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II - Chapitre 3 : Les remplaçants


Bonjour bonjour ! 

Chapitre 3 de la deuxième partie, le dernier qui se passe à Terre-en-Landes avant de retourner à Poudlard! Bonne lecture ! 


Chapitre 3 : les remplaçants.

-Tu as rendu un immense service à l'humanité. J'en pouvais plus de son bonnet orange, sérieusement. J'ai essayé de le piquer l'hiver dernier mais ... tu connais Simon.

Susan souriait doucement en sirotant son thé glacé, assise sur les marches de mon porche à l'abri du soleil. Ma mère travaillait, et mon père était à l'église, qui faisait que nous étions tranquille à l'ombre, profitant enfin pour parler seule à seule. Les Bones étaient revenus depuis presque une semaine, pourtant Susan et moi ne nous étions pas retrouvées à deux depuis. Soit Simon était là, soit c'était mes parents ou les siens ... Mais là nous étions seules, et ça avait un côté reposant de pouvoir se parler sans filtre ou sans craindre de blesser quelqu'un.

-Je ne comprends pas son attachement à ce bonnet, sérieusement, enchéris-je joyeusement. Il faudra que tu le forces à mettre le mien.

-Sur le tien, il est noté « minus ». Ce n'est pas beaucoup mieux, mais j'admets qu'à part ça, il n'est pas mal.

-Merci. Maintenant il faut qu'on jette un sortilège de glu perpétuelle entre le bonnet et son crâne.

Susan essuya un petit rire, avant de boire une nouvelle lampée de bièraubeurre. Elle aussi avait bronzé pendant ce mois passé en France, et le soleil faisait flamboyer ses cheveux. Elle avait grandi, également : de deux ans mon cadet, elle me dépassait maintenant de quelques centimètre. Une ombre passa sur son visage.

-Mon père a vraiment dit qu'il ne croyait pas au retour de Tu-Sais-Qui ?

Je me trémoussai, embarrassée. Ce n'était pas la première fois qu'elle posait la question, mais chaque fois, Simon m'avait intimé de me taire d'un regard avant de lui répondre de façon élusive.

-Il a simplement dit qu'il refusait que votre famille ne s'engage d'avantage, expliquai-je, ce qui était la stricte vérité. Après, je n'arrive pas à déterminer s'il y croit ou pas ...

-Moi non plus. Maman c'est plutôt clair, et depuis le début, mais papa ... il fait tout pour éviter d'en parler, même quand c'était juste entre Simon et moi en France.

-Et Caroline ?

Susan eut un rire sans joie. Elle caressa l'une de ses nattes d'un geste distrait.

-Simon ne t'a pas dit pourquoi elle n'était restée qu'une semaine ? Elle croit la position du Ministère. Enfin, elle ne nous l'a pas dit clairement, mais elle a laissé échappé que quand même « quel fou ce Harry Potter ! Vous avez entendu ce qu'il raconte ? ». J'ai cru que Simon allait lui sauter à la gorge.

-Et pourquoi tu dis ça avec cet air réjoui ?

Je me doutais quelque peu que de tout les Bones, la sœur aînée Caroline serait la moins encline à croire Dumbledore. J'adorais Caroline, mais c'était une peureuse amoureuse de l'administratif. Un sourire coupable s'étira sur les lèvres de Susan.

-Parce que ça fait des années que je rêve que Simon lui rabatte le caquet, j'aurais trouvé ça drôle. Maintenant qu'il est majeur, j'espère qu'elle reviendra vite et là ... Boum.

-Il n'y a pas assez de « boum » chez toi en ce moment ?

-Si, admit Susan, son sourire se fanant quelque peu. Mais entre papa et maman. Quand c'est pas le boulot, c'est nous, quand ce n'est pas nous c'est Dumbledore ... Je pense que c'est pour ça que Simon ne dit trop rien en ce moment. C'est déjà assez pénible d'entre papa et maman se disputer tout le temps. Je crois même que mon père dort dans le canapé en ce moment.

-Je suis désolée, Susan.

La jeune fille haussa les épaules. J'admirais réellement Susan pour le calme avec lequel elle prenait chaque tournant de sa vie. Une véritable force tranquille, et d'une incroyable sagesse pour ses quinze ans.

-Ça va. Ce n'est pas la première fois qu'ils se disputent, c'est assez volcanique entre eux. J'espère que la situation permettra que ça se tasse. Déjà l'audience du 12 août est passée – tu en as entendu parlé ? J'avais l'impression qu'elle concernait Harry mais papa ne veut rien nous dire. Maman en rage.

-Je me doute, mais je ne sais rien de plus que toi. Juste que ta tante en a parlé quand vous êtes revenus ...

-Ah oui, c'est vrai que tu as vu tante Amelia ! Elle va venir manger avant qu'on parte pour Poudlard, tu pourras venir, si tu veux. J'ai l'impression qu'elle t'avait bien aimé. Enfin, si elle a le temps parce que la Justice Magique je crois que ...

Je donnai un virulent coup de coude à Susan, et elle en renversa une partie de son thé glacé sur son short. Elle me jeta un regard noir, mais je désignais rapidement du menton Ethan qui venait d'apparaître au bout du chemin. Une lueur de compréhension brilla dans son regard.

-Oups, lâcha-t-elle en reposant son verre. Merci ...

-Susie-jolie ! s'exclama Ethan en ouvrant les bras. Une véritable revenante, comment tu vas ?

-Je me suis renversée du thé glacé sur moi, quelle maladroite, maugréa-t-elle en levant des yeux désolés vers moi. Tu aurais des mouchoirs ?

A défaut de pouvoir me nettoyer tout ça avec ta baguette, criait ses yeux, si bien que je me dépêchai de m'engouffrer chez moi pour aller lui chercher de quoi s'éponger. Quand je revins une minute plus tard, Ethan avait pris ma place sur les marches, et je donnai un coup de pied au bas de sa colonne vertébrale.

