Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 51

« Je vous demande de continuer à chanter avec moi sur les routes du monde où vous êtes en chemin. Préparons-nous à des retrouvailles merveilleuses. »


Lorsque les premiers rayons de soleil ont pénétré dans la maison, je me suis dirigée vers la cuisine à la recherche du lait et des noix de Lombi. Comme l'avait indiqué Cristina, ces fruits secs étranges reposaient sous la fenêtre. Les bouteilles de lait étaient quant à elles enrobées dans un tissu très épais grâce auquel il n'y avait nul besoin de chauffer le liquide. J'ai ouvert de mon mieux une noix et de la poudre s'en est échappée, elle a aussitôt coloré le lait en mauve. Perplexe, j'ai préféré en rester là dans les quantités et goûter à ce fameux mélange ; c'était une sorte de mixage fait d'un brownie chocolat-noix et de lait, pas si mauvais après tout. Une fois mon bol vidé je l'ai posé au fond de l'évier puis j'ai bouclé mon sac-à-dos et je suis partie. En m'éloignant de la maison j'ai senti mon cœur se serrer à l'idée de quitter une nouvelle fois des personnes que je ne reverrai sans doute jamais. Cette famille m'a rappelée que j'en ai une, et que celle-ci m'attend depuis plusieurs mois, se décidant peut-être à admettre que je ne suis plus de ce monde. Ils n'ont pas vraiment tord... mais en songeant une seule seconde qu'ils puissent s'être résolus à cesser les recherches, à m'abandonner à mon sort... Je me souviens leur avoir écrit une lettre en partant, je crois que je leur ai dit que j'allais en vacances avec des amis, sans aucun moyen de les joindre. M'absenter de la sorte juste après la mort de Loana n'a sûrement pas laissé les gens de marbre. Les habitants du village pensent-ils qu'on m'a assassinée, moi aussi ? Je ne suis pas pressée de retourner là-bas...

Mais est-ce que je suis plus enthousiaste à l'idée de revenir à la Cité ? Dans quel état vais-je la retrouver ? Jacques m'a décrit un décor apocalyptique. En outre je me doute bien que Théo et Lahela n'ont pas été épargnés par ces évènements.

Préoccupée, je poursuis mon chemin qui se fait de plus en plus net. Les arbres se distancent peu à peu, une herbe sèche s'élève du sol et s'étend à perte de vue tandis que des oiseaux chantonnent du haut de leurs perchoirs.

Quand le soleil domine le ciel, comme cela était prévu, je distingue des petites collines au-delà desquelles je devine des champs par centaines. En les traversant je ne croise pas un chat, la plupart des maisons ont l'air vides, certaines sont barricadées ou d'autres encore semblent... démolies. L'inquiétude me gagne, que s'est-il passé ? Jacques ne m'avait pas prévenue, en même temps il m'a avoué ne pas s'être rendu à la Cité depuis une dizaine de jours du fait de la tension montante. En reconnaissant la propriété des Hernandez je m'arrête brusquement, stupéfaite. Il y a encore les chevaux dans les champs, les légumes affluent, débordent, s'entassent les uns sur les autres... or la maison, elle, n'est plus qu'un tas de cendre et de poutres en bois carbonisées. Je plaque une main contre ma bouche, m'empêchant de pleurer, crier ou je-ne-sais-quoi. A vrai dire c'est inutile, car le spectacle me laisse sans voix. C'est une scène de dévastation. Je résiste à la tentation de m'approcher pour constater les dégâts et me force plutôt à m'en aller le plus rapidement possible au cas où j'attirerais l'attention d'un garde effectuant sa ronde.

Un mot martèle mon crâne : « Pourquoi ? ». Les parents de Lahela étaient des gens biens, ils ne faisaient de mal à personne et ne représentaient pas le moindre danger. Je devine que leur fille en a subi les répercussions, à moins qu'elle ne soit elle-même la source de leur problème. Je me contente d'espérer qu'ils se portent bien malgré les doutes qui s'ancrent en moi.

