I - Chapitre 10 : La vengeance de Simon Bones
Bonjour à tous !
Bon Lucy c'est fini. Mais il reste Ombres et Poussières j'espère que ça continuera à vous plaire ! Chapitre 9 d'O&P et on entre dans la ligne droite du baaaaal ! Bonne lecture !
Chapitre 10 : La vengeance de Simon Bones.
Décembre s'était définitivement installé sur l'Ecosse, amenant avec lui son épais manteau de neige et un vent glacial qui balayait le château. Les rafales transportaient les flocons jusque l'intérieur de certaines classes et le professeur McGonagall avait enchanté les premières année en les transformant en décoration pour sa classe. Hagrid, l'immense garde-chasse de Poudlard, avait amené un sapin dans la Grande Salle qui avait été suavement décoré par Flitwick et les préfets-en-chefs. Maintenant que la première épreuve était loin, la bonne humeur battait son plein : Cédric avait empêché quiconque de dénigrer Harry à Poufsouffle, et celui-ci avait retrouvé la compagnie de Donald Weasley. Je regardais maintenant particulièrement Hermione Granger. Son combat m'avait plu, bien que j'étais persuadée qu'elle n'agissait pas de la bonne manière. Simon et Octavia n'était décidemment plus ensemble : Simon riait de son ex-petite-amie avec Emily et Octavia s'était publiquement moquée des mèches rebelles du Poufsouffle. Ça n'avait pas l'air de le déranger : Simon subissait mes assauts depuis seize ans, ce n'était pas ceux d'Octavia qui l'effrayaient. Cédric était plus populaire que jamais et Gillian Fawley avait par cinq fois tenté de le coincer dans un couloir, mais Emily et moi étions attentives et jusque là, l'une de nous deux l'avait toujours sorti du traquenard. Il n'avançait que peu sur l'énigme de l'œuf, malgré de premières recherches à la bibliothèque.
-L'œuf est en or et finement ouvragé, commenta Emily en le détaillant.
Il était posé au milieu de la table des Poufsouffle de la Grande Salle, en plein petit-déjeuner. Erwin, Mathilda, Emily, Simon Cédric et moi le fixions, comme si ce simple regard allait nous en faire révéler les secrets.
-Tu n'as pas regardé si un animal pondait un œuf en or ? Peut-être que tu devras affronter l'animal en question.
-Oh par pitié, le dragon ce n'était pas déjà assez ? marmonnai-je en touillant négligemment mon chocolat.
-On est dans le Tournoi des Trois Sorciers, pas dans le monde merveilleux de Madame Pieddodu, répliqua Erwin avec un sourire.
-Oh bon sang, je suis sûr qu'une tâche est préférable à une heure chez Madame Pieddodu, laissa échapper Simon.
Là dessus, le jeta un regard brûlant à la nuque d'Octavia, qui déjeunait deux tables plus loin. Sans doute avait-elle dû l'y amener plus souvent que nécessaire.
-Mais l'idée d'Emily n'est pas mauvaise, fit valoir Mathilda en se tournant vers Cédric. Tu devrais regarder les yeux des créatures magiques, peut-être qu'il y en a un qui correspond à ton œuf ...
-Les gars, la coupa Cédric, un sourire incertain aux lèvres. Vous êtes au courant que je suis censé y arriver tout seul, non ? Le champion ne doit pas être aidé ...
-Potter a su pour les dragons, et d'après lui, Krum et Delacour savaient aussi, répliqua Emily. Si après ça, tu me dis que les champions ne sont pas aidés ... Je suis persuadée que Karkaroff et Maxime leur balance la moindre miette d'information qu'ils sont sur la prochaine tâche.
J'en étais intimement persuadée aussi. Mais si madame Maxime restait malgré tout impartiale dans ses notes, Karkaroff poussait le vice à biaiser la moyenne en mettant des notes exécrables aux autres champions, et la maximale à Krum. Je m'inquiétais aussi de la partialité de Ludo Verpey. Il avait été sévère avec Fleur et Cédric, complaisant avec Krum et carrément injuste avec Harry – un dix alors qu'il avait été blessé ... Cet homme aimait la gloire, les paillettes et le scandale.
-C'est peut-être vrai, mais moi je tiens à rester droit, rétorqua Cédric avec un regard mauvais pour les autres directeurs. Si je gagne le Tournoi, ce sera proprement, alors maintenant donne-moi cet œuf et arrêtez d'y réfléchir. Contrairement à moi, vous avez des examens à la fin de l'année.
Emily lui rendit son œuf à contrecœur et Cédric le rangea précautionneusement dans son sac. Erwin fixa le champion, un sourire incertain aux lèvres.
-Toi, tu n'es pas tombé dans cette Maison par hasard. Je ne me souviens plus, le Choixpeau a hésité longtemps avant de t'envoyer ici ?
-Pas une seconde. Il a juste effleuré ma tête.
-Il ne t'a pas parlé ? s'étonna Emily, sourcils froncés. Moi il a débattu trente secondes entre Poufsouffle et Serdaigle avant de m'envoyer ici ...
-Pareil, mais pas pour les mêmes raisons que toi, enchéris-je distraitement.
Emily avait un côté Serdaigle parce qu'elle était brillante ; le mien tenait plus de ma soit disant « sagesse ». Mais je pensais que je ne me serais pas autant épanouie chez les Aigles que chez les Blaireaux. Quant à Emily, elle aurait tué sa cousine dans son sommeil dès la première année.
