II - Chapitre 25 : La croisée des chemins
HELLO EVERYBODY
Oui je poste en avance. Il faut que j'oublie que le seul homme capable de sauver 2020 est tombé au combat - Adrien, tu resteras le vainqueur de Top Chef dans mon coeur. On me dit dans l'oreillette qu'Hélène Darroze a une ressemblance flagrante avec Ombrage.
Voilà j'arrête avec mes états d'âmes de Top Chef ! Pour ceux qui n'ont pas vu, j'ai posté un prologue en tout début d'histoire, un "vrai" prologue parce que l'ancien était plus un premier chapitre.
Et je vous l'annonce : du coup je coupe en deux, à je posterais la partie 3 et 4 à part. Je garde l'unité bien sûr, mais c'est juste pour que ce soit digeste pour le lecteur.
BONNE LECTURE !
Chapitre 25 : La croisée des chemins.
Comme c'était difficile d'entrer dans la vie d'adulte. Ma mère m'incitait de plus en plus à faire mes lessives seules et je dus laver toutes mes robes à l'aide désastreuse d'Alexandre le week-end avant la rentrée. Mon père ne m'aida pas davantage quand il fallut réparer mon vélo crevé, arguant en plus que j'avais la magie pour m'y aider. Vers la fin de semaine, la question de l'orientation devint prégnante pour Rose et George, qui profitaient de nos derniers instants de libre parole pour nous prodiguer leurs conseils sur nos vies futures. Le repas où ils invitèrent mes parents à déjeuner tourna presque exclusivement autour de cela, puisque ni mon père ni ma mère ne s'y connaissaient en carrière magique. J'avais été surprise que ma mère accepte l'invitation sans rechigner, mais j'avais vite déchanté lorsqu'elle avait précautionneusement interrogé Rose sur mes chances dans chacun des domaines possibles et qu'elle avait poussé un véritable grognement de mépris lorsqu'elle avait évoqué le Quidditch. Je comprenais sa réticence : dans le monde moldu, c'était comme si j'entreprenais une carrière de footballeuse et c'était loin d'être une voie crédible. Puis mon père s'intéressa aux aspirations de Simon, ce à quoi ses deux parents s'extasièrent sur une possible carrière d'Auror devant laquelle Simon pâlit. J'avais conscience qu'inconsciemment, George et Rose devaient être fier de le voir suivre les traces de sa véritable mère malgré le déni de Simon – et que c'était probablement l'une des choses qui le rebutait. Mais je faillis m'étrangler lorsque Caroline, l'aînée de la famille exceptionnellement présente, évoqua l'idée que Simon prenne un appartement à la sortie de Poudlard.
-Ose faire ça et m'abandonner, Bones et je te promets que cette fois je t'arracherais les yeux pour de bon, le prévins-je profitant que nous faisions la vaisselle dans la cuisine. Tu ne quitteras cette ville que lorsque je l'aurais décidé.
Simon leva les yeux au ciel avec un sourire désabusé. Il avait décidé de nettoyer les assiettes à la main – pour se calmer ou parce qu'il ne savait toujours pas jeter un sortilège ménager, je l'ignorais – et en profita pour faire gicler de l'eau sur moi. Je poussai un cri en glapissant :
-Tu es insupportable !
-Et c'est pour ça que tu veux me supporter encore plus, railla Simon en retournant à sa tâche. D'ailleurs, arrête de paniquer : je ne compte pas prendre mon indépendance maintenant, je préfère rester ici dans un premier temps. Si je change tout d'un coup je vais être perdu.
Je me retournai pour prendre une serviette et m'éponger le visage, mais également pour masquer mon soulagement. Dans l'optique qui m'attendait une fois sortie de Poudlard, j'avouai que c'était rassurant de continuer d'avoir Simon sous la main. Mais le soulagement fut de courte durée car je reçus une nouvelle giclée d'eau et cette fois accompagnée de bulles savonneuses qui s'éparpillèrent dans mes cheveux. Je fis prestement volte-face et mon pied qui avait décollé du sol atteint l'arrière de son genou avec une précision chirurgicale. Mécaniquement, Simon se trouva déséquilibré et dut se rattraper à l'évier de façon maladroite, faisant valser une partie de la vaisselle qui séchait sur son bord. Elle s'écrasa sur le sol avec un grand fracas et nous contemplâmes les débris avant d'échanger un regard. Sans pouvoir nous en empêcher, nous éclatâmes synchroniquement d'un grand rire et ce fut dans cet état absurde d'hilarité que nous retrouva Caroline, sans doute attirée par l'agitation. Ses yeux bleus s'écarquillèrent lorsqu'elle observa le sol jonché de porcelaine et la mousse dans mes cheveux.
-Moi qui pensais qu'on pouvait enfin vous laisser seuls sans que vous ne provoquiez de catastrophe ! rouspéta-t-elle en donnant un coup sec de baguette pour réparer nos dégâts.
-Oh, on pouvait le faire tous seuls, on est grand maintenant, protestai-je alors qu'elle rangeait les assiettes dans le buffet.
-Moi peut-être, toi tu es toujours cantonné à un mètre cinquante-six, rétorqua Simon avec un sourire cynique. Je ne suis pas sûre que tu aies pris un seul centimètre depuis que tu es entrée à Poudlard.
Je le fusillai du regard, mais la présence bougonnante de Caroline m'empêchait de riposter physiquement à la pique. Elle était d'humeur massacrante depuis son arrivée qui s'expliquait par sa récente rupture avec son petit-ami Andrew. La chose avait ravi Susan, qui avait toujours fustigé contre la niaiserie du couple, et George qui ne s'était jamais entendu avec le jeune homme. Elle repoussa une mèche de cheveux auburn et nous jeta un regard ennuyé.
-Bien, évitez de provoquer d'autres catastrophes, râla-t-elle, une main sur la porte. Surtout que tante Amelia vient sans doute pour le café ...
Là-dessus, elle retourna dans la salle à manger, nous laissant pantois avec le reste de la vaisselle à faire. Je nettoyais mes boucles en m'aidant du reflet dans la vitre pendant que Simon rageait et songeait que finalement, il allait s'arranger pour remettre Caroline avec Andrew. Une fois la vaisselle finie il m'arracha le torchon des mains pour essuyer les siennes, la bouche tordue.
-Cela dit, Vicky, entonna-t-il doucement, tu parles de moi mais ... Tu n'avais une proposition de poste en Bulgarie ?
Je fronçai les sourcils, prise de court. J'avais presque totalement occulté les mots de Viktor Krum, réitérer par deux fois et qui m'invitaient à faire des essais pour son club, les Vautours de Vratsa. J'avais été touchée par la proposition de l'un des meilleurs joueurs au monde et je suivais depuis avec un certain intérêt les résultats de l'équipe des Carpates, mais je n'avais jamais songé à y donner suite.
-Enfin, Simon, je ne vais pas aller en Bulgarie. Tu me vois laisser mes parents avec tout ce qui se passe ? Et Alexandre après ce que j'ai fait ?
-Je n'en sais rien. Mais peut-être que Nestor Selwyn ne pensera pas à venir te chercher si tu es en Bulgarie.
-Non, refusai-je immédiatement, soudainement effrayée. Non, Simon, je ne quitte pas l'Angleterre, je ne laisse pas ... Enfin ...
