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Chapitre 56

« Une aube apparait, elle est encore bien grise. »


Le buste de la Couronne repose sur un socle en marbre placé au centre de la grande place. Son visage est figé dans une expression d'horreur dont les enfants se moquent, encouragés par leurs parents qui leur racontent comment ils l'ont attrapé alors qu'il tentait de prendre la fuite et décapité en ces lieux mêmes. La plupart des bourgeois scrutent ce nouveau monument avec dégoût et font mine de ne pas s'en formaliser, les autres, ex-partisans de la Couronne, passent le plus clair de leur temps cloitrés chez eux par peur des représailles. Quelques-uns, profitant de la réouverture du Portail, se sont éclipsés le temps que la situation s'apaise. Plus de la moitié des membres du Conseil ont été assassiné durant la Révolte, le reste est désormais prisonnier de la tour excepté deux d'entre eux qui, ayant toujours tenu tête à l'ancien régime et tenté d'apaiser les tensions, ont été épargnés. On aura besoin de personnes qualifiées pour redresser l'économie et se charger de multiples affaires complexes. La destruction de la salle du Conseil a cependant signé son arrêt de mort. Ce simple mot est presque bannit de la Cité.

Durant les deux derniers jours ont eu lieu toutes sortes de festivités, plus folles les unes que les autres. Les anges ont l'air d'avoir perdu la tête, bien que certains soient restés lucides tels que les parents de Lahela qui ont emménagés dans une vieille ferme abandonnée. La répartition des champs et des maisons n'aura lieu que dans plusieurs semaines, ce n'est pas la priorité absolue, cependant les anges sont libres de s'approprier une nouvelle demeure à condition que celle-ci soit inoccupée.

A l'aube du troisième jour, la pression redescend un peu ; on commence enfin à se préoccuper des morts. Je m'en suis rendue compte hier soir, en regagnant mon ancienne chambre. Des fractions de familles parcouraient le Palais à la recherche de ceux qui leur étaient chers, à la fois soucieux et morne. Je suppose qu'il est difficile d'envisager que ceux qu'on aime sont plus que disparus... mais en vérité je sais très bien ce qu'ils ressentent.

Je connais ça...

Fermant les yeux et profitant de la douceur du soleil levant j'inspire profondément et rejoins Théo sur le « balcon du monde ». Le soir du bal il m'avait dévoilé que cet endroit avait été construit sous le règne d'un Roi qui le soir pouvait y contempler les étoiles et le matin l'horizon.

Ce paysage interminable t'appartient, Théo, mais tu ne le sais pas encore.

Il me tourne le dos, accoudé au rebord du balcon. Je devine ses mains entrelacées et ses doigts qui se tortillent entre eux. En m'entendant approcher sa silhouette pivote vers moi et le contre-jour du soleil levant m'empêche de distinguer ses traits durant une fraction de seconde.

- Tu es venue, dit-il.

- Oui. Tu me l'as demandé. Et puis, tu préférerais que je reste dans ma chambre à contempler le tableau ? C'est mieux de voir les choses en vrai.

Il esquisse un léger sourire qui m'en arrache un à mon tour.

- Alors ? Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

- On va se baser sur un système plus démocratique, tout le monde aura le droit de vote. On élira un chef qui sera démit de ses fonctions s'il ne satisfait pas la population, bien évidemment il aura des conseillers mais...

- Quoi ?

- Il faudra trouver d'autres noms.

- Comme « ministres » ou « députés » ?

- Ouais. Un petit plagiat des gouvernements actuels terrestres tu veux dire ? Mais je ne suis pas convaincu pour « président ». Une suggestion ?

- Mmm... Chancelier ?

Théo hoche la tête d'un air pensif.

- Je ferais la proposition au peuple, ce soir je parlerai sur la place.

- Est-ce que... Théo tu sais que c'est toi qui seras élu ?

- Ce n'est pas encore fait, et sincèrement je ne sais pas si ce serait une bonne chose. Je suis jeune, je...

- Tu as vécu la plus grande partie de ta vie au Palais, à étudier l'art de la guerre et de la politique. C'est toi qui as guidé le peuple lors de la Révolte !

- De toute façon ce n'est pas d'actualité, me coupe-t-il d'un air agacé. Pour le moment on sera plusieurs à décider et nos voies auront valeurs égales. Je pense qu'on aura besoin des deux derniers membres du Conseil, mais je ne suis pas sûr que les gens acceptent. Sinon je compte aussi sur quelques gars qui ont combattus la Couronne... Lahela quant à elle n'est pas du tout intéressée. Enfin bref...

