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I - Chapitre 8 : Comme Saint George



Bonjour à tous ! 

J'espère que vous fêtes de noël se sont bien passées ! En guise de cadeau voilà le chapitre 8 d'O&P, avec la première tâche ! J'ai fait de mon mieux avec les informations que j'avais dans le 4 ... 

Bonne lecture ! 

***

Un vrombissement se fit entendre. Une lueur rouge toucha les pointes des rochers dressés.

Le dragon arrivait.

- Bilbon le Hobbit, J.R.R. Tolkien

***

Chapitre 8 : Comme Saint George.

Cédric avait mis un moment à accepter mon idée – selon lui, les champions devaient trouver seuls le moyen de gagner leurs tâches. Mais le concept avait fini par faire son chemin et il avait fini par en parler à Emily et Simon, mais en l'étoffant : se faire oublier aux yeux du dragon en créant une diversion. Et c'est pour cela qu'il comptait métamorphoser un élément du décors en un animal quelconque pour que le dragon s'y intéresse, plutôt qu'à lui. Ainsi il se « ferait oublier » et aurait tout le loisir de passer devant lui. L'idée était brillante, certes, mais encore fallait-il avoir la puissance magique nécessaire pour pouvoir la mettre en œuvre. Emily se fit un plaisir d'aider Cédric sur l'une de ce qui était son point fort : la métamorphose. Ils passèrent les dernières heures de la soirée à s'exercer sur le sort pendant que Simon et moi épluchions les informations sur les dragons :

-Une épaisse couverture magique qui rend les sortilèges obsolètes ... écailles que rien ne peut transpercer ..., lut Simon dans l'un des grimoires que nous consultions dans la Salle Commune. Par Merlin, Dumbledore est fou.

-C'est le Tournoi des Trois Sorciers, on savait que ce serait compliqué, répliquai-je en tournant la page d'un livre sur comment prendre soin d'un dragon. Oh non, ce n'est pas comme si on voulait le pomponner ...

-Mais le problème c'est que mon plan de le rendre sourd tombe à l'eau, maugréa Simon en fermant son bouquin. Je veux bien que Cédric transforme quelque chose en chien, mais s'il veut vraiment passer inaperçu aux yeux du dragon ... il vaut mieux aveugler ses sens.

-Où est-ce qu'on en est avec le sortilège de Désillusion ?

Simon secoua tristement la tête et je soupirai. Cela avait été l'une des idées pour que Cédric se « fasse oublier », qu'il se couvre d'un sortilège de Désillusion, mais c'était un sort du niveau ASPIC septième année et le seul résultat auquel il était parvenu avait été de colorer Simon en bleu, à la place de le dissimuler. On ne maîtrisait pas un sort de cette importance en une soirée, et encore moins sous cette pression.

-Il faudra faire sans, répondit-t-il avec un haussement d'épaule. Qu'il maîtrise déjà la métamorphose ...

-Et le plus discrètement possible.

Nous échangeâmes un regard. J'avais rarement vu Simon si agité. Cédric avait hésité avant de parler du dragon à Simon et Emily, justement pour ne pas les inquiéter. Mais je l'avais poussé à le faire : ils étaient meilleurs en magie et donc des soutiens plus efficace que moi. Emily avait plaqué ses mains contre sa bouche, horrifiée, et Simon avait pâli sous ses taches de rousseurs.

-Je pose quand même la question, poursuivit Simon d'un ton prudent. Est-ce qu'on peut croire ce qu'a dit Potter ?

Je lui jetai un regard incendiaire et il leva les mains en signe de paix.

-D'accord, d'accord, je posais juste la question.

Cédric et Emily revinrent un instant plus tard. Le champion de Poudlard était toujours nerveux et pâle, mais à présent une lueur déterminée brillait dans ses yeux, effaçant la fatigue et l'abattement. Un grand sourire fendait le visage d'Emily.

-C'est bon, il a réussi ! On peut y aller !

-A quelques heures de l'épreuve, c'est beau, marmonna Simon avec un regard de biais.

-Bravo, champion, le félicitai-je alors qu'il s'asseyait dans le fauteuil à côté du mien. Alors, que fait-on maintenant ?

-Détente, décréta Cédric pour notre plus grand soulagement. Les BUSEs m'ont appris une chose : on ne révise pas le soir d'une épreuve.

-Amen mon frère ! me réjouis-je en me levant. Je vais chercher des bièraubeurre dans les cuisines.

-Et du jus de citrouille, tu ne tiens pas l'alcool, Bennett.

Je tirai puérilement la langue à Simon, avant de sortir de ma Salle Commune d'un pas bondissant. Depuis cet après-midi où j'avais donné du répit à Simon et où Cédric m'avait avoué pour le dragon, le groupe s'était apaisé et nous marchions tous vers un même point : aider Cédric à passer devant un dragon et en ressortir vivant.

C'était bon, d'avoir un but.

Oh, je me connaissais. J'allais bien maintenant parce que j'avais l'impression d'avoir trouvé une solution. Mais cette nuit, j'allais être une pile électrique, branchée sur stresse et angoisse. Je m'immobilisai devant le tableau représentant une coupe de fruit et chatouilla allégrement la poire. Celle-ci s'esclaffa, et se tordit pour devenir une poignée ronde et cuivrée que j'actionnais. Le portrait pivota, dévoilant l'une des pièces les lus fascinantes de Poudlard. Pièce qui m'attaqua, car des étincelles lumineuses foncèrent sur moi et je les évitai en me baissant avec un cri. Je fronçai du nez en sentant, à la place des alléchantes odeurs des plats mijotés par les elfes me parvinrent des effluves de fumées. Violette, la fumée ... Puis elle me sauta aux yeux et à la gorge, et je me mis à tousser, les bronchites prises d'assaut.

-Oh Seigneur ... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Pour être venue plusieurs fois dans la cuisine, je savais que les elfes étaient incapable de faire brûler quoique soit. Alors cette épaisse fumée qui me piquait les yeux devait forcément être l'œuvre d'un sorcier – sinon elle n'aurait pas cette couleur lilas. Ainsi que les étincelles multicolores que je voyais passé dans les brumes. Et alors que j'avançai doucement dans la cuisine, des éclats de voix me parvinrent depuis l'autre bout de la pièce, confirmant mon hypothèse :

-... Que utiliser un sortilège de stupéfixion là dessus et là BOUM !