Je le considérais un instant alors qu'il essuyait toujours ses mains avec un soin tout particulier. Il avait été le premier à être réticent à l'idée que j'accepte la proposition de Viktor Krum, pourquoi me le rappelait-t-il maintenant... ? Une explication me vint à l'esprit, mais elle me mit immédiatement si en colère que je la chassais : ce n'était pas le moment de me mettre à vociférer contre lui alors que mes parents se trouvaient dans la pièce d'à côté. Je donnai un coup sec de baguette pour ranger la vaisselle et assénai avec fermeté :
-Il est hors de question que je quitte l'Angleterre maintenant. D'ailleurs je ne suis pas sûre de poursuivre dans le Quidditch alors cette discussion attendra. J'en discuterais avec Chourave, je pense. D'ailleurs, toi. Quand est-ce que tu vas dire à tes parents que tu n'as pas la moindre intention de devenir Auror ?
-Oh je t'en prie, tu les as vu, renifla Simon avec une certaine amertume. Tu as bien vu comment ils sont fiers que je devienne comme ...
Le reste de sa phrase s'étouffa dans sa gorge et il plongea son regard par la fenêtre pour ne pas avoir à la finir. Je le fixai, retrouvant en ses traits chaque caractéristique de chacun des membres de sa famille disparue, passablement agacée par le silence qui se prolongeait.
-Dis la fin.
Simon fronça les sourcils et darda un regard exaspéré sur moi.
-Ce n'est pas difficile à deviner.
-J'ai parfaitement deviné, Simon, mais je veux quand même que tu finisses ta phrase. Et que tu la finisses bien. Que tu deviennes comme qui ?
Il me lança le torchon à la figure pour s'éviter de répondre mais j'étais trop rapide pour lui : j'eus le temps de le rattraper, de sortir ma baguette et de verrouiller la porte au moment où il mettait la main sur sa poignée. Il poussa un grognement de frustration lorsque la porte trembla sans céder lorsqu'il tira dessus et il finit par s'adosser au battant, les bras croisés sur sa poitrine.
-Non, sérieusement, tu es sûre que la Bulgarie n'est pas envisageable ?
-Je suis certaine que tu serais ravi de te débarrasser de moi, Simon, mais il me semblait d'avoir prévenu que tu m'aurais sur ton dos toute ta vie. Finis ta phrase.
J'avais toujours ma baguette en main, mais je ne tiendrais pas longtemps si lui sortait la sienne. J'avais beau avoir une vitesse d'exécution plus rapide, s'il mettait toute sa puissance magique contre moi, je finirais en charpie. Pourtant, il n'amorça pas le moindre mouvement pour la brandir, se contentant de me lorgner hostilement, les bras toujours croisés sur sa maigre poitrine, la mâchoire si contractée que je doutais qu'il ne laisse échapper le moindre mot. Pourtant, il finit par lâcher avec brusquerie :
-Comme ma mère. Tu es contente ?
Un mince sourire s'étira sur mes lèvres et je levai le sortilège sans un mot. La porte s'ouvrit alors, déséquilibrant Simon qui se rattrapa à la poignée et m'arrachant un nouvel éclat de rire. Il me jeta un énième regard noir et je le suivis dans le salon d'un pas bondissant, très fière de moi. C'était infiniment peu, mais c'était les seules choses que je pouvais espérer de lui et c'était par ces petits mots que peu à peu nous pourrions déconstruire le déni et rétablir la vérité en lui. Une nouvelle personne était assise à table, trônant telle une reine et son monocle en guise de couronne. La pipe qui fumait paraissait grandement incommodé mes parents mais elle n'en avait visiblement cure car elle la bourra d'une nouvelle dose de tabac. Elle discutait avec Caroline avec un certain agacement :
-... a complétement perdu le contrôle d'Azkaban et le pire c'est qu'il refuse d'envoyer davantage d'Aurors là-bas ...
-Les Aurors ont mieux à faire tante Amy, tu ne penses pas ? rétorqua Caroline d'un ton digne.
-Et quoi donc, assurer la protection de Fudge ? répondit Amelia avec un souverain mépris. Si seulement c'était pour les bonnes raisons ... (Elle tourna son œil vert au monocle sur Simon). Ne reste pas planter là et viens embrasser ta tante, toi.
Simon s'exécuta pendant que je prenais place à côté de ma mère. Elle fixait la pipe d'Amelia Bones avait tant d'intensité qu'elle semblait capable de l'éteindre de son simple regard et mon père faisait de son mieux pour éviter le nuage gris que la sorcière rejetait dans l'air à chaque expiration.
-Rose nous a expliqué qu'elle était une sorte de ministre de la justice, m'apprit ma mère à mi-voix, tout en gardant un œil sur la pipe. Je ne savais pas que leur famille était si haut ...
Je fus amusée du respect nouveau que semblait éprouver ma mère pour les Bones. Mon père avait fait un travail remarquable pour lui faire accepter la magie en quelques mois et je ne doutais pas qu'Alexandre avait également ajouté sa pierre à l'édifice, fort d'année d'expérience à faire enrager Marian Bennett. Avec un pincement au cœur, je songeais que ça l'aiderait à probablement mieux accepter la nature de son père adoptif. Je n'avais pas de nouvelle de mes grands-parents depuis que j'étais allée les voir en début de vacance avec Simon mais j'avais fini par assimiler qu'il faudrait du temps avant que ma grand-mère n'accepte que Miro revienne à la vie magique. Au cas où, j'avais raconté la véritable histoire à George et Rose qui avaient failli tomber de leur chaise en apprenant l'identité réelle de l'homme qui avait habité notre maison avant nous. George m'avait tout de même avoué en confidence que son père, Nicholas, s'était toujours méfié de Miro et s'était toujours interrogé sur sa véritable nature, aussi n'était-il qu'à moitié surpris.
Amelia nous parla longuement de l'ambiance de plus en plus tendue au Ministère : Fudge ressentait chaque jour plus la pression d'un Mangenmagot de plus en plus convaincu qu'un Mage Noir arpentait librement le pays. Et plus l'opposition était forte, plus le Ministre s'accrochait à son trône et à ses convictions.
-J'ai essayé de lui faire entendre raison après l'évasion massive, mais il n'a rien voulu savoir, poursuivit-t-elle avec un certain dépit. Pour lui, c'est simplement Black ...
-Je n'ai jamais compris pourquoi Sirius Black s'était rangé du côté des forces obscures, murmura Rose, songeuse. Cassie le connaissait bien, elle serait tombée des nues en l'apprenant ...
-Et Cassie avait un solide instinct, ce n'était pas le genre de femme à se laisser embobiner, admit Amelia en recrachant un nuage de fumée. La patte de Maugrey, ça ...
-Vigilance constante, citai-je machinalement.
Amelia m'adressa un sourire approbateur. Pendant la discussion, j'avais observé George et Caroline, les deux membres réticents à l'idée d'admettre que Voldemort était de retour. Mais chez le père de famille, tout semblait avoir changé car je le sentais davantage prêts à coller son immense poing dans la figure du Ministre – l'évasion de l'assassin de son frère avait dû changer son idée.
-Certains membres du Mangemagot pensent de plus en plus à le mettre en minorité à la chambre et à t'appeler à sa place, Amy, avoua-t-il alors, un sourire faisant frémir sa barbe. Le problème, c'est qu'il a encore de solides appuis, notamment dans les grandes familles sorcières qui auraient beaucoup à y perdre si quelqu'un de moins complaisant venait à la tête du Ministère ...
Amelia ne parut pas surprise que son nom soit cité pour devenir la prochaine Ministre de la magie et elle ignora superbement la mine ébahie de ses nièces et de mes parents. Elle se fendit d'un grognement.
