Double Fin
Ce jour-là, Hélène s'était réveillée à 7h. Même pour elle, c'était tôt. Les fils d'Arsenic et une ado aveugle étaient arrivés dans la journée, peu après l'arrivée de Wolf à la maison. Ils étaient allés directement à la cave. Elle n'avait jamais entendu Arsenic autant crier de joie. La veille, Colombe avait également laissé un message dans sa boite aux lettres. Elles devaient se rendre aux bois le plus proche à 16h maximum.
Elle avait un coup de fil à passer. Oh, bien sûr, elle avait réglé tout ce qui concernait l'avenir de Luna, mais sa dernière investigation l'avait amené à des conclusions étranges. Elle avait fait des recherches sur une maison des automates, où elle avait remarqué une forme de présences non-humaines. Elle ignorait de quels êtres il pouvait s'agir, mais elle ne vivrait pas assez longtemps pour le savoir. Elle chercha un contact dans sa liste, qu'elle décida d'appeler malgré l'heure plus que matinale. Le téléphone sonna dans le vide pendant très peu de temps :
-On peut savoir pourquoi tu m'appelles à cette heure, fit une voix masculine à l'autre bout du fil ?
-C'est quel jeu cette fois Lorenzo, ricana-t-elle ?
-Five Nights At Freddy's Sister Location, capitula ledit Lorenzo.
-T'as dormi cette nuit ?
-Hm... Non. Bon, quel est le problème ?
-J'ai une maison sur laquelle j'aimerai que tu te penches. C'est une sorte de musée dirigé par une gamine de 19 ans.
-Quoi, tu veux savoir si ce qu'elle fait est légal ou quoi ?
-Non, j'ai senti des... trucs quand je suis allée visiter cet endroit.
-Et tu ne peux pas aller voir toi-même ?
-À vrai dire, je ne vivrai pas assez longtemps pour m'en occuper. C'est pour ça que je veux que tu t'en occupes. Ça ne te dérange pas ?
-Attend, comment ça tu vas mourir ?
-C'est une longue histoire, mais cet appel est le dernier que tu recevras de moi. Évites de chercher ce qui m'a tué, d'ailleurs, ça vaudrait mieux pour toi.
-Minute, et on devient quoi, nous, si t'es pas là ?
-Les Seigneurs de la Nuit ? La direction revient à Night de Cyanure, pourquoi ?
-... Tu me fais un canular, c'est ça ?
-Non, pas du tout.
-Alors comment ça se fait que tu soies aussi calme ?
-En temps que directrice de notre organisation je suis habituée à cette éventualité, j'ai le temps de me faire à l'idée que je risque de mourir à tout instant.
-Hélène, bordel...
-Lorenzo, si tu veux me rappeler, c'est avant 16 heures. Après ça, c'est fini pour moi, donc ce ne sera même plus la peine. Ok ?
Avant d'attendre sa réponse, elle raccrocha. Lorenzo Chester avait été son apprenti alors qu'il venait tout juste de rentrer dans l'association. Elle savait qu'il était attaché à elle, mais elle avait préféré attendre avant de lui annoncer sa mort prochaine. Elle inspira à fond et se leva en essayant de ne pas réveiller Marie-Antoinette, qui dormait juste à côté d'elle. Cette journée était censée être magnifique. Mais avant cela, elle devait se préparer.
Pour une fois qu'elle allait passer des heures dans la salle de bain...
Marie-Antoinette s'éveilla environ une heure après son amie. Ne la voyant pas à ses côtés, elle se leva et commença à arpenter la maison pour la chercher. Elle regarda dans le salon, pour commencer. Ophélie et Luna étaient endormies aux côtés de deux hommes qu'elles ne connaissaient pas, enfin, qui ressemblaient plus à des démons que des humains. Il y avait un autre homme, aux cheveux blancs, cette fois-ci, mais celui dormait sur le canapé plutôt que sur un duo de matelas à même le sol, comme les autres. Mais le spectacle ne lui plaisait pas. Elle se racla la gorge et hurla :
-DEBOUT !!!
Ophélie se réveilla en sursaut et lui sourit :
-Bonjour maman !
-Bonjour, Marie, renchérit Luna en baillant.
-Qui c'est celle-là, demanda un des deux hommes, celui qui portait un costume vieux de deux siècles et dont les yeux rouges étaient identiques à ceux d'Arsenic ?
L'autre homme, celui aux yeux verts, se redressa d'un coup et s'approcha de Marie-Antoinette avec une rapidité surprenante, pour saisir son visage entre ses mains et le tourner dans tous les sens, tout doucement. Cela fit rire l'autre jeune homme.
-Laissez tomber, madame, Seth est toujours comme ça, il veut juste dessiner votre visage.
-Comment ça, rétorqua la vampire ?
-Une véritable Habsbourg, marmonna l'étrange jeune homme en continant de lui observer le visage.
L'homme aux cheveux blancs semblait encore dormir. Elle mit un peu de temps à le reconnaitre, mais dès qu'elle sut qui il était, elle se tendit, sans rien laisser paraitre. Le dénommé Seth finit par s'asseoir sur un fauteuil, un crayon et un carnet à la main et se mit à dessiner frénétiquement. Marie-Antoinette ne dit rien et continua de chercher Hélène.
En frappant à la porte de la salle de bain, elle entendit la voix de son amie qui lui disait qu'elle n'était pas encore prête. Elle décida de l'attendre.
