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I - Chapitre 3 : Chocolat et sortilèges

Bonjour à tous ! 

Avant toute chose, Les Animaux Fantastiques 2 sortent aujourd'hui : nous sommes tous ravis et je ne doute pas que les Potterheads que vous êtes s'empresseront d'aller le voir. Je demanderais juste de ne pas spoiler dans l'immédiat, personnellement je n'aurais pas le temps de le voir tout de suite ahah ! Les impressions OK, mais pas d'info ! Merci ! 

Bon je sais, on est pas jeudi, mais demain j'ai une journée chargée (RDV pour mon mémoire, taff, avion, tout ça) donc je vous le livre aujourd'hui ! 

J'espère que ça vous plaira ! Bonne lecture ! 

***

Dans un trou vivait un hobbit. Ce n'était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d'une atmosphère suintante, non plus qu'un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s'asseoir ni sur quoi manger : c'était un trou de hobbit, ce qui implique le confort.

- J.R.R. Tolkien, Le Hobbit 

***

Chapitre 3 : Chocolat et sortilèges.

Durant la première semaine, la nouvelle du Tournoi des Trois Sorciers avait été sur toutes les lèvres. Cédric ne disait rien sur son intention d'y participer ou non, mais Emily et moi étions d'accord pour nous dire que cela lui trottait dans la tête. Maintenant, chacun avait hâte que Halloween arrive, mais j'étais des plus sceptique. Un troll dans les cachots, un portrait agressé, un message sinistre sur le mur ... Non, décidemment, rien de bon n'arrivait à Poudlard à Halloween.

Le professeur Chourave, notre Directrice de Maison, était passée dans nos rangs le premier jour pour faire le point sur nos BUSE. Elle s'était retrouvée enchantée de mes notes, et j'abandonnais avec joie cette année l'Arithmancie, la Potion et l'Astronomie.

-En revanche, je ne pense pas que vous soyez nombreux à continuer l'Histoire de la Magie, m'avait-elle prévenu avec un regard désolé. Alors ... armez-vous de patience, d'accord ?

Et effectivement, seule Octavia McLairds  poursuivait cette matière. J'avais crains un instant que Simon ne la poursuive – il était admis, et de nature assez curieuse – mais il avait fini par abandonner pour ne pas surcharger son emploi du temps. Sans surprise, il avait réussi dans tous les examens, et n'avait loupé l'Optimal qu'en Arithmancie, et Métamorphose. Cédric n'en était pas loin, s'il n'avait pas complétement loupé l'épreuve d'Histoire de la Magie, qu'il n'avait pas vraiment pris au sérieux. Emily quant à elle avait excellé en Potion et Métamorphose.

Je pensais que maintenant que les BUSE étaient derrière nous, les professeurs relâcheraient la pression et nous laisserait profiter de notre dernière année sans examens majeurs, mais cela avait été illusoire. Dès la première heure le lundi matin, le professeur McGonagall, cette grande sorcière stricte, mais juste, nous avait d'entrée parler des ASPIC, du niveau qui allait s'élever encore quelque peu, ainsi de l'exigence accrue qu'elle aurait pour ces cours. Flitwick n'eut pas un discours différent en Sortilège et je me réjouis secrètement d'avoir abandonner les Potions en voyant mes amis revenir dépités des cachots le mardi. Rogue était revenu de l'été avec plus d'amertume, de froideur et de haine si toutefois c'était possible.

-Deux jours, marmonna Emily un matin. Deux jours et déjà une tonne de devoir !

Tonne de devoir dont elle s'acquittait déjà, son livre Milles herbes et champignons magiques coincé sur une carafe d'eau bouillante qui nous servait pour thé, le parchemin étalé à côté de bol de café. J'avais moi-même callé l'Histoire de la Magie de Bathilda Tourdesac de l'autre coté de la carafe, ma tasse de chocolat chaud dans une main et la plume dans l'autre. Binns nous avait demandé quatre-vingt centimètres de parchemin pour la fin de semaine sur ce que nous savions de la seconde révolte des Gobelins. Nous mangions et prenions des notes par intermittence, sous les regards effarés de Simon et Cédric.

-C'est pour la semaine prochaine, le devoir, rappela celui-ci à Emily d'un ton qui se voulait résolument rassurant. Et Vic' ... Il fallait arrêter l'Histoire de la magie, sérieusement.

Je lui jetai un regard torve par dessus mon livre. Emily quand à elle, leva sur lui des yeux noirs où pointait une certaine panique.

-On parle de Rogue, il est parfaitement capable de nous avancer la date comme ça, sans raisons !

-Et bien on le commencera ce soir, si tu le souhaites, dit Simon en baillant. De la Potion dès le matin ... Franchement c'est de la torture.

-Toi, tu ne veux pas entrer au département des mystères.

-Un point pour elle, admit Cédric.

Il se servit un bol de thé et une assiette faite d'œufs et de bacon, faisant grimacer Simon, qui était du genre à ne rien manger le matin – et après on se demandait pourquoi il était si maigre ... Cédric s'amusa de son air dégoûté et fit balancer un morceau de bacon du bout de sa fourchette sous le nez de Simon.

-Il faut prendre des forces mon vieux.

-Je prends ma force dans le sommeil, répliqua-t-il en ne prenant qu'une petite tasse de café. Comment vous le sentez ce premier cours de Défense contre les Forces du mal ?

-Mal, justement, marmonnai-je avant de prendre une lampée de chocolat.

Je jetai un œil à la table des professeurs. Lupin me manquait déjà terriblement et j'appréhendais ce premier cours avec notre nouveau professeur. Maugrey parlait au professeur McGonagall, et je voyais dans l'étincelle dans les yeux de la professeure de métamorphose que le sujet de la discussion était plutôt une dispute. Cela ne me surprenait pas : la rumeur disait qu'il avait transformé un élève en fouine dès le premier jour et que depuis, McGonagall était furieuse. Simon devait songer à la même chose car il me jeta un regard de biais, amusé.

-Peur d'être transformé en fouine, Bennett ? Remarque, ce serait un spectacle divertissant.

-Très drôle, maugréai-je en notant une nouvelle ligne sur mon parchemin. Rends-toi plutôt utile et ressers-moi du chocolat chaud.

