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II - Chapitre 17 : "L'espoir s'est embrasé"

Bonjour à tous ! 

J'espère que tout va bien et que vous vivez votre confinement de la meilleure des manières ! 

Merci pour les votes et commentaires du chapitre précédents ! Agréablement surprise que beaucoup apprécie Cyrano comme moi : je me permets un conseil, regardez le film "Edmond", c'est l'histoire romancée de la création de la pièce, c'est tout mignon, très frai, drôle, ça passera le temps du confinement ! 

Allez maintenant chapitre ! Bonne lecture ! 

PS : le Titre est tiré du Seigneur des Anneaux, le retour du roi


Chapitre 17 : « L'espoir s'est embrasé ».

-Donc, vous vous êtes encore trouvé des ennuis avec les Selwyn.

La conclusion du professeur Chourave me fit soupirer. Nous étions assises dans le petit bureau qui jouxtait la serre numéro 3 et je venais, comme me l'avait conseillé les Bones, de lui parler de la nouvelle romance entre mon frère aîné et Melania Selwyn.

-Pas exactement. Disons plutôt que l'univers a décidé que j'aurais des ennuis avec les Selwyn.

Chourave me contempla par-dessus ses doigts étroitement noués et couverts de terre. Une plante inconnue de moi avait tenté de l'étrangler pendant notre cours et elle gardait des stigmates bleuâtres sur la gorge après cette lutte.

-Et bien, Bennett, j'en parlerais au directeur, et je demanderais aux autres professeurs de garder un œil sur les comportements de monsieur Selwyn à votre égard – bien que j'ai l'impression qu'il se soit quelque peu calmé, ai-je tort ?

-Non, admis-je en haussant les épaules. Rien à signaler depuis mon nez cassé en début d'année dernière.

Chourave poussa un grognement de dépit qui m'arracha un sourire.

-Bien sûr, la relation entre votre frère et sa sœur pourra changer la donne, réfléchit-t-elle, songeuse. Mais étrangement, je pense que vous n'avez rien à craindre d'Ulysse. J'ai discuté avec le professeur McGonagall, qui elle l'a toujours dans son cours de Métamorphose et elle l'a trouvé remarquablement assagi depuis septembre. Travailleur, taiseux, et il a pris de la distance avec son ancien groupe. A en refuser que monsieur Warrington utilise les mots d'oiseaux qui ... vous sont destinés.

-Vraiment ? doutai-je en arquant un sourcil.

-C'est ce que Miner ... le professeur McGonagall m'a raconté, toujours – je n'ai plus Ulysse en classe, je ne peux pas en juger.

Il était vrai que Selwyn avait un comportement étrangement solitaire depuis le début de l'année – je ne le voyais plus se déplacer en grande bande avec à sa droite Gloria Flint et flanqué de Warrington, ou plus rarement de Montague. De là à en déduire qu'il s'était assagi ... Je fronçai les sourcils en remarquant que Chourave me fixait toujours d'un regard entendu et la lumière se fit dans mon esprit.

-Vous n'êtes quand même pas en train de me conseiller de lui en parler ?

-Je dis juste qu'Ulysse Selwyn semble avoir décidé d'utiliser les méthodes de son père : dignité et discrétion, fit valoir Chourave, un sourire frémissant au coin des lèvres devant mon air outré. Ça pourrait vous être utile si vous voulez trouver une solution à ce problème – notamment si Melania n'a pas révélé sa nature à votre frère...

Son regard s'obscurcit quelque peu et elle le plongea par la fenêtre, vaguement mélancolique.

-Je me souviens d'elle, c'était une gentille fille et une préfète exemplaire, m'apprit-t-elle en reportant son attention sur moi. De tous les enfants Selwyn elle est de loin la plus ouverte, bien que je la pensais totalement soumise à son père ... Et clairement, son père ne l'aurait pas laissé fréquenter des moldus. Julius Selwyn a ses limites.

-Vous me rassurez ...

-Mais rien de grave n'arrivera à votre famille, insista Chourave, soudainement penaude. Ce n'est pas dans l'habitude des Selwyn de faire des coups d'éclats, c'est une famille plutôt discrète. Maintenant il y a la question de Nestor mais ... pour cela je ferais confiance à Rose et George.

-Très bien. Dans ce cas ... merci professeur.

Chourave sourit avec indulgence et hocha la tête pour m'autoriser à prendre congé. Je récupérai mon sac et m'extirper ma chaise, mais avant que je ne passe la porte, sa voix fusa à nouveau :

-Au fait Bennett, j'oubliais ! Le professeur Dumbledore s'attend à vous recevoir dans les jours prochains, alors quand vous aurez le temps, passez à son bureau, d'accord ?

Abasourdie par l'information soudaine, je ne pus qu'acquiescer. Chourave esquissait un léger sourire entendu, presque mystérieux et je sortis de la serre perplexe, et transie par le froid d'Ecosse qui mordait la peau. Le tapis de neige s'était encore épaissi pendant les vacances et ils annonçaient une nouvelle tempête dans les jours à venir, avant que les températures n'augmentent à nouveau. En parcourant le chemin creusé dans la neige, je songeais aux dernières paroles de Chourave et à l'invitation impromptue de Dumbledore. Evidemment, il voulait savoir si j'avais pu parler à mon grand-père ... Si j'avais pu éclaircir le mystère qui lui échappait. Pour autant, je ne me sentais absolument pas pressée de le lui en faire part. Après la confrontation avec Miro, puis la discussion déchirante avec Jaga, je m'étais totalement repliée sur moi-même pour masquer le vide qui s'était ouvert en moi, et tentai vainement de le remplir et le réparer. Simon avait plusieurs fois essayé de me faire parler, mais chaque fois je lui avais signifié que je n'en avais pas la moindre envie, et il s'était détourné, un brin boudeur.

Si je n'éprouvais pas l'envie de faire part de mes sentiments à Simon, c'était encore plus vrai concernant Dumbledore.

Je voulus rentrer dans ma Salle Commune, mais constatai en entrant dans le Hall que Poudlard se précipitait vers le repas du soir et je consultai ma montre. Je n'avais pas pensé parler si longtemps avec Chourave, nous avions abordés nombre de sujet durant notre entrevue et je n'avais pas remarqué l'heure qui déclinait. Je suivis donc la foule d'élève qui s'engouffrer dans la Grande Salle et repérai Simon et Emily assis avec les jumelles Morton et Erwin Summers.

-Tu étais où ? s'étonna Emily alors que je m'installais. Miles est venu me voir, il te cherchait.

Je pinçai des lèvres. Je n'avais pas vu Miles depuis la parution du journal, et j'avouai tout faire pour l'éviter. Je n'étais pas d'humeur à débattre avec lui.

-Je parlais avec Chourave. Oh et au fait ... (Je donnai un coup de poing dans l'épaule de Judy, qui venait juste de s'asseoir à côté de moi). Entrainement demain soir, d'accord ?

-Enfin, se réjouit ma Batteuse.

-Je suis en manque d'activité là, enchérit Kenneth avec un sourire carnassier. On va dompter du lion mon Capitaine, ne t'en fais pas.

-C'est dommage, il n'y aura aucune gloire pour nous, regretta Judy avec un soupir à fendre l'âme. Ça n'a pas la même saveur si on ne se bat pas contre les Weasley ...

Là-dessus, elle jeta un regard entendu aux jumeaux de Gryffondor assis à la table d'à côté. Ils étaient penchés sur Lee Jordan et conspiraient à voix basse – contre Ombrage ou pour leur boutique, je n'en n'avais aucune idée. J'eus un pincement au cœur. J'étais également déçue de ne pas pouvoir jouer contre les jumeaux, desquels je m'étais rapprochée l'année dernière et comme l'avait souligné Judy, le fait que Gryffondor avait perdu de précieux éléments faisait perdre une partie de son charme à la rencontre. L'avantage, c'était qu'Aaron semblait appréhender le match beaucoup plus sereinement en sachant qu'il ne se retrouverait pas devant Harry Potter.

