Quand Une Discussion Tourne au Vinaigre
Ophélie était en train de lire Black Butler en écoutant Akaki Hitsuji Ni Yoru Bansankai lorsque son téléphone sonna.
C'était Luna.
Elle coupa le son de son ordinateur et laissa tomber son manga avant de décrocher.
-Allô ?
-Ophélie, l'heure est grave.
-Quel est le problème ?
-As-tu entendu parler de cadavres décapités qui veulent ta mort parce que t'es un vampire ?
-Hein ?
-Bon, j'ai rien dit, laisse tomber, à plus !
-Attend, c'est quoi cette histoire de-
Luna raccrocha avant que la jeune fille n'ait eu le temps de finir sa phrase, la laissant soupirante et chamboulée.
D'où elle sortait, cette histoire de cadavres ? Qui lui avait raconté ça ? Est-ce-que ceci était vraiment susceptible de l'atteindre ? Après quelques secondes de cogitation, elle décida d'aller discuter de cela avec sa mère.
Marie-Antoinette était assise à l'envers sur le canapé, les jambes sur le dossier et le dos sur l'assise, en train de lire un livre sur la Révolution Française en grognant :
-J't'en foutrai du Madame Déficit !!
-Euh... maman ?
La vampire se retourna et se releva avec un léger sourire en envoyant le livre par terre.
-Oui, quel est le problème ?
-Tu sais quelque chose à propos de cadavres décapités qui nous voudraient du mal ?
L'ancienne reine française ouvrit de grands yeux ronds, mais ne répondit pas tout de suite. Ophélie soupira. Ça y est, elle avait sa réponse, même si Maire-Antoinette n'avait pas l'intention d'éclairer l'esprit de son enfant à la base.
-Maman...
-Hm... Moins tu en sais sur eux, mieux c'est, crois-moi.
-Pourquoi ?
-Plus on en sait, plus ils sont susceptibles de nous tomber dessus.
-C'est une technique pourrie pour signifier que tu ne sais rien ?
-Je sais très bien de quoi il s'agit, t'en fait pas. J'ai dû affronter ces machins, tu sais. Plus sérieusement, ils sont tout aussi dangereux que ce quartier de cathos extrémistes pour nous s'il apprenait que nous sommes des vampires !
Ophélie soupira. Elle n'avait jamais compris pourquoi ses parents, en particulier sa mère, avaient tenu à vivre au milieu de ce genre de personnes aussi ouverts d'esprit qu'un vieux cercueil. Peut-être parce que, de son point de vue, un tel lieu de résidence les tenait à l'abri de tout soupçons si quiconque se doutait de leur nature... À la limite, son père ne s'en plaignait pas trop, il était même souvent de leur avis quant aux goûts musicaux et vestimentaires et sa fille, jugé trop provocateurs et associables au démon. Sa mère par contre, ne s'y plaisait absolument pas, au point où les deux vampires s'amusaient énormément en se moquant du voisinage.
Marie-Antoinette reprit contenance en quelques secondes et demanda :
-Qui t'as parlé de ça ?
-Luna, mais malheureusement je n'ai pas réussi à en obtenir plus d'elle.
-Ça, ça pue la merde...
L'ancienne reine de France sembla plongée dans une intense réflexion pendant quelques instants, avant de sortir :
-Il va falloir qu'on disparaisse. Je connais quelqu'un qui pourrait nous loger, seulement...
-Seulement quoi ?
-Ça va te faire un choc, et... Oh et puis merde !!
-Votre majesté, enfin, quel est donc ce langage, ricana Ophélie ?
Elle ne répondit pas à la raillerie de sa fille et composa un numéro sur son portable. Dès la 3e sonnerie, elle dit :
-Allô Hélène ? Ici Toinette.
Ophélie ouvrit de grands yeux.
Hélène ? C'était le prénom de la mère de Luna, ça ! Mais pourquoi sa propre mère, qui la connait bien, s'était-elle présenté à elle sous le nom de "Toinette" alors que l'identité qu'elle avait adopté était celle de Mme Mariane Grimm... ? Surtout qu'à cette heure, Hélène devait être au travail !
-Oui, j'ai effectivement besoin de toi. J'aimerai que tu nous loges momentanément, moi et ma fille. Oui pas de soucis, j'attends.