-Bouge de là, Smith, c'est ma place.

-Hey ! C'est sur Simon que tu frappes, d'habitude ! Il est où lui, d'ailleurs ? Il se planque ?

-Parti chercher des papiers d'école, éluda Susan en me jetant un bref regard.

Je déglutis nerveusement en me réinstallant à la place qu'Ethan venait de libérer. Simon et moi avions passé ce matin notre permis de transplanage, et même si tout s'était passé sans accros, j'attendais à présent d'avoir le parchemin d'attestation entre les mains pour être sûre de ma performance. Qui savait, peut-être avais-je laissé quelques poils de sourcils derrière moi qui rendrait mon examen raté ... Susan me jeta un regard rassurant, avant de s'enquérir des nouvelles d'Ethan qu'elle n'avait pas vu depuis l'été dernier. Il se passa presque une heure avant que Simon n'apparaisse au bout de l'allée. Ethan éclata de rire en allant à sa rencontre.

-C'est pas vrai ! T'as fini par pousser ?

-Ça arrive aux gens bien, répliqua Simon en lui serrant la main. Et c'est pour ça que Vicky restera petite toute sa vie.

-La ferme, Bones, râlai-je en me précipitant vers les enveloppes qu'il tenait. Alors, qu'est-ce que ça dit ?

-A ton avis ?

Il les leva pour les maintenir hors de ma portée – chose qu'il pouvait faire maintenant qu'il avait pris près de dix centimètres. Comme un idiote, je sautillai sur place, les effleurant du bout des doigts sans jamais les atteindre.

-Bones ! Tu es atroce, donne-moi ça ! Allez !

Mais Simon ne répondit qu'en mettant les enveloppes plus haut, un sourire goguenard aux lèvres. Avec un feulement furieux, j'agrippai son lobe d'oreille et tirai d'un coup sec vers le bas. Simon poussa un cri perçant.

-Aïïe Bennett !

-Tout de suite tu fais moins le malin, persifflai-je en lui arrachant les enveloppes, avant de lui murmurer : fais-moi penser à remercier Ethan d'avoir été là pour t'empêcher de dégainer la baguette.

Simon me lorgna l'air mauvais avant de frotter son lobe d'oreille que je venais de lâcher. Avec un sourire satisfait, je m'éloignais avec les enveloppes de parchemins. L'une au nom de Simon avait été décachetée et l'autre ... Je passai mon doigt sur la fente pour découvrir qu'elle avait également été ouverte.

-Bones ! Qu'est-ce qu'il t'a pris d'ouvrir mon courrier ?

-Tu as bien ouvert le mien tout l'été ...

-C'est faux ! protestai-je en pointant sur lui des enveloppes menaçantes. Je me contentais de le récupérer !

-On s'en fiche ! nous interrompit Susan en nous rejoignant, un immense sourire au lèvres. Alors, tu l'as ?

-As quoi ? se troubla Ethan, perdu.

Simon eut un sourire pantois.

-Une sorte d'examen de la sécurité routière écossais, tous les élèves doivent le passer ... Et d'ailleurs ... (il tira sur l'une des nattes de sa sœur). Et moi, tu t'en fous ?

-Tu l'as loupé ? rétorqua Susan.

-Evidemment que non, c'est évident que je l'avais.

-Et quelle modestie, fit ironiquement remarquer Ethan. Tu devrais avoir un certificat « tête enflée », je suis sûr que tu serais champion du monde.

-Vicky commence à déteindre sur toi, tu deviens désagréable ...

-Tu es pénible ! lança Susan. Alors Vic' ?

Je ne répondis rien dans un premier temps, mes yeux parcourant chaque ligne du parchemin que je tenais entre mes mains frémissantes. Au final, je levai le visage sur mes amis, un sourire incertain aux lèvres.

-Je l'ai.

Susan poussa un cri perçant et me sauta au cou. Je la serrai contre moi, pressant le parchemin qui se chiffonna dans mon poing. Ethan vint nous entourer de ses bras, arguant que malgré le fait qu'il ne comprenait rien, il était heureux pour moi, et ça méritait une bonne bière. Quant à Simon, il se contenta d'un pouce en l'air, un sourire en coin aux lèvres. Et un fantôme dans les yeux. 

***

-Et du coup, tu peux ... tac, comme ça d'un coup ?

-C'est ça.

-Genre si je te demandais de venir à Bristol là maintenant, tu pourrais le faire ?

-Ouaip.

-Tu vas le faire ?

-Nop.

Alexandre grogna de l'autre côté du fil. Je m'en voulais de le décevoir ainsi, mais j'avais bien trop peur qu'il ne me propose de rendre visite à mes grands-parents ... Je détestai l'idée de mentir à mon frère, mais je n'avais pas le choix. Tant que je n'avais pas de certitude, je préférais ne pas exposer Alexandre à ce problème.

Avec un pincement au cœur, je me rendis compte que ça devait également être le raisonnement de George Bones concernant Voldemort.

-Tu es venue qu'une fois depuis le début de l'été, gémit Alexandre. Allez, sérieux. Et si je te dis que je te présenterais Mel ?

-Tu n'as qu'à venir, toi, répliquai-je malgré ma curiosité pour la fameuse Mel. Simon et Susan sont revenus, en plus.

-Et lui aussi il l'a eu son permis de trans-machin-chose ?

-Transplanage, Alex. Et oui, Simon l'a eu. (je vis mon père émerger de la cuisine). Dis bonjour à papa.

Je levai le combiné vers mon père, et j'entendis clairement Alexandre claironner « Bon-jour pa-paaa ! » sur une voix qui me fit lever les yeux au ciel. Un sourire retroussa les lèvres de mon père, et le prit le téléphone pour parler avec son fils.