Je lui tendis ma tasse vide, qu'il se contenta de fixer avec un sourire insupportable. Cédric finit par la prendre avec un soupir, devinant que la prochaine étape était que je jette ladite tasse au visage de Simon, et la remplit de chocolat.

-Merci, Cédric. Toi, au moins tu as des manières.

-Les gars, nous avertit Cédric en pointant sur nous du bacon menaçant. Pas dès le matin. Et Simon, tu ne devais pas aller voir Octavia ?

-Elle n'est pas encore descendue, alors navré mais vous allez devoir me supporter encore quelques minutes.

-Allez Vic', patience, me lança Emily de l'autre côté de la carafe.

Je la gratifiai d'un regard désabusé par dessus nos livres, et décidai d'ignorer Simon en me replongeant dans mon Histoire de la Magie.

-Cédric ? finit par demander Emily en relevant les yeux de son devoir de Potion. Tu vas candidater ou pas finalement, au Tournoi ?

Simon et moi tournâmes immédiatement les yeux vers notre ami, attendant impatiemment sa réponse. La question restait en suspens depuis la rentrée, mais je savais que Cédric n'y répondrait pas avant d'être certain de sa décision. Et visiblement, il ne l'était toujours pas parce qu'il haussa les épaules.

-Je ne sais pas encore, on va dire.

-Il n'y a que toi qui puisses le faire, insista Emily. Je veux dire, Simon et moi on est trop jeune et Victoria ...

-... ne sait toujours pas comment utiliser une baguette sans provoquer de catastrophe.

-Cédric, fais-le taire, sinon je le fais.

Simon leva les mains en signe de paix au moment où Cédric ouvrait la bouche. Moi ça ne me suffisait pas, mais je fis passer la frustration en avalant une gorgée de chocolat chaud. Il était vrai que de notre groupe, j'étais la moins douée baguette à la main. J'en avais conscience, et j'en tirais une certaine complexité qui se combinait à celle de ne pas venir de leur monde. C'était un fait. J'avais juste horreur qu'on me le rappelle.

-Sans Victoria, on échouait tous en Histoire de la magie, me défendit néanmoins Emily. Et je pense que sur un balai tu ne ferais pas le fier avec ton vertige, Simon, alors tais-toi. Bref, là n'est pas la question. Cédric ...

-On a des septième année qui peuvent parfaitement prétendre à être champion de Poudlard, tempéra-t-il en posant prudemment ses couverts. Et dans Poudlard ...

-Il faut que ce soit un Poufsouffle ! Imagine que ce soit nous qui ramenions le Trophée à Poudlard, peut-être qu'on arrêtera de dire de nous qu'on est la Maison qui ne sert à rien !

Certains autour de nous qui écoutaient hochèrent la tête avec approbation. Il était vrai que certains d'entre nous étaient révoltés de la façon dont l'on traitait les Poufsouffle à Poudlard – avec une sorte de condescendance. Ils sont gentils, les Poufsouffle, ils nous prêtent leurs notes, les Poufsouffle, ils nous aident. Mais ils ne servent décidemment à rien, ces Poufsouffle. La Maison dans laquelle on envoyait ceux qui ne correspondaient pas aux trois autres, une sorte de « poubelle ». Les Serpentard notamment ne manquaient pas de nous rappeler cet aspect là de notre Maison. L'indifférence de Cédric sembla quelque peu se fendiller quand il constata qu'une partie des regards de la table était rivés sur lui, un espoir presque indécent dans les yeux.

-Tu es l'un des meilleurs en magie. Tu es notre préfet, notre capitaine. Il faut que ce soit toi, acheva d'argumenter Emily avec un haussement d'épaule.

-Mais ne te mets pas la pression, ajoutai-je précipitamment. Je veux dire, fais ce que tu veux, et surtout comme tu le sens. C'est à toi que la décision appartient, ne te sens pas obliger de le faire pour nous.

-Bien sûr, enchérit Emily après quelques secondes. C'est toi qui prends la décision, pas nous.

Mais malgré mon intervention, je sentais Cédric vaciller et cela me faisait peur. Quelques soient ces tâches, elles ne seraient pas une promenade de santé. Ce serait dangereux et cela devrait mobiliser des capacités magiques au delà de celles que maîtrisaient déjà Cédric. Il devrait dépasser ses limites mais ... jusqu'à quel point ? Tout le monde avait beau être enthousiasme pour ce Tournoi, après trois jours je restais persuadée que le champion de l'école le serait beaucoup moins une fois face à la première tâche. La seule chose qui m'exaltait un temps soit peu était de rencontrer les élèves de Durmstrang et Beauxbâtons.

Octavia parut enfin par la grande porte et Simon se redressa précipitamment.

-On se revoit en cours, les gars ! nous lança-t-il en prenant son sac qu'il avait posé sur la table à côté de lui.

Mais dans sa précipitation, son sac heurta la carafe d'eau maintenant tiède qui tomba sur mon livre d'Histoire de la magie et renversa la tasse de chocolat chaud que je venais de poser dans sa course. Je poussai un cri de stupeur quand le chocolat se répandit sur mes précieux quarante centimètres de parchemin que j'avais réussi à rédiger depuis la veille, avant d'achever sa course destructrice sur ma jupe et mon sac posé à mes côtés. Je me relevai précipitamment, horrifiée, et contemplai bouche bée mon devoir se détruire petit à petit.

-Pour l'amour du ciel, Simon ! finis-je par crier, cédant à la rage qui déferlait en moi.

-Je ne l'ai pas fait exprès !

Mais peu m'importait. Mon précieux chocolat, essentiel à chacun de mes réveils, tachait mon cher devoir à présent couvert d'une immense tâche brune veinée de noire. Illisible, donc. Tout à refaire.

-Ouuuh, souffla Emily, nous jetant tour à tour des regards à Simon et à moi.

-Explosion dans trois, deux ..., décompta Cédric.

-Non, sérieusement, je ne l'ai pas fait exprès, Vicky ! se défendit Simon en s'éloignant d'un pas.

Mais je n'appréciais pas d'avantage qu'il m'appelle par ce surnom. Pour couper court à toute fuite, j'agrippai vertement sa cravate, le faisant glapir d'indignation.

