I - Chapitre 21 : And Happy Birthday
Bonjour bonjour !
Bon que je vous explique : mon rythme de publication est un peu liée à l'autre plateforme sur laquelle je poste, Booknode, et en choisissant le mardi je faisais en sorte de ne pas tomber le même jour que les fanfictions de deux copines le samedi. Sauf qu'elles ne postent plus et que je considère que le samedi est plus propice aux postes donc c'est reparti pour un samedi fiction-day !
J'aurais une petite question : je me suis remise à écrire pour la première fois depuis février (j'ai vraiment des périodes ahah) du coup j'ai repris la partie 2 de O&P et j'aurais une question : sur les événements purement "Potterien" qui sont dans les livres, y'a des éléments que vous attendez particulièrement ou pas? Je pose la question parce que j'ai eu un gros problème de rythme sur la première phase de la partie 2 et je voulais avoir votre avis !
Voilà sinon une pensée émue à ceux qui ont le BAC lundi et le brevet la semaine prochaine, mon coeur est avec vous - pendant que moi je serais en train de jouer au président dans la salle des surveillants, héhé.
Bon allez, bonne lecture à tous ! :D
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On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.
- Arthur Rimbaud, Roman
***
Chapitre 21 : And Happy Birthday.
J'avais tardé à descendre à la Salle Commune, ne pouvant me résoudre à affronter mes trois camarades et leurs réactions diverses et j'avais flâné à la lisière de la Forêt Interdite, contemplant les grands arbres et la noirceur qui se dégageait de leurs ombres pour y trouver un côté apaisant. J'aurais voulu courser Simon et lui tirer les oreilles à lui en déchirer le lobe, mais je n'avais pas le courage de fouiller tout le château. J'avais même croisé Hagrid, qui avec un signe de main chaleureux m'avait rappelé qu'il me devait une tasse de thé après le service que Cho et moi lui avions rendu. Je m'étais exécutée avec un sourire et m'étais retrouvé par le plus complet des hasard dans la petite masure composée d'une unique pièce, avec des furets morts pendant aux fenêtres, et un molosse bavant sur mes genoux, devant une tasse de thé brûlante et des gâteaux d'apparence si dure que je n'osais y toucher. Mais la bonhomie d'Hagrid avait été telle que j'en avais oublié ces petits détails.
-J'aurais dû prendre votre cours en fait, au lieu de prendre Arithmancie, conclu-je après avoir avalé ma dernière lampée de thé. J'aurais passé deux meilleures années ...
-Pourquoi avoir pris Arithmancie alors ?
-Je voulais prouver à ma mère que science et magie ne sont pas incompatibles, expliquai-je en reposant ma tasse. Elle travaille dans un cabinet pharmaceutique et elle a un esprit très cartésien. Du coup elle a euh ... a beaucoup de mal à accepter la magie.
Le regard surpris d'Hagrid m'indiqua qu'il ne savait sans doute pas ce qu'était un cabinet pharmaceutique, mais il parut comprendre l'idée car ses prunelles sombres brillèrent de sollicitude. Il me tapota la main avec une étonnante douceur compte tenu de son gabarit.
-Je vois. Mais laisse-moi te dire une chose, Victoria : tu n'as rien à prouver à personne. ça ne sert à rien de faire des choses pour les autres qui te rendent malheureuse, ça t'entrainera dans une spirale infernale qui ne te donnera aucune satisfaction, parce que les autres ne seront jamais satisfait des efforts que tu feras pour eux. Non, ma grande, vis pour toi. Si ta mère t'aime elle finira par t'apprécier à ta juste valeur, sorcière ou non.
-C'est compliqué chez moi, poursuivis-je néanmoins avec indécision. Mon père et ma mère ont foi en deux choses : la science et la religion. Ça peut paraître paradoxal parce que c'est deux choses qui s'opposent, mais ils n'ont jamais été de cet avis. Ils ont toujours trouvé qu'en réalité la science et la religion étaient les deux faces d'une même pièce et qu'on ne pouvait donner sens à l'une sans comprendre l'autre. Une pièce ça n'a que deux faces alors la magie ... ça passe à la trappe pour eux.
-Alors le jour où tu auras dix-sept ans tu ne feras pas de magie chez toi ?
-Si. Mais pas devant eux. Peut-être devant mon frère, ça risquerait de l'amuser.
Mais Alexandre était parti, à présent, me rappelai-je avec tristesse. Il n'était pas dit que je vois énormément cet été. Peut-être irais-je passer quelques semaines dans son nouvel appartement, ce serait plus plaisant que de vivre l'été avec mon père ou ma mère à fleur de peau. Seigneur, que n'avais-je pas le droit d'en parler à mon grand-père Miro ... Sûr que lui la magie l'aurait intéressé, lui qui était si curieux, si tolérant – n'ayant jamais compris que sa fille ait épousé un Pasteur.
-Quelle tristesse, d'être sorcière et de devoir te cacher, même au sein de ta famille, me plaignit Hagrid avant de sourire d'un air affable. Mais je t'assure que ça va se tasser. Les gens finissent par accepter ce qui les a d'un prime abord rebuté. Regarde-moi. Je suis un demi-Géant et je suis toujours là.
Je me dandinai, prise de court par la franchise de Hagrid. Tout Poudlard avait beau être au courant de son état de demi-Géant depuis l'article de Rita Skeeter, je ne pensais pas qu'il en parlerait si directement.
-Ça n'a pas dû être facile, après l'article, convins-je timidement.
-Non, vraiment pas, confirma Hagrid, le regard brillant. Je recevais des lettres de menace, des élèves que j'aimais bien quittaient mon cours, j'avais l'impression d'avoir perdu la confiance de tout le monde ... Mais ça a fini par se tasser et quand j'ai ouvert les yeux je me suis rendu compte que j'avais reçu autant de soutiens que de brimades. Peut-être que c'est le cas aussi chez toi ... Mais que simplement tu n'as pas encore ouvert les yeux.
-J'espère.
Hagrid me gratifia d'un nouveau sourire qui fit frémir sa barbe, et consulta une montre à gousset qu'il sorti de sa poche.
-Bonté divine ! Nous avons bien parlé, c'est presque l'heure du dîner et je dois nourrir les chevaux de Beauxbâtons avant ...
-Je vais vous laisser, dis-je en me levant d'un bond, m'attirant le regard noir du molosse qui avait installé sa tête sur mes cuisses. Vraiment, merci pour le thé.
-De rien Victoria. Tu avais l'air ... d'avoir besoin de parler.
Je lui souris timidement en renouant mon écharpe autour de mon cou. Oui, c'était sans doute vrai. Ma récente mise en couple avec Miles et les conséquences m'avaient quelque peu retourner l'esprit, et je ressortis de la chahute d'Hagrid avec des pensées bien plus plaisantes, un léger sourire aux lèvres. Presque prête à affronter la tornade Emily et à aller tirer les oreilles de Simon. Je repartis sur le chemin qui menait au château après un dernier signe de main à l'adresse d'Hagrid, ses sablés d'une raideur incroyable dans les poches – il avait tant tenu à ce que j'en emporte quelques uns et je me sentis presque coupable à l'idée que j'allais probablement les jeter directement au feu. Ce fut d'ailleurs la première chose que je fis en arrivant dans une Salle Commune désertée par l'appel du dîner. Ne subsistait que quelques septièmes années qui traînaient sur un devoir de Sortilèges, et Renata qui lisait dans un fauteuil – mais c'était habituel, elle sautait régulièrement les repas. Elle me jeta un regard oblique lorsque je passai devant elle, et je m'efforçai de sourire quand ses yeux glacés croisèrent les miens.
