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II - Chapitre 11 : Un parfum de noël


Bonjour ! Encore WE chargé, désolée de ce fait, je poste aujourd'hui ! Dernier chapitre avant que Vic ne rentre chez elle pour noël, enjoy ! 

Bonne lecture ! 

Chapitre 11 : Un parfum de noël 

La fin de la première phase de la saison de Quidditch marqua le début des festivités de noël : décembre s'installa avec toujours plus de neige et un froid polaire qui n'existait qu'en Ecosse. L'hiver amena son lot de mauvaises nouvelles : Hagrid nous appris qu'Ombrage l'avait inspecté, et que ses conclusions n'étaient pas bonnes. Il était donc mis à l'épreuve, et à ma grande consternation ça faisait la joie de certain de mes camarades qui préféraient les cours du professeur Gobe-Planche. Au contraire, Miles avait été scandalisé par la nouvelle, lui qui avait toujours apprécié Hagrid, prenant sur lui au moment où il avait été révélé qu'il était un demi-Géant. Cela avait accentué son ressentiment envers Ombrage, ce qui n'était pas pour me déplaire car à travers les choix de la Grande Inquisitrice, il critiquait Fudge et le Ministère. Peut-être qu'à se remonter contre eux, il comprendrait que leur propagande anti-Dumbledore n'était que de la poudre aux yeux destinés à maintenir l'illusion que leur petit monde parfait subsistait.

-Ne rêve pas trop, marmonna Simon lorsque je lui en parlais. J'espérais ça aussi d'Emily quand Ombrage a commencé à faire sa dictatrice, et quand j'ai essayé d'aborder le retour de Tommy on s'est encore disputé donc bon ... Tu peux me passer le carton de boule, s'il te plait ?

Je hissai la boite dans mes bras pour la tendre à Simon, perché sur une échelle qui donnait accès aux murs de la Grande Salle. C'était le premier week-end de décembre et les préfets étaient chargés de disposer les décorations de Noël dans le Hall et la Grande Salle. Hagrid plaçait l'immense sapin avec l'aide d'Anthony Goldstein et Ernie, Emily supervisait Hannah et Pansy Parkinson qui installaient du houx et du gui derrière la table des professeurs et Ron Weasley se débattait avec Peeves pour accrocher une guirlande. Que l'esprit frappeur, le maître du chaos, aide ainsi m'avait surprise, mais en le voyant déséquilibrer Ron pour le faire tomber de son échelle, je me fis la réflexion qu'il n'était là que pour mettre davantage de désordre.

-Donc elle n'y croie toujours pas, conclus-je avec défaitisme.

Simon haussa vaguement les épaules, et se mit à disposer des boules de noël aux motifs changeant sur une guirlande d'imitation sapin.

-Non, et il faudrait un miracle pour qu'elle se mette à y croire. En même temps plus le temps avance, moins je ne peux l'en blâmer. Ça fait bientôt six mois et rien, absolument rien, ne peut indiquer que le plus grand mage noir qu'ait connu l'Angleterre soit de retour. Alors devant un tel calme, ça ne me surprend pas que les gens continuent de croire le Ministère.

-Hé bien, m'étonnai-je alors que Simon redescendait de l'échelle. Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Lui qui avait sauté à la gorge de tous ceux qui croyaient le Ministère à la rentrée – y compris à celle de son propre père ... Il s'assit sur un escabeau qui trainait avec un gros soupir, et fouilla passivement dans les cartons de guirlandes.

-Justement, il n'est rien arrivé. Et cet été j'étais en colère, et ça s'est aggravé quand j'ai vu que tout le monde à Poudlard suivait la version de Fudge mais ... Le temps passe, la mort de Cédric s'éloigne et les événements de l'an passé semblent de plus en plus ... isolés. Comme si, comme l'affirme Fudge, c'était l'œuvre d'un fou, un déséquilibré qu'ils auraient déjà intercepté à la fin de l'été.

-Mais c'est faux !

Simon sursauta et nous nous retournâmes sur Hermione Granger. Elle serrait contre elle la guirlande qu'elle était censé accrocher, le regard flamboyant et les joues légèrement rosies par la rage.

-Ce n'était pas l'œuvre d'un déséquilibré isolé, c'était Voldemort, affirma-t-elle avec conviction. Et si tu crois que ...

-Je ne crois rien, répliqua sèchement Simon, passant outre sa surprise de voir la jeune fille prononcer le nom du mage noir. Evidement que Tu-Sais-Qui est derrière tout ça, je dis juste qu'en l'absence de mouvement de sa part, je comprends que les gens préfèrent croire la version du Ministère.

Hermione parut soudain penaude, ses joues s'empourprant à mesure qu'elle comprenait qu'elle s'était sans doute énervée pour rien. Ses yeux firent la navette entre Simon et moi, embarrassés.

-Je ne savais pas que ... vous croyiez Harry.

-Cédric était notre ami, rappela Simon d'un ton dur. Et Victoria a vu des choses, et en plus de ça elle est née-moldue. On ne peut pas fermer les yeux sur une menace pareille.

-Que vient faire le fait que je sois une née-moldu là-dedans ? rétorquai-je fermement. Je ne suis pas plus en danger que toi, monsieur « la moitié de ma famille a été tuée par des Mangemorts parce qu'ils faisaient partis de la résistance ».

Simon eut un nouveau mouvement vague d'épaule, mais il parut assez gêné par ma remarque. Parce qu'elle le mettait au même niveau de danger que moi, ou parce qu'elle ramenait à la surface des souvenirs douloureux, je n'aurais su le dire. Hermione posa sur Simon un regard épouvanté.

-La moitié ?

-Mon oncle, ma tante et mes cousins, précisa Simon en me jetant un regard noir. Edgar était dans une organisation qui luttait contre Tu-Sais-Qui et ... voilà. Oh et mes grands-parents aussi, maintenant que j'y pense.

-Tes grands-parents ?

Simon hocha gravement la tête et m'apprit à mi-voix que les parents de son père avaient été tués dans un raid mené par quelques Mangemorts sur le Chemin de Traverse. Je pinçai des lèvres, éprouvant un élan de compassion pour George et Amelia Bones qui avait vu leur famille décimée par les désirs de pouvoir d'un seul homme. Avec cela, je n'étais pas surprise que le père de Simon refuse fermement de s'engager dans un conflit qui lui avait déjà tant coûté. Mais Simon balaya nos mines indulgentes d'un geste de la main.

-Mais toutes les familles sorcières ont perdues quelqu'un dans cette guerre. Mon cas est loin d'être isolé.