-Au moins vous êtes sûrs de gagner, s'enflamma Erwin avec un immense sourire. C'est incroyable, on croirait presque qu'on joue le trophée cette année ...

-On n'est pas sûr de gagner, leur attaque reste très forte, tempérai-je, gênée par son enthousiasme.

-Et si tu encaisses autant de but que sur le premier match ...

Le groupe se tourna d'un bloc vers Zacharias Smith, qui eut un mouvement de recul en remarquant les regards hostiles braqués sur lui. Je n'eus pas le temps de songer à l'étrangler, considérant que c'était bien plus sa faute si j'avais encaissé ce nombre de but, que Kenneth pointait sur lui une fourchette menaçante et assénait :

-Arrête tes conneries, on sait qu'elle a fait ce qu'il fallait pour rattraper vos faiblesses. La Capitaine est une grande gardienne.

-Une petite gardienne, rectifia machinalement Simon. Mais qui fait bien son travail je veux bien l'admettre, ajouta-t-il précipitamment lorsque Kenneth se saisit de son couteau pour le pointer sur lui. Simplement ne vient pas me dire qu'elle est grande.

-Ça ressemble presque à un compliment, Simon, me moquai-je. Je devrais plus souvent te menacer avec des couteaux, merci du tuyau, Kenneth.

-A ton service.

Voyant que Simon et Smith avaient renoncé à renchérir, il fit pivoter ses couverts pour s'attaquer à sa côte de porc, lorgnant toujours le Poursuiveur l'air mauvais. Judy et moi échangeâmes un regard ravi et Emily avait esquissé un léger sourire. Elle se tenait en retrait et je ne pouvais pas m'empêcher de remarquer qu'elle évitait soigneusement de croiser le regard de Simon. Ils ne s'étaient pas adressés la parole depuis la parution de l'article sur les Mangemorts et Hannah devait se charger de faire l'intermédiaire pour leurs devoirs de préfets-en-chefs. J'étais en train de fomenter un plan pour les forcer à se parler lorsqu'Erwin jeta de l'huile sur le feu :

-Vous avez entendu la rumeur, d'ailleurs ? Il paraît que les Mangemorts sont à Pré-au-Lard ...

Un murmure de panique parcourut la table et je vis une première année étouffer un cri d'horreur en plaquant ses mains contre sa bouche. Je toisai Erwin d'un air dépité.

-Des rumeurs, Summers. Pas la peine d'effrayer tout le monde.

-Mais je te jure ! insista-t-il. C'est Tyler qui me l'a dit : ils se seraient cachés dans la Cabane Hurlante et ils voudraient s'introduire dans Poudlard ! Black l'a fait il y a deux ans : s'il a pu les faire sortir d'Azkaban, il peut bien les faire rentrer ici, non ?

-Arrête tu es ridicule, assénai-je alors que les plus jeunes se mettaient à chuchoter avec animation, anxieux. Tu crois vraiment que dix Mangemorts tenteraient d'entrer sous le nez de Dumbledore ?

-Black l'a bien fait !

-Black n'a rien à voir là-dedans, répliqua sèchement Simon, dont je m'étais attendu à ce qu'il intervienne bien plus tôt. Et je pense que les Mangemorts sont autrement plus occupés que de s'intéresser à une bande d'élève ...

Le sous-entendu était clair et il crispa Emily si fort qu'elle en laissa tomber ses couverts dans son assiette. Pourtant, elle s'abstint de répliquer, et je ne savais pas comment interpréter ce silence. Mathilda papillonna des yeux, mais personne n'eut le courage de renchérir. Je fus satisfaite de constater que les regards ne s'étaient plus fait furieux, mais songeurs et apeurés : dans les jours qui avaient suivis l'évasion des Mangemorts, j'avais remarqué un léger changement d'atmosphère, notamment lorsque l'on évoquait le retour de Voldemort. Avant, il était impossible pour Simon, Renata, ou moi de le faire sans s'attirer la foudre silencieuse de nos camarades. Mais après j'avais eu une discussion avec Renata avant l'Etude des Moldus, et j'avais observé nombre d'élève se pencher vers nous, presque intrigués. Les lacunes béantes des explications de Fudge semblaient les pousser à chercher des explications par eux-mêmes ...

Jusqu'à enfin accepter qu'un certain Mage Noir était de retour ?

C'était peu. Mais c'était la lueur vacillante des prémices d'un espoir, et j'étais prête à m'y accrocher de toutes mes forces.

-Au fait Simon, intervint timidement Mathilda, les joues teintes d'une légère couleur rose. Euh, je me demandais ... Edgar Bones ... C'est de ta famille ?

Erwin, qui était en train de se servir un verre de jus de citrouille, suspendit son geste et leva sur Simon un regard d'une convoitise indécente. De ce fait, il ne remarqua pas que son verre continuait de se remplir du liquide orangé qui déborda assez vite. Le jus dévala la table jusque moi et j'eus à peine le temps de sortir ma baguette avant qu'il ne se renverse sur ma jupe. Un mur invisible se forma au bord de la table et empêcha le liquide de se répandre sur moi et je jetai un regard flamboyant à Erwin – à cause du jus comme de l'air avide qu'il affichait. Simon contemplait Mathilda d'un œil étrangement vide avant de se reporter sur son assiette et de piquer rageusement une pomme-de-terre.

-Ouais, c'était mon oncle.

-Whao, laissa échapper Mathilda, avant de s'empourprer. Je veux dire ... Désolée ... Enfin, ça devait être horrible ... ses deux enfants ...

-Quel âge ils avaient ? s'enquit Renata avec une surprenante douceur.

-Dix-huit et neuf ans.

Un silence glacé s'abattit sur la table et les jumelles échangèrent un regard empli d'horreur. Sans doute l'image du meurtre d'un enfant de neuf ans était trop insoutenable pour la plupart d'entre nous. Emily jeta un regard coup d'œil à Simon avant de se détourner. Elle était si pâle que je la soupçonnais de réprimer sa nausée. Même la curiosité malsaine d'Erwin vrilla à l'épouvante, mais cela ne l'empêcha pas de demander d'un ton qui manquant cruellement de tact :

-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Summers, grondai-je sourdement.

Je lorgnai nerveusement Simon, et de nouveau, son œil se vida de toute expression. Cependant, je ressentis sa crispation à des petits détails : ses doigts qui s'étaient figés sur ses couverts et il avait posé ses dents sur sa lèvre inférieure, comme s'il avait songé à la mâchouiller avant de suspendre son geste. Il finit par lever un regard assez froid sur Erwin en remarquant que son intérêt indécent persistait malgré son mutisme et il cingla :

-Des Mangemorts sont venus et ont tué toute la famille. Fin de l'histoire.

-D'accord mais les enfants, protesta Mathilda d'une petite voix. Enfin, ton oncle et ta tante, ils avaient peut-être fait quelque chose contre Tu-Sais-Qui mais tes cousins ...

Un rire amer remonta dans la gorge de Simon, un éclat assez sinistre qui me perça le cœur tant il lui ressemblait peu.

-Si tu crois que c'est ce qui importe à ce genre de gens, murmura Simon en un souffle qui glaça la tablée. Ils ont un sens de la morale extrêmement limité. Ce qu'il leur importait c'était faire le plus de dégât possible. Et plus c'était horrible, plus ça dissuadait les sorciers de rejoindre les ennemis de Tu-Sais-Qui. Personne n'avait envie de risquer la vie de ses enfants ... Spencer n'était pas le premier. Ni les derniers.

Là-dessus – et peut-être sans le vouloir – son regard se darda sur Emily, brusque, et presque accusateur. Elle le soutint une demi-seconde avant de baisser le nez sur son assiette et joua avec sa nourriture sans y toucher. Mais cela n'adoucit pas Simon pour le moins du monde et il lâcha d'un ton dur :

-A moins que vous ne commenciez à vous réveiller. Peut-être que là, on pourra limiter les dégâts.