-Comment ça va mon grand ? Pas trop de travail ? Oui je me doute, Bristol c'est plus grand que Terre-en-Lande ... Mel va bien ? Ah tant mieux, j'espère la rencontrer bientôt ... Oui je sais. (Mon père eut un grand soupir en me lorgnant). On ne la verra pas avant Victoria.

Je grimaçai face à mon père, et un sourire secoua sa poitrine. Il acheva sa discussion en demandant s'il y avait une chance de le voir à la messe ce dimanche, et Alexandre coupa la communication aussi sec. Mon père soupira :

-Je dois avoir échouer en tant que Pasteur si mes deux enfants ne croient pas en Dieu ...

-Ce n'est pas de ta faute, le rassurai-je alors qu'il s'installait à côté de moi. C'est de la faute de Dieu, il avait qu'à se manifester à nous le jour où on en avait besoin.

Mon père me jeta un long regard torve, mais parut vite comprendre que je n'étais pas d'humeur aux discussions de type religieuse car il n'insista pas.

-De quoi vous parliez ? d'enquit-t-il d'une voix prudente. Tu as eu un examen ?

Depuis quelques jours, mon père posait ce genre de question, de façon discrète et qui paraissaient presque naturelles. J'avais toujours l'impression de marcher sur des œufs lorsque c'était le cas : j'appréciai sa curiosité nouvelle, mais je ne savais jamais jusqu'où je pourrais aller, où étaient ces nouvelles limites.

-Un examen de transplanage, oui, confirmai-je avec prudence. Je l'ai passé il y a deux jours, ça me permet de ... me déplacer d'un point à un autre, avec la magie.

-Comme de la téléportation, si on veut ?

-En gros, oui. Mais c'est dangereux de faire de trop longues distances, c'est juste pour les petits trajets. Je ne sais même pas si je peux traverser la Manche avec le transplanage.

-Je vois. Et bien, des félicitations s'imposent, je suppose ...

Il m'embrassa sur le sommet du crâne, et annonça qu'il allait nous faire des chocolats chauds pour fêter ça. Je le fixai quitter le salon, abasourdie. J'avais beau être heureuse, je ne m'habituais pas au nouveau comportement mon père. Pire que tout, ça ne faisait que me rappeler que tout dans ma vie avait changé depuis le mois de juin. Il revint avec deux tasses fumantes et alluma la télé. Il était tard, et ma mère était retenue au travail, ce qui faisait que nous passions la soirée en tête à tête. J'aurais pu m'éclipser et aller voir Susan ou Ethan, mais j'avais mauvaise conscience de laisser mon père seul. Il prit une grande lampée de chocolat avant de me demander :

-Je ne me rends pas bien compte – et je suppose que c'est normal. Mais est-ce qu'il y a eu des ... perturbations cet été à cause du mage noir dont tu nous as parlé ?

-Euh ..., entonnai-je, désarçonnée par la question. Non. Mais c'est compliqué, les autorités ne sont pas sûres qu'il évolue parmi nous alors ... ils attendent.

-Et dans ton école, comment ça va se passer ?

Ce fut à cet instant précis que je compris. Pourquoi il posait toutes ses questions, pourquoi il s'intéressait enfin à la magie. Mon père s'inquiétait pour moi. Ça transpirait dans son attitude : du miel qu'il avait généreusement glissé dans mon chocolat à la sollicitude qui brillait dans son regard. Mon cœur se serra douloureusement.

-Poudlard est peut-être l'endroit le plus sûr au monde, le rassurai-je en mettant dans mes mots toute ma conviction. Albus Dumbledore, le directeur, est le plus grand sorcier de ce siècle, et même le mage noir en a peur. Tant que je serais là-bas, je ne risquerais rien.

Les épaules de mon père se détendirent visiblement, et un léger sourire s'étira sur ses lèvres. Il tapota doucement ma main.

-Tant mieux. Tant mieux, je suis content. Mais ... Est-ce que ça te dérangerait si je parle aux Bones ? Je pense que ... ça me rassurerait. Avant que je ne reparte.

-D'accord, acceptai-je, ébahie. Oui d'accord, j'en parlerais à Rose ...

Le sourire de mon père s'élargit. Il finit son chocolat jusqu'à la dernière goutte, avant de m'embrasser sur la tempe en annonçant qu'il allait se coucher. Il me laissa seule dans le canapé, devant Les évadés, à me demander comment j'allais bien pouvoir demander la chose à Rose Bones sans que George ne sorte de ses gongs.

***

Il avait fallu attendre le matin du dernier jour des vacances pour que Rose soit libre et que George soit au Ministère au même moment. Malheureusement, Amelia Bones était également présente, et elle suivait avec désapprobation la conversation entre mon père et sa belle-sœur. Quant à mon père, il ne cessait de lorgner sa pipe, et fronçait du nez avec dégoût chaque fois qu'elle rejetait un nuage de fumée dans l'air. Pendant ce temps, Susan finissait rapidement son devoir de Métamorphoses, ses grimoires et parchemins étalés sur la table principale pendant que Simon accordait sa guitare sur le canapé.

-Mais on a toujours pas la liste de fourniture, se récria Susan alors que Rose servait manuellement du thé à mon père.

-Ça ne devrait pas tarder, marmonna Amelia contre sa pipe. Fudge a fait passé son stupide décret.

Elle avait chaussé un monocle qui lui donnait l'air encore plus revêche, et lisait des dossiers en face de Susan.

-Vous allez avoir Dolores Ombrage comme professeur, les enfants. Je vous souhaite bien du courage.

-Qui ça ? m'étonnai-je.

Les doigts de Simon s'étaient figés sur sa guitare, arrachant un gémissement à l'une des cordes. Rose se retourna vers sa belle-sœur, incrédule.

-Dolores Ombrage ? Il va nommer comme professeur Dolores Ombrage ?!

