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II - Chapitre 21 : "Vous avez choisi le déshonneur ..."


Ladies and Gentlemen s'il y en a ! 

Déjà je tiens à vous dire un IMMENSE merci pour vos commentaires du dernier chapitre, ils m'ont tous énormément touchés, réellement ! J'espère que vous avez eu le temps de vous en remettre, on va essayer de faire redescendre un petit peu la pression dans les prochains chapitres ... 

Encore un grand merci, j'espère que vous allez bien ainsi que vos proches ! Bonne lecture ! 

PS : le titre est une citation de notre ami Winston Churchill, faite, il me semble, en 1938 face aux concessions de Neville Chamberlain (Premier Ministre anglais à ce moment) face à Hitler. Ah et il y a une citation de Léon Gambetta aussi quelque part, la citation complète c'est "quand le peuple aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre" (j'adore ces deux citations) 

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La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. 

- Article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, 1789

***

Chapitre 21 : « Vous avez choisi le déshonneur ... vous aurez la guerre ».

Je ne sus dire combien de temps nous étions restés sur ce pont, enlacé, à contempler la pluie battre le Lac Noir, à chercher notre souffle et à pleurer. Mais nos larmes et celles du ciel finirent par se tarir et lorsque nous avions repris notre chemin en direction du château. Cette nuit-là, je dormis une nouvelle fois avec Simon, sans le moindre remord, simplement pour être certaine qu'il s'endorme, se repose, se régénère. J'en fermais à peine l'œil de la nuit, à l'aguet du moindre frémissement qui pouvait traduire un cauchemar, mais la nuit fut plutôt calme. Ce fut également la première fois que je séchais les cours : ni lui, ni moi n'entendîmes le réveil ce lundi matin. Ce fut Simon qui me réveilla en me secouant sans ménagement à midi passé, réveil si brusque que je le gratifiai d'un coup de poing dans le nez.

-Tu m'as fait sécher, gémis-je une fois apprêtée, mon sac de cours à la main. C'est de ta faute si j'ai tant de sommeil en retard ! Franchement Bones, je ne comprends pas pourquoi je ne t'ai pas déjà arraché les yeux ... En parlant de ça ! (Je fis brusquement volte-face en pointant un index accusateur sur lui). Je te dois un arrachage d'yeux !

Simon poussa un profond soupir. Ça faisait dix minutes que j'étais dans ma chambre à me préparer et je l'avais retrouvé allongé sur son lit, habillé, certes, mais sans cravate ni chaussure. Mes yeux furent plissés par la suspicion.

-Bones. Ote-moi un doute. Tu viens bien en cours avec moi ?

Le silence de Simon fut particulièrement éloquent, comme la façon dont il se tordit les mains. Exaspéré, je pris lâchai mon sac, pris une chaussure et la lui jetai sèchement. Il se redressa vivement avec un cri, une main sur les côtes que la chaussure avait heurtées, outré.

-Vicky !

-Arrête de te cacher ! Tu vas mieux, tu peux parfaitement venir en cours ! Si tu continues à être absent, Ombrage sera ravie de mettre un blâme dans ton dossier et comme malgré tout elle a un certain poids, ça comptera ! En plus on a Botanique et Métamorphose : Chourave et une matière que tu adores, donc tu vas me faire le plaisir de mettre tes chaussures et ta cravate et de me suivre en cours ! Et plus vite que ça, j'ai l'impression d'être ta mère ... !

Je m'interrompis si vite pour éviter le bredouillage que j'eus l'impression d'avaler ma langue. Mon agacement dégonfla aussitôt pour ne laisser qu'une gêne honteuse. Mais Simon eut un léger sourire, indulgent et je fus à la fois surprise et rassurée de le voir se pencher pour prendre ses chaussures.

-Ne t'en fais pas, tu n'es pas ma mère, elle est plus gentille que toi, se moqua-t-il doucement. Mais bon, tu as raison, je suppose qu'aller dans ces cours ça ne sera pas insupportable ...

Je ne répondis rien, trop soulagée de le voir redevenir raisonnable mais aussi gênée de la façon dont il avait si facilement répliquer. Il n'y avait qu'aucun doute : jamais son esprit n'a effleuré que « la mère » puisse être associé à Cassiopée, et non à Rose. Hier, nous avions tellement la volonté de reprendre nos esprits que nous n'avions pas reparlé posément de cette histoire – du fait qu'il m'avait caché toute notre vie son identité, que le déni qu'il s'imposait était un véritable poison dans son existence ... Je me trémoussai, embarrassée et je finis par demander du bout des lèvres :

-Tu ne penses pas que ... Tu devrais arrêter les appelés par leurs prénoms ? Tes parents, précisai-je devant le regard interrogateur de Simon.

Après m'avoir contemplé une seconde, Simon acheva de faire ses lacets avec des gestes plus rageurs qui marquait que la question l'avait énervé.

-Tu vois, c'est aussi pour ça que je voulais que tu ne saches rien, maugréa-t-il en se redressant pour mettre sa cravate. Parce que je sais que maintenant, tu ne vas plus me lâcher ... Susan, au moins, elle avait peur tellement peur de me faire du mal qu'elle abandonnait vite la partie ...

-Oui, bien je ne suis pas Susan et je n'ai pas peur de te faire de mal. C'est même plutôt ma spécialité. Bon sang, Simon, ça ne t'a pas appris une chose, tout ce qui se passe ? Ce n'est pas enfoui. Ça attend la moindre faiblesse pour sortir et quand ça sort ça le fait avec une puissance monstre. Je comprends que ça soit extrêmement difficile, convins-je alors qu'il ouvrait la bouche pour répliquer. C'est pour ça qu'il faut commencer avec des petites choses, comme ... arrêter de les appeler par leurs prénoms ?

-Et arrêter d'en parler sans cesse ? railla Simon une fois le nœud de cravate achevé.

-Je pense que ça dépendra de ta bonne volonté dans l'exercice.

-Tu es usante !

Il prit vivement mon sac de cours et me dépassa pour se rendre dans la Salle Commune. J'eus un léger sourire devant sa fuite. Il n'avait rien répondu, c'était qu'au fond de lui il savait que j'avais raison. Ce n'était pas que pour lui, également. Moi aussi j'avais besoin de ça pour parfaitement assimiler que le garçon que je pensais connaître depuis toujours n'était celui que je pensais être. Pendant un affreux instant, Simon Bones, l'un des piliers de ma vie, était devenu un fantôme à peine reconnaissable que je peinais à saisir. Même maintenant que tout était clair, il me semblait qu'il était encore nappé de brume, comme s'il était en train de se recomposer. Mais la bonne nouvelle dans tout ce chamboulement, c'était que ma capacité de nuisance à son égard restait intacte et que j'étais encore l'une des rares personnes à pouvoir le faire plier. Alors je récupérais mon sac et je rejoignis d'un pas bondissant avec un air réjoui qui devait lui être absolument insupportable. Nous parcourûmes les couloirs en silence jusqu'à qu'il ne s'arrête brusquement devant la salle du professeur Flitwick, les sourcils froncés.

-Elle a passé un nouveau décret ?

-Celui des profs ? Tu ne l'avais pas vu ?

-Si, celui-là je l'avais vu. Je parle du numéro vingt-sept.

Il pointa l'écriteau cloué à la porte de la salle sur lequel je pus lire : « Par ordre de la Grande Inquisitrice : tout élève surpris en possession du magazine Le Chicaneur sera renvoyé, conformément au décret d'éducation vingt-sept ». Mon sang ne fut qu'un tour.

-Parce que maintenant elle interdit les journaux ? m'écriai-je, hors de moi. Seigneur, on va de plus en plus loin dans l'atteinte aux libertés fondamentales des droits de l'homme, et la liberté d'expression et d'opinion en est une ! C'est scandaleux !

-Et c'est surtout incompréhensible, personne ne lit Le Chicaneur, enchérit Simon, perplexe. C'est idiot de l'interdire, à moins que ... Hum ... (Il posa une main sur mon épaule avec un sourire sarcastique). Puisque la dépouille de journaux est ta spécialité, tu vas pouvoir nous dégotter le dernier exemplaire sorti du Chicaneur ?