-Arrête, Simon, finit par intervenir Emily, sans le regarder toutefois.

Elle avait encore blêmi et ses yeux brillaient d'un étrange éclat où pointait un soupçon de colère.

-Je comprends que ça te trouble que Jugson se soit évadé ... Mais ça ne te donne pas raison pour autant. Bon sang, dix Mangemorts ce n'est pas déjà assez effrayants, il faut que tu entraines les autres dans l'horreur en clamant que c'est de la faute de Tu-Sais-Qui que c'est arrivé ?

-Em', c'est de la faute de Tu-Sais-Qui, affirmai-je pour éviter à Simon d'exploser. Comment tu expliques sinon que dix détenus parmi les plus surveillés soient passés entre les mailles des Détraqueurs ?

Un murmure songeur parcourut la table. Judy et Kenneth échangèrent un regard, et il me semblait que la jeune fille était déchirée. Elle se mordit la lèvre et son ami continuait de la contempler silencieusement, sans l'ombre d'un sourire, si bien que j'eus l'impression qu'il se jouait entre eux la même bataille qu'entre Simon et Emily.

-C'est assez étrange, j'avoue, admit Mathilda.

-Mais arrête, s'agaça Emily avec un geste impatient de la main. On sait tous que Tu-Sais-Qui a enseigné à Black et qu'il se retrouve doté de grands pouvoirs, c'est pour cela qu'il a pu tuer tous ces moldus il y a quinze ans ... Et Bellatrix Lestrange ne doit pas être moins puissante.

Un violent frisson parcourut Judy et je la vis passer une main sur son visage, comme pour se donner contenance. J'interrogeai Kenneth du regard mais il secoua la tête avec un certain dépit. Avant que je ne puisse en savoir d'avantage, des couverts tintèrent sourdement contre la table avec un cliquetis qui résonna dans le silence lourd. Simon les avait presque projetés contre son assiette et fusillait Emily du regard.

-Comment tu peux être si aveugle ?

-C'est toi qui t'aveugles, répliqua-t-elle avec une fermeté qui semblait forcée. Tu vois tout sous le prisme du retour de Tu-Sais-Qui et ça déforme tous les événements, tout devient une preuve ... Mais ce ne sont que des lunettes que tu t'infliges et qui dénaturent sa réalité, Simon ! Bon sang, comment tu ne peux ne pas le voir ? Ton oncle est mort pour que Tu-Sais-Qui ne puisse plus nuire, non ? Et maintenant tu voudrais que son sacrifice ait été vain, c'est ça que tu veux entendre ?

-Seigneur, Emily, ferme-la !

Mon intervention me valut le regard noir d'Emily, et elle ouvrit la bouche pour enchérir, furieuse, quand elle fut coupée net par Simon qui se levait brusquement de table. Ses poings étaient si serrés qu'ils tremblaient et il ne nous adressa pas le moindre regard alors qu'il enjambait le banc et remontait l'espace entre les tables de Poufsouffle et Serdaigle à grands pas furibond. Je voulus me lever et le suivre, mais une main s'appuya soudainement sur mon épaule et m'incita à me rassoir. Susan me sourit d'un air crispé.

-J'y vais, ne t'inquiète pas. Sur le coup je pense qu'il vaut mieux que ce soit moi.

-Susie ...

Mais elle balaya le reste de mes paroles d'un geste de la main, tapota mon épaule et se précipita à la poursuite de son frère, sa natte bondissant contre ses omoplates. Je n'avais pas eu l'occasion de discuter avec elle depuis l'évasion des Mangemorts : elle s'était remise à disparaître inopinément certains soirs et avait passé beaucoup de temps seule avec Simon. Mais je n'imaginais pas qu'elle puisse souffrir moins que lui de l'évasion de Jugson et cela expliquait sans doute les cernes qui étaient apparues sous ses yeux.

-Bien joué, Emily, murmura Renata avec un regard torve pour la préfète-en-cheffe.

Laquelle s'empourpra furieusement, mais tenta maladroitement de justifier :

-Il exagère ... Ce n'était que son oncle, et il était jeune, ce n'est pas comme si ...

-Bon sang Emily ! Parce que tu crois que ça enlève à l'horreur de l'image un gamin assassiné de sang-froid ? Spencer avait neuf ans et ils l'ont tiré de sous son lit pour le tuer ! Neuf ans, nom de Dieu !

Emily parut se recroqueviller face à mon éclat et un air d'épouvante eut la décence de se peindre sur ses traits. Judy parut avoir un haut-le-cœur et plaqua une main contre sa bouche et Erwin se pencha vers moi, l'air vaguement intéressé.

-Ah oui ? Tu sais ce qu'il s'est passé, Victoria ?

Je le contemplai, abasourdie que sa seule volonté était d'avoir des détails sur la soirée morbide qui avait pris la vie d'une famille, et je sentis la bile me monter à la gorge et répondre un goût de cendre dans ma bouche. Dégoûtée, je lâchai à mon tour mes couverts et repoussai mon assiette avant de bondir sur mes pieds. Erwin parut déconcerté par ma réaction.

-Mais Vic', je fais que demander !

-Ferme la, Summers. C'est pas des choses qui se demandent.

Je jetai un bref regard reconnaissant à Kenneth, qui m'adressa un signe de tête signifiant qu'il couvrait ma fuite. Je ne me fis pas priée et me précipitai vers la sortie, le cœur tambourinant dans ma poitrine à un rythme erratique qui raccourcissait mon souffle. Un vent de révolte gonflait mes veines un peu plus chaque jour et parfois je me sentais à deux doigts de le laisser courir librement mes muscles et ma voix pour exploser au monde entier.

***

-Ma grand-mère.

Le souffle de Judy se perdait dans la brume qui baignait le terrain de Quidditch. Le brouillard commençait à peine de se lever mais notre séance dominicale prenait fin et ma Batteuse m'aidait à ranger chacune des balles dans la caisse. Elle était allongée contre un cognard récalcitrant, et se débattait avec les lanières, ce qui rendait sa voix saccadée :

-Elle est morte dans une attaque de Mangemort sur le Chemin de Traverse, je sais pas moi ... trois ans avant la fin de la guerre ?

-Je suis désolée, Judy.

Avec un grognement, la jeune fille acheva d'entraver le cognard et se redressa sur ses genoux, haletante. Elle m'adressa un pauvre sourire.

-Ça va. C'est juste que l'évasion de tous ses Mangemorts, ça réveille de mauvais souvenirs ... Tu comprends, Rabastan Lestrange était du lot. Alors en un sens, je comprends parfaitement la colère de Bones. Moi aussi j'ai eu envie d'envoyer ma batte sur le visage de Fudge quand j'ai lu l'article ...

-Quelle inauguration de prestige ce serait, plaisantai-je à mi-voix.

Ma tentative ne devait pas être si minable car elle arracha un rire à Judy. Je lui tendis la main pour l'aider à se relever, et nous prîmes chacune une hanse de la caisse. Kenneth nous attendait à l'entrée du vestiaire, frictionnant ses bras que le manque d'activité refroidissait et souffla dans le vide pour former des nuages de panaches blancs qui allèrent se perdre dans la brume.

-Il était beaucoup trop tôt cet entrainement, Capitaine, se plaint-t-il en nous ouvrant la porte. Franchement en janvier, dès le matin ...

-Je n'avais d'autres créneaux, les Serdaigles s'entrainent après nous... Ah bah tiens ...

A l'entrée du stade, Roger Davies venait d'apparaître, son balai sur l'épaule et revêtu d'une robe de Quidditch d'un bleu sombre qui semblait quelque peu trop petite pour lui. Il fallait dire qu'il avait pris une quinzaine de centimètres depuis l'année dernière et que ses épaules s'étaient élargies, tendant le tissu sur sa poitrine, et entravant ses mouvements. Il se mit à trottiner en m'apercevant.

