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II - Chapitre 26 : Do you hear the people sing ?

ALORS NON, je ne suis pas faible 

C'est juste que lundi prochain je passe le CAPES donc le week-end prochain je vais être occupée à stresser et à me changer les idées DONC c'est plus judicieux pour moi de poster cette semaines et de recevoir vos gentils commentaires tout au long de la semaine pour booster un peu ma confiance ahah 

Ce chapitre est dédié à ma Citrouille d'amour qui va pouvoir le lire tout en écoutant l'homme de sa vie. Clem, TO THE BARRICADES ! 

Donc bien sûr, vous avez vu le titre : préparez la chanson qui va prendre sa place vers la fin du chapitre, je pense que ce sera plus sympa si vous l'écoutez en même temps (mais c'est que mon avis hein) 

VOILA on se voit dans deux semaines quand je serais LIBEREE ! Bonne lecture !

***

La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil.

- Friedrich Nietzsche

***

Chapitre 26 : Do you hear the people sing?

-Mais donc tu vas vraiment choisir le Quidditch ?

Susan avait un grand sourire qui s'accentua lorsque le sortilège de transfert qu'elle tenta d'une abeille à une fleur fonctionna : la marguerite se retrouva avec des ailes bourdonnantes qui l'arrachèrent de sa tige et la firent s'envoler au loin. Je mis ma main en visière pour la suivre des yeux, presque agressée par la lumière du soleil. Avril commençait à s'étirer pour laisser place à mai mais Poudlard gardait du printemps les effluves de l'espoir. Depuis l'évasion des jumeaux, chaque élève semblait s'être donné le mot : Ombrage n'était pas en pays conquis. Cette étrangère incapable de donner un cours qui voulait nous imposer une dictature injuste ne pouvait pas se croire maîtresse toute puissante de l'école, pas si nous avions notre mot à dire. Et à présent, tout le monde avait son mot à dire. J'eus un sourire face à la surface scintillante du Lac Noir. C'était une ambiance grisante, je devais l'admettre.

-Je suppose, ça s'oriente dessus, évaluai-je prudemment. J'irais faire les essais qu'on me propose, toujours. Bibine m'a dit qu'ils me convoqueraient tous la même journée pour que je puisse passer toute une série et revenir à Poudlard rapidement, juste après les ASPICs.

-Et tu as déjà réfléchi au club que tu voudrais ?

Je haussai les épaules. J'avouai qu'entre deux séances de révision intensive en vue des examens, j'avais regardé plus attentivement l'historique, localisations et infrastructure des différentes équipes de Quidditch d'Angleterre et d'Irlande, mais je préférais ne pas me projeter tant que je n'aurais pas de proposition concrète.

-Les Tornades sont pas mal, admis-je néanmoins. C'est juste à côté de la maison, de l'autre côté du canal de Bristol ... Et ça ne me déplait pas, je ne veux pas à avoir à faire un gros trajet, ni à m'éloigner de Terre-en-Landes.

-Donc tu fais une croix sur les Vautours ? interrogea Susan d'un ton détaché. Dommage, c'était un beau challenge.

Je lorgnai mon amie du coin de l'œil, suspicieuse. Elle tentait à présent de faire pousser des petites pattes à une pierre sans le moindre succès, mais son efficacité s'expliquait sans doute par l'air distrait qu'elle abordait.

-Dis-moi, Susie-jolie, tu as parlé à ton frère, récemment ?

Susan soupira et leva des yeux désolés sur moi.

-On a vaguement parlé du fait que tu serais sans doute plus en sécurité en Bulgarie qu'ici, oui. Et Vic', il n'a pas tort, tu devrais y réfléchir ...

-Non.

Je donnais un coup de baguette rageur à un galet et le sortilège protéiforme fut si efficace qu'il se dupliqua en une dizaine d'exemplaire. Mais presque tous étaient petits et bosselés, ce qui prouvait le manque de maîtrise que je continuais d'avoir. Une colère sourde bouillonnait en moi et j'étais incapable de la réprimer.

-Il ne veut pas me mettre à l'abri, il veut se débarrasser de moi, répliquai-je en abaissant ma baguette. C'est pour ça qu'il me reparle de la Bulgarie alors qu'il ne voulait pas en entendre parler avant, c'est pour ça qu'il m'a poussé à demander à mon grand-père de m'aider pour protéger mes parents ... Tout ça, c'est pour que lui n'aie pas à le faire, pour qu'il ait les mains libres pour faire autre chose.

Et s'il n'avait rien tenté, contrairement à ce que j'avais pu craindre, pendant les vacances d'avril, c'était justement parce que tout n'était pas mis en place, rageai-je, et mon sortilège de réduction réduisit un rocher à l'état de misérable pierre. Mais il mettait lentement son plan en action ... Il s'assurait que ma famille et moi soyons protégés sans avoir besoin de lui et qu'il puisse ... Qu'il puisse ... Le son de l'explosion de galets sous mon coup de baguette fit sursauter Susan et je me tournai vers elle avec un regard d'excuse.

-Pardon, je ne devrais pas m'énerver contre toi ... Mais s'il pense que je vais le laisser faire ... Le laisser aller pourchasser Jugson sans rien faire ...

-Tu n'es pas la seule, tu sais, rétorqua Susan d'un ton féroce. Moi non plus je ne laisserais pas faire et mes parents non plus. Même si ça signifie le séquestrer à la maison tout l'été.

Elle riva son regard sur le lac comme si elle rêvait de plonger le visage de son frère dedans. Je me rassis à ses côtés, adoucie par la mine déterminée de Susan. J'avais tendance à oublier qu'elle était ma meilleure alliée contre les plans absurdes de son frère.

-Tante Amelia a tenté de lui parler, pendant les vacances, poursuivit-t-elle avec lenteur. De ce qu'il allait faire après Poudlard, notamment, même si ça ne concernait pas le Ministère. Mais j'ai l'impression que ça ne l'intéresse même pas, tout ce qu'il a su dire, c'est demander où en étaient les recherches. Je te le donne en mille : au point mort. Je comprends qu'il veuille le faire. Qu'il veuille que Jugson purge sa peine, je connais mon frère, il n'irait pas au point de le tuer – quoique parfois il me fait peur – mais ... Nom d'une gargouille, dans quoi il va se fourrer ? Ses parents ne sont pas morts pour qu'ils prennent des risques insensés, enfin !

-Cela dit, même s'il n'y avait pas eu Jugson, il serait rentré dans une sorte de résistance, comme ses parents justement ...

-Mais c'est totalement différent ! Cassie et Edgar étaient dans une organisation dirigée par Dumbledore, les risques étaient calculés, pas absurde et surtout il y avait un but bien défini au bout, un objectif sain et louable. Ce que fait Simon, ce n'est ni sain, ni louable. C'est totalement dénigrer la mémoire et le combat d'Edgar et Cassiopée que de se jeter à corps perdu à la poursuite d'un homme qui n'en vaut pas la peine. Il vaut mieux que de s'adonner à des instincts aussi bas que la vengeance. Qui s'y adonne ? Nestor Selwyn ! Tu te rends compte qu'il s'abaisse au même niveau de Nestor Selwyn ?

Je dévisageai Susan, surprise de la ferveur dans son ton et au feu qui brûlait dans son regard vert. Elle avait pris en maturité et en assurance au cours de l'année et je ne pouvais m'empêcher de songer que les cours de l'A.D. n'y étaient pas pour rien. Ça lui avait permis de s'émanciper et de constater qu'elle avait une force en elle. J'eus un pauvre sourire.

-En voilà une qui est prête à plaider devant le Mangenmagot ...

Ses yeux papillonnèrent et un adorable sourire s'étala sur ses lèvres.