-Un peu comme maintenant, tu crois ?

Les voix étaient également étouffées par de fortes toux, mais également par l'euphorie. Les yeux piquants de larme, j'ouvrai la porte pour faire sortir les fumées et les étincelles qui sautaient de partout et sortit ma baguette :

-Evanes ...

-NON !!

Deux jets de lumières rouges filèrent vers moi et ma baguette m'échappa des mains pour se perdre dans la fumée. Paniquée, j'attrapai la première chose que je trouvai – une poêle cuivrée – et avançai prudemment dans la pièce couverte embrumée.

-Qui est là ? appelai-je alors d'une voix, qui, pour ma plus grande satisfaction ne tremblait pas.

Je n'entendis qu'un bruissement, masqué par les fumées qui m'empêchaient de voir à un mètre devant moi. Je me repliai sans un bruit à l'abri d'une armoire, le cœur battant, et attendit qu'une silhouette floue passe devant moi. Alors je jaillis et lui écrasai ma poêle sur le crâne. L'intrus s'effondra à terre en glapissant et j'enfonçai le clou avec un coup de pied entre les côtes qui lui arracha un nouveau cri. Je brandis à nouveau ma poêle, bien en évidence.

-Je veux ma baguette !

-Je ne l'ai pas ! Du calme, on ne veut ...

-Ma baguette !

-Wingardium leviosa !

Aussitôt, ma poêle m'échappa des mains, tout comme ma baguette un instant plus tôt. Mon rythme cardiaque s'emballa et je me retournai pour agripper une nouvelle arme – un couteau, de préférence – mais une voix, plus nette et que cette fois je reconnus – me figea dans mon geste :

-N'y pense même pas, Bennett, la poêle est en suspension au dessus de toi. Si tu prends le moindre ustensile, je la fais tomber sur ta tête.

-Weasley, grognai-je en laissant retomber ma main le long de mon corps.

Lequel des deux, je n'en avais aucune idée. Celui qui se trouvait à mes pieds devait être l'un et celui qui me tenait en joue l'autre, mais qui était Fred et qui était George ? Belle question.

-Exactement, fit celui qui était armé avec ravissement. Alors calme-toi, et je te rendrais ta baguette, d'accord ?

-Par Merlin, qu'est-ce que vous avez foutu ici ?

-Ne nous pose pas de question, et nous ne te dirons pas de mensonge, Bennett. Assise.

Un faisceau de lumière jaillit en face de moi, ondulant sur la fumée et me faisant plisser les yeux. Il découpa une silhouette dans la brume et je croisai mes bras sur ma poitrine pour m'asseoir contre l'armoire. Il ne servait à rien de négocier avec les jumeaux Weasley. A mes pieds, le second jumeau remuait en gémissant et se redressait.

-Aïe, laissa-t-il échapper en portant la main à sa tête. Je vais avoir une bosse.

-Vois ça du bon côté, Fred, au moins on va pouvoir tester notre baume contre les furoncles sur toi !

-Une bosse n'est pas un furoncle, George !

Celui qui me tenait en joue – George, de ce fait – s'avança et tendit la main à son frère pour l'aider à se relever.

-Elle m'a fait une sacrée bosse ! continua de protester Fred. Je suis d'avis qu'on la laisse enfermée ici et qu'on laisse les elfes furieux s'occuper d'elle.

-Oh non, en la découvrant enfermée, ils auront tellement pitié qu'ils la traiterons comme une princesse, raisonna George. Non, Fred, nous devons trouver autre chose.

Ils étaient assez proches maintenant pour que je puisse discerner leurs cheveux roux – qui avait décidemment trop poussés durant cet été – et les deux baguettes que tenait l'un d'entre eux. Cette vision me fit resserrer les bras autour de mon ventre. Je n'avais que peu de contact avec Fred et George Weasley, mais je les savais capable d'être aussi nuisible qu'un Ulysse Selwyn – d'une manière moins cruelle et moins malfaisante, mais toute aussi nuisible.

-Entrer dans une pièce où on n'y voit rien, ça n'a rien de rassurant, répliquai-je posément. Alors désolée pour ta bosse, Fred, mais parfois la vie m'a appris à me défendre.

-Un point pour elle, approuva George avec un ricanement. Et franchement, la dextérité avec laquelle elle manie la poêle ... Avoue-le, Fred, ça force le respect.

-Alors qu'est-ce qu'on fait ? On lui rend sa baguette ?

-Oh, regarde-moi sa petite mine déconfite ... Allez, elle a bien mérité une baguette.

George me rendit ma baguette par le manche avec un sourire torve. Je déployai mes doigts sur elle avec un soupir de soulagement, mais aussitôt le bois de ma baguette d'affaissa et produisit un affreux crissement qui me laissa pantoise. Je baissai les yeux et découvris en lieu et place de ma baguette un poulet en caoutchouc. Je le lui jetai le jouet avec rage et il alla heurter le visage d'un George Weasley hilare.

-Vous êtes stupides ! Rendez-moi ma baguette !

-Patience, Bennett. On doit encore trouver un moyen de dissiper la fumée, tu vas rester sage en attendant.

-Bon sang les gars ! Mais qu'est-ce que vous avez foutu ?

Ladite fumée avait fini par s'éclaircir, s'engouffrant par la porte que j'avais laissée ouverte. A présent, je pouvais distinguer le visage des Weasley et la malice dans leurs yeux. Ils échangèrent un regard et parurent parvenir à un accord :

-C'est bien parce que tu manies bien la poêle, Bennett. Ouvre grand tes minuscules oreilles, nous allons te révéler faire une confidence.

-Ô joie.

-Mais tu restes assise, me prévint Fred, qui se frottait toujours la tête. Sage.

Pendant ce temps, George examinait la fumée d'un air songeur. Il agita sa baguette qui forma des ronds dans la brume.

-Vois-tu, Bennett, nous essayons de créer une variété particulière de feux d'artifice. Et comme tu peux le voir notre résultat est ... explosif.