-Ça va ? me surpris-je à demander, sans doute parce qu'il serait trop impoli de passer devant elle sans lui adresser la parole.
Mais visiblement ça ne l'aurait pas dérangé car pour toute réponse elle se contenta d'un coup d'épaule évasif. Alors que je la dépassai, sa voix claqua sèchement :
-Emily est restée en haut, je crois qu'elle t'attend.
-Ah ? m'étonnai-je. Merci.
Renata eut un vague mouvement agacé de la main et je me dépêchai de prendre congé de camarade de bien sombre humeur. Quand j'arrivai dans notre chambre, Emily était effectivement allongée à plat ventre sur son lit, ses lunettes chaussées sur son nez à lire son numéro de Sorcière-Hebdo. Elle leva les yeux sur moi lorsque je claquai la porte d'un geste théâtrale et un lent sourire d'étira largement sur ses lèvres.
-Bah alors, tu en as mis un temps, se moqua-t-elle en tournant négligemment la page du magazine.
-J'avoue que j'ai trainé avant de monter, admis-je tout en grimpant sur son lit. Renata est d'humeur exécrable.
-Pas étonnant. Elle vient d'apprendre que Mathilda sortait avec Erwin, elle l'a un peu mauvaise. Décidemment une journée pour les couples ...
Elle me lorgna l'air malicieux et mes yeux roulèrent dans mes orbites. J'avouai être surprise de l'information en elle-même : je n'aurais pas cru que cette histoire entre Mathilda et Erwin puisse réellement aboutir. Je dressai un sourcil dubitatif.
-Et qui te dis que je suis en couple ?
-Et qui te dis que je parlais de toi ?
Je donnai une tape sèche sur le bras d'Emily, qui laissa échapper un petit rire en refermant Sorcière-Hebdo. Là dessus elle se redressa et s'assit en tailleur face à moi, un sourire mutin aux lèvres.
-Allez maintenant je t'écoute. Je veux tout, de A à Z, du moment où tu es sortie de Sortilège jusqu'au moment où tu as passé le seuil de cette chambre.
-Mais ... tu n'as pas vu Simon ?
-Simon ?
Emily fronça les sourcils, perplexe.
-Non, pas depuis le cours de Sortilège. Pourquoi, il y a quelque chose que je devrais savoir ?
Je me mordis la lèvre inférieure, déboussolée. Quoique Simon ait vu, il l'avait gardé pour lui ce qui amenuisait mon envie d'enterrer les restes de son corps brûler à l'acide dans la Forêt Interdit.
-Rien, laisse tomber. Donc. Euh ... Par où commencer ?
-Le début. C'est bien le début.
-Em' ... Merci de ne pas m'avoir sauté à la gorge. Je suis fière de toi.
-J'en suis ravie, rétorqua-t-elle en balayant mes remerciement d'un revers de main. Maintenant je veux absolument tout savoir parce que sinon cette fois je risque fortement de te sauter à la gorge.
Un rire nerveux s'échappa de ma gorge, et Emily prolongea son regard, sans qu'il ne soit trop insistant. Sa patience m'apaisa étrangement et j'étais secrètement soulagée qu'elle ne soit pas passée en mode « tempête ». Alors ma langue se délia naturellement. Si mon récit fut entrecoupé des rires et commentaires d'Emily, elle fut relativement complaisante. Quand j'achevai l'histoire, nous étions toutes deux allongées sur son lit, nos jambes se balançant à la perpendiculaire à mesure des mots. Lorsque que je conclus en songeant que j'étais sans doute en couple avec Miles Bletchley, ses pieds martelèrent le matelas avec frénésie.
-Bienvenue dans le monde merveilleux des couples ! se réjouit-t-elle avec un immense sourire. Et comment tu te sens ?
-Bien je crois, évaluai-je en me palpant le bras. Je ne me suis pas transformée en statue de sel.
-Très drôle. Pour de vrai ?
-Vraiment bien, Em'. J'ai plus qu'à voir comment ça se passe.
Je fus surprise en prononçant ces paroles de constater que je les pensais réellement. Malgré ma chasse avortée au Simon sauvage et mon errance près de la forêt, je me trouvais à présent apaisée, presque sûre de moi. J'avais presque réussi à garder la sensation des lèvres de Miles sur les miennes, m'y accrochant pour que cela ne devienne pas un rêve. Donc j'avais bel et bien embrassé Miles dans le couloir de Sortilège, et nous avions bien établis que nous sortions ensemble. Et maintenant que les images me revenaient en tête, un léger sourire s'étira sur mes lèvres, inexplicable. Sourire qu'Emily capta car elle poussa un profond soupir dépité.
-Hey le voilà, le sourire niais. Franchement il va falloir qu'on travaille là dessus, il est hors de question que je te trimballe avec un sourire pareil dans les couloirs.
-Dixit la fille qui n'arrêtait pas de rire bêtement aux blagues douteuses d'un bellâtre hispanique au bal de noël ! D'ailleurs, qu'est-il devenu ce bellâtre hispanique ? Je ne t'ai plus vu une seule fois avec depuis le bal.
-Oh ce n'était qu'un bellâtre hispanique, lâcha-t-elle avec un geste désinvolte de la main.
Je prolongeai mon regard face à la nonchalance feinte d'Emily. La fausseté se voyait au pli de dépit qui avait déformé ses lèvres, ainsi qu'au gros coup que son pied avait frappé le matelas. Consciente que ses gestes trahissaient sa nervosité, elle roula sur le dos dans une position plus immobile, les doigts croisés derrière sa nuque.
-Je suis contente que ce se soit bien passé pour toi, finit-t-elle par entonner, l'air sincère. Tu une fille très bien, qui donne beaucoup d'elle même aux autres. Il est temps que tu reçoives. Que quelqu'un prenne bien soin de toi. Tu le mérites.
-Toi aussi tu le mériterais, Em', répondis-je, stupéfaite par les mots élogieux de mon amie. Tu es une fille super ...
Emily tourna le visage vers moi, un sourire triste aux lèvres. Les lunettes qu'elle avait repoussées sur sa tête avaient chu sur le matelas et un voile de fins cheveux d'or retombait sur sa joue rebondie. C'était vraiment une très jolie fille, avec un visage de poupée et un beau regard azur qui pétillait sans cesse. Je m'étais toujours étonné de ne jamais lui avoir connue de relation. Bien sûr, des noms l'entouraient toujours – Roger Davies pour ne citer que lui – sans que rien ne soit officiel. A notre connaissance, Emily Fawley, malgré sa beauté et sa popularité, était toujours restée célibataire. Sans doute la faute à son sale caractère. Elle ricana avec dépit avant de se redresser.