-Ce ne sera pas Simon, il faut bien que ce soit moi, plaisanta-t-elle. Enfin, je ne suis pas encore sûre mais ... ça me tient à cœur que ce monde soit juste et contrairement à Simon, j'ai le recul nécessaire pour analyser les situations. Chourave m'a dit qu'elle m'y voyait bien, de toute manière ... Je n'ai plus qu'à travailler pour avoir les BUSEs nécessaire. Je pense que je vais arrêter de travailler la Potion et me concentrer sur d'autres matières plus essentielles, comme la Métamorphose ou même l'Etude des Moldus, c'est un aspect important de la Justice Magique le lien avec les moldus et il y a beaucoup de choses à améliorer dans ce domaine ...

-Ça c'est ma Susie, l'approuvai-je avec un grand sourire. Je suis fière de toi.

-Qu'est-ce que tu crois, vivre avec toi au milieu des moldus de Terre-en-Landes ça ouvre des perspective ... (son beau regard s'assombrit). Mais Vic' ... Le plan de Simon est peut-être stupide, mais ... Dans sa stupidité, il n'a peut-être pas tort sur Vratsa ...

Je couvris la main de Susan de la mienne et souris d'un air que j'espérais rassurant.

-Tu sais, si Nestor veut ma peau, ce n'est pas les frontières qui l'empêcheront de l'avoir. Et il est hors de question que j'abandonne ma famille. Ni mon pays, d'ailleurs. Je préfère rester et faire en sorte que Voldemort n'accède jamais au pouvoir.

Susan tressaillit à peine au nom du Mage Noir et me lança un long regard où je lisais une question silencieuse. Je dressai un sourcil pour l'inciter à expliciter et elle toussota, l'air gêné.

-Alors ... toi aussi tu comptes ... te battre ?

Ma bouche se tordit. Les mots de Dumbledore prononcés sur le terrain de Quidditch résonnèrent puissamment en moi :

Avant de retourner à la poussière, nous nous battrons.

A dire vrai, je n'avais pas réellement eu le temps d'y réfléchir, mais je me rendais compte que tous mes actes concernant Voldemort penchaient dans le même sens : tout mettre en œuvre pour qu'il n'atteigne pas le pouvoir et ne puisse pas détruire ma famille, comme les nazis l'avaient fait avec celle de ma grand-mère. Pour l'instant, mon action se cantonnait à la sphère privée et familiale mais je me rendais compte que pour sauvegarder mes proches, il fallait élargir ma vision. Comme l'avait souligné Miro, pour être certain que rien ne vous arriverait, il fallait s'attaquer à la racine. C'était une perspective vertigineuse qui faisait poindre la frayeur et la nausée en moi, mais ce n'était rien par rapport à l'épouvante que pouvait m'apporter l'idée que ma famille se fasse exterminée parce qu'elle était moldue. J'étais certaine que si je croisais un épouvatard, il prendrait la forme de l'un des membres de ma famille, rendu inerte par la mort comme l'avait été Cédric.

-Je ne peux pas laisser faire ça, Susan, soufflai-je, l'estomac noué. Je ... je ne sais pas si j'en aurais la force ou même si je serais utile mais ... Je ne peux prendre le risque que Voldemort s'élève. Si moi qui serais directement impactée par sa politique ne fait rien, qui le fera ?

-Tu ne seras pas seule, Vic', me rassura-t-elle en pressant ma main. Et je suis sûre que tu seras utile, tu es une bonne sorcière, tu es intelligente. (Elle m'adressa un pauvre sourire). Peut-être que si on parvenait à convaincre Simon que c'est Tu-Sais ... (Elle marqua un temps de pause, prit une profonde inspiration et rectifia : ) Voldemort le responsable du meurtre de ses parents, et non Jugson, il se mettrait à penser comme toi ...

-Il pense déjà comme moi, mais son obsession pour Jugson prend trop d'importance ... Mais ce n'est pas idiot, il faudrait réussir à faire glisser la responsabilité de la main à la tête ... Après tout, Jugson n'aurait jamais tué ses parents si Voldemort ne n'en avait pas donné l'ordre.

Susan hocha vigoureusement la tête, galvanisée. Lointainement, la cloche retentit, sonnant la fin de la pause et elle se dressa sur ses pieds avant de ramasser ses affaires. Elle avait cours de Potion à l'autre bout du château.

-Je lui en parlerais ce soir, pendant que tu seras à ton entrainement, enfin, j'essaierais de glisser ça habilement, promit-t-elle avec un clin d'œil. Je te jure, ce qu'il nous fait faire ... Ah, au fait ! (Elle tira une lettre qui dépassait de son sac). C'est arrivé pour toi ce matin, mais comme tu n'étais pas là ...

-Je n'ai pas entendu mon réveil, répondis-je en prenant la lettre. Bonne chance pour ton cours !

Elle me fit un petit signe de main et se dépêcha de remonter jusqu'au château, sans doute de crainte de s'attirer les foudres du taciturne professeur de Potion. Je m'étonnai toujours qu'un homme qui ait un jour éprouvait de l'attrait pour les forces du Mal et Voldemort soit autorisé à enseigner à Poudlard, mais comme Rogue semblait aussi désagréable que de coutume et fermement ancré à son poste, j'avais fini par cesser de m'interroger sur son compte. Contrairement à Susan, je pris tout mon temps pour me rendre à mon cours de Défense contre les Forces du Mal qui ces derniers temps prenaient une véritable tournure de farce. J'ouvris la lettre reconnus l'écriture soignée de ma mère. Elle me sembla anormalement longue et je compris pourquoi en lisant les premiers mots :

Ma chérie,

Ton grand-père vient de partir et la première chose qui m'est venue à l'esprit est de t'écrire pour m'excuser. Pardon, ma chérie, pardon de ne pas t'avoir comprise, de ne pas avoir tenté de comprendre ton monde, de t'avoir abandonné au moment où peut-être tu avais le plus besoin de moi ... J'ai dressé un mur absurde entre nous et à cause de cela, tu n'as pas eu assez confiance en moi pour venir me voir au moment où c'était important. J'espère sincèrement que tu trouveras en toi la force de me pardonner et je n'ai pas les mots pour te dire à quel point je regrette d'avoir eu l'esprit si fermé.

Comme tu dois le comprendre, mon père nous a dit toute sa vérité. Je n'en veux pas d'avoir gardé son secret ces derniers mois ... Simplement parce que j'ai fait la même chose ces quinze dernières années. Ça fait longtemps que je sais qu'il n'est pas mon père biologique : je m'étais interrogée dans mon adolescence en voyant que ni moi, ni Beata ne lui ressemblions. Alors j'ai profité qu'il soit malade pour le forcer à faire une prise de sang que j'ai comparé avec la mienne et celle de ma mère, notamment les groupes sanguins. Elle est A+, lui AB+ et moi O. C'est strictement impossible si les deux sont mes parents et je pense trop ressembler à ma mère pour songer que j'ai été totalement adopté, alors la seule explication que j'avais été que mon père n'était pas mon père. Maintenant que j'y pense, il y avait des irrégularités étranges dans la prise de sang ... qui s'expliquent maintenant.

J'ai préféré me taire. Parce que j'aimais sincèrement mon père et que je ne voulais pas mettre une barrière entre nous en explicitant le fait qu'il ne l'était pas pour de vrai. Parce que je voulais que vous grandissiez dans une famille unie, parce que Beata n'était pas prête à entendre ça ... Même ton père n'a jamais rien su. Mais ça m'a permis d'atténuer le choc pour les révélations d'aujourd'hui ... Seigneur, quelle histoire, si j'avais pu me douter ... Sans doute aurais-je été une meilleure mère pour la sorcière que tu es. Alexandre est choqué aussi, bien sûr, mais au moins ça lui change les idées de Mel ... Et ton père ... Oh, ton père est un Saint, il se contente de me rassurer et de prendre soin de moi sans laisser filtrer ce qu'il pense vraiment. Mais je pense que ce qui s'est passé à Gdansk qui reste en travers de la gorge ... A moi aussi du reste, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'était la guerre. Et que si ça n'était pas arrivé, rien n'aurait été pareil. Je ne sais pas si je pardonne mais j'admets qu'il y a des réalités plus urgentes qui demandent toute notre attention.