-Ne rangez pas les balles, j'arrive !

-Il faut vraiment que tu fasses quelques choses sur ta robe, fis-je remarquer en tirant sur une de ses manches. Elle va craquer au prochain match.

Roger grimaça et suppléa Judy de l'autre côté de la caisse. Un pli soucieux était apparu entre les sourcils du Serdaigle et je fis discrètement signe à mes Batteurs de rentrer dans les vestiaires. Ils obtempérèrent sans broncher et Kenneth enroula un bras autour des épaules de la jeune fille. Là où on aurait pu attendre qu'elle se débatte, Judy se laissa faire et sa tête se posa sur l'épaule du Batteur au moment où la porte se refermait sur eux. Je ramenai silencieusement la caisse des balles jusqu'au centre du terrain, accompagnant un Roger étrangement taciturne. Le soleil commençait à percer la brume matinale de ses rayons timides qui allèrent s'éclater sur les poteaux de buts et je plissai les yeux, agressée par la soudaine lumière. Roger laissa tomber la caisse avec une certaine lourdeur et poussa un gros soupir, comme contrarié.

-Emily m'a dit que vous vous étiez disputées.

Je ne répondis pas immédiatement et fronçai les sourcils, perplexe.

-C'est un peu tendu en ce moment, mais il n'y a pas eu de grosse dispute ... C'est juste que ...

-Je sais ce qui se passe, me coupa Roger d'un ton amer. Et ... pour le coup, je suis plutôt de ton côté, alors je me suis un peu disputé avec elle au petit-déjeuner.

-Sérieusement ?

Roger hocha la tête avec une certaine raideur et il se laissa tomber sur la caisse en exhalant un soupir. Il me gratifia d'un léger sourire, presque contrit.

-Evidemment, je ne vais pas continuer de me voiler face. C'était évident que non, monsieur le Ministre, tout ne va pas bien. Bref, Em' n'a pas apprécié ... (Il se frotta le visage où une barbe de trois jours avait poussé). Mais quelle idiote ...

Je pinçai des lèvres, attristée par le ton amer et presque chagriné de Roger. Emily et lui s'étaient rapprochés depuis la mort de Cédric, au point où je m'étais demandé si leurs relations n'allaient pas finir par basculer vers une autre dynamique ... Cela avait été étayé par la sagesse de la vie amoureuse du Capitaine de Serdaigle cette année, lui qui était connue pour enchainer les petites-amies. Je posai une main sur son épaule et la pressai doucement, ce qui arracha un rire.

-Je te fais pitié, Bennett ?

-Un peu, plaisantai-je avec un sourire, avant de reprendre avec plus de sérieux : je ne pensais pas que tu croyais au retour de Voldemort ...

Roger grimaça en entendant son nom, mais ne me fit aucune remarque.

-Je ne vais pas te mentir, Victoria, je ne dis pas que c'est le cas. J'ai l'esprit pragmatique et Emily a raison : il était mort, comment veux-tu qu'il revienne à la vie ? On ne peut pas créer la vie du néant, c'est impossible. Mais ceci-dit ... il y a bien quelque chose d'étrange qui se passe. La marque des ténèbres, Diggory, maintenant ça ... Si tout va bien et que les détenus se sont échappés quand même, alors il y a une inquiétante défaillance du Ministère.

-Dans les deux cas, il y a une grave défaillance du Ministère.

Je me figeai en entendant la voix dans mon dos. J'échangeai un regard avec Roger, qui dressa un sourcil, un léger sourire aux lèvres. Lentement, je fis volte-face pour voir Miles achever de frayer un chemin dans la neige pour nous atteindre. Il finit par sortir sa baguette pour faire fondre la couche devant lui et s'épousseta les genoux.

-Dans le premier cas, il y a une défaillance concernant Azkaban, et ils ne sont plus capable de nous protéger pour des raisons qu'on ignore, poursuivit-t-il d'un ton neutre. Dans le second ... Ils nous mentent depuis des mois et nous mettent sciemment en danger.

Mon cœur fit un véritable bond dans ma poitrine lorsque son regard croisa le mien. Ils nous mentent depuis des mois ... Roger hocha sinistrement la tête.

-Ouais, t'as raison. Dans les deux cas, ça craint et Fudge devrait présenter sa démission. Et ça ne change rien à la réalité de la chose : on a dix Mangemorts en liberté, plus Black ! S'il y a bien un truc que je veux bien croire dans La Gazette, c'est qu'il se considère comme l'héritier de Vous-Savez-Qui, et s'il retrouve des partisans ... Bien le règne de la terreur est de nouveau sur nous. Quoiqu'il en soit.

J'avais à peine entendu l'exposé de Roger : j'avais les yeux rivés sur Miles, entre incertitudes et espoir. J'avouai l'éviter depuis l'évasion des Mangemorts : j'étais dans un tel état de colère que je ne voulais pas risquer une dispute stérile avec lui. Mais si j'en jugeais par ses paroles et par la lèvre qu'il mâchouillait nerveusement, sans détacher son regard du mien ... Roger finit par se sentir de trop, car il soupira profondément avant de me contempler, l'air dépité.

-Je vais vous laisser, mais dépêchez-vous de dégager la place, j'ai un entrainement, moi. Pour mettre des tas de but à ce type.

Là-dessus, il désigna Miles, qui eut un vague sourire amusé, sans répondre à la provocation. Roger se leva et se dirigea tranquillement vers les vestiaires desquels mon équipe sortait pour retourner vers le château. Je croisai mes bras sur mon ventre pour retenir ma chaleur corporelle, qui s'évaporait maintenant que je n'étais plus en activité. Je fixai Miles, le cœur battant la chamade. Pendant un moment, aucun d'entre nous n'osa prendre la parole, jusqu'à ce que Miles prenne son courage à deux mains pour lâcher du bout des lèvres :

-Dis-moi qu'il y a des tonnes de sorts de protection autour de ta maison.

Je ne m'attendais pas à une entrée en matière si abrupte et je m'efforçai à me remettre de ma surprise pour répondre machinalement :

-On s'en est chargé cet été avec les Bones.

-Bien, soupira Miles, ses épaules se détendant visiblement. Parce qu'avec des Mangemorts qui trainent dans les campagnes ... Et possiblement un Mage Noir ...

Mes mains se crispèrent contre mes flancs et mon cœur se mit à cogner sourdement dans ma poitrine. C'était à la fois la plus belle preuve d'acceptation de la situation que je n'avais jamais eu de la part de Miles, la première fois qu'il évoquait la possibilité que Voldemort soit de retour, la première fois que nous avions la possibilité d'être en phase.

Mais il y avait un mot qui me gênait. « Possiblement ». Ça aurait pu être un motif d'espoir et de satisfaction. Mais ça ne me suffisait plus. La rage bouillonnait dans mes veines, et ce simple mot semblait suffire à la faire remonter.

-Il est de retour. Il est de retour, et il a tué Cédric, Miles.

Je tremblai, mais j'ignorais si c'était de froid ou de colère. Miles baissa honteusement le nez face à mon ton accusateur. Je retenais ces mots depuis des mois, pour ménager sa susceptibilité, pour sauver notre couple. Mais maintenant que les premiers étaient sortis, les autres s'engouffrèrent par ma bouche, brûlant ma gorge comme une trainée d'acide :

-Et il tuera d'autres personnes ! C'est pour ça qu'il a fait échapper tous ces gens, c'est pour qu'ils tuent ses ennemis comme Jugson a tué les Bones ...

-Je sais ... Je sais, Victoria. Je suis désolé ...