-Ah, ah, lâchai-je sombrement en fauchant son bras. Très drôle. Dépêche-toi, on va être en retard en Botanique. Ce panneau me déprime.

Avec une moue dépitée, je le suivis dans les couloirs, passablement morose. Décidemment, rien n'allait jamais dans cette école ...

Simon fut accueilli chaleureusement en entrant dans la serre numéro trois : Chourave battit des mains, le visage radieux et répéta au moins dix fois durant le cours qu'elle était absolument ravie de le revoir. Les jumeaux Weasley lui serrèrent la main avec un grand sourire et je faillis éclater de rire lorsqu'Octavia vint le voir pour planter un baiser sur sa joue – il ignorait qu'elle m'avait aidé et qu'elle était parfaitement au courant de ce que j'avais appris. Mais je faillis en revanche pleurer lorsqu'Emily se précipita vers lui pour se pendre à son cou et que Simon referma ses bras sur elle avec automatisme. Je n'entendis pas ce qu'elle lui murmura à l'oreille, mais Simon en resserra sa prise sur elle – et connaissant son peu d'amour pour les cajoleries et ses rapports difficiles avec Emily en ce moment, c'était dire son besoin d'affection. Nous passâmes un cours agréable avec Roger et elle, dont les sourires qu'ils échangeaient n'avait pas trompé Simon une seule seconde. Je remarquai cependant qu'une certaine agitation inhabituelle régnait dans la classe : Renata et Mathilda chuchotaient avec animation au-dessus de leur bac de terreau et j'entendis Emily lancer à Roger, agacée :

-Non, je ne lirais pas cet article. Plutôt mourir que de lire une sornette de plus ... Je vais plutôt m'avancer sur mon dossier pour la formation de Langue-de-plomb ...

Mais quand j'interrogeai Roger du regard, il se contenta de hausser les épaules et de retourner à sa plante à pipaillon. Peut-être que l'article dont parlait Emily et qui semblait l'avoir replongée dans sa mauvaise humeur était issu du Chicaneur ... Simon avant raison, il faudrait mettre la main dessus – malgré l'interdiction. La cloche finit par sonner et Chourave me retint une minute pour me remercier d'avoir ramené Simon en cours. Avec un sourire gêné, je me détournai. Miles m'attendait à la sortie et j'enroulai mes doigts aux siens avant d'entreprendre de traverser le parc.

-Il t'est arrivé quoi ce matin ? s'enquit-t-il en me tenant la porte pour que je puisse entrer. Panne de réveil ?

Je sentis mes joues s'échauffer et bredouillai vaguement que c'était cela. Je profitai de passer devant les toilettes pour m'asperger le visage d'eau, avant d'attraper l'émaille du lavabo. Miles n'était pas un idiot. Une autre personne n'était pas venue en cours et c'était Simon. Je ne pouvais pas décemment lui avouer que j'avais passé la nuit à vérifier qu'il dorme bien ... Simon et moi avions peut-être une relation particulière, mais je doutais que cet aspect-là soit du goût de Miles. Pourtant, j'étais déterminée à récidiver jusqu'à être certaine que Simon ait totalement récupérer. Cela faisait-ce de moi une mauvaise petite-amie ? La porte des toilettes claqua derrière moi et je m'empressai de me mettre en mouvement.

-Victoria ? J'ai vu que tu étais entrée ...

Je me tournais pour voir Hermione Granger, son sac de cours pressée contre elle, tenant encore la poignée de la porte qu'elle venait de fermer. Je m'efforçai de sourire à la préfète.

-Salut Hermione. Comment tu vas ?

-Plutôt bien, répondit-t-elle d'une voix qui me parut distraite en s'avançant vers les lavabos. Et toi ?

-On va dire que ça va, soupirai-je face au miroir. Et dans les circonstances actuelles, c'est le mieux que je puisse faire.

Hermione esquissa un petit sourire, comme entendu, signalant qu'elle comprenait parfaitement mon ressenti – peut-être même qu'elle le partager. Elle paraissait effectivement extrêmement nerveuse alors qu'elle se lavait les mains, se mâchouillant la lèvre inférieure. Elle tenta de remettre de l'ordre dans sa broussailleuse chevelure brune d'un geste qui manquait cruellement de naturel. Alors que je m'apprêtais à m'en aller après m'être consciencieusement lavé les mains, sa voix s'éleva de nouveau :

-Dis ... Tu te souviens, l'année dernière ? Tu m'as demandé si Harry m'avait dit ce qu'il s'est passé ... la nuit où Cédric est mort.

Je papillonnai stupidement des yeux, perplexe. Hermione parut hésiter, avant d'extraire quelque chose de son sac qui semblait être de simples pages blanches. Elle me les tendit, le regard étincelant de tristesse, mais également d'un feu qui semblait être celui de la révolte.

-C'est la réponse. J'y ai jeté un sortilège pour qu'Ombrage ne le découvre pas, tu es tranquille ...

Déroutée, je pris machinalement les feuilles avant d'y poser le regard. Aussitôt, le papier se veina de noir pour esquisser les traits que je finis par reconnaître comme étant ceux de Harry. Mais ce furent les mots qui s'inscrivent au-dessus qui me fit écarquiller les yeux. Je cherchai le regard d'Hermione, soufflée et elle m'adressa un sourire, faible et incertain.

-Je me suis dit que tu devais avoir envie de savoir alors ... Voilà. A plus tard et ... bon courage.

Après un dernier signe de la main, elle sortit des toilettes. Le battant tapa plusieurs fois avant de s'immobiliser. Je contemplai les mots qui s'étaient dessinés sous les yeux, incrédule et une plaie que je pensais refermée se remit à saigner. N'y tenant plus, je me précipitai vers la sortie, le journal serré entre mes doigts et le cœur au bord des lèvres. Miles m'attendait devant, et rangeait méticuleusement le contenu de son sac qui semblait avoir été éparpillé sur le sol avec mauvaise humeur.

-Rusard vient de passer et m'a littéralement retourné le sac, m'expliqua-t-il amèrement devant mon regard éberlué. Cette école devient vraiment n'importe quoi ...

-Je sais pourquoi. Regarde !

Vérifiant que personne ne regardait, je sortis les pages pour les déployer devant Miles. De nouveau, l'encre parcourut le papier pour faire apparaitre l'article qui faisait frémir Ombrage au point qu'elle en interdise le journal. Miles poussa un grognement de dédain en y accordant un regard.

-Le Chicaneur ? Tu es au courant que c'est plus un torchon qu'un jour... Oh.

Le titre venait d'apparaitre et il avait rivé sur les pages un regard bien plus intéressé. Puis sa mâchoire se décrocha quand il découvrit le contenu de l'article.

« Harry Potter parle enfin : la vérité sur Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et le récit de la nuit où je l'ai vu revenir »

***

Incapable de me résoudre à le lire avant d'aller en cours, je l'avais fourré dans le fond de mon sac en attendant que la Métamorphose passe. Je ratai tous mes sortilèges mais lorsque je m'excusais à McGonagall, elle m'adressait un hochement de tête indulgent qui me fit penser qu'elle aussi avait lu l'article et qu'elle comprenait ma fébrilité. Elle n'était pas la seule : Mathilda avait passé une main douce sur mon bras en arrivant en cours et Selwyn m'avait lancé un long regard entendu dont j'étais persuadé qu'il n'avait rien à voir avec Melania. A la fin du cours, McGonagall annonça inexplicablement qu'elle laisserait sa salle ouverte une demi-heure encore et s'en fut s'enfermer dans la réserve qui jouxtait son bureau. Ni une, ni deux, j'avais sorti triomphalement le journal et m'étais retrouvée assise sur le bureau de McGonagall à en faire la lecture à tous les septièmes années qui étaient restés. Et ça comprenait un nombre certain et étrange de gens : Simon, Emily, Roger, les Jumelles Morton, Octavia, Miles, Erwin, Alicia, Angelina et même Selwyn s'était posté au bout de la salle, feignant d'être absorbé parce qu'il se passait dehors. Plusieurs fois, quelqu'un me proposa de prendre la suite, craignant que je m'écroule au moment où Harry parlerait de Cédric, mais je n'avais plus la moindre larme à faire couler depuis hier. Ma voix s'enrailla à peine quand je racontai, guidée par les mots de Harry, comment le trophée, transformé en portoloin, les avait menés à au cimetière où était enterré le père de Voldemort. Un de ses serviteurs était alors apparu, portant la forme à peine humaine de son maître – un hoquet d'horreur avait parcouru l'assemblée – dans ses bras. Voldemort avait ordonné à l'homme de « tuer l'autre » (les larmes étaient apparues dans presque tous les yeux, et Renata en laissa même échapper une qu'elle écrasa d'un revers de main), et le serviteur s'était exécuté avec la baguette de son maître. J'avais pris une pause le temps d'assimiler tout ce que cela signifiait. Lorsque je fermais les yeux, le visage de Cédric dansa devant mes paupières closes.