Hélène sortit de la salle de bain déguisée en lolita pastelle, un grand sourire aux lèvres.
-Comment tu me trouves, fit-elle avec un grand sourire ?
-Non mais tu déconnes, là, j'espère ?
-Mais c'est joli, non ?
-C'est le dernier jour de ta vie et tu te déguises en cosplay de My Little Pony ?!
-J'ai toujours rêvé de faire ça !! Ma puce à moi me dira que je suis jolie, elle !!
-Si tu veux, si tu veux...
Hélène sautilla comme une fillette jusqu'au salon, laissant Marie-Antoinette faire son voyage dans la salle de bain.
La journée qui suivi se déroula sans problèmes. Luna et Hélène n'avaient jamais été aussi proches. Marie-Antoinette et Ophélie non plus. Elles étaient toutes les quatre plus unies que n'aurait pu l'être n'importe quelle famille moyenne. Et ce pour une bonne raison : elles se retenaient de pleurer.
Elles avaient regardé un film en mangeant des pop-cornes, s'étaient récité quelques histoires, avaient fait un karaoké-Metal complètement déjanté, avaient cuisiné un véritable festin de sucre et avaient même fait un tournoi d'escrime à cuillères en bois.
Cependant l'heure arrivait. Hélène était étonnée de constater que Lorenzo n'avait pas rappelé. Elle sentait son estomac se nouer lorsqu'elle regardait l'heure qui passait. Elle soupira et se dit que tout irait bien. Il était 15h30. Elles n'allaient pas tarder à partir.
Elle entendit la sonnerie de la porte d'entrée.
-J'vais ouvrir, avait répondu Lucius.
La porte ouverte laissa apparaitre un jeune homme aux cheveux blonds mi-longs réunis en queue de cheval, vêtu d'un t-shirt Dimmu Borgir, d'un jean noir et de rangers. Il avait un sourire charmeur :
-Salut ! Je viens voir Hélène.
Cette dernière soupira et demanda à Lucius de lui laisser la place :
-Tu m'expliques ce que tu fous là Lorenzo ?
-Je venais te dire au revoir, à vrai dire, répondit-il d'un ton contrit.
Hélène soupira :
-Y a pas assez de monde à la maison, après tout... Allez, entre, je te paie un café.
-Si je puis me permettre, tu es très élégante. T'as acheté ça sur je-vomis-des-arcs-en-ciel.com ?
-Va te faire, mon vieux.
-LORENZOOOOOOOO, hurla Luna en lui sautant dessus !!
-Salut la goth, ricana le jeune homme !
Ophélie sauta à son tour sur Lorenzo, qui finit les fesses au sol en riant. Lucius les regardait d'un air blasé, Seth dessinait portrait sur portrait de Marie-Antoinette et Damian n'était pas là, occupé à apprendre à lire à Victoria, tout comme Marie-Antoinette qui était occupée dans sa chambre.
À 15h45, après une conversation amicale autour d'un café, Hélène fit ses adieux à tout le monde. Arsenic sortit de sa cave pour dire au revoir aux deux femmes, pour la première fois de la journée. Elsa et Night l'imitèrent. Elles eurent droit à des adieux aussi simples que sincères, avant de quitter la maison pour la dernière fois, main dans la main.
Marie-Antoinette était angoissée, se retenant de pleurer. Ses pensées tournées en rond, son estomac était noué. Hélène serrait la main de son amie pour faire passer son stress. Elles arrivèrent rapidement en forêt.
Il n'était pas encore 16h, Colombe n'était pas là. L'Autrichienne murmura :
-Je... Je ne veux pas mourir... MERDE !!!!
-Hé, calme-toi, ce sera vite fini, lui répliqua Hélène d'une voix tremblante.
Elles restèrent silencieuses quelques secondes, puis l'humaine demanda :
-M'accorderez-vous une danse ?
Marie-Antoinette la regarda bizarrement, mais accepta, se disant que cela la calmerait un peu.
Elles entamèrent une valse, maladroite, mais pleine d'espoir, continuant leur petite danse, laissant s'échapper des minces sourires, contrastant avec la situation.
Elles furent surprises dans leur danse par Colombe et Swan. La première leur sourit :
-Bonjour, prêtes pour votre dernier voyage ?
-Bien sûr, répondit Hélène.
Elle remarqua Swan, les yeux dans le vague, et lui sourit. Cette dernière baissa les yeux, l'air malheureuse. Marie-Antoinette regarda successivement les deux femmes, intriguée. La déesse-colombe regarda Swan :
-C'est à toi de les tuer, je t'en prie, amuses-toi.
La déesse-cygne sortit un pistolet et s'approcha des deux femmes. Elle pointa son arme devant le visage d'Hélène, les yeux brouillés de larmes. L'humaine lui sourit :
-Vas-y, je ne t'en veux pas.
Swan baissa les yeux et tira. Elle n'aimait pas ter les humains. Elle les trouvait trop faibles pour pouvoir se défendre seuls, en tuer revenait à s'en prendre à un chaton pour elle. Marie-Antoinette sursauta à cause du coup de feu, regarda le cadavre de son amie au sol, les joues baignées de larmes. Elle laissa s'échapper un cri de douleur qui fut interrompu par un nouveau coup de feu qui causa sa fin.
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