Je doutais que toutes les familles aient été à ce point touché, mais par égard pour la sensibilité de Simon, je décidai de laisser couler. Je pris derechef un carton empli de boules de noël qui teintèrent dans mes bras.

-Bien. Puisque je suis là, autant être utile. Qu'est-ce que je fais de tout ça, mônsieur le préfet-en-chef ?

Simon tenta de me fusiller du regard, mais l'effet fut gâché par un léger sourire qui effleura ses lèvres. Une lueur de reconnaissance brilla dans ses prunelles.

-Hagrid a fini d'installer le sapin, alors je pense que tu peux commencer à le décorer.

-Je vais t'aider, proposa Hermione en prenant elle des guirlandes. Et il faudra sans doute une échelle ...

-Vous êtes des sorcières, oui ou non ? s'assura Simon avec amusement.

Hermione et moi nous accordâmes pour lui jeter un regard peu amène, et je lui tournai résolument le dos pour me diriger vers le sapin, la préfète de Gryffondor sur mes talons. Hagrid, Anthony et Ernie faisaient les derniers ajustements pour le fixer, et je fis léviter une échelle inutile pour l'installer contre le sapin. Je secouai les barreaux pour vérifier que la prise serait assez solide et que le sapin ne ploierait pas sous son poids.

-Tu peux y aller, Victoria, m'assura Hagrid avant d'ébranler l'arbre de sa grosse main. C'est du solide, ça devrait aller.

-Qu'est-ce que tu fais là, Bennett ? s'étonna Anthony, le préfet de Serdaigle.

-Du bénévolat, lançai-je gaiement en prenant un premier appui sur un barreau. Si jamais je tombe de là, empêchez Simon de prendre des photos.

Un rire entendu secoua Ernie, qui assistait quotidiennement à nos joutes verbales mais Anthony et Hermione échangèrent un regard perplexe. Finalement la jeune fille débusqua une autre échelle qu'elle installa de l'autre côté de la mienne afin que nous puissions mettre ensemble les premières guirlandes. On aurait pu les faire léviter jusqu'au sommet, certes, mais lorsqu'on ne voyait pas où l'on visait, la précision en pâtissait. Et puis je ne résistais pas au charme d'installer moi-même les décorations de Noël. Nous venions de commencer à enrouler une première guirlande autour de la cime de l'arbre quand mon échelle se mit à trembler de façon violente. Je poussai un cri de surprise et me rattrapai maladroitement à l'échelle et à une branche du sapin, le cœur battant.

-Bones ! Je vais t'arracher les yeux !

-Tu commences à être répétitive, railla-t-il depuis le sol.

-Oui bah dix-sept ans de vie commune, que veux-tu, je suis à cours ! La prochaine étape c'est de réaliser tout ce que je t'ai promis !

Simon laissa échapper un ricanement qui laissant entendre qu'il ne donnait aucune foi à mes paroles avant de rejoindre Emily à l'autre bout de la salle d'un pas trottinant. Je dardai sa nuque d'un regard foudroyant sous l'œil intrigué d'Hermione.

-Euh ... dix-sept ans de vie commune ? se troubla-t-elle.

Elle fit virevolter une partie de la guirlande qui s'insinua entre les branches jusqu'à m'atteindre. J'arrêtai sa course d'un mouvement de baguette avant de le lui renvoyer par l'autre côté.

-On est voisin, explicitai-je devant son air perplexe. C'est sa famille qui m'a appris que j'étais une sorcière ...

-Je ne savais pas que tu étais née-moldue.

Je haussai les épaules et descendis d'un barreau pour poursuivre l'enroulement de la guirlande. Puis celle-ci se retrouvant vite à cours, j'en fis léviter une depuis le carton que j'avais laissé au pied du sapin.

-Ce n'est pas censé être marqué sur le front. Et puis, ce n'est pas ce qui est important non ?

-Non bien sûr, tu as raison, répondit Hermione en hochant la tête. Nous n'avons pas à nous définir par rapport à ça sinon ... en un sens, ça reviendrait à entrer dans la logique des Sang-Pur. Mais juste par curiosité, qu'est-ce qu'ils font tes parents ?

Il y avait dans sa voix une sorte d'avidité que je traduisis par un profond manque de chez elle, de son autre monde dont elle n'avait personne avec qui en parler. Je souris avec indulgence, et nous parlâmes longuement de nos vies moldues. Ses parents étaient dentistes, m'apprit-t-elle avec un sourire parfait qui me le confirma. Ils se disaient de religion anglicane, elle était baptisée mais ils n'allaient jamais à l'église et elle-même peinait à croire en une puissance divine. Depuis qu'elle était entrée à Poudlard, elle avait gardé peu de contact avec ses amis de son école primaire moldue et préférait passer ses vacances à étudier – avec quelques passages chez les Weasley.

-Je n'avais pas réalisé que Simon était le frère de Susan, dit-t-elle alors que nous posions enfin pied à terre après que je lui ai à mon tour parlé d'une partie de mon enfance. Je ne connaissais pas son nom de famille ... et ce n'est pas comme s'ils se ressemblaient beaucoup.

Hermione disait vrai, Susan avait plus de sa sœur Caroline que de Simon, mais je leur trouvais tout de même un air de famille – leurs sourires, notamment et leurs incroyables yeux verts. Mais peut-être était-ce parce que je les connaissais depuis toujours.

-Et moi je ne savais pas que tu connaissais Susan. Je veux dire, je sais que vous êtes dans la même année, mais je n'ai pas l'impression qu'elle se soit fait énormément d'amis en dehors de notre Maison.

-Oh, on a parlé quelques fois, éluda Hermione avec un vague mouvement d'épaule. Ça a l'air d'être une fille très gentille, très posée. Et crois-moi, quand on traine avec Harry et Ron, c'est apaisant de constater qu'il reste des personnes capables de garder leur calme.

-Ce n'est pas trop difficile, cette année ?

Le regard brun d'Hermione s'assombrit, et elle me jeta un coup d'œil furtif, sans doute pour tenter de savoir à quel point elle pouvait me faire confiance. Elle rangea les guirlandes non-utilisées dans le carton mais finit par répondre :

-Un peu, je t'avoue. Harry a du mal à supporter tout ce qui se dit de lui, ce qui se comprend parfaitement, mais au quotidien ... Ça peut rester lourd. Et Ron est assez plombé par ses performances au Quidditch et son humeur s'en ressent. (Elle me jeta une œillade où brillait une pointe d'espoir). Tu ne pourrais pas lui parler, toi ? Sur le Quidditch. Je veux dire, il paraît que tu es plutôt bonne en gardienne, Viktor me l'a dit ...