-Mais qui c'est ? insista Simon, les sourcils froncés.

-La sous-secrétaire d'état auprès du Ministre, expliqua succinctement Amelia, un sourire au coin des lèvres. Une femme charmante, je ne voudrais vous gâcher le plaisir de faire sa connaissance ... Mais sa nomination rend ce que je t'ai dit encore plus vrai, Simon : calme-toi, et surtout, boucle-la. Victoria, je pense pouvoir compter sur toi pour veiller à cela.

-Oui m'dame ! acceptai-je avec un salut militaire.

Si Amelia me gratifia d'un sourire appréciateur, Simon me toisa l'air mauvais, serrant sa vieille guitare contre lui. Mon père regardait ladite guitare avec mélancolie : elle avait un jour était la sienne avant qu'il n'en fasse cadeau à Simon. C'était la première fois qu'il mettait les pieds dans la maison des Bones, et il observait son environnement avec crainte et prudence, comme s'il s'attendait à ce qu'un objet lui explose à la figure.

-Ne vous en faites pas, Edward, le rassura Rose en lui tendant sa tasse de thé. Dolores ou pas Dolores, Victoria sera en sécurité à Poudlard. Il arrive peut-être parfois à Dumbledore de faire des erreurs, mais il ne fait jamais deux fois les mêmes.

-Cela dit je ne serais que trop lui conseiller d'avoir son patronus, juste au cas où, ajouta Amelia en raturant distraitement son parchemin. Une affaire récente m'a appris qu'il y aurait des Détraqueurs qui se balade impunément ces temps-ci ...

-Des détra-quoi ? se troubla mon père alors que Susan pointait une plume triomphale sur sa tante.

-Ah ! Donc c'est ce qui est arrivé à Harry, pour l'audience du 12 août ? Il s'est fait attaqué par des Détraqueurs ?

Amelia souffla brusquement par ses narines, contemplant sa nièce à travers monocle sévère.

-Rosie, tes enfants ont des oreilles qui trainent trop.

-Donc c'est ça ? insista Susan, le regard flamboyant. Si c'est ça j'espère que Fudge aura la présence d'esprit d'envoyer des Aurors à Azkaban !

-On parle de Fudge, répliqua Simon, dépité. Autant s'entrainer dès maintenant au patronus ...

Mon père me jeta un regard où pointait la panique devant tout ses mots qui pour lui n'avaient aucun sens lancés à tord et à travers. Je m'approchai de lui pour lui souffler :

-Azkaban est la prison des sorciers, les Détraqueurs sont les créatures qui gardent les prisonniers, et le patronus est le sort qui nous permets de nous en protéger.

-Des prisonniers ?

-Non, des Détraqueurs. Ce sont, comment dire ... des créatures assez peu fréquentables.

-Aaah.

Ce « Aaah » se voulait compréhensif, mais tout sur le visage de mon père indiquait qu'il n'avait rien compris. Rose m'indiqua d'un regard qu'elle prenait le relai, et je rejoins Susan et Amelia sur la table principale. La cheffe de la Justice Magique me paraissait plus soucieuse que la dernière fois que je l'avais vu : une ride entre ses sourcils s'était profondément creusé, et des cernes étaient apparues sous ses yeux. Si des Détraqueurs avaient réellement attaqué Harry Potter cet été, ça avait dû l'interloquer, lui donner des preuves tangibles supplémentaires qu'elle attendait tant. Ça avait été l'un des premiers avertissements de Dumbledore à mon égard : les Détraqueurs étaient les alliés naturels de Voldemort. Un jour où l'autre, ils déserteraient Azkaban pour le rejoindre, et qu'adviendrait-il de tout les prisonniers qui y étaient enfermés ? Discrètement, pour ne pas alerter mon père, je sortis ma baguette, et cherchai un souvenir heureux. Peut-être ma première victoire au Quidditch ? Je tentai de me remémorer l'instant, de m'imprégner des émotions, avant de brandir ma baguette devant moi :

-Spero patronum.

Mais la seule chose qui sortit de ma baguette fut un très mince filet de vapeur argenté qui ne ferait pas peur à un moustique. Amelia observa la tentative l'œil critique.

-Tu n'y mets pas assez de conviction – ou alors le souvenir n'est pas assez fort. Réessaie quand tu seras au calme, et ne te décourage pas si ton patronus n'est pas corporel dans un premier temps.

-Corporel ? répéta Susan, intéressée.

-Lorsqu'il a une forme bien définie, explicita sa tante. C'est la forme la plus efficace. Il est extrêmement difficile de faire apparaître un patronus corporel : il faut avoir la puissance magique, et surtout un souvenir assez fort, assez heureux. (Elle fronça les sourcils, et jeta un regard suspicieux à Susan) Pourtant Harry Potter a réussi. Un Patronus en forme de cerf, à cet âge, c'est prodigieux ... Mais ne vous méprenez pas : peu de sorcier savent faire apparaître un patronus corporel à la fin de leur études. Certain même en sont incapable avec les ans. Mais un patronus assez épais et globalement formé pourra au moins te permettre de te donner du temps pour transplaner, alors persévère.

Elle m'adressa un bref sourire, avant de s'en retourner à son dossier. Je fixai les dernières traces de brumes, une sensation glacée au creux du ventre. Je savais très bien ce qui n'avait pas été dans ma tentative : Cédric était présent dans le souvenir que j'avais choisi. Et ça rendait le souvenir le plus heureux du monde en lame acérée qui me transperçait le cœur. Mes rêveries furent interrompues par quelques coups tapaient à la fenêtre, sec et sonore. Derrière elle, trois hiboux s'étaient posés sur le rebord, tenant chacun dans leur bec une lettre à l'encre verte bien connue. Je poussai un cri de surprise.

-Ça y est !

