II - Chapitre 23 - 2 : "La vie, c'est comme une boite de chocolat ..."
BONJOUR A TOUS. Petit postage intempestif en avance ! Trois choses avant de commencer :
-Pour ceux qui sont allés voir, j'espère que vous avez aimé le début de "Minerva McGonagall" de PtiteCitrouille! je suis allée zyeuter et j'ai été contente d'en voir certaine d'entre vous, merci pour elle c'est cool ! (Les autres, dépêchez-vous d'aller voir, et que ça saute ! Faites attention, on me surnomme "le nazi de la fanfiction", n'est-ce pas ma citrouille?)
-Le prochain chapitre est plus court que celui là (une quinzaine de page) MAIS coupable en deux si possible. Vous préférez avoir une partie la semaine prochaine et une autre la semaine suivante (sachant que celle-là ne sera pas d'un grand intérêt, en gros je crois que ça fera 8 et 6 pages ...) ou alors avoir le chapitre dans toute sa consistance dans deux semaines?
-Autre chose qui n'a rien à avoir et là je m'adresse également à celles et ceux qui écrivent : des copines à moi ont constaté disons, une inspiration de leur fanfiction dans d'autre écrits (je ne suis pas claire : en gros elles ont retrouvé certaines de leurs scènes dans d'autre fanfiction, écrite différemment mais c'était leurs idées). Sachant que je sais que c'est arrivé qu'on me demande d'utiliser l'un de mes personnages ou l'une de mes idées je me sens concernée par le problème, alors je préfère mettre les choses au point. Si vous écrivez et que vous avez envie de m'emprunter (à moi ou à d'autre par ailleurs, c'est un conseil à visée générale), surtout ne prenez pas la liberté d'user de ce que vous avez lu. Demandez à l'auteur avant. L'inspiration peut se discuter, bien sûr - certains savent que j'ai accepté qu'on utilise mes idées ou mes personnages dans une certaine mesure et surtout du moment que je suis citée. On prend du temps à écrire, imaginer, structurer nos personnages et nos univers, ce sont nos bébés et c'est désagréable de voir nos bébés dans les mains d'autres sans notre consentement. Donc voilà, même si c'est pour une scène, un détail, même si c'est pour un personnage mineur, surtout DEMANDEZ. ça peut toujours se discuter, du moment qu'il y a la démarche avant :) Faites passer le message autour de vous !
Bon sur cette note passions au chaaaapitre. Bon, pas grand-chose à dire dessus, c'est la partie la plus consistante, j'espère qu'elle vous plaira ! Bonne lecture !
Chapitre 23 (2/2) : "La vie, c'est comme une boite de chocolat ..."
-Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on y vienne ? ça fait longtemps qu'on n'est pas allé voir mes parents ...
Ma mère me fixait avec une certaine perplexité alors que je mettais ma veste en jean avec l'impression de retrouver une seconde peau. Les vacances avaient commencé depuis trois jours et ma mère avait fait un travail immense sur elle concernant ma magie. Je sentais encore sa réserve lorsqu'elle l'évoquait, mais elle n'était pas aussi abrupte qu'avant, moins méfiante. Mais quand je lui avais appris que je comptais rendre visite à mes grands-parents dans la journée, mes parents s'étaient mis en tête de m'accompagner et j'avais l'impression de marcher sur des charbons ardents.
-J'y vais par les moyens sorciers, répétai-je en fouillant dans les foulards de ma mère. Je peux t'emprunter celui-là ?
-Non, j'en ai besoin mais prends le bleu, si tu veux. Bon, on y retournera dans la semaine, alors ? Avec Alexandre.
Mes doigts se figèrent sur le nœud que j'étais en train d'exécuter. Alexandre était resté le week-end entier avant de rentrer à Bristol, mais mes parents n'avaient absolument pas été serein à l'idée de le voir enfourcher la moto qu'il avait retapé dans son adolescence et repartir l'air sombre.
-J'irais le voir après papy et mamy ... Avec Simon, ça devrait lui changer les idées.
Ma mère parut soulagée et acquiesça en silence. Satisfaite de ne plus la voir insister, je sortis de sa chambre et dévalai l'escalier. Je fus assez surprise en descendant de voir à travers la porte vitrée Simon attablé dans la cuisine avec mon père, une tasse de café de la main. C'était ce dernier qui parlait, son regard bleu-gris et indulgent vrillé sur Simon, qui me tournait le dos. Intriguée, j'aurais voulu attendre un peu, observer la suite et interpréter leurs gestes, mais ma mère n'eut pas ce scrupule : elle me dépassa souplement et ouvrit triomphalement la porte qui séparait de la cuisine du salon.
-Bonjour Simon ! Si je comprends bien, tu as le droit d'aller voir mes parents et pas nous ?
-Oh, maman !
Mon père toisa ma mère d'un air désabusé et Simon eut un léger sourire, à mi-chemin entre la gêne et l'attendrissement. Il détourna les yeux quand je tentai de l'interroger du regard et il prit une gorgée de café pour justifier son geste. Mon père m'adressa un sourire.
-Tu reviens pour dîner ?
-Je te préviendrais, on restera peut-être un peu avec Alex. (Je l'embrassai sur la joue avant de m'adresser à Simon : ) on y va ?
Simon acquiesça et finit son café avant de se lever. Je sentis la brûlure du regard de ma mère alors qu'on sortait de chez moi, dans le petit jardin bordé de haie qui nous permettait de transplaner en toute quiétude. Sans attendre, de peur de perdre courage, je pris le bras de Simon et pivotai, laissant ma magie m'emporter vers les bords du canal de Bristol et la petite ville de Portishead. L'odeur d'iode me frappa de plein fouet, ainsi que le vent qui soufflait sur la mer grise et agitée. Simon rabattit la capuche de son gilet sur ses oreilles en grimaçant.
-Cette partie de l'Angleterre n'est pas au courant qu'on est en avril.
-Simon, on vit la majorité de notre année en Ecosse, on n'est pas censé se plaindre du froid. De quoi tu parlais avec mon père ?
Simon se raidit face à la question et vrilla son regard vert sur les eaux qui se fracassaient sur la plage. Le soleil se reflétait dans ses mèches blondes et y faisaient ressortir le cuivre et l'or dans ses cheveux, même si on regard restait obscurci.
-Pas grand-chose. De ce qui se passait à l'école, principalement, mes parents le tiennent au courant. Mais il voulait avoir plus de détail, notamment sur l'évasion des Mangemorts et le départ de Dumbledore, je pense qu'il s'inquiète. Mais ne t'en fais, je l'ai rassuré.
Je lui jetai un regard oblique en espérant ne pas trop être insistance, mais j'entendais dans la retenue de sa voix qu'ils n'avaient pas fait que discuter Poudlard. La constatation que je m'étais faite me revint à l'esprit : mon père avait sans doute conscience que Simon était le fils d'Edgar et non de George et devait sans doute avoir connaissance par celui-ci de l'évasion de Jugson. Mon père était une personne neutre, calme et de confiance, avec laquelle Simon pouvait se sentir en sécurité. Peut-être plus qu'avec moi. Alors je décidai de laisser couler et de me mettre en route vers la maison côtière de mes grands-parents. Les bacs de jardinage étaient libérés de leurs bâches et les herbes aromatiques s'épanouissaient sous le soleil, tout comme les dernières jonquilles qui se formaient en bouquet joyeux dans le jardin de devant. J'effleurai cette fleur qui symbolisait la venue du printemps que j'associai lui-même à l'espoir et me fis la réflexion que ces pétales d'or et de lumière était un parfait étendard de l'espoir. Et Seigneur, comme j'avais besoin de force et d'espoir pour ce qui allait suivre. Avec un soupir à fendre l'âme, je me détournai des jonquilles pour faire face à la porte et frapper le battant. Simon s'adossa au mur, un léger sourire aux lèvres qui me parut tout de même comme crispé.