-Je te rassure, moi non plus le Choixpeau n'a pas hésité, dit Mathilda à Cédric. McGonagall l'a posé sur ma tête et il a juste crié « Poufsouffle ! ». Renata ça avait été un peu plus long, je pense que le Choixpeau avait aussi hésité avec Serdaigle ... Mais le pire cette année là, ça avait été Simon, non ? Tu es resté combien de temps sous le Choixpeau ?
-Je ne sais plus. Trois minutes ? Un peu plus ?
Simon avait l'air de vouloir éluder la question et but même une gorgée de café pour ne pas avoir à répondre d'avantage. Moi aussi je me souvenais de l'attente interminable quand le Choixpeau avait été posé sur la tête de Simon. J'avais croisé les doigts depuis la table des Poufsouffle, espérant qu'il ne serait pas réparti dans la même Maison que moi, mais quelques minutes plus tard, la sentence était tombée et je m'étais écroulée sur la table.
-Il avait hésité avec quoi ? s'enquit Emily.
-Gryffondor, avoua Simon du bout des lèvres. Cette blague, je me serais retrouvé avec les jumeaux Weasley et Lee Jordan ...
-Olala, cette capacité de nuisance que ça aurait, un dortoir pareil, fis-je remarquer avec un frisson d'horreur. Je change d'avis, heureusement que tu es tombé à Poufsouffle.
Un sourire effleura les lèvres de Simon mais il ne releva pas.
-N'aie pas honte, pour moi il a vaguement hésité avec Serpentard, marmonna Erwin. Apparemment, un côté ambitieux.
Cela ne me surprenait pas. Erwin travaillait d'arrache-pied pour s'en sortir et souhaitait effectivement aller dans les hautes sphères du Ministère. Emily lui jeta un regard torve, d'autant plus que son regard s'était fixé sur la table des Serdaigle. Elle pointa une fourchette menaçante sur lui.
-Je te jure, si tu es encoreen train de mater la championne de Beauxbâtons, je te plante cette fourchette dans la main.
-Même pas ! se défendit-t-il en retirant néanmoins sa main de la table. Je regardais Octavia ...
-Ah bah oui parce que mater l'ex de Simon c'est mieux, persiffla Emily d'un air désespéré.
Simon avait juste relevé la tête à la mention d'Octavia, les sourcils froncés. Mais Erwin secoua à nouveau son chef, ses joues pâles se colorant de rouge.
-Par Merlin, Erwin, ton visage est capable d'avoir une autre couleur que le blanc ? m'amusai-je pour détendre l'atmosphère.
-Très drôle, Vic', maugréa Erwin en frottant passivement ses joues. Et je ne « matais » pas Octavia, j'ai juste remarqué qu'elle se disputait avec Roger Davies.
Je me retournai pour voir, et effectivement, Octavia fixait la nuque de Roger avec un certain dégoût. Je compris un instant plus tard en observant à qui parler le capitaine de Serdaigle : il était en grande conversation avec Fleur Delacour. Je me retournai sur Emily et fut surprise de son impassibilité.
-Il fait ce qu'il veut, maugréa-t-elle néanmoins, avant de finir une gorgée de thé. Je vais vous laisser, les amis, je dois rejoindre quelqu'un à la bibliothèque.
Elle se leva, prit son sac et quitta la Grande Salle à grandes enjambées, sans un regard pour Roger et Fleur Delacour. Cédric secoua la tête.
-Combien on parie ce que « quelqu'un » est espagnol et vient justement de se lever de sa table ?
Effectivement, Esteban venait de quitter la table de Serdaigle pour s'engouffrer dans le sillage d'Emily. Un sourire amusé effleura mes lèvres mais alors que je contemplai la salle, un regard accrocha le mien. Le regard brun de Miles. Je rougis de façon inopinée et rapportai mon attention sur ma tasse de chocolat. Quand je relevai les yeux, je remarquai que Cédric me fixait du coin de l'œil d'un air méfiant, alors je changeai de sujet :
-Quelqu'un pourrait m'aider pour le devoir de Botanique ? Je ne comprends pas ce que Chourave nous demande ...
Matilda, qui adorait la Botanique, se fit un plaisir de plancher dessus avec moi, sous le regard toujours plus suspicieux de Cédric. Quand la cloche sonna, lui et Simon partirent en Potion et Mathilda se tourna vers moi, un sourcil dressé.
-Il a quelque chose qui ne va pas ? Cédric te regardait étrangement ...
-Aucune idée, mentis-je en tordant ma chaîne entre mes doigts. Moi je vais bien toujours.
-Et tu n'as plus eu de problème avec ...
Son regard vagabonda du côté de la table des Serpentards, et je compris. Je secouai vivement la tête.
-Non, aucun. Arrêtez de vous inquiéter avec ça ...
Mathilda haussa les épaules, avant de sourire et d'aller rejoindre sa jumelle quelques tables plus loin. Sans aide pour finaliser le devoir, je roulai mon parchemin, et quittai Erwin avec un sourire d'excuse. Je venais de sortir de la Grande Salle quand on m'interpella d'un accent roulant qui me fit sourire :
-Victoria ! Ça fait un moment !
Je me retournai vers Kamila Tokarsky, dont la silhouette se découpait dans l'encadrement de la porte. J'aimais beaucoup quand elle prononçait mon nom, de la même manière que pouvaient le faire mes grands-parents avec le fantôme de leur accent que les années anglaises avaient effacé. A ses côtés se tenait un garçon vouté au visage renfrogné que j'identifiai comme étant le fameux Viktor Krum. Je faillis perdre ma langue de me retrouver devant un personnage aussi illustre et dus faire appel à toute ma volonté pour sourire à Kamila.
