étions des bras cassés qui devraient devenir à nouveau les piliers de Poufsouffle. 


Je tiens à m'excuser pour la qualité de la scène avec Ombrage, j'ai bien conscience que c'est un quasi copié-collé de HP, le coup d'éclat en moins ... Mais je me dis que partout, Ombrage a dû être accueillie de la même manière, je ne voyais pas d'autre moyens d'aborder son premier cour de la manière conflictuelle avec la classe. Une prof qui interdit la magie ne peut pas être accueilli alors désolée, ça fait un peu redite avec le livre ... J'espère que le chapitre vous aura plu quand même !

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