Nous avons commencé à nous organiser avec nos voisins pour ton retour. Je ne sais pas ce que l'avenir nous prépare, ma chérie, mais sache qu'on restera soudé autour de toi, quoiqu'il arrive. J'ai parfaitement conscience de ce qui se passe, de ce qui pourrait se passer – ma mère s'est bien chargé de me faire miroiter les pires possibilités. Ça n'arrivera pas, Victoria, pas si nous avons notre mot à dire, et je pense qu'avec l'aide de ton grand-père et de nos voisins, nous l'avons.

Prends soin de toi, ma chérie. J'attendrais ta prochaine lettre avec impatience – même si elle arrive dans notre salon par hibou ... Je t'aime.

Maman.

Je lisais toujours en entrant dans ma salle de cours et m'étais installée sur ma chaise en pilotage automatique. Ma mère avait été remarquable de discrétion dans sa lettre pour passer la censure d'Ombrage. Simon était déjà là à faire léviter nonchalamment sa plume alors notre directrice s'égosillait face à deux garçons de Serdaigle qui se tenait la narine pour éviter de laisser couler un flot important de sang. Octavia, qui retenait à grand peine son rire, les défendait vaillamment :

-Mais professeur, il faut les laisser aller à l'infirmerie, ils se vident de leur sang ! En plus Henry est en train de vomir ses trippes devant la salle !

-Mais qu'est-ce que vous avez tous, à la fin ?! s'écria Ombrage, furieuse.

-Ze zuis pas zûr, probesseur, articula l'un des malades avec difficulté. Mais za rezemble à une Ombrazite aigüe ...

Emily s'écroula sur sa table, les épaules secouées par l'hilarité. Ce n'était pas la première fois que ce genre de scène avait lieu : à chaque cours, Ombrage avait le droit à son lot d'élève qui usait des boites à flemmes de Fred et George pour quitter la classe, la rendant folle de rage. L'un de leurs nombreux héritages qui rendait l'esprit de leur rébellion pérenne dans l'école ... Simon ricana à côté de moi et laissa retomber sa plume.

-Ils feraient bien de faire attention, elle a déjà collé deux classes pour savoir comment ils s'y prenaient pour tomber malade et ça m'énerverait qu'on soit la prochaine alors que je suis par ailleurs si sage ... Hey, ça va ?

Simon fronça les sourcils, soudainement inquiet. Je souris malgré les larmes qui m'étaient montées aux yeux pendant ma lecture. Décidemment, tout le monde semblait se donner le mot : avant de retourner à la poussière, nous nous battrons. C'était ce que comptait faire ma mère malgré son monde qui valsait et je me devais de suivre l'exemple.

***

Le mois d'avril laissa place à un mai qui commença sous la pluie : les séances de Quidditch se faisaient dans des conditions extrêmes mais avaient pour mérite d'être réellement satisfaisante pour moi. Evelyn devenait meilleure en interception et si on moyennait cela et que je faisais un grand match, nous étions sûrs de minimiser le nombre de but inscrit par Serpentard. C'était important car Aaron, malgré un net progrès tout au long de la saison, restait tendre face à un Drago Malefoy véritablement vicelard. Un véritable statu quo existait au niveau de l'attaque car les poursuiveurs de Serpentard étaient très forts, mais leurs batteurs étaient des brutes et en toute modestie, je me savais être meilleure que Miles dans les buts. A chaque entrainement, je me surprenais à rêver de la coupe, de la porter aux cieux pour la dédier à celui qui aurait dû la brandir si la vie n'avait pas été si cruelle. Oui, pour Cédric, j'étais capable de gagner ce match.

Mais c'était sans compter Miles.

-Pour la millième fois, je ne parlerais pas Quidditch avec toi tant que les finales ne seront pas passées, lui répétai-je, passablement agacée. Je ne te fais pas tout à fait confiance pour garder la moindre miette d'information pour toi.

Miles eut un sourire coupable et je poussai un grognement de dépit. A sa décharge, l'inverse était vrai : s'il laissait filtrer la moindre tactique, j'étais certaine d'adopter la mienne en conséquence, ce qui rendait nos discussions difficiles parce que je craignais les intox. La nuit tombait sur le château et nous revenions d'une séance de révision à la bibliothèque où j'avais dû jongler entre vocabulaire de runes anciennes et évitement de la question du Quidditch avec Miles. Montague n'était toujours pas remis et le spectre d'un forfait du meilleur poursuiveur et Capitaine de Serpentard se précisait de jour en jour. De fait, Miles gardait le brassard et s'en délectait véritablement. Il avait recruté en prévision du match un nouveau poursuiveur, Urquhart, bien plus malin et doué que ne pouvait l'être Warrington. Et en plus il me compliquait la tâche en reformant une équipe compétitive ...

-C'est bien, Vic', tu perds en naïveté, se moqua-t-il doucement.

-Enfin si, une dernière chose, me repris-je avant de pointer un index sur sa poitrine. Pas de provocation d'avant-match. Les finales arrivent à peine trois semaines avant les ASPICs ... on aura tous bien plus important à penser que de se battre inutilement avant même le match, non ? Sans compter que c'est une pratique des plus pitoyables.

Les lèvres de Miles se déformèrent en une moue contrariée. Les provocations d'avant-match, certains membres de son équipe aimaient ça plus que le jeu en lui-même.

-Même pas deux ou trois piques ?

-Pour toi ce sera deux ou trois piques, mais pour Malefoy ou Warrington ce sera la porte ouverte à toutes les bassesses, fis-je valoir. Tu es fier d'être capitaine, et bien sois-le : un capitaine est responsable de ses joueurs et doit être capable de les gérer. Je ne veux pas que Malefoy me terrifie Aaron avant même qu'il n'entre sur le terrain.

Les yeux de Miles roulèrent dans leurs orbites mais devant mon regard inflexible, il finit par abdiquer :

-OK, j'essaierais d'en toucher un mot ... (Puis un sourire fendit son visage et il ajouta : ) Maintenant, on arrête de parler Quidditch ... enfin, presque ! Tu t'es décidée, tu restes en Angleterre ?

La colère sourde que je nourrissais toujours contre Simon et son idée absurde de m'envoyer en Bulgarie gronda en moi. Pourtant je parvins à garder une voix calme pour répondre à mon petit-ami :

-Oui, évidemment que je reste, ce serait lâche de partir maintenant, je trouve ... Et puis, Tutshill sont juste à côté de chez moi, donc si je suis prise ce serait parfait ...

Miles me renvoya un regard surpris et haussa les sourcils.

-Tu comptes rester chez toi ? Même si tu as un salaire ?

-Euh ... oui. Enfin, pas toute la vie, mais je ne sais pas, au moins un an, rattraper tout le temps perdu avec mes parents, avec mon frère ... Ma vie là-bas m'a manqué pendant que j'étais à Poudlard, je te jure. Un jour, je te ferais visiter, c'est vraiment une très belle région. On est juste à côté du canal de Bristol – qui par ailleurs, est une très belle ville – et je suis souvent allée faire du camping dans la forêt de Dean quand j'étais petite ... Tutshill la jouxte, donc si je vais là-bas je ne serais pas dépaysée.

La main de Miles sembla se figer dans la mienne, mais l'impression fut passagère parce qu'il me sourit avec une certaine tendresse.

-Je trouve ça amusant comment tu es attachée à ta région, de façon presque filiale ...