-Effectivement, ça fait un moment ! Je suppose qu'on a ... été occupées par nos Tournois respectifs ?
Sans le vouloir réellement, je jetai un coup d'œil à Viktor Krum, qui se renferma un peu plus. Kamila le lorgna avant d'éclater de rire.
-Tu aimes le Quidditch, Victoria ? Tu veux un autographe ?
-Bien sûr que non ! protestai-je en sentant mes joues s'empourprer. Enfin, j'aime le Quidditch, j'y joue même ici, mais Seigneur, non, pas d'autographe, pitié ...
-Quel poste ?
Je mis un instant à comprendre que cette voix rocailleuse appartenait à Viktor Krum. Ses sourcils s'étaient un poil défroncé quand j'avais avoué jouer au Quidditch. Mes joues rougirent un peu plus et je répondis dans un filet de voix :
-Gardienne.
-Une fille si petite que toi ? s'étonna Kamila. Enfin ça ne change rien, je suis sûre que tu dois être une bonne gardienne ! ajouta-t-elle précipitamment quand je lui jetai un regard ennuyé.
-Rrrapide et agile, évalua rapidement Krum. Intérrrressant, comme profil.
La commissure de ses lèvres était légèrement retroussée, ce qui devait pour lui relever du sourire. Il annonça ensuite qu'il allait à la bibliothèque et me dépassa sans m'accorder un regard, me laissant seule avec Kamila. Je gratifiai la polonaise d'une tape sur l'épaule qui la fit glapir.
-Aïe !
-Je ne voulais pas d'autographe ! Enfin, mon meilleur ami est un champion, je sais à quel point c'est gênant et ...
-Oula, Victoria ! m'interrompit-t-elle avec un éclat de rire. Ne commence pas à me parler de ton champion, sinon on en viendra à parler de l'œuf d'or, et là ... Bon sang, j'en fait des cauchemars de cet œuf !
-Viktor Krum, finis-je par lâcher, en fixant l'endroit où avait disparu le célèbre attrapeur. Est-ce qu'il pense ... comme Sisko ?
Le sourire de Kamila s'effaça. Elle repoussa derrière son oreille l'une de ses rares mèches rebelles.
-Non, ne t'en fais pas. C'est l'un des plus droits de l'école. En même temps, il y a une certaine logique, son grand-père a été tué par Grindelwald ...
-Grindelwald ?
-Tu ne connais pas ?
Elle me considéra, ses sourcils arqués par la surprise. Mais je hochai la tête, embarrassée. Bien sûr. J'avais assez lu de lire sur l'Histoire de la magie pour connaître parfaitement le nom de Gellert Grindelwald, le mage noir qui avait sévi en Europe de l'est dans les années 1920-1940.
-Si, je connais. Pas les meilleurs souvenirs pour vous, non ?
-Ça dépend pour qui, répondit sombrement Kamila. Nous sommes nombreux à avoir perdu un proche dans la lutte contre Grindelwald – enfin, pour ceux qui luttaient. Nos pays étaient assez réceptifs à ses idées, en réalité. Les sorciers supérieurs aux moldus, par la grâce de la magie. Nous, dominant les moldus ... « pour leur plus grand bien ».
Je reconnus l'expression, qui d'après L'Histoire de la Magie Noire du XXe siècleétait gravée à l'entrée de la prison de Grindelwald où il était à présent enfermé, Nuremgard.
-C'est dingue, poursuivit Kamila, le regard perdu au loin. Nous sommes tombés les uns après les autres sous son charme, sans résister. Je te le dis, ses idées plaisaient beaucoup, surtout quand on sait que la plupart des sorciers d'Europe orientale ont été à Durmstrang, une école presque martiale et hostile aux moldus. On a été programmé à laisser Grindelwald entrer chez nous et détruire nos vies.
Son visage s'était durci et son regard était si sombre que je vis la sorcière-guerrière en elle. Puis elle me sourit d'un air penaud.
-Désolée, ça ne doit pas franchement t'intéresser. C'est juste qu'on a si peu l'occasion d'en parler à Durmstrang ... La parole refuse de se libérer là-bas et ... Bref. Tu as entendu parler de cette histoire de bal ?
-Oh par Merlin, Kamila, soupirai-je en levant les yeux au ciel. Ce que tu disais sur Grindelwald était infiniment plus intéressant que cette rumeur de bal. Je dois comprendre que ... tu as perdu des proches, dans la guerre contre Grindelwald ?
Kamila ne répondit pas, se contentant de hocher vaguement la tête. Puis elle sourit, révélant deux charmantes fossettes.
-Si ça t'intéresse, on devrait se trouver un moment pour en parler – genre, pas comme ça entre deux cours. Ça te dit ? Je te parlerais de Durmstrang et toi tu me parleras de Poudlard et de la vie chez les moldus.
-Après tout, c'est le but du Tournoi, approuvai-je avec un sourire. Ça marche.
Kamila me gratifia d'un sourire triste.
-Ça, malheureusement Victoria, ce n'est que la version officielle de la chose. Parce que le véritable but de ce Tournoi, c'est la suprématie d'une école sur les autres. Le véritable but du Tournois, c'est de gagner.
***
-Bones, Bennett ! Lequel de vous deux je mets dehors à grand coup de jambe de bois ?