-Et tes grands-parents ne diront rien que je sois là ? Fais attention, sur un malentendu ils vont croire que je suis ton copain.
Je le lorgnai d'un air désabusé avant de secouer la tête.
-Pas de risques. Ils m'ont déjà entendu me plaindre de toi et mon père se plaindre de nos disputes alors que par ailleurs tu étais un si gentil garçon. Franchement, qu'est-ce qu'il te trouve ?
-Je suis meilleur musicien que toi.
Ce fut sur cette pique accompagné d'un sourire qui me donnait envie de céder à l'enfant en moi et de lui tirer les cheveux que la porte s'ouvrit devant moi. Jaga posa des yeux surpris sur moi, la main sur la poignée et ses lunettes plantées sur son nez osseux. Dans son autre main elle tenait son roman, comme si je l'avais interrompue en pleine lecture. Les lèvres fines de ma grand-mère esquissèrent un sourire ému et elle m'ouvrit les bras.
-Perelko ...
Le surnom remua des choses en moi et agita le fantôme ce que j'avais un jour était. Je lui cédais en enlaçant ma grand-mère, malgré tout heureuse de retrouver cette famille qui me manquait si cruellement chaque fois que j'étais à Poudlard et cette femme dont la force m'avait inspiré toute ma vie.
-Je ne pensais pas qu'on te reverrait ici, me souffla ma grand-mère lorsqu'elle se détacha. Après la dernière fois et ... Oh. (Elle baissa ses lunettes et observa par-dessus les verres). Et pas seule ... Simon, si je ne m'abuse ?
Il parut surpris qu'elle le reconnaisse si vite alors qu'ils ne devaient s'être aperçu qu'une ou deux fois au cours de leurs vies. Il tendit cependant une main ferme que Jaga saisit tout en le détaillant d'un regard sombre et critique. Elle conclut son examen d'un :
-Il a fini par grandir ... Bien, rentrez. J'ai fait des sablés, mais j'ai bien peur que Miro n'ait tout mangé.
-C'est faux ! rugit une voix depuis l'intérieur. Et si tu ne voulais pas que je les mange, il ne fallait pas faire de sablées !
Jaga poussa un profond soupir et nous invita d'un geste de la main à entrer. La voix de mon grand-père m'avait figé, mais Simon passa une main dans le creux mon dos pour m'inciter à avancer. Miro était assis à la table de la salle à manger, devant une tasse de thé et les fameux sablée et une boite de chocolat, dans ce qui semblait un tea-time très british pour un homme de sa carrure d'origine polonaise. Ses yeux clairs passèrent sur moi pour ensuite se fixer sur Simon et il poussa un grognement de dépit.
-Maintenant je te fais peur au point que tu doives venir accompagnée, Victoria ?
Je déglutis pour faire passer la boule d'émotion qui s'était formée dans ma gorge lorsque j'avais croisé le regard à la fois familier et distant de mon grand-père. Il s'était remis à farfouiller dans la boite de chocolat sous la mine réprobatrice de ma grand-mère, qui me contempla ensuite l'air désolé. Mes lèvres se tordirent et je jouai nerveusement avec mes clefs dans ma poche.
-Bonjour, ça me fait plaisir aussi de te voir.
Miro poussa un grognement, la main triant toujours les chocolats dans la boite. Jaga secoua la tête l'air consterné et nous fit un vague mouvement pour nous inciter à nous assoir avant de passer dans la cuisine. Prudemment, Simon et moi prîmes place sur une chaise, raides comme des piquets. Je remarquai que mon grand-père jetait de fréquents et furtifs regards à Simon, qui furent expliquer lorsqu'il lâcha d'une voix dure :
-Bon sang, on ne vous apprend pas à mettre vos pensées dans des boites, dans votre école ?
-Seigneur, laissai-je échapper, comprenant soudainement. Sors de sa tête immédiatement !
Simon recula alors brusquement sa chaise, l'air affolé et un regard ardent planté sur Miro, qui se fendit d'un vague sourire amusé. Il engloutit un chocolat à la liqueur et le mâcha laconiquement avant d'expliciter d'un ton neutre :
-Ne t'en fais pas, Victoria, pas la peine d'y entrer. C'est sa tête qui vient à moi. L'un des gros problèmes des légilimens de naissance : pas besoin d'user sciemment de son don pour entendre les pensées des autres. Et ce garçon pense vraiment très fort, pas une grande force mentale.
-Je n'en ai rien à faire, persifflai-je alors que Simon ouvrait la bouche, outré. Tu ne les écoutes pas, tu t'enfermes dans ta propre tête ou tu te concentres sur la mienne puisque tu m'as formée à ça. Mais tu ne les écoutes pas.
Je sentis sur moi le regard étonné de Simon plus que je ne le vis, mais je gardai le mien dardé sur celui de Miro, proprement révoltée et gênée. Il y avait trop de chose dans la tête de Simon pour que je puisse lui permettre d'y entrer et surtout je trouvais l'éthique de la pratique plus que douteuse. L'esprit était la dernière chose qui n'appartenait qu'à nous, le dernier temple sacré où toute notre identité, tous nos derniers secrets, toute notre mémoire et ces choses qui n'appartenaient qu'à nous. Y entrer était une véritable violation et c'était ce qui faisait de la legilimencie l'une des branches les plus nébuleuses et les plus grises de la magie. Miro dressa un sourcil, l'air de réfléchir à la proposition.
-On peut toujours essayer. Mais toi (il pointa un index sur Simon) Fais un effort. Les pensées parasites, c'est extrêmement désagréable pour moi. Débrouille-toi, et pense au moins à quelque chose d'agréable. Chante le God Save the Queen au lieu de t'imaginer comment j'ai tué Agata ou sorti ma femme des camps.
-Mille gargouilles mais qu'est-ce que vous avez entendu d'autre ? glapit Simon en se collant au dossier de sa chaise.
Mon grand-père fronça les sourcils et je sentis quelque chose s'appuyer à l'arrière de mon crâne. Comprenant qu'il tentait d'user de ses pouvoirs sur moi plutôt qu'ils ne s'usent seuls sur Simon, je le laissai faire sans broncher, tout en repoussant la pression pour ne pas lui laisser accéder à mes propres pensées.
-C'est diffus, j'entendais seulement des morceaux de phrases. Mais il faudra apprendre à contrôler ça, mon garçon : être aussi ouvert, c'est extrêmement dangereux en temps de guerre.
-Miro, grand Dieu, râla Jaga en revenant de la cuisine avec deux tasses fumantes. Arrête-toi un peu et laisse Victoria parler.
-Pas si c'est pour reprendre la discussion où elle en était la dernière fois, refusa sèchement Miro avant de me lancer un regard flamboyant. Je t'aime, Perelko, mais si ...