-Les Malefoy, les Selwyn, les Yaxley ... Je vois très bien de quelles familles tu parles, George, de grandes puissances financières qui profitent de l'aveuglement soit pour rejoindre Tu-Sais-Qui, soit pour agrandir leur empire. Julius Selwyn a profité de la démission d'un membre du Mangemagot pour protester contre la politique de Fudge pour tenter d'y placer son fils aîné mais la demande a été refusée. Mais je n'aurais pas été contre l'idée qu'il nous propose sa fille, j'ai déjà échangé avec elle, c'est une femme d'une incroyable finesse cette ...
-Donc il n'y a aucun moyen qu'on soit débarrassé de Fudge ? la coupa précipitamment Simon.
La bouche d'Amelia se tordit et j'en profitai pour adresser un « merci » silencieux à Simon. Cela aurait été dramatique si elle avait laissé échapper le nom de Melania devant mes parents.
-Pas tant que Tu-Sais-Qui restera caché, je pense, évalua sombrement Amelia. Une partie conséquente du Mangemagot veut le mettre en minorité, mais l'immense majorité de la cour est silencieuse, craintive. Ils n'osent pas, ils murmurent. Ils ont peur de perdre leur poste s'ils se découvrent trop en faveur d'une démission et je suis aussi persuadé que les grandes familles comme les Malefoy sont à la manœuvre pour les intimider. La pauvre Elisabeth Lewis a été forcée à la démission après avoir ouvertement comploté pour déposer Fudge, ils ont fait sortir un scandale de corruption que je pense inventé de toute pièce ...
-Je soupçonne Albert Rucorn d'être derrière tout ça, intervint Rose d'un air dégoûté. Il est très doué pour falsifier les documents de manière crédible.
-Mais votre monde est une dictature, lâcha mon père, abasourdi.
-On en s'en rapproche mais ça n'ira pas jusque-là, promit Amelia, l'œil brillant d'un éclat presque inquiétant. Pas si je peux l'en empêcher. Je n'ai pas eu le temps de prouver que les pièces contre Elisabeth Lewis étaient fausses, mais je les attends de pied ferme pour tout autre démission qui paraitrait suspecte. De toute manière, Vous-Savez-Qui refera un jour surface et Fudge sera bien obligé de se démettre.
-A votre profit, devina ma mère.
Amelia inclina humblement la tête avec un sourire figé.
-A dire vrai, ma chère madame, ce seront les urnes qui décideront. Mais si tel est le cas je me ferais un plaisir d'autoriser Dumbledore à revenir à Poudlard et de dégager Dolores Ombrage du Ministère à grand coup de pied dans son derrière rose.
-Amy ! s'offusqua George alors que Simon, Susan et moi éclations de rire.
Amelia nous adressa un discret clin d'œil et glissa la conversation en s'intéressant aux métiers de mes parents et ne plus s'attirer les foudres de son frère. Elle discutait avec mon père de la vision de la religion dans le monde sorcier et je voyais régulièrement le regard de ma mère glisser sur le portrait d'Edgar au fond de la pièce, puis sur Simon et la photo de Matthew et Spencer sur la console de l'entrer. Caroline vantait à Susan les bienfaits que cela avait de travailler au Ministère et je profitai de n'être acculé par personne pour observer l'extérieur de la maison baigné par le soleil printanier. Demain, nous serions dans le train pour Poudlard, et notre ultime trimestre au sein de cette école. Malgré l'ambiance plus que pesante qui régnait, mon cœur fut étreint par la nostalgie lorsque je me rendis compte que je ferais le trajet allé pour la dernière fois. En compagnies de Miles ... Mes joues s'échauffèrent et je croisai les bras sur ma poitrine, refoulant le malaise qui s'éprenait de moi.
J'avais quitté la maison des Bletchley le matin, après avoir salué le père et sans avoir revu ma mère. Miles m'avait embrassé avant d'échanger avec moi un sourire complice que j'avais eu peine à lui rendre. Pourtant, tout c'était passé à merveille. Là où j'aurais pu craindre du sang et une grande douleur, je n'avais eu qu'une vague souffrance due au stresse qui était vite passée, emportée par la fièvre. Pourtant, les souvenirs de cette nuit continuaient de me troubler. J'aurais aimé en parler avec ma mère une fois rentrée. Nous prenions notre repas à deux et j'avais eu les confidences au bord des lèvres. Mais j'ignorais totalement comment elle réagirait en apprenant que sa fille avait perdu sa virginité avec un sorcier avant même le mariage – peut-être trop jeune selon ses critères. Alors je me surprenais à attendre avec impatience mon retour à Poudlard pour pouvoir échanger avec Emily. J'avais désespérément besoin d'un retour d'expérience.
Le bruit d'une voiture se garant me tira de ma rêverie – et l'émergence fut plus brutale lorsque je reconnus la vieille Vauxhall de mon grand-père. Et ce fut bien lui, un béret planté sur son crâne et sa crinière grise nouée sur sa nuque, qui sortit de la voiture. Mon sang ne fit qu'un tour.
-Je vais prendre l'air, je reviens, annonçai-je à Rose.
Je n'attendis pas sa réponse pour m'élancer sur sa terrasse et me précipiter à la rencontre de mon grand-père. Un immense sourire fendit son visage lorsqu'il m'aperçut.
-Ah, Perelko ! ça tombe bien que tu sois là, je viens ...
-Et bien figure-toi que je ne suis pas la seule ici ! l'interrompis-je sèchement en ouvrant la porte de sa voiture. Maman est là également !
Miro pâlit et lança un regard presque effrayé au perron des Bones. Il n'avait sans doute pas dans l'idée d'affronter ma mère dans l'immédiat, aussi se dépêcha-t-il de grimper dans sa voiture et de mettre le contact. Je fermais ma propre portière et le laissai démarrer.
-Je pensais qu'elle n'aimait pas la magie, ta mère, commenta-t-il en rejoignant la route. Enfin, je suppose que c'était une bonne chose ... Si elle l'accepte pour toi, elle l'acceptera peut-être pour moi.
-Evidemment qu'elle l'acceptera, ce ne sera pas la magie le problème, mais tes mensonges, répondis-je en endiguant les restes de rancœur qui tentait de percer ma voix. Mais du coup ... Mamy est d'accord ?
Miro me jeta un regard à la dérobée avant de hocher la tête avec lenteur. Il s'enfonça dans la ville jusqu'au parking devant l'unique superette du village et s'y engagea avant de se garer. L'endroit était désert en cette heure creuse du midi et de toute manière beaucoup préféraient faire leurs courses dans la grande ville proche qui avait plus de choix. Miro tira le frein à main et poussa un profond soupir.
-Ça n'a pas été facile pour elle d'accepter. Mais elle a fini par tomber d'accord avec moi : si on peut faire la moindre chose, même la moins significative pour protéger notre famille, alors c'est de notre devoir de le faire. Et elle m'a fait juré d'être raisonnable et de ne pas partir à l'aventure, je pense que la prochaine fois que tu viendras elle te demandera de faire un serment inviolable ...
C'était dit sur le ton de la plaisanterie mais cela ne m'arracha pas le moindre sourire. Je fixai Miro, muette, à la fois ému et gênée par sa prise de décision. Elle me rappelait que malgré son passé, malgré Agata, rien ne comptait plus pour lui que la famille qu'il s'était construite.
Rien ne comptait plus pour lui que nous.
Et c'était un amour absolu qui forçait le respect.
N'y tenant plus, je pris la main qu'il avait laissé sur le frein à main, comme s'il s'apprêtait à repartir. Il parut étonné de cette marque de tendresse – ça devait être notre premier contact physique depuis noël – mais il couvrit ma main de la sienne, bien plus grande, réconfortante.