Le professeur Maugrey vrillait sur nous ses yeux asymétriques, sa bouche tordue en ce qui semblait être un sourire sadique. Je rentrai la tête dans mes épaules avant de jeter un regard mauvais à Simon, qui me le renvoya. Alors que nous étions en plein cours théorique sur fantômes et Inferi, j'avais fait un faux-mouvement qui avait malencontreusement renversé mon encrier sur les notes de Simon. J'avais voulu réparer mon erreur et nettoyer, mais Simon m'avait méchamment rétorqué que la seule chose que j'arriverais à faire c'était brûler son parchemin. Evidemment, Maugrey avait observé nos chamailleries et la façon dont il nous avait aboyé dessus me faisait me recroqueviller sur place.
-Bennett, nettoyez ça, grogna-t-il finalement en retournant à son bureau, sa jambe de bois claquant sinistrement contre les dalles. Et Bones, ne faites pas cette tête, il vous arrivera pire que ça dans votre vie. Un jour, vous sentirez me souffle d'un ennemi sur votre nuque et il vous faudra réagir avec plus de rapidité que vous ne l'avez fait avec cet encrier. VIGILANCE CONSTANTE ! aboya-t-il finalement, nous faisant tous sursauter.
Il nous lorgna de manière insistante et je passais un coup de baguette sur notre table pour faire disparaître l'encre qui la noyait. Simon ne fit aucun commentaire, se contenta de fixer Maugrey d'un air impassible et sortit une feuille de parchemin neuf. Le professeur grogna d'un air approbateur et reprit son cours pour les quelques secondes qui restaient.
-La vengeance n'en sera que plus terrible, Bennett, marmonna Simon entre ses dents.
-Franchement, tu es encore sur ça ? m'agaçai-je en prenant rapidement mes notes. Ça date de septembre, et je suis toujours persuadé que c'est en grande partie de ta faute si on est l'un à côté de l'autre !
-Tu m'as harcelé !
-Tu n'avais qu'à t'excuser !
-Bennett, Bones ! Vous voulez qu'on retourne sur les Imperium ? Je serais ravi de faire une nouvelle démonstration avec vous comme marionnettes.
La proposition de Maugrey arracha un éclat de rire à la classe. Simon et moi secouâmes la tête en un même ensemble et le professeur nous lorgna l'air sinistre. Il se retourna sur le tableau, mais je pouvais sentir d'ici son œil magique se révulser et nous fixer à travers son crâne. Un frisson d'horreur me parcourut.
-Je suis mal à l'aise avec cette histoire d'Inferi, me lança Emily une fois sortie de la salle.
Cédric et Simon étaient partis bien en avance, deux ombres noires fendant le tapis immaculé qui avait recouvert le parc. Le soleil brillait d'un éclat froid, mais j'espérais secrètement qu'il réchauffe les serres de Botaniques, glaciales à cette période de l'année.
-L'idée qu'on fasse relever les morts pour combattre ... Par Merlin, y'a-t-il une magie plus noire que celle qui concerne la mort ?
-C'est perturbant, admis-je en enfonçant mes mains dans mes poches. Bafoué un corps, le priver de repos ... C'est carrément contre-nature. Il faut être tordu pour utiliser de tels procédés ...
J'étais d'autant plus d'accord avec Emily que je venais d'un monde où je me rendais chaque dimanches à l'église écouter les sermons de mon père, qui me parlait de salut de l'âme et de vie éternelle après la mort. Qu'adviendrait-il de cette vie si le corps continuait d'être utiliser sur terre ? Cela ne priverait-il pas l'âme de son repos éternel ? Ces questions religieuses se mêlaient à des interrogations magiques et je renonçai à y réfléchir plus avant le cours de Botanique.
Comme je l'avais redouté, la serre était glaciale et le professeur Chourave nous autorisa à garder nos capes et bonnet durant le cours. Elle fut cependant bien trop occupée à réprimander les jumeaux Weasley pour exercer une quelconque pression sur les autres élèves et Emily et moi passâmes l'heure à parler d'Inferi et de magie noire. Avant que la cloche ne sonne, le professeur Chourave se dressa sur un seau retourné pour attirer notre attention :
-Les Gryffondors, vous pouvez partir, lança-t-elle alors, provoquant le ravissement des jumeaux Weasley. Je dois parler à mes élèves ...
Emily et moi échangeâmes un regard et je vis l'excitation poindre dans les yeux de mon amie. Les élèves de Gryffondor sortir et nous nous assîmes sur les bancs qui bordaient les bacs de plante, attendant que notre Directrice de Maison prenne la parole. La grande majorité de notre année avait poursuivi la Botanique, que ce soit par amour de la matière ou par attachement pour le professeur Chourave.
-Bien, chaque directeur doit annoncer à sa Maison, entonna-t-elle avec un doux sourire. Qu'en même temps que le Tournoi des Trois Sorciers renaît une tradition des plus mondaines : son bal de Noël.
Un murmure d'excitation parcourut nos rangs, et j'évitai de peu le coup de coude exalté et insistant d'Emily. Mon cœur tomba dans ma poitrine alors que le professeur Chourave poursuivait :
-C'est une soirée qui se déroule le soir de noël, et chaque élève de quatrième année et plus y sont cordialement invité pour faire plus ample connaissance avec nos invités. Evidemment, une tenue de soirée est exigée, ainsi qu'un comportement impeccable, n'oubliez pas que vous représentez Poudlard et Poufsouffle.
-On est obligé le costume et les nœuds papillons ? demanda Erwin en levant la main.