-Victoria avait toutes les raisons d'être en colère, le coupa sèchement Jaga, l'air exaspérée par son obstination. Nous lui avons menti toute sa vie, nous l'avons forcée à nous mentir, puis maintenant obligée à mentir à ses parents. Et si ma mémoire est exacte, c'est toi qui as cassé la lampe, pas elle.
De nouveau, Miro poussa un grognement d'ours agacé avant de s'enfoncer un peu plus dans son fauteuil. J'avais déjà senti à Noël que mon grand-père avait été vexé par ma réaction, mais ce n'était que maintenant que je réalisais à quel point que je l'avais blessé. Blessure partagée. J'enroulai nerveusement mes doigts entour de ma tasse de thé pour en puiser la chaleur et remplir le vide glacé qui se formait de nouveau en moi.
-Tu ne peux pas me reprocher d'avoir été dure, étayai-je avec l'appuis de ma grand-mère. Ni d'avoir été en colère ... Je pense que c'était légitime.
Miro grogna et Simon le foudroya du regard. De nouveau, une pression s'exerça sur mon crâne – sur mon esprit – et cette fois je grimaçai. Je risquai de sortir de cet entretien avec un certain mal de tête. Je frottai discrètement mon pied contre la jambe de Simon pour l'inciter au calme et poursuivis d'une voix résolue :
-Je le suis toujours, d'ailleurs. Blessée et en colère ... Mais je pense que je peux surmonter ça. J'ai fini par comprendre que ... la mort d'Agata était moins dû à ta volonté qu'à la guerre en elle-même. Qu'elle t'a forcé à changer radicalement et ... bref. Pour le bien de la famille ... On peut le surmonter.
Cette fois, ce fut Simon qui me donna un léger coup de pied pour me donner du courage alors que Miro levait sur mon un regard où se battait l'étonnement et la suspicion. Jaga porta une main à son cœur avant d'allonger le bras pour presser ma main.
-Oh, Perelko ... Merci.
Je fus assez mal à l'aise avec la reconnaissance de ma grand-mère. D'un prime abord, parce que j'étais sincère : devoir passer l'éponge si facilement me restait en travers de la gorge. Ensuite parce que je la soulageais pour lui demander plus encore. Je doutais qu'elle soit en accord avec ce que j'allais proposer à son mari. Je baissai le regard sur le liquide brun et translucide dans la tasse, histoire de rassembler mes pensées mais Simon me devança en entonnant :
-Vous avez entendu parler du retour de Vous-Savez-Qui ?
-Vous les anglais, ricana Miro avec consternation. Vous êtes vraiment de grands froussards. Est-ce que vous avez entendu des gens de l'est refuser de prononcer le nom de Grindelwald ?
-Miroslav, gronda Jaga sur le ton de l'avertissement.
L'accent qui avait percé sa voix et l'emprise que ma grand-mère pouvait avoir sur mon grand-père m'arracha un sourire. Miro échangea un regard avec sa femme qui parut le radoucir car son expression était moins bougonne, plus à l'écoute, lorsqu'il se tourna de nouveau vers nous.
-Très bien. Evidemment que j'ai eu vent de son retour, je vole La Gazette de ma voisine sorcière donc j'ai toutes les informations qu'elles donnent.
-Vous avez conscience qu'elles sont fausses pour la plupart ? fit observer Simon en dressant un sourcil.
-Pour qui tu me prends, gamin ? Dumbledore est l'homme qui a vaincu Grindelwald, il a mon respect éternel. Evidemment que je le crois lui et non pas ce chiffon acquis à un homme sans honneur ni couilles. D'ailleurs j'ai lu dans les dernières éditions qu'il avait réussi à faire fuir Dumbledore ?
Simon dressa un sourcil, entre la surprise et l'appréciation. Nous résumâmes succinctement les informations que nous avions pu avoir sur le départ précipité de notre Directeur et Miro garda longuement le silence avant d'avoir un sourire carnassier. Au moins, argua-t-il, cela permettrait à Dumbledore d'avoir les mains libres pour contrer Voldemort, une lutte clandestine sous le nez d'un Ministère aveugle. Jaga, elle, nous lorgna l'œil sombre.
-Votre Fudge, il me rappelle un peu Neville Chamberlain, fit-t-elle remarquer avant de préciser à Simon qui la fixait l'air dérouté : le premier Ministre anglais avant la Seconde Guerre Mondiale. Il a tout laissé faire à Hitler, soi-disant pour préserver la paix. Réarmer la Rhénanie, annexer la Bohème-Moravie ... Toutes les concessions, même l'inacceptable, du moment que dure la paix. Sa condescendance ça n'a certainement empêché Hitler d'envahir mon pays en septembre 1939. Peut-être que si Chamberlain avait été moins aveugle, il y aurait eu moins des miens tué dans les camps.
Elle caressa son avant-bras où je savais se situer la série de chiffre qui lui avait été tatouée sur le bras le jour de son entrée à Auschwitz. Dans un geste d'une tendresse infinie, Miro couvrit la main de ma grand-mère et Simon baissa les yeux, sans doute embarrassé par ce fragment d'Histoire. Jaga planta son regard sur moi et machinalement, ma main se porta sur la chaine qui soutenait son David. Ne les laisse pas te faire ce qu'ils nous ont fait.
-Il y a des gens qui agissent. Dumbledore ne lutte pas seul, il avait créé la résistance lors de la précédente guerre ... Il doit l'avoir fait renaître de ses cendres.
Un tic nerveux agita la joue mal rasée de mon grand-père et ses lèvres se pincèrent. Jaga leva sur lui un regard flamboyant teinté d'avertissement, comme si elle savait pertinemment ce à quoi il pensait et que ça ne lui plaisait pas le moins du monde. Ses doigts se serrèrent sur ceux de son mari.
-On en a déjà parlé, Miro. C'est notre famille qui a besoin de toi, pas le monde de la magie.
-Il se trouve que dans le cas de Victoria, les deux concordent, répliqua mon grand-père d'un ton sec pendant que Simon et moi échangions un regard entendu. Alors qu'est-ce que je fais ?
Jaga plissa ses yeux sombres en un regard inquisiteur. La lueur du soleil faisait danser des éclats dorés dans ses prunelles qui n'en paraissaient que plus inquiétantes.
-Souviens-toi de ce que la magie t'a poussé à faire, Miroslav. De ce qu'elle t'a poussé à penser ...
-C'est aussi sa magie qui t'a sauvé, mamy, lui rappelai-je d'une voix douce. Sans sa magie ... jamais tu ne serais sortie d'Auschwitz ...
L'argument était déloyal, et ce fut sans doute pour cela que les yeux de ma grand-mère se firent incendiaire. Pour éviter de les poser sur quiconque, elle but une longue gorgée de thé alors que Miro me lançait un regard où pointait la surprise et la reconnaissance. J'avais été étonnée que mon grand-père ne se soit pas lancé dans la première guerre contre Voldemort : c'était parce que Jaga l'en avait empêché.
Sauf que cette fois, la guerre étendait toute son ombre sur ma famille.
Je serrai les poings, rassemblant mes pensées et tirant ce que je voulais dire. Ce n'était pas Miro que je devais convaincre, c'était Jaga. Ma grand-mère qui avait tant souffert déjà, qui avait tant perdu ... Je devais agiter devant son nez le spectre du fait qu'elle pouvait perdre encore plus encore.