-Vous avez fait exploser un feu d'artifice expérimental dans la cuisine ? compris-je, incrédule. Mais bon sang, vous auriez pu tout faire péter !

-Du calme, Bennett, on maîtrisait la situation.

Je lui jetai un regard dubitatif. Malgré tout, je ne pouvais m'empêcher d'être un tantinet impressionnée par l'aveu des jumeaux. Je les avais toujours vu comme des fauteurs de trouble dont le seul but était de faire le plus de bruit possible. Mais fabriquer quelque chose ? Ça les mettait dans une autre catégorie.

-Ce qu'on ne maîtrisait pas, c'était de te voir arriver avec ta poêle alors qu'on cherchait à dissimuler notre ... expérience. Et tu as failli faire pire que mieux avec ton evanesco.

-Nous ne te remercions pas de nous avoir faire une frayeur pareille.

-Une frayeur pareille ? Vous vous foutez de moi ?

-Pas du tout. Parce que vois-tu, Bennett, nous avons commencé nos feux d'artifice dans l'espoir que ... personne ne réussisse à les faire disparaître d'un coup de baguette, tu comprends ?

-Alors qu'est-ce qu'il se serait passé si j'avais pu jeter mon sort ?

Les jumeaux échangèrent un regard à la fois ravi et gêné

-Et bien il se pourrait que ...

-... Le feux aurait explosé encore plus et ...

-... aurait fait beaucoup plus de dégât.

Cela commençait à être difficile de contenir l'émerveillement. Depuis que je connaissais les jumeaux, j'avais toujours cru d'eux qu'ils étaient des cancres pires que moi – et cela avait un côté rassurant, aussi bas que je serais, il y aurait toujours un Weasley derrière moi. Je ne les pensais pas capable d'une telle magie.

-Le problème, c'est que les feux ne sont pas parfaitement au point, poursuivit George. Quand on l'a fait explosé, ça a déclenché plus de fumée que d'étincelle et ... Comme on ne peut pas l'évaporer sans faire pire ...

-Je vois, raillai-je avec un ricanement. Votre brillante idée pour semer le chaos s'est retournée contre vous.

-Oh, pas tant que ça, on a ouvert les fenêtres et fait fuir les elfes de maison. Ça devrait se dissiper.

Et de fait, on y voyait beaucoup mieux : ne restaient que des étincelles solitaires qui parcouraient follement la cuisine de long en large et les restes de la vague fumée lilas. J'ignorais ce qu'ils avaient fait avant, mais la cuisine était saccagée.

-J'espère que vous maîtrisez correctement les sortilèges ménagers, maugréai-je en faisant mine de me relever.

-Hop hop hop, Bennett ! intervint Fred en pointant sa baguette sur moi. Tu restes assise.

-Mais pourquoi ? protestai-je, excédée. Je suis venue chercher quelques bièraubeurre pour détendre Cédric avant l'épreuve et je tombe sur vous ! Franchement il ne me manquait que ça, être séquestrée par Fred et George Weasley dans une cuisine !

-On doit s'assurer que tu n'iras pas chercher Rusard dès l'instant où on t'a laissé sortir. Qu'est-ce que tu crois, notre sécurité passe avant tout.

-Je ne suis pas une balance, répliquai-je d'un ton acerbe. Je veux juste prendre mes bièraubeurre et retourner dans ma Salle Commune.

Les jumeaux me jaugèrent du regard, l'air de se demander si j'étais oui ou non une balance et si je méritais qu'on me laisse la liberté. Puis George me tendit la main avec un sourire tendu.

-Allez, Bennett, on te laisse tranquille. Mais c'est uniquement parce que tu magnes divinement bien la poêle.

-Je te remercie, grommelai-je en acceptant sa main pour se relever. Ma baguette ?

-Devant ta Salle Commune.

-Et vous comptez ranger la cuisine, quand même ?

Les étincelles avaient fini par s'estomper et par partir dans la nuit, mais la pièce était toujours sans dessus dessous. De la vaisselle s'était même éclatée à terre. Fred haussa les épaules avec flegme.

-Boh, les elfes rangeront. Allez viens, Bennett, avant que Rusard ne rapplique avec son chat de garde.

Je lui jetai un regard foudroyant, prête à répliquer : « les elfes ne sont pas tes esclaves ! ». Je me mordis l'intérieur de la joue au dernier moment en me souvenant que dans les faits, si, ils l'étaient. Cette forme d'esclavagisme accepté m'avait révolté quand j'en avais pris conscience, mais j'avais aussi très vite compris qu'il ne servait strictement à rien de se braquer pour que cela change. Le Monde Magique n'était pas prêt. Et surtout, les elfes ne l'étaient pas. L'unique fois où j'avais essayé de leur parler de leur condition, juste pour comprendre, ils m'avaient foutu à la porte quand j'avais parlé liberté. Cela prendrait du temps avant qu'ils ne prennent conscience de la saveur de ce mot.

Ce fut donc blasée que je sortis de la pièce à la suite de Fred et George. J'avais pris soin de prendre quelques bouteilles de bièraubeurre et de jus de citrouille qui teintaient à présent dans mes bras.

-Des baguettes farceuses, des feux d'artifice ... Bon, qu'est-ce que vous allez en faire ? Je veux dire, une fois qu'ils seront au point ?

-Les mettre sous la robe de Rogue et tout faire exploser, railla Fred en levant les yeux au ciel. A ton avis ?

-Vous allez les vendre ? Vraiment ?

-Tu croyais qu'on allait entrer au Ministère ? s'esclaffa George en allumant la pointe de sa baguette. Ou rester chez notre mère jusqu'à qu'elle ou nous meurt d'épuisement ?

-Alors c'est quoi, le plan ? Juste les feux ?

-Oh, non, nous sommes plus ambitieux, m'assura Fred en me tendant une tarte. Tu as faim ?

Je lorgnai sombrement la tarte en question. Je m'étais promis de ne plus rien accepter de la part des jumeaux depuis que l'un d'entre eux avait mis du poivre dans mon chocolat chaud en deuxième année. Fred ricana et rangea la tarte en haut de la pile de victuaille que tenait George. Nous étions à quelques mètres de ma Salle Commune quand des pas lourds et une voix sifflante se firent entendre dans le couloir d'à côté :

-C'est ça ma belle, vas-y, trouve-les ...