Susan et Simon levèrent la tête, mais avant qu'ils ne réalisent je m'étais précipitée sur la fenêtre pour faire entrer les volatiles. Sous le regard déconcerté de mon père, ils s'engouffrèrent dans la pièce, déposèrent les lettres sur la table et repartirent dehors aussi sec. Susan attrapa la sienne avec avidité.

-Enfin ! Bon sang, on a qu'aujourd'hui pour acheter les livres, il va falloir qu'on se dépêche !

-Je vais devoir aller au Ministère cet après-midi, nous apprit Rose en tendant sa lettre à Simon. Tu vas pouvoir gérer, ça va aller ?

-Oui, ne t'en fais pas, assura son fils en ouvrant l'enveloppe.

Laquelle se déchira entre ses doigts, et quelque chose en tomba, teintant sur le sol à plusieurs reprises avant de s'arrêter aux pieds de Susan. Simon se figea totalement, fixant la chose dorée avec une certaine horreur. Sa sœur la ramassa, hébétée.

-Simon ... C'est l'insigne de préfet-en-chef.

-Quoi ? me récriai-je en arrachant le badge aux mains de Susan. Ce n'est pas ...

Mais Susan avait raison. C'était bel et bien un bel insigne frappé aux armoiries de Poudlard, et sur lequel était gravé en lettres d'or un petit « P-e-C ».

-Seigneur dieu, lâchai-je, abasourdie.

-Préfet-en-chef, répéta Rose, visiblement sous le choc. Préfet-en-chef, par Merlin, Simon ! Je suis si fière de toi !

Elle prit son fils dans ses bras, un sourire ravi aux lèvres. Simon avait plutôt la tête de quelqu'un qui avait avalé une couleuvre contraint et forcé. Il lorgnait l'insigne que je tenais toujours entre mes mains comme s'il n'osait y croire. Rose le lâcha enfin, toujours émue, et mon père s'approcha de lui pour lui donner une tape sur l'épaule.

-Préfet au moins, c'est une notion que je comprends, sourit-t-il, arrachant un rire à Simon. Félicitation mon grand. C'est un honneur que te fait ton directeur ...

-Et tu le mérites tant, s'extasia Rose. Avec les excellents résultats que tu as ... Oh par Merlin, il faut que je le dise à ton père, il va être ravi ! Et je te donnerais un peu d'argent, tu pourras t'acheter quelque chose au Chemin de Traverse ... Ah mon chéri ! (Elle plaqua un baiser sur sa joue). Je suis vraiment contente pour toi.

-Merci, maman.

Avec un dernier sourire, elle disparut dans la pièce adjacente – sans doute pour prévenir son mari. Simon passa une main dans ses cheveux, l'air toujours désarçonné. Amelia eut un fin sourire.

-Moi non plus je n'y croyais pas quand j'ai été nommée préfète-en-cheffe. Mais tenir l'insigne entre ses mains, ça aide à réaliser ...

-Peut-être, admit Simon.

Mais au moment où il tendait la main pour réclamer son insigne, je le pressai contre moi, farouche.

-Pas question !

-Victoria ! s'étonna Susan.

-Non, non ! Il ne peut pas être préfet-en-chef ! Tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Que même au sein de Poudlard il a plus de pouvoir que moi ! Il va pouvoir me mettre en retenue, de façon arbitraire ! Non, non, il est hors de question que je subisse sa tyrannie.

Un lent sourire se forma sur les lèvres de Simon lorsqu'il réalisa ma crainte. Sa mine s'éclaira et une lueur de malice brilla dans son regard.

-Et je pourrais te donner des lignes à écrire. Et même te retirer des points, chaque fois que tu me traiteras de « minus », ou de « crevette ».

-Oh le calvaire, gémis-je, serrant l'insigne entre mes doigts. Où est-ce que je peux brûler cette chose ?

-Le brûler ne servira à rien, enfin, fit remarquer âprement Amelia. Il est nommé, il est nommé et il pourra bel et bien te retirer des points chaque fois que tu voudras le traiter ... (Elle leva ses yeux au monocle sur son neveu, amusée). Crevette ? Vraiment ?

Simon parut embarrassé, et me fusilla du regard.

-Ça te vaudra au moins cinq points, Bennett !

-On n'est pas encore à Poudlard, répliquai-je en lui lançant l'insigne qu'il rattrapera habilement. Tiens. Use-en avec sagesse – Susie, veilles-y.

-Oui chef, promit-t-elle avec un adorable sourire, avant de se replonger dans la lecture de la lettre. Tu connais ce bouquin, tant Amy ? Théorie de stratégie de défense magique ?

-Ça commence par « théorie » donc ça craint, avança immédiatement Simon en empochant l'insigne.

Un nouveau sourire s'étira sur les lèvres d'Amelia. Elle réclama le parchemin que tenait Susan, et lut le titre les sourcils froncés. Visiblement, l'ouvrage lui était inconnu mais comme Simon, l'intitulé ne lui inspirait rien. Simon s'assit à côté de moi en poussant un gros soupir.

-Hey bien. Si je m'attendais à ça ...

-Emily doit être la préfète-en-cheffe, songeai-je distraitement. Oh pitié, faites que ce soit ça ! Tous les points que tu me retireras, elle me les rendra.

-On lui demandera, elle ira sans doute au Chemin de Traverse cet après-midi, hasarda Simon, son regard vagabondant vers la lettre que j'avais délaissée. Tu ne l'ouvres pas ?

Je haussai les épaules, et pris le parchemin pour en déchirer la fente.

-C'est la même que la tienne de toute manière ... Oh.

En sortant la lettre habituelle de fourniture, mes doigts avaient effleurés un objet froid et métallique. Avec une prudence infinie, j'extirpai la chose de l'enveloppe pour la découvrir. Un badge jaune et noir frappé d'un « C ». Mon cœur fit une chute vertigineuse dans ma poitrine.