-Viktor ? répétai-je, stupéfaite.

Deux plaques écarlates s'étalèrent sur les joues d'Hermione et je me souvins en un éclair qu'elle avait été l'heureuse élue qui avait accompagné le célèbre attrapeur bulgare au bal de noël l'année dernière. De cette soirée avait découlé quelques péripéties pour la pauvre jeune fille, envoyée dans le fond du Lac Noir pour servir d'otage pour la seconde tâche puis ciblée par les articles sulfureux de la journaliste à scandale Rita Skeeter. Maintenant que j'y songeais, il y avait longtemps que je n'avais pas pensé à cette femme odieuse. Pourtant l'actualité devait être du pain béni pour sa plume à papote et on aurait dû voir son nom à chaque fin d'article concernant Dumbledore ou Harry ... Son silence était étrange.

-Il m'avait parlé de toi l'année dernière, finit par poursuivre Hermione d'un ton digne malgré ses joues embrasées. Qu'il voyait en toi une excellente gardienne en devenir et qu'il aimerait bien t'attirer dans son club ...

-Les Vautours de Vratsa, précisai-je en remarquant qu'Hermione fronçait les sourcils pour ce souvenir du nom du club en question. Oui, il m'en a parlé.

-Whao, Bennett c'est vrai ? s'ébahit Anthony Goldstein.

Il décorait non loin les chandeliers avec des feuilles de houx et de gui et me contempla avec des yeux ronds comme des Gallions. Je ne savais pas que penser d'un tel regard et mon mutisme le força à bredouiller :

-Je veux dire ... enfin je sais que tu es bonne – en tant que gardienne, bien sûr ! – rien que le match a servi à le prouver ... Mais les Vautours c'est quelque chose, même si ça fait un moment qu'ils n'ont plus gagné de coupe d'Europe. Encore l'année dernière, ils ont été en finale sans la gagner.

J'étais au courant de ce fait, qui avait été étalé en une de La Gazette cet été au moment du match qui avait été remporté par une équipe portugaise. Une sombre habitude qu'avait pris les Vautours ces dernières années, d'après l'article : perdre de façon glorieuse tous les matchs importants. Ils restaient une équipe respectée par son histoire et ses sept titres de coupe d'Europe remportés, et adulée sur tout le continent, mais le journaliste les avait tout de même décrits comme étant de sublimes perdants.

En un sens, il y avait quelque chose de Poufsouffle dans les Vautours.

Anthony continuait de me fixer de ses yeux ronds qui commençaient à devenir gênant, mais sa contemplation fut interrompue par une boule de verre qui alla s'écraser contre le mur, à un cheveu de sa tête. Il porta vivement la main sur son crâne, et un instant plus tard je glapis de surprise en sentant quelque chose me percuter le dos. Je levai des yeux furieux au ciel pour voir Peeves, un carton rempli de boules de noël à la main dans lequel il piochait allégrement.

-Joyeux Noël ! clama-t-il de sa voix nasillarde en jetant une nouvelle boule sur notre groupe.

J'eus juste le temps de pousser Hermione avant que la sphère de vol en éclat sur le sol à l'endroit où elle s'était tenue. De l'autre côté de la salle, un nouveau cri se fit entendre :

-PEEVES ! hurla Emily en sortant sa baguette. Si c'est pour saboter notre travail tu peux sortir !

-Oooooooooh, j'ai mis la préfète-en-cheffe en colère, sauve qui peut !

Mais au lieu de fuir, il piocha quelques nouvelles boules et en bombarda les préfets qui se tenaient à sa portée. Hermione était assez réactive pour déployer un bouclier contre lequel les sphères s'écrasaient et moi assez agile pour les éviter. En revanche Ernie en reçut une dans la nuque, ce qui lui arracha un cri étranglé, et Padma Patil, la préfète de Serdaigle, se retrouva avec le visage en sang après que l'une d'entre elle l'ait atteinte au font. Ce fut à cet instant que Simon et Emily sonnèrent la retraite et reportèrent la fin des décorations au lendemain. Nous fuîmes tous la Grande Salle comme si le diable était à nos trousses – ce qui était le cas, en un sens. Hannah accompagna Padma à l'infirmerie, et Hermione retrouva un Ron s'assez mauvaise humeur pour retourner à la salle Commune de Gryffondor, m'adressant un dernier signe de main avant de s'engouffrer dans les escaliers. Emily, fulminante, nous annonça qu'elle allait se plaindre à Chourave et nous planta dans le hall, sa queue-de-cheval battant furieusement ses épaules.

-Qu'est-ce qu'elle veut que Chourave fasse ? marmonna Simon. Il n'y a que Dumbledore qui arrive à faire obéir Peeves ...

Il se frotta le crâne à un endroit où une boule l'avait lui aussi frappé. Quelques éclats de verres étaient restés coincés entre ses mèches blondes et je le forçai à s'arrêter pour les lui retirer. En remarquant que je sortais ma baguette, il tenta de s'esquiver mais je le retins fermement par la cravate.

-Du calme, je vais juste d'enlever les débris de boules. (Je donnais un coup sec de la baguette sur son crâne et les éclats disparurent). Voilà comme ça tu ne risqueras pas de te blesser.

-Mes cheveux ont toujours leur couleur naturelle ? s'inquiéta-t-il en tirant une mèche pour le constater.

Je levai les yeux au ciel, presque outrée qu'il ait si peu confiance en moi. Une fois rassuré sur la couleur de ses cheveux et observant qu'aucun morceau de boules n'avait subsisté, nous reprîmes notre route jusque la salle Commune. Pris d'un élan soudain, Simon se mit à fouiller frénétiquement ses poches et me tendit une enveloppe de papier moldu, que je toisai avec suspicion.

-J'ai oublié de te le donner ce matin, précisa-t-il d'un air penaud. C'est de Cholé – pour le père noël.

-Tu n'as pas regardé ? glapis-je en lui arrachant l'enveloppe des mains.

Les yeux de Simon étincelèrent.

-Bien sûr que non, ce ne serait pas drôle sinon. Apparemment, c'est son père qui a fait le tirage cette année, pour que personne ne sache et qu'on ait tous la surprise.

-Personne ne sache sauf toi, maugréai-je en ouvrant l'enveloppe.