Mais ce n'étaient pas les mots que je voulais entendre. A dire vrai, je ne voulais rien entendre, juste lui cracher au visage tous les mots et les douleurs qui me brûlaient les lèvres :

-Tu ne m'as pas cru. Je te l'ai dit, et tu ne m'as pas cru, tu as préféré croire le Ministère et voilà ce qui arrive maintenant. Il retrouve ses forces et personne ne fait rien contre ça !

Je dardai toujours un regard implacable sur Miles, même si lui persistait à fuir le mien. Pour ma plus grande satisfaction, aucune larme ne m'était montées aux yeux. Ce n'était pas pleurer, dont j'avais besoin, mais de hurler une rage que je réprimais depuis des mois, laisser éclater ce feu qui me consumait lentement, sourdement, insidieusement depuis que j'avais pris conscience de la situation un jour de juin sur les gradins de ce même terrain. Miles shoota passivement dans la neige.

-Cela dit, même si je t'avais cru ... je ne suis pas sûr que ça aurait changé grand-chose.

-C'est trop facile de se dire ça, répliquai-je amèrement. Mais plus on est à croire, plus on peut changer les choses.

-Victoria ... Je suis désolé ...

-Ce n'est pas ça que je veux entendre, Miles.

Il finit enfin par relever les yeux sur moi et me jeta un regard désappointé. Je le fixai sans sourciller, inflexible malgré le froid qui commençait à m'engourdir et les joueurs de Serdaigles qui commençaient à affluer sur le terrain. Miles finit par hocher la tête, la défaite dans les yeux et souffla :

-Tu-Sais-Qui est revenu. Il a tué Cédric et aidé à faire évader tous ces gens.

J'inspirai profondément et un poids s'envola de mes épaules, malgré la flamme qui continuait de faire rage en moi et de faire bouillir mes veines. Comme je m'y attendais, je n'avais pas la moindre envie de me réjouir de l'avoir ainsi mis à genoux, d'avoir eu raison. J'étais plus atterré par le temps qu'il avait fallu pour qu'on en arrive là, et parce que tout cet attentisme général avait coûté. Miles avait cédé, mais ça ne paraissait pas être encore le cas d'Emily – et encore moins du Ministère. Qu'est-ce que Voldemort aurait le temps de faire avant que les autorités ne daignent agir ?

-Tu en as mis du temps. Je te pensais plus intelligent que ça.

-Vic' ... Je suis ...

-Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? l'interrompis-je, me refusant à l'entendre s'excuser encore. Les Mangemorts ?

La bouche de Miles se tordit et il me scruta un instant, l'air de soupeser les mots qu'il allait prononcer. Je voyais ses mains s'agiter dans ses poches, trahissant sa nervosité.

-Je ne vais mentir, ça m'a mis un sacré coup sur le crâne, cet article. Comme on l'a dit avec Davies, même sans envisager le retour de Tu-Sais-Qui, c'est effarant : dix anciens Mangemorts des plus dangereux, plus tous ceux qui ont échappé à la justice et qui se terrent, menés par Black ... Rien que cette perspective est effrayante, et ... oui, j'avoue, je me suis mis à flipper. Et je n'étais pas seul : dans le dortoir, Montague et Warrington n'arrêtaient pas d'en parler. Plus pour faire des blagues qu'autre chose, Warrington effrayait les petits avec ça ... Jusqu'à ce qu'Ulysse s'énerve.

-Ulysse Selwyn s'est énervé ? répétai-je, stupéfaite.

Mon incrédulité arracha un léger sourire à Miles. Et je devais bien avouer que celle-ci me faisait totalement oubliée que j'étais furieuse – contre lui, Fudge et l'univers entier.

-Je te jure. Dans le dortoir, quand Warrington a fait une énième blague en disant que tous les nés-moldus voudront rater leurs examens pour rester à Poudlard sous les jupons de Dumbledore, Ulysse a répondu que lui aussi aimerait rester sous les jupons de sa mère le jour où Tu-Sais-Qui réapparaîtrait pour de bon et qu'il se rendrait compte que son sang n'était pas parfaitement pur et que les tueries commenceraient. Tu connais Warrington, il considère Ulysse comme son chef alors il n'a rien dit ... Mais moi ça m'a surpris qu'il parle si crument alors qu'il a passé tout le début de l'année seul dans son lit, les rideaux tirés sans parler à personne. Alors on a discuté une bonne partie de la soirée ... J'étais encore sceptique, mais ...

-Non mais je rêve, lâchai-je abruptement. C'est Ulysse Selwyn qui t'a convaincu que Voldemort était de retour ?

Miles eut un sursaut qui faillit le faire tomber dans la neige en entendant ce nom maudit. Je passai outre mon choc et ma vexation pour asséner, un brin irritée :

-Franchement, vous êtes ridicules vous, les vrais sorciers ...

-L'éducation, Vic', se défendit Miles en se redressant avec dignité. Mais quand même, prononcer ...

-Hep, hep, hep, Bletchley, ne détourne pas la conversation ! Alors quand c'est moi qui le dis, on s'en fiche, mais quand c'est Ulysse Selwyn ...

Les joues de Miles rougirent de façon adorable, mais cela ne suffit pas à m'attendrir. Les joueurs de Serdaigle entraient sur le terrain, balai à la main, et Roger me faisait de grands gestes pour m'inciter à quitter la place. Exaspérée, je pris le bras de Miles sans ménagement et le forçai à me suivre dans l'allée déneigée.

-Non mais je rêve !

-Ne sois pas vexée ...

Je poussai un grognement qui en soi, ne voulait rien dire, mais je ne savais pas que répondre d'autre. Car vexée, je l'étais, et cela balayait le soulagement de constater que Miles avait enfin fini par ouvrir les yeux. Il attendit d'être sorti du terrain de Quidditch pour me prendre par les épaules et planter son regard dans le mien.

-Ce n'est pas lui qui m'a convaincu, Vic', c'est moi qui aie réfléchi, il m'a juste donné du grain à moudre. Et notamment en t'utilisant, en me rappelant que quand bien même il t'avait martyrisé une partie de sa vie, il savait que tu n'étais pas une idiote et que si tu croyais au retour de Tu-Sais-Qui, c'était qu'il y avait une raison. Et que ... Bon sang, Vic'. S'il est revenu ... Franchement, j'espère que les sorts autour de ta maison ...

-Ils sont fiables, et les Bones les renouvellent régulièrement, le rassurai-je en agrippant ses poignets, assez surprise par l'inquiétude qui s'était mise à faire trembler sa voix. Et de toute manière, je suis à Poudlard, pour l'instant, en sécurité. Et pas plus en danger que n'importe quel sorcier en Grande-Bretagne.

Miles ferma les yeux et exhala un léger soupir, comme pour évacuer la tension. Il posa son front contre le mien, et avant que je ne puisse me dégager, il souffla :

-Je te promets, Vic', ce n'est pas lui qui m'a convaincu. C'est toi. Parce que je me suis rendu compte qu'en continuant de m'aveugler ... je te mettais en danger. Et bon sang, si tu savais comme je suis désolé ...

Mon cœur se mit à battre la chamade, et alors que les mains de Miles se crispaient un peu plus sur mes épaules, que son souffle saccadé par l'inquiétude effleurait ma joue à intervalle irrégulier, le soulagement vint enfin, faisant craquer en moi un barrage qui étouffa le feu qui me brûlait depuis plusieurs jours. C'était fini, la tension, l'évitement et les non-dits. Miles avait ouvert les yeux sur la réalité du monde, sur ma réalité. Peut-être qu'enfin, nous allions avancer. Peut-être qu'enfin, le monde allait changer, basculer et qu'il serait possible de faire quelque chose pour qu'il ne valse dans le chaos. Ça ne servait à rien de gâcher ça avec des colères stériles. Une boule chauffée à blanc au creux de la gorge, je hochai silencieusement la tête contre la sienne, et laissai tomber mes mains pour l'enlacer timidement, à bout de force, physique après l'entrainement, et mentale après toute l'adrénaline qui retombait. Miles referma ses bras sur moi et me serra à rompre les os dans une étreinte où je sentis tout son soulagement, et toute sa contrition. Je la lui rendis, timidement, plus épuisée qu'autre chose. Ce n'était pas un pardon. Il ne m'avait pas cru d'un prime abord, et j'étais persuadée que ça laisserait une marque. Mais nous allions enfin pouvoir avancer. L'espoir commençait à s'embraser. Et me concernant, il commençait avec Miles.