-Rusard, pesta George.

-Et son chat diabolique. Sauve qui peut !

Et ils s'élancèrent bêtement dans le couloir, leurs vivres pleins les bras. J'étais moi-même chargée, et stressée à l'idée de me faire prendre, mais j'avais assez de lucidité pour remarquer que ce n'était pas chargés comme nous l'étions que nous échapperions à Rusard et sa chatte. Alors j'attrapais vivement le bras de Fred, qui glapit en laissant échapper une tarte que George rattrapa.

-Vous êtes idiots ! assénai-je en les entrainant dans la direction opposée. Par ici !

-Mais tu nous emmènes vers Rusard, là ! Tu vois, George, je t'avais dit qu'il ne fallait pas faire confiance à une lèche-botte !

Je rongeai mon frein, tenant toujours le bras de Fred et l'amenait à l'un des miroirs qui ornait le mur près de la cuisine. Mon reflet me sourit et me gratifia d'un clin d'œil, l'air de dire « tu sais ce que tu as à faire ». Alors je me mis à chanter précipitamment de ma voix la plus mélodieuse :

-Do you hear the people sing, singing the song of hungry men. It is a music of a people who will not be slave again ...

-Très belle voix, approuva mon reflet en levant une main.

Le pan de la tapisserie qui contenait le miroir vacilla et découvrit une ouverture dans laquelle je poussais les jumeaux. Le mur se referma sur nous au moment où Rusard tournait à l'angle du couloir, son horrible chat aux yeux jaunes le devançant. Je soupirais en m'affaissant contre le mur, mes bouteilles de bièraubeurre serrées contre ma poitrine.

-Ouf.

Les jumeaux me contemplaient, interdit. Je finis par me trémousser, gênée par leur regard fixé sur moi avec ébahissement.

-Quoi ?

-On connaît tout les passages secrets de Poudlard, déclara alors Fred, toujours abasourdi. Tous, tous. Pourquoi on ne connaît pas celui-là ?

-Parce qu'il faut savoir bien chanter pour qu'il s'ouvre, répliquai-je en me redressant. Tu dois avoir une voix de crécelle, Weasley. Allez, venez, le tunnel débouche de l'autre côté des cuisines.

Nous fîmes un moment de chemin en silence, jusqu'à que j'ouvre du pied une tapisserie qui menait au couloir duquel Rusard était venu. Nous tournâmes prudemment vers la cuisine jusqu'à la Salle Commune des Poufsouffle. Les jumeaux me considéraient toujours bouche bée.

-Bennett, déclara George alors que je m'immobilisais devant les tonneaux. Victoria Bennett, tu viens de nous sauver les fesses.

-Crois-nous si tu veux, mais nous te serons éternellement reconnaissant, enchérit Fred.

-Oh je vous jure ..., maugréai-je, les joues rougissantes. Laissez-tomber, je me contenterais de ma baguette ...

-Ah ta baguette, réalisa-t-il en fouilla sa poche. Tiens.

Je pris la baguette qu'il me tendit, mais encore une fois elle se transforma dans ma main, cette fois en peluche de rat. Je les fusillai du regard et George palpa ses poches, penaud, avant d'enfin me donner ma bonne baguette. Je savourai le contact du bois contre les doigts avec délice.

-Merci les gars, soupirai-je en rangeant ma baguette dans ma poche.

-Un plaisir, Bennett, me salua Fred en s'éloignant dans le couloir. On se revoit demain à la première épreuve !

-Ouais, voir Diggory se faire fracasser mon joli petit minois, ricana George.

Avant que je ne puisse songer à leur faire payer ce qu'ils venaient de dire, ils avaient disparut au détour d'un angle. Son rire se répercuta sinistrement dans les murs du couloir et me glaça le sang.

C'était parti. Ma nuit d'angoisse commençait.

***

J'espérais réellement que cette histoire allait bien se terminer. Parce que là, alors que j'avançais vers la lisière de la Forêt Interdite avec l'impression d'avoir du plomb dans les chaussures, ce n'était pas franchement évident. Mes entrailles n'étaient plus qu'un nœud douloureux et j'avais l'impression qu'un liquide froid avait été injecté dans mes muscles.

Simon, Octavia et Emily marchaient quelques mètres devant moi. Mais seule la Serdaigle avait l'air enjouée et parlait avec frénésie – comme tout les élèves de l'école, cela dit. Ils n'avaient pas de meilleurs amis qui allait affronter un dragon, eux. Le professeur Chourave était venue chercher Cédric pendant le repas. Cédric avait été pâle toute la mâtinée, mais là, sa peau avait pris un teint légèrement verdâtre. Emily l'avait pris dans ses bras, et j'avais eu le temps de lui murmurer « et dans l'assaut crie : Dieu pour Henry, Angleterre et Saint George », avant qu'il ne sorte de la Grande Salle. Quelques minutes plus tard, le professeur McGonagall avait emmené Harry, qui n'avait pas l'air dans un meilleur état. Emily avait semblé au bord des larmes et Simon s'était efforcé de la calmer avant qu'Octavia n'arrive. La belle euphorie du début de Tournoi semblait si loin, à présent ... Puis le professeur Dumbledore s'était levé, et nous avait enjoins à rejoindre la lisière de la forêt, où la première tâche attendait les champions. Quelques consignes de sécurité avaient été données. Ne pas passer l'enclot. Eviter de trop s'agiter. Ne rien lancer dans l'enclot. Surtout, au grand jamais, pas de magie. Bref, rester calme, encourager notre champion et rien d'autre.

-Fawley n'a plus l'air si excitée, non ?

Je sursautai et vis Miles se matérialiser à mes côtés. Un léger sourire flottait sur ses lèvres, mais ses traits étaient tendus et ses yeux songeurs. Il essuya un petit rire en mettant une main sur mon épaule.

-Bon sang, tu es tendue, Vic' !

-Comment ne pas l'être ?

-Ce ne sera peut-être pas si terrible que tu le crois.