-Que veux-tu, chaque enfant de Terre-en-Landes a ça dans le sang, plaisantai-je gaiement. Mon amie Cholé a même une photo des champs de derrière chez elle dans sa chambre à Bristol, juste pour avoir l'impression d'être là-bas. On y a tous beaucoup de souvenir.

Ceux-ci affleurèrent à mon esprit et m'arrachèrent un sourire. La rare fois où j'avais pu voir Chloé pendant ces vacances, nous nous étions arrangés pour organiser une grande réunion cet été. Un grand fracas me sortit de ma rêverie lorsque nous passâmes devant une armure qui semblait étrangement pousser des miaulements de fureur et de terreur. Miles partit d'un grand rire et me prit la main pour nous éloigner de ce couloir.

-Quelqu'un a encore dû enfermer Miss Teigne ! s'esclaffa-t-il, les yeux pétillants. C'est la deuxième fois que ça arrive, Rusard va être fou de rage ...

-Vieille goule hurlante, maugréai-je en suivant Miles dans les escaliers. Quand on était coincés dans le marécage, il n'a pas levé le petit doigt pour nous aider et tu aurais vu sa tête lorsqu'il a reçu l'autorisation pour les fouets ... Il ne vaut pas mieux qu'Ombrage, j'espère que Dumbledore le virera lorsqu'il reviendra.

-Si Dumbledore revient ...

Mon cœur manqua un battement à l'éventualité. Malgré tout, l'hypothèse me semblait fantaisiste : il était certain pour moi qu'un jour, le légitime directeur reprendrait sa place dans son bureau – qui, par ailleurs, refusait de s'ouvrir à Ombrage pour notre plus grand bonheur.

-Dumbledore reviendra, affirmai-je avec conviction. Parce qu'un jour, Voldemort n'aura pas d'autre choix que de réapparaitre et que ce jour-là, on sera débarrassé de Fudge et d'Ombrage.

-Personnellement, je me dis que ce jour-là, il deviendra peut-être Ministre de la Magie, évalua Miles d'un ton songeur. Bon certes, il est vieux, mais il est loin d'être sénile ...

-Seigneur, j'aurais dû t'enregistrer en début d'année ..., m'amusai-je, lui faisant piquer un fard. Mais je ne pense pas : il n'a pas voulu être ministre pour la première guerre, je ne vois pas pourquoi il prendrait le poste maintenant. Je penche plus pour Amelia Bones. En tout cas s'il faut voter, je voterais pour elle.

Le sourire de Miles se fit légèrement amer, comme chaque fois que j'évoquais la prestigieuse famille Bones et le lien privilégié que j'entretenais avec elle. Avec un certain amusement, je me demandais quelle tête il ferait s'il savait qu'en plus d'être un Bones, Simon était l'héritier de l'une des plus grandes et plus nobles familles de la Communauté Magique. Même pas l'héritier, réalisai-je soudainement. Il a déjà hérité de la fortune des Croupton... Un couinement de souris resta coincé dans ma gorge. Alors comme ça, Simon était sans doute l'une des personnes les plus riches du Monde Magique ... Cela faillit m'arracher un éclat de rire absurde. Il avait plutôt intérêt à m'acheter quelque chose de mieux qu'un livre pour mon anniversaire. Pour éviter que Miles ne sombre dans une certaine morosité, j'enroulai mon bras autour du sien pour demander d'un ton enjoué :

-Alors, qu'est-ce qu'on fait la semaine prochaine pour mon anniversaire ? Tu m'emmènes encore faire une balade absolument pas romantique dans la Forêt Interdite ?

Miles laissa échapper un petit rire au souvenir de notre désastreuse escapade de l'an dernier.

-Nom d'une gargouille, pas question ! Surtout pas avec Ombrage qui veille ...

-Hé bien, monsieur le téméraire, où est donc passé ta fascination pour l'interdit ?

Il secoua la tête, désabusé avant de se pencher sur moi pour poser ses lèvres sur les miennes. Je lui rendis son baiser, une main sur sa nuque et l'autre pressant mes livres contre moi. Malgré le doute qui pulsait toujours insidieusement en moi, je tentais d'appliquer le conseil d'Emily : ne pas me précipiter, attendre et voir si l'impression était passagère. Et j'étais rassurée de constater que c'était toujours une sensation agréable lorsque Miles m'embrassait. Peut-être que je m'étais faite des idées ... Il s'écarta avec un petit sourire entendu et le pétillement dans son regard me fit rougir. Sa main glissa ostensiblement sous ma chemise et effleura la peau de mon dos.

-Peut-être que maintenant que je suis Capitaine aussi, on peut avoir tous les deux accès à la salle de bain des préfets, suggéra-t-il tout bas à mon oreille d'une voix rauque. C'est assez romantique pour toi ?

Je fermai les yeux, soudainement paniquée à l'idée de me retrouver dans la même situation que pendant les vacances, à m'interroger sur ce vide émotif que j'avais ressentis alors que nous n'avions jamais été aussi proche. J'avais cru qu'au moins à Poudlard le manque d'intimité était tel que l'occasion ne se représenterait plus ... Mais effectivement, la salle de bain des préfets pouvait offrir un écrin parfait à ce genre d'activité. Ça faisait battre mon cœur à une vitesse affolante, mais pas pour les mêmes raisons qu'avant.

Non, réellement, je ne voulais plus effleurer ce vide. J'avais peur de trop me questionner après cela. Le jour où j'avais décidé de sortir avec Miles, j'avais décidé d'arrêter de prendre la tête. J'étais bien avec lui, j'aimais qu'il m'embrasse, j'aimais discuter avec lui, j'aimais sa façon attendrissante de me sourire chaque fois que je disais quelque chose qui sortait de l'ordinaire pour lui. Je ne voulais pas découvrir qu'au fond de tout cela, je ne l'aimais pas lui.

Je m'écartai d'un souffle avec un sourire que j'espérais naturel.

-Elle n'est pas hyper hermétique la salle de bain et avec Ombrage et Rusard qui trainent ...

-On sera prudent ...

-Mais ... Tu ne penses pas ...

Des pas dans le couloir adjacent étouffèrent mes mots dans ma gorge et força Miles à s'écarter de moi pour avoir une posture décente. Les cas furent accompagnés d'un petit cri quand un bruit sourd se fit attendre, comme la chute de quelque chose.

-Mais laisse-moi !

-Pas question, rétorqua la grosse voix de Warrington d'un ton extrêmement fier. Maintenant, file la belle montre que tu as au poignet.

-Mais elle était à mon grand-père, cette montre ...

-File, je te dis ! Sinon je vais voir Ombrage et elle te mettra en retenue jusque la fin de l'année, jusqu'à ce que ta main devienne un amas de viande sanglante et que tu ne puisses plus t'en servir !

Un sanglot lui répondit, affreusement étouffé. Affolée, je me faufilais jusque l'angle pour entrapercevoir un jeune garçon, sans doute en deuxième année, aux couleurs de Gryffondor. Il était prostré sur le sol, secoué par les pleurs et une vilaine bosse sur le front à l'endroit où sa tête avait heurté le sol. Warrington le fixait avec une avidité presque indécente, les bras fièrement croisés sur sa poitrine où brillait le badge de la brigade inquisitoriale qui lui donnait une telle immunité. Tout mon être se révolta lorsque le garçon, ravalant ses sanglots, ôta la montre de son poignet avec des gestes tremblants pour la tendre à Warrington. Miles poussa un grognement de dépit et se détourna, dégoûté.

-Le pire c'est qu'il a raison, il fait partie de la brigade inquisitoriale, quoiqu'il dise à Ombrage elle le croira ... Allez, viens, ne restons pas là ... Oh, Vic', je peux savoir ce que tu fais ?