-Laisse tomber, Vic'. Moi j'attire toujours les mauvais garçons. Toi tu as la chance de construire une relation saine et sereine avec quelqu'un qui a une réelle affection pour toi. Ça s'est vu lorsque tu t'es désartibulée ... Je te fais confiance là dessus. Tu as toujours eu une excellente intuition, tu ne ferais pas quelque chose qui te mettrais en danger. Tu te sens en confiance ?
-Assez oui, confirmai-je avec un sourire tenu. Enfin il faut encore que je prenne mes marques, c'est tout nouveau pour moi ... Alors je pense qu'on ne le dira pas à grand monde dans un premier temps.
-Pas à Cédric donc ?
J'hésitai, balançant le chef de droite à gauche avec indécision. Emily posa une main apaisante sur mon bras.
-Je comprends. Cédric n'aime pas Miles, je ne suis pas sûre qu'il accueillera bien la nouvelle. Attends peut-être que le déroulé de la troisième tâche tombe ? Il aura une épine sortie du pied et on pourra lui en replanter une.
-Amies indignes que nous sommes.
-S'il n'accepte pas Miles, c'est lui l'ami indigne, rétorqua-t-elle avec un sourire nettement plus malicieux qui me rassura. On va dîner ? Je commence à mourir de faim, à t'attendre ici comme une malheureuse.
-Excellente idée, approuvai-je en songeant aux biscuits sec de Hagrid que j'avais jeté dans le feu, et au thé qui ne m'avait nullement rassasié. Par Merlin je pourrais manger un dragon !
-Ravie de voir que tu te mets enfin aux expression sorcières ! s'esclaffa Emily en passant un pull. Et au fait ... On fait quoi de Simon ?
Je grognai contre le matelas. J'en avais presque oublié l'éclat de son œil vert alors que j'embrassais Miles. J'espérais sincèrement qu'il n'en n'avait pas fait état à Cédric, sinon je promettais de ramener son cadavre à ses parents après mon anniversaire.
-Je me charge du gnome. Comme toujours.
***
Le sourire radieux que m'avait adressé Cédric au dîner attestait que Simon était resté coi sur ce qu'il avait vu – ou non – dans le couloir. Lui-même était installé à côté de Cédric, en face de sa sœur Susan qui mangeait à moitié endormie sur son poing. Un devoir de Potion qui lui avait pris la nuit, nous expliqua Simon dans un chuchotement pour ne pas troubler sa sœur. J'avais lorgné ce dernier tout le repas, lui jetant un coup d'œil entre deux bouchés de pomme de terre. Mais le seul indice qu'il me donna fut un sourire énigmatique lorsqu'il croisa mon regard au milieu du dessert. Sourire accompagné d'une remarque fort déplaisante sur le chocolat que j'avais laissé tombé sur ma chemise, et il fallut Cédric pour m'empêcher d'envoyer une belle cuillère de sauce chocolat à son visage de lutin. Un repas en toute quiétude, autour duquel j'avais réussi à accrocher le regard de Miles alors que je quittais la Grande Salle. Le sourire que nous échangeâmes à ce moment là acheva de me rassurer quand à la nouveauté de notre relation. Je n'avais rien rêvé, c'était bien réel.
La suite me prouva que mes craintes avaient effectivement étaient vaines. Malgré son étonnant désir de discrétion, Miles ne manquait jamais l'occasion de me voler un baiser, ou de passer du temps avec moi, même si c'était simplement pour réviser à la bibliothèque. Il n'était pas insistant, et je n'avais pas l'impression qu'il empiétait sur l'espace vital qui m'était si cher. Les choses se mettaient naturellement en place, et le fait que peu de personne étaient au courant annihilait la pression du regard de l'autre. Seule l'air bienveillant d'Emily veillait sur nous, houspillant Cédric chaque fois qu'il jetait sur nous un regard suspicieux. Je m'en voulais de cacher ma relation à Cédric mais les arguments d'Emily ainsi que la suite m'avait convaincu : la troisième tâche se rapprochait de jour en en jour et la pression de Poudlard avait fini par avoir raison de la sérénité de Cédric. Nous tentions de l'empêcher de s'enfermer dans la bibliothèque et Cho et moi, malgré notre réserve respective, nous coalisions pour l'emmener le plus que possible sur un terrain de Quidditch. Entre cette inquiétude relancée et la nouvelle amourette – celle-ci parfaitement officielle – entre Mathilda et Erwin qui enchantait tout Poufsouffle, je me tenais loin des projecteurs et cela m'allait très bien.
Enfin. Ça c'était avant que le huit mai ne me tombe sur la tête.
-Debout ! Allez, réveille-toi !
Un oreiller s'abattit brutalement sur mon visage et je le repoussai d'une main molle, l'esprit encore embué par le sommeil et la vue obscurcie par les paillettes du marchand de sable. Un nouveau coup me fut asséné sur le crâne et je lâchai un glapissement :
-Bones !
-Allez Vicky, réveille-toi !
-Je vais t'arracher les yeux !
-Commence par te réveiller, ce serait déjà bien. C'est pas le tee-shirt d'Alex, ça ?
-C'était, bougonnai-je en ramenant mes couvertures sur moi.
Leur chaleur apaisante me fit soupirer d'aise, mais lentement mon esprit sortait de la brume du sommeil, et je fus satisfaite de pouvoir garder les yeux ouverts sans que leur brûlure ne soit trop agressive. Simon avait écarté les rideaux de mon lit à baldaquin et la pâle lumière rosée qui inondait notre chambre m'indiquait qu'il devait encore être de bon matin. Il s'était assis au bord de mon lit, le coussin qui m'avait si durement réveillé serré contre sa poitrine. Je lui jetai un regard noir.
-On devait avoir un système de toboggan comme Gryffondor. Genre une herse qui te serait tomber dessus et t'aurais coupé en deux.
-Je te trouve bien violente de si bon matin, pépia Simon, un immense sourire aux lèvres. Je ne comprends pas pourquoi : le soleil brille, les oiseaux chantent face à l'aurore et les elfes se sont surpassés au petit-déjeuner. Comble de la bonne journée, je n'ai pas Potion aujourd'hui et toi tu ne verras pas Maugrey. Ah et ce menu détail : tu as dix-sept ans.
-J'ai quoi ?
Simon me jeta un regard consterné alors que je me redressai vivement, faisant par là même danser des étoiles devant mes yeux face à la brusquerie du mouvement. Je portai une main à ma tempe le temps que mon monde se stabilise et que toutes les informations et souvenirs affluent à mon esprit. Alors un lent sourire naquit sur mes lèvres et mes pieds se mirent à marteler le matelas d'excitation.
-Par Merlin oui j'ai dix-sept ans !
-Oui oui, félicitation mais calme-toi ! m'enjoignis Simon en posant une main ferme sur mes genoux et faire cesser l'agitation de mes jambes. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour tout le monde.
-Je peux faire de la magie légalement et pas toi !
-Voilà précisément où je voulais en venir.