Je m'immobilisai près d'un arbre, les bras croisés sur le ventre et l'impression d'avoir les jambes coupées. En plus étourdie que j'étais, j'avais oublié mon écharpe en haut et tremblai de froid. Du moins, j'espérai que c'était de froid.

-Ça se voit que ce n'est pas ton meilleur ami qui va se jeter dans l'arène.

Je laissai mon regard porté jusque la tente qui était dressée à l'orée du bois, si grande qu'elle en cachait les gradins qui étaient derrière. Les estrades étaient déjà pleines à craquer d'élèves surexcités et cela me donnait la nausée. Les traits de Miles s'adoucirent.

-Non, c'est vrai, tu as raison. Je comprends que tu sois inquiète. Simplement ... Diggory l'a voulu, d'accord ? Il s'est porté volontaire. Il savait ce qu'il l'attendait.

-Certes, admis-je en resserrant ma cape autour de moi. Mais même ...

-Bennett, Bletchley, aboya Maugrey à l'entrée des gradins. Dépêchez-vous, l'épreuve va commencer.

-On arrive, professeur ! lança Miles avant de se tourner doucement vers moi : Vic', tu n'aideras pas Cédric en stressant comme ça. Allez viens (il me prit délicatement le bras). Tout ce que tu auras à faire, c'est crier « allez champion », ça ira ?

-Je crois, déclarai-je sans toutefois être sereine. Allons-y.

Miles me gratifia d'un petit sourire et passa une main dans mon dos pour me faire avancer. Des gradins de bois temporaires avaient été installé autour de ce qui semblait être un enclos. J'avais l'impression d'être à un match de Quidditch, sauf que l'ambiance était bien plus électrique et que les gradins étaient à raz de terre.

-Oups ..., commenta Miles en jetant un regard à la ronde. Il semblerait qu'on soit les derniers ... Oh, il y a ta camarade de dortoir tout en haut, comment elle s'appelle, déjà ? Amanda ?

-Renata, répondis-je en reconnaissant la jumelle de Mathilda dans les hauteurs des gradins. Allez, on y va.

J'avais repéré Simon et Emily dans les premières places, avec Erwin, Mathilda et Octavia. Mais il n'y avait pas d'espace autour d'eux alors je montais à la suite de Miles vers Renata Bale. Elle nous jeta un regard de biais à travers ses lunettes, le nez niché dans son écharpe aux couleurs de Poufsouffle.

-On peut venir ? m'enquis-je en désignant les places libres à côté d'elle. Merci, ajoutai-je quand elle hocha la tête. On est arrivé plus tard, il n'y avait plus de place ...

-Oui, les places devant ont été prises d'assaut par des animaux, ricana Renata. Ils sentent l'odeur du sang.

-Charmant, commenta Miles à mon oreille. Elle est toujours aussi positive ton amie ?

Je ne répondis que par un vague sourire, les yeux rivés sur l'enclot devant moi. Les élèves de Durmstrang et Beauxbâtons étaient réunis juste en dessous des loges des juges, et je reconnus vaguement les visages de Sisko et Kamila. Un peu plus bas, les frères Weasley m'aperçurent et me firent un signe, auquel je répondis par un soupir. J'avais gardé le rat en peluche de leur baguette farceuse, m'attirant les moqueries de Simon et Emily. L'ouverture de la tente qui y menait tremblait sous le vent et de l'agitation se faisait entendre plus loin. Je compris un instant pourquoi : des sorciers tiraient par une épaisse bride un immense dragon. Ma gorge se noua alors que les élèves présents retenaient leur souffle. J'avais grandi dans les contes où l'on décrivait des monstres assoiffés de sang qui gardaient d'immenses trésors de leurs griffes acérées. Terrifiant, le dragon en avait l'air. Ses crocs luisaient dans sa gueule ouverte et ses yeux mauves nous fixaient tous avec avidité. Ses écailles d'un bleu froid brillaient d'un éclat argenté sous le soleil glacial, et je ne pus m'empêcher d'y trouver une certaine beauté. Les Magizoologistes l'accrochèrent solidement au centre de l'enclot et un autre arriva avec une grosse caisse de bois. Il en sorti des œufs qui firent grogner la dragonne et les disposa entre des pierres qui formaient une sorte de nid. L'un d'entre eux était différent. Il brillait plus que les autres ...

-Un œuf d'or, observa Renata, les yeux plissés. Par Merlin ... ils leur font affronter un dragon ...

Les élèves murmuraient entre eux, avec appréhension et crainte. Quelques marches plus bas, l'amie frisée de Harry Potter – j'oubliais toujours son prénom. Hélène ? – se rongeait nerveusement les ongles, l'air particulièrement angoissée. Elle dut sentir mon regard sur elle car elle leva les yeux sur moi. Je croisai ses yeux bruns et j'y lus le reflet de mon anxiété. Je tentai de lui sourire, mais m'étais d'avis que le résultat tenait plus du rictus. Elle dut comprendre le message car elle me gratifia d'un sourire crispé, avant de se concentrer à nouveau sur le dragon.

-C'est un Suédois à museau court, m'apprit Miles en un souffle. Ou un Pensedefer Ukrainien ... Je les confonds toujours ...

-Bien le bonjour tout le monde !

La voix magiquement amplifiée fit claquer l'état de tension dans laquelle le stade était baigné. Mon regard se porta sur la tribune qui semblait être allouée aux juges. Dumbledore fixait l'enclot par dessus ses lunettes demi-lune, les doigts joints devant son nez. Madame Maxime le couvrait de son immense ombre, sa frange couvrait ses yeux étincelants. Karkaroff souriait d'un air froid à ses élèves non loin, un éclat dur dans le regard. Monsieur Croupton me fit l'effet d'un homme malade et craintif, ce qui me surprit beaucoup au vue du portrait que Simon avait pu me brosser – un homme dur et intransigeant. Seul Ludo Verpey, le directeur des Jeux et Sports Magiques et ancien Batteur de l'équipe d'Angleterre de Quidditch, avait l'air aussi enthousiaste que les élèves.