J'avais discrètement sorti ma baguette pour la pointer sur la montre que Warrington tenait à présent entre ses gros doigts, ricanant de satisfaction. J'étais si à l'aise avec les sortilèges informulés que je n'eus besoin de parler pour attirer le bijou à moi et je faillis éclater de rire devant l'expression béate de Warrington lorsque la montre lui échappa. Le garçon n'attendit pas et fut assez vif pour profiter de la distraction pour se relever d'un pas chancelant et de courir dans notre direction. Il s'arrêta net en nous croisant, l'air terrifié, mais je mis immédiatement une main rassurante sur son épaule.

-Qu'est-ce qui se passe ? tonna Warrington. Qui est là-bas ?!

-Tiens, ta montre, murmurai-je en le prenant par l'épaule et Miles par la main avant que Warrington n'ait la brillante idée de suivre notre piste. Allez, cours !

-Espèce d'immonde petit Sang-de-Bourbe ! Reviens ici toute suite !

L'insulte me coupa les jambes alors que le Gryffondor et Miles n'attendait pas leur reste pour fuir dans le couloir. Je me retournai et en un éclair, je vis mon pied se fendre pour s'abattre dans les parties intimes d'Ulysse Selwyn, les étincelles danser autour de mon bûcher de fortune, la marque des Ténèbres brillant dans le ciel lors de la Coupe du monde de Quidditch. Et pire que tout, je vis les quelques chiffres tatoués sur le bras de ma grand-mère s'imprimer dans ma rétine.

Ne les laisse pas te faire ce qu'ils nous ont fait.

Quelque chose s'embrasa en moi et ma baguette se leva toute seule au moment où Warrington tournait à l'angle. Il n'eut pas le temps de me voir, le sortilège siffla si vite qu'il recula immédiatement, les mains crispées sur son visage avec un cri de couleur.

-AÏE !

Je n'attendis pas mon reste : c'était mon tour d'être lâche et égoïste. Sans attendre d'observer l'effet du maléfice, je fis volte-face et courus dans le couloir à en perdre haleine. Miles m'attendait au bout, bouche bée et je me dépêchai d'attraper sa main pour nous élancer dans le couloir avant que Warrington ne puisse nous apercevoir. Devant nous, le petit Gryffondor ne s'était pas arrêté et son chemin se sépara du notre au moment où il prit une volée de marche pour grimper dans les tours. Il eut juste le temps de m'adresser un claironnant mais essoufflé « merci beaucoup ! » avant de disparaître dans les étages. A bout de souffle une fois arrivé près des cuisines, Miles s'immobilisa, les mains sur les genoux, la tête penchée en avant.

-Mais Vic' ... Je peux savoir ce que tu as fait ?!

-Je pense que c'était limpide, répliquai-je, une main sur ma poitrine qui se soulevait à un rythme erratique. Cet imbécile va aller à l'infirmerie avec une vilaine infection de la peau. Si le maléfice marche bien, on devrait avoir l'impression qu'il est recouvert de corn flakes.

Miles se redressa et me dévisagea, proprement consterné. Une étonnante flamme de colère vacilla dans son regard.

-Tu es sérieuse ? J'ai fait quelque chose du même acabit à Alicia Spinnett et c'était la fin du monde pour toi ! Mais toi tu as le droit de jeter un sort à l'un de mes joueurs ?

-Mais tu as entendu ce que ton joueur a dit ?! m'écriai-je, furibonde. Tu l'as entendu racketter le petit, le menacer, le traiter de « Sang-de-Bourbe » ?! Tu l'as entendu ?!

J'ignorais ce qui me mettait dans un tel état de fureur : les actes lamentables de Warrington ou que Miles semble m'en vouloir d'avoir jeté ce maléfice. C'était la première fois en bientôt sept ans d'étude que je me permettais de telles extrémités – et je me rendais à présent compte que c'était une réaction bien maigre. Miles écarquilla les yeux, l'air étonné par mon éclat.

-Très bien, le contexte est différent ... Mais tu n'as jamais réagi jusque-là, c'est surprenant de te voir ... Enfin, si Ombrage le découvre ...

-Et bien qu'elle le découvre, je me ferais charcuter la main, et après ? (Je pointai le doigt de l'escalier dont nous venions et je me rendis compte avec horreur qu'il tremblait). Il n'a pas le droit d'utiliser ces mots, pas le droit ! Si je les laisse nous insulter, alors j'ouvre la voie à pire encore ! ça commence par des insultes, ça finit par des gestes ! ça commence par Poudlard, et ça se transmet dehors ! Si je ne fais rien pour une insulte à Poudlard, alors qu'est-ce que je ferais dehors, Miles, lorsqu'on viendra me tabasser parce que moi aussi je suis une « Sang-de-Bourbe » ?!

Mes mots parurent atteindre physiquement Miles car il recula jusqu'au mur – et il aurait reculer davantage s'il l'avait pu. Tout mon être tremblait et alors que je me demandais pourquoi pour la première fois de ma vie je réagissais si violemment à ce mot qu'on m'avait jeté à au visage si souvent au cours de ma scolarité, je me rendis compte que, paradoxalement, c'était la première fois que je l'entendais depuis que Voldemort était revenu. Cela jeta un éclairage cru sur les changements qui s'étaient opérés en moi durant cette année où le feu de la révolte n'avait cessé de gronder en mon sein : une révolte pour ma famille, une révolte pour la justice, une révolte pour la dignité humaine. Moi aussi j'étais une sorcière et je l'avais très prouvé à Nestor Selwyn le soir où je lui avais brûlé le visage sans me servir de sa baguette : c'était dans mes veines, au même titre que lui et que tous les sorciers qui peuplait cette heure. Enfin je comprenais ce qui avait tant énervé Simon chaque fois que quelqu'un avait sous-entendu que je n'étais pas une « vraie » sorcière. Si on laissait les gens faire une hiérarchie, on ouvrait la brèche aux discriminations.

Je me passai les mains sur le visage dans l'espoir de me tranquilliser. Voilà que je mettais à réagir comme Simon, songeai-je en riant intérieurement. Il serait fier de moi.

-Je ne peux plus accepter ça, Miles, conclus-je d'une voix plus calme, résolue. Je ne peux plus ... simplement prendre la fuite. Si je fais ça, je les laisse gagner.

Miles parut rassuré de constater que ma colère s'était apaisée et se décolla prudemment du mur pour s'avancer vers moi. Mon cœur s'assécha lorsque je me rendis compte qu'il restait tout de même à distance respectable, comme s'il craignait que je ne tourne ma baguette vers lui pour lui faire subir le même sort que Warrington.

-Ecoute, je comprends parfaitement ce que tu veux dire, vraiment, entonna-t-il avec une certaine douceur qui faillit m'attendrir. Mais on n'est qu'à Poudlard, Victoria et ce n'était même pas toi qui étais concernée ... On n'a plus que quelques mois à faire à l'école, quelques mois à serrer les dents face à Ombrage et ses sbires, ce n'est pas le moment de se prendre un blâme qui t'empêchera de ...

-Mais enfin, Miles, lâchai-je d'une voix blanche, tu te rends compte qu'une fois dehors ce sera pire ?

La bouche de Miles se pinça à une mince ligne et il détourna le regard. Il savait mon passé avec Nestor Selwyn, il avait été confronté à mon angoisse quand Alexandre avait été l'espace d'un instant en danger de mort par sa faute, Ulysse Selwyn en personne avait admis que son frère souhaitait me tuer ... Ma situation devait être tangible pour lui, l'unique chose qui le raccroche à la réalité du monde tel qu'il risquait de l'être une fois nos études achevées. Alors que je m'apprêtais à réellement m'énerver contre lui, contre les traces d'un aveuglement qui persistait, Miles lâcha du bout des lèvres :

-Je me rends compte, Vic'. Je sais que le jour où Tu-Sais-Qui reviendra pour de bon, ça va barder pour les gens comme toi, c'est juste que ... Vic', tu as déjà entendu parler de ses pouvoirs ? Des pouvoirs de ses Mangemorts ? Ce sont des forces qui nous dépassent totalement ! Bon sang, on est que des gosses sortis de l'école, ce n'est pas à nous de lutter contre ça.