-Je m'en fiche, tout ce que je vois c'est que tu as renversé mon chocolat – mon chocolat Simon Bones ! – et ruiner mon devoir !

-Et salis ton uniforme, releva Emily avec un sourire dans la voix.

-Et salis mon uniforme !

Effectivement, des traces brunes souillaient à présent ma cravate jaune et noire, ma chemise et ma jupe. Mon courroux n'en fit qu'augmenter alors que les dégâts s'additionnaient et Simon dut le sentir car il tenta à nouveau de faire un pas en arrière. Mais j'étais réactive et je resserrai ma prise sur sa cravate, l'étranglant presque.

-Des excuses, exigeai-je, me délectant presque de ses yeux paniqués. Immédiatement.

-Excuse-toi Simon, me défendit Susan, qui déjeunait un peu plus loin avec ses amis de quatrième année.

-Pour la solidarité familiale, on repassera Susie, grimaça son frère avant de me jeter un nouveau regard. Non, sérieusement Bennett, tu m'étrangles là.

-Je ne t'ai pas entendu t'excuser.

-Je vous avais dit de ne pas travailler dès le petit-déjeuner !

Mais mon regard se fit glacial, et je vis la pomme d'Adam de Simon s'abaisser et se relever. Je savais avoir des yeux très clairs, bleus et froids qui, d'après les dires d'Emily, gelaient le sang de ceux que je fixai avec courroux. Mon unique arme avec mes ongles, et je savais parfaitement m'en servir. Simon cessa de se débattre et passa sa main dans ses cheveux blonds foncé couverts d'épis. Au moment où je crus qu'il allait craquer et s'excuser, une voix cingla derrière nous :

-Bennett, lâche-le maintenant !

-Octavia, grondai-je sourdement, reconnaissant la voix de la petite-amie de Simon. Quel plaisir.

Mais ça ne semblait pas être un plaisir pour elle, car elle me fusilla du regard en arrivant à notre hauteur, ses cheveux d'acajou bondissant furieusement à chacun de ses pas.

-Lâche-le, répéta-t-elle avant de glisser sa main dans celle de Simon. Tu es ridicule. (Elle sourit à Simon et raffermit sa prise). Viens, chéri.

Simon ne bougea pas d'un poil, ses yeux ne lâchant pas les miens d'un iota. Nous nous affrontâmes un instant du regard, ses yeux verts contre mes yeux bleus. Finalement, mes mains se desserrèrent sa cravate et je la laissai couler entre les doigts.

-On réglera ça en cours. Dis merci à ta copine.

-Bennett, siffla rageusement Octavia.

Je lâchai définitivement la cravate et laissai Simon reculer d'un pas. Il se massait la nuque, sans l'ombre d'un sourire sur le visage, me considérant les yeux plissés.

-Sacré poigne, finit-il par lâcher, la commissure des lèvres relevée. T'as pas changé, Vicky.

-Je veux mes excuses avant la seconde sonnerie ! le prévins-je alors qu'il se laissait entrainer par Octavia.

Simon me gratifia d'un dernier sourire, plus effronté celui-ci, avant s'intéresser à Octavia – qui devait bien pester sur moi. Je me retournai vers ma table, gonflant mes joues en signe d'agacement, et découvrit Cédric et Emily, penchés l'un contre l'autre se retenant visiblement d'éclater de rire.

-Par Merlin, on a évité la catastrophe, haleta Cédric, tentant de reprendre son souffle. J'appellerais Octavia plus souvent si c'est elle qui sait régler les conflits.

-Seigneur, abstiens-toi, rétorquai-je avant de baisser les yeux sur mon uniforme. Oh lala ...

Je sortis ma baguette de mon sac et la posait sur mes vêtements en murmurant un « récurvite ». Puis je jetais un regard désespéré à la table saccagée et à mon devoir irrattrapable. Emily se chargea de nettoyer la table et me tendis mon livre d'Histoire de la Magie a présent parfaitement sec.

-Pour le devoir par contre ..., grimaça Cédric en le prenant du bout de la baguette. Désolé Vic'.

-Il va me le payer. Je vous jure. Chèrement.

-En attendant, on doit aller en cours alors ... Mets tes envies de vengeance en veilleuse, d'accord ?

-Pas question. Je veux des excuses avant que le cours de Défense contre les forces du Mal ne commence, sinon ce sera la guerre.

-Ah parce que là vous êtes en période de paix ? ironisa Emily en plaçant son sac sur épaule.

Cédric éclata de rire et nous quittâmes la Grande Salle d'humeur diverse. Notre premier cours était séparé : ils avaient Potion et moi je me dirigeais vers la bibliothèque pour recopier les lignes que mon chocolat avait ruiné. Je fulminai encore arrivée au vingtième centimètre quand une voix me sortit de mes sombres pensées :

-Recalée en Potion ? Je suis déçu Victoria.

-Et toi tu ne continues pas ? répliquai-je sans relever la tête. Je suis déçue, Miles.

Miles Bletchley essuya un petit rire en posant son sac à côté du mien.

-Oh, j'en ai pas besoin pour le reste de mes études. Et puis, c'est déjà assez pénible d'avoir Rogue en directeur de Maison.

-Comme je te comprends ...

Miles passa outre mon ton cordial, s'installa à côté de moi et repoussa l'une de ses rares mèches rebelles. Ses cheveux noirs étaient soigneusement coiffés par dessus des yeux bruns qui me fixaient avec impudence. Sa cravate aux couleurs vertes et argents pendait sur son sternum.

-Et toi, mon petit doigt me dit que tu as poursuivi l'Histoire de la Magie.

-Le mien me dit que toi non ... 

-Bien vu, s'esclaffa Miles en croisant les bras sur sa poitrine. Juste Soin aux Créatures Magiques aussi, c'est peut-être Hagrid mais ça me plait bien. Parfois ça peut être ... distrayant.

Je ne répondis pas, mais ça ne parut pas le déranger : il me raconta son premier cours de Soin aux Créatures Magiques – l'un de ses favoris – où Hagrid leur avait présenté des créatures inconnues mais explosives. Difficiles à dresser, disait-il, mais il avait été ravi de voir l'une d'entre elle exploser au visage de Cassius Warrington. Il continua à bailler, presque seul car je ne répondais que par monosyllabe, les yeux obstinément rivés sur mon devoir.