Elle se tourna vers la jeune rouquine.
-Quoi ?
-Toinette ? Vraiment ?
-Hm... C'est compliqué... N'empêche, je t'avais dit que cela te ferait un choc.
-Mouais...
Au moment où Marie-Antoinette recommença à dialoguer avec Hélène par le biais du téléphone, le père d'Ophélie entra, l'air froid, et énervé quand il posa les yeux sur l'adolescente.
-Alors ? Ah, ça... Les décapités trainent dans le coin, et vu que tu as les faveurs des démons, ça m'arrangerait que tu nous héberges... Bah, c'est-à-dire que je préfèrerai que le seul enfant qu'il me reste soit en un seul morceau, donc...
-Maman, fit la jeune fille d'une voix hésitante ?
M. Grimm regardait sa femme d'un air plus choqué que surpris.
-Pas tout de suite Ophélie, tu ne voies pas que je parle ? Donc nous disions ? Oui, pas de soucis, j'arrive dans une heure tout au plus. Oui, c'est ça, bisous.
Elle raccrocha et se retourna, faisant face à la tronche de carpe de son mari et l'air effrayé de sa fille. L'ancienne reine de France prit les choses en mains :
-Chéri ? Tu peux te rapprocher s'il te plait ?
-S-s-s-sa... sa...
-Sa-quoi mon amour ?
Le ton de la vampire était doucereux, enjôleur, presque hypnotisant. Cependant l'humain ne céda pas à l'hypnose et se précipita hors de chez lui en hurlant :
-SATANISTES !!!
Son interlocutrice soupira :
-Je savais qu'il était débile, mais à ce point quand même... Bon, Ophélie, tu vas me préparer des vêtements pour une semaine et prendre la petite valise qui est dans le double-fond de mon armoire. En ce qui te concerne, prends tout ce que tu veux. Dans trois quarts d'heure grand maximum, je veux que tu sois au centre du salon, compris ?
-C-compris.
Et tandis que la demoiselle obéissait à sa mère, cette dernière sortit voir ce qu'il se passait à l'extérieur. Une foule immense de personnes était réunie sous ses yeux, probablement tout le quartier. Dès qu'elle sortit, elle fut accueilli par la voix mélodieusement dissonante d'une femme hurlant :
-C'EST ELLE !!! LA PUTAIN DU DIABLE !!!
Marie-Antoinette éclata de rire.
-Ce qu'il ne faut pas entendre !
-TA GUEULE SALOPE, hurla son mari. TU M'AS TROMPÉ !!!!
-Plait-il ?
-LA GAMINE EST MÊME PAS DE MOI !! C'EST LA FILLE DE SATAN !!!
-Non... Ne me dit pas que...
-Et si !! Je suis allé faire un test de paternité ! Et il se trouve qu'en plus du fait qu'Ophélie ne soit pas ma fille, elle possède un ADN légèrement différent de celui d'un humain normal !!
L'Autrichienne se retint de l'insulter, inspira profondément et répondit :
-Vous tous, bande de plébéiens... Ce n'est pas ainsi que l'on s'adresse à votre reine.
Un immense cri de protestation parcourut la foule, faisant rire la vampire qui s'exclama, ragaillardie par son effet sur les hommes :
-Je suis Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France et de Navarre de 1774 à 1791. Et aujourd'hui, je vais vous apprendre l'oubli !!
En quelques secondes, profitant de la stupeur des humains, elle capta le plus de regards possibles et lâcha une sorte de cri guttural, plongeant une bonne partie de la foule dans une étrange torpeur qui les fit choir. Elle recommença sur les quelques personnes restantes, pour s'échina à tous les rentrer chez eux.
Un massacre si important dans une si petite bourgade aurait créé trop de remue-ménage pour qu'elle puisse espérer passer inaperçue.
Dès qu'elle eut fini, elle rejoignit Ophélie, qui en plus d'avoir obéi à ses ordres semblaient avoir décidé de vider l'intégralité de sa chambre. Les deux vampires rangèrent les valises dans le coffre de la voiture de la mère, puis elles quittèrent un quartier calme et silencieux dans lequel elles se promirent de ne plus jamais entrer.
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