-Nous voici enfin pour la première tâche ! Inutile de le préciser, il s'agira pour nos quatre champions de passer devant un dragon pour récupérer l'œuf d'or que vous apercevez entre les vrais œufs – vous le voyez, là, le doré ? Bien ! Chaque champion a tiré au sort le dragon qu'il allait affronter juste avant l'épreuve, ainsi que l'ordre de passage !

Un dragon par champions. Bon sang, je me demandais s'il y en avait des plus effrayants que ce dragon bleu à l'œil mauvais. La bête avait replié ses ailes sur les œufs en un geste protecteur et montrait les dents aux élèves du premier rang. Des flammes emplirent sa bouche, arrachant un cri d'affolement aux étudiants.

-Ne paniquez pas, rit Verpey avec bonne humeur. Nous avons fait en sorte de vous protéger, de solides sorts de protections ont été déployés atour de vous et des Magizoologistes sont prêt à intervenir si quelque chose venait à arriver – mais ne vous faites pas, vous ne risquez rien ! Bien, intéressons-nous à l'épreuve du jour ! Le premier dragon que notre premier champion va affronter est un Suédois à museau court ! Un dragon féroce qui vit dans les montagnes de Suède et dont la peau est particulièrement recherchée, regardez-moi cette magnificence ... Et le champion qui aura la chance de l'affronter est Cédric Diggory !

Mon cœur manqua un battement, et sans réfléchir j'attrapai la main de Miles à côté de moi. S'il parut surpris de mon besoin soudain de contact physique, il n'en fit pas part et se contenta de serrer mes doigts.

-Calme-toi, ça va bien se passer, me murmura-t-il en dénouant son écharpe. Par Merlin, tu es gelée, mets ça.

Il me passa son écharpe aux couleurs de Serpentard autour du cou, et j'étais trop soulagée de retrouver un peu de chaleur pour protester de porter d'autres couleurs que celles de ma Maison. Même la si impassible Renata avait blêmi à l'annonce du nom de Cédric. Ludo Verpey rappela les consigne de sécurité et conseilla aux élèves d'être le plus silencieux possible pour ne pas troubler le dragon, ni le champion. Puis il porta un sifflet à ses lèvres et le son roulant traversa le stade comme tempête. Le silence totale se fit dans l'enclot, uniquement entrecoupé par les râles du dragons et les respirations haletante des élèves angoissés. Enfin, un pan de la tente s'écarta et Cédric parut dans l'enclot. Il avait le teint encore plus verdâtre que lorsque je l'avais quitté au repas, mais peut-être était-ce le reflet des écailles de dragon sur son visage. Peut-être – non, je n'y croyais pas un mot, mais j'aurais tellement espéré ... La main de Miles serra la mienne, mais cette fois je vis à l'expression de son visage qu'il n'avait pas le cœur à me dire que « ça allait bien se passer ». Le dragon s'agita en entendant quelqu'un entrer dans son éclot et découvrit ses dents. Seigneur, si j'étais encore croyante, je me serais mise à prier Dieu frénétiquement pour que mon ami sorte vivant de cet enclot. Oh oui, Seigneur, il y a six quand qu'est-ce que j'aurais prié ... J'aurais dû demander à mon père de prier. Après tout, j'aurais dû mettre toutes nos chances de notre côté ... Mon autre main agrippa nerveusement ma médaille de baptême.

-Dieu pour Henry, Angleterre et Saint George, Cédric, murmurai-je pour pallier à la prière. Allez ...

Cédric un moment à l'entrée sans rien faire, faisant tourner sa baguette entre ses doigts et lorgnant le dragon. Puis il attrapa une pierre au hasard et tapa doucement dessus de la pointe de sa baguette. La pierre sembla trembler, puis lentement, grossir, perdre sa solidité, devenir soyeuses et vivante ... Quelques instants plus tard, un labrador plus gros que la moyenne se tenait dans l'enclot, pendant sa langue baveuse. Un peu plus bas, Emily se prit la tête entre les mains, s'affaissant sur son banc de soulagement. Première étape de faite. Et avec la manière.

-Ohoh ! commenta Ludo Verpey en concert avec le stade. Belle métamorphose, si bien réalisée, le professeur McGonagall est fière de vous, j'en suis sûr !

McGonagall avait plutôt l'air d'avoir avaler une pincée de sel contrainte et forcée. J'entortillai si fort ma chaine entre mes doigts qu'elle me coupait la circulation mais peu m'importait.

-Allez, Cédric, des pas de velours, maintenant ... Ploie ta grande carcasse ...

Le dragon se mit à gronder quand le chien glapit et Cédric eut la présence d'esprit de se dissimuler derrière une des pierres qui jonchaient l'enclos. La créature se replia sur ses œufs alors que le chien aboyait, pattes en avant et langue tirée, l'œil joyeux. Cela me ferait mal au cœur quand il se ferait rôtir par le feu impitoyable du dragon, mais mieux valait lui que Cédric. Celui-ci était toujours retranché derrière sa pierre, et pointant sa baguette vers le chien. Un bâton s'éleva et il l'envoya à l'autre bout de l'enclos. Aussitôt le chien le poursuivit et le dragon le suivit en se repliant sur ses œufs. Des flammes d'un bleu glacé jaillirent de sa gueule et le chien l'évita de justesse en glapissant. Mais mes yeux étaient rivés sur Cédric et j'avais pu apercevoir sa course jusqu'à un rocher plus près du nid pendant que le dragon s'occupait du chien. Il s'était quelque peu avancer, découvrant ses œufs, mais pas encore celui d'or ...

-Ah ça y était presque Diggory ! s'enthousiasma de façon indécente Verpey. Plus que quelques mètres ... quelle stratégie ! Peu orthodoxe, mais quelle maîtrise ...

-Par Merlin, ferme ton clapet, grommela Renata.

Ses yeux sombres étaient rivés sur Verpey avec désapprobation. Puis elle toisa la foule qui avait applaudi.

-Tu es née-moldue, Victoria ? Tu connais les histoires de l'Antiquité ?

Le père de Renata était moldu, et elle avait pris d'Etude des moldus en option, sans doute comme moi pour ne pas perdre le lien avec son autre monde. Je hochai la tête avec l'impression d'avoir la nuque raide.