-Oui, Summers, vous êtes obligés, répliqua Chourave, l'œil un peu plus sévère. Evidement qu'une robe de soirée pour ces messieurs. Et je ne veux pas que ce soit mes élèves qui amènent la honte sur l'école, nous sommes d'accord ? Diggory, Fawley, vous êtes préfets, je compte sur vous.
Cédric et Emily acquiescèrent en silence. Le premier car il semblait trop pétrifié pour parler, la seconde parce qu'elle ne pouvait pas dire un mot sans pouvoir signifier son enthousiasme. Un sourire malicieux retroussa les lèvres de Chourave.
-Et n'oubliez pas que dans « bal de noël », il y a le mot bal. Ce qui implique évidemment de danser ... Je vous invite donc à vous exercer dès maintenant pour que votre technique soit au point le jour de noël ... ainsi qu'à trouver vos partenaires.
-Nos quoi ? répétai-je, épouvantée.
-Vos partenaires, Bennett. Vos cavaliers et cavalières parce qu'aux dernières nouvelles, il est difficile de danser seule.
-Professeur, intervint Mathilda en levant timidement la main. Vous dites qu'on doit être apprêtées, mais ... personnellement je n'ai pas de robe ...
La pauvre s'empourpra furieusement, et jeta un regard à sa sœur jumelle, qui haussa les épaules. Ce genre de mondanité ne devait pas être du goût de Renata. Chourave la fixa d'un air contrarié.
-Pourtant, il était bien précisé « tenue de soirée » dans votre liste de fourniture scolaire ... Enfin, j'en parlerais au directeur, peut-être qu'il pourra organiser une après-midi à Pré-au-Lard pour vous permettre de vous habiller, Bale. (La cloche retentit dans la serre, faisant grogner Chourave). Bien, allez manger ! Ceux qui sont dans le même cas que Mathilda, je vous ferais savoir quelles solutions on a après un entretien avec le directeur. Diggory ? J'aimerais vous dire un mot, cela ne vous dérange pas de rester un instant ? Non, Fawley, vous dehors.
Emily sortit bougon de la Botanique, mais son visage changea vite d'expression quand elle croisa mon regard, passant au ravissement.
-Ça veut dire que tu restes avec nous pour noël, ça !
-Tu l'as convaincue de rester ? répéta Simon avec horreur. Mais non, Em', tu abuses ! Mes premières vacances loin d'elle, et tu la convaincs de rester ?
Je lorgnai Simon d'un air mauvais et je fus ravie de voir Emily le foudroyer du regard, avant de le frapper à l'arrière de la tête.
-Sois gentil, tête de linotte, le tança-t-elle avant de se tourner vers moi. Alors tu restes, du coup ?
-Il faudra que je prévienne mes parents, laissai-je échapper du bout des lèvres. Mais ... je suppose que je n'ai pas le choix.
Emily battit des mains, enchantée, alors que Simon me fixait sous ses paupières plissées. Je me trémoussai, gênée, la mort dans l'âme. Non seulement j'aurais voulu rentrer à Noël voir ma famille, mais en plus la perspective d'un tel bal me fascinaient autant qu'elles m'effrayaient. Je devrais trouver une robe, car comme Mathilda, je n'avais pas pris au sérieux l'injonction dans les fournitures – et rien que l'idée me donnait la nausée. Et en ce qui concernait la danse ... Si j'admettais bien chanter, danser était une autre paire de manche avec laquelle j'étais moins à l'aise. J'ignorais si j'étais bonne ou mauvaise. Simplement, je n'aimais pas ça.
Cédric réapparut un instant plus tard, toute couleur ayant déserté son visage. Emily se mit à glousser.
-Alors ? Qu'est-ce qu'elle te voulait ?
-Je dois ouvrir le bal avec les autres champions, répondit-t-il, presque tétanisé. Genre, moi et une fille et ....
Il arqua maladroitement les bras pour esquisser quelques pas de danses, et Emily s'esclaffa de plus belle. Les joues de Cédric se colorèrent alors.
-Arrête, Em', ce n'est pas drôle !
-Bien sûr que si ça l'est ! Et c'est d'ailleurs l'unique raison qui a convaincu Victoria de rester !
Cédric me jeta un regard vexé et ce fut à mon tour de m'empourprer violemment. Toute cette histoire de bal allait prendre des proportions absurdes.
-Mais je suis sûre que tu t'en sortiras très bien, me rattrapai-je en m'efforçant de sourire. Et puis, trouver une cavalière ... pour toi, je suppose que ça ira.
-Trouver une cavalière, répéta Cédric d'une voix blanche. Oui, un jeu d'enfant.
-Gillian Fawley se tient prête, se moqua Simon.
-Oh bon sang ...
Cédric partit en avant, la mort dans l'âme, alors qu'Emily et Simon retenaient à grand-peine leur fou rire. L'idée d'un Cédric Diggory ouvrant un bal au bras d'une fille apprêtée était risible, car s'il était extérieurement l'incarnation de l'assurance, nous savions qu'intérieurement il n'en était rien et qu'il devait sûrement préférer retrouver le Sudédois à museau court plutôt que d'aller à ce bal. Je profitais de la discussion de Simon et d'Emily sur leur devoir de Potion pour avancer vers Cédric et glisser malicieusement :
-Tu n'auras qu'à demander à Cho, si tu ne veux pas de Gillian.
Les joues de Cédric rougirent à nouveau et il jeta un regard suspect alentour avant de répondre :
-Non, je ne demanderais pas à Cho. Je vous l'ai dit, on ne fait que parler Sortilège ...