Je lançai un poing victorieux vers le ciel, parfaitement éveillée et extatique, sous les yeux blasés de Simon.
-Ah Merlin. Les oiseaux ont beau chanté, ça va être une sale journée pour moi.
-C'est pour ça que tu as tenu à me réveiller ? me moquai-je en me penchant vers la table de nuit pour attraper ma baguette. Pour me gâcher au moins le réveil ?
Je donnai un coup sec de la baguette en direction de Simon. Il eut un mouvement de recul, comme s'il craignait que je lui jette un maléfice, mais la seule chose qui se passa fut la réparation du cadran de sa montre, fissurée depuis quelques mois et détail qui me crispait à chaque fois. Il lui jeta un regard surpris, avant de sourire avec sarcasme.
-Merveilleux. Ton premier sort en tant que majeure a été de réparer ma montre. Mais tu sais qu'à Poudlard tu aurais pu le faire il y a des semaines ?
-Je me sentirais sorcière majeure une fois dehors, je pense, songeai-je, effectivement déçue de l'effet. Lorsque je pourrais enfin utiliser ma baguette à Terre-en-Landes.
-Pour ranger ta chambre par exemple ?
-Te transformer en crapaud, je dirais. Ou en puce, je n'ai pas encore décidé.
-En puce ?
Son air à la fois stupéfait et dépité m'arracha un sourire moqueur. Je pointai ma baguette sur lui, et cette fois je le vis distinctement porter la main à sa poche, comme pour dégainer la sienne.
-Prépare-toi bien, Simon Bones. Une fois sortie du Poudlard Express, j'aurais un mois avant que tu aies à ton tour dix-sept ans, un mois de pure puissance que je compte bien utiliser à bon escient.
-Je n'en doute pas, rétorqua Simon en passa le doigt sur le fil de ma baguette pour l'écarter de son visage. Mais je ne suis pas venu uniquement pour te gâcher le réveil, mais également pour te rappeler que chaque action, chaque sortilège, chaque maléfice minime que tu attenteras contre moi durant ce mois seront rendus au centuple une fois le sept août passé. Les représailles seront massives, Victoria Anne Jadwiga Bennett et crois-moi tu t'en mordras les doigts.
-Mieux vaut vivre avec des remords qu'avec des regrets, Bones. Je prends le risque.
-Et bien prends ! Tu ne feras pas comme si je ne t'avais pas prévenu. Que la guerre psychologique commence. (Il me tapota le genou avec un sourire cynique). Un joyeux anniversaire Vicky.
Là dessus il se leva enfin, non sans me lancer le coussin au visage, que je repoussai grâce à mes reflexes de gardienne. Il me gratifia d'un dernier sourire moqueur.
-Par contre si j'étais toi je me préparerais psychologiquement. Tu ne crois pas qu'Emily et Cédric allaient te laisser avoir dix-sept ans en tout anonymat ?
-Oh par Merlin, lâchai-je, perdant immédiatement mon sourire. Qu'est-ce qu'ils ont préparés ?
La malice qui brillait dans les yeux de Simon me fit craindre le pire. Hélas avant que je ne puisse l'interroger d'avantage, il s'en était allé avec un salut militaire. Je me précipitai hors de mon lit pour ne découvrir qu'un dortoir vide, si on exceptait Renata qui finissait de nouer sa cravate devant son miroir. Je lançai un regard dépité au lit désert d'Emily avant d'échanger une œillade furtive avec Renata.
-Tu as des infos, toi ?
-Pas franchement, me répondit-t-elle avec un haussement d'épaule. Mais j'ai vu Emily emmener tous les cadeaux qu'il y avait au pied de ton lit.
-Oh par Merlin ...
-Tu ferais mieux de te dépêcher. C'est peut-être ton anniversaire, mais McGonagall n'attendra pas que tu aies fini de tous les déballer pour commencer son cours.
Songeant qu'il y avait là de la sagesse dans les paroles de Renata, je me dépêchai de sauter à la douche et m'habillai si vite que je boutonnais mal ma chemise. Recommençant l'ouvrage en pestant, sortant d'une salle de bain embué, je découvris que Renata n'étais pas sortie et m'attendait devant la porte de notre chambre, son sac de cours pendant à son épaule. J'attrapai le mien en vitesse tout en réglant le dernier bouton et la suivis dans la Salle Commune. Egalement déserte. Un gémissement se bloqua dans ma gorge alors que nous enjambions les tonneaux qui dissimulaient notre salle Commune.
-Ils n'ont tout de même pas tout monté dans la Grande Salle quand même ?
Renata m'adressa un pauvre sourire, ce qui devait être le summum de la compassion pour elle. J'étais persuadée que si elle n'avait pas été là à accompagner silencieusement chacun de mes pas, j'aurais séché le petit-déjeuner pour aller attendre devant la Salle de métamorphose, alors ce fut pour ça que je lançai une fois les doubles portes en vue :
-Merci Renata.
-De quoi ? répliqua-t-elle avec un froncement de sourcil.
-De ne pas m'avoir laissé seule.
La commissure de ses lèvres se releva très légèrement et elle inclina doucement la tête. Prenant une grande inspiration, je pris mon courage à deux mains et posai un pied dans la Grande Salle.
La première à être sur moi fut Susan, qui me sauta au cou avec un enthousiasme débordant. L'énergie de mon amie était si communicative que malgré la gêne je la serrais contre moi avec un grand sourire. Inconsciemment, je me mis à humer les effluves qui me parvenaient de ses cheveux. Seigneur, Susan sentait Terre-en-Lande. La maison. Les grandes vadrouilles en bande et à vélo. Tout cela m'apaisa grandement et ce fut nettement plus détendue que je m'écartai d'elle. Elle battit des mains en bondissant devant moi, l'air ravi.
-Alors qu'est-ce que ça fait ? Tu te sens puissante ?
-Je pense que je sentirais les effets de la majorité quand on sera à la maison, répondis-je avec un haussement d'épaule. Après tout ce n'est pas extraordinaire d'utiliser la magie à Poudlard ...
-Oh ne fais pas ta blasée ! rit Susan en me prenant par la taille pour me faire avancer vers notre table.
-Crois-moi, elle n'était pas blasée ce matin, fis remarquer Simon, la joue appuyée contre son poing.
Là dessus, il lorgna la dizaine de paquet qui se tenaient devant lui en équilibre précaire devant lui, ainsi que le déjeuner somptueux, bien plus riche qu'ordinaire, qui trônait sur notre table. Mes yeux s'écarquillèrent, puis je les posais sur Emily et Cédric, qui m'attendaient avec un immense sourire de l'autre côté de Simon. Ma meilleure amie se jeta sur moi avec plus de vigueur que Susan en hurlant à mon oreille un « Joyeux anniversaire » qui me fit grimacer.
-Mais on n'a pas tout fait tout ça pour votre anniversaire, bredouillai-je alors que Cédric m'enlaçait à son tour. On s'est contenté d'une bièraubeurre dans la Salle Commune ... Et ...