Je sors un plaid de mon sac et l'arrange à la façon d'une longue cape à capuche. J'ai sûrement l'air d'une vieille sorcière ; mon sac-à-dos fait croire à un dos bossu, or cela est nécessaire si je veux passer incognito.

Il ne me reste qu'un endroit où aller : chez Evelyne. Je lui fais confiance et j'espère qu'elle a été assez maline pour s'éviter des ennuis.

En pénétrant dans la ville je constate que Jacques avait raison : des affiches parsèment les murs, certaines flottent au vent tandis que les clous demeurent figés dans la pierre. A voir quelques stands disséminés à droite à gauche, proposant des vêtements de seconde main, de la poterie grossière et de la nourriture dégageant une odeur familière, je devine que c'est le jour du marché. Exceptés des commerçants téméraires qui sont surtout contraints de se tenir là pour vivre ainsi que des acheteurs bravant cette période difficile, les rues sont désertes. La plupart des regards sont rivés vers le sol, à cause de la peur, l'abattement, la tristesse, la méfiance... La marée est montée et a recouvert le sable terne qui attendait patiemment le retour du soleil, un drap ténébreux a enseveli la Cité. Les blocs de marbres qui me glaçaient d'effroi ont été noircis par la fumée qui s'est élevée des abris des résistants. J'ose croire qu'ils ont pu fuir quelque part, se réfugier chez un ami partageant les mêmes idéaux... Peut-être que certains ont eu la présence d'esprit de tenter un petit séjour dans le Paradis Perdu ? Mais je n'ai croisé personne et en me rappelant de la surprise de Jacques et Cristina quand j'ai frappé à leur porte je suppose que les anges n'ont pas passé en revue leur préjugé.

En progressant dans la ville je commence à reconnaitre des lieux que j'avais déjà visités, notamment lors de ma petite balade effectuée suite à mon départ précipité du Bistro Parisien. Les maisons sont serrées les unes contre les autres, on dirait qu'elles essayent de se monter dessus. Le long des murs grimpe du lierre, grisâtre, comme enveloppé par un dépôt de cendre. Une touche de glace en plein été. Je sais que non loin de là se trouve un quartier italien, où tout se dégrade et tombe en ruine, sauf peut-être les valeurs et les principes. Mais avant cela il y a une porte devant laquelle j'aurais cru trouver Evelyne, remuant sa pâte à beignets. Avec une certaine appréhension je pénètre à l'intérieur de l'accueillante petite chaumière au plafond bas. Je pousse un soupir de soulagement en voyant la porcelaine intacte sur les étagères de bois, les quelques tableaux décorant les murs et le fauteuil bleu tonneau qui occupe une place importante dans le salon. Soudain un déclic se fait dans ma tête, ces tableaux ont également été peints par le vieillard, on y décèle des paysages étrangement féeriques et familiers à la fois. Je reconnais le ciel parsemé d'étoiles que j'ai vu à la sortie du lac, du haut de la petite colline sur laquelle il m'avait rejeté ; je suis certaine qu'il s'agit du même endroit, les constellations que je n'ai vu nulle part ailleurs se dessinent : le cheval au galop, l'aigle sous la grande couronne et la spirale, presque aussi hypnotique qu'en vrai. Sur le mur opposé je vois une autre peinture représentant la forêt marécageuse et les mystérieux trous d'eau grâce auxquels je ne suis pas morte de soif.

- Oh ! s'exclame une voix derrière moi.