-Tu ne lui as toujours pas parlé des Tornades de Tutshill ?
-Mais ...
-Cédric ! On te donne des conseils, il faut les mettre en application ! C'est comme l'œuf, tu vas regarder dans les manuels de Magizoologie ?
Il me jeta un regard oblique, plus sévère.
-Il me semble vous avoir dit d'arrêter de vouloir m'aider pour cette histoire. Je dois m'en sortir seul.
-D'accord, cédai-je avec un soupir. De toute façon ce n'est pas moi qui aurais pu t'aider.
La compassion brilla brièvement dans les yeux de Cédric et il fixa l'horizon, songeur. Comme toujours, son regard finit par vagabonder vers le terrain de Quidditch.
-On pourra retourner y faire une course, si tu veux, proposai-je, devinant ses pensées. Avant que tu ne perdes la tête face à toutes les filles viendront te demander d'aller au bal avec toi ...
-Je te propose plutôt de s'y cacher jusqu'à que le bal se finisse.
-Tu devrais demander à Cho. Elle te plait, et mieux vaut y aller avec une fille que tu apprécies qu'avec une fille par défaut, non ? ça passera mieux.
Cédric se répondit rien, se contentant de ne pas lâcher le terrain de Quidditch du regard. Devant nous, des troisièmes années se dépêchaient de rentrer au château, frigorifiés. Les filles du groupe adressèrent un charmant sourire à Cédric, et celle qui trainait derrière gloussa en passant devant lui. Mon ami la gratifia d'un sourire avenant, la faisant rougir de plaisir et elle se dépêcha de rejoindre ses amies en babillant :
-Les filles ! Les filles, il m'a souri !
-Tu crois qu'elles savent la différence entre politesse et intérêt ? m'enquis-je en lorgnant sombrement les filles qui s'éloignaient en riant.
-Oh c'est la partie déplaisante du métier de champions. Ça et ouvrir le bal.
-Tu sais danser, au moins ?
Cédric me jeta un regard oblique auquel je répondis par un malicieux sourire. Je savais pertinemment qu'il était un excellent danseur, pour l'avoir vu valser avec Emily pendant nos fêtes dans la salle Commune de Poufsouffle.
-Et toi ? finit-t-il par me demander. Si tu restes, il va falloir te trouver un cavalier.
Mon cœur se mit à battre à la chamade et le fantôme du baiser de Miles me brûla un instant les lèvres. Bon sang, dans notre situation actuelle, un bal de noël. Avec des danses, et des cavaliers, des gens en robe, de la musique et ... Tant pis. Je n'avais qu'à attendre sa seizième demande, ça ne ferait qu'une de plus.
-On verra. Si ça se trouve avec personne. Mais ce n'est pas grave, hein, ajoutai-je quand Cédric me regarda avec un froncement de sourcil. Je veux dire, ce n'est pas comme si j'étais championne. Et puis qui voudrait y aller avec moi ?
J'avais dit ça sur le ton de la plaisanterie, mais le froncement de sourcil de Cédric s'accentua.
-Arrête de te dénigrer, Vic'.
-Cédric, je t'ai dit que ce n'était pas grave. Honnêtement, je m'en fiche.
-Pas moi. J'en ai marre que tu te dénigres pour après peu près tout et n'importe quoi. Tu n'es pas assez jolie, pas assez bonne en magie, tu ne me m'es pas utile ... C'est des conneries. C'est toi qui m'as donné le moyen de passer contre le dragon, tu n'es peut-être pas la meilleure baguette à la main mais tu es très intelligente ... Et je ne sais pas, tu es intuitive, comme fille. Tu sens des choses que les autres ne voient pas venir.
-Et je suis une gardienne exceptionnelle, je sais. On peut arrêter de faire mon éloge et se reconcentrer sur le fait qu'il faut que tu demandes à Cho de t'accompagner au bal ?
Cédric me considéra en secouant la tête, et reprit sa route. Mais je souris en l'entendant marmonner qu'il allait tuer Simon pour entamer ma confiance en moi.
***
Je courrais dans les couloirs à en perdre haleine, heurtant les autres élèves qui me jetaient des regards consternés.
-Pardon, haletai-je alors que je venais de percuter une élève de Beauxbâtons, qui me jeta un regard noir.
-Ils sont givrés les anglais, marmonna-t-elle en reprenant sa route.
Ah ces français ... Mais malgré ma haine de nos congénères d'outre-Manche, ils étaient cette fois le cadet de mes soucis. Je continuai de scruter la foule d'élève qui se massait vers la Grande Salle pour le repas, à la recherche d'un visage en particulier, mon poing serré sur un morceau de parchemin.
-Excusez-moi, marmonnai-je en passant à contre-courant des élèves. Pardon ... Désolée ... Aïe !
-Fais attention, Victoria !
Le regard sombre d'Angelina me contempla, mon air hagard et mes cheveux bouclant dans tous les sens, sidérée. Elle s'immobilisa et me prit vivement le bras.
-Ça ne va pas ?
-Si, ça va ..., répondis-je, le souffle court. Je cherche ... Tu n'aurais pas vu Simon ?
Angelina me jeta un regard soupçonneux avant de désigner une direction par dessus mon épaule du menton. Je fis volte-face et vis effectivement Simon, à l'ombre d'une armure, en grande discussion avec Octavia McLairds. Sans m'étonner de les voir ensemble, ni même remercier Angelina, je courus en leur direction, bousculant une bande de première année. Octavia me remarqua la première, mais avant qu'elle ne puisse ouvrir la bouche je fauchais le coude de Simon, lui arrachant un glapissement.