Alors c'est ainsi que ça s'est passé.

-Vic' ? m'appela doucement Miles. Tu veux ... ?

-Non, ça va, le coupai-je en rouvrant les yeux. Bon, la suite ... « Je me suis retrouvé entravé à la tombe du père de Voldemort, Tom Jedusor Senior. Le serviteur a fait apparaitre un immense chaudron de pierre dans lequel ... il a déposé la forme diminuée de Voldemort ... » oh bon sang, râlai-je une fois de puis face à la vive réaction de l'assemblée. Vous êtes franchement tous plus désespérants les uns que les autres.

-Mais tu te rends compte que ce que tu es en train de nous lire ? se récria Octavia, toute pâle. Ce que ...

Avec un frisson, elle se refusa à poursuivre, mais Simon à côté d'elle hocha sombrement la tête. Il m'avait écouté lire la mort de Cédric la tête baissée, sans laisser transparaître la moindre émotion malgré le regard inquiet d'Octavia planté sur lui. Mais mon soutien émana de la voix trainante d'Ulysse Selwyn, toujours dans le fond :

-Et encore, ce n'est pas fini. D'ailleurs, à un moment je t'interromprais Bennett, parce que j'aurais besoin des lumières de Bones.

-De moi ? s'étonna Simon en se retournant, méfiant.

-Oui. Tu te vantes bien d'être le meilleur élève en sortilège, non ? Finis, Bennett. La suite est des plus croustillante.

Octavia fusilla Selwyn du regard et son sourire cynique se fana immédiatement sur ses lèvres. Je fouillai les lignes pour retrouver la mienne et poursuivit :

-« Il a alors pris un os du père de Voldemort » (je ne lançai qu'un regard désespéré face au frémissement que provoqua le nom) « Puis ils s'est ... coupé la main (un nouveau frisson parcourut l'assemblée) qui a atterri dans le chaudron et enfin ... il a pris mon sang en incisant mon bras pour faire tomber quelques gouttes dans le chaudron. Quand tous les ingrédients ont été réunis, il y a eu des étincelles puis un nuage de vapeur et Voldemort s'est dressé du chaudron ».

-Oh mon dieu, souffla Roger, livide. Ce n'est plus de la magie noire, ça ... c'est ... Très très noire ...

-Attendez, on n'est pas sûre que le moindre mot de cet article soit vrai, rappela Emily, l'air ébranlée malgré tout.

-Fawley ! la rabroua sèchement Miles. Tu avais promis de te taire !

Elle avait effectivement fait cette promesse et ce fut pour cela qu'elle referma la bouche qu'elle venait d'ouvrir pour se murer dans un silence bougon. Satisfaite, je repris ma lecture. Harry embrayait ensuite sur une description de Voldemort – un homme grand et mince, squelettique, avec des mains semblables à des araignées blanches et un visage repoussant où le nez était réduit à deux narines et les yeux rougeoyaient. La première décision de Voldemort fut de rappeler à lui à l'aide de la Marque des Ténèbres tatouée sur le bras de chaque Mangemort ses serviteurs qui avaient promptement transplané à ses côtés. En un éclair, je me retrouvais projeter dans la maison de Hagrid après avoir été agressée par Kamila et je revis l'expression de pure terreur de Karkarroff quand sa propre marque avait brûlé.

Seigneur, tout concordait.

-Bon sang, ça va faire du bruit, commenta Octavia à mi-voix. Malefoy, Macnair, Nott, Avery ... Ces gens, ce ne sont pas n'importe qui.

-De grandes familles de Sang-Pur respectables, enchérit Angelina en lorgnant du côté de Selwyn, lequel se rembrunit.

-Un problème Johnson ?

-Victoria, continue, m'enjoignit précipitamment Roger avant qu'une dispute n'éclate.

J'avais profité de l'aparté pour jeter un regard à la dérobée à Emily. Plus j'avançais dans ma lecture, plus elle devenait livide et fébrile, fuyant le regard de tous. J'étais incapable de dire si son opinion changeait ... Je m'ébrouai et trouvai la ligne où je m'étais arrêtée.

-« On m'a alors détaché et rendu la baguette : Voldemort souhaitait que notre histoire s'achève par un duel. J'étais diminué par ma course par le labyrinthe et avant même que je n'ai pu penser à une riposte, il m'a fait subir plusieurs fois le sortilège Doloris ... ». Seigneur dieu ... « Puis j'ai réussi à m'échapper à sa prise et au moment où il lançait son Avada Kedavra, j'ai riposté par le premier sort qui m'est passé par la tête : celui de désarmement ».

Angelina et Alicia échangèrent un long regard alors que Renata ouvrait des yeux incrédules et Octavia dressait un sourcil dubitatif.

-C'est la seule chose qui lui ait passé par l'esprit, vraiment ? Expelliarmus ?

-Ça lui a sauvé la vie, rétorqua Alicia, avant de se tourner vers moi. Enfin, je suppose, s'il est revenu ...

Je l'écoutais à peine : j'avais lu ce qui suivait le duel et je sentis mes yeux s'agrandir chaque mot d'avantage. Je coulai un regard sur Simon, comprenant en un éclair pourquoi Selwyn avait besoin des explications du meilleur élève en sortilège. Et j'avouais volontiers que nous étions une fois de plus sur la même longueur d'onde.

-OK, accrochez-vous, soufflai-je. « Au moment où nos sorts se sont rencontrés, il s'est produit un phénomène étrange que je ne m'explique toujours pas. Nos baguettes se sont retrouvées liées par un fil doré qui projetait un dôme autour de nous et nous nous sommes retrouvés à quelques centimètres du sol ... »

-Alors là on entre dans le délire, lâcha Emily avec un certain dédain.

-« ... J'ai senti que je ne devais pas briser le lien qui nous unissait à présent. C'est à ce moment-là que des silhouettes ont jailli de la baguette de Voldemort. Celle de ... de Cédric, d'abord, puis un vieil homme, Bertha Jorkins et enfin ... mes parents. Il s'agissait des dernières personnes que Voldemort avait tué, alors Dumbledore a supposé que ma baguette a forcé la sienne à recracher ses derniers sorts ... »

-Priori Incantatum.

Les derniers mots émanaient de Simon et j'abaissai quelque peu le journal pour le voir, le regard plongé à travers la fenêtre. Une nouvelle fois, je vis flotter dans ses prunelles les fantômes qui le hantaient, jusqu'à qu'il cligne les yeux et l'impression passe. Il finit par remarquer que tout le monde l'observait, attendant patiemment qu'il poursuive et lorsqu'il pivota vers nous, son regard s'était fait songeur.

-La remontée des sortilèges, traduisit-t-il en se tordant les mains. C'est un sort assez compliqué à pratiquer et qui consiste à voir les derniers sortilèges lancés par une baguette. Mais ... Je ne comprends pas comment ça a pu arriver pendant cette situation ... Tout comme le reste, le dôme, le lien ... (Il fronça les sourcils). Non, franchement, je ne l'explique pas ... Peut-être que sa baguette a jeté le sort seule ? Mais pourquoi ce ne sont que les sorts de Tu-Sais-Qui qui sont sortis ?

-Donc, tu ne comprends pas non plus ? conclut Selwyn, qui s'était avancé de quelques pas.