Théo recule de quelques pas et rive à nouveau ses yeux vers la campagne, puis la forêt. Soudain je revois Yanis fixant la mer, les mains appuyées sur la rambarde de l'Epave des Flots. Ces deux images sont si proches et pourtant le contraste est saisissant. « Il me manque » je laisse échapper dans un souffle. Théo reporte son attention vers moi. Me sentant obligée de m'expliquer, je choisis cependant de ne pas rentrer dans les détails.

- Yanis. Après tout ce qu'on a vécu... toutes ces semaines passées ensemble, en cavale, à essayer de... d'accomplir quelque chose, pour une fois.

- J'comprends. J'comprends, Am. Tu n'as pas à te justifier.

- J'ignore où il se trouve en ce moment-même. S'il a réussi à regagner la Terre ou si...

- Je ne doute pas une seconde qu'il y soit parvenu. Il y a des gens comme ça qui trouvent toujours un moyen de se dépêtrer des filets, de repérer la faille et filer en douce. Du peu que je le connais, je sais qu'il en a rencontré des épreuves. Il s'en sort à chaque fois.

Théo me prend la main. Durant un instant je tente de me rappeler ce qu'il avait écrit dans sa lettre ; au moment où je l'avais lu Yanis avait compris et s'était éloigné. Je suppose que Théo doit ressentir la même chose quand je lui parle du démon. Ils s'opposent inexorablement, dans mon esprit. J'essaye encore et encore de les comparer jusqu'à trancher et savoir lequel me convient le mieux, en vain. J'ai l'impression qu'aucun des deux ne m'aura jamais, que je resterai seule pour toujours tandis que de leur côté ils vivront heureux et entourés de plein de personnes qu'ils aiment et qui les aiment. Ma pire angoisse. Si je finis seule... pourrais-je affirmer que j'ai raté ma vie ? Alors que j'ai vécu des moments d'une force que jadis je n'envisageais même pas ? Le bonheur est quelque chose de discontinu, j'ignore simplement s'il se mesure à sa pérennité ou à son intensité.

- Est-ce qu'on a retrouvé la main de la Couronne ? demandé-je en me souvenant du petit homme frêle à la tête de rat.

- Lucenzo ? Non. Il peut être n'importe où à l'heure qu'il est. Il aurait très bien pu s'enfuir par le Portail en se faisant passer pour quelqu'un d'autre.

- C'est ce qu'on espère, hein ? Qu'il soit loin d'ici...

- Ouais. Malheureusement j'en doute fort. Il y a des tas de couloirs et de pièces secrètes dans le Palais qui lui permettrait de nous espionner...

Théo se passe une main sur la tête, comme pour tenter d'essuyer la fatigue qui l'assaille, je remarque alors les gros cernes qui creusent son visage. Il n'a pourtant pas l'air de quelqu'un qui a fait la fête.

- Est-ce que tu vas bien ?

Il lève les yeux vers moi, des yeux couleur ciel quand il pleut. L'ange pousse un léger soupir et je me rapproche de quelques pas.

- Elle y est allée.

Il me faut un moment pour saisir le sens de ses paroles.

- Evelyne...

Je le regarde hocher la tête en serrant les dents, les paupières closes.

- Je lui ai demandé de nous promettre de ne pas nous suivre, elle nous a fait jurer d'être prudents, elle n'a rien promis du tout. Les documents que je cherchais sur toi n'étaient pas dans les appartements de la Couronne, j'aurais dû m'en douter. Elle, elle savait. Il va falloir qu'on m'explique, que tu m'expliques, parce que j'ai l'impression que tu en sais plus que moi. Miraculeusement ma grand-mère connaissait les dédales du Palais, elle y a trouvé ça, ajoute-t-il en sortant une chaine de sa poche soutenant un pendentif bleu saphir. Il appartenait à ma mère. C'est bizarre qu'elle l'ait déniché en plein cœur du Palais, et c'est d'autant plus bizarre que ce soit du saphir, car il s'agit de la pierre la plus appréciée dans les mariages de la haute noblesse paradisiaque. Il y a avait aussi plusieurs documents, mais vois-tu ils étaient tachés de sang et elle n'a pas eu le temps de m'en parler. Elle est gravement blessée... je crois qu'elle ne s'en sortira pas.

De la colère, de la tristesse, de la force, aussi, percent dans sa voix. Moi je n'ai qu'une envie, m'écrouler par terre et pleurer toutes les larmes de mon corps. Tout cela me dépasse, j'aimerais crier que je ne suis qu'une adolescente mais je ne peux pas me le permettre. Pas maintenant.

- On doit aller la voir, toi et moi, dit-il.

- Oui. Mais avant il est temps que tu saches quelque chose...

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