-Et au fait, il s'est passé quoi avec Simon Bones ce matin ?

Je n'avais aucune envie de parler de Simon, alors je me contentais de soupirer et de poursuivre ma dissertation. Mon silence et ma froideur finirent par paraître éloquents à Miles, qui éclata de rire :

-Oh, Vic' ! Tu m'en veux encore pour le hibou de début d'été ?

-Un peu, avoua-je sans lever les yeux de mon devoir.

Au début de l'été, il m'avait envoyé une lettre, avec son hibou pour messager. Le volatile avait fait irruption par la fenêtre ouverte de notre salle à manger, en pleine prière dominicale. Ma mère avait hurlé et mon père m'avait jeté un long regard pénétrant qui m'avait glacé le sang. Pas le meilleur dimanche de l'été. Tout ça pour quoi ? Un petit bout de parchemin, avec juste une phrase :

« Alors Vic', quand est-ce qu'on sort ensemble ? »

Emily considérait que notre relation n'était pas nette, et elle n'avait pas tout à fait tort. Rien que l'année dernière, il m'avait demandé douze fois de sortir avec lui, demandes que j'avais toujours repoussé avec le sourire, mais qui pesaient à mesure qu'elles s'accumulaient. Miles était adorable, mais sûr de lui, ambitieux et ... j'avais beau essayé, je n'arrivais pas à voir en Miles autre chose qu'un ami.

-Tout ça pour ça, Miles, marmonnai-je. Seigneur, Miles, douze non, et il fallait que tu tentes une treizième comme ça ...

-C'était maladroit, admit-t-il, perdant quelque peu de sa superbe. Je suis désolé, Victoria.

-Merci.

Je crus qu'il continuerait à afficher un air contrit, mais un sourire retroussa ses lèvres et il me jeta :

-Du coup, la réponse, c'était ... ?

Je lui jetai sèchement un morceau de parchemin au visage et il éclata de rire. Malgré tout, ces excuses m'avaient radoucie – c'était agréable, quelqu'un qui s'excusait quand il était en faute. Et l'entendre rire, et parler avec lui m'avait rappelé pourquoi, malgré ses demandes insistantes, je n'arrivais pas à m'éloigner de lui. Emily avait beau être maintenant ma meilleure amie, et Cédric avait beau arbitré mes conflits avec Simon, la vie avec mes amis restait une somme de tension et de stresse. Parfois, cela faisait du bien d'avoir quelqu'un avec qui décompresser. Et Miles était la personne que j'avais trouvée l'année dernière, lorsqu'après un cours de Potion particulièrement éprouvant, il avait décidé de venir m'aider. Comme ça, gratuitement.

Enfin. Je pensais qu'il faisait ça gratuitement. Jusqu'à la première demande.

Par Merlin, Emily ne devait jamais apprendre ça.

-Arrête des conneries et rends-toi utile, déclarai-je en me repenchant sur mon parchemin. C'est vrai Maugrey et cette histoire de fouine ?

-Ouaip. Je peux même te dire le nom de la fouine en question.

Le sourire carnassier de Miles me fit sourire à mon tour, puis éclater de rire quand il m'apprit que Drago Malefoy, cet insupportable Sang-Pur imbu de lui-même de quatrième année, avait été victime de la métamorphose. Comme quoi, il y avait une certaine justice dans ce monde. Nous parlâmes de notre été durant l'heure, si bien que je n'avançais plus que de deux centimètres avant que la cloche ne sonne, annonçant notre rendez-vous avec le cours de Défense contre les Forces du mal. J'arrivai un peu en avance à la salle de cours et remarquai que Cédric, Emily et Simon s'installaient déjà en classe. Je fronçai les sourcils et me tournai vers Miles avec un sourire penaud.

-Désolée, je dois vite aller régler quelque chose ...

-Pas de problème, me dit Miles en jetant un coup d'œil derrière mon épaule. Ta cible s'est installée à la deuxième table près de la fenêtre.

Je lui souris en guise de remercîment et fis prestement volte-face pour remontrer l'allée entre deux rangées de table, et réussis in extremis à poser mon sac à côté de celui de Simon, avant que Cédric ne puisse le faire.

-Victoria ! protesta celui-ci avec un soupir.

-Des excuses, Simon Bones, assénai-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

Simon passa une main dans ses cheveux en m'observant d'un air désespéré. Je pouvais être tenace, et il le savait – surtout quand on m'avait privé de chocolat au petit-déjeuner et que de surcroît on avait ruiné mon devoir.

-Je ne m'abaisserais pas à ça, refusa-t-il en ouvrant les bras. Alors ne sois pas pénible, et retourne t'asseoir avec ton copain.

-Simon !

-Je te préviens, Bones, sifflai-je en enfonçant un index dans sa poitrine. Je ne quitterais pas cette table tant que je n'aurais pas des excuses. Si je ne les ai pas dans la minute, je m'installe ici. Pour le reste de l'année.

La menace eut pour mérite de faire blêmir Simon. Il savait ce que ça signifiait. Nous nous étions retrouvé qu'une fois l'un à côté de l'autre, en cours : en première année, quand notre professeure de Défense contre les Forces du mal, une sorcière vieille et décharnée qui chevrotait si fort que les cours avaient été difficilement compréhensibles, nous avait rangé par ordre alphabétique. Cela avait duré trois mois, avant qu'elle ne décide de nous mettre à l'opposé l'un de l'autre quand il fut clair que nous étions capable de nous entretuer si l'on restait si proche. Je dressai un sourcil provocateur, avant de consulter ma montre.

-C'est bon, Vicky, pas la peine de dégainer des menaces, persiffla Simon, visiblement vaincu.

-Plus que cinquante secondes, Bones ... Sinon je m'assois ici.

-Alors asseyez-vous donc, Bennett.

Je sursautai en entendant cette voix rauque et sèche. Appuyé contre sa longue canne, son œil magique bleu électrique fixé sur moi, le professeur Maugrey se tenait dans l'encadrement de porte. Aussitôt, le silence se fit dans la salle, comme si les murmures s'étaient suspendus autour de nous. Maugrey s'avança dans l'allée, gardant son œil valide sur moi, alors que le magique se révulsait. J'aurais bien eu un haut-le-cœur, si mon cœur n'avait pas été coincé dans ma gorge.