-Ah oui ? cinglai-je d'un ton ironique. Et à qui, au Ministère ? D'une efficacité redoutable.

-Fudge ne sera plus là quand ce sera le cas, tu l'as dit toi-même et tu as raison, c'est impossible qu'il résiste à un tel désaveu. Alors le Ministère sera actif et toi tu n'auras pas à t'occuper de ça, d'éviter que les gens t'insultent ou pire ... Tu pourras vivre normalement. Peut-être avec moi, qui sait.

Une rougeur suspecte s'étala sur les joues de Miles et la fin de sa phrase alla se perdre dans une toux qui me semblait forcée. Je papillonnais des yeux, interdite par ce brusque changement de sujet qui me sembla tomber tel un pavé dans une mare.

-Excuse-moi ?

Miles se trémoussa d'un pied à l'autre et finit par expliciter :

-Tu le sais, je vais sans doute prendre un appartement dès que j'aurais trouvé un travail. Alors je me suis dit puisque toi aussi tu es presque assurée d'avoir un salaire, que ça fait un an qu'on sort ensemble ... que ce serait sympa que ...

Ses joues avaient beau avoir pris une délicate couleur cramoisie, il semblait presque soulagé de m'avoir attirée sur cette conversation. Parfaitement consciente que c'était sans doute un stratagème pour ne pas avoir à affronter en face la réalité de la guerre qui se profilait, je n'en restais pas moins interdite.

-Que je vienne vivre avec toi ? complétai-je avec lenteur.

-Euh. Ouais, c'est ça. Enfin, ça m'a effleuré l'esprit. Je sais que tu préfères passer un peu de temps chez toi, mais ... Ce serait sympa que tu y réfléchisses.

J'ouvris la bouche avant de me rendre compte que je n'avais absolument rien à répondre à cela. Moi qui étais une outre pleine d'émotion qui bouillonnait en moi à m'en faire exploser, j'avais l'impression de m'être vidée de tout en l'espace de quelques secondes. Le vide se remplit d'une fatigue qui m'enserra les tempes. Je lui fus presque reconnaissante de m'envelopper telle une couverture qui empêchait l'angoisse de m'atteindre.

-Miles ...

Mais il leva une main pour m'interrompre. Constatant que sa proposition m'avait coupé toute envie de vociférer, il franchit l'espace qui nous séparer pour m'embrasser sur le front. Je me figeai comme une statue de sel, tant la situation me semblait peu naturelle.

-Ne réponds pas tout de suite, je pense que ce sera non, chuchota-t-il en s'écartant. Mais penses-y, d'accord ?

Et me planta là, pantelante et épuisée, ma baguette toujours tremblante à la main pour s'éloigner en direction des cachots, les oreilles rougies par la gêne.

***

Il me fallut un moment pour retrouver le chemin de ma Salle Commune. J'avais la tête pleine de tout ce qui s'était joué en quelques minutes de temps, tous les doutes qui m'assaillaient soudainement et que je ne voulais pas écouter pour ne pas laisser mon monde et mon équilibre précaire valser. Je bouillonnais de beaucoup trop d'émotions contradictoire pour réfléchir posément à la proposition de Miles et j'étais profondément plongée dans ma bulle lorsque j'arrivais enfin dans le couloir qui menait à nos tonneaux de bois. Alors je ne m'apprêtais à brandir ma baguette, la porte s'ouvrit brusquement et Simon sortit en trombe.

-Bones ! râlai-je en m'écartant d'un pas pour le laisser passer, au même moment où il s'écriait :

-Vicky ! Bon sang, ça fait presque une heure que je te cherche !

Je le dévisageai avec une certaine appréhension, mais un large sourire fendait son visage. Cependant, je n'étais pas certaine d'être rassurée par ce sourire, ce genre de sourire aux accents cyniques et d'avertissement, le genre qui me rappelaient désagréablement la fois où il avait caché une grenouille morte dans ma poche de blouson.

-Seigneur, Bones, qu'est-ce que tu as fait ?

Le sourire de Simon s'élargit, et il m'attrapa par le poignet pour m'inciter à le suivre dans le couloir. C'était si soudain que je ne pensais pas à me dégager, et il profita de mon mutisme médusé pour expliquer :

-Trois fois rien, je te promets, mais j'ai besoin de toi pour finir !

-De moi ? Mais pour finir quoi ? Simon, qu'est-ce que tu as fait ?!

Mais Simon se fendit d'un nouveau sourire malicieux qui ne me rassura en rien et garda le silence alors que nous montions les étages du château, en contre-sens total du flot d'élève qui descendait à la Grande Salle pour le dîner. Malgré mes suppliques et mes menaces jusqu'à l'aile est du château, un endroit que l'on visitait peu, il garda son sourire énigmatique et finit par s'arrêter devant une alcôve où reposait une armure qui inclina galamment la tête sur notre passage. Toujours sans m'adresser un mot, il sortit sa baguette et effleura son heaume. L'air vibra et un halo orangé pulsa autour de du métal qui enveloppait la silhouette à peine humaine et je me mis à battre impatiemment du pied, lorgnant avec inquiétude l'épée rouillée que l'armure tenait entre ses mains gantées.

-C'est quoi l'idée ? La lancer à l'assaut d'Ombrage ? Ou à celle de Jugson ?

Le sourire qui flottait sur les lèvres de Simon s'estompa légèrement et il pointa sa baguette sur moi avec une telle vivacité que j'en sortis précipitamment la mienne en faisant un bond en arrière.

-Ça va, désolée, glapis-je, prête à déployer un bouclier au moindre mouvement de baguette. Range ça !

-Chante, Vicky.

J'abaissai légèrement ma baguette, stupéfaite par l'injonction. Si le sourire s'était définitivement effacé de ses lèvres, ses yeux verts pétillaient, étincelant d'un éclat que je n'avais plus perçu depuis une éternité. C'était quelque chose de sain qui brûlait dans ses prunelles, qui n'avait rien de dur, rien de primaire ... rien de vengeur. Intriguée, je laissai mon bras retomber le long de mon corps en fronçant les sourcils.

-Pourquoi ?

La commissure de ses lèvres se releva en un fin sourire fier qu'il ne put retenir.

-Pour ta gouverne, un puissant sortilège protège les statues et armures de Poudlard, je pense que seule l'autorité du directeur puisse les faire bouger de leur socle. En revanche, si on les travaille un peu, on se rend compte en étudiant bien qu'un lien les lit toutes les unes aux autres et si on a un brin d'habilité on peut modifier le sortilège de conformisation de façon infime, pour les faire parler, par exemple.

Je dressai un sourcil et mon regard alla de l'armure qui baignait toujours dans une douce lueur orange qui se réfractaient en filament qui semblaient vouloir ramper vers sa congénère la plus proche avant de se focaliser de nouveau sur Simon. Il se frottait la tempe de sa baguette, l'air d'attendre ma réaction avec une appréhension à peine dissimulée.

-Bon, je ne suis pas sûr que ça tiendra plus d'une semaine, les enchantements de Poudlard sont anciens et puissants et grignoteront nécessairement le mien mais ... Une semaine, c'est déjà ça ...

-Comment tu as eu cette idée ?