***

-Donc ça veut dire que tu vas arrêter de dormir dans mon lit chaque fois qu'il y a un problème, maintenant que Bletchley y croit et qu'il peut le régler ?

Je tirai puérilement la langue face à la pique de Simon, ce qui le fit lever les yeux au ciel. Nous rangions nos affaires après le cours de métamorphose, que nous avions passés côte à côte puisqu'Emily avait décidé de se mettre seule au premier rang plutôt qu'à côté de moi. A présent, même nos rapports étaient difficiles et j'avouai être soulagée de ne pas avoir à supporter la tension permanente que m'imposer sa présence. J'étais une amie exécrable, songeai-je amèrement en fourrant mes parchemins dans mon sac. Mais l'acceptation de Miles concernant le retour de Voldemort rendait l'aveuglement d'Emily encore plus insupportable.

-Très drôle. J'avoue que je suis encore vexée que ce soit Selwyn qui l'ait convaincu, mais bon, je suppose que c'est mieux que rien ... Tu vois, finalement, j'avais raison. Il y a du bon dans l'évasion.

Je m'en voulus presque aussitôt d'avoir laissé échapper ces mots, car le visage de Simon se figea aussitôt. J'évitai de parler de cela avec lui, de peur que la révolte en lui ne s'embrase et lui fasse perdre le sens des réalités. Il était bien impulsif que moi, bien plus doué en magie et surtout il avait toutes les raisons du monde d'être en colère contre l'univers. Cédric, maintenant Jugson ... La mâchoire contractée, il referma son sac et le mit brusquement sur son épaule.

-On peut dire ça, répondit-t-il d'un ton sec. Enfin, s'il faut chaque fois une catastrophe pour que les gens se mette à croire, ça fait cher la propagande. Surtout qu'une personne qui croit n'est pas forcément une personne qui agit.

-Agit ? C'est-à-dire ?

Simon me fixa quelques secondes avant de baisser les yeux sur son sac et d'en tordre la lanière. Je fronçai les sourcils, attendant impatiemment qu'il vide son sac et espérant ne pas entendre les mots que je pensais l'entendre prononcer.

-Je n'en sais rien, à vrai dire, lâcha-t-il du bout des lèvres. On est tellement coupé de l'extérieur ... et ma mère m'a dit qu'elle ne m'enverrait plus d'informations par lettre, apparemment le courrier est surveillé ...

-Le courrier est surveillé ? répétai-je, outrée. Tu veux dire qu'elle ouvre notre courrier ?

Simon me fit vivement le signe de baisser d'un ton avec un vague regard pour le professeur McGonagall qui rangeait son bureau à l'aide de sa baguette. Je lorgnai moi aussi la grande sorcière avant de me rapprocher de Simon.

-Bon, on n'a pas de nouvelle de l'extérieur et on ne risque pas d'en avoir. Et après ?

-Alors comment on sait ce qui se passe ? Tout ce qu'on a, c'est La Gazette, et on ne peut pas dire qu'elle soit vraiment fiable ... Je ne sais pas, Vicky, c'est juste ...

Il se passa une main sur la tempe, l'air de retenir ses mots comme sa rage. Il me semblait que ses doigts tremblaient quand il les passa dans ses cheveux.

-Je me sens ... totalement impuissant, finit-t-il par avouer dans un murmure. Savoir que dehors, le pouvoir de Tommy grandit, et que personne ne fait rien contre ça, qu'il fait évader en toute impunité ses partisans, que Jugson est dehors et que personne ne l'a empêché ... Je te jure, Vicky, ça me rend fou.

J'étais rassurée de voir Simon enfin mettre des mots sur les sentiments qui l'agitaient depuis près d'une semaine, mais ils étaient malheureusement ceux que je craignais d'entendre.

-Bon sang, Simon, on ne peut pas agir depuis Poudlard ! Nous, la seule chose qu'on a à faire, c'est de passer nos examens, et surtout de réussir. (Je baissai la voix pour ne pas être entendue des derniers retardataires dans la salle). Après on pourra faire quelque chose.

Simon me jeta un regard à travers les mèches blondes qui lui tombaient dans les yeux, l'air hésitant. Il s'était mis à mâchouiller nerveusement sa lèvre lorsqu'une voix sèche cingla depuis le bureau :

-Ecoutez Bennett, Simon.

D'un même mouvement, nous nous tournâmes avec stupeur vers le professeur McGonagall. C'était la dernière heure de cours, et elle aussi rangeait sa salle avec des gestes de la baguette rageurs. Elle darda son intimidant regard émeraude sur Simon, qu'elle toisa de toute sa hauteur avec la dignité d'une grande sorcière.

-Je ne doute pas que le meurtre de Cédric Diggory et l'évasion de l'un des Mangemorts qui a tué Edgar soit source de trouble pour vous. Je peux même vous affirmer comprendre votre colère, votre sentiment d'impuissance et votre envie de faire quelque chose. Mais croyez-moi, ce n'est pas en faisant quelque chose ici que vous aiderez qui que ce soit. Et ne pensez pas un seul instant que quitter l'école vous aidera. Bennett a raison. Vous devez rester ici, achever de vous former, et sortir diplômé de Poudlard. Après, vous pourrez songer à faire quelque chose.

Si je fixai mon professeur avec stupéfaction, le regard de Simon était plus dubitatif. Ses doigts s'étaient crispés sur la lanière de mon sac.

-Diplômé ? Et qu'est-ce que je ferais avec un diplôme, l'asséner sur le crâne de Vous-Savez-Qui ?

-Simon, sifflai-je en lui donnant une tape sèche sur le bras.

Il me lança un regard exaspéré et je fus surprise de voir un sourire frémir sur les lèvres de McGonagall avant de s'estomper tout aussi promptement pour ne laisser qu'un air grave.

-Peut-être pas, mais il vous aidera à être quelqu'un d'assez influent pour être utile dans la lutte contre Vous-Savez-Qui, Bones. Ce sera votre passeport pour passer à l'étape supérieure, à des connaissances supérieures. Le monde du savoir de s'arrête pas à Poudlard, après avoir quitté l'école, il existe des formations qui pourront vous permettre d'affiner encore votre maîtrise de la magie. Vous voulez être utile contre Vous-Savez-Qui, Bones ? Alors allez jusqu'au bout de votre potentiel. Et croyez-moi, vous ne faites que l'effleurer.

Les mots de McGonagall parurent faire mouche car le visage de Simon se fit plus songeur, moins furieux. J'adressai un « merci » silencieux au professeur et pressai doucement le bras de Simon pour enfoncer le clou et renchérir :

-Réussir nos études, ce sera notre moyen d'agir, Simon. Et puisque c'est le seul qu'on a, il faudra y mettre toutes nos forces et que tu m'aides enfin à avoir mon patronus.

Cette fois-ci, je fus certaine de voir un sourire flotter sur les lèvres de McGonagall et Simon se fendit d'un léger ricanement. Il passa une main dans ses cheveux et lorgna notre professeur d'un air gêné.

-Oui, je suppose que je peux au moins faire ça. Pardon pour l'air sec, professeur.

-Je vous pardonne pour cette fois, répondit McGonagall d'un ton digne. Parce que comme je vous l'ai dit, je comprends votre colère. Rappelez-vous que vous n'êtes pas les seuls à être coincé à Poudlard sans capacité d'agir.