Je souris en découvrant le nom de Tracy à l'intérieur – une fille un an plus jeune que nous qui avait indigné l'Ancien en se teignant les cheveux en rouge cet été. Chaque année, notre groupe s'organisait à Noël pour tirer un nom au hasard et offrir un cadeau à cette personne. Le tout étant bien évidemment secret, mais Simon se donnait chaque année pour mission de découvrir les noms de chacun d'entre nous. Nous n'avions malheureusement pas pu y participer l'année dernière, mais je comptais bien me rattraper pour ce noël.

-On est combien cette année ?

-Toi, moi, compta Simon en dressant deux doigts. Susan, Chloé, Ethan, Tracy ...

-Pas les plus jeunes ?

-Attends, je n'ai pas fini ! Et si, même Isabel le fait cette année, et c'est la plus jeune – rappelle-moi de lui donner son enveloppe demain. Entre les deux il y a Jason et Ryan Blake je crois, et la petite-fille de l'épicière argh ...

-Mary Forster, oui, dis-je en me souvenant de la jeune fille blonde qui trainait dans la boutique. Ça va, ça fait du monde. J'avais peur que la bande de terreur de Terre-en-Lande s'arrête avec nous, mais si on arrive à convertir les gamins ...

-L'Ancien nous maudira.

-Amen mon frère. Tu as trouvé tes cadeaux ?

Simon secoua la tête pour signifier que non. Il me sembla qu'il se rembrunissait soudainement, malgré le léger sourire qui avait flotté sur ses lèvres.

-Non. Je devais commencer avec Susan hier, mais elle n'avait pas le temps et je ne l'ai pas revu de toute la soirée. (Sa bouche se tordit). Ça lui arrive pas mal, en ce moment.

Je gardai le silence un instant. J'avais remarqué aussi que Susan avait une tendance chaque semaine à disparaître pendant une ou deux heures et lorsque je lui demandais où est-ce qu'elle était passée, elle répondait sans sourciller qu'elle avait eu un devoir à finir avec Hannah, et la préfète rougissait comme une pivoine. J'avais fini par songer que ces devoirs à répétitions n'étaient qu'un prétexte et avait fini par me faire une hypothèse sur ces disparitions mystérieuses.

-Tu ne crois pas qu'elle ... pourrait avoir un copain ?

-Susan ?

Le ton proprement stupéfait de Simon me fit sourire.

-Elle a quinze ans, ça va bien finir par lui arriver un jour. Et ça pourrait expliquer pourquoi elle disparaît si soudainement.

-A part à Hannah et nous, elle ne parle quasiment à personne, rétorqua Simon.

Je soupirai devant la teinte catégorique de la voix de Simon. Il était très proche de sa sœur, mais ce n'était pas une raison de se braquer à l'idée qu'elle fréquente un garçon. Mais si tel était le cas, peut-être était-ce pour cela qu'elle se cachait.

-On ne sait pas tout ce qui se passe dans sa vie. Peut-être qu'elle a fini par s'ouvrir, rencontrer quelqu'un, on n'en sait rien. Et au fait, peu importe, c'est sa vie et elle fera ce qu'elle veut. Tu avais le même âge quand tu as commencé à sortir avec Octavia – d'ailleurs un jour, il faudra que tu me racontes comment ça s'est fait.

-Et c'est deux ans plus tard que tu t'en préoccupes ? railla Simon.

Mais il paraissait radouci vis-à-vis de la possibilité que sa sœur ait entamé sa vie amoureuse. Simon restait attaché à une certaine liberté et surtout à son intimité et sans doute comprenait-il qu'il n'était pas en droit d'empiéter sur celle de Susan, toute sa petite sœur adorée qu'elle était.

-Tu pourrais enquêter ? me demanda-t-il à brûle-pourpoint. Sur ce genre de sujet, je pense qu'elle se confiera plus qu'à toi qu'à moi.

Un sourire entendu s'étira sur mes lèvres.

-Evidemment. Elle est peut-être en âge de faire des expériences, mais je ne la laisserais pas faire des expériences qui risqueraient de la détruire.

Simon ne répondit pas, et je lui jetai un regard oblique. Il fixait le sol, un sourire étrange esquissé sur ses lèvres qu'il effaça en remarquant que je le regardais.

-Oui ?

-Euh, rien. On ferait bien de se dépêcher, j'aimerais bien savoir lancer un sortilège de désillusion, et j'ai besoin de toi comme cobaye.

-Seulement si je me sers de toi comme exemple, exigea Simon avec un sourire qui se fit plus carnassier.

Je le contemplai un moment, tiraillée, avant de pousser un soupir défaitiste. Si c'était le prix pour pouvoir enfin avancer en Défense contre les Forces du Mal ...

***

-C'est affligeant.

-Je dirais même plus, ça mériterait qu'on prenne une pastille de gerbe pour avoir une excuse pour s'en aller. Aïe, Bennett !

Assise un gradin plus haut, je venais d'asséner à chacun des jumeaux une claque sur le sommet du crâne. Ils m'adressèrent un regard identiquement furibond, mais que je leur rendais bien.

-C'est de votre faute si Angie est dans cette situation, rappelai-je âprement. Je suis d'accord que c'est cruel et abusif de la part d'Ombrage de vous avoir priver de Quidditch mais franchement, aller frapper sur Malefoy avec Poudlard entier comme témoin ...

-Oui bon, c'est bon, râla George en se frottant l'arrière de la tête. Ce n'est pas comme si on était ravi, nous aussi ...

-Et ce n'est pas avec le spectacle qu'on a là qu'on va se réjouir, marmonna Fred avec un coup de menton en direction du terrain.

Cette fois je gardai le silence, leur accordant ce point. Plus haut, les essais pour de nouveaux batteurs se poursuivaient, sous les yeux dépités d'Angelina. Elle avait fait léviter des cibles pour ordonner aux candidats de les atteindre avec les cognards, mais il fallait dire que c'était un cuisant échec. Une fille avait plutôt donné un coup de batte dans le visage de l'un de ses camarades, et un garçon de troisième année avait hurlé en voyant la balle de jais lui foncer dessus et était tombé de son balai. Fred et George eurent un mouvement de recul ponctué d'un « ouh » quand un candidat envoya un cognard sur Katie Bell, qui dut faire prestement un tonneau pour l'éviter.

-Qu'Ombrage nous rende nos balais, vite, gémit Fred alors qu'Angelina apostrophait vertement le garçon. On ne peut pas les laisser comme ça !

-Elle vous a carrément pris vos balais ?

-Et la légende dit qu'un troll les garde dans les cachots, mais on a été vérifié et ils sont justes sous clefs dans son bureau.

-Et pour l'instant, on n'a trouvé aucun moyen de s'y introduire, maugréa George.