Je me retourne en sursaut. Evelyne se tient face à moi, sa petite main à la peau tachetée lui barrant la bouche. J'ai du mal à saisir si elle est surprise de me voir, soulagée que je sois vivante ou plutôt horrifiée de me retrouver ici, au Paradis que j'ai fui il y a quelques semaines. Voyant qu'elle n'est pas prête de recouvrer sa voix et qu'elle n'a pas l'air de respirer je m'approche doucement d'elle et pose mes mains sur ses épaules. Aussitôt fait elle semble reprendre ses esprits et m'enlace de toutes ses forces. A cet instant j'ai l'impression d'être de sa famille, ou du moins une personne extrêmement importante à ses yeux ; pourtant je ne l'ai croisé qu'à deux reprises. Les moments passés avec elle ressurgissent toutefois comme un souvenir précieusement sauvegardé dans ma mémoire. C'est surtout des mots qui me reviennent : « Tu es un cœur qui commence à tomber amoureux », de qui ? « L'héritier, bien sûr » avait-elle répondu avec impertinence et malice.

Finalement elle cesse son étreinte et recule. Elle observe ensuite chaque recoin de mon corps, pour se confirmer que je suis bien là, en chair et en os, et que je n'ai pas semé des bouts de moi-même en chemin... si, à vrai dire, j'ai perdu un morceau de mon âme, je songe en pensant à Yanis.

- Ambroisie...

- C'est bien moi.

- Comment ? m'interroge-t-elle mi stupéfaite mi accusatrice.

- Le Paradis Perdu, la Cascade.

- Je vois...

Alors comme ça elle savait... mais en regardant ses yeux bleus comme la mer des Caraïbes je me demande alors comment j'ai fait pour ne pas comprendre plus tôt.

- Vous êtes sa grand-mère n'est-ce pas ?

Evelyne affiche un sourire entendeur.

- C'est d'ailleurs vous qui lui avez appris pour la Cascade, la frontière entre les deux mondes. Peut-être pas de manière implicite, mais suffisamment pour que cela lui paraisse important et qu'il m'en parle sur le balcon, le soir du bal. Vous vous êtes sûrement arrangé pour qu'il le dise, inconsciemment, naturellement, car vous vouliez que je sache. Il est venu vous trouvez parce qu'il voulait m'envoyer une lettre alors vous avez échafaudé un plan pour tromper le Conseil. Que disait la première lettre ? « Celui dont tu crois que je parlais lorsque je t'ai dit que tu l'aimais » ? En vérité lorsque vous parliez d'héritier cela n'avait rien à voir avec Daniel. Il s'agissait simplement de votre héritier, de votre petit-fils, de...

- Théo est l'héritier du trône. Daniel n'est qu'un imposteur, même s'il l'ignore.

Je reste bouche-bée. Ai-je bien entendu ?

- Un peu avant la naissance de Théo, le Paradis entrait dans une situation de crise dont il n'est d'ailleurs toujours pas sorti. Des complots se tramaient à droite à gauche, des membres du Conseil voulaient évincer le Roi...

- Alors ils l'ont assassiné...

- Oui. Les partisans de l'actuelle Couronne. Or la Reine était enceinte et il s'agissait de ma fille. Elle courrait un risque trop important, quelle mère aurait laissé sa fille seule au beau milieu d'un Palais rempli de traitres et dirigé par des meurtriers ? Je savais qu'ils les tueraient tous les deux, alors nous avons conclu un accord : ma fille quittait le Palais et leur laissait l'enfant et aucun mal ne leur serait fait, ainsi ils auraient le contrôle sur l'héritier et s'arrangeraient pour qu'il ne succède jamais à son père tout en garantissant sa santé. Bien évidement je ne leur ai pas livré Théo. Quand il est né je l'ai caché ici, dans cette maison, et j'ai confié à ma fille le soin d'apporter au Palais un nouveau-né abandonné dans les ruelles les plus pauvres du Paradis ; là-bas les gens n'ont pas les moyens d'élever leurs enfants alors parfois, contre un peu d'argent, ils les confient à d'autres.

- C'est effroyable ce que vous dites. Vous avez acheté un enfant ? m'exclamé-je décontenancé.