D'accord. Je voulais bien admettre qu'il m'effrayait véritablement.

-Eh bien, poursuivit-t-il, s'avançant toujours jusque nous. Asseyez-vous, Bennett, et cessez d'importuner cette classe.

-Je ...

-Elle allait partir, intervint Simon avec un aplomb incroyable. C'est ...

-Non, elle reste ici, si elle le souhaite tant ...

Sa mince bouche se releva quand il passa devant nous, animant les cicatrices sur son visage, et je me demandai vaguement si c'était sa façon de sourire.

-Mais professeur, voulus-je protester dans un filet de voix. Je ne voulais pas ...

-Et bien considérez que moi je le veux, miss, me coupa rudement Maugrey. Maintenant, asseyez-vous.

-Monsieur, insista Simon et je sentis une certaine urgence percée sa voix. Vous ne nous connaissez pas, mais ...

-Oh si je vous connais, grogna Maugrey en rivant ses deux yeux sur lui. Je sais que vous êtes Simon Bones, fils de George Bones, lui-même frère d'Edgar et Amélia – de grand sorcier, une grande et belle famille de juriste dans laquelle, si j'en crois votre dossier, vous vous intégrerez parfaitement. Maintenant, Bones, taisez-vous et asseyez-vous. Et ça vaut pour toute la classe ! finit-t-il par aboyer, appuyant son ordre d'un grand coup de canne à terre.

Et toute la classe s'assit immédiatement, y compris Simon et moi. Un instant plus tard, le raclement des chaises s'était tu et l'on entendait plus qu'un silence pesant dans la salle, uniquement entrecoupé des boitements de Maugrey. De l'autre côté de la rangée, Emily et Cédric se retenaient d'éclater de rire et même Miles me gratifiait d'un regard moqueur, ajoutant à ma honte et ma frustration. Simon plongea son visage dans ses mains.

-Je vais te tuer, me chuchota-t-il avec un coup d'œil haineux. Par Merlin, Bennett, je vais te tuer, t'assassiner, puis te jeter dans le Lac Noir avant de te donner à manger à un snargalouf ...

-Ça va, j'ai compris ! Tu n'avais qu'à t'excuser ce matin, bon sang c'était si compliqué ?

-C'est de ta faute, quelle idée de faire tes devoirs au petit-déjeuner !

-Mais quelle mauvaise ...

-Vous deux ! (Simon et moi sursautâmes sur nos chaises pour voir Maugrey nous fixer de ses yeux asymétriques). Je ne vais pas supporter vos gamineries longtemps, alors je vous préviens, c'est soit vous vous la fermez, soit ...

Sa bouche se tordit d'avantage, et je sentis mon cœur dévaler ma poitrine. J'étais loin d'apprécier cette lueur presque folle dans son œil sombre.

-Soit je peux vous faire subir le même sort qu'un élève il y a quelques jours. Minerva ne serait pas contente, mais avouez que cela divertirait la classe ... Après à vous de choisir.

Et nous nous étions tu. Non sans se jeter un regard assassin durant tout le cours. Mais au moins, nous nous étions tu.

***

Le mois de septembre se passa ainsi : la pression des professeurs de diminuaient pas, mais les devoirs, eux, s'empilaient les uns après les autres. Le niveau était tel que je dus avoir rapidement le soutien d'Emily en Métamorphose et Miles me demandait chaque semaines mes notes d'Histoire de la Magie – il passait le plus clair de ses cours à dormir à côté de moi, ce qui ne changeait pas de l'an dernier. Je pensais également mes cours d'Etude des moldus à aider mon voisin de classe et adversaire au Quidditch, Roger Davies, qui s'échinait à comprendre comment marcher le réseau téléphonique. Heureusement, les cours d'Etude des moldus devenaient plus culturels et pour le trimestre, nous devions lire une œuvre littéraire au choix parmi une liste. Mon seul devoir plaisant avec cette traduction d'un texte très intéressant d'Eric le Follingue en Etude des Runes – mais mon plaisir avait été peut-être d'avoir une meilleure note que Simon dans cette matière.

J'aurais cru que le calvaire de la Défense contre les Forces du mal consisterait à être assis à côté de lui, mais Maugrey m'avait rapidement prouvé que je m'étais lourdement trompée. Dès ce fameux premier cours, le nouveau professeur se fit un devoir de nous montrer ce qu'était vraiment les Forces du Mal : il nous fit la démonstration des trois Sortilèges Impardonnables sur une pauvre araignée qui n'avait rien demandé. J'étais sortie de ce cours complétement abasourdie, gelée jusqu'aux entrailles, la tête pleine de la froide lumière verte et de la rafale qui avait soufflé quand Maugrey avait jeté le sortilège ultime. Et avec une telle froideur, sans la moindre expression ...

La Marque des Ténèbres et maintenant ça.

J'espérais réellement que Dumbledore savait ce qu'il faisait. Car non seulement, Maugrey s'était cru le droit de nous montrer ses horreurs qui, à mon grand désarroi, avaient fasciné toute la classe. Mais en plus maintenant il se permettait de les tester ...

-... sur nous, achevai-je devant le professeur Chourave. Il a le droit de faire ça ?

C'était à la fin du cours de Botanique. Le pluvieux septembre avait laissé place à un octobre qui frissonnait. Une grande partie de la classe était partie et ne subsistait qu'Emily, qui m'attendait emmitouflée dans sa cape à la porte de la serre numéro trois. Le professeur Chourave poussa un grognement de sous son chapeau. Elle était d'une humeur massacrante depuis que les jumeaux Weasley avaient déversé du pus de bulbobulbe partout. Ses cheveux d'un gris fort frisé me paraissaient être des fils de fer. Elle prit sa courte baguette de bois doux et la pointa sur les ustensiles que l'ont venait d'utiliser pour décortiquer les gousses de « ? ». L'énervement de notre directrice de Maison se sentait dans son sortilèges : les truelles se mirent en garde, prêtes à s'attaquer et le râteau fendit le chiffon.