C'était sans doute pour le mieux : je savais ce qu'Ombrage serait capable de faire si jamais les jumeaux parvenaient à lui dérober leurs balais. Angelina finit par donner le coup de sifflet qui nous délivra de l'affligeant spectacle et appela ses anciens batteurs pour délibérer. Son choix fut plus par défaut que convaincu, et se porta sur deux garçons dont je ne retins pas le nom, mais qui avaient été moins catastrophiques que les autres. Les jumeaux revinrent au moment où les trois candidats pour le poste d'attrapeur entraient sur le terrain. A ma grande stupeur, je reconnus parmi eux Ginny Weasley.

-Votre sœur candidate ?

Mais ça paraissait aussi être une surprise pour les jumeaux, dont la mâchoire s'était décrochée sous le coup de l'étonnement. La surprise se mua en ébahissement lorsque Ginny se trouva être – de loin – la meilleure en vol, et celle qui réussit à attraper le Vif d'Or le plus vite. Sans suspens, elle fut nommée nouvelle attrapeuse de Gryffondor et le regard d'Angelina se fit brillant quand elle la prit par les épaules pour lui donner sa nouvelle robe de Quidditch. Sans doute le recrutement de Ginny lui avait-il sauvé ses essaies. Alors qu'elle sifflait la fin de la séance, je me levai et étirai ma maigre carcasse.

-Bon, elle n'est pas aussi bonne que Harry, mais elle fera le job. Je ne savais pas que votre sœur volait si bien ...

-Mais nous non plus ! m'apprit Fred, qui fixait toujours sa sœur avec stupéfaction. Je ne sais même pas où elle a pu se procurer un balai ...

-Mais soyons rassurés, Fred : au moins, un Weasley restera dans l'équipe de Gryffondor.

-Il restait Ron, fis-je remarquer.

Cette fois, le visage des jumeaux se rembrunit. Ron avait été le premier à quitter le terrain, fendant la neige à grand pas et usant de son balai pour se frayer un passage. Angelina m'avait appris qu'il avait tenté de donner sa démission, mais elle avait fermement refusé. La version officielle de son refus était qu'elle croyait en lui et ses capacités, la version officieuse était qu'après avoir été privée de batteurs et d'attrapeur, elle refusait d'organiser d'autres essais qui déséquilibreraient son équipe.

-Un bon Weasley, précisa George en se levant à son tour. Tu viens, Fred ? On doit finir de finaliser les boites à flemme à livrer avant ... (il me jeta un bref coup d'œil) ce soir.

Fred acquiesça vivement, et se dressa d'un bond sur ses pieds pour suivre son frère. Ils descendirent les gradins en sifflotant, sans jeter le moindre regard à leurs remplaçants qui ne semblaient croire à leur chance. Je levai les yeux au ciel, songeant que demain, Rusard pesterait une nouvelle fois sur un mauvais coup des jumeaux et rejoignis Angelina qui rangeait les balles avec l'aide de Ginny. J'adressai un sourire à celle-ci.

-Félicitations.

-Merci, répondit humblement Ginny, les yeux pétillants. Si j'ai bien compris, ce sera toi notre adversaire au prochain match ?

Angelina poussa un grognement sonore en me fusillant du regard.

-J'avoue que j'avais oublié de ce détail, marmonna-t-elle en fermant la boite d'un coup de baguette. Finalement, je n'aurais pas dû te demander de venir ...

-Oh, d'ici mars j'aurais tout oublié, assurai-je en haussant les épaules. J'allais finir ma traduction d'étude des runes, tu viens avec moi ?

Angelina se figea en plein geste pour saisir la boite, et me jeta un regard désolé à travers ses cils.

-Désolée, Vic', j'ai d'autres projets ce soir ... Mais si ça peut attendre demain ça m'arrangerait, ça te va ?

-Non, ça va. J'aurais plus qu'à faire mon histoire de la magie ...

Le projet que nous devions travailler avec Octavia McLairds était au point mort – ce que je mettais sur le compte du fait que nous étions strictement incapables de travailler ensembles. Nous avions simplement vaguement décidé de travailler sur comment les relations entre sorciers et moldus avaient menés au code du secret magique, mais sans précision – et ce n'était pas la pression fantomatique de Binns qui nous forcerait à nous faire entendre. Angelina n'en parut que plus désolée et me promit qu'elle se rendrait disponible le lendemain pour qu'on puisse travailler notre traduction. Ce fut ainsi que je quittais les Gryffondor au pied de l'escalier de colimaçon du Hall pour me rendre dans ma Salle Commune, étrangement déserte. Simon et Emily étaient extrêmement sollicités avec l'approche des fêtes de noël et je ne trouvais dans la pièce que Renata, penchée sur un parchemin si long qu'une partie pendait dans le vide de l'autre côté de sa table.

-Salut, lançai-je en retirant mon bonnet et mon écharpe. Je peux me mettre là ?

Je désignai la place en face d'elle et elle hocha la tête en signe d'acceptation. Je sortis toutes mes notes de mon sac et les étalait là où le parchemin de Renata ne prenait pas de place. Je lus discrètement les caractères et grimaçai.

-Arithmancie ?

-Et toi Histoire de la Magie, rétorqua Renata, un sourire frémissant au coin des lèvres. Tu travailles toujours sur Grindelwald ?

Je pinçai des lèvres avec une certaine frustration. Il était vrai que j'aurais aimé approfondir mon sujet de l'année dernière et m'intéresser à comment Grindelwald avait instrumentalisée la seconde guerre mondiale pour plonger le monde moldu dans le chaos et s'offrir comme seule alternative de stabilité. Mais Octavia était attachée à son code du secret international magique, sujet que je n'appréciais que moyennement car il pouvait se réduire à « comment les moldus ont forcé les sorciers à se cacher ? ».

-Non, sur le Code du Secret International Magique, bougonnai-je en me munissant de ma plume. J'essaie de le relativiser en travaillant sur l'escalade de la violence entre sorcier et moldu ... Moldus qui nous brûlent, sorciers qui se venge et au final nos mondes se retrouvent complétement séparés les uns des autres.

-Tu pourrais essayer de montrer les limites du code, proposa Renata sans lever les yeux de son parchemin. Est-il vraiment efficace, quand on sait les efforts déployés par Grindelwald et Voldemort pour le faire voler en éclat ?

-Ou est-ce que la perméabilité est réelle quand on sait que les mondes influent grandement l'un sur l'autre, soit par leur guerre, soit par les notre, songeai-je, un sourire s'étirant sur mes lèvres. Ça pourrait être une piste, merci Renata !