A contrecœur, Simon secoua négativement la tête. Je relus les mots de Harry plusieurs fois jusqu'à ce qu'une image précise se forme dans ma tête. Mais là encore, même dans le monde des sorciers, ça me semblait totalement irréel.

-La magie est surprenante, continua Simon, songeur. Et fascinante, aussi, il y a tant de chose qu'on ignore encore sur elle ... Rien que son origine, sa nature ... et toutes ses limites. Et si on peut admettre cela à Tu-Sais-Qui, c'est qu'il les cherche, ces limites alors ...

-Donc c'est dû à Tu-Sais-Qui, selon toi ? demanda Mathilda d'une petite voix.

Emily plaqua une main sur son front, mais continua de se taire comme elle l'avait promis – mais peut-être était-ce dû au regard féroce de Roger qui s'était dardé sur elle. Simon haussa les épaules.

-Je ne sais pas, mais c'est sa baguette qui a subi la remontée des sortilèges. Après, peut-être que Dumbledore a une explication ...

-C'est ce qu'Harry dit ensuite, confirmai-je en fouillant le papier des yeux. Ah ! « Je ne prétends pas comprendre quelque chose à ce phénomène, même après les explications claires données par le professeur Dumbledore quand je l'ai rejoint. Mais ... (J'adressai un regard amusé à Simon) la magie est surprenante. Elle peut faire des choses que personne ne peut t'imaginer. Ça a commencé quand Voldemort a voulu me tuer et que j'ai survécu et ... ça semble continuer ».

-Il n'explique absolument rien, maugréa Roger dont je voyais les rouages du cerveau tourner derrière ses iris. Mais c'est vrai que l'étrangeté a commencé très tôt, entre eux ...

-Tu n'as vraiment aucune explication ? s'enquit Miles à l'adresse de Simon.

Simon lui jetait un regard dérouté, ainsi qu'à tous ceux qui s'étaient tournés vers lui dans l'attente d'une explication. Il me jeta un coup d'œil où je vis avec amusement poindre la panique, mais ce fut d'une voix calme qu'il parvint à entonner :

-Honnêtement, non. Mais Roger a raison, leur histoire est déjà très étrange : Harry qui a survécu à son sortilège de la mort, tout en le détruisant en étant un bébé, cette histoire de Chambres des Secrets où on apprend que Harry parle étrangement fourchelang ... Peut-être que cette nuit-là, il s'est crée un lien entre eux qui explique que les lois de la magie ordinaire ne s'appliquent pas. Qu'on est dans ... l'extraordinaire, si on veut. Peut-être qu'il faut simplement se faire à l'idée qu'ils traversent des formes de magie inconnues ...

-On peut admettre ça, avança Octavia avec lenteur. Mais ça reste ... Je ne sais pas ... Complétement fou ...

-Harry a détruit Tu-Sais-Qui en étant un bébé, rappela Renata en hochant la tête. Depuis le départ, leur histoire est folle. Simon a raison. Peut-être qu'il faut juste admettre que ça nous dépasse et qu'on ne peut pas comprendre.

Le silence qui accueillit la conclusion de Renata était éloquente. Octavia et Roger échangèrent un regard de Serdaigle se refusant à laisser une question sans réponse. Une sensation glacée me prit au creux de l'estomac. J'avais la nette impression que cette guerre tournerait autour d'eux deux, Voldemort et Harry. Les liens qui se multipliaient entre eux ne laissaient que peu de place aux doutes, même si c'était incompréhensible. Pourquoi le plus grand Mage Noir de Grande-Bretagne craignait-t-il un adolescent de quinze ans ? Faute de trouver une réponse, je me replongeai dans la lecture de l'article :

-« Ce qui est étrange, c'est que Voldemort avait l'air aussi effaré que moi parce ce qu'il se passait. Mes parents m'ont alors dit qu'une fois que je briserais le lien, ils demeureraient quelques minutes pour me permettre de m'échapper. Cédric m'a demandé de ramener son corps à ses parents ... Alors j'ai brisé le lien et les « fantômes » ont entouré Voldemort pendant que je m'enfuyais. Je me suis précipité vers ... (je pris une profonde inspiration) le corps de Cédric et j'ai attrapé le trophée qui m'a ramené à Poudlard ».

Je baissai le journal sur mes genoux, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Autour de moi, un silence religieux s'était installé dont la teneur se déclinait en fonction de chacun : horrifié pour Mathilda, songeur pour Simon, méfiant pour Emily. Ce fut notamment pour elle et son scepticisme qui paraissait demeurer que je lus les derniers mots de Harry, un avertissement pour tous les sorciers de Grande-Bretagne : Voldemort était de retour et le nier ne suffirait pas à le renvoyer d'où il venait. Ce qu'il fallait faire, c'était se tenir prêt car un jour, quand il aurait retrouvé ses forces, les tueries, les disparitions : tout ça recommencerait. L'évasion des Mangemorts n'était qu'une première étape et elle démontrait bien que le Ministère perdait pied : les Détraqueurs avaient laissé échapper les prisonniers les plus dangereux et se souciaient visiblement bien peu de les retrouver. Lorsque j'arrivais aux derniers mots « témoignage recueilli par Rita Skeeter », je repliai le journal sur lui-même, ébranlée. Cet article contenait trop de chose pour y être insensible et inconsciemment, les visages de tous ceux qui avait péri à cause de la volonté de pouvoir d'un homme valsèrent dans mon esprit. Les Bones, Cédric, la famille de ma grand-mère ... Je sentis monter en moi le feu qui m'avait envahi au terrain de Quidditch, pendant ma discussion avec Dumbledore en fin d'année dernière, puis lorsque les Mangemorts s'étaient échappés. Mes doigts se perdirent sur ma chaîne et glissèrent jusqu'au David de Jaga. « Ne les laisse pas te faire ce qu'ils nous ont fait ». Je dardai un regard sur Emily.

-C'est bon, maintenant ?

Tous se tournèrent vers moi, perplexe, mais Emily se contenta de se fendre d'un soupir. Je serrais ma chaine si fort entre mes doigts qu'elle m'en coupait la circulation.

-A dire vrai, ça ne me fait que me confirmer que lorsque Voldemort a essayé de le tuer petit, quelque chose a dû se briser en lui, répliqua-t-elle avec un calme olympien. Mais ce n'est pas surprenant, il a vu Tu-Sais-Qui tuer ses parents puis tenter de le tuer lui ... C'est un traumatisme qui est obligé de laisser ses marques.

Je n'eus pas besoin de voir Simon blêmir pour frapper du poing sur le bureau de McGonagall, exaspérée. Octavia jeta un regard oblique et inquiet à son ex-petit-ami qui fit froncer les sourcils de Selwyn. Je pris une grande inspiration pour garder mon calme. Si je cédais au feu qui brûlait dans ma poitrine, alors je prenais le même chemin que Simon. Mais il me surprit en se levant lentement et lâcha sans s'énerver :

-Si ça, ça ne peut pas te convaincre ... Alors je ne peux plus rien pour toi, Emily. On fera les comptes un jour.

-Fawley, enfin, fit Miles, l'air effaré. Alors tu vas jouer la vie de ta meilleure amie simplement pour prouver que tu as raison ?

Emily s'empourpra furieusement et je mis une main sur le bras de Miles pour l'empêcher de m'utiliser davantage. Simon avait raison : si l'article, qui malgré les nombreux faits qui paraissait difficilement imaginable était complet et crédible, ne l'avait pas fait basculer, il n'y avait que le retour de Voldemort qui le ferait.

-On devrait y aller. McGonagall nous avait laissé une demi-heure, on les a déjà largement dépassées.

Tout le monde hocha la tête et reprit ses affaires pour sortir de la salle, encore sonné par le coup que nous avait asséné l'article. Emily fut la première à s'éloigner, suivie par Roger qui me lança un regard désolé par-dessus son épaule. Je remarquai que Selwyn lorgnait régulièrement Octavia, mais constatant qu'elle ne se détachait pas du groupe, il finit par obliquer vers les cachots d'un pas raide. La jeune fille le lorgna du coin de l'œil alors qu'il descendant dans les entrailles du château et finit par souffler :

-Alors c'est vrai ...