-Finite ! ordonna-t-il, et les outils tombèrent avec fracas sur la table. Ah par Merlin, je n'ai jamais été douée avec les sortilèges ménagers ... Excusez-moi miss Bennett, vous disiez ?

-Le professeur Maugrey. Il a le droit de faire usage de sortilèges Impardonnables sur nous ?

La professeure me considéra un long moment sans rien dire. C'était une femme replète, généralement de bonne humeur et le ton presque maternel qu'elle avait pris avec moi durant les premières semaines avait achevé de me rassurer quant à ma nouvelle vie. Lors de l'épisode de la Chambre des Secrets, elle était passée dans la Salle Commune pour nous exhorter à prendre soin les uns et des autres, afin que pour nous, cette histoire finisse pour le mieux et c'était cette intervention qui avait poussé Emily et Cédric à se rapprocher de moi, juste après l'agression de Justin Flinch-Fletchey. Elle était l'enseignante en laquelle j'avais le plus confiance, et c'était ce pourquoi je me permettais de lui faire part des mes doutes quant aux méthodes de Maugrey.

-Il a été choisi par le directeur, alors je suppose ... que nous devons accepter sa façon s'enseigner, finit par lâcher le professeur Chourave.

Mais je sentais toute sa réserve dans sa voix et le pincement de ses lèvres. Emily fronça les sourcils du côté de la porte.

-Parce forcer ses élèves sous Imperium à danser le french cancan sur une table, c'est enseigner ?

C'était ce que Maugrey l'avait forcé à faire sous Imperium, lors du dernier cours, et elle ne l'avait pas encore digéré. D'autant que dans son élan elle avait soulevé sa jupe si fort que l'on avait pu apercevoir ses sous-vêtements, et les garçons de la classe ne manquaient pas de le lui rappeler, la sifflant même sur son passage. Insupportables. Le professeur Chourave parut gênée.

-C'est enseigner, pour lui, trancha-t-elle d'une voix résolue. Au moins ... Vous sauriez à quoi vous attendre si cela vous arrive ...

-Pourquoi cela nous arriverait ?

Chourave me jeta un regard entendu qui me fit frissonner.

-Miss Bennett, ce n'est pas parce que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Pas-Le-Nom n'est plus que tout danger a disparu de cette terre, nous rappela-t-elle avec gravité. Il y aura toujours de personnes malhonnêtes qui auraient envie de vous jeter ce genre de sortilège, ne l'oubliez pas. Alors dites-vous que ce n'est pas plus mal de vous y préparer, non ? Maintenant oust ! Retournez au travail, moi je dois nettoyer tout ce bazar ... Et si vous croisez les Weasley ... Dites-leur qu'une colle de ma part les attendra jeudi, à dix-huit heures.

-En soit, elle ne nous a pas répondu, marmonna Emily alors que nous repartions vers le château. Merveilleux ...

Le vent soufflait si fort que j'entendais à peine la moitié de ses mots. Malgré moi, je jetais un regard nostalgique au terrain de Quidditch en contrebas. En temps normal, Cédric aurait dû nous imposer séances sur séances pour préparer le premier match. Mais à la place, nous étions en route pour finir notre devoir de métamorphose, ce qui était bien moins réjouissant. Nous arrivâmes avec bonheur devant les tonneaux qui dissimulaient notre Salle Commune et Emily sortit sa baguette pour les taper en un ordre précis. Ils pivotèrent aussitôt, et une bouffée d'agréable chaleur m'effleura le visage.

Rien que pour cette pièce, cela valait le coup d'être à Poufsouffle.

C'était une grande salle, aux dimensions circulaire et à l'atmosphère chaleureuse. Des grandes fenêtres rondes donnaient sur le parc de Poudlard et de jolies plantes couvraient leur rebord. Un feu brûlait dans la cheminé, réchauffant les élèves qui travaillaient sur les confortables canapés aux tissus jaunes disséminés dans la pièce. Au dessus de l'âtre, Helga Poufsouffle nous contemplait avec bienveillance depuis son portrait, nous saluant de la jolie coupe qu'elle tenait à la main. Jamais elle ne disait mot, mais ses yeux brillaient de bonté et de fierté quand ils se posaient sur nous. Quand j'avais lu Le Seigneur des Anneaux l'été dernier, l'image de ma Salle Commune m'était immédiatement venue en tête alors que je lisais la description des maisons de la Comté où vivaient les Hobbits.

De manière générale, j'avais tendance à penser que nous, les Poufsouffles, avions bien plus de point commun avec les Hobbits qu'avec les Hommes.

Nous rejoignîmes Cédric et Simon, assis sur un canapé, l'un penché sur un parchemin et l'autre sur sa guitare.

-Tu donnes un concert ce soir ? s'amusa Emily en laissant tomber à leurs côtés.

-Hm, je crois pas, répondit posément Simon en tournant l'un des boutons qui ornait le manche de son instrument. Il faudrait déjà que j'arrive à la raccorder correctement, c'est une vieille dame.

Là dessus, il effleura quelques cordes, faisant sourire les gens autour de lui, moi y compris. Je devais bien reconnaître ce don à Simon, il jouait bien, et ses chansons mettaient de bonne humeur. Et cette vieille guitare dont le bois verni était usé, c'était mon père qui lui en avait fait cadeau quand nous étions plus jeunes – avant qu'il ne sache que c'était un sorcier. Je pensais que c'était de la que venais notre conflit : du haut de mes six ans, je n'avais pas accepté que mon père offre une guitare à Simon et non à moi, quand bien même lui était doué pour la musique.

-Et une vieille dame moldue, ce qui n'arrange rien, ajouta-t-il, me faisant replonger dans ma mauvaise humeur.

-Hey !

-Vous avez pu parler à Chourave, finalement ? s'enquit distraitement Cédric.

Il n'avait pas un instant lever le nez de son parchemin. Je savais qu'il déviait la conversation pour éviter une dispute entre Simon et moi. La vérité était qu'il me trouvait ridicule de me méfier ainsi de Maugrey et ce fut pour cela qu'il parut satisfait quand Emily lui relata notre conversation.

-Evidemment qu'il faut faire confiance à Dumbledore, enchérit Cédric en hochant la tête. Et ce qu'il nous fait faire, ça peut servir ...