-On voulait juste te faire plaisir, Vic' ! s'esclaffa Cédric en me serrant contre lui. Et on sait que tu préfères le petit-déjeuner au dîner alors les elfes ont été très compréhensifs. Je pense qu'ils t'aiment bien parce que dès qu'on a prononcé ton nom ils se sont mis en quatre pour t'offrir un magnifique petit-déjeuner.
-Et on a dit « merci » et « s'il vous plait », me rassura Emily alors que je faisais les gros yeux à Cédric. Promis on a été adorable !
-Et je suis témoin, je n'ai jamais vu Emily si gentille ! confirma Mathilda.
Elle était assise en face de Simon, tenant dans sa main la main d'Erwin – ce qui devait expliquer le sourire comblé qui flottait sur ses lèvres. Je fouillais la table du regard pour constater que Renata ne pas suivie jusque là, et s'était installée près de la porte, où elle buvait un thé en lisant un épais grimoire. Mathilda dût suivre mon regard car son sourire se figea, et ce fut d'une voix exagérément enthousiaste qu'elle entonna :
-On a même réussi à te trouver des viennoiseries françaises ! Ils en font tout les matins pour les élèves de Beauxbâtons et il y en qui ont du chocolat (elle prit la viennoiserie en question). Je pense qu'on appelle ça un « petit pain ».
-Quand je vais en vacance dans le sud de la France ils appelaient ça une « chocolatine », nous appris Susan en s'asseyant près de son frère. Bon on mange d'abord ou on ouvre les cadeaux ?
-Par pitié laisse-moi manger avant, priai-je en me laissant tomber à côté d'elle. J'ai besoin du chocolat pour me réveiller.
-C'est comme si c'était fait ! se précipita Cédric en me préparant mon chocolat chaud.
Je reçus ma tasse avec un sourire. Tout le monde s'installa et Cédric prit mes cadeaux pour les mettre à terre. La gêne initiale se dissipa vite : Erwin nous rapporta que son frère s'était trouvé une nouvelle passion pour la musique et venait chaque soir lui montrer de nouvelles partition avec un enthousiasme qui paraissait l'ennuyer, Emily se fendait d'une grimace écœurée à chaque mot doux ou geste tendre exécutée par Mathilda et Erwin, et je faillis m'étouffer dans mon bol quand elle fit semblant de vomir après qu'il lui ait dit qu'elle était la plus belle chose qui était arrivée dans sa vie. Alicia et Angelina passèrent me souhaiter un joyeux anniversaire, et restèrent pour piquer les viennoiseries. Alicia eut une grimace.
-Je ne pourrais pas trop déjeuner comme les français. Je tiens trop à mon bacon pour bien me réveiller.
-La viande donne plus de vitamine pour éclater les Poufsouffles au Quidditch, enchérit Angelina avec un sourire carnassier.
-Et comme sur l'année dernière c'est nous qui vous avons éclaté, vous deviez être en pénurie de bacon, répliqua Cédric.
Les deux Poursuiveuses lui jetèrent un regard irrité, et Alicia attrapa l'un des paquets que Cédric avait posé à côté de lui, le tâtant avec attention avant de me le tendre.
-Je pense que c'est un livre.
-Et je pense même que c'est de notre part, ajouta Angelina avec une œillade fâchée pour sa meilleure amie. Bien joué Alicia.
Alicia rougit et notre table éclata de rire, moi y comprise. J'attrapai le paquet avec un merci confus, et déchirai l'emballage pour découvrir un exemplaire du Quidditch à travers les âges. Il ne fut pas le seul volume que je reçus puisque je déballai ensuite une histoire succincte de la magie sur les cinq continents de la part d'Erwin et Mathilda (« Et Renata aussi », me précisa celle-ci, bien que Renata ait depuis longtemps quitté la salle), et mes grands-parents maternels m'avaient offert de magnifiques éditions de plusieurs Shakespeare – donc mon préféré Songe d'une nuit d'été. Les cadeaux avaient même été acheminés depuis Terre-en-Landes, car deux livres de poches signé de notre groupe d'ami m'étaient parvenus, avec un mot de Chloé et Ethan, les deux autres de notre âge qui me souhaitaient un joyeux anniversaires et qu'ils nous attendaient de pied ferme, Simon Susan et moi pour les vacances d'été. Je fis glisser le mot à celle-ci avant de passer aux nombreux cadeaux bleus qui, d'après la qualité de l'emballage, avaient été empaqueté par Alexandre. Mes parents et lui m'avaient offert des places pour aller voir un match de Southampton à la reprise du championnat d'Angleterre en août, et mes grands-parents paternels, qui ne savaient jamais quoi m'offrir, m'avaient fait parvenir un bon pour un spa que je n'utiliserais probablement jamais.
-Tiens, lançai-je à Emily en lui donnant le bon. Ça te plaira peut-être et ça t'obligera à venir me voir pendant les vacances.
-Vous ne faites pas de trop mauvaises inventions chez les moldus, commenta-t-elle en lisant la carte qui accompagnait le bon. A mon tour maintenant !
Elle me tendit un petit paquet qui contenait une boussole à balai – la mienne était cassée depuis si longtemps que j'en avais oublié que j'en avais une. Ce fut au tour de Cédric de me tendre une petite poche qui contenait un bracelet de petites perles noires entrecoupées de quelques perles dorées. Une breloque représentait un soleil incandescent pendit sur mon poignet quand je l'enfilai avec un regard perplexe à l'égard de Cédric. Il eut un pauvre sourire.
-Je sais que tu n'aimes pas les bijoux, se souvint-t-il, faisant écho à ma pensée. Mais j'ai vu celui-ci dans l'un des magazines de Cho et j'ai trouvé qu'il te correspondait si bien, je n'ai pas pu résister. (Il effleura la breloque du bout des doigts, et m'adressa un sourire complice) Après tout, j'ai toujours dit que tu étais le petit soleil de Poufsouffle, Vic'. Alors voici ton insigne.
-Merci, bredouillai-je, mon regard passant du bracelet à Cédric. Vraiment ...
Cédric sourit à nouveau avec douceur, et m'embrassa sur la tempe avec un sourd « joyeux anniversaire ». Je caressai les perles, hagarde. Je n'avais jamais été aussi touchée de recevoir un bijou. Susan parut percevoir mon émotion et enfonça le clou en me tendant le paquet qu'elle gardait entre ses mains depuis le début.
-De la part de la famille Bones dans son ensemble. Ma mère y a mis une lettre, essaie de ne pas pleurer.
-Oh Seigneur, laissai-je échapper, provoquant l'éclat de rire d'une partie de la table.
Je déchirais l'emballage pour faire apparaître une boite. Elle contenait une montre argentée, dont le bracelet était finement ciselées de feuilles dont les aiguilles dorées pointaient sur des chiffres traduits en runes. Je la sortis de la boite pour attraper le parchemin que Rose Bones avait coincé en dessous et la dépliai avec des gestes fébriles.
« Victoria,
Par Merlin, dix-sept ans ! Je ne pensais pas de voir atteindre cet âge, j'ai toujours songé que Simon et toi vous seriez entretués bien avant ... Mais je suis ravie de pouvoir fêter ta majorité, j'espère simplement que tu me laisseras fêter également celle de mon fils !