La jeune fille balaya mes remercîments d'un geste de la main et se replongea dans son devoir d'arithmancie tandis que moi je gribouillais des notes couvertes de flèches et de schéma sur un morceau de parchemin. Au bout de presque deux heures de travail, j'avais réussi à élaborer un semblant de sujet qui aurait comme titre : « Le code International du Secret Magique et l'utopisme de deux mondes séparés : garant d'une paix durable entre moldus et sorciers ? ». Mais avant d'avancer plus loin dans la réflexion, j'avais besoin de l'avis d'Octavia. Ce fut donc les bras remplis de parchemins que je me motivais à monter les sept étages qui me séparaient de la Salle Commune des Serdaigle, que je savais se trouver dans l'aile ouest, marquée par un heurtoir en forme d'aigle qui exigeait de nous que l'on réponde à des énigmes pour nous faire entrer. Simplement, le château était si grand que je ne retrouvais plus le heurtoir en question et j'étais sur le point d'abandonner mes recherches quand une voix fusa derrière moi :

-Bennett ?

Je fis volte-face pour voir arriver derrière moi une petite troupe d'élève de Serdaigle, parmi lesquels les deux préfets, Padma Patil et Anthony Goldstein. C'était ce dernier qui m'avait interpellé et il s'avança vers moi avec un sourire incertain.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Je cherche votre Salle Commune. Je dois voir Octavia pour un devoir et ... (je sentis mes joues s'embraser) je crois que je me suis perdue.

-Mais non, tu brûlais ! s'esclaffa Anthony avant de tendre élégamment le bras. Après toi.

Comme il l'avait annoncé, je n'avais pas été très loin : au détour de deux couloirs, nous arrivâmes enfin vers le fameux heurtoir de bronze poli qui s'anima en présence des élèves pour déclamer d'une voix désincarnée :

-Plus il a de gardien, moins il est gardé. Moins il a de gardien, mieux il est gardé.

-Sérieusement ? lâchai-je, incrédule.

Une partie du groupe me jeta un regard dédaigneux, avant de se concerter. Ce fut finalement Padma Patil qui proposa « le secret », et la tête d'aigle s'inclina. Un pan du mur s'ouvrit et les élèves s'y engouffrèrent sans demander leur reste. Anthony m'enjoignit de patienter devant la porte le temps qu'il aille chercher Octavia. Je relus mes notes brouillonnes, me demandant comment j'allais la convaincre d'accepter le sujet quand le mur s'ouvrit de nouveau pour la laisser apparaître. Son visage laissait deviner un certain déplaisir.

-Qu'est-ce qu'il y a de si urgent ?

-Ça fait trois mois que Binns nous a demandé un sujet et on n'en a toujours pas, répliquai-je vertement, oubliant tout mon bel argumentaire pour lui tendre mes liasses de parchemins. Alors j'en ai trouvé un.

Octavia prit mes notes dans leur accorder la moindre attention : ses beaux yeux d'un brun velouté se plissèrent de mécontentement.

-On avait un sujet, rappela-t-elle d'un ton sec. Et il aurait déjà bien avancé si tu ne freinais pas des quatre fers à l'idée de t'y atteler.

-Je refuse de travailler sur quelque chose qui rendrait les moldus responsable de tous les malheurs des sorciers. La réalité est bien plus nuancée et je trouve que dans le contexte actuel ce ne serait qu'envoyer un mauvais message.

-Le contexte actuel ?

Je me mordis l'intérieur de la joue, pestant contre ma négligence. Je n'avais aucune idée ce que pouvait bien penser Octavia McLairds des affirmations de Harry concernant le retour de Voldemort, mais si j'en jugeais parce que je savais d'elle et de sa famille, je doutais qu'elle y soit très réceptive.

-Peu importe. Et je n'ai pas complétement abandonné l'idée de base, je l'ai juste ... un peu modifiée. Je pense qu'il est plus intéressant de parler de l'après-Code que de l'avant, puisque tu l'as déjà abondamment traité dans ton travail de l'année dernière.

Octavia me contempla un long moment sans rien dire, avant de pousser un soupir résigné et d'enfin poser les yeux sur mes notes. Ses traits figés en une expression agacée finirent par se détendre et un pli de réflexion apparut entre ses sourcils. Elle passa d'un parchemin à l'autre sans lever la tête ni laisser filtrer le moindre commentaire avant de relever son regard sur moi. Elle semblait soudainement partagée entre agacement et gêne.

-Ce n'est pas idiot, finit-elle par admettre. C'est vrai que cette problématique lie plus nos deux sujets et qu'on sera moins tenté de faire un négatif sur les moldus. Bon, ce n'est pas organisé et il faut peaufiner mais ...

Ses lèvres se pincèrent, mais je me gardais de prendre la parole : son acceptation était déjà une immense victoire pour moi. Elle relut un morceau de parchemin pour ajouter :

-Le titre est bien, c'est quelque chose qu'on peut garder. Mais la problématique n'est pas assez précise, pas assez conceptualisée, c'est un peu brut ...

-J'ai fait ça ces deux dernières heures. C'est ... une ébauche.

Octavia darda sur moi un regard qui s'était fait moins agressif, et je la surpris à se tordre les lèvres, comme embarrassée. Elle roula mes notes sur elle-même.

-Tu sais, je ne comptais pas faire des moldus les responsables de tous nos maux, assura-t-elle avec dignité. C'est peut-être ce que j'ai un peu trop fait dans le sujet de l'année dernière, mais c'est parce que je n'avais pas de quoi nuancer et surtout pas le temps sur un travail pareil. Mais je tiens à te dire que ça ne reflète pas ma façon de penser.

Etrangement, je la croyais sur parole. Je ne m'étais jamais entendue avec elle : je la trouvais froide et hautaine, mais j'étais persuadée que si un jour elle devait choisir un camp, elle serait du bon côté. Pas de ceux qui me persécuteraient.

-Très bien. Mais je préfère choisir un sujet qui sera clair là-dessus.

Un léger sourire fleurit sur ses lèvres. Il n'était pas franchement amical, ce sourire, mais il était tout au plus courtois et elle me tendit mes notes d'un geste moins brusque.

-Alors soit. Mais il faudrait qu'on affine tout ça avant les vacances, pour qu'on puisse avancer et arrêter de perdre du temps ... Tu es libre demain ?

-Non, je fais de l'étude des runes, répondis-je, assez surprise par la proposition. Euh. Mercredi ? Dix-sept heures, après la métamorphose ?