-Tu dis ça parce que tu arrives à lui résister ..., maugréa Simon, les doigts pincés sur sa guitare. Ce n'est pas le cas de tout le monde.

-Vic' a réussi aussi.

-Une fois, protestai-je, me souvenant de ce moment de lucidité au dernier cours où j'avais réussi à me dire que non, Victoria, il n'était pas normal de vouloir imiter un Niffleur devant toute la classe. Et ça ne m'empêche pas de trouver ça malsain.

Bien au contraire. Et j'avais en horreur ce sortilège qui consistait à me priver de toute volonté. Cédric parut sur le point de répliquer, quand Susan Bones le coupa pour venir tendre quelque chose à son frère.

-Ça s'est retrouvé dans mon courrier ce matin, expliqua-t-elle alors que Simon lâchait sa guitare pour prendre la lettre.

Elle s'assit à côté de nous, sa natte rousse retombant sur son épaule de manière adorable. Simon fronça les sourcils en dépliant le parchemin, et Cédric en profita pour revenir vers moi avec un sourire rassurant :

-Vic', je t'assure que tu exagères. C'est très utile, ce qu'il nous enseigne et toi, plus que tout autre, tu devrais te sentir concerné par ce genre sortilège ...

-Oh ça suffit, râla Simon en levant les yeux de sa lettre. La faire se sentir particulièrement sensible à ce genre de sortilège parce que c'est une née-moldue ... Par Merlin, Cédric, on les stigmatise plus avec ce genre de raisonnement. Chacun doit se sentir impliquer de façon égale face à ces sorts. De toute manière quand on meurt par l'Avada Kedavra, on meurt tous de la même manière.

-Merci Bones, laissai-je échapper, abasourdie que ses pensées aient ainsi suivie les miennes. C'est à dessein que tu me défends comme ça ?

-Ne te bile pas, Bennett. Je cherche toujours un moyen de me venger d'avoir imposer ta présence à côté de moi tout le long de l'année.

-Amen.

Susan me jeta un regard amusé, ses doigts parcourant négligemment les cordes de la guitare de son frère. Ses yeux se baladaient dans la Salle Commune jusqu'à qu'elle ne sourit et ne s'écrit :

-Ernie ! Tu as piqué un sprint, ou quoi ?

Nous nous tournâmes en bloc vers Ernie McMillan, un garçon joufflu et grandiloquent, qui haletait effectivement jusque nous, les joues rouge et le regard brillant. Un sourire narquois s'étira sur les lèvres de Simon, mais sa sœur posa une main d'avertissement sur son genou et il se replongea dans sa lettre. Emily n'eut pas cette délicatesse et me souffla :

-Ça ne peut pas lui faire de mal ...

-Tu es méchante, lui répliqua Cédric avant de se tourner vers le nouveau venu avec un sourire. Ça va Ernie ?

-Bien, répondit-t-il en s'écroulant dans le canapé à côté de Susan. Je voulais juste te prévenir ... Il y a une pancarte en bas ... Juste ... quelqu'un a de l'eau ?

La question arracha un ricanement à Emily, qui lui tendit la gourde d'eau qu'elle gardait dans son sac. Ernie en but une longue lampée avant de se tourner à nouveau vers Cédric, le visage plus détendu et la voix résolument plus calme :

-Il y a une annonce en bas ... Les délégations de Beauxbâtons et Durmstrang arrivent le 30 octobre ... On quitte les cours une demi-heure avant le vendredi ...

-Parfait, on a Défense contre les Forces du mal le vendredi soir, me réjouis-je, m'attirant ainsi le regard torve de Cédric. Pardon, Ernie, continue.

-C'est a peu près tout ... On devra les attendre devant le château à dix-huit heures. Je pensais ... (il jeta un regard empli d'espoir à Cédric). Je pensais qu'il fallait te mettre, enfin vous mettre au courant.

-Merci Ernie, s'enquit Emily en réprimant son rire. Tu es un fier messager et peut-être qu'un jour, tu pourras être le héraut du champion.

Ernie rougit et Susan fusilla mon amie du regard. Cédric eut également l'air passablement dépité, avant de chaleureusement remercier Ernie, lequel s'éloigna avec Susan voir leurs amis de quatrième année.

-Ça alors, ils arrivent, lâchai-je alors. Je ne sais pas, vous n'avez pas l'impression que ça rend tout ça plus réel ?

-Ce qui rend tout ça plus réel, c'est les dix-sept ans de Cédric qu'on va fêter demain ! s'exalta Emily en battant des mains. Tu pourras officiellement participer au Tournoi !

-Seigneur, Em' ! Il ne l'a même pas encore décidé !

-Bien sûr que si ! Pas vrai Cédric ?

Mais Cédric sourit d'un air à la fois gêné et énigmatique, comme chaque fois que l'on abordait la question. C'était impressionnant comment les choses s'étaient faites. Pas une seule fois je ne l'avais entendu dire qu'il avait envie de participer au Tournoi et pourtant, chaque membre de notre Maison le portait aux nues, y compris les élèves plus âgés. L'engouement qui s'était fait autour de lui m'inquiétait autant qu'il me fascinait, et était révélateur de notre envie de revanche. Poufsouffle voulait aussi sa part de gloire. Nous y avions goûté quand l'an dernier nous avions battu Gryffondor au Quidditch – grâce à Cédric.

Mais maintenant certain voulaient plus. Il fallait faire attention à la corde, ne pas trop tirer dessus sous peine qu'elle ne se rompe. Et cette corde, c'était Cédric.

-J'y réfléchis, répéta-t-il pour la centième fois du mois. On verra quand ils montreront leur « juge impartial ». Une idée, ma petite Historienne ?