-Qu'est-ce que tu croyais, McLairds ? la rabroua Angelina.

La lecture de l'article sembla l'avoir particulièrement ébranlée. Si Alicia était restée silencieuse et songeuse et nous avait vite quitté pour aller réviser, Angelina paraissait trembler constamment d'indignation et de rage contenue. J'avais conscience que seul son rang de Capitaine la forçait à la tenue et la réserve, mais je sentais que plus le temps avançant, plus le feu bouillonnait en Angelina Johnson. Elle se passa une main sur le visage.

-Depuis le début de l'année on se fourvoie, moi la première ... Je ... Je me suis plongée dans des choses plus urgentes pour ne pas y songer – le Quidditch surtout ... Mais là ... Comment on peut continuer de fermer les yeux et juste prétendre que tout va bien ?

-Fudge nous ment depuis des mois, renchérit Renata en hochant la tête. Il préfère mettre en place ce qui ressemble à une dictature pour garantir selon lui la paix plutôt que d'admettre la vérité ... Voyez comme c'est destructeur.

Je coulai un regard vers Simon, dont les lèvres s'étaient tordues aux mots de Renata. Sans doute n'appréciait-t-il pas d'avoir avec Fudge le même goût du déni. Je soupirai profondément, soupir qui se transforma en grognement quand je vis Ombrage traverser le Hall, la tête haute et la mine satisfaite. Le feu remonta de ma poitrine à la gorge et notre groupe entier accorda à sa nuque un regard ardent.

-Comme le dirait Churchill, ils avaient le choix entre le déshonneur et la guerre, citai-je alors qu'elle disparaissait. Ils ont choisi le déshonneur ... ils auront la guerre.

***

Mais, pour mon plus grand soulagement, la réaction d'Emily semblait minoritaire dans l'école. J'écoutais avec intérêt les conversations autour de moi pendant le dîner et je fus agréablement surprise de constater que, malgré l'interdiction, tout le monde semblait au moins avoir lu l'article : les regards sur Harry s'étaient faits moins agressifs, plus songeurs, et ce fut comme si le processus entonné par l'évasion des Mangemorts : le Ministère avait été lacunaire dans ses explications et Harry avait profité de la faille. Le pari était réussi : l'école semblait avoir changé d'opinion. Et cela raviva les flammes en moi, les attisant furieusement pour faire gronder la révolte. Si l'opinion était en train de changer. Une majorité s'élevait contre le Ministère : il allait falloir pour lui se soumettre, ou se démettre. Mais comme je doutais que Fudge ou Ombrage soit prête à céder ... Je fus avec un sentiment ambivalent que je retournais dans la Salle Commune pour retrouver Simon, qui avait préféré y rester pour travailler. Susan et moi l'avions forcé à manger quelque chose avant qu'il n'aille se coucher. J'avais l'impression de marcher sur les œufs avec Simon : j'ignorais totalement quoi faire face à ce que je venais d'apprendre. Ça me blessait toujours qu'il ait voulu me maintenir à l'écart de cette part essentiel de lui, comme s'il n'avait pas voulu que je le connaisse dans son entièreté, mettre une barrière entre lui et moi. J'avais pourtant conscience que c'était moins dû à moi qu'à une volonté absolue d'oublier le traumatisme, mais c'était un déni qu'il fallait briser.

-Il n'y a que toi qui puisse le faire, affirma Susan.

Nous étions assises sur un banc du parc, profitant des premiers rayons du soleil de mars et de la chaleur sur notre peau. Quelques jours avaient passé depuis la parution de l'article : Simon revenait progressivement en cours, porté par l'élan soudain de l'école, Emily, consciente d'être à présent en minorité, évitait soigneusement de parler de tout ce qui avait à trait à Voldemort et Octavia s'était faite beaucoup plus aimable pendant nos séances d'Histoire de la Magie. Susan avait presque pleuré lorsque j'étais allée la voir pour la prévenir que j'étais au courant, prouvant bien qu'elle était à bout et soulagée que d'avoir quelqu'un avec qui en parler :

-Tu as toujours réussi à le faire plier. Si tu as réussi à le faire plier sur ça, tu pourras le faire plier sur tout. A moi, il ne m'a jamais dit un mot sur ce qui c'était passé.

-Oui, enfin, j'ai un peu forcé l'aveu, protestai-je, embarrassée. C'est quand même dingue que personne ne soit au courant ...

Susan haussa les épaules. Elle avait retiré ses chaussures et ses oreilles effleuraient l'herbe par intermittence.

-C'est la vérité la mieux oubliée du monde, que veux-tu. Tout le monde ne savait pas qu'Edgar avait trois fils et pour ceux qui savaient, quand ils ont vu que toute la famille avait été tuée, ils ont considéré que c'était la famille entière. Dumbledore a conseillé à mes parents de taire que le benjamin avait survécu ... au cas où quelqu'un voudrait ... finir le travail, tu sais ? C'est pour ça qu'il n'y en a pas mention dans La Gazette. Bien sûr, certains se sont souvenus et je pense même que des élèves à Poudlard savent, des gens dont les parents connaissaient Edgar ou Cassiopée. Et Simon n'aide pas ... Un huissier est venu cet été : il a hérité d'une partie de l'argent de sa famille maternelle, si j'ai bien compris. Il n'a même pas parlé à l'huissier, il est directement monté dans sa chambre et a laissé mes parents gérer ça.

-S'il a hérité ... c'est que sa mère avait encore de la famille ?

L'idée répandit un goût amer dans ma bouche. Si Cassiopée avait de la famille, Simon avait dû refuser de la voir et j'ignorais la douleur que ça avait pu être pour eux de voir un membre de leur famille les nier. Les lèvres de Susan se pincèrent.

-Je suppose, mais qui que ce soit, il ou elle est mort cet été. Peut-être un de ses parents ? Toujours est-il que Simon ne les a jamais vu, sans doute. Ça aurait été trop douloureux pour lui, je suppose.

-Bien il faut le forcer à se faire violence. Il ne peut pas rester comme ça entre la colère, la vengeance et les cauchemars et je ne sais pas ... Peut-être que s'il admet lui-même son traumatisme, peut-être que s'il commence à admettre qu'Edgar et Cassiopée sont ses parents ... Son esprit ne le lui rappellera pas à tout bout de champs, tu vois ?

Susan eut un triste sourire.

-Je sais que tu as raison mais ... S'il admet ça, c'est que ... je ne suis pas sa sœur, tu vois ?

Son regard s'embua et elle baissa la tête, cachant son visage d'un rideau de cheveux auburn que le soleil faisait rougeoyer. J'enlaçai vivement mon amie, touchée par son désarroi.

-C'est aussi pour ça que ... je ne voulais trop lui en parler, avoua-t-elle, les joues rosies par la honte. Parce que je ne voulais pas lui faire de mal et parce que ... je ne voulais pas que ça change. Qu'on change, lui et moi, qu'il se rende compte que je ne suis que sa cousine et que ...

-Mais enfin, Susie, bien sûr que non ... Les liens, ce n'est pas seulement le sang, c'est tout ce que vous avez vécu et construit ensemble. Evidemment que tu es sa petite sœur ...

Et peut-être même la chose qu'il avait de plus chère au monde. Il y avait deux certitudes que j'avais sur Simon Bones, c'était qu'il ferait toujours parti de ma vie et qu'il aimait sa sœur de tout son cœur. J'étais peut-être capable de le faire plier, mais Susan était mon meilleur argument pour y parvenir et quand bien même que je savais à présent leurs véritables liens, il ne me venait pas à l'idée de considérer Susan comme autrement que la sœur de Simon. A la réflexion, c'était peut-être pour cela qu'il s'était tant accroché à elle ces derniers temps : elle était celle qui reliait la réalité à la fiction, la vérité et le déni, la sœur artificielle qui était devenue la sœur de cœur.

-Vos rapports ne changeront pas, lui assurai-je avec douceur. C'est trop fort ce que vous avez noué toutes ses années, jamais ça ne s'effacera. Et si jamais ça arrive, je te jure que je lui arracherais réellement les yeux.