Simon et moi échangeâmes un regard embarrassé. Il était vrai que ni lui, ni moi, n'avions envisagé la frustration que pouvait être celle des professeurs. La plupart d'entre eux semblaient suivre Dumbledore ... alors combien d'entre eux étaient, comme Simon, en train de ronger leur frein face à l'attentisme du Monde Magique ? McGonagall boucla sa mallette d'un coup de baguette avant de faire léviter celle-ci.

-Mais ce n'est pas mon rôle. Mon rôle est de protéger cette école, protéger ses élèves et vous former le mieux possible. C'est ma façon d'agir. Trouver la vôtre, Bones et sachez que quoiqu'elle arrive, elle vous sera utile.

-Merci professeur. J'essaierais de ...

-Hum hum.

Je retins mon sursaut en m'agrippant à ma chaise et fit volte-face pour voir apparaitre Ombrage dans l'encadrement de la porte, des parchemins collés contre sa poitrine et un sourire mielleux plaqué sur son visage. Mon cœur s'arrêta de battre en voyant son regard, à la fois teinté de satisfaction et de contrariété. Bon sang, qu'avait-elle pu entendre pour avoir un tel regard ?

-Je vous cherchais dans la salle des professeurs, Minerva, minauda-t-elle.

-Et bien il fallait me chercher dans ma salle de classe, Dolores, vous savez bien que j'ai cours avec les septièmes années à cette heure, rétorqua sèchement McGonagall avant de nous faire un signe de la main. Vous deux, je vous revois jeudi.

-A jeudi, professeur, répondis-je précipitamment avant de faucher le bras de Simon et de l'entrainer à l'extérieur de la salle.

Le regard d'Ombrage nous accompagna longuement et avec horreur, je remarquai qu'il se teintait singulièrement d'une satisfaction malsaine lorsqu'il se posait sur Simon. Mon cœur tomba dans ma poitrine et j'accélérai le pas jusqu'à sortir du champ de vision de notre affreuse professeure. Une fois que ce fut fait, je laissai éclater ma frustration en martelant l'épaule de Simon de coup de poings.

-Aïe ! glapit-t-il en faisant un bond sur le côté. Bon sang, qu'est-ce que j'ai fait ?

-Elle nous a entendu parler de Voldemort et de lutte ! martelai-je, ignorant son habituelle grimace au nom du Mage Noir. Il faut qu'on soit plus prudent ! N'oublie pas ce qu'ont dit tes parents : tout ce qu'elle pourra brandir contre ta tante, elle l'utilisera, et ta tante est sans doute la dernière personne raisonnable en poste au Ministère ! Si elle n'est plus là ...

-Ah la politique ! ragea-t-il en levant les bras au ciel. C'est bien pour ça que je refuse d'y entrer, au Ministère !

Il s'apprêtait à reprendre sa marche, agacé, mais je l'arrêtai net en agrippant sa cravate, l'étranglant à moitié au passage.

-Par les chaussettes de Merlin ! éructa-t-il, l'échine pliée par la pression. Je vais te tuer !

-Essaie un peu. Comment ça tu ne veux pas rentrer au Ministère ? Je pensais que tous les Bones y entraient pour devenir des juristes.

Simon me jeta un regard contrarié et se massa la nuque où une marque rouge venait d'apparaitre. Lui et moi nous ressemblions au moins sur un point : l'idée de parler de notre avenir nous angoissait et nous évitions le sujet le plus soigneusement que possible. Pourtant, j'avais toujours eu dans l'idée que Simon suivrait les pas de sa famille car il en avait le profile : il était assez brillant pour entrer au Ministère et il avait la fibre justicière qui semblait couler dans le sang des Bones. Alors malgré tout, j'étais assez surprise d'entendre pour la première fois qu'il ne l'envisageait pas le moins du monde. Un sourire cynique retroussa ses lèvres.

-Moi qui pensais que tu me connaissais peut-être mieux que personne, plaisanta-t-il en reprenant sa marche. Réfléchis bien, Vicky : tu me vois derrière un bureau ?

-Je te voyais Auror, en fait, répondis-je en toute sincérité. Ça mêle ta volonté d'action, tes capacité magiques, et ça reste dans l'idée de justice des Bones.

Simon me jeta un regard déconcerté, et un lent sourire s'étira de nouveau sur ses lèvres, moins cynique, plus doux.

-Ah ... Bah, finalement, tu me connais bien. Effectivement, Auror ça a longtemps été mon plan numéro un, pour toutes les raisons que tu as évoquées. Ce n'est que maintenant que je me dis que ... ce n'est peut-être pas une bonne idée. Je me dis qu'il faut savoir garder son sang-froid quand on est Auror et ... les derniers événements montrent bien que j'en suis incapable. J'ai peut-être un peu trop la fibre justicière de la famille. Je prends les choses beaucoup trop à cœur, je n'arrive pas à prendre du recul. Alors sur le papier, ça colle, mais plus ça avance, plus je me rends compte que je ferais un Auror pitoyable.

-Et être Auror, c'est travaillé pour le Ministère. T'as raison, oublie. Je ne te vois pas travailler pour Fudge. Enfin, pas sans finir par lui jeter un maléfice.

Simon grimaça et je compris que c'était sans doute ce qui le dérangeait le plus sur le métier d'Auror. Et pour le reste, j'étais forcée de l'approuver : il était incapable d'avoir le recul nécessaire au sang-froid. Il ouvrit la bouche pour me répondre, mais un éclat de voix venant du fond du couloir l'interrompit net dans son geste :

-Attends ! Attends, s'il te plait !

-Laisse-moi tranquille !

Les voix et les pas se dirigeaient vers nous et je réagis instinctivement en poussant Simon derrière la statue d'une vieille sorcière borgne. Visiblement, mon instinct était bon, parce qu'une fille arrivait devant nous au moment où le garçon qui la suivait l'attrapait par le bras pour l'immobiliser.

-S'il te plait ...

-Je t'ai dit de me laisser tranquille, persiffla la fille, et je reconnus à la lueur des chandelles la chevelure d'acajou d'Octavia McLairds. Au moins trois fois. Tu es intelligent, Ulysse, tu sais ce que ça veut dire ?

-Parce que tu ne m'as pas laissé la moindre chance de m'expliquer !

-Je n'en ai pas besoin. Tu es un immonde petit Sang-Pur fier de ton nom qui martyrise des nés-moldus. Et je n'en reviens pas d'avoir cru le contraire ...

-Pincez-moi je rêve, soufflai-je, recroquevillée derrière la statue. N'y pense même pas ! ajoutai-je précipitamment alors que Simon me jetait un regard entendu.

Il m'adressa un faible sourire amusé avant de reporter son attention sur la scène surréaliste qui se jouait devant nous. Octavia s'était détournée du garçon, passant une main tremblante dans ses cheveux. Je n'avais jamais vu son visage exprimer tant de chose : c'était si surprenant que je ne reconnus pas la fille qui partageait mes cours d'Histoire de la Magie.

-Je pensais réellement que tu étais différent, chuchota-t-elle d'un ton qui mêlait la déception et la colère. Que tu n'étais pas comme toute cette bande qui gravitait autour de toi ...

-Si tu me prends pour Warrington, alors là je suis vexé.

-Pourtant tu ne vaux pas mieux ! explosa Octavia en faisant volte-face. Victoria Bennett m'a dit que tu lui avais cassé le nez, tu le nies, ça ?!

J'ouvris la bouche d'ébahissement, abasourdie de voir l'information surgir de manière inopinée. Le garçon devant Octavia, qui nous tournait toujours le dos, se trémoussa nerveusement devant le regard furieux de la jeune fille.

-En réalité, elle se l'est cassé toute seule en tombant ...

-Parce que vous lui aviez jeté un sort ! J'ai demandé à Roger Davies, il la connait bien. Tu l'as poursuivie la moitié de sa scolarité parce qu'elle était née-moldue ! Et après tu veux me faire croire que tu es quelqu'un bien ?!