-Merci, soufflai-je, la gorge compressée par l'émotion. Merci de ne pas me laisser seule face à ça ...
-Oh, Perelko... (Mon grand-père planta son regard dans le mien). Tu n'as jamais été seule. Tu ne le seras jamais. On veut te faire croire que tu l'es, mais c'est faux. Dans les mois à venir, il va te falloir être forte pour surmonter tout cela et il va falloir que tu te raccroches à cette réalité : où que tu sois, quoique tu fasses, tu n'es pas seule. Et dans cette bataille, je serais à tes côtés.
***
J'avais passé les dix minutes qui avait suivi à convaincre Miro de d'abord parler à ma mère avant d'aller voir les Bones, de ne pas la mettre devant le fait accompli. Je lui avais même proposé de le faire le soir-même, mais il avait balayé l'idée d'un revers de main : j'en avais déjà bien assez fait, c'était à lui et Jaga de gérer les conséquences de leurs mensonges et non à moi. Et peut-être que lorsque je reviendrais de Poudlard, les choses se seraient suffisamment apaisés pour qu'elles aillent de soi. Je passai donc le trajet qui me ramenait en Ecosse à imaginer la tête que ma mère ferait en apprenant que son père n'était en réalité pas son père, à celle de mon père lorsqu'il comprendrait qu'il était un sorcier, et à celle d'Alexandre lorsqu'il saurait que je lui avais caché cela. Cela provoquait en moi un mélange désagréable d'amusement et d'angoisse que je trompais en lisant Hamlet par-dessus l'épaule de Simon ou en révisant les Sortilèges avec Miles. Je m'activais tellement que le trajet passa à une vitesse folle et je retrouvais bientôt l'image rassurante et familière du château qui se découpait gracieusement dans la nuit.
Et évidemment, les petites joies qui faisaient Poudlard depuis qu'Ombrage avait planté ses griffes dedans.
A notre arrivée, une note nous attendait pour nous prévenir que les cinquièmes et septièmes année avaient le droit à un entretien avec notre Directeur de Maison sur notre orientation. Et Chourave apporta à Simon une précision sur le sien : Ombrage souhaitait y assister. Cela l'avait mis dans un tel état de rage que j'avais discrètement demandé au professeur si je ne pouvais pas être présente à l'entretien, pour être certaine que Simon s'y tiendrait bien – ce à quoi elle avait répondu que s'il ne se tenait pas bien, elle se ferait un plaisir de l'enfermer dans une pièce remplie de ses plantes les plus dangereuses, et ce sans baguette. Simon avait entendu la réponse et ravaler toutes ses protestations pour promettre qu'il se tiendrait.
-C'est franchement d'une injustice criante, râla-t-il en me suivant jusqu'au bureau de Chourave où j'avais mon entretien juste avant lui.
C'était le lundi de la rentrée et nous avions quitté ensemble le cours de Sortilège matinal sous l'œil peu scrupuleux de Flitwick. Et visiblement Simon ne semblait pas avoir avalé les révélations faites la veille par Chourave.
-Elle ne va pas voir Renata qui est celle qui a le plus répondu pendant les cours, elle ne va pas voir non plus Charles qui a passé la moitié d'entre eux à dormir, non, il faut qu'elle s'acharne sur moi alors que j'ai passé toute l'année à me retenir !
-Tout le monde n'est pas le brillant neveu d'Amelia Bones, répondis-je avec lassitude. Elle a peur de la menace que tu pourrais devenir pour elle une fois au Ministère. Elle doit déjà se battre contre Amelia, peut-être ton père, si te joins à eux ... Sans compter qu'elle doit voir Edgar en toi et que ça ne doit pas la rassurer.
Je vis la paume d'Adam de Simon remonter et descendre nerveusement et il ne renchérit pas sur le dernier argument. Pour éviter qu'il ne plonge dans une mauvaise humeur avant son entretien, je le pris par le bras et le secouer.
-Mais fais-lui miroiter ça, dis à Chourave que tu veux entrer au Ministère et devenir Ministre, et après prends une photo de sa tête ! ça doit être une des visions des plus effrayantes pour elle ...
Cela eut pour mérite d'arracher un sourire aux lèvres de Simon au moment même où nous arrivions devant la porte du bureau de Chourave. Avec une certaine gêne et un pincement au cœur, je me souvins que la dernière fois que je m'étais retrouvée dans ce bureau avait été lorsqu'une potion de feu avait failli m'arracher le bras et que Cédric avait découvert que je sortais avec Miles. C'était si loin ... Je donnais un coup de coude à Simon.
-Reste tranquille, je n'en ai pas pour longtemps. Et médite un peu pour être sûr de ne pas perdre tes moyens. Si ça se trouve, elle ne va pas même pas intervenir, alors ne fais pas toute une montagne de sa présence, d'accord ?
Simon me jeta un regard ennuyé où pointait également la résignation et j'enfonçai le clou en enfonçant un index dans sa maigre poitrine.
-Et je sais que tu as acheté des oreilles à rallonges aux jumeaux, ils me l'ont dit, alors je te promets que si je sais que tu les as utilisées, je te jette dans le lac noir, tu m'as comprise ?
-Je vais finir par croire que tu as les mêmes pouvoirs que ton grand-père, maugréa-t-il tout en extrayant de sa poche une longue ficelle couleur chair.
J'eus un sourire désabusé en récupérant les oreilles à rallonge. Fred avait été absolument ravi de m'annoncer qu'il comptait à présent un préfet-en-chef dans leurs clients et je l'avais harcelé jusqu'à qu'il m'avoue l'objet de leur transaction.
-Je te connais juste par cœur, Bones. Ne cherche pas, tu ne peux plus rien me cacher, je finis toujours par tout découvrir. A toute, crevette !
-Crevette toi-même.
Je levai les yeux au ciel en frappant à la porte de ma directrice de maison. Le battant s'ouvrir de lui-même et j'adressai un dernier regard d'avertissement à Simon avant d'entrer. Chourave s'occupait d'une très belle plante à pipaillon au bord de sa fenêtre ronde à la façon de celle des Hobbits et m'adressa un sourire radieux.
-Bennett ! Asseyez-vous, j'arrive tout de suite. Ma plante faisait grise mine pendant les vacances, elle demande un soin tout particulier ... Comment allez-vous ?
-Très bien, professeur, affirmai-je en prenant place sur la maigre chaise devant son bureau.
-Pas de problème d'aucunes sortes ? Révisions, familiaux ... Selwyn ?
Je répondis par la négative, touchée par la sollicitude de ma Directrice de Maison malgré le décret d'éducation numéro vingt-six qui l'empêchait de parler de choses qui ne concernait pas directement sa matière et ses missions. Elle acheva de rempoter la plante avant de s'essuyer les mains sur un chiffon déjà fort sale et se laissa lourdement tomber sur son fauteuil. Le soupir dont elle se fendit fit voler les mèches grises qui lui tombait devant les yeux et elle les repoussa d'un geste impatient.
-Victoria Bennett, s'activa-t-elle en fouillant son bureau jonché de parchemins et de brochures en tout genre. Non, ça c'est plus pour les cinquièmes année cet après-midi ... Evidemment, ce n'est pas exactement le même entretien, à dire vrai c'est plus une discussion pour éclaircir les voies d'avenir qui s'offrent à vous maintenant que vous arrivez au bout de votre parcours, certaines formations demande la construction de solides dossier ... Voyons ... Milles gorgones, je passe si peu de temps ici qu'à chaque fois que je viens, je suis perdue mais Dolores a refusé que je fasse passer mes entretiens dans mes serres ... Ah, voilà votre dossier !