-Ecoutez, entonnai-je d'une voix peu certaine. Ça ... ça ne se limite pas à moi. La guerre, si elle prend de l'ampleur ... Elle peut impacter toute la famille alors ... (Simon me donna un nouveau coup de pied de soutien et je pris une profonde inspiration). Ce que je vais vous raconter, peu de personnes sont au courant alors ... Il faudra le garder pour vous. N'en parler ni à maman, ni à papa, ni à Alexandre. Surtout pas à Alex, en fait.
Je sentis une nouvelle pression sur mon esprit qui cette fois sembla profiter de mon trouble pour percer des voiles. Cela occasionna une douleur qui me fit fermer les yeux et grimacer et soudainement, des étincelles jaillirent dans mon esprit, des étincelles couleur de feu qui menaçait d'embraser un bûcher ... Paniquée, je m'efforçai de repousser l'assaut de mon grand-père en reprenant le contrôle de moi-même. Mais le peu perçu fit écarquiller les yeux de Miro, qui allongea le bras pour serrer le mien dans une pression où je sentais toute son inquiétude et sa colère. Son regard étincelait dangereusement d'une lueur intimidante.
-Raconte-moi. Tout.
Les accents durs et métalliques de sa voix m'arrachèrent un frisson et Simon plongea discrètement la main dans sa poche. Je le soupçonnais de vouloir utiliser la baguette la prochaine fois qu'il aurait le moindre doute sur l'utilisation des pouvoirs mentaux de Miro. Je poussai sur son genou une main rassurante mais qui manquait de fermeté avant d'entamer mon récit : le coup de pied dans les parties intimes d'Ulysse Selwyn, les représailles de son frère aîné le cinq novembre, ma magie qui me défendait, son avertissement sur le quai de gare et enfin, la relation problématique entre Melania et Alexandre. A cette révélation, Miro serra le poing et jeta à Jaga une œillade triomphale.
-Ah ! Je t'avais que cette fille était une sorcière ! Elle maîtrisait trop bien son esprit, même en l'effleurant, absolument aucunes pensées ne filtraient ! Pas normal pour une non-magique.
Ma grand-mère lui jeta un regard consterné. Tout le long de mon histoire, elle avait posé une main sur son cœur et j'avais vu toutes les émotions parcourir son visage ainsi que les fantômes hanter ses prunelles.
-Notre petite-fille nous annonce qu'un garçon qui a déjà tenté de la tuer a l'intention de recommencer et qu'il pourrait s'en prendre à notre famille dans son entièreté et tout ce à quoi tu penses, c'est te réjouir d'avoir raison ?
Le sourire de Miro se fana face à la sèche réprimande de ma grand-mère et il laissa Simon achever le récit de ses derniers jours, puisque raconter tout cela m'avait asséché le gosier et que ma gorge s'était trouvée comprimée de vivre à nouveau tous ces événements. Je bus une gorgée dont la tiédeur fut inefficace contre la boule s'émotion qui s'était de nouveau formée au creux de moi. Lorsque la voix de Simon s'éteignit enfin, Jaga se prit la tête entre ses main parcheminées et Miro planta sur moi un regard empli de tant d'émotion diverses que j'étais incapable de le lire. Au fur et à mesure, son corps de guerrier s'était tendu et ses doigts s'étaient agité, comme s'il rêvait de manier une baguette.
-Quelle immonde petite pourriture, souffla-t-il, comme pour lui-même. Je suis mal placé pour condamner, j'ai cru en les mêmes choses que lui, j'ai été aussi arrogant que lui mais ... jamais je n'aurais mis une gamine sur un bûcher, jamais je n'aurais ...
-Evidemment que tu n'aurais pas fait ça, assura Jaga en prenant sa main. Et le peu que tu avais en commun avec ce garçon est mort depuis très longtemps alors inutile d'y revenir. (Elle tourna sur moi ses yeux brillants, hésitante). Alors ... Tu as poussée Mel à quitter Alexandre, c'est ça ?
-Je suis vraiment désolée ... C'était la seule solution pour éviter que Nestor ... ne s'intéresse à un autre Bennett que moi.
-Et tu n'as pas pensé à en aviser ton frère ?
Mon cœur s'arrêta de battre dans ma poitrine face au ton neutre de ma grand-mère. Je fus soudainement incapable d'articuler quoique soit et ce fut Simon qui me sauva en expliquant :
-Vous connaissez Alex ... Non seulement il n'aurait pas laissé sa petite sœur rester seule face au danger mais en plus il se serait fichu du danger en question. Il n'est pas du genre à céder aux menaces alors ... ça nous a semblé plus prudent.
Ma grand-mère pinça les lèvres et dans ses prunelles sombres aux chatoiements d'or, je lus une certaine réprobation qui ferma définitivement ma gorge. Il eut un long moment de silence où elle et moi nous toisâmes jusqu'à qu'elle retire sa main de la mienne.
-Bien, lâcha-t-elle en un murmure. Je suppose qu'Alexandre n'aurait pas été raisonnable, en effet ... il faudra songer à remercier cette fille de sacrifier ainsi son bonheur et celui d'Alexandre pour la sécurité de notre famille ...
Il était vrai que je n'avais même pas songé à remercier Melania, réalisai-je avec une certaine gêne. Mais lui envoyer une lettre chez elle serait peut-être plus dangereux qu'autre chose. Il faudrait passer par son jeune frère. Miro avait plongé son regard au loin, songeur et finit par lâcher d'une voix rauque :
-Mais ça ne suffira pas. En juin, Victoria sera diplômée et reviendra vivre chez elle. Et quand bien même elle irait vivre ailleurs, ça ne changerait rien et ça laisserait au contraire Marian et Edward démunis si des sorciers décident de s'en prendre à eux ... (Il vrilla un regard intense dans celui de ma grand-mère et emprisonna ses deux mains dans les siennes). Mon amour, il faut que tu me laisses protéger notre fille.
Les yeux de Jaga brillèrent et ses traits se figèrent en une expression à mi-chemin entre la menace et la lassitude. Les rides sur son visage se creusèrent pour laisser apparaitre sous la femme forte la vieille personne qui avait vécu et vu tant de choses, trop de choses. Elle arracha ses mains à celles de son mari et se leva de sa chaise.
-Tu te rends compte de ce que ça impliquerait ? Si tu redeviens un sorcier, si tu reprends ta baguette ... Nous ne pourrions plus le cacher, Miro. Il faudrait parler à Marian, à Beata, leur dire toute la vérité. Penses-tu qu'elles réagiront mieux que Victoria ?
-Victoria est revenue et ... au fond, elle n'avait peut-être pas tort. J'ai toute ma vie exigée la franchise de la part de nos filles. Il est peut-être temps que je sois franc avec elles.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et une vague de reconnaissance monta en moi pour cet homme capable de risquer de perdre l'amour de ses filles pour garantir leur protection. Mais visiblement, Jaga n'était pas encore prête à faire ce sacrifice. Après avoir contemplé le portrait de sa famille décimée puis la toile qui représentait celle qu'elle avait reconstruite, elle plaqua une main sur son cœur, comme s'il se déchirait dans sa poitrine.
-Tu m'abandonnerais ... Si tu retrouves la magie, si tu t'engages dans cette guerre, je sais que tu m'abandonnerais ...