C'était l'insigne de Capitaine de l'équipe de Quidditch.

Mon souffle se bloqua dans ma gorge. Ce n'était pas moi la Capitaine. C'était Cédric, c'était Cédric depuis deux ans et ... Cédric n'était plus là.

-Je m'en doutais, murmura Simon en me prenant l'insigne des mains. Après tout, Viktor Krum lui-même a reconnu ton talent.

-Mais ... mais je ne peux pas, ce ... ce n'est pas moi, la Capitaine, Simon ...

Un sourire triste s'étendit sur ses lèvres.

-Parce que tu crois que c'était moi le préfet ?

La douleur frappa ma poitrine, inattendue. Soudainement, l'attitude de réserve de Simon lorsqu'il avait avisé l'insigne de préfet-en-chef s'expliquait. Lui aussi avait ressenti cette souffrance, et avait vu le fantôme de Cédric resurgir devant ses yeux.

Seigneur, j'étouffais.

-Désolée, lâchai-je en me levant. Je vais prendre l'air, je reviens.

Simon eut un hochement de tête compréhensif, et je me trainais jusqu'au porche des Bones. L'air était lourd, dénué d'humidité et m'assécha la gorge et les poumons. Rien de la fraicheur dont j'aurais eu besoin. Le soleil dardait ses rayons impitoyables sur la terrasse et je me matins à l'ombre, à bout de souffle sans avoir fait aucun effort.

-Victoria ?

Les yeux embués, appuyée contre la rambarde, je tournai difficilement le visage vers mon père. Il s'avança vers moi avec prudence.

-Qu'est-ce qu'il se passe ma chérie ?

Un sanglot me noua la gorge. La vue de ce petit insigne et le souvenir résurgent de Cédric faisait remonter en moi des émotions que je pensais avoir passées. Mon père comprit dans quel état j'étais d'un regard, et il me prit dans ses bras avec douceur. Je me laissai aller contre lui, laissant libre court à mes larmes.

-J'ai été ... j'ai été nommée Capitaine de l'équipe, haletai-je dans sa poitrine. Sauf que ce n'est pas moi... Ce n'est pas moi ...

Mon père ne répondit rien. Il ne me félicita pas. Il ne me consola pas. Il se contenta de me serre plus fort contre lui, et de caresser mes cheveux avec des gestes lents et répétitifs, et de longuement presser ses lèvres contre le sommet de mon crâne. Lorsque les tremblements se calmèrent et que je me détachai enfin de lui, sa chemise était trempée de mes larmes et il baisa tendrement mon front.

-Tu le reverra, me promit-t-il en un murmure rauque. Mais pas encore, Victoria. Pas encore.

***

Mon père avait attendu patiemment que je me calme un peu, puis nous étions retournés à l'intérieur. Rose était revenue, et elle et Amelia s'apprêtaient à retourner au Ministère. Mon père retourna à l'église après s'être assuré que j'allais bien, et Susan finit son devoir de Métamorphose. Ne nous restait plus qu'à nous rendre au Chemin de Traverse pour acheter les livres.

Susan rangeait ses livres pendant que Simon rassemblait l'argent que sa mère lui avait confié.

-On y va en transplanant ? s'enquit Susan avec enthousiasme.

-Si tu veux, accepta Simon en regardant partout autour de lui. Quelqu'un a vu ma liste ?

-J'ai la mienne, ne t'inquiète pas, répondis-je en glissant mes doigts dans l'enveloppe.

Elle contenait deux parchemins : l'une était la liste de fourniture pour cette année, et l'autre était une lettre à l'écriture féminine aux lettres rondes, et signée Pomona Chourave, notre directrice de Maison. Je les mis toutes deux dans ma poche. Susan griffonnait sur un morceau de parchemin.

-Ellébore, poudre de corne de licorne, extrait de belladone, énuméra-t-elle en mordant la pointe de sa plume. Sim', il te faut quelque chose ?

-De l'essence de dictame et du jus de Horglup ! Et puis plus classiquement encre et parchemin.

-Toi aussi Vic' ?

Je hochai la tête et Susan roula le rouleau. Simon nous attendait en tapant du pied impatiemment. Il prit sa sœur par la main, et ils disparurent en un « clac » sonore. A mon tour, je pivotai sur moi-même, et je sentis un hameçon invisible m'attraper au nombril et tirer d'un coup sec. En une fraction de seconde, je tanguai et arrivai dans l'allée bondée du Chemin de Traverse.

J'ouvris la bouche d'ébahissement. Je n'avais jamais vu l'avenue commerçante si peuplée. Il fallait dire qu'habituellement nous avions la liste de fourniture bien avant, mais l'envoie tardif des lettres obligeait les parents de chaque élève de Poudlard à se déplacer aujourd'hui. Et ça faisait beaucoup de monde.

-Oh Seigneur ...

-Vicky !

Devant la librairie Fleury et Bott, Susan et Simon me faisaient de grands signes. Je fendis difficilement la foule et attrapai la main que mon amie me tendait pour m'extirper de là. J'eus à peine le temps de me sentir soulagée que mon regard effleura l'intérieur de la librairie. Elle était pleine à craquer de parents, et d'enfant paniqués. La bouche de Susan se tordit.

-Je propose qu'on se sépare. Simon va à la librairie, Victoria aux fournitures et moi chez l'apothicaire ?

-Vendu, acceptai-je dans un filet de voix. On se retrouve chez Florian Fortarôme ? Après ça j'aurais bien besoin d'une glace ...