Mais je secouai la tête. J'avais eu d'autres choses à l'esprit que de me renseigner sur le Tournoi des Trois Sorciers. Emily rebondit sur le sujet et ils ne parlèrent bientôt plus que cela. Simon étant quant à lui était profondément plongé dans sa lettre, je me fis la réflexion qu'il serait bon pour moi de m'éclipser. Peut-être aller retrouver Miles à la bibliothèque, ou juste flâner dans le château. Après le cours éprouvant de Défense contre les Forces du mal et cette excitation indécente pour le Tournoi des trois Sorciers, j'avais besoin de solitude, alors je sortis. J'avais toujours été une fille assez solitaire et bien que je me sois sociabilisé au fil des années, j'avais toujours besoin de ces moments coupés du monde où je pouvais réfléchir posément dans un monde qui allait toujours beaucoup trop vite pour moi. Mon sac sur l'épaule, je déambulais dans les couloirs, saluant le Moine Gras et la Dame Grise, parlant quelques minutes avec Angélina Johnson et Alicia Spinnet, notant des idées pour ma prochaine dissertation d'Histoire de la magie au détour d'un couloir. Mais ce fut également à l'un d'entre eux que je rencontrais venant du côté opposé trois silhouettes vertes et argents. Des silhouettes avec lesquelles j'avais déjà eu des ennuis.

-Oh non pas eux, marmonnai-je entre mes dents.

Ulysse Selwyn, Cassius Warrington et Gloria Flint m'avaient aperçu à l'autre bout du couloir, et s'était penché les uns vers les autres en me pointant du doigts. Je serrai la mâchoire et les ignorai royalement, le cœur battant à mes tempes. J'espérais vainement que ne pas répondre à leurs sourires provocateurs me feraient avoir la paix, mais je savais d'expérience que c'était faux. Et cela ne manqua pas, Gloria n'était pas encore à ma hauteur qu'elle me lança :

-Alors mocheté, on se promène seule dans les couloirs ?

-Tu n'es pas avec Diggory, le futur « champion de Poudlard » ? Ce crétin, pouffa Selwyn.

-Il ne le sera pas, ce traitre à son sang, répliqua Warrington avec un sourire suffisant. Le juge impartial ne pourra choisir qu'un sorcier au sang pur ... comme moi.

Par Merlin, que c'était difficile de rester impassible face à cette méchanceté gratuite, et d'imbécillité. Mon cœur s'emballa dans ma poitrine et je serrais les poings pour garder le silence.

-Alors Bennett ? poursuivit néanmoins Warrington d'un ton goguenard. Ce n'est pas prudent de te promener seule ... Le monstre ne t'a pas appris que c'était dangereux pour les gens de ton espèce ?

Il se mit à siffler, comme pour imiter un serpent, provoquant le rire de Flint. Cette fois, serrer les poings ne fut pas suffisant. Les gens de mon espèce ...

-Tu veux parler de la tienne ? rétorquai-je calmement sans m'arrêter, les yeux toujours rivés sur les dalles grises du couloir. J'ai vérifié, Warrington : ton nom ne figure pas dans le registre des vingt-huit familles de sang « pur ». Ce qui signifie que l'un de tes ancêtres était nécessairement un moldu. Bienvenu dans notre grande famille, mon frère.

J'avais prononcé cette phrase à un moment fort peu opportun : celui où je passais entre lui et Selwyn. Cela ne manqua pas : de rage car je venais d'insulter l'intégrité de sa famille, Warrington voulut me gifler à toute volée. Ce qu'il oubliait malgré des années à jouer au Quidditch l'un contre l'autre, c'était que j'étais petite et agile : je n'eus qu'à faire une galipette pour que, dans son élan, il ne tombe sur Selwyn avec un glapissement ridicule. Je n'avais pas le temps d'admirer mon œuvre. Il ne me restait qu'une chose à faire : courir.

Mes pas se répercutèrent sur les dalles de Poudlard, et les leurs à ma suite. Je réussis à leur échapper à deux croisements, faisant même valser une armure d'un sortilège pour les ralentir. Je serrai si fort ma baguette en bois de chêne blanc qu'elle tremblait comme mes doigts, rendant mes sorts imprécis. Warrington était inoffensif, de ce point de vue là, et je m'inquiétais d'avantage de Flint et Selwyn. Surtout de Selwyn. Il avait été le premier à me traiter de « Sang de bourbe », et bien que je ne connaisse pas le terme, j'avais bien compris que c'était une insulte. A l'époque, je n'avais que deux moyens de me protéger : mes poings et mes pieds. Et c'était ce dernier que j'avais envoyé dans les parties intimes de Selwyn, le faisant se tordre de douleur et d'incrédulité.

C'était bien l'arrogance des sorciers. Ils ne pensaient jamais que l'on pouvait les attaquer autrement que magiquement.

Etait-ce utile de préciser que j'étais son ennemie numéro 1 depuis ce jour ? Cela m'avait valu des représailles massives de la part du grand frère de Selwyn, Nestor. Des représailles que je préférais oublier.

Je voulus renverser une nouvelle armure, mais mon sort manqua et je me maudis. Cet échec causa ma perte, car immédiatement après j'entendis Gloria Flint hurler dans mon dos :

-Petrificus totalus !

De dos et en pleine course, je ne pus parer le sortilège et je sentis un lien invisible me saucissonner à m'en couper le sang. Je tombai sur le sol la tête la première et je sentis mon nez craquer quand il rencontra les dalles. La douleur m'assourdit un instant, si bien que je n'entendis le rire strident de Flint qu'à travers un voile de brume.

-La chasse au Sang de bourbe, se réjouit Selwyn avec toutefois une joie mesurée. Franchement il n'y a rien de mieux pour commencer l'année.

Je l'entendis arriver à ma hauteur et il me retourna du bout du pied. Son visage pâle était fendu d'un sourire froid et ses yeux bleus brillaient de triomphe. Je lui jetais le regard le plus noir possible, mais l'effet devait être gâché par le sang qui coulait de mon nez. Warrington se mit à glousser, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose quand une ombre arriva au bout du couloir. Flint jura.

-Miss Teigne. Rusard ne doit pas être loin ...

-On se casse, confirma Selwyn alors que Warrington prenait déjà la fuite. Et on prend ça avec nous, ajouta-t-il à mon égard en ramassant ma baguette qui avait roulé un peu plus loin. Après tout, tu n'en as pas besoin, chez toi. Que tu en aies ou pas, ça ne fait aucune différence. Bonne rentrée, Bennett.

Et il ricana doucement avant de se relever, et de partir, me laissant ainsi seule, humiliée et fulminante, avec pour seules compagnie les portraits qui me regardaient avec compassion et le feulement furieux de Miss Teigne. 

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