Elle sortit une liasse de parchemin et chaussa de petites lunettes rondes qu'elle percha au bout de son nez épaté.
-Victoria donc ... Des résultats correctes, élève courageuse et appliquée qui met tout en œuvre pour surmonter ses difficultés ... Excellentes notes en runes anciennes et Etudes des moldus ... (elle abaissa le dossier et lissa les feuilles). Et bien sûr, j'ai un mot de Madame Bibine qui ne cesse de vanter vos qualités en tant que joueuse de Quidditch. Ne tournons pas autour du pot, Bennett, il est évident que cet entretien servira à déterminer si vous êtes prête ou non à vous lancer dans une carrière professionnelle. Vous avez pu y réfléchir depuis la proposions de Gwladys Sayer ?
Je me trémoussai sur ma chaise et rassemblai dans mon esprit tous les arguments que j'avais pu réunir durant les vacances de mes discussions avec les Bones et avec Miles. Je les exposais avec patience au professeur Chourave : mon envie d'être utile dans ce monde, notamment en ces temps troublés, malgré mes pauvres moyens, ma peur qu'une carrière dans le Quidditch ou l'Histoire de la magie soit complétement vaine ... Chourave m'écouta avec bienveillance, sans m'interrompre un seul instant. Lorsque j'achevais mon exposé, un sourire entendu flottait sur ses lèvres.
-Et vous avez des idées ?
-Aucune, avouai-je en me tordant les mains. Soit je n'ai pas les notes qu'il faut, soit ça me rebute. Le Ministère par exemple ... quand bien même je pourrais y entrer, je vous avoue que ... je ne suis pas sûre de partager les valeurs de l'institution.
Et revoir le sourire de crapaud d'Ombrage ce matin au petit-déjeuner m'avait conforté dans cette idée. Un peu à l'image de Simon, je doutais être capable de m'épanouir et de rester stoïque sous l'administration de Fudge. Chourave secoua la tête avec un sourire désabusé.
-Bennett, ça fait sept ans que je vous ai en cours, je commence à vous connaître. Vous êtes une passionnée : vous êtes bonnes en Histoire parce que vous adorez cela, vous étiez une calamité en Potion parce que vous n'aviez aucun goût pour la chose, vous travaillez les sortilèges parce qu'ils vous plaisent. Très honnêtement, je ne vous pense pas capable de vous épanouir dans un domaine qui ne vous passionne pas. Alors le Ministère ...
-Je serais sans doute malheureuse comme les pierres, admis-je, vaincue. Mais professeur ... Allez jouer au Quidditch alors que dehors ...
-Bennett, vous serez en équipe de réserve, me rappela Chourave avec une certaine douceur. Ce n'est pas encore le haut niveau, ça vous laissera du temps. Du temps pour réfléchir à ce que vous voulez réellement faire de votre vie, du temps libre, également, pour ... vous rendre utile, si c'est ce que vous souhaitez, vous me suivez ?
Mes lèvres se pincèrent, indécises. Devant mon hésitation apparente, Chourave se sentit obliger de poursuivre :
-Et l'avenir n'est bien sûr pas figé dans le marbre, bien sûr. Décider de rejoindre une équipe de Quidditch ne signifie bien sûr pas que vous y ferez carrière toute votre vie. Mais vous êtes douée, très douée, même et vous êtes une véritable passionnée, vous vivez votre sport. C'est un conseil que je vous donne : ne faites pas un travail qui n'est pas fait pour vous et dans lequel vous seriez peut-être mauvaise simplement parce que ça vous semble plus sécurisant, ou plus utile. (Elle se pencha vers moi pour se permettre de baisser la voix). Vous trouvez le Ministère utile ces derniers temps ?
Un rire nerveux s'échappa de ma poitrine et je secouai la tête, conscience des limites de mon argumentaire. Chourave se fendit d'un sourire maternel dont elle avait le secret et qui m'avait mis si à l'aise lors de mes premiers jours à Poudlard où j'étais littéralement terrifiée par la nouvelle vie qui s'offrait à moi. A présent, j'étais à une nouvelle croisée des chemins avec une voie qui semblait se fondre dans le noir et c'était de ce sourire rassurant dont j'avais besoin pour m'assurer que tout irait bien.
-Alors ... Vous me conseillez réellement de devenir joueuse professionnelle ?
-Comme à chacun de mes étudiants, je vous conseille d'aller dans une voie sur laquelle je suis sûre que vous vous épanouirez, dit Chourave. Parce que c'est ce qui compte, que vous soyez bien dans ce que vous faites, en accord avec vos capacités et vos valeurs. Le sport est porteur de belles valeurs et a une belle visibilité qui permet de les porter haut et loin, Bennett, pensez à ça.
Je n'avais pas envisagé les choses sous cet angle et l'idée me faisait rougir. Quelqu'un qui perçait dans le sport devenait célèbre, je le constatai bien dans le football ou face à la popularité qu'avait la Capitaine des Harpies de Holyhead, Gwenog Jones. Et si l'idée était effrayante pour une fille aussi anonyme que moi, j'admettais qu'elle pouvait donner des capacité presque infini en terme de visibilité et de défense de valeurs.
Et ça, je voulais bien avouer que c'était utile.
-J'avais pensé à approfondir mes recherches en Histoire de la Magie, aussi, continuai-je par acquis de conscience, puisque c'était un autre domaine qui me passionnait. Mon projet avec Octavia avance très bien et j'avoue que je me sens frustrée de ne pas pouvoir l'approfondir d'avantage ...
-Hum ... Le problème avec la notion de chercheuse, c'est que c'est moins lucratif et plus aléatoire que le Quidditch. Mais encore une fois, une carrière dans le Quidditch vous laissera amplement le temps de vous adonner à d'autres activités et puis, ce sont des carrières qui se terminent vite, vous ne pouvez pas rester sur un balai jusque vos quarante ans ...
L'âge m'arracha un rire nerveux. Seigneur, que c'était difficile de se projeter aussi loin ... Mais malgré le côté vertigineux de la projection, j'avais l'impression d'entrapercevoir un rayon de lumière dans mon sombre avenir qui éclaira pas un mais plusieurs chemins qui serpentait dans l'obscurité, s'entrelaçait parfois ou plongeaient dans la brume. Mon avenir n'était pas figé, il pourrait évoluer au fil de ma vie, de mes envies. Un instant, je m'imaginais prendre l'un de ces chemins, l'arpentant jusqu'à un nouveau croisement et mon cerveau se mit à imaginer un nombre incalculable de scénario.
-Je suppose que de toute manière je ne saurais pas si ça me convient si je n'essaie pas ..., évaluai-je lentement. Je veux dire ... L'Histoire de la magie, j'aurais toute ma vie pour m'y mettre mais le Quidditch ... ils ne recrutent qu'après Poudlard, c'est ça ?
-Ou au sein d'autres équipes, oui, confirma Chourave avec un sourire radieux.
Mon cœur manqua un battement. Elle avait raison me concernant sur un point : j'étais passionnée de Quidditch. Il n'y avait que sur un balai que j'arrivais à oublier tous mes problèmes, prendre de la hauteur et évacuer toute la frustration du quotidien. J'avais douté d'en faire mon métier, de peur de perdre la magie, de peur de me sentir coupable de tant de frivolité alors que le monde valsait. Mais maintenant que j'avais vu tous les chemins qui s'ouvraient à moi, l'idée de me fermer cette porte si tentante me rendait triste. Je me posai une main sur la trempe, et contemplai longuement ma professeure. Elle eut un pauvre sourire.