Il est de coutume dans la Communauté Magique d'offrir une montre au sorcier nouvellement majeur une montre, mais je me doute que tes parents ne sont pas au courant de nos habitudes et je n'allais pas leur dicter ce qu'ils allaient t'offrir ... Alors laisse-moi te donner la bénédiction de notre communauté pour cet anniversaire si particulier. Nous te connaissons depuis si longtemps, c'est nous qui t'avons expliqué ce qu'était être une sorcière, et tu en es maintenant une à part entière. C'est comme si George et moi étions quelque peu tes parents dans ce monde, et c'est en qualité de parrains que nous nous permettons de t'offrir ce cadeau. J'espère qu'elle te plaira, j'ai envoyé plusieurs modèles à Susan et Simon – celle-ci était son choix, j'ai considéré qu'il était peut-être celui qu'il était celui qui connaissait le mieux tes goûts.
Un très joyeux anniversaire ma petite Victoria, et j'espère te retrouver très vite sur le quai de la voie 9¾. Profite de ta journée – officiellement bienvenue dans le monde merveilleux de la sorcellerie.
Rose et George (et Caroline). »
Je fus presque surprise quand je vis une larme s'écraser sur le parchemin et délaver l'encre qui stria mon prénom. Je ne l'avais même pas sentie dévaler ma joue, toute concentrée que je l'étais sur les mots de Rose Bones. Je repliai la lettre et essuyai discrètement la larme qui, au coin de mon œil, menaçait de rejoindre sa congénère. Mais Susan ne fut pas dupe car elle lâcha un petit « ooh » et se rapprocha de moi pour m'enlacer. Je me laissai aller contre elle en respirant fort pour contenir les larmes qui affluaient à mes yeux. Alicia derrière moi me frictionna le dos. Je ne comprenais pas réellement pourquoi je réagis si fort aux mots et au cadeau des Bones, mais c'était de loin le cadeau qui m'avait le plus touché. Heureusement pour casser l'émotivité du moment, je pouvais toujours compter sur Simon qui attrapa la lettre que j'avais posé sur la table pour me ventiler avec.
-Allez respire Vicky. Arrête de pleurer sur ma sœur, tu vas salir sa chemise.
-La ferme crétin, le rabroua Susan alors qu'un rire étranglé secouait ma poitrine.
-Et toi arrêtes de pleurer. Ça ne t'a jamais été de pleurer.
Effectivement, les yeux de Susan s'étaient humidifiés pendant notre étreinte et elle essuya ses joues d'un revers de main. Je poussai un soupir pour exhaler les dernières traces d'émotivités et passai la montre à mon poignet gauche. Susan eut un sourire.
-Je l'aimais bien aussi celle-ci. Je me disais que tu apprécierais les runes.
-Elle est superbe, confirmai-je avec un bref regard pour Simon, avant de revenir sur Susan. Je ne sais pas quoi dire ...
-Un « merci » suffira.
-Simon !
Il nous servit un sourire qui se voulait sarcastique, mais l'effet fut gâché. Son sourire était étrange, énigmatique et presque rêveur, finalement. Même Simon était quelque peu ému, et c'était sans doute pour cela qu'il fut le premier à se lever, emmenant avec lui son sac et le reste de son unique tasse de café.
-On fera mieux de se dépêcher, ça va bientôt sonner et McGonagall va nous transformer en horloge à coucou si on arrive en retard.
-Quel rabat-joie celui-là, marmonna Erwin avant de me tendre un dernier paquet. Tiens, Bennett, tu en as oublié un.
-Tu l'ouvriras sur la route, proposa Cédric en rassemblant les livres que j'avais reçus. Il a raison ça va sonner et il faut qu'on ramène tout ça à la Salle Commune.
-Attends je vais t'aider, proposa Angelina en prenant les Shakespeare.
Avant que je ne puisse protester, tout mes cadeaux avaient été embarqués par mes amis, et ne me restait plus que la montre, le bracelet et le dernier paquet. Susan s'esclaffa alors que je me levai tout en déchirant le papier pour découvrir des gants de Quidditch flambant neufs, avec un cuire de grande qualité. J'en enfilai un, surprise par leur souplesse et leur ajustement. Les gants que j'avais utilisés jusque là avaient toujours été trop grand et ceux-là m'allaient parfaitement.
-C'est de la part de qui, ça ? m'étonnai-je en cherchant un mot dans l'emballage déchiré.
Les yeux de Susan étincelèrent et un sourire étrange se dessina sur ses lèvres. Je compris une seconde plus tard et sentit mes yeux sortir de leurs orbites sous le choc.
-Mais non ?
-Je les ai vu les rafistoler magiquement pour qu'ils soient à ta taille, me confirma Susan, visiblement très amusée par la situation. Il me les a même fait essayer pour être certain mais je pense que mes mains sont un peu plus grandes que les tiennes.
-Tu plaisantes j'espère ?
Avec un dernier éclat de rire, Susan me certifia que non et voulut m'entrainer dans la Salle Commune d'un pas bondissant. Mais son élan fut coupé par une voix qui cria derrière nous :
-Vic', attends !
Nous nous retournâmes pour voir Miles émerger de la Grande Salle, les mains enfoncées dans ses poches. Ma bouche se tordit et je mis les gants dans les mains de Susan.
-Tu peux les mettre dans ma chambre ? Dis aux autres que je les rejoindrais en métamorphose.
-D'accord, répondit une Susan perplexe, serrant docilement les gants contre elle. On se revoit ce midi ?
Je hochai la tête avec un dernier sourire, et fis volte-face pour rejoindre Miles alors qu'elle prenait la direction des cuisines et de notre Salle Commune. Un sourire coupable retroussa mes lèvres lorsque j'avisai son air ennuyé.
-J'ai peut-être oublié de te prévenir.
-Non tu crois ? cingla-t-il, avant de pousser un profond soupir. Oh laisse tomber. Je suppose que pour toi, ça n'a pas d'importance ?
-Bien je suis contente d'avoir dix-sept ans, et d'avoir le pouvoir de lancer un bon sortilège de Chauve-Furie à Bones sans que celui-ci ne puisse se défendre ...
-OK tais-toi finalement, ça m'énerve encore plus.
Mais comme il n'avait l'air qu'à moitié énervé, je m'avançais vers lui et poussai le vice à déposer un baiser sur sa mâchoire – j'étais trop petite, et lui bien trop quand pour que j'atteigne sa joue sans me monter sur la pointe des pieds. Cela eut pour mérite de lui arracher un sourire, prouvant ainsi que son énervement n'était que verbal.
-Je suis désolée de ne pas t'avoir dit que c'était mon anniversaire, m'excusai-je sincèrement. C'est vrai que ça n'avait qu'assez peu d'importance, et comme hier on ne s'est quasiment pas vu ... ça m'est sorti de la tête.
-Ça va, me rassura Miles avec un soupir, avant de me prendre la main. Simplement, j'aurais voulu le savoir histoire de t'offrir quelque chose ...