Susan essuya un petit rire qui chassa les larmes qui avaient menacé de poindre. Elle me jeta un petit regard, à moitié embarrassé :

-Et toi ? Tu ... n'es pas vexée ?

-Un peu, avouai-je en passant une main dans mes cheveux. Parce que lui, il n'ignore rien de moi et ça m'a fait bizarre de voir que l'inverse n'était pas vrai. Et puis, ce n'est pas n'importe quoi, c'est ... c'est son identité, qu'il m'a caché. C'est comme si pendant des années, j'avais connu un mensonge.

Mon pied tapota le sol, fébrile. Je ne voulais pas accabler d'avantage Susan de responsabilité, mais ça me faisait un bien fou de parler de cette folle histoire librement avec elle. Elle me jeta un regard peiné et couvrit ma main de la sienne.

-Vic', je pense que tu te trompes aussi. Nier son traumatisme, ça a permis à Simon de développer une identité propre et je pense que grâce à mes parents, ça s'est fait de façon saine et solide. Donc tu ne connais pas un mensonge. C'est juste sur son histoire qu'il t'a menti ... Et encore, je ne pense pas qu'il ait eu conscience qu'il y ait menti. Pour lui, ce n'est pas un mensonge que de dire que mon père et ma mère sont aussi ses parents. En un sens, c'est le cas. Ils l'ont élevé, ils l'ont aimé, comme leur propre fils. Je pense que c'est douloureux pour mon père, d'ailleurs, parce qu'il doit avoir l'impression de piquer le fils de son frère.

-Tes parents sont les siens aussi, admis-je. Ce qui va être d'autant plus compliqué ... C'est un argument qu'il va utiliser pour éviter d'appeler Edgar et Cassiopée « ses parents ». Parce que eux n'ont pas eu le temps de jouer leur rôle ...

-Pourtant, quand j'en parle avec mon père – c'est rare, mais ça arrive – il n'arrête pas de dire que Simon leur ressemble. Un très bon mélange, à la fois physique et comportemental. Les yeux, le nez et le sens aigu de la justice d'Edgar, les cheveux, les traits et le feu de Cassiopée. Donc même s'il le nie, ils vivent en lui.

Un sourire attendri s'était étiré sur mes lèvres. Plus le temps avançait, plus j'avais envie de connaître Edgar et Cassiopée. C'était déjà latent avant mais ça s'était amplifié depuis que je savais que Simon était leur fils. Je serrais les doigts de Susan entre les miens.

-A deux, on va peut-être réussir à faire quelque chose, Susie-jolie.

Susan me rendit mon sourire qui cette fois illumina son visage et fit étinceler son regard. Ça devait être agréable pour elle de ne plus être seule dans sa lutte contre ce qui rongeait son frère – d'autant plus que le contrôle du courrier devait l'empêcher d'en parler à ses parents. La cloche sonna alors et Susan dût me quitter pour aller en Potion d'un pas plus léger. Et moins, je me dirigeai vers le deuxième étage, les yeux rivés sur un petit rouleau de parchemin où était étalée une élégante écriture penchée.

« Ma chère Victoria, j'aimerais beaucoup que vous me rejoignez dans mon bureau, demain, après votre journée de cours. Peut-être pourrions-nous discuter de ce qui se passe en ce moment. Je vous conseille de détruire ce mot une fois reçu ou alors de le garder précieusement.

Albus Dumbledore.

PS : Souvenez-vous de notre première rencontre, lors de votre visite de Poudlard avec votre préfète ».

J'eus un sourire entendu en lisant la première phrase. J'avais évité trop longtemps cette discussion avec Dumbledore et j'avais conscience d'avoir été ingrate : il avait été jusque Nurmengard recueillir des informations concernant mon grand-père. Même si c'était douloureux pour moi, il fallait bien que je lui fasse part de mes conclusions. Surtout maintenant que j'avais l'exemple parfait des dégâts que pouvait faire une vérité refoulée. Avec un sentiment désagréable, je me mis à faire des ponts entre la situation de Miroslav Liszka et celle de Simon jusqu'à mon arrivée devant la gargouille du bureau du directeur. Dans les deux cas, c'était l'histoire d'une identité fantôme, dissimulée au plus profond de leurs êtres, recroquevillée pour effacer le traumatisme.

-Baguette réglisse, lançai-je, puisque c'était la friandise qui avait ouvert la porte le jour de ma visite en première année.

La gargouille s'anima et ouvrit le mur pour dévoiler l'escalier de colimaçon. Je le laissai me conduire jusqu'au bureau du directeur. Je m'immobilisai un instant face à la porte de bois, hésitant un instant, puis me résolus à frapper la porte.

-Entrez.

Dumbledore trônait derrière son bureau en pied d'aigle et lisait un long morceau de parchemin par-dessus ses lunettes demi-lune. Le rayon de soleil qui perçait sa fenêtre et faisait scintiller sa barbe argentée. Il leva les yeux de sa lettre pour m'adressa un léger sourire.

-Ah, Victoria. Je vous en prie.

Il m'indiqua d'un air élégant une chaise en face de lui et je pris place, ignorant les yeux peints des prédécesseurs de Dumbledore qui me fixaient avec une certaine curiosité. Un homme avec un cornet à l'oreille donna un coup de coude insistant à la femme aux boucles d'argent à côté de lui et répéta avec insistance « hey ! C'est la gamine des Liszka ! ». Dumbledore lui jeta un regard incisif qui le réduisit au silence. Ce fut alors que je remarquai entre les tableaux et le bureau un magnifique oiseau aux plumes d'or et de pourpre majestueusement perché sur une branche et qui m'observait de ses yeux luisants. Sa taille, impressionnante, me laissa presque craintive.

-Ah, lâcha Dumbledore avec un fin sourire en remarquant que je contemplais l'oiseau. Ma chère Victoria, je vous présente Fumseck.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Un phénix.

Il est magnifique, songeai-je, fascinée. Je n'avais pas pris l'option des Soins aux créatures magiques, et je manquais cruellement de connaissance sur toute la faune qui habitait le monde des sorciers. A dire vrai, à part un bras du calamar géant et les elfes de maisons, c'était le premier que je voyais de mes yeux. Je finis par sentir le regard amusé de Dumbledore sur moi et je me détournai du bel oiseau, les joues rosisantes.

-Désolée, c'est juste ... je n'en ai jamais vu.

-Votre curiosité est naturelle, me rassura Dumbledore l'air indulgent. Bien, Victoria, je vous remercie d'avoir répondu à ma petite note. Comment allez-vous depuis notre dernier entretien ?

Lui dégageait toujours cette impression de calme et de sécurité : malgré un air fatigué, son visage était serein et souriant et ses yeux continuaient d'étinceler derrière ses lunettes. Je me trémoussai sur ma chaise. Je n'avais rien à cacher à Dumbledore : il était au courant pour mon grand-père, Chourave avait dû le prévenir pour la relation entre Melania et Alexandre et il devait être l'une des personnes au courant des origines de Simon. Difficile de dire que tout allait bien, alors je répondis sobrement :

-Bien ... ça a été tumultueux. Entre l'évasion des Mangemorts, mon frère ... Simon.

Chaque hochement de tête de Dumbledore m'indiqua qu'il était parfaitement conscient de chaque difficulté qui s'était dressé devant moi depuis les vacances. J'avais l'impression que de nouvelles rides creusait sa peau et j'ignorais si c'était en rapport avec la lutte contre Voldemort ou contre le Ministère. Je me trémoussai sur ma chaise, avant de demander timidement :

-Professeur, pensez bien que je sais que vous n'êtes pas responsable de tout cela mais ... Le professeur Ombrage ...

-Malheureusement, Victoria, ne peux rien faire contre les décrets ministériels, me coupa Dumbledore avec un geste de la main. Aussi puissant que je sois, si Fudge veut vider la fonction de directeur de sa substance, il le fera. Mais ne vous en faites pas, Victoria, je m'occupe utilement et quand bien même ce serait Dolores Ombrage qui dirigerait de facto cette école, je m'assure que pas le moindre mal ne vous soit fait.