-Vous avez encore peur, Bennett ? Vous ne faites pas confiance à votre talent, malgré sa reconnaissance par tous ?
-Ce n'est pas de moi que j'ai peur, professeur. C'est du monde autour ...
Chourave poussa un gros soupir et frappa une fois dans ces mains, presque exaspérée par ma réticence. Elle repoussa ses lunettes sur son front pour me fixer avec une certaine gravité.
-Le monde autour, Bennett, parlons-en. Au train où vont les choses, votre vie sera déjà bien assez compliquée comme ça une fois hors des murs de cette école. Vous voulez vraiment vous rajoutez du malheur avec un métier que vous n'apprécierez pas ?
-Non, bien sûr, professeur ...
-Alors qu'est-ce que vous attendez, Bennett ?
Je papillonnais des yeux, surprise par le ton ferme qu'avait adopté Chourave et qui ne lui ressemblait pas. Puis j'eus un sourire penaud, soudainement consciente d'avoir une route presque royale qui s'étendait à mes pieds et que je dédaignais à l'agacement de tous pour des raisons qui n'étaient peut-être pas les bonnes.
-Je réfléchis trop, c'est ça ?
-Je pense qu'effectivement, vous vous prenez la tête, mais c'est compréhensible. Vous avez toutes les cartes, c'est inutile d'angoisser et de vous adapter à des faits sur lesquels vous n'avez aucunes prises. Ne vous rendez pas la vie plus compliquée qu'elle ne l'est, et pour une fois, laissez-vous porter par l'évidence. C'est le conseil qu'une vieille sage vous donnera.
-Enfin professeure, vous n'êtes pas si vieille ...
Chourave éclata d'un rire sonore qui me détendit définitivement. Dehors, un éclat de soleil tapa contre la vitre et, touchée par la chaleur, la plante à pipaillon sembla ronronner, guérie par les bons soins de la botaniste. Celle-ci allongea le bras et me tapota la main, les yeux pétillants.
-Ah, Bennett ... Vous faites partie des élèves qui me manqueront, l'année prochaine. Alors faites en sorte que j'entende parler de vous et même en dehors de Poudlard ... n'oubliez pas de porter haut les couleurs de Poufsouffle.
***
-J'ai été la première à le dire !
-Tu le répètes depuis des semaines ...
-La première a te proposer le Quidditch et tu ne m'as pas écoutée, moi ...
-Comme toi quand je te parle de Voldemort, les grands esprits se rencontrent, pas vrai ?
Passé le glapissement coutumier, Emily me fusilla du regard mais eut la décence ne pas renchérir. Nous venions de sortir de notre dernier cours et j'avais accompagné Emily jusque la volière où elle devait envoyer une lettre résumant son entretien avec Chourave quelques heures plus tôt. Pour dissiper le malaise, elle me tourna le dos pour faire face aux nombreux hiboux de la volière qui attendait sur leurs perchoirs, se nettoyant les plumes ou nous observant de leurs yeux jaunes. Je m'étais toujours sentie très mal à l'aise dans la volière et c'était pour cela que j'étais fière de n'y avoir posé que deux ou trois fois l'orteil lors de ma scolarité. Il y avait trop de volatile à l'œil affuté de rapace et aux serres aiguisées pour que je sois parfaitement à mon aise. Emily ne paraissait pas avoir de problème car elle offrit sans crainte son bras à une chouette effraie qui lui tendit docilement la patte.
-Alors, tes vacances ? lança-t-elle d'un ton neutre dans l'espoir de dissiper le malaise. Tu as vu Miles, je suppose ?
Mes joues s'échauffèrent et instinctivement, je croisai mes bras sur mon ventre. Je sentis plus que je ne vis le regard suspicieux d'Emily sur mon geste, mais elle me surprit en s'abstenant de toute commentaire. Je pris une profonde inspiration. J'avais besoin d'en parler, sinon j'allais cogiter des heures dessus.
-Oui je l'ai vu, répondis-je alors. J'ai rencontré ses parents la semaine dernière et ... j'ai passé la nuit chez lui.
Devant le clair sous-entendu, Emily cessa de caresser la chouette pour me considérer longuement, les yeux brillants d'une question silencieuse qui semblait lui brûler les lèvres. Je finis par me fendre d'un profond soupir et explicitai :
-Et oui on l'a fait.
Emily poussa un petit cri de triomphe qui effraya la chouette car elle s'envola brusquement pour retrouver son perchoir avec un hululement perçant. Ignorant l'animal qui la lorgnait toujours d'un air mauvais, elle s'avança vers moi avec un sourire beaucoup plus doux que j'avais pu le craindre. Mais c'était souvent comme cela avec Emily : elle s'excitait tellement sur ma vie privée que j'avais peur de ses réactions excessive, mais chaque fois elle était sérieuse et attentionnée. Une pépite d'or dans un écrin de fer.
-Alors ? ça s'est bien passé ?
-Je n'en sais rien, répondis-je en toute sincérité.
Je brûlais tellement d'en parler depuis quelques jours que les mots s'engouffrèrent dans la bouche, pressés de sortir et d'exprimer toutes les émotions contradictoires qui bouillonnaient en moi chaque fois que je repensais à cette nuit. Alors sans attendre qu'elle me questionne d'avantage, je poursuivis :
-Je n'ai pas beaucoup eu mal, juste au début et je n'ai pas saigné ...
-Mais ?
Je déglutis et me trémoussai d'un pied à l'autre. Emily me scrutait avec une inquiétude que je sentais vraie, sincère.
-C'est juste que ... Enfin ... (Je sentis mon visage s'embraser). C'est normal que ... je n'ai rien ressenti ?
Emily me dévisagea, perplexe et la rougeur s'étendit à mes oreilles. Elle passa une main songeuse sur la lettre qu'elle tenait à la main.
-Hum ... Tu sais, chaque expérience est différente, je ne saurais pas te dire si c'est normal. C'est assez idiot de considérer qu'il y a une « première fois » type, tu vois ce que je veux dire ? Chacun réagit de manière différente ... Mais quand tu dis « rien ressenti », c'est ... à quel niveau ?
Ma bouche se tordit nerveusement. A dire vrai, il s'agissait de tous les niveaux. Je ne m'inquiétais pas de mes sensations physiques, certes pas exceptionnelles mais que je mettais sous le compte de l'inexpérience, du manque de connaissance de nos corps respectifs. C'était quelque chose qui pouvait évoluer avec le temps, comme j'avais pu le constater le lendemain matin et où nous avions pu renouveler l'expérience qui avait été sensiblement plus agréable. Mais c'était au niveau de mes émotions que je m'étais inquiétée. Peut-être que j'avais trop sacralisé l'acte, que le manque de plaisir réel avait joué sur ma perception de l'instant ... mais j'avais été tout de même troublée par le vide émotif que j'avais senti en moi. C'était simple : alors que Miles était au plus proche de moi qu'il ne pourrait jamais l'être, alors que nos corps étaient entremêlés le plus étroitement possible, mon cœur ne m'avait jamais semblé aussi loin de lui. Et j'ignorais totalement si c'était simplement dû à une sorte de déception de l'expérience physique ou si ...
Ou si c'était révélateur de mes sentiments.
Ça s'était bien passé. Je n'avais presque pas eu mal, pas saigné, et j'avais même réussi à commencer à comprendre comment la chose pouvait être agréable. Pourtant j'étais ressortie de chez les Bletchley avec plus de tracas que lorsque j'étais rentrée.