-Un petit peu, oui, répondis-je dans un filet de voix.

-Alors à quoi ça te fait penser, tout ça ? Un arène ... des hommes qui se battent contre des bêtes au péril de leur vie ... et des applaudissements.

Elle tapa cyniquement dans ses mains, récoltant le regard éperdu de Miles et des autres élèves alentours. Je voyais parfaitement où elle voulait en venir et je ne pouvais qu'être d'accord avec elle. Oui, c'était parfaitement ce que cela pouvait m'évoquer, maintenant que l'image me venait à l'esprit.

-Les gladiateurs. Ouais. Ceux qui vont mourir nous salue.

-Ce Tournoi est incroyable, cracha Renata alors que Cédric envoyait une nouvelle fois le chien faire diversion. On leur donne du sang et de l'adrénaline, le périls de leurs vies, des dangers mortels ... Et ils applaudissent pour ça.

Elle balaya le stade de la main. Une seconde slave d'applaudissement secouait une nouvelle fois les gradins alors que Cédric tentait une approche du nid. Il avait réussi à atteindre le cercle de pierre qui renfermait les œufs et à effleurer l'un d'entre eux. Mais le dragon recula pour suivre le chien et il battit en retraite avec précipitation. Mon cœur s'emballa. Allez, Cédric ... Tu y es presque ...

-Oh là là ! C'était juste, vraiment tout juste ! s'écria Verpey avec un certain ravissement. On peut dire qu'il prend des risques, celui-là ! Belle tentative, dommage qu'elle n'ait rien donnée ...

-Mais ferme-la ! grogna une nouvelle fois Renata.

-Ils l'ont choisi, répéta Miles avec néanmoins moins de certitude. Ils savaient, ils savaient ce à quoi ils seraient confrontés ...

-Je pense que personne ne peut se rendre compte ... avant d'être réellement devant. Et faire de ça un spectacle, je trouve ça écœurant.

La véhémence de Renata me surprit. Cela devait être nos échanges les plus prolifiques depuis que je la connaissais et ses mots débordaient d'amertume. Miles la toisai d'un air circonspect et il soupira en caressant le dos de ma main de son pouce.

-Bon, on va se concentrer sur ... le fait que pour l'instant, Cédric ne s'en sort pas trop mal, non ?

-Oui, pour l'instant, admis-je, les yeux toujours rivés sur mon ami. Il faut qu'il continue de balader le chien ...

Et c'est ce qu'il fit. Il fit à nouveau léviter le bâton, que le labrador poursuivit dans l'arène. Cette fois le Suédois découvrit son nid, n'y laissant qu'une aile pour le protéger. Cédric n'attendit pas et avec la rapidité de l'attrapeur surgit dans le nid et bondit sur l'œuf d'or. Mais au moment où il y posa un doigt, le dragon dit brusquement volte-face en tordant son cou reptilien. Le cri de triomphe qui montait dans ma gorge se mua en cri d'horreur lorsqu'une flamme terrible sortit de la gueule du dragon et fila vers Cédric. Mon ami tenta de parer en faisait jaillir de sa baguette un mur d'eau qui n'endigua absolument pas la flamme. Je ne pus voir la suite, car les élèves devant moi s'étaient dressés en hurlant, me gâchant la vue. Oh Seigneur, oh mon dieu ... Je lâchai brusquement la main de Miles et me mit à dévaler les escaliers, la peur au ventre. J'entendis à peine le cri de Miles derrière moi, ni les hurlements de Verpey. Mais malheureusement d'autres élèves avaient eu la même idée et le passage se retrouva bouché. Et même ma petite taille ne pouvait pas me permettre de mouvoir dans une foule aussi compacte. Je me tortillai, glissai, criai pour passer, mais rien n'y faisait. Etre petite n'avait pas que des avantages. J'envisageai sérieusement, mue par l'inquiétude irrationnelle de retrouver mon ami carbonisé, de mordre le bras du grand gaillard devant moi, quand l'espace se libéra devant moi, me faisait avancer et respirer :

-On laisse passer l'amie du cramé ! Allez, on se pousse !

-Montague, gros balourd, laisse passer la p'tite dame !

-Bennett, avance, dépêche-toi ! On est costaud, mais on n'a pas de batte pour repousser ces cognards !

Je jetais un regard ahuri à Fred et George Weasley, qui se frayait un chemin pour moi dans la foule. Puis reprenant mes esprits et reconnaissante au delà des mots, j'adressai un rapide signe de main aux jumeaux avant de dévaler la pente jusqu'à la barrière qui séparait le public de l'enclos. Je montai sur une barre et regardai en contre-bas. Le dragon avait été emmené ailleurs et Cédric également car je ne le voyais pas. Le chien était redevenu pierre. Je scrutai l'enclos avec angoisse, avant d'apercevoir le professeur Chourave au bord, proche de la tente, son visage rond crispé par le désarroi.

-Professeur !

-Bennett ! s'étonna Chourave en levant les yeux sur moi. Bennett, descendez de là !

-Cédric, comment il va ?

Un éclair de compréhension traversa les yeux de Chourave et son visage se détendit. D'autres élèves écoutaient attentivement autour de moi.

-Ça ira, Bennett, ne vous en faites pas. La brûlure a l'air superficielle, il s'en est bien sorti et il a réussi l'épreuve ! Alors ne vous inquiétez plus, et savourez la victoire !

Et elle se faufila dans une ouverture, dissimulant visiblement l'infirmerie de fortune. Je m'affaissai sur la barrière. J'avais l'impression qu'une digue venait de rompre en moi et laissai un flot de soulagement se déverser en moi, de façon si violente que j'en tremblai. Toutes les émotions accumulées ces dernières semaines bourdonnaient à mes oreilles, si bien que j'entendis à peine mon nom hurlé à côté. En revanche, je sentis Emily m'arracher à la barrière et prendre mon visage en coupe. Des larmes d'angoisses perlaient au coin de ces yeux.

-Ça va ?

-Il ... il a réussi, balbutiai-je, serrant ma cape autour de moi. Il a réussi alors ... on va dire que ça va.

Emily n'eut même pas le cœur de répondre, et se contenta de me prendre dans ses bras.

***

-Tu es un fou !