Simon produisit une légère toux qui me sembla cacher autre chose et je lui jetai un regard oblique, le cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Il observait la réaction de Miro à la dérobée, touillant négligemment son thé avec des gestes dont la nonchalance me paraissait feinte.
Je ne veux pas que tu meures, Vicky.
Si tu oses m'abandonner juste pour te venger, je me ferais un plaisir d'aller cracher sur ta tombe.
Je ramenais mon regard sur ma tasse de thé, troublée par l'écho de nos mots et de ceux de mes grands-parents. Miro se leva à moitié de sa chaise, saisi par le ton catégorique de Jaga.
-Enfin, mon amour ... jamais je ne t'abandonnerais, tu le sais ... Tu es toute ma vie ...
-Alors promets-le moi. Promets-moi que si tu récupères ta baguette, ce sera uniquement pour nous défendre. Ce ne sera pas pour aller batailler je ne sais où contre je ne sais qui.
La mâchoire de Miro se contracta, et il parut hésitant. Jaga resta droite devant lui, silencieuse et inflexible, le toisant malgré sa petite taille et son allure frêle.
-Jaga ... Le meilleur moyen de protéger notre famille, c'est de prendre le problème à la racine. Et la racine, c'est Voldemort. Alors me battre contre « je ne sais qui », c'est la meilleure chose à faire pour protéger nos enfants.
-Et si pendant que tu te bats, des sorciers profitent de ton absence pour venir chez nous et faire ce qu'ils ont à faire ? rétorqua vertement Jaga. Si en te battant tu découvrais ta famille et causait notre perte ?
-Peut-être qu'on pourrait trouver un juste milieu, proposai-je alors que mon grand-père ouvrait la bouche. Mais je pense que dans un premier temps, on pourrait se cantonner à la famille. C'est le plus urgent, surtout que ... Dans dix jours, je suis de retour à Poudlard. Alors si ça va mal, il faudra quelqu'un les aide.
-Et comment fait-t-on ça depuis ici ? s'enquit Jaga avec une sorte d'agacement.
-Il y a des systèmes magiques qui peuvent permettre de prévenir Miro si Mr. et Mrs Bennett sont attaqués, intervint alors Simon. On pourra s'arranger, mes parents seront ravis de vous aider.
Jaga lui jeta un regard irrité avant de reporter son attention sur Miro. Ils se défièrent instant du regard, l'impériosité contre la supplication. Finalement, ma grand-mère contempla de nouveau la photo de sa famille, de tout ses membres qu'une guerre lui avait arrachés et cela parut la faire vaciller. Elle prit le cadre dans ses mains et caressa le visage souriant de sa mère comme s'il avait été fait de chaire.
-Je ne laisserais pas ces gens me prendre ma famille comme les nazis l'ont fait, céda-t-elle finalement en un souffle. Mais ... Oh mon dieu ...
Elle secoua la tête, et j'eus l'impression que le poids des années et des douleurs lui tombait sur les épaules. Miro s'avança alors vers elle et passa un bras sur sa taille pendant que ma grand-mère laissait aller son front contre son épaule et agrippait ses mains à son pull. Il lui murmura quelques mots en polonais, des mots dont la douceur de la voix trahissait l'amour et la tendresse. Elle posa une main sur sa tempe, l'air étourdi. Depuis le temps, j'avais toujours pensé que rien ne pourrait ébranler ma grand-mère, mais visiblement, la perspective de revivre ce qui lui était arrivé quarante-cinq plus tôt le pouvait.
-Très bien ... Simplement ... Laisse-moi le temps. Le temps d'accepter, de me préparer. Beata et Marian, elles vont être furieuses ... Oh, Marian (elle essuya un rire tremblant qui me surprit un peu). Les murs de la maison vont trembler ...
-Bien sûr, on a le temps des vacances pour imaginer comment on pourrait s'organiser, approuvai-je, soulagée de l'acceptation de ma grand-mère. La famille de Simon travaille haut-placé au Département de la Justice, ils pourront nous aider ...
Jaga et Miro échangèrent un nouveau regard, à la fois déchiré et résigné. Je sentais encore la réticence de ma grand-mère, mais la façon dont sa main était crispée toujours sur le cadre montrait sa détermination à garder sa famille intacte. Elle se rassit avec lourdeur, une main sur la tempe, l'air à bout de force et mon cœur se serra. C'était insoutenable de demander une telle chose à ma grand-mère ... Mais une partie égoïste de moi était soulagée qu'elle ait accepté et que je ne me retrouve pas l'unique sorcière de la famille à lutter contre ce qui se passait.
-Quelle famille ? demanda Miro avec un regard incisif pour Simon. La Justice Magique, ce n'était pas un Croupton y'a quelques années ?
Simon recula encore un peu plus sur son siège, comme si une distance plus grande pouvait permettre que Miro ne lise pas dans ses pensées. Mais comme je sentais son esprit appuyer contre le mien, je présageais que non et que les peurs de Simon rendaient ses songes beaucoup trop vivaces.
-Vous êtes bien informés mais ... c'était il y a quinze ans, ça. C'est ma tante, Amelia Bones, qui est à la tête de la Justice Magique, maintenant.
Un sourire entendu s'étira sur les lèvres de Miro et il posa sur Simon un regard presque nostalgique. Il se laissa retomber sur sa chaise avec un petit rire.
-Je me disais bien que tu ressemblais à quelqu'un ... J'ai habité à Terre-en-Landes, avant de céder la maison à Marian. Les journaux des Bones, ça a été les premiers que je volais. Celui de ton grand-père, Nicholas, un brave type. C'est justement parce que je sentais qu'il commençait à avoir des soupçons sur moi que j'ai quitté cette ville. Ironie du sort, j'ai appris sa mort quelques mois plus tard ... C'était sa femme je pense qui était la carriériste, je la voyais assez peu, comme les enfants, ils étaient à Poudlard la plupart du temps.
Ça me faisait un drôle d'effet d'apprendre que mon grand-père avait conservé et estimé le grand-père de Simon, mort très tôt pendant la guerre des sorciers. Et ça me faisait encore plus étrange de songer que, si ses enfants s'étaient mêlés aux moldus, ma mère aurait pu grandir avec Amelia et George Bones comme j'avais grandi avec Simon. Jaga se redressa brusquement et dévisagea Simon d'un œil neuf et brillant. Ses doigts caressèrent son cadre, les membres de sa famille disparue alors qu'elle fixait toujours le garçon en face d'elle.
-Tu es le petit-fils de Nicholas, c'est vrai ?
-Euh, oui, répondit Simon, un peu surpris.
Un sourire amer s'étira sur les lèvres de ma grand-mère et elle vrilla ses yeux sur moi, comme pour me demander confirmation. Mon cœur manqua un battement et l'envie de céder à la gamine et de me jeter toutes griffes dehors sur Simon me reprit.
Même ma grand-mère savait. Même ma grand-mère qui avait vu Simon deux fois dans sa vie savait ce que j'avais toujours ignoré. De nouveau, j'avais l'impression qu'il m'échappait, il devenait brume sous mes yeux, qu'il perdait contenance ... et qu'une partie de moi s'effondrait. Je portai une main sur mon cœur qui s'était mis à battre à un rythme anormal, cognant beaucoup trop forte contre mes côtes, si bien que je n'entendais plus que ça.