-Hey !
-Victoria ! s'exclama Octavia avec un déplaisir évident. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on était en train de parler ...
-C'est urgent, répliquai-je en entrainant Simon plus loin.
-Vicky ...
Je lui jetais un regard pénétrant, qui lui fit comprendre que je ne lâcherais pas, et il poussa un profond soupir. Il se tourna vers Octavia et lui servit un sourire penaud :
-Il semble bien que je sois kidnappé. On se revoit après.
-C'est ça, rétorqua dignement Octavia en se redressant.
Après un regard venimeux à mon égard, elle s'éloigna, ses longs cheveux fouettant l'air à chacun de ses pas. Malgré mon urgence et ma folle course, je ne pus m'empêcher de jeter un regard consterné à Simon :
-Ne me dis pas que tu songes à te remettre avec ?
-Je ne crois pas que ce soit tes affaires, Bennett, répliqua-t-il sèchement. Et j'espère que tu as une bonne raison ... Qu'est-ce qu'il y a ?
Pour toute réponse, je lui tendis d'une main tremblante le parchemin que j'avais dans la main. Il poussa un profond soupir, le défroissa et le lut. Son visage blêmi à mesure des mots.
-C'est une bonne raison, finit-il par dire, levant lentement les yeux sur moi. Peut-être que c'est une menace.
-Tu crois ?
Ma voix était légèrement montée dans les aigus, et je portai une main sur mes lèvres pour me calmer. Je repris le parchemin des mains de Simon pour le contempler. C'était un dessin, animé par magie, représentant une sorte de marionnette à l'allure vaguement féminine, pendue par des fils, s'approchant lentement d'un feu qui finissait par l'englober toute entière. Et en dessous de cet affreux dessins, les mots qui faisaient mon cauchemar « remember, remember, the fifth of november». Ils étaient suivis plus bas de la menace en question : « your turn to burn? ».
A mon tour de brûler. Bon sang ...
-Je ne sais pas qui c'est, poursuivis-je, satisfaite que ma voix ne tremble pas. Mais je suis persuadée que la personne est définitivement au courant pour ce que j'ai fait à Nestor Selwyn. « A ton tour de brûler » ... Après celui de Selwyn ?
-Ne panique pas, me prévint immédiatement Simon en posant une main qui n'avait rien d'apaisante sur mon épaule. Pas de panique, pas de panique, euh ... On devrait aller voir un professeur, Vicky. Même dans la possibilité que ce soit des paroles en l'air, on devrait ...
-Pour que je me fasse renvoyer ? Pas question !
Je croisai mes bras sur ma poitrine, pour retenir ne serait-ce qu'artificiellement la chaleur qui semblait s'échapper de mon corps. Je doutais fortement que les professeurs soient indulgents. Simon me jeta un regard pénétrant.
-Vicky, quelqu'un menace de te brûler, exactement comme comptait le faire Nestor Selwyn lors de ce fameux cinq novembre. Je ne suis pas sûre que ce genre de menaces soient du goût de Dumbledore et connaissant le personnage ... Non, il ne te virera pas.
-Simon, ce jour là j'ai marqué physiquement et psychologiquement Selwyn, d'une façon effroyable ! Comment pourrait-il ne pas me virer ?
-C'est eux qui t'ont attaqué, tu t'es défendue !
-Mais j'aurais pu prévenir quelqu'un ! (A ma plus grande horreur, des larmes me montèrent aux yeux). J'aurais pu appeler quelqu'un, mais je me suis enfuie, et j'ai laissé le feu le brûler ! Je ... j'imagine même pas l'enfer que ça a dû être ...
-Victoria ..., dit Simon, visiblement dépassé. Vicky, enfin, calme-toi ...
Je me mis une main sur la tempe et m'adossai au mur, espérant vainement que cela m'apaiserait mais ce n'était pas le cas. Lentement, je me laissai glisser le long de la pierre pour me retrouver assise, le cœur battant la chamade, le visage relevé pour que les larmes refluent.
-Ce début d'année est un cauchemar, lâchai-je d'une voix rauque. Par Merlin ... D'anciens Mangemorts de sortie et la Marque des Ténèbres qui apparaît lors de la Coupe du Monde de Quidditch, un vieil Auror fou qui nous fait subir les sortilèges Impardonnable, un ancien Partisan de Voldemort arrive à Poudlard, amenant avec lui une foule d'élève racistes, et puis il y a le Tournoi des Trois Sorciers, avec toute les réjouissances que l'on connaît – le dragon, le bal, des choses comme ça ... Et maintenant quelqu'un me menace de me faire renvoyer, et pire, de me brûler ? Est-ce que j'ai le droit de dire qu'il y a quelque chose qui cloche ?
Simon me regarda un instant de haut, un sourcil relevé.
-Est-ce que tu viens de mettre le dragon sur le même plan que le bal ?
-Oh Seigneur, Simon ..., soupira-je avec un certain agacement, consternée qu'il n'ait retenu que cela.
-Non parce que me concernant, le bal c'est bien pire que le dragon.
-Simon ! Est-ce qu'on peut se recentrer sur le sujet ?
Mais la remarque m'avait arraché un sourire tenu, ce qui parut le satisfaire. Il se laissa tomber à côté de moi, un coude posé sur son genou replié. Son nez pointu se fronça sous a réflexion.