Simon parut étonné de la question et il écarta sa baguette de sa tête pour la faire tournoyer d'un air gracieux. Des notes de musiques multicolores apparurent au-dessus de moi et tombèrent sur moi telle de doux flocons qui se fondirent en éclat brillant sur ma peau. Je tournai sur moi-même, émerveillée par la magie de Simon et tendit la main pour effleurer une clef de sol qui venait d'apparaitre à hauteur de mes yeux. Elle s'évapora en une brume argentée à mon contact. Simon me rejoignit sous sa pluie de musique, un sourire rêveur aux lèvres, comme si lui aussi était impressionné par ce qu'il était capable de produire. Cela devait être un simple sortilège, mais Dieu que c'était beau. Il souffla avec douceur sur une note mauve qui alla s'écraser contre mon front, et sourit.

-Je ne sais pas si tu te souviens, mais Dumbledore disait que la musique était plus magique que tout ce qu'on ne pourrait jamais nous apprendre ici. Et je veux bien le croire, la musique a un certain pouvoir sur les cœurs, ça m'avait déjà frappé ... Quand on jouait à Terre-en-Landes, dans la Salle Commune ... Tu interprètes bien, Vicky, tu as toujours donné du corps à tes chants, à transmettre les émotions que véhiculent les paroles.

J'aurais voulu me mettre à me moquer de lui de m'adresser un compliment, mais la triste vérité fut que j'en fus bouche bée et piquai un fard. Cela parut vaguement amuser Simon, qui poursuivit avec un léger sourire :

-Et tout ce qui se passe m'a prouvé quelque chose : on peut lutter sans rien dire. Les jumeaux, tous ceux qui sèchent le cours d'Ombrage avec les boites à flemmes, le génie qui a mis un Niffleur dans son bureau ... Il y a des tonnes de façons de montrer sa désapprobation et toutes ne nécessitent pas vraiment se battre. Et même si j'ai une voix pas trop moche, la tienne est quand même un peu mieux, alors ... ça te dit ?

Mon cœur parut soudainement trop gros pour ma poitrine et je levai les yeux sur les notes qui continuaient de tomber majestueusement sur nous, dansant dans l'air avec la grâce d'un flocon en plein hiver, brillant comme l'espoir. Mes doigts enserrèrent la baguette qui, pour un mot qui ne devait pas être, avait lancé un maléfice à Cassius Warrington et je posai de nouveau regard sur Simon, un sourire tremblant sur mes lèvres.

-Ouais. Je veux dire, oui, oui ça me dit bien. Euh ... Qu'est-ce que je dois faire ?

Simon eut un sourire entendu, comme s'il savait pertinemment que j'allais accepter et il fit tournoyer sa baguette entre ses doigts. Des étincelles jaillirent de sa pointe, trahissant son impatience.

-Tu as juste à chanter, je m'occupe du reste, assura-t-il avec douceur. Mais ce qui se passera, c'est que pendant quelques jours, les armures ne réagiront qu'à ton chant et à ta voix, mais ne l'imiteront pas, d'accord ? Ombrage ne saura pas que c'est nous. Tu as une idée de chanson ?

J'acquiesçai, le cœur battant la chamade. Oui, et elle m'était venue avec une facilité déconcertante. C'était la chanson qui tournait en boucle dans mon poste de radio cet été, la chanson qui m'avait donné le courage d'affronter mon deuil et la montagne de devoir que Poudlard m'imposait. Je pris plusieurs inspirations pour vider l'air de mes poumons et me donner un maximum de souffle avant d'adresser un hochement de tête résolu à Simon pour signifier que j'étais prête. Son sourire s'élargit et s'avança lentement vers moi, tapotant sa baguette contre sa cuisse avant de la lever.

-N'aie pas peur, j'ai juste besoin de la tenir contre sa gorge pour transmettre les vibrations, chuchota-t-il. Promis, je ne te jette pas de sortilège de mutisme en passant.

J'essuyai un petit rire et laissai Simon effleurer ma gorge de la pointe de sa baguette, à l'endroit où la peau tendre résonnait le plus du chant entonné. Je sentis une chaleur agréable se répandre de la pointe jusque dans ma chair, comme si un enchantement tissait un lien entre elle et mes cordes vocales. Je pris une dernière inspiration avant de me mettre à chanter. Simon ne parut pas surpris par mon choix et échangea un regard complice avec moi, tendant ce fil qui nous unissait depuis l'enfance et dans lequel je puisais pour maintenir ma voix et achever la chanson. Sa baguette semblait aspirer une substance qui glissait comme de l'eau sur ma peau et la faisait vibrer au rythme de la chanson. Lorsque la dernière note s'envola et que Simon détacha sa baguette de ma gorge, un filament brumeux scintillant dans la semi-obscurité aux nuances agréable d'orange et de rouge qui rappelaient les couleurs éclatantes d'un soleil couchant y était accrochée. Il murmura quelques mots à voix basse et déposa la baguette sur le heaume de l'armure. Elle sembla soudainement prise dans une toile d'araignée qui l'enveloppa toute entière, blanchie avant d'être absorbée. Je sentis un vent invisible me traversait et les notes résonnèrent en moi comme un souvenir lointain. Simon tapota l'armure de sa baguette, l'air songeur.

-Hum ... Je pense bien que ça a fonctionné. (Il me jeta un petit coup d'œil, un sourire aux lèvres). Tu veux bien me faire l'honneur, Victoria ?

-Donc ... Si je chante, toutes les armures de Poudlard vont chanter ?

-On va le savoir tout de suite.

Simon me tendit la main d'un geste spontanée. La dernière fois que je l'avais vu si enjoué, si excité, c'était le soir de ses dix-sept ans, à quelques secondes de pouvoir user enfin de la magie librement. Le souvenir mit un baume sur mon cœur et je répondis à son sourire tout en prenant sa main. Il m'entraina alors dans le couloir pendant que je chantonnai à mi-voix, ayant à moitié peur de me faire prendre :

Do you hear the people sing?
Singing the song of angry men?
It is the music of the people
Who will not be slaves again!

Je me rendis rapidement compte que ma voix n'était plus la seule à s'élever : derrière nous résonnait puissamment le baryton de l'armure tandis que les échos des autres les plus proches prenait le pas à chaque mot, reprenant le chant dans un cœur que je n'aurais jamais pu penser si harmonieux. J'adressai un regard interdit à Simon, et sans attendre je me dirigeai vers la cage d'escalier la plus proche, de ceux qui s'ouvraient sur le vide et les étages, m'élançant pour écouter l'école crier son appel à la révolte. Je m'étais tue, mais la magie qui veinait les antiques pierres du château agissait toujours : par-delà les étages et les murs, j'entendais cet écho qui semblait fourmiller dans les couloirs et s'étendre chaque mot davantage, prendre de la voix, prendre du corps.

When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes!

Will you join in our crusade?
Who will be strong and stand with me?

Beyond the barricade

Is there a world you long to see?

Then join in the fight
That will give you the right to be free!

Do you hear the people sing?
Singing the songs of angry men!

It is the music of the people 
Who will not be slaves again !

When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes!

Will you give all you can give 

So that our banner may advance ?

 Some will fall and some will live
Will you stand up and take your chance?
The blood of the martyrs

Will water the meadows of France!

Do you hear the people sing?
Singing the song of angry men?
It is the music of the people
Who will not be slaves again!

When the beating of your heart
Echoes the beating of the drums
There is a life about to start
When tomorrow comes !

L'ultime note de la chanson résonna mille fois en moi, se fragmentant chaque seconde davantage pour atteindre les tréfonds de mon être. Le chœur avait été si puissant que je sentais les mots s'imprégner dans mon esprit et mon cœur battre au rythme de la musique. Accoudée à la balustrade de l'escalier, je l'écoutais se répercuter dans l'immensité de l'école et ce ne fut que lorsque Simon passa une main légère dans mon dos que je me rendis compte que je pleurais, enivrée par les mots et les notes qui semblaient se graver dans mon âme.

-Whao.