-Oh tu sais j'ai eu assez de cadeau, évaluai-je en songeant aux gants, à la montre et à tout ces livres. En revanche, ce que je n'ai pas eu c'est de la tranquillité et je doute en avoir d'ici la fin de la journée alors ... Peut-être qu'on pourrait se retrouver après la fin des cours ? Et ... je n'en sais rien, moi, aller faire une ballade romantique près de la Forêt Interdite ?
-Très romantique, effectivement, marmonna Miles.
Il paraît néanmoins se radoucir car il passa un bras derrière mon dos pour m'attirer à lui. Quand ses lèvres effleurèrent les miennes, un frisson me parcourut l'échine et mes doigts s'accrochèrent à son col pour ne pas trembler. J'étais dans un tel état de fébrilité depuis la lettre de Rose Bones que la moindre émotion forte menaçait de me faire craquer.
-Joyeux anniversaire, du coup, souffla Miles, en s'écartant très légèrement. On se retrouve dans le Hall après les cours ?
-Vendu. Par contre je ferais mieux de me dépêcher, sinon McGonagall va me tuer.
-Voilà pourquoi j'ai arrêté la métamorphose.
-Et parce que tu as eu un « Troll » aux BUSEs.
Miles leva les yeux au ciel et je me hissai sur la pointe de pieds pour l'embrasser sur la joue, avant de filer vers l'escalier. Je grimpais les marches quatre à quatre et je tournais au couloir de métamorphose au moment où cela sonnait. Après une course effrénée, j'arrivai à la classe de McGonagall quand le silence se refit dans le couloir. La Directrice de Gryffonodor me jeta un regard irrité à travers ses lunettes rectangulaire qu'elle redressa d'un geste de la main.
-Vous comptez vous installer, Bennett, ou prendre racine dans l'encadrement de cette porte ?
Sans répondre car je savais que c'était inutile face à McGonagall, je me dépêchai de poser mon sac à côté d'Emily, qui me fixa d'un air malicieux. Je lui fis signe de se taire, pour ne pas attirer d'avantage les foudres de l'intransigeante professeure sur moi. Elle acheva de faire l'appel et promena son regard sur nous.
-Sortez vos parchemins, nous commençons la théorie sur les métamorphoses corporelles. Johnson, distribuez ces miroirs, nous en aurons besoin après, pour la pratique. Bennett, j'ai cru comprendre que c'était votre anniversaire, espérons que cela vous aidera à vous rendre performante.
Je fusillais Simon du regard, qui s'était esclaffé à la pique de la professeure. Il me gratifia d'un salut militaire avant de prendre en note ce que McGonagall notait sur le tableau.
Par Merlin. Et dire qu'à présent, j'en étais réduite à chercher un cadeau pour son anniversaire plutôt qu'à rêver des sortilèges que je pourrais lui jeter.
***
-J'adore le mercredi, commenta Simon alors que nous sortions de cours. Double cours de Métamorphose, Botanique et Etude des Runes. C'est franchement tranquille.
-Tu as eu combien à la traduction ? enchérit Angelina, qui s'échinait à relire la sienne à laquelle elle n'avait obtenue qu'un A qui la frustrait profondément.
-E, j'ai mal traduit la première rune et ça m'a influencé pour le reste.
-Oh laisse tomber. Vic', je peux avoir ton devoir ? Ça me servira de correction.
-T'as encore eu un Optimal ?
J'adressai un sourire innocent à Simon, et sortit mon devoir de mon sac pour le tendre à Angelina. Quand elle le déroula pour le lire, le petit « O » inscrit en tête de page parut indigner Simon.
-Non franchement ça me dégoûte.
-Que je sois meilleure que toi dans une matière ?
-Tu n'es pas meilleure. Moi aussi j'ai eu un Optimal aux BUSEs.
-Mais au quotidien elle est meilleure, me défendit Angelina en lisant ma traduction. Toi tu ne sers à rien dans le groupe.
Simon plissa des yeux sceptiques. Depuis qu'il avait rompu avec Octavia, sa voisine de classe, il avait reculé pour se mettre devant nous et nous faisions souvent nos traductions à trois. Un groupe de travail qui, je devais l'admettre, fonctionnait assez et dans lequel j'admettais être l'élément fort. Angelina ne cessait sans cesse de m'appeler « le dictionnaire » car j'étais souvent celle assignée à la recherche du vocabulaire que je retenais mieux qu'eux. Angelina asséna un coup de ma traduction sur son crâne.
-Mais bon, c'est toujours divertissant de vous voir vous disputez. Je vous laisse, j'ai promis à Alicia qu'on irait au terrain de Quidditch tirer quelques balles. Tu veux venir Bennett ?
-Non merci, je ne voudrais pas savoir toutes vos bottes secrètes, les matchs seraient moins drôle sinon. Une prochaine fois, peut-être ?
Angelina haussa les épaules et nous quitta sans demander son reste. Simon frotta ses cheveux à l'endroit où Angelina l'avait frappé avec le rouleau de parchemin.
-Pourquoi j'ai l'impression de toujours être le méchant dans l'affaire ? Aïe ! (Je venais à mon tour de le taper sèchement à l'arrière du crâne). Qu'est-ce que j'ai fait, au fait ?
-Tu m'obliges à t'offrir un cadeau pour ton anniversaire ! Qu'est-ce qui t'a pris de m'offrir ses gants ?
-Tu es au courant que la formule naturelle quand on reçoit un cadeau c'est « merci » ? Non ! (Il s'éloigna d'un bond en constatant que j'avais à nouveau armé ma main). Arrête où je sors la baguette ! On n'est pas encore à Terre-en-Landes et je n'hésiterais pas à m'en servir !
Frustrée par cet argument imparable, je laissai tomber ma main, mes yeux roulant dans les orbites.
-Sale fourbe, rageai-je néanmoins en commençant à remonter le couloir. C'est un cadeau empoisonné. Aujourd'hui j'ai plus pensé à ce que je devrais t'offrir en août qu'aux sorts que je me réjouissais de te lancer.
-C'est un effet que je n'avais pas prévu, admit Simon d'un air réjoui. Mais tant mieux !
Je lui donnais un coup de coude, et il s'écarta souplement pour pallier à d'autres attaques impromptues.
-Sérieusement, Bones, poursuivis-je avec plus de sérieux, récoltant son regard intrigué. Pourquoi tu m'as offert ces gants ?
-Les tiens étaient craqués, répondit-t-il sur le ton de l'évidence. Tu allais finir à te casser un doigt à repousser les souafles avec des gants pareils.
-D'accord mais ...
-Regarde-moi, et dis-moi que tu en aurais acheté par toi-même.
Je le regardais, lui, ses yeux verts et le léger sourire qui flottait sur ses lèvres, bien moins sarcastique que de coutume. Mais effectivement, je ne pus lui dire que j'allais racheter de nouveau gants. J'avais toujours préféré rafistoler les choses plutôt qu'en acheter de nouvelles, malgré, comme Simon venait de le souligner, la dangerosité de la chose.
-Non.