Octavia sembla fouiller sa mémoire avant d'hocher la tête en signe d'assentiment. Un sourire soulagé frémit sur mes lèvres : s'en était peut-être fini des disputes interminables et de l'angoisse d'aller en cours d'Histoire de la Magie. Peut-être enfin, nous allions pouvoir commencer à avancer.

-Merci, dis-je de façon spontanée, provoquant un froncement de sourcil de sa part. Je veux dire ... Ce genre de sujet ça me tient à cœur et en soit tu n'étais pas obligée d'accepter.

-J'avais compris que tu raisonnais avec l'affect, répliqua-t-elle en haussant les épaules. Il en faut bien une qui raisonne avec raison, si je puis dire. Maintenant il faudra mettre les bouchés doubles, Bennett.

-Compte là-dessus. Bien ... à mercredi, dans ce cas.

Je m'apprêtai à prendre congé, grisée par le fait d'avoir réussi à faire céder Octavia McLairds quand des bruits de pas se firent entendre de l'autre côté du couloir. Nous tournâmes la tête d'un même mouvement, et Cho Chang s'immobilisa en se rendant compte qu'elle n'était pas seule. Les larmes qui coulaient sur ses joues se figèrent sur sa peau. J'entendis Octavia murmurer un « encore ? » incrédule avant qu'elle ne demande d'une voix plus audible :

-Cho ? Ça ne va pas ?

Une question ridicule puisqu'il était évident que non. Ses yeux étaient rougis par les pleurs, et malgré ses efforts pour éponger ses larmes de sa manche, ses prunelles sombres luisaient toujours, comme hantés.

-Ça va, merci, répondit-t-elle d'une voix résolue. Je ... j'ai juste ...

Presque contre son gré, son regard se porta sur moi et mécaniquement, il fut embué d'un filme de larme qu'elle chassa d'un battement de cil. Mon cœur tomba dans ma poitrine, et malgré mon appréhension, je m'efforçais de m'approcher d'elle pour lui prendre doucement le bras.

-Je suis désolée, j'aurais dû venir te voir plus tôt, m'excusai-je sincèrement. Mais je ne savais pas si ...

-J'ai embrassé Harry.

Et elle éclata de sanglots incontrôlables entre ses mains, le corps tremblant si fort qu'elle tituba. Je la rattrapai, passant un bras autour de ses épaules pour la soutenir. J'échangeai un regard horrifié avec Octavia mais la jeune fille ouvrit les bras en signe d'impuissance, toute aussi déconcertée que moi. Après que je lui ai fait sèchement le signe de m'aider, elle s'approcha à son tour pour poser une main douce sur l'épaule de Cho.

-Calme-toi, ma grande, entonna-t-elle avec une certaine douceur dont je ne l'aurais pas cru capable. Calme-toi, ce n'est ... ce n'est rien d'avoir embrassé un autre garçon.

Mais ce n'était pas un simple « autre garçon », songeai-je alors que les pleurs de Cho redoublaient. Je n'étais pas surprise de l'information en tant que telle : même du temps où elle sortait avec Cédric, il m'avait semblé que ses relations avec Harry n'étaient pas claires. Mais c'était justement quelque chose qui pouvait être déstabilisant. Car en plus cela, c'était Harry Potter, c'était celui qui était revenu du labyrinthe trainant derrière lui le corps de Cédric. C'était celui qui lui avait survécu. Je voyais très bien ce qui pouvait troubler Cho – même si sangloter éperdument sur mon épaule me semblait un brin exagéré. Je la repoussai avec douceur et la forçai à s'asseoir contre le mur. Octavia fit apparaître du bout de sa baguette un mouchoir dont se saisit Cho avec un « merci » étouffé, avant d'y nicher son nez. Il fallut bien d'autres mouchoirs avant que les larmes de Cho se tarisse et Octavia et moi avions pris place devant elle, accroupie et échangeant des regards à la fois ennuyés et déroutés.

-Je suis désolée, haleta Cho en jetant un mouchoir qui alla rejoindre une pile de ses congénères fort conséquente. C'est juste, c'est ...

-Je comprends parfaitement que ça te fasse bizarre, assurai-je en posant une main sur son genou. Mais ... je ne pense pas que Cédric aurait voulu que tu arrêtes de vivre, tu comprends ?

-Ce n'était pas son genre, poursuivit Octavia en hochant la tête. Et si tu éprouves des sentiments pour Harry, je trouve que c'est une bonne chose, ça veut dire que tu arrives à te détacher de Cédric ...

-Non, ça veut dire que je l'oublie, rétorqua amèrement Cho. Que je l'oublie, que je l'efface, que je le remplace ... avec Harry.

Une nouvelle perle translucide roula le long de sa joue, et Octavia lui tendit un nouveau mouchoir. Seigneur, je n'en revenais pas de me retrouver dans cette situation avec Octavia McLairds ...

-La nature a horreur du vide, citai-je d'un ton prudent. Et la perte de Cédric a creusé un vide en nous, il est normal qu'on cherche à le combler, d'une manière ou d'une autre. C'est naturel et surtout c'est nécessaire. C'est nécessaire si on veut avancer dans notre vie.

-Victoria a raison. Et si ça peut t'aider, ne te dis pas que tu le remplaces. Cédric a été un chapitre de ta vie qui s'est brutalement fini ; avec Harry, tu en ouvres un nouveau qui va te permettre peut-être de t'épanouir. Tu penses que tu peux t'épanouir avec Harry ?

Cho contempla longuement Octavia, les sourcils froncés, le regard quelque part entre épouvante et réflexion. Elle essuya la larme d'un revers de main et écarta les mèches noires que les pleurs avaient collées contre ses joues.

-Je n'en sais rien ... Peut-être. Il est gentil avec moi, il est drôle et ... je ne sais pas, il a une certaine maladresse qui me touche un peu. Mais ça n'empêche pas ... j'aimais Cédric, j'ai l'impression que ... je n'ai pas le droit, vous comprenez ? Ce n'est pas comme si on s'était quitté ... On était ensemble et soudain ... il n'était plus là ...

-Arrête ! la tança fermement Octavia alors que les larmes emplissaient de nouveau les yeux de Cho. Mille gargouilles galopantes, Cho, arrête de pleurer ! Ce n'est pas ça qui fera que la situation est plus facile pour toi, et ce n'est pas ça qui te rendra Cédric ! (elle fit un large geste de ma main et je compris avec stupeur qu'elle me désignait). Victoria a perdu Cédric autant que toi, il me semble. Est-ce que ça l'empêche d'être performante en match ? Non, elle nous a éclaté ! Est-ce que l'empêche d'être amoureuse ? Je l'ai vu batifoler avec Bletchley pas plus tard qu'hier. Est-ce que ça l'empêche de continuer de vivre ? Toujours pas – en tout cas, elle crie toujours contre Simon ce qui est un excellent signe. Pourtant je ne crois pas qu'elle souffre moins que toi.