J'essuyais un petit rire au mot de Simon et me redressai pour l'observer. Il contemplait les hauteurs du château, les escaliers qui se mouvaient au-dessus de nous comme à leur habitude, fixant les environs comme s'il pouvait voir les notes qui s'évaporaient dans le silence. Je savais que Simon était incroyablement doué, mais j'avais rarement l'occasion de le constater. Et chaque fois que je le faisais, cela m'émerveillait.

-Bien joué, Crevette, dis-je d'une voix étouffée en tamponnant mes yeux de ma manche. C'est ... c'est vraiment de la très belle magie.

Simon sourit et sa main s'immobilisa sur mon bras pour le presser doucement.

-C'est ta magie aussi, Vicky.

Un bouchon douloureux se forma dans ma gorge et une phrase prononcée par un ami un an plus tôt flotta dans mon esprit. D'autres larmes me montèrent aux yeux je parvins à prendre une inspiration tremblante et les refouler.

-Cédric l'avait dit ... On peut faire des choses extraordinaires, quand on est allié.

Le sourire de Simon se fit plus triste, mélancolique. Sa main se crispa mécaniquement sur mon bras et je lui jetai un regard oblique, d'autres mots remontant en moi avec le souvenir.

-Il a dit ça quand ?

-Quand on a su pour Cho et lui, soufflai-je, avant d'ajouter d'un ton prudent. Tu as bien écouté la chanson, Simon ? Will you join in our crusade? Who will be strong and stand with me? Beyond the barricade is there a world you long to see?*

Une armure devait avoir entendu ma voix car le chœur se remit immédiatement à chanter à en faire vibrer la vieille carcasse du château. Cela creva la bulle de nostalgie de Simon et son sourire s'effaça pour de bon. Il laissa retomber la main qui me tenait pour s'accouder à son tour sur la balustrade. J'aurais voulu garder l'instant de grâce, qu'il conserve cette belle énergie, ne pas couper ce fil entre nous qui paraissaient se distendre beaucoup trop parfois ... Mais si je ne voulais pas qu'il se coupe définitivement, il fallait que je profite de l'occasion. Simon baissa le nez et promena son regard sur les escaliers en contrebas. Des élèves commençaient à remonter, observant le château l'air étonné, se demandant quelle magie était à l'œuvre pour qu'il puisse chanter ainsi. Comme il ne répondait pas mais que je savais à sa mine mi-furieuse, mi-contrite qu'il avait parfaitement comprit ce que je sous-entendais, je poursuivis :

-Je n'irais pas en Bulgarie, Simon. Je reste ici et ... Je ne sais pas, peut-être que je me joindrais à la croisade, à ma manière. Je resterais forte à tes côtés pour qu'un jour, on puisse voir ce qu'il y a de l'autre côté de la barricade. Mais pour ça il faut qu'on soit deux, Simon. Je ... Je ne suis pas assez forte pour lutter toute seule. Je sais que je dois faire quelque chose, que dehors je vais sans doute devoir me battre parce qu'il le faut et ... ça me terrifie ....

Ma voix trembla mais je réussis à refouler les larmes que la peur faisait monter dans mes yeux. Cette supplique, elle était autant pour moi que pour lui. La perte de Cédric m'avait fait réaliser à quel point j'avais besoin de Simon dans ma vie, et l'idée de le perdre prenait chaque jour plus son sens et morcelait mon existence. Simon Bones, c'était mon enfance, c'était la magie qui s'était introduite dans ma vie, c'était les confidences un soir de cinq novembre et les sanglots le soir de la mort de Cédric. Les gens ne cessaient de répéter à quel point j'étais forte, mais personne n'avait conscience que s'il n'y avait pas eu Simon pour prendre une partie de ma peine chaque fois qu'un malheur apparaissait sur ma route, je me serais écroulée depuis longtemps. Et maintenant que l'idée de m'engager dans le combat contre Voldemort prenait elle aussi de l'ampleur, je me rendais compte que j'étais paralysée. Encore une fois, j'avais besoin que ce soit Simon qui m'emporte dans ce combat. Je ne pouvais pas le mener seule.

Ni me permettre qu'il prenne le moindre risque de mourir.

Je serrai mes mains l'une contre l'autre pour leur éviter de trembler, joignant étroitement les paumes et entrelaçant douloureusement mes doigts. Je sentais la brûlure du regard de Simon sur moi, mais je gardais le mien fixé sur l'escalier un peu plus bas. J'avais peur de ne pas pouvoir retenir mes larmes ou mes coups si je le regardais dans les yeux. Et alors que le chant s'éteignait de nouveau et que le silence se faisait de plus en plus lourd entre nous, je l'entendis lâcher du bout des lèvres :

-Il a tué mes parents, Vicky.

-Voldemort aussi, répondis-je du tac au tac. C'est lui qui a donné l'ordre. C'est aussi lui qui a tué Cédric, c'est lui qui menace le monde magique et qui risque d'être à l'origine de nouvelles tueries. (Je fermai les yeux, rassemblant mes arguments). Remettre Jugson derrière les barreaux, ou hors d'état de nuire ... ça n'empêchera pas Voldemort de prendre le pouvoir. Et s'il le prend ... Tu risques de perdre d'autres personnes, comme tu as perdu tes parents. C'est à toi de voir si tu veux dépenser ton énergie et risquer ta vie pour les morts ... ou pour ceux qui vivent.

Simon ne répondit rien. Je risquai un coup d'œil sur lui pour observer qu'il fixait le mur en face de nous comme si le visage de ses fantômes y étaient gravés, comme s'il pouvait simplement les atteindre de son seul regard. Mon cœur tomba dans ma poitrine quand je remarquais que lui aussi serrait ses mains l'une contre l'autre pour les éviter de trembler et semblait au bord des larmes. N'y tenant plus, je m'approchais de lui, pris son bras et me mit sur la pointe des pieds – Seigneur, il avait tant grandi ... Il ferma les yeux lorsque je l'embrassai avec douceur sur la joue avant de poser mon front contre elle, frissonnante, les doigts crispés sur sa manche.

-S'il te plait ... Pour une fois dans ta vie, écoute-moi ...

Une larme dévala la joue de Simon et alla se perdre dans mes cheveux. Mais il resta coi, la mâchoire obstinément contractée, et je finis par comprendre que je n'en tirais rien d'autre. Il faudrait attendre que le message fraye son chemin dans son esprit dévasté. Alors je pressai mon front contre sa joue avant de le lâcher et de redescendre les marches, les bras croisés sur mon ventre noué. Sans pouvoir m'en empêcher, le chant me revint aux lèvres avec une facilité déconcertante et je me surpris à entonner à voix basse :

Will you join in our crusade?
Who will be strong and stand with me?
Somewhere beyond the barricade
Is there a world you long to see?

Do you hear the people sing ?

Say do you hear the distant drums ?

It is the future what we bring when tomorrow comes !

C'était merveilleux la magie. Car tout Poudlard chanta avec moi, et lorsque je tournais à l'angle pour me rendre dans ma Salle Commune, je vis qu'un sourire avant remplacé les larmes sur le visage de Simon, un sourire entendu. Un sourire complice. C'était le garçon de Terre-en-Landes qui refaisait surface et cela m'insufflait plus d'espoir que n'importe quoi. 

Je prends une toute petite mini liberté avec le canon parce que bien sûr, Do you hear the people sing n'a jamais résonné dans les couloirs de Poudlard. Imaginons que ... Harry était distrait? Ou peu sensible à la musique? Bref, j'espère que vous me pardonnerez !

Par ailleurs ça fait 10 min que je me bats pour la mise en page de la chanson, NORMALEMENT c'est réglé mais si c'est moche n'hésitez pas à le dire !

Je rajoute parce que quelqu'un avait demandé les aesthetiques d'Alexandre et d'Ulysse Selwyn, les voiciii 

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