Jaga n'insista pas, mais son regard se porta assez régulièrement sur Simon pendant que Miro et lui évoquaient les possibilités pour son retour dans le monde sorcier. La mort d'Agata ne poserait pas problème puisque quelqu'un avait été condamné à sa place en Pologne. Apparemment, pour un adulte, il fallait une autorisation du Ministère pour pouvoir se racheter une baguette – certificat de vol ou de casse à présenter à Ollivander. Miro commença à évoquer l'idée de retourner dans l'est pour acheter la sienne chez celui qui, selon lui, était le meilleur fabriquant de baguette, Gregorovitch, mais Jaga répondit sèchement qu'il n'en était pas question, que s'il avait une baguette il aurait une baguette bien anglaise et qu'il était hors de question qu'il parte à l'aventure. Bougon, Miro quitta la table pour la cuisine et Jaga me fit un discret mais sec mouvement de la tête pour m'inciter à le suivre. Intimidé par le regard intense de ma grand-mère, je me dépêchai d'obtempérer et abandonnai Simon à elle sans oser le regarder. Mon grand-père faisait la vaisselle avec des gestes brusques et peu précis, ce qui me fit dire que, bien qu'il soit sans magie depuis des années, il ne s'était toujours pas habitué à la tâche. Il me jeta un regard à la dérobée avant de le plonger de nouveau dans l'eau savonneuse.
-Désolé, je ne veux pas entrer dans la tête des gens. Mais ton ami pense très fort, il va vraiment falloir qu'il se contrôle. Toujours est-il que j'ai pu entendre deux trois choses ... Sale histoire. Pas trop mal à la tête ?
-Un peu, avouai-je en me frottant un point entre mes sourcils particulièrement douloureux depuis quelques minutes. Je te demanderais bien de l'aspirine, mais je pense que ça ne marche pas sur les sorciers ...
-Non et c'est une atrocité. Alors quand j'ai mal à la tête, je vais m'allonger.
Je me trémoussai, mal à l'aise. Je n'avais pas songé à tous les aspects techniques de la vie de Miro que pouvait entrainer sa cessation de la magie. La physionomie des sorciers était différente de celle des moldus : leurs médecines étaient inefficaces pour nous et nous ne contractions pas les mêmes maladies. Pendant des années, Miro n'avait pas eu accès à ses propres médecines et j'admettais que cela avait dû être douloureux qu'attendre que les maladies passent sans rien pouvoir y faire. Je me hissai sur le plan de travail et laissai mes jambes pendre dans le vide.
-Ecoute ... Je suis désolée d'avoir ... réagi violemment, la dernière fois. C'est juste ... c'était douloureux à entendre.
Miro garda un instant le silence, avant de vider l'évier et de se sécher les mains, sans m'adresser le moindre regard. Sa crinière argentée avait été coupée depuis la dernière fois : elle était plus soignée, réduisant quelque peu sa ressemblance avec l'ours.
-C'était douloureux à recracher aussi, perelko. En un sens, j'ai un peu fait la même chose que Simon pendant des années. J'ai enfoui, enfoui, enfoui ... jusqu'à me persuader que ce n'était pas lé vérité.
-Je suis désolée. Je ne dis pas d'ailleurs que c'est digéré, ça ... ça me reste en travers de la gorge, l'idée que tu m'aies caché ça et que tu m'aies obligé à me cacher aussi.
Miro pivota à moitié vers moi, un sourcil dressé avec une certaine suspicion.
-Et pas pour Agata ?
Ma bouche se tordit, indécise. Bien sûr, Agata restait comme un poignard plongé à blanc plongé dans mes entrailles. Parce qu'il l'avait tué. Parce qu'à cause de ça, j'avais failli mourir également de la baguette de Kamila. Mais Agata, ce n'était pas la volonté de Miro. Agata, c'était le fil inéluctable du destin qui s'était tissé par la guerre, les choix des uns et des autres et qui avait mené à ce duel à la mort. Ce n'était pas de la malveillance, c'était de la survie. Et plus j'avais réfléchi à ce que j'aurais fait à la place de Miro, plus j'avais senti mes résistances fondre.
J'ignorai totalement si j'étais capable de jeter un tel sort pour sauvegarder ma vie. Mais celle des autres ... Mes doutes avaient vacillé. Je n'aurais pas été Miro, mais je me sentais capable d'être Agata, cette femme prête à tuer l'homme en face d'elle pour la survie de sa famille. Et comme je ne voulais réellement savoir si j'en étais capable, capable de déchirer mon âme, capable du pire de la magie, j'avais préféré arrêter là ma réflexion et ... passer sur Agata.
Je ne voulais pas découvrir ça. C'était une partie de moi que je préférais ne jamais effleurer.
-Tu as jeté le sort, mais tu y as été poussé, finis-je par admettre, la bouche sèche. C'est moins un choix que la guerre.
Un sourire amer s'étala sur les lèvres de Miro, et rangea tranquillement le torchon avec un rire sinistre.
-C'est gentil de vouloir me dédouaner, perelko, mais on sait tous les deux que c'est faux. J'aurais pu ne pas jeter ce sort, mais je l'ai fait. (Ses doigts se serrèrent sur les bords de l'évier). Je ne suis même pas sûr d'être capable de faire de la magie, Victoria. Ça fait tellement longtemps ... et après le meurtre d'Agata, ma baguette n'avait plus confiance en moi. Mes sorts étaient imprécis, sans puissance ...
-Tu es quelqu'un d'autre, maintenant. Tu auras une autre baguette, avec un autre but. Dumbledore nous a souvent dit que l'amour était le vecteur le plus puissant, le plus beau, le plus efficace de magie alors ... peut-être que ça va te stabiliser. De faire ça ... par amour.
Miro me contempla longuement, le regard brillant de ce qui me semblait être l'espoir et une lueur plus inquiétante, l'avidité. La magie avait hâte d'à nouveau sortir et le guerrier de se précipiter dans la mêlé.
-Je suis désolé aussi, perelko. Peut-être que si tu avais su que j'étais un sorcier, les choses auraient été différentes ... J'aurais pu te former et ce qui t'ait arrivé durant ta première année ... ne serait pas arriver.
-J'avais les Bones pour me former, ne t'en fais pas. Je pense que quoiqu'il arrive, l'univers a décidé que j'aurais des ennuis avec la famille Selwyn. Mais ... je ne peux pas me cacher éternellement derrière les Bones. Ils ... ils ont déjà trop sacrifié.
-Et moi je peux, c'est ça ?
La phrase me figea, mais je me détendis en remarquant que mon grand-père souriait, un éclat tendre et féroce dans le regard. Il incarnait tant l'amour et la sécurité que j'eus envie de céder à Perelko et me précipiter sur lui pour m'enfouir dans ses bras, qu'il m'assure que tout irait bien, mais les mensonges et Agata m'en empêchèrent. Miro se trémoussai d'un pied à l'autre, visiblement victime de la même hésitation que moi. Comme si Agata avait érigé un mur infranchissable mais dont la transparence nous permettait de nous comprendre.
-Evidemment que je serais capable de le faire, souffla Miro. Vous êtes toute ma vie ... Je ne peux pas laisser un jeune blanc-bec la détruire.
-Reprendre une baguette ne t'autorise pas à tuer le jeune blanc-bec en question, prévins-je, prise d'un doute soudain. Je connais un peu Amelia Bones : si elle sent que tu es dangereux, elle ne t'autorisera pas à en reprendre une. Et je doute que Jaga soit d'accord.