J'eus une moue dubitative. Ombrage avait bien forcé Lee à écrire avec une plume qui utilisait son sang comme encre et ancrait le message dans la peau. Apprendre ça m'avait presque donné envie d'interdire à Simon de retourner en Défense Contre les Forces du mal de peur qu'il ne perde son calme et subisse le même sort. Des pratiques parfaitement barbares et qui ne devaient pas être du goût de Dumbledore. S'il l'avait pu, il les aurait fait disparaitre. C'était étrange de constater que le plus grand sorcier de l'ère moderne soit réduit à l'impuissance par une femme rose.

-Mais ne nous attardons pas sur ma situation, Victoria, poursuivit Dumbledore en plantant sur moi des yeux graves. Avez-vous pu parler à votre grand-père pendant les vacances de noël ?

Mon cœur se serra et de nouveau, je me sentis creuse à l'intérieur, comme si on avait vidé toute une partie de ce que j'étais. Perelko. Je hochai la tête avec raideur.

-Oui. Alors ... Mon grand-père – qui par ailleurs, n'est pas mon grand-père biologique puisqu'il a adopté ma mère – est bien le Miroslav Liszka qui a tué Agata Tokarsky pendant la guerre.

Mais je ne pouvais pas m'arrêter là. C'était la première fois que je racontais ces événements à froid, après y avoir longuement réfléchi, songé, après avoir assimiler toutes les informations. Et pour la première fois, je me rendis compte que je ne pouvais pas réduire mon grand-père, un homme que j'avais tendrement aimé, à un meurtrier.

-Mais c'était dans un duel, ajoutai-je alors à mi-voix. Je ne dis pas ça pour justifier ces actes, mais ça compte pour moi qu'il ne l'ait pas simplement tuée de sang-froid ... Et ça l'a fait basculer. Enfin, c'est surtout Auschwitz et la rencontre avec ma grand-mère mais ... ça a semé ses premiers doutes. Il a rejeté les idéologies de sa famille. Après ça, il a cassé sa baguette pour vivre en moldu avec ma grand-mère. Ça n'excuse rien, mais ...

Ma voix se mourut. Ce « mais » que j'avais laissé échapper montrait bien qu'une partie de moi, le fantôme de Perelko, était prête à pardonner à Miro toutes ses horreurs, au nom de du grand-père fort et aimant qu'il avait été pour moi toutes ses années.

-Je vois, murmura Dumbledore, les yeux rivés sur moi. Et il savait que vous étiez une sorcière ?

-Oui. Il m'a vu faire de la magie ... Il ... Enfin, c'est un legilimens, il m'a entrainé à l'occlumencie sans que j'en ai conscience, par exemple.

Les yeux de Dumbledore brillèrent fugacement.

-Vraiment ? Intéressant ... Voilà qui vous sera très utile, Victoria, mais je ne saurais que trop vous conseiller d'affiner ce don. Videz votre esprit avant de dormir, par exemple, c'est un très bon exercice. Et concernant Voldemort, avez-vous eu le temps d'en parler ?

-Je sais qu'il est au courant, me souvins-je, assez étonnée par la question. Ma grand-mère me l'a dit. Mais je vous avoue que ce n'était pas ma priorité.

-Non, non, bien sûr ... Mais je doute que votre grand-père reste inactif vous sachant en danger, non ?

Effectivement, cela semblait peu probable. Miroslav Liszka était un homme d'action – c'était déjà miraculeux qu'il n'ait pas participer d'une manière ou d'une autre à la première. Et surtout, le point sur lequel je voulais bien le croire, c'était qu'il aimait sa famille, qu'elle était son trésor. Seigneur, s'il savait ne serait-ce que le quart de la moitié de ce qui se passait, évidemment qu'il se ruerait vers la mêlée.

Décidemment, les ponts avec Simon se multipliaient.

-Certes, mais pour ça il faudrait qu'il se fasse refaire une baguette et je me doute qu'il y aurait de ce fait des légers problèmes administratifs ... ça poserait quelques difficultés, je suppose.

-Tout cela pourrait facilement se régler ..., songea Dumbledore, surtout pour lui-même, me semblait-t-il. Et vous avez la chance d'avoir un pied dans le Département de la Justice. Les Bones seront ravis de vous aider. J'ai eu l'occasion de discuter avec Amelia, au moment de l'évasion des Mangemorts, elle a l'air de vous avoir pris en sympathie. Et vous pourrez rassurer monsieur Bones, elle emploie toute son énergie à retrouver Jugson.

Je hochai la tête, même si je doutais qu'une telle information apaise Simon – elle attiserait plutôt son sentiment d'impuissance. Mais ça lui ferait une information venant de l'extérieur et avec le contrôle du courrier, elles étaient si rares qu'elles étaient précieuses.

-Professeur ? Qu'est-ce qui se passe, dehors ?

-Peu de choses ont bougées, répondit immédiatement Dumbledore, comme s'il s'attendait à cette question. Si ce n'est que Voldemort a été rejoint par ses dix de ses plus fidèles et dangereux serviteurs, ce qui double sa force de frappe et de réseau. Mais comme un tel événement était à prévoir, j'y étais préparé. Mais vous voulez peut-être avoir des informations concernant les mouvements de Nestor Selwyn ? Le professeur Chourave m'a informé que vous craignez une attaque sur votre frère après la relation entre Melania Selwyn et votre frère ... Assez improbable, mais qui suis-je pour juger l'amour ...

Je me trémoussai sur ma chaise, refoulant la culpabilité qui menaçait de me submerger.

-Oui, euh ... On a prévu Melania de tout ce qui se passait, entre Nestor et moi et ... Bien, on essaie de ... limiter les dégâts. Faire en sorte que ... Nestor se concentre sur moi plutôt que sur mon frère.

-C'est très louable de votre part, Victoria. J'espère sincèrement que tout se déroulera pour le mieux, mais je suis sûre, encore une fois, que les Bones seront plus que ravis de vous épauler.

Mes lèvres se tordirent. Malgré ma volonté de ne pas me cacher derrière les Bones, je doutais qu'ils me laissent faire. Et, inconsciemment, j'espérais que Simon serait plus motivé par l'idée de me maintenir en vie plutôt que se lancer à la chasse de Jugson une fois dehors. Mais la culpabilité me rongeait toujours. Maintenant que je connaissais la véritable histoire de Simon, c'était réticente à lui demander plus encore.

-Vous savez que les Bones ont trop donné, professeur, vous l'avez dit vous-même. Simon ... a fini par me dire ce qu'il s'était passé, qu'il ... qu'il était le fils d'Edgar ...

Le visage de Dumbledore s'assombrit tellement qu'il prit une expression presque inquiétante lorsque j'évoquais Edgar. Pourtant, il s'efforça d'esquisser un léger sourire.

-Je suppose que c'est une bonne nouvelle. George et Rose m'avait envoyé une lettre avant l'entrée de Simon à Poudlard pour me prévenir qu'il était très sensible aux questions qui concernaient son origine. Peut-être aurais-je dû lui accorder plus d'attention, discuter avec le professeur Chourave pour faire sortir le poison avant qu'il ne le ronge ... Mais nous avions conclu que nous étions les mauvaises personnes pour cela.

-Peut-être que maintenant, vous devriez lui parler, suggérai-je, le cœur battant d'espoir. Simon est troublé depuis l'évasion de Jugson, j'ai ... j'ai vraiment peur qu'il n'en fasse une bêtise, que l'arrestation de Jugson l'obsède un jour. Ça l'a aidé quand le professeur McGonagall lui a conseillé d'aller au bout de son potentiel, maintenant il faudrait que quelqu'un ... oriente son potentiel, si je puis dire.

Dumbledore dressa un sourcil et je me sentis rougir. C'était égoïste de demander à un homme qui avait tant de responsabilité de s'intéresser à un élève en particulier, mais pour sauver Simon de l'ombre et de la poussière, je me rendais compte que j'étais prête à beaucoup de chose. J'aurais besoin de lui dans les mois à venir : je ne pouvais pas me permettre qu'il se perde.

-Enfin bien sûr ... si vous avez le temps, professeur ...