-Mais pourquoi tu m'inclues là-dedans ? me scandalisai-je, incrédule qu'elle lance autant d'information me concernant.

-Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas parce qu'on souffre qu'on doit se laisser tomber au fond du trou, rétorqua Octavia d'un ton digne. Et toi Cho, tu te laisses tomber. Il faut que tu prennes ta douleur à bras-le-corps et que tu reprennes ta vie en main ! Et fréquenter un autre garçon, ça peut être un moyen de le faire, même si c'est ce garçon. Je ne connais pas du tout Potter, mais il ne m'a pas l'air d'être un blaireau et ...

-Quel est ton problème avec les blaireaux ?

-Bennett !

Mais la remarque arracha un rire étranglé à Cho, tandis qu'Octavia me toisai d'un air exaspéré. Elle replaça ses cheveux d'acajou aussi lisse qu'un étang sur son épaule et poursuivit :

-Bref, il a conscience que tu souffres et je le pense capable d'empathie. Si tu dis qu'il est gentil avec toi, c'est qu'il fait attention à toi. Ne te prends pas la tête. Essaie de prendre cette relation pas à pas, sans songer ni au présent, ni au passé. Et si vraiment ça te fait plus de mal que de bien, alors tu arrêteras ...

-Il y a aussi un côté que je suis attirée parce que ... lui aussi doit ressentir la perte de Cédric. Et qu'on a une peine commune, peut-être qu'on devrait ... la guérir ensemble ? Il est le seul à qui je peux en parler et qui puisse réellement comprendre ...

Ma bouche se tordit. C'était en un sens ce que j'avais pu faire avec Simon, mais c'était loin d'être la même dynamique : nous nous connaissions depuis l'enfance, se replier l'un sur l'autre avait été instinctif. Cho et Harry avaient peu d'histoire commune et se baser sur une tragédie pour en construire une me semblait assez malsain. Octavia parut songer la même chose car elle railla :

-Victoria n'a donc plus qu'à sortir avec Simon – et pour l'avoir expérimenté, je le déconseille, j'en ai eu vite assez ...

-Euh, ce n'était pas lui qui t'a quitté ? répliquai-je avant d'ajouter devant ses yeux furibonds : peu importe ! Cho, il n'est pas le seul qui puisse comprendre ce que tu ressens. Simon, Emily, moi : on le vit tous. Octavia m'a un peu survendu : évidemment que c'est dur. Evidemment qu'Emily a été un zombie pendant plusieurs semaines et que Simon a eu énormément de mal à ne serait-ce que dormir dans son lit. Mais comme t'a dit Octavia, il faut ... apprendre à continuer à vivre. Et tu n'y arriveras pas si tu te replies sur toi-même. Ouvre-toi aux autres – ouvre-toi à Harry. Après, je ne suis pas convaincue que parler de Cédric soit une bonne base pour une relation amoureuse ... Mais si tu en éprouves absolument le besoin ...

-Un peu quand même. Je ... je ne peux en parler à personne et vous ... (elle eut un triste sourire). Si tu savais comment j'étais jalouse de la relation que tu avais avec Cédric ... Tu étais sa petite chose qu'il voulait protéger par-dessus tout ...

Un bouchon douloureux se forma dans ma gorge et Octavia me jeta un regard oblique, comme si elle me soupçonnait de me mettre à pleurer à mon tour.

-Donc je trouve ça délicat de vous parler à vous, et ce n'est pas un reproche, reprit Cho. On n'était pas ami, on était juste ... liés par Cédric. Je n'ai pas besoin de vous, j'ai besoin ... d'autre chose. Roger essaie bien de m'aider, et lui aussi est adorable mais ...

-Tu veux les mots de Harry, acheva Octavia avec un soupir. Cho, ça me semble évident qu'à l'heure actuelle, tu as besoin de lui, en un sens. Et tu éprouves des vrais sentiments pour lui ?

Elle hocha la tête avec lenteur, et Octavia embraya :

-Alors où est le problème ? Tu as des sentiments, tu as besoin de lui. Essaie d'occulter ce que tu ressentais pour Cédric, ça va te paralyser le cerveau et le cœur. Avance pas à pas, tranquillement.

-Déjà là ça va être les vacances, rappelai-je. Tu vas pouvoir poser tout ça chez toi, dans un environnement familier, et tu verras comment tu te sens à la rentrée. Mais ne te laisse pas paralyser par Cédric. S'il voyait ça, il s'en voudrait beaucoup ...

Cho opina du chef, et tamponna une dernière fois le coin de ses yeux. Elle finit par retrouver la force de se lever, et nous suivîmes le mouvement. Je crus qu'elle allait simplement rentrer dans sa Salle Commune, mais elle me gratifia d'un dernier sourire, si tenue que la commissure de ses lèvres était à peine relevée.

-C'était beau, l'hommage que tu as fait à Cédric à la fin du match.

Puis sans demander son reste, elle nous adressa un « merci beaucoup » et se plaça devant le heurtoir. Sans attendre l'énigme, je pivotai vers Octavia, horrifiée.

-Elle a vu ça ?

-On a tous vu ça, Bennett, soupira-t-elle en levant les yeux au ciel.

-Ce ... ce n'était pas franchement un hommage, c'était juste ...

-Je sais très bien ce que c'était, me coupa-t-elle avant de se radoucir pour me demander : c'est vrai que Simon ... n'osait pas dormir dans sa chambre ?

Je haussai les sourcils, perplexe et étonnée de la sincère inquiétude qui semblait briller dans les yeux d'Octavia. Ils étaient sortis quelques mois ensemble, mais depuis leur rupture en début d'année dernière, je ne les avais pas vu échangé le moindre mot, et j'étais surprise de la sollicitude de la jeune fille.

-Euh ... ça s'est arrangé.

-Tant mieux, souffla-t-elle, avant de rechausser son masque d'impassibilité. Bon, sur ce je vais rentrer. J'ai encore un devoir d'Arithmancie à finir. A mercredi.

Et comme Cho, elle me planta là, ses cheveux fouettant l'air avec un mouvement qui me parut gracieux. Et moi je contemplai la porte de la Salle Commune de Serdaigle qui se fermait, avec l'impression que j'avais eu la conversation la plus étrange de toute ma vie. 

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