La chose entendue, nous nous séparâmes tant bien que mal. Je traversai la foule, serrant contre moi la bourse que Simon m'avait confié pour acheter l'encre et le parchemin. La boutique était moins fréquentée que la librairie, mais je m'insérais tout de même avec difficulté. Je pris quelques bouteilles d'encre, dont certaines qui changeaient de couleurs, et j'attrapai plusieurs rouleaux de parchemins avec l'aide d'un adorable monsieur qui attrapa ceux qui étaient trop hauts pour moi. Je pris plus de temps devant le large choix de plume que proposait la boutique. J'avais toujours adoré choisir mes plumes, c'était ma partie préférée des fournitures scolaires. Je pouvais rester des heures à les effleurer, à les tester sur les parchemins mis à disposition. Mais cette fois je n'avais pas le loisir de mettre autant de temps à choisir mon instrument scripteur, alors je jetais mon dévolu sur une magnifique plume d'aigle, et choisis celle de Simon et de Susan d'après mes souvenirs. Le plus long fut de faire la queue à la caisse : celle-ci s'étendait jusqu'au trottoir, et je ne fus jamais plus soulagée qu'en payant la vendeuse épuisée. Je sortis avec mon sac plein, slalomant entre les passant pour rejoindre la glacerie de Florian Fortarôme. Le brouhaha était tel que j'entendis à peine le cri derrière moi :

-Victoria ! Hey, Vic' ! Bennett !

-Victoriaaaaaa !

Etourdie, je me retournais pour voir une tête émerger de la foule, la dépassant presque d'une tête. Avec un sourire, je reconnus Kenneth Callagher, le batteur de l'équipe de Poufsouffle qui entrait en sixième année. Le suivait de très près Judy Summerby, l'autre batteuse. Ce fut elle qui m'atteint en premier, et elle m'attrapa le bras si fort que j'en eus la circulation coupée.

-Aïe ! Judy !

-Dis-moi que c'est toi ! Parce que ce n'est pas nous, et si ce n'est ni nous ni toi, ça veut dire que c'est Smith, et si c'est Smith je vais péter un câble !

-Judy !

Elle eut un sourire penaud. J'adorais Judy : c'était une fille vive et intelligence, unique fille de Poudlard à tenir le rang de batteuse. A seize ans, elle me dépassait d'une bonne tête, et elle devait être plus large d'épaule que Simon, mais ça ne faisait pas d'elle un monstre : elle avait un joli sourire et ses cheveux blonds cascadaient dans son dos. Kenneth était plus grand qu'elle, et bien plus massif, et j'avais une entière confiance en eux pour tenir les cognards éloignés.

-Si ce n'est pas toi, je te promets qu'on démissionne tout les deux ! me promit Kenneth en pointant un index menaçant sur moi. Smith, par Merlin, ce serait insupportable ! Et tu sais très bien que sans nous cette équipe s'écroulera ! Nous sommes la colonne vertébrale du Quidditch.

-Calme-toi, m'amusai-je en sortant l'insigne de ma poche. C'est moi, pas de panique.

Kenneth en fut tellement soulagé qu'il me plongea dans une étreinte d'ours qui me fit suffoquer. Miles était assez grand, et mon frère encore plus, pourtant je me sentais jamais si petite que lorsque j'étais dans les bras de Kenneth.

-C'est bien toi, lança-t-il en me relâchant. C'est parfait, je vais pouvoir commencer cette année sereinement.

-Déjà que presque la moitié de l'équipe est renouvelée, ajouta Judy en souriant. Deux poursuiveurs pour remplacer Leslie et Marius. Et puis bien sûr ...

Un silence gêné s'installa entre nous, et je sentis une main glacée se refermer sur mon cœur. J'allais devoir remplacer Cédric au poste d'Attrapeur. Kenneth parut comprendre mon trouble car il me donna une tape dans le dos qui m'envoyer contre Judy.

-Tu n'es pas toute seule, Victoria. On sera avec toi pour t'aider, et gare à Smith s'il ose l'ouvrir. Je me suis acheté une nouvelle batte, et je rêve de la tester sur sa tête. Alors ne te fais pas de biles.

Judy acquiesça d'un vigoureux hochement de tête. Je leur adressai un sourire désolé, et la batteuse me prit par les épaules pour me ragaillardir.

-En plus j'ai entrainé mon petit frère pour qu'il soit attrapeur. Bon, il n'est pas aussi bon que Potter, mais je t'assure qu'il tient la route.

-On va reconstruire cette équipe ensemble, promit Kenneth en ébouriffant mes cheveux. Capitaine.

-Vous êtes adorables, dis-je, mon sourire s'élargissant. Je vais faire de mon mieux, et ... j'aurais peut-être besoin de votre aide, effectivement.

-On sera là, assura Judy. Et comme j'ai réussi brillement mes BUSEs, je vais pouvoir bien me concentrer sur le Quidditch cette année !

-Brillamment ? répéta Kenneth avec un sourire sournois. Alors pourquoi tu as eu un P en métamorphose ?

La jeune fille lui planta son coude dans les côtes, courroucée. Les encouragements des deux Batteurs me touchaient et me rassuraient quant à ma nouvelle fonction, et ils m'accompagnèrent tout les deux jusqu'à Florian Fortarôme. Judy me raconta qu'ils venaient de finir leurs achats et que ceux-ci avaient été un véritable parcours du combattant. Elle râlait contre Poudlard et l'envoi tardif de la lettre quand je repérais Susan au milieu de la foule réunie devant la glacerie, son sac d'ingrédient de Potion serré contre sa poitrine.

Je zigzaguai entre les tables resserrées pour atteindre celle de Susan.

-Quel monde, gémit la jeune fille après avoir salué Judy et Kenneth. J'ai dû me battre avec une gamine de première année pour avoir cette table ...

Elle désigna l'enfant en question, qui avait fini par se trouver une autre place et s'attaquait à sa glace au chocolat. Avec stupeur, je reconnus Cora Bletchley, la plus jeune sœur de Miles. Elle faisait des moustaches de chocolat à son père, qui tenait tous leurs paquets sur ses genoux. Mais de Miles ou de Felicity, son autre sœur, aucune trace.