-Je n'en avais pas l'intention, répliqua Miro d'une voix qui avait soudainement gagné en dureté. Je ne t'en fais pas, Victoria. Cette fois, je ferais les choses bien. Mais je pense également que tu as une vision beaucoup trop optimiste de la guerre, ma chérie. C'est noir, la guerre. C'est là où tu découvres soit le meilleur de toi ... soit le pire. Souvent le pire. Prépare-toi à cela. Moi je n'y étais pas préparé et j'ai été brisé.
Les mots tombèrent comme une pierre dans mon estomac et je hochai la tête avec raideur. Mes réflexions sur Agata me l'avait appris et c'était bien pour cela que j'avais décidé de ne plus y songer, de peur de me perdre. Nous nous contemplâmes encore un moment en silence, entre reconnaissance et non-dits, jusqu'à ce que Miro grimace et ne se retourne pour fouiller les armoires.
-Il faut vraiment faire quelque chose pour le petit, qu'il apprenne à canaliser ses pensées, maugréa-t-il avec un regard dédaigneux pour la fenêtre. Sérieusement, on ne vous apprend rien dans votre école ?
-Actuellement, non. Notre professeur de Défense contre les Forces du Mal est une bureaucrate qui n'est là que pour faire appliquer les décisions du Ministère et refuse qu'on fasse de la magie.
Miro se redressa brusquement, stupéfait et ce faisant il se cogna violemment la tête contre une porte de placard laissée béante. La scène m'arracha un petit rire qui s'étouffa dans ma gorge quand il darda sur moi un regard mauvais de ces prunelles si claires et dérangeantes.
-Pas de magie ? En cours ?!
-C'est absurde, mais c'est comme ça. Apparemment, Fudge ne veut pas qu'on soit formé aux sortilèges offensifs sous la houlette de Dumbledore, mais même maintenant que Dumbledore est parti, je doute que ça change.
-Mais qu'est-ce que c'est que cette école, écuma Miro, proprement choqué. Et qu'est-ce que c'est que ce ministre ! Il attend quoi, pour agir, une catastrophe ?
A dire vrai, la catastrophe était déjà arrivée sous la forme de l'évasion d'une dizaine de Mangemort, songeai-je amèrement. Pourtant, et malgré le retournement d'opinion d'une partie de la population, selon Rose, Fudge continuait d'être aveugle. Au contraire, plus il sentait la situation lui échappait, plus ses mains s'accrochaient à ses illusions et à son fauteuil de Ministre. Miro continua de jurer en anglais et en polonais tout en ouvrant les placards avant d'en ressortir une boite de chocolat semblable à celle qu'il avait englouti avec ton thé. J'eus un sourire incertain.
-Je n'aime pas les chocolats à la liqueur, mais c'est gentil.
-Il en a aussi à la praline et au lait. Et ne me fais pas croire que tu es capable de résister à du chocolat, Perelko.
Le pétillement dans les yeux de mon grand-père acheva de faire fondre mes résistances et je me laissai tomber à terre pour prendre la boite, émue par l'attention. Ce n'était rien, mais c'était également toute notre identité, toute notre relation.
-Tu partageras avec le gamin, ça lui fera du bien. Et surtout, dis-lui de contrôler ses pensées. Il ne doit pas être très bon en sortilège informulé, non ?
Simon était bon en tout, faillis-je protester avant de refermer la bouche. J'avais le souvenir d'un duel l'année dernière pendant le cours de Maugrey où j'avais réussi à le désarmer parce qu'il n'avait pas tenu et prononcé sa formule. Quand il était au calme, il y arrivait sans problème, mais mis sous pression, ses faiblesses le rattrapaient. Miro tapota mon épaule d'un air entendu et j'eus l'impression de recevoir une décharge électrique.
-C'est bien ce que je pensais. Mais c'est comme tout, ça se travaille. Travaille aussi, Perelko, ne reste pas démunie. D'accord ?
Lentement, j'acquiesçai, incapable d'émettre le moindre mot. De toute manière, je n'aurais su que dire. Merci ? Pardon ? Ne m'appelle plus Perelko ? Alors je me contentais d'un sourire qui n'en n'était pas un et, pressant la boite de chocolat contre moi, je sortis de la cuisine, sous le regard déchiré de mon grand-père. Les tasses de thé avaient été abandonnées sur la table et la baie vitrée qui menait à la plage était grande ouverte. Pourtant, Jaga était dans le salon, ses lunettes chaussées sur son nez osseux et son roman à la main. Elle leva sur moi un regard neutre.
-Tu t'en vas ?
-Je pense ... où est Simon ?
-Parti dehors, il t'attend. Tu vas revenir nous voir ?
Il y avait une teinte d'avertissement dans la voix de ma grand-mère. Ne me lance pas ce genre de bombe pour m'abandonner derrière, ma fille, semblait crier son attitude. Et comme elle avait entièrement raison et qu'il était hors de question que j'abandonne ma grand-mère à son sort, je me penchais vers elle et m'embrassai doucement sur la joue.
-Je te le promets, murmurai-je en me redressant. A plus tard.
Les épaules de Jaga s'affaissèrent et elle m'adressa un faible sourire avant que je ne passe la baie-vitrée pour rejoindre Simon, la poitrine compressée. Il s'était planté sur la plage, le regard sur la mer, laissant le vent lui ébouriffer les cheveux à n'en plus finir. Il m'entendit arriver et, sans même me regarder, commença à se mettre en marche, si vivement que je dus courir pour le rattraper. C'était absolument détestable qu'il ait à présent de plus grandes jambes que les miennes et le mal de tête qui s'accroissait rendait ma course lente et molle. Je profitai du fait qu'il ralentisse pour ouvrir la boite de chocolat, espérant gagner avec le sucre un peu d'énergie qui atténuera le point de pression qui s'était formé entre mes sourcils.
-Merci d'être venu, c'est sympa, entonnai-je d'un ton badin, pour libérer ma gorge comprimée par l'émotion. Un chocolat ?
Sa mâchoire se contracta et je ramenais la boite vers moi en comprenant qu'il n'en voudrait pas. J'ignorais le peu qu'ils avaient pu se dire avec ma grand-mère, mais visiblement ça n'avait pas été de son goût car il shoota dans une bouteille vide qui avait le malheur de trainer sur la plage pour asséner d'une voix tendue :
-Alex habite loin ?
-Euh, on devra transplaner, évaluai-je en piochant dans la boite un chocolat que j'examinai d'un œil critique. Il habite en ville, lui ...
Je croquais dans l'ovale du chocolat et un goût amer et âpre dans ma bouche. Immédiatement, je recrachai le contenu sur le sol et Simon fut un bond pour m'éviter.
-Chocolat à la liqueur, m'étranglai-je en avalant ma salive pour faire passer le goût. Bon sang, c'est immonde ...
-La vie est un peu juste, au moins, railla Simon avec un rictus féroce.
Je le fusillai du regard, la boite de chocolat ouverte à la main et toujours cette sensation désagréable dans la bouche. Si ça n'avait pas été un cadeau de mon grand-père et que le reste des friandises n'avait pas été mangeable, ladite boite aurait fini assénée sur la tête blonde de Simon. Si la vie était réellement comme une boite de chocolat, j'estimais avoir déjà assez englouti de chocolat à la liqueur pour qu'on se réjouisse que j'en tombe encore sur un autre.