Telles furent les premières paroles d'Emily quand Cédric pénétra dans noter Salle Commune. Elle était perchée à son cou, presque en pleurs, et Cédric avait éclaté de rire en la serrant contre lui. Aussitôt tout Poufsouffle s'était mis à l'entourer et à l'acclamer, l'arrosant de bièraubeurre alors qu'Emily était toujours accrochée à lui. Malgré l'aversion que j'avais pu avoir pour le Tournoi pendant l'épreuve, j'applaudis avec les autres, un immense sourire aux lèvres. Erwin avait attrapé l'œuf d'or que Cédric avait ramené et avait exulté en le montant à tout le monde, et depuis il passait de main en main, certain l'embrassant comme si c'était le Graal suprême. Simon s'était assis dans l'un des canapés avec Mathilda et je les rejoignis. Renata était elle rentrée directement dans la chambre. Mon meilleur ennemi m'accueillit derechef avec un coup de manche de guitare sur le crâne.

-Aïe ! protestai-je en me frottant la tête. Qu'est-ce que j'ai fais ?

-Le balai, par Merlin Bennett ! Ton unique intérêt est que tu joues au Quidditch et tu n'as pas songé au balai ?!

Le ton de Simon se voulait dur, mais ses yeux pétillaient d'euphorie. Et ce fut cette dernière qui m'atteint car mon sourire s'agrandit.

-Notre méthode était très bien quand même. Et Cédric a beau être un joueur extraordinaire ... Par Merlin, je suis persuadée qu'il n'a pas la dextérité de Potter au vol ! Bon sang, quel panache !

Certains Poufsouffle me jetèrent un regard mauvais, mais je m'en fichais. La performance en vol de Harry Potter m'avait complétement bluffé, et si sur le coup je m'étais sentie un peu bête de ne pas avoir penser au balai, je m'étais ensuite fait la réflexion que Cédric n'aurait pas réussi aussi bien que Potter. De loin la plus belle prouesse de la tâche, n'en déplaisait à ma Maison.

-Potter a peut-être été le plus hardi, mais on en attendait pas moins d'un Gryffondor, répliqua Erwin en gonflant la poitrine. Mais Cédric a montré plus d'ingéniosité, c'était fantastique, plus subtile ... C'est ce qu'on voulait du vrai champion de Poudlard.

-Alors là, stop ! Ça suffit, Summers !

Erwin se tourna avec stupeur vers Cédric, de qui venait l'éclat. Son regard s'était durci, effet aggravé par la pâte grise qui persistait sur son visage pour soigner ses brûlures. Il tenait toujours Emily d'un bras et parlait à Hannah Abbott et Susan Bones, qui jetaient toute deux un regard surpris sur leur champion.

-Le nom de Harry est sorti de la Coupe de Feu, tout comme le mien, poursuivit Cédric avec une certaine hargne. Donc il est champion de Poudlard, tout comme moi, à égalité avec moi. Il n'y a pas de vrai, ou de faux champion.

-Mais Cédric, protesta quelqu'un dans la foule. Il a triché ...

-Mais peu importe ! rétorqua-t-il en ouvrant les bras. Peu importe qu'il ait triché ou que ce soit un complot, il concourt et c'est dangereux ! Vous avez vu ... Vous avez tous vu ce qui attend un champion ! Des dragons, bon sang ... Vous pensez qu'il aurait la force de se battre toute l'année à la fois contre Poudlard et contre des dragons ? Alors ?

Je fus ravie de voir presque la moitié de la pièce baisser le nez, honteuse. Emily retira discrètement le badge « Vive Cédric Diggory » qui ornait sa cape et d'autres la suivirent dans son geste. La vision des dragons avait été un choc pour tous, nous propulsant dans la réalité dangereuse du Tournoi. Et tout le monde respectait Cédric. Si lui demandait qu'on cesse d'importuner Potter, alors beaucoup lui obéirait.

-Bien, reprit Cédric, cette fois avec un grand sourire. Maintenant que c'est dit, on peut fêter ! Maestro, où en est la musique ?

-En accordage, répondit Simon en tripotant les boutons du manche de sa guitare. Donne-moi une minute. Et Bennett, entraine ta voix, je veux te revoir chanter des musiques moldues sur la table.

-Bones !

Cédric éclata de rire et vint s'installer entre nous deux – sans doute pour m'empêcher d'étrangler Simon. Emily s'assit à même le seul devant nous et distribua les bièraubeurre. Autour de notre groupe, les conversations allaient bon train et l'atmosphère s'était considérablement allégée. L'humeur de Cédric aussi, et je retrouvai mon véritablement ami avec un plaisir non dissimulé. Il passa un bras autour de mes épaules, me gratifiant d'un grand sourire.

-Alors, Vic' ? J'ai été aussi bon que Saint George ?

-Meilleur, même, Saint George ne savait pas transformer un caillou en clebs. Enfin, sauf si c'était l'intervention de Dieu.

Je souriais tellement que j'avais peur d'avoir une crampe à la mâchoire. Maintenant que les dragons étaient loin, l'angoisse elle aussi s'était dissipée. Cédric avait son œuf, que chaque Poufsouffle se passait tel un trophée. Je le désignai du menton :

-Alors, c'est quoi ? Ta récompense ?

-Une énigme, me répondit Cédric après une lampée de bièraubeurre. Mais ne t'en fais pas, on a le temps. On savoure ma victoire et on parle de ça après.

-C'est bien ce que tu as fait. Pour Harry.

Un sourire s'étira sur les lèvres de Cédric.

-C'est normal. Il ... il m'a prévenu pour les dragons. Et je commence à me dire qu'un type aussi honnête de quatorze ans ... Ne se serait pas embarqué dans une telle aventure.

-Bien vu, champion, approuvai-je avec une tape sur son épaule. Maintenant donne-moi autre chose que de la bièraubeurre : il est hors de question que cette fois, je me mette à chanter des chansons moldues sur la table. 



PS : quelques phrases des commentaires de Verpey sont issues directement de HP4, et la chanson que Victoria utilise pour ouvrir le miroir au début est issue de la comédie musicale - devenu film - les Misérables (Do you hear the people sing

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