-Oh c'est adorable, laissa échapper Kenneth, avant de se tourner vers Judy. Tu veux me faire des moustaches de chocolat ?

-Va nous chercher des glaces, plutôt, répliqua-t-elle en le repoussant au visage.

-Et prends-en une pour Simon, à la vanille, il ne va pas tarder, enchérit Susan avec un adorable sourire.

Elle lui tendit quelques mornilles et Kenneth accepta avec un soupir. De toute manière, qui pouvait résister au sourire de Susan Bones ? Judy se pencha sur mon amie pour s'enquérir de ses vacances et j'en profitai pour extirper la lettre de Chourave de l'enveloppe. Je n'avais pas pris le temps de la lire chez les Bones. Son écriture ronde et les tâches d'encre qui tâchait le parchemin me firent doucement sourire, tant c'était des petites choses qui me rappelait ma directrice de Maison.

Chère Victoria,

J'ai bien conscience que vos vacances ont été difficiles et que vous avez dû être désappointée lorsque vous avez découvert l'insigne de Capitaine dans l'enveloppe. Je joins cette lettre pour vous expliquer mon choix, et celui de directeur de vous porter à la tête de l'équipe de Quidditch de Poufsouffle. Vous êtes la plus âgée des joueurs restant, et également la plus expérimentée, ce qui vous place idéalement pour le brassard. Mais j'ajouterais à cela le fait que je vous trouve la Capitaine la plus naturelle, dans votre talent pour le Quidditch, votre passion, et votre capacité à influer sur l'équipe. Vous n'en avez sans doute pas conscience Victoria, mais je sais que vous êtes capable d'être un leader pour vos joueurs, que ce soit dans le jeu et sur le terrain que dans le vestiaire. Vous avez une bonne connaissance du Quidditch, vous avez du talent – un talent reconnu par un certain Attrapeur Bulgare, si les mots qui m'ont été rapportés étaient exacts – et vous avez un charisme qui vous est propre. J'ai une entière confiance en vous pour ce poste.

J'ai conscience que le nom de Cédric Diggory doit flotter partout autour de cette lettre et qu'en cet instant vous devez beaucoup songer à lui. Mais je pense avoir bien connu monsieur Diggory, assez pour être persuadée qu'il aurait approuvé mon choix de vous nommer Capitaine. Personne n'est plus apte que vous, et si la charge vous semble trop colossale en cette année d'ASPIC, sachez que je me ferais une joie de vous aider. N'oubliez pas que vous n'êtes pas seule dans cette équipe et que des gens seront là pour vous soutenir et que vous vous déléguiez – comme vous avez été là pour Cédric.

Je réitère ma confiance en vous, Victoria. Votre nom est venu naturellement, et le directeur s'est fait une joie d'approuver mon choix. Vous ferez de l'excellent travail dans cette équipe, je n'en doute pas.

Je resterais à votre disposition toute cette année, pour quelques problèmes que ce soit – études, Quidditch, ou autre. Je pense que l'année dernière vous a appris que si quoique ce soit tournait mal, vous pourriez compter sur moi. Cette année, n'hésitez pas.

Je vous revoie le premier septembre, ce bel insigne épinglé sur votre uniforme. Tâchez de ne pas tuer monsieur Bones d'ici là, j'aurais besoin de lui cette année.

Pomona Chourave,

Directrice de Poufsouffle.

Je relus une seconde fois la lettre. J'étais si touchée par la confiance aveugle de Chourave à mon égard que cela chassait la tristesse que je pouvais éprouver à la lecture du nom de Cédric. Et Dumbledore avait approuvé ma nomination ... Mais il n'y connaît rien en Quidditch, il l'a admis lui-même, me rappelai-je, incertaine. Peut-être qu'ils se trompent. Peut-être qu'ils se trompent tous et que je ne serais pas à la hauteur. Mais décevoir ma directrice de maison me serrait affreusement le cœur. Elle avait toujours eu foi en moi, y compris aux moments où personnellement je n'en avais aucune et globalement elle avait eu raison. Il fallait espérer qu'elle ait une nouvelle fois vu juste sur moi. Je rangeai la lettre et ma bulle de mélancolie fut crevée par les questions de Judy sur mes vacances.

Simon apparut quand Kenneth revint avec toutes les glaces, l'air épuisé et à bout de souffle. Il s'écroula sur une chaise, avec ses sacs de livres faisant trembler la table.

-Mais il y en a beaucoup trop, remarquai-je en fouillant l'un des paquets. C'est quoi ça ?

Je sortis un grimoire de sortilège très avancé et le secouer devant le nez de Simon. Il repoussa ma main, agacé.

-De la lecture personnelle, maugréa-t-il en rangeant le manuel. Au fait, j'ai vu les parents d'Emily et son petit frère. Mais pas d'Emily.

-Son petit frère ? répéta Susan avec horreur.

-Ne panique pas, il est parti, soupira Simon. Oh de la glace à la vanille, c'est pour moi ? Merci Kenneth.

Kenneth répondit d'un grognement, les yeux avides rivés sur la coupelle de glace qu'il brûlait de pouvoir avaler. Judy lui jeta un regard consterné, et prise de pitié, elle saisit sa coupelle et la leva, comme pour porter un toast.

-A notre retour à Poudlard ! clama-t-elle.

Amusée, je levai à mon tour ma coupelle, suivie de Kenneth, Simon et Susan. Ce n'était pas une perspective réjouissante, que de retourner à Poudlard avec un tel poids qui pesait sur nous. Mais en observant les yeux pétillants de Susan, ou le sourire de Kenneth, l'idée de prendre le Poudlard Express et de revoir ce vieux château ne me paraissait pas si terrible. Le verre s'entrechoqua en un tintement clair qui couvrit brièvement la rumeur des conversations autour de nous.

-A notre retour à Poudlard ! 

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