-Je peux toujours trouver le temps pour aider l'un de mes plus brillants élèves, m'assura Dumbledore d'une voix prudente. Surtout quand l'élève en question est dans une période troublée ... J'en discuterais avec le professeur Chourave. Le problème que pose Simon Bones et que je n'ai aucunement avec vous, qui êtes remarquablement discrète, c'est que je doute que le professeur Ombrage voit l'entrevue d'un très bon œil. Moi et le neveu d'Amelia Bones, le fils d'Edgar – qui a été l'un de rares membres du Ministère à se défier d'elle ... Voilà qui doit être pour elle une vision effrayante.

Sans pouvoir m'en empêcher, je plaquais une main sur mon visage. Le fait que cette femme contrôle les moindres aspects de la vie et nous empêche de vivre notre vie me mettait les nerfs à fleur de peau. Ma réaction déclencha un rire de la part de Dumbledore. Un rire amer.

-Ah, Victoria. Vous me voyez désolé de dresser encore plus de difficulté sur votre chemin ...

-Non, professeur, vous n'y pouvez rien, soupirai-je en me redressant. Je suis sûre que vous faites votre possible. Mais simplement, j'espérais ...

Mais avant que je ne puisse poursuivre, la porte du bureau du directeur s'ouvrit à la volée et le professeur Flitwick entra en trombe dans la pièce, l'air profondément agité. Dumbledore se leva lentement de sa chaise alors qu'il s'écriait :

-Albus ! C'est Dolores, elle ... (son regard se posa sur moi et son visage rosit). Pardon, j'ignorais que tu étais occupé ...

-Qu'y-a-t-il ? l'interrompit Dumbledore, le visage grave.

Le regard de Flitwick passa du directeur à moi plusieurs fois avant de se tourner plus franchement vers Dumbledore et de débiter :

-Dolores ! Elle agit enfin, elle vient de revenir avec un avis d'expulsion signé !

Mon cœur tomba dans ma poitrine et mes pensées allèrent immédiatement vers Hagrid, Hagrid et ses trop nombreuses blessures pour que ça soit net. Celles de Dumbledore aussi puisqu'on se regard coula sur sa fenêtre qui découpait le parc ensoleillé de ses barreaux. De nouveau, son visage s'était durcit et ses rides l'animait d'une expression assez menaçante.

-Qui ?

-Je ne suis pas sûre, mais je pense qu'il s'agit de Trelawney ...

Malgré moi, je laissai échapper un soupir de soulagement mais ce ne fut pas le cas de Dumbledore. De mêmes que les portraits accrochés au mur, qui se mirent immédiatement à tempêter :

-C'est un scandale, Albus, un scandale ! éclata un petit sorcier, l'air de vouloir sortir de son cadre. Le directeur de Poudlard est l'unique à avoir un pouvoir sur ses professeurs !

-Albus, ne la laissez pas faire, je vous en prie, poursuivit une femme d'un ton plus calme. Elle détruit Poudlard, si elle commence à toucher à sa structure ...

-Malheureusement, elle l'a déjà fait, Dilys, rappela sombrement Dumbledore en contournant promptement son bureau d'un pas souple et déterminé. Mais soyez tranquille, je ne compte pas la laisser faire tant que j'aurais encore ne serait-ce qu'un mot à dire – et il se trouve que je l'ai.

-Comment ? interrogea Flitwick, l'air paniqué. Elle a la signature du Ministre ! Avec son stupide décret ...

Les lèvres de Dumbledore se retroussèrent en un sourire malicieux, mais qui m'apparut comme sinistre tant son visage était grave et creusé.

-Il y a des failles dans les lois, Filius, il suffit de les trouver. Ma chère Victoria nous reprendrons cette conversation ultérieurement : j'ai encore quelques questions à vous poser. Mais je dois malheureusement régler cette délicate affaire ... (il s'adressa de nouveau à Flitwick). Quand est-elle revenue ?

-Il y a vingt minutes, je l'ai vue en parler avec Rusard pour qu'il « la » prévienne de faire ses bagages ...

-Non, le coupa une nouvelle fois Dumbledore, plus durement, cette fois. Retournez là-bas, Filius et retenez-la, prévenez Minerva et Pomona s'il le faut, il ne faut pas que Sybille quitte le château. Je vous rejoins aussi vite que je peux.

Flitwick planta sur Dumbledore un regard perplexe et presque effrayé. J'ignorais ce que pouvais faire le directeur pour éviter le renvoi de l'abominable professeur de divination, mais visiblement il avait un plan en tête car ce fut d'un pas vif qu'il se dirigea vers la sortie.

-Mais où vas-tu ? s'écria Flitwick en le suivant.

Effrayée à l'idée de rester seule dans le bureau avec l'oiseau qui me contemplait de ses humides et les portraits qui continuaient d'enrager, protestant les uns contre les autres, je les suivis dans la cage d'escaliers en me faisant le plus discrète que possible. Dumbledore disait à Flitwick :

-... pas attendu qu'elle mette ses plans à exécution pour réfléchir à comment la contrer, Filius. Elle se croit toute-puissante et c'est pour ça qu'elle ne perçoit pas les failles, mais il en reste et elles sont mes dernières armes. Allez, dépêchez-vous de les retrouver, il est d'une importance primordiale que Sibylle reste ici.

-Mais pourquoi, Albus ? On sait tous que Sybille était une professeure abominable, sans un gramme de talent ...

-Peut-être, Filius, peut-être, mais c'est plus dû à la divination qu'à la professeure, à mon humble avis. Mais si nous arrivons à ne serait-ce que faire en sorte que Sybille reste à Poudlard ...

-Ça voudrait dire qu'Ombrage n'est pas toute puissante, réalisai-je, un sourire naissant lentement sur mes lèvres. Qu'il y a des choses qu'elle ne peut pas décider.

C'était une petite forme de résistance et cela faisait flamber la révolte en moi. Dumbledore et Flitwick m'adressèrent un regard surpris, comme s'ils souvenaient brusquement que j'étais là. Les yeux de Dumbledore pétillèrent.

-Exactement, Victoria. Maintenant, retournez à votre Salle Commune, je dois me hâter à la forêt.

-A la forêt ?!

Mais Dumbledore ne s'attarda pas sur notre cri conjoint et s'élança sans se retourner dans les corridors. Flitwick et moi échangeâmes un regard consterné alors qu'il disparaissait dans l'escaliers d'un pas lest. Je tordis mes lèvres pour effacer le sourire qui menaçait d'y fleurir, mais il devait y rester une marque car Flitwick m'enjoignit vivement de rejoindre ma Salle Commune. Je m'y rendis d'un pas bondissant, me délectant en imaginant la tête d'Ombrage lorsqu'elle découvrirait que ce que Dumbledore préparait. J'ignorais ce que c'était, mais j'avais totalement confiance en mon directeur pour l'exécuter. Elle n'avait été que peu contrariée depuis que son pouvoir s'accroissait : il était grand temps de lui déclarer la guerre, même pour la plus infime des victoires. 



Petite notre post-chapitre : l'article a été une lutte, j'ai fait de mon mieux. Harry devait raconter ce qui était le plus proche de la vérité, y compris le plus WTF, sans évoquer les coeurs jumeaux puisque c'est Ollivander qui donne l'information à Voldemort. Donc le rendu n'est pas parfait, mais c'est assez difficile de deviner ce qu'il a dit. 

Bon concernant Simon, le redémarrage est tout en douceur : il ne va pas se mettre à en parler librement immédiatement, ça prendra du temps. Mais on y reviendra régulièrement ! 

Je finirais en disant que la semaine prochaine je passerais en dessous des 10 chapitres d'avance, ce qui tombe bien parce que la semaine prochaine c'est la fin du confinement. Je suis infiniment désolée, mais après ça je reprendrais toutes les deux semaines ... Je ne vais pas cramer toute mon avance, sinon pour vous faire une idée, à l'époque de Lucy je postais environ une fois par mois sur Booknode parce qu'il fallait le temps que j'écrive le chapitre. Donc voilààà vraiment désolée, mais vous avez eu la période "chaude" d'un coup, c'est déjà bien ! (et j'étais très contente de vous la livrer si vite). 

VOILA donc à la semaine prochaine ! 

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