-Rappelle-moi d'aller toucher deux mots à ...

Mais je n'eus le temps de finir ma phrase : Simon avait rudement plaqué sa main contre ma bouche pour me faire taire et attirer contre lui car, dans mon énervement, je m'étais trop avancée de notre cachette. Sachant pertinemment que tirer ses oreilles nous découvrirait certainement, je rongeai mon frein en attendant la réponse du garçon face à Octavia. Lequel avait l'air singulièrement agacé d'être mis face à ses méfaits et se passait sans cesse la main dans ses cheveux impeccablement coiffés.

-OK, je ne le nie pas, finit-t-il par admettre, provoquant le soupir dépité d'Octavia. Et je ne me cacherais pas derrière le fait que c'est elle qui a ouvert les hostilités avec un coup de pied mal placé (Je portai la main à ma baguette pour lui faire payer l'affront, mais Simon réagit en me plaquant un peu plus contre lui). Mais c'était avant. Avant que je ne comprenne que ce n'était pas son sang qui l'empêchait d'utiliser la magie et que ... c'était puéril de lui faire sans cesse payer ce coup de pied.

-Mais tu l'as cru. Tu as cru qu'elle était inférieure parce qu'elle avait du sang moldu ...

-Et bien tu vois, je n'en suis même pas sûr. Non, j'ai toujours su qu'elle était une sorcière comme les autres. D'ailleurs, puisque tu as fait tes recherches, tu as dû comprendre qu'il n'y avait que Victoria avec laquelle j'avais un problème. Je te le dis, ça doit venir du coup de pied ...

-Calme-toi, je veux avoir le fin mot avant de lâcher la lionne, m'enjoignit Simon alors que je m'agitais de nouveau.

Cela m'exaspéra d'autant plus que la plaisanterie déclencha un léger sourire sur les lèvres d'Octavia. Mais elle les tordit aussitôt pour le faire disparaitre et remettre mon masque d'impassibilité que je lui connaissais plus.

-Je ne vois pas Victoria Bennett te donner un coup de pied sans raison, surtout en première année, elle était timide. Non, si elle t'a frappé, c'est que tu l'as insulté. Et tu as continué. Pourquoi tu le faisais si tu n'y croyais pas ?

-Parce que c'était ce qu'on attendait de moi, Octavia ! Je suis Ulysse Selwyn, le fils de l'un des hommes les plus puissants de la Communauté Magique ! On m'a élevé avec deux principes : le dégoût de la magie noire et le fait que je valais mieux parce que j'avais le sang pur ! J'étais à peine arrivé que la moitié de mon dortoir me prenait pour le prince de notre année, je devais faire ce qu'ils voulaient que je fasse si je voulais le rester ! Mais c'est fini, j'arrête de jouer, Octavia, peu importe que je sois le prince ou non, ce n'est pas ce que je veux ... Ce que je veux ...

Il avança la main vers elle, et Octavia se figea, les yeux rivés sur cette main tendue, l'air pétrifié. Son indécision parut donner plus de courage à Selwyn qui avança d'un pas vers elle et déclara avec une douceur que je n'aurais jamais – mais alors jamais – soupçonné :

-J'ai tout envoyé valser pour toi. Pour te mériter. Je me suis coupé de mon groupe – même si je dois avouer que les pitreries de Warrington ne me manquent pas. J'ai annulé mon mariage avec Gloria, si tu savais comme mon père était furieux, les Flint sont une vieille famille orgueilleuse ... J'ai ... j'ai même parlé de toi à ma sœur, elle est la seule personne digne de confiance dans cette famille. Parce qu'entre Enoboria qui ne souhaite que s'élever plus haut que nous et Nestor ... (Il poussa un profond soupir). Bon sang, Octavia, je ne veux pas ressembler à Nestor.

Je n'arrivais pas à croire que j'assistais à cette conversation. De voir Ulysse Selwyn se mettre à nu devant les yeux déchirés d'Octavia McLairds – que visiblement, quelque chose de romantique d'assez fort se joue entre ces deux personnes que rien n'avait jamais relié. Tout était aussi surréaliste que ça en paraissait irréel, comme si j'assistais aux souvenirs d'une autre.

-Alors je ne suis pas parfait. Je me suis acharné contre Victoria, parce qu'elle m'avait mis la honte en première année et que les autres m'y poussaient, je l'avoue, j'ai été faible. Et j'avoue être capable de tout pour l'intégrité de ma famille, pour maintenir son rang. Mais rien de ça n'est incompatible avec nous ... Ensemble, on peut ... on peut faire de belles choses. Je le sais.

Octavia arracha son regard de la main de Selwyn et le fixa, assez longuement pour qu'un silence lourd et gêné ne les enveloppe tous les deux. Puis, après quelques secondes d'attente insoutenable, elle finit par reculer jusqu'à heurter le mur, secouant la tête comme si cela lui permettrait de chasser ses doutes.

-Je suis désolée, non. J'ai ... j'ai besoin de réfléchir.

-Octavia, je t'en prie ... je t'aime.

Mais visiblement, ce n'était ce qu'elle avait envie d'entendre, parce qu'elle plaqua une main contre ses lèvres, et avant de changer d'avis, elle fit volte-face et courut pour fuir Ulysse Selwyn, comme j'avais pu le faire tant de fois durant mes années à Poudlard. Sauf que cette fois, le Serpentard ne poursuivit pas la jeune fille, baguette à la main et rictus aux lèvres. Il la contempla s'éloigner, et laissa retomber sa main comme ses espoirs, avant de s'éloigner dans la direction opposée, rechaussant son masque d'arrogance car deux élèves de Serpentard arrivaient en sens inverse. Pourtant, j'avais assez observé le port altier d'Ulysse Selwyn pour remarquer un certain changement dans son attitude. La conversation l'avait marqué. J'attendis qu'il ait tourné à un angle de couloir avant d'enfin écarter la main de Simon de ma bouche et de lui faire face. Je fus rassurée de remarquer qu'il était tout aussi abasourdi que moi.

-On vient d'entendre la même conversation ? s'assura-t-il en pointant l'endroit où Octavia et Selwyn s'étaient tenus.

-Celle où on découvre que ton ex vit une drôle d'histoire avec le gars qui m'a persécuté, visiblement pas pour les raisons qu'on pensait, presque toute ma scolarité ?

-Par la barbe de Merlin, c'est bien ça ... (il passa une main troublée dans ses cheveux). Je n'arrive pas à le croire ... Octavia et Selwyn ?!

J'acquiesçai, tout aussi abasourdie. Je pensais avoir vu beaucoup de chose cette année, et beaucoup concernant Octavia – son opposition à Ombrage lors du premier cours, cette discussion surréaliste avec Cho et maintenant ça ... Mais plus encore qu'Octavia, c'était ce que j'apprenais sur Ulysse Selwyn qui me surprenait le plus. Cela jetait un éclairage nouveau sur son comportement depuis quelques mois. Tous s'accordaient pour dire qu'il s'était assagi. Je pensais que c'était les pressions de son père qui en étaient la cause. Jamais je n'aurais pu songer que c'était son amour impensable pour Octavia McLairds. Mes rouages se mirent en place, alignant ce que je savais des Selwyn et ce que j'avais entendu. Je pris alors une décision radicale, osée et que je risquai de regretter. Mais à la lumière de ce que je venais d'apprendre, elle ne me semblait plus si risquée que ça.

-Simon ? Il va falloir qu'on parle de Mel à Selwyn. 


Voilàààà ! Concernant l'acceptation de Miles, elle parait un peu rapide c'est possible, mais c'est un passage que j'ai repris après une longue coupure et je n'avais plus exactement l'idée du rythme et tout du coup voilàààà désolée ! J'espère que le chapitre vous a plu quand même ! A la semaine prochaine, bon courage et restez chez vous !

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