-Pardon ?
Les lèvres de Simon se tordirent et il laissa son regard vagabonder vers les flots qui s'écrasaient avec toujours plus de violence sur la plage.
-Arrête, Vicky. Je suis presque certain que tu as fait exprès de me laisser seul avec ta grand-mère et ça, c'était vraiment un coup bas. Et je ne parle pas de ton grand-père et de sa légilimencie ... Tu espérais apprendre quelque chose, c'est ça ?
Définitivement, il avait de la chance qu'il y ait du chocolat praliné dans cette boite. Alors je me contentais d'y crisper un peu plus les doigts devant sa mine fermée et son ton cynique. Pour échapper à la tentation de gâcher le chocolat et de l'assommer avec la boite, je repris ma marche d'un pas énervé.
-C'est vrai que j'aurais proposé qu'il tente d'entrer dans ma tête plutôt qu'il se concentre sur toi pour avoir de plus amples informations ...
-Vicky ...
-Quoi ? m'exaspérai-je en faisant volte-face. Oui, ça m'arrangeait que tu parles avec ma grand-mère, je veux bien l'admettre, parce qu'elle est sans doute la personne dans mon entourage qui a une expérience qui se rapproche le plus de la tienne. Je ne sais pas ce qu'elle a bien pu te dire, mais tu ferais bien de l'écouter, elle est la personne la plus forte que je connaisse ! Mais ne viens pas me dire que j'ai utilisé mon grand-père pour te piéger ou quoi, sinon je t'écrase cette boite sur la tête ! Et sache que ça te fera moins mal que ce qu'il s'est passé dans la mienne !
Simon leva les yeux au ciel mais je fus satisfaite de voir ses épaules s'affaisser et son visage se détendre. Je perçus un vague mouvement au niveau des poches de sa veste dans lesquels il avait fourré ses mains et compris qu'ils se les tordaient.
-D'accord, souffla-t-il, penaud. C'était ... prévenant de ta part et je me doute que ça ne devait pas être agréable ... Juste ... il est entré ... ?
-Il n'a pas réussi.
Je ne sus que penser de l'étonnement qui brilla fugacement dans les yeux de Simon. Sans doute avait-il songé qu'à force de pousser, mes résistances auraient été brisé par l'intrusion de Miro. Un sourire sarcastique retroussa mes lèvres.
-Et tu ferais bien de m'imiter, visiblement.
La bouche de Simon frémit, vaguement amusée avant de se plisser en une mince ligne soucieuse. Il baissa de nouveau le regard sur le sable et son pied y dessina des motifs indistincts, mais le pli entre les sourcils trahissait sa concentration.
-Elle ne m'a pas dit grand-chose, finit-il par avouer en achevant son dessin d'un trait. Elle m'a juste parlé ... de ce qu'il s'est passé pour elle après les camps, qu'elle ... (sa voix se brisa et il dût tousser pour achever : ) que si ton grand-père ne l'avait pas retrouvé, elle se serait sans doute jeter d'un pont alors qu'elle était enceinte. Je pensais que c'était pour me faire comprendre à quel point Miro était son pilier, à quel point elle ne voulait pas s'engager dans la guerre ... Mais ...
Adoucie par le désarroi dans la voix de Simon et l'intensité de son regard qui fixait toujours son dessin comme s'il contemplait autre chose, je m'approchai doucement de lui et posai une main sur son bras. Le contact le fit tressaillir et il poursuivit, les paupières closes.
-Elle a dit qu'elle avait songé après tout ce qu'elle avait vécu que sa vie avait bien peu de valeur. Que peu importait, que tout était vain ... qu'on fait elle n'était ... qu'ombres et poussières ...
-Elle a volé mon expression.
La plaisanterie arracha un léger sourire aux lèvres de Simon et il rouvrit les yeux sur le sable et les sillons creusés sur son pied. Je baissai le regard pour lire le dessin, assez simpliste et géométrique, mais Simon le fixait comme s'il pouvait lui faire prendre vie. L'or du sable se reflétait dans ses prunelles vertes alors qu'un film de larme lui couvrait la cornée.
-Vicky, tu as dit que je valais mieux que de l'ombre et de la poussière mais ... je n'en sais rien ...
-Hey. (Je raffermis fermement ma prise sur son bras, si bien que je le vis grimacer). Arrête de dire ça, évidemment que tu vaux mieux que ça. Ta vie ne tourne pas autour d'un drame qui s'est joué alors que tu n'étais qu'un gosse ... Tu as réussi à être quelqu'un toutes ses années ...
-Parce que j'avais oublié ... Maintenant tout revient et ... Je n'en sais rien ... C'est comme si une partie vide de moi se remplissait avec de la douleur et de la colère ... et le seul moyen que j'ai trouvé pour la calmer c'est ...
Il préféra ne pas poursuivre, le timbre broyé et leva le visage vers le ciel – pour atteindre sa famille perdue ou pour refouler les larmes, je n'aurais su le dire. Mais mon cœur saigna quand je compris ce qu'il y avait au bout de cette phrase. La vengeance. Je voulus presser un peu plus son bras de mon autre main, mais je me rappelais qu'elle tenait toujours la boite de chocolat que je contemplai d'un œil vide. Je la secouai pour entendre ce son empli de gourmandise et d'espoir, de cette boite encore pleine de surprise, agréable ou douloureuse et un léger sourire fleuri sur mes lèvres malgré la détresse de Simon à côté de moi.
-Tu peux remplir cette partie vide autrement, soufflai-je alors en pressant son bras avec douceur, avant d'agiter de nouveau la boite. « La vie, c'est comme une boite de chocolat : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ». Tu as sans doute mangé un peu trop de chocolat à la liqueur, je te l'accorde ... (Simon essuya un rire désabusé). Mais ... ça veut dire qu'il reste encore plein de bons chocolats à prendre dans ta boite. Des bonnes choses pour remplir la partie vide de toi, pour lui donner un sens ... Pour faire de toi quelqu'un de mieux que de l'ombre et de la poussière. Mais pour ça, il faut que tu arrêtes de sonder le vide et regarder les parties pleines de toi. Elles sont ton identité, ce que tu es. Et elles sont réelles. Aussi réelles que tu es le fils d'Edgar et Cassiopée Bones. Tes parents étaient forts, Simon. Et au lieu de puiser dans la douleur, dans l'ombre et la poussière, c'est leur force que tu dois puiser.
Je laissai ma main glisser le long de son bras pour se nicher dans la sienne et serrer ses doigts, comme pour ancrer physiquement le message. Une unique larme avait roulé sur la joue de Simon et il ne chercha pas à l'essuyer, ni à me la cacher. Après un long moment de silence, je sentis sa main s'aventurer dans mon dos et enlacer timidement ma taille. Je le laissai m'attirer à lui et nicher son nez dans mon cou, son souffle saccadé se répandant dans mes cheveux et réchauffant ma peau, apaisant les frissons que le vent provoquait. Je nouai mes mains à l'arrière de son dos, sur la boite de chocolat qui m'avait été si utile, debout malgré les bourrasques qui tentaient de nous faire vaciller. Et malgré moi, malgré la poitrine de Simon qui se soulevait toujours à un rythme irrégulier et son cœur qui battait sourdement contre le mien, un sourire absurde s'étira sur les lèvres.
Au fond de moi, j'avais toujours su que le chocolat était une réponse universelle.
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