-Bah voilà, maintenant tu as de nouveau gants, ce qui empêchera Poufsouffle de se ridiculiser la saison prochaine. La seule chose que tu as à me dire maintenant c'est « merci » et « je t'adore ».
-Cours toujours, marmonnai-je du bout des lèvres. Mais ... Ouais, merci. Pour la montre aussi, du reste. C'était ... vraiment adorable de votre part.
Le sourire de Simon s'atténua, sans disparaître. Il me donna une petite bourrade, toute douce et dit :
-Oui, on a vu à quel point tu avais trouvé ça adorable ce matin. Mes parents y tenaient beaucoup, ils t'adorent.
-Chose que tu ne comprends pas vraiment, je suppose.
Il eut un mouvement vague d'épaule, et passa une main dans ses épis blonds, les ébouriffant un peu plus au passage.
-Bof. Avec les autres tu n'es pas désagréable, je peux comprendre. En fait il n'y qu'avec moi que tu es infecte.
-Et tu ne vois pas le rapport de cause à effet ?
Le regard qu'il me servit fut nettement plus incisif, et il me repoussa mollement au visage.
-Allez, file. Tu ne rêves sans doute pas de passer le reste de ton anniversaire avec moi.
-Je confirme. Est-ce que tu peux monter mon sac à la salle Commune ?
-Va te faire voir.
Je souris, amusé avant de m'éloigner en direction du Hall. Je sentis plus que je ne vis le regard de Simon sur moi, mais une nouvelle fois quand je me retournais, il avait disparu dans le couloir. J'avais longtemps hésité à demander des comptes à Simon après l'avoir surpris dans le couloir de métamorphose, avant de constater qu'il ne m'avait jamais attaqué là-dessus au cours des jours qui suivirent, si bien que je me demandais si je n'avais pas rêvé cet œil vert qui avait brillé au fond du couloir. Peu probable, mais j'avais décidé de garder le silence pour conserver ma tranquillité. Et je devais avouer que Simon était bien calme depuis quelques temps. Les joutes verbales s'étaient faites plus rare et j'avais mis ça sous le compte du stresse de Simon pour la troisième tâche, qui lui aussi allait croissant.
-Bennett !
Je fis prestement volte face pour me retrouver face aux jumeaux Weasley, qui remontaient depuis le parc avec un sourire goguenard aux lèvres. Je grognai sourdement.
-Je vais vous acheter des colliers avec vos noms dessus, râlai-je alors qu'ils arrivaient à ma hauteur. C'est agaçant de ne pas savoir à qui s'adresser.
-Lui c'est Fred, m'éclaircit George en pointant son frère.
-Maintenant libre à toi de nous croire, ou non, babilla joyeusement Fred. La rumeur dit que c'est ton anniversaire, c'est vrai ?
Avec une lenteur mesurée, je hochai la tête et les jumeaux échangèrent un regard complice. J'avais si peur ce qu'ils pouvaient faire que j'eus un mouvement de recul quand George sorti quelque chose de ces poches. Il dressa un sourcil.
-Détends-toi, Bennett. On t'a donné une raison d'avoir peur de nous ?
-Je vous donne la liste par ordre chronologique, ou alphabétique ?
-Alors fait attention de ne pas de brûler avec cette monstrueuse boite.
-Et c'est un véritable avertissement, Bennett.
Il me tendit la boite en question, aux couleurs vives frappée d'un « W » dont la dernière branche s'achevait par une étoile bondissante. Fred tapota son index dessus.
-N'ouvre pas ça maintenant, on veut que pour l'instant ce soit confidentielle pour l'instant et Poudlard est un vrai vecteur de ragot.
-Donc ouvre ça dans un endroit désert, en toute sureté. Et sans moldu, c'est mieux.
-Mais qu'est-ce que c'est ?
Un identique sourire malicieux retroussa leurs lèvres.
-Tu te souviens du début d'année ? La cuisine dans la fumée violette ?
-Toi et ta poêle diabolique ?
-Je me souviens très bien, dis-je, un lent sourire interdit s'étendant sur mes lèvres. Vous voulez dire que c'est ...
-Un prototype de nos nouveaux feux d'artifice, fabrication Weasley, confirma George. Bon, on a décidé de réduire la taille donc ça ne fera que quelques étincelles, mais ça te donnera un aperçu.
Je caressai le carton aux mille couleurs, un sourire aux lèvres. Décidemment, cet anniversaire était plein de surprise. De cadeau surprise, notamment. Je toisai les jumeaux l'air moqueur.
-Ce ne serait pas une tentative de corruption pour que je ne vous interroge pas d'avantage sur cette histoire avec Verpey ?
-Enfin, quelle suspicion ! Bennett, nous sommes outrés !
-On voulait juste participer à ta majorité, et à la fête qui s'en suit. Oh, on pourra vraiment venir à la fête ?
-Il n'y aura pas de fête. Mais ...un grand merci les garçons.
-Un plaisir Bennett, enchérit George en s'inclinant légèrement. Et n'oublie pas : dans une endroit désert et sans moldu.
-J'y penserais.
Ils me firent un dernier signe de main avant de s'éloigner vers le parc, penché l'un sur l'autre de manière conspiratrice. Je consultai ma nouvelle montre, mon regard effleurant les runes qui servaient de chiffre et qui ornaient le cadran avec un sourire. Puis je me rendis compte que ça faisait plus de trente minutes que les cours étaient finis et que Miles devait m'attendre dans le Hall, et je m'élançai dans les couloirs. Quand Miles me vit arriver, la mine bougonne, il ouvrit la bouche pour m'houspiller mais je fis taire ces protestations d'un baiser soudain – et qui nécessita une prise d'élan et que je me raccroche à sa nuque pour incliner son visage vers le mien.
-Désolée, soufflai-je en m'écartant un instant plus tard. On va se balader ?
-J'avais une meilleure idée, mais j'hésite maintenant que tu m'as fait poireauté une demi-heure ...
-Hey, j'ai dit que j'étais désolée ! plaidai-je avec une petite moue. Et ... c'est mon anniversaire ?
-Argument imparable, admit-t-il avant de désigner du menton la boite que j'avais dans la main. Qu'est-ce que c'est ?
-Quelque chose qu'il ne faut absolument pas brûler. Donc, c'est quoi ta nouvelle idée ?
Un sourire malicieux s'étira sur les lèvres de Miles. J'avais gardé les mains nouées autour de son cou, et mes doigts caressaient doucement le voile fin de cheveux qui couvrait sa nuque. Ses bras m'enlacèrent et me serrèrent contre lui.
-On pourrait aller boire quelque chose dans la cuisine. Je me suis dis que pendant notre dernier rendez-vous là-bas on avait assez mal géré la chose alors ... On se donne une seconde chance de la réussir ?
-Tu ne feras pas le mort cette fois ?
Pour toute réponse, il se pencha à nouveau vers moi et m'embrassa avec plus d'intensité, si bien que ma tête en tourna. Il acheva le baiser en frottant doucement son nez contre le mien. Je le laissai faire, amusée et apaisée au delà des mots. Il caressa doucement ma joue de son pouce en un contact qui me fit frissonner.
-Promis. Cette fois, je ferais les choses bien.
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