Je tentais tant bien que mal de mettre des mots sur mes sentiments face à une Emily d'un remarquable sérieux. Pendant ce temps, elle avait réussi à attirer sur son bras une autre chouette à la patte de laquelle elle attachait sa lettre avec des gestes lents et précautionneux.
-C'est peut-être parce qu'il y a eu un décalage avec ce que tu attendais, suggéra-t-elle, reprenant le cours de ma réflexion. Tu t'attendais à la douleur, tu ne l'as pas eue alors tu t'attendais à l'extase et ce n'était pas ça non plus ...
-Je veux bien le croire, ça, mais Emily ... Comment ça fait que je n'ai rien ressenti là ?
Je posais mes mains sur mon cœur qui s'était mis à cogner fort contre ma poitrine. Emily acheva de fermement attacher la lettre avant de lâcher la chouette dans l'air. Nous l'observâmes un long moment s'envoler toujours plus haut dans les cieux dénués de nuage du mois d'avril, avant qu'Emily ne soupire :
-Je n'en sais rien, Victoria. Je n'ai pas la réponse universelle, là-dessus, je te l'ai dit, chaque expérience est différente, surtout de ce point de vue là ... Je t'avoue que personnellement, la première fois que j'ai couché avec Roger l'année dernière, c'est le moment où j'ai compris qu'en fin de compte, je l'aimais sans doute. C'est pour ça que ça m'a fait si mal quand je me suis rendue compte que pour lui ... ça n'avait pas eu d'importance.
-Ça en avait sans doute ... Sinon vous ne seriez pas ensemble maintenant, non ?
Emily eut un petit sourire, mais un sourire qui illumina son visage plus efficacement que les rayons du soleil qui frappait sa peau pâle et faisait étinceler l'or dans ses cheveux.
-On peut dire ça ... Enfin, pas à l'époque, il pensait réellement que ça n'avait pas d'importance, que vous étions deux jeunes gens qui avaient simplement décidé d'avoir un peu de bon temps ... Puis il s'est rendu compte que peu importe la fille avec laquelle il sortait, il finissait toujours par repenser à moi. (Son sourire se fit plus rêveur) Il m'a fait mal, mais ... Malgré tout, il a su m'avouer tout ça. Il a su être là au moment où j'en avais le plus cruellement besoin ... et ça, ça compte.
Elle me frotta le bras avec un sourire rassurant.
-Il a l'air de se passer beaucoup de chose dans ta vie, Vic', tu subis beaucoup de stresse. Simon se repose beaucoup trop sur toi, les ASPICs, la finale de Quidditch qui approche ... Peut-être que tout ça te trouble. Ne fais pas de conclusion hâtive, attends de voir comment ça évolue. Peut-être que c'est une impression passagère, plus dû au contexte général ...
-Comment tu peux être d'une telle sagesse dans ce genre de moment et une hystérique la plupart du temps ? m'amusai-je.
Emily eut un sourire espiègle et passa son bras par-dessous le mien pour nous engager dans les escaliers, et descendre enfin de cette affreuse volière.
-Je suis une femme pleine de surprise, plaisanta-t-elle d'un ton mutin. Mais cela dit, je ne compte pas m'arrêter là, je n'ai toujours pas désespéré de faire avouer à Simon jusqu'où il a été avec Octavia ... La dernière fois que je lui en ai parlé, j'ai cru que je pourrais faire cuire un œuf sur ses joues.
Mon éclat de rire se répercuta joyeusement dans le couloir et acheva de dissiper la tension que je ressentais depuis ce matin. Luttant contre mon hilarité, je lui racontai ma tentative malheureuse de lui extorquer l'information à l'aide de mon frère aux vacances de noël. Elle fit alors des suggestions à en faire rougir les plus avertis mais je ne pus m'empêcher de rire à m'en tenir les côtes. Ce fut sans doute notre hilarité qui détourna notre attention alors que nous mettions le pied dans le couloir du cinquième étage. Nous ne pûmes alors percevoir les deux têtes rousses qui achevaient de semer ce qui semblaient être des cailloux verts et que l'autre agitait sa baguette avec un éclat de rire que les nôtres couvraient. Avant que je ne puisse comprendre, les têtes rousses avaient disparues et le sol semblait se dérober sous nos pieds : mes chaussures collaient à la pâte visqueuse qui semblait couvrir les dalles. Emily se raccrocha au bras d'une armure avec un cri quand ses jambes s'enfoncèrent largement dans le sol, devenu vert et épais.
-Mais qu'est-ce qui se passe ? glapit-t-elle.
Je ne pus lui répondre, m'enfonçant moi-même avec une certaine panique dans une substance qui ressemblait à s'y méprendre à de la vase. Emily, qui avait ensorcelé l'armure pour qu'elle puisse la tirer de la substance, me tendit la main. J'arrivai à l'agripper in extremis alors que j'étais engloutie jusque la taille et il fallut les efforts combinés de l'armure et d'Emily pour m'arracher à la vase. Je grimpai sur le piédestal, pataugeant dans la plus grande des confusions, grelottante et mon uniforme chargé d'humidité poisseuse. Mon nez se fronça devant l'odeur nauséabonde qui emplissait le couloir et mon regard se porta au loin. Mes yeux s'écarquillèrent.
-Mon dieu ...
L'ensemble du couloir semblait avoir été transformé en ce qui semblait être vraisemblablement un marécage. Autour de nous, des élèves moins chanceux étaient immergés et se débattaient dans les eaux boueuses, atteignant la partie non transformée du couloir avec peines et cris. Rusard, sans doute averti par un élève qui avait échappé au sinistre, éructait littéralement face au couloir, comme si sa seule colère pouvait faire disparaître le marécage.
-C'est une honte ! Je vais immédiatement prévenir la directrice, trop c'est trop ! Vous ! (il pointa un doigt crochu sur une Serdaigle qui venait d'atteindre le bord, épuisée et couverte de crasse). Vous me pourrissez la vie depuis des années, vous vous fichez de mon travail, vous faites éclater des bombabouzes partout mais là trop, c'est trop ! Si ça, ça ne mérite pas que je vous pende par les pieds dans les cachots, alors je ne réponds plus de rien !
-Mais enfin, regardez autour de vous, on est tous en galère ! s'époumona Emily, hors d'elle. Vous pensez vraiment que si on avait fait apparaître ce truc on serait coincés dedans ?!
Tous les élèves présents crièrent plus ou moins leur approbation devant un Rusard fulminant. Je cherchai des yeux une solution pour rejoindre le bord sans replonger dans l'eau, mais la seule de crédible était de longer les alcôves par le petit bord mince à quelques centimètres du niveau de l'eau. Je commençai à prendre mes prises et à glisser mon pied le long de la pierre pendant que Rusard se remettait à vociférer :
-Vous êtes complices ! Je sais, tous solidaire, sales petits morveux, vous vous protégez les uns les autres ... Mais maintenant, c'est fini, vous ne me ferez plus tourner en bourrique, lorsque j'aurais retrouvé les responsables ...
-Oh pitié, il a vraiment un doute ? râlai-je à voix basse, les mains écorchées par la pierre. C'est signé Weasley, ça !
Maintenant que j'y songeais, il me semblait les avoir entendu évoquer un marécage ... Mais cette fois, j'étais prise en plein dans leur piège et je devais avouer que malgré mon affection pour eux et pour leurs pitreries, je trouvais ça relativement désagréable. Avec soulagement, je posais un pied sur la terre ferme au moment où un garçon aux cheveux presque blancs et au menton pointu émergeait de l'escalier, une expression triomphale indécente sur le visage. Drago Malefoy, l'insigne de la brigade inquisitoriale brillant sur sa poitrine.