-Je reste persuadé que la meilleure des choses serait d'en parler à un professeur. Je sais que tu as peur de te faire renvoyer, ajouta-t-il en remarquant que j'ouvrais la bouche pour protester. Et je le comprends, c'est vrai que ce qui s'est passé ce soir là, c'est moche. Mais de une, on ne va pas se mentir, Selwyn l'avait bien mérité, et de deux, tu ne contrôlais rien, ce soir là. Tu avais peur, tu étais sans défense, alors ta magie t'a protégée, et c'est quelque chose de naturel sur laquelle tu n'avais aucun contrôle. Ce n'est pas plus de ta faute que celle de Selwyn, et je pense que c'est pour ça qu'ils ne te renverront pas.
Il désigna le morceau de parchemin que je serrais toujours dans mes mains.
-Je ne sais pas si ce sont de vraies menaces, ou si elles sont juste là pour te faire peur. Je dis juste qu'elles te feraient moins peur et qu'elles seraient moins dangereuses si tu savais que les professeurs sont de ton côté. Une, ça peut être un accident, surtout que le premier message était assez vague. Deux ? Et aussi explicite ? On ne va pas se mentir, Vicky, ça commence à être inquiétant.
-Je le sais bien, et c'est pour ça que je suis venue t'en parler. Je n'arriverais pas à gérer ça toute seule ... Mais en parler aux professeurs ... Simon, je ne travaille pas si dur pour être renvoyée maintenant ...
Il me jeta un regard contrarié, avant de river ses yeux sur le parc que découpaient les arcades devant nous. Le couloir s'était considérablement vidé, tout le monde étant parti déjeuner. La seule chose que nous vîmes c'est un groupe de fille traversant le parc, pointant du doigt Viktor Krum qui remontait vers nous de sa démarche gauche. Je me demandais vaguement quelle serait la réaction de ces filles si elles savaient que j'avais pu échanger deux mots avec lui.
-OK, d'accord, on attend pour les professeurs, céda Simon avec un soupir. C'est ton affaire, c'est toi qui décides. Mais en attendant, si tu viens m'en parler pour t'en contrefoutre de ce que je dis, je ne vois pas en quoi je te suis utile.
-En rien, Bones, tu le sais bien. Je ne fais ça que pour le plaisir de t'embêter.
Mon ton ironique arracha un sourire à Simon. Je me sentis me détendre progressivement, maintenant que l'on parlait posément et que je n'étais plus en train de courir partout avec la peur au ventre. Je posai la main sur ma gorge pour sentir un pouls toujours élevé, mais qui battait de manière moins brusque contre ma peau.
-En tout cas, j'avoue être assez d'accord avec toi, reprit finalement Simon. Cette année commence assez sinistrement. Plein de signe qui brillent, mais je n'arrive pas à les relier entre eux. Quant aux menaces ... Vicky, retour en quatrième année !
-Oh non, gémis-je en me prenant le visage entre les mains. La surveillance ?
-Exactement. Je serais contrarié que mon souffre-douleur ne brûle de manière inopinée, contre qui je m'énerverais, après ? D'autant plus que j'ai besoin que tu vives assez longtemps pour accomplir ma vengeance.
Un sourire espiègle se dessina sur les lèvres de Simon, et je me mis à craindre le pire. Simon était bien plus sérieux que moi – sarcastique, mais sérieux. L'espièglerie, c'était ma partie, et ce n'était jamais bon quand Simon s'y mettait.
-Tu as trouvé ? devinai-je en remarquant la lueur satisfaite qui brillait dans ses yeux verts.
Mon déplaisir devait être évident, car le sourire de Simon s'agrandit.
-J'ai eu un éclair de génie ce matin. Ça fait deux mois que je cherche quelque chose capable de te mettre dans une rage infinie, de te coller une honte telle que tu en oublieras le cinq novembre, quelque chose que tu n'oserais même pas raconter à Alex.
-Oh Seigneur, que Selwyn vienne me brûler, vite ...
-J'ai donc décidé que j'allais aller au bal avec toi.
L'information mit un long moment à se frayer un chemin dans mon esprit ô combien agité. Puis lentement, mais sûrement, elle prit forme et se développa, s'insinuant en moi tel un poison qui me glaça les veines. Je sentis mon visage se décomposer et jetai un regard éperdu à Simon. Un fin sourire sadique s'étirait sur ses lèvres.
-Et oui, Bennett. Le bal est déjà une épreuve en soi, pour toi : une soirée entière en robe et talon, apprêtée comme une vraie fille à devoir danser – tout ce que tu ne sais pas faire, donc. J'ai réfléchi à la façon de te rendre la soirée encore plus pénible, et j'ai eu l'idée de t'imposer ma présence.
-Hors de question, articulai-je dans un filet de voix. Je n'irais pas.
-Et tu penses qu'Emily va te laisser ne pas y aller ? s'esclaffa moqueusement Simon. Et Cédric, on en parle ? Il aura besoin de ton soutien pour ouvrir le bal ... Tu seras obligée d'être là, Victoria, et je te collerais comme toi tu m'as collé à la répartition en première année. Et je te forcerais à danser devant tout Poudlard aussi – et tu sais très bien ce que je suis capable de faire si tu refuses. Ce sera soit tu danses avec moi, si je te fais danser seule sur la piste avec un sortilège. Ne me tente pas, Vicky, je suis déterminé.
L'image qui prenait forme dans mes pensées était absolument effrayante. Le sourire de Simon s'agrandit alors que l'horreur se peignait sur mes traits.
-Alors ? susurra-t-il tandis que je lui jetai le regard le plus féroce que possible. Ne suis-je pas un génie ?
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