-Mr. Rusard, la directrice a besoin de vous ! Warrington, Parkinson et Bullstrote les ont eus, ils sont dans le hall ! Elle m'a demandé de vous dire qu'elle vous donne enfin l'autorisation de donner des coups de fouet et qu'il fallait que vous alliez chercher le formulaire dans son bureau ...
Aussitôt, le visage de Rusard s'illumina comme jamais il ne s'était illuminé. Il me sembla même apercevoir une humidité suspecte dans son regard délavé. Après un instant où il sembla en extase – et c'était réellement une vision répugnante – il poussa un petit cri qui ressembler à un sanglot et s'éloigna en jouant des coudes, écartant les curieux qui observaient le marécage et qui aidaient les élèves piégés à en sortir. Roger figurait parmi eux et tendit la main à Emily qui achever sa traversée, les dents serrées. Elle lui sauta dans les bras pour s'éviter les derniers centimètres d'équilibristes et malgré son état peu soigné, il la serra contre lui. Nous restâmes quelques minutes pantelants et haletants, cherchant notre souffle en tentant de trouver un sens à ce qui s'était passé.
-Par Merlin, qu'est-ce que c'est que ça ? s'étrangla Roger en contemplant le marécage par-dessus la tête d'Emily.
-Les Weasley, sans doute, évaluai-je, le cœur serré. Malefoy a dit qu'ils avaient été attrapés, et qu'ils étaient dans le Hall ...
-Et vous avez entendu Malefoy ? enchérit Emily d'une voix blanche. Sur les ... ?
Elle préféra ne pas achever sa phrase, laissant un silence horrifié s'installer entre nous. A dire vrai, j'avais souhaité avoir mal entendu, certaine que rien n'irait jusque là ... Avant de me souvenir qu'à présent elle avait les pleins pouvoirs de directrice et qu'elle était capable de faire faire des lignes aux élèves avec leur propre sang.
-Non, lâchai-je d'une voix rauque, épouvantée. Non, ça ne peut pas se passer comme ça ... pitié, pas ici, pas à Poudlard ... Des coups de fouets ? Mais où on est, au Moyen-âge ?!
-Elle a raison, on ne peut pas laisser faire ça, approuva Roger avec un vif hochement de tête. C'est criminel, trop c'est trop, si cette fois on ne dit rien, on en devient complice ... On ne peut pas ... (il se tourna vers Emily, l'œil brillant d'une idée). Tu es préfète-en-cheffe, tu penses que tu peux faire quelque chose ... ?
Emily parut terrifiée : les rares couleurs qui lui restaient désertèrent son visage. Son indécision parut agacer Roger qui l'attrapa fermement par les épaules :
-Em' ! Si tu ne fais rien, je me ferais un plaisir de rappeler les droits de l'homme à cette femme et je suis sûre que Victoria m'y aidera ! Mais ça aurait plus de poids si ça vient d'une personne d'autorité ! Si tu n'arrives pas à le faire diplomatiquement ...
J'appuyais Roger d'un vigoureux hochement, tête, malgré tout assez surprise de la véhémence du ton du Serdaigle qui semblait réellement hors de lui. Indignée, je l'étais aussi, et prête comme lui à m'insurger contre le spectre d'un châtiment corporel venu d'une autre époque. Après plusieurs secondes d'hésitations face à nos regards insistants, elle finit par hocher la tête et à promettre dans un filet de voix qu'elle allait essayer. Roger la prit par la main et nous nous élançâmes dans l'escaliers pour les dévaler à une vitesse pharamineuse. Alors que vous descendions au premier étage, un sifflement se fit entendre derrière nous. J'eus juste le temps de me retourner pour voir foncer sur nous deux balais dépourvus de cavaliers tirant derrière eux une lourde chaine et un pitron de fer.
-BAISSEZ-VOUS ! hurlai-je en me jetant sur Roger pour lui faire baisser son immense tête.
Nous nous écrasâmes lourdement et douloureusement sur le palier avant que les balais et leur lourd fardeau ne nous frôle, le décoiffant à peine au passage. Malgré tout ce qui venait de se passer, Roger qui pestait contre l'univers et mon cœur qui battait la chamade, un sourire absurde s'étira sur mes lèvres.
Si on avait besoin de balai, c'était pour voler ...
Galvanisée, j'avalai si vite les dernières marches que j'en semais Roger et Emily. Le hall était plein à craquer d'élève, de fantômes et de professeur qui encerclaient une Ombrage hors d'elle et Rusard qui contemplait bouche bée Fred et George Weasley, balai enfourchés. Peeves observait la scène d'un air intéressé et je vis une lueur de fierté briller dans les yeux de McGonagall. Simon que je vis près de la porte de la Grande Salle semblait retenir à grand mal son rire, et Angelina tenter de considérer les jumeaux l'air désabusé, mais je la trouvais plutôt admirative. Le silence était tel que mes pas résonnèrent dans le hall mais ils furent couverts par le cri hystérique d'Ombrage :
-ARRÊTEZ-LES !
Sa brigade inquisitoriale, bien en ordre derrière elle, s'élança, mais les jumeaux donnèrent synchroniquement un grand coup de pied sur le sol et décollaient pour se porter à la hauteur de l'esprit frappeur qui flottait toujours près du plafond.
-Rends-lui la vie impossible à cette vieille folle, Peeves.
C'était une scène des plus incroyables, celles qui semblait pouvoir nous faire croire aux miracles, que tout était possible si en avait le cran, que n'importe quel espoir était à portée de main. Car Peeves, que personnes n'avait jamais su faire obéir excepté les autorités respectivement imposantes et morbides de Dumbledore et du Baron Sanglant, ôta son chapeau et se mit strictement au garde à vous avec une rigueur qui aurait fait pâlir l'Ancien d'envie. Alors les jumeaux s'élancèrent au dehors et les élèves bravèrent la fureur d'Ombrage en applaudissant triomphalement leur fuite. La directrice fixait chacun d'entre nous, comme si elle rêvait de crier « UNE RETENUE ! POUR TOUT LE MONDE ! » mais elle paraissait dépassée par notre nombre et notre enthousiasme. Je me tournais vers Emily et Roger, le regard brillant.
La dictature Ombragienne s'épaississait. Les jumeaux, principaux agitateurs, ceux qui maintenaient l'espoir, étaient partis. Pourtant, je sentais quelque chose de pérenne semblait s'élever des applaudissements dont je sentais les vibrations dans chaque fibre de mon corps.
Sans transition, le trimestre nous happait totalement. Mais étrangement, je trouvais qu'il commençait sous le meilleur des auspices.
VOILA ! La scène était attendue, je le sais mais je ne voulais pas la reproduire dans son intégralité ... Le but ce n'est pas de réecrire les scènes.
POUR DANS DEUX SEMAINES JE DONNE DES DEVOIRS (que voulez-vous, la future prof en moi). Vous allez vous imprégner de cette chanson "Do you hear the people sing". Je vais l'utiliser, j'adore cette chanson et le film dont elle est issue, Les Misérables (Victor Hugo à jamais dans nos coeurs juste à côté d'Adrien, pas vrai PtiteCitrouille ?) Vous avez le lien en commentaire =>
Par ailleurs je vous invite quand même à voir le film en entier. C'est certes 97% chanté mais il y a un casting de fou (Hugh Jackman, Russel Crowe, Anne Hathaway ... Et Eddie Redmayne !), les chansons sont juste géniales c'est hyper émouvant !
A DANS DEUX SEMAINES !
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