- Pour sauver mon petit-fils, et parce que de toute façon ce bébé serait mort de faim ou aurait passé sa vie à faire la manche !

- Alors c'est vous qui avez élevé Théo ?

- Oui, ma fille s'est faite oublier sur Terre, elle est revenue quelques années plus tard. Elle vit pas très loin d'ici, sans les paillettes et les frous-frous personne ne la reconnait, tu sais... Je racontais à Théo que sa mère avait du travail sur Terre, qu'elle rentrerait bientôt... en fin de compte il ne l'a jamais considérée comme sa véritable mère, elle a toujours été distance, frêle, d'une fragilité agaçante. Après tout quand son mari est assassiné, qu'on doit abandonner son enfant et passer de Reine à simple bourgeoise... Je n'ai jamais reconnu ma fille et il n'y avait aucun moyen de l'aider, à part peut-être l'inviter à prendre le thé et discuter avec elle de choses futiles. Elle a fini par se remarier et avoir une fille et un garçon... mais son mari a succombé après un infarctus. Ma pauvre, elle ne s'en est jamais remise.

Comment s'en remettre, de toute manière ? La mère de Théo ne doit plus être qu'une folle à lier, et moi je lui reprochais ses regards tristes, compatissants ? Je l'engueulais parce qu'il disait s'en vouloir de me faire souffrir ? de ne pas être assez présent ? de m'abandonner ? Mais quel monstre je suis ? Comment ai-je pu être aussi bornée et croire aveuglément qu'il n'était qu'un enfant pourri-gâté ?

Tu fais du mal aux gens qui t'entourent, et puis tu ne sais RIEN ! Tu n'es rien de plus qu'une idiote qui croit que tout est acquis.

- Evelyne je suis sincèrement désolée pour tout ce qui a pu arriver à votre famille, cependant je suis certaine que l'on peut arranger quelques petites choses. Il faut que je vois Théo, est-ce que vous savez où il est ?

Lentement ses yeux se rivent aux miens, puis elle me fixe posément, sans attendre que je détourne le regard ou que je ne l'interroge pour qu'elle me fournisse une réponse. Elle s'apprête à le faire, il lui faut juste un peu de temps pour rassembler son courage.

- Eh bien, là où on laisse croupir ceux qui nous dérange... ou les objets encombrants...

- Une prison ou une décharge ?

- Une prison, dis-toi que ce n'est qu'une prison.

Ç'aurait pu être pire, mais j'espérais mieux.

- Donc je dois m'introduire dans une prison pour faire évader Théo...

- Et Lahela, la jolie Lahela est avec lui.

- Super...

- Ou bien tu peux rassembler leurs partisans et lancer l'assaut maintenant.

- De quoi parlez-vous ? demandé-je en haussant un sourcil.

- Durant ces dernières semaines ils ont parlé au peuple, ils leur ont révélé les plans de la Couronne et ont préparé une... révolution. Oui, une Révolution ! déclare-t-elle la tête haute. Les gens ont bien compris que c'est la Couronne qui envoie ses gardes brûler et détruire les maisons de ses opposants. La prison se remplie à une allure folle !

- Théo et Lahela avait prévu d'attaquer le Palais ? De renverser la Couronne ? Tous seuls ?

- Oui, je peux être fière de mon petit chou. (Evelyne ne peut s'empêcher d'afficher un très large sourire de satisfaction, elle a bien raison). Bon ! assez bavardé, maintenant ! Je peux t'aider à rassembler le peuple pour que l'assaut ait lieu ce soir, tu es l'Immortelle alors tu sauras les convaincre.

- Oh... ça faisait longtemps qu'on n'avait plus fait allusion à... ça, bredouillé-je en me souvenant que j'ai apparemment un don un peu spécial. Mais si vous dites que la prison est pleine de sympathisants, ne devrais-je pas plutôt aller les libérer ainsi que Théo et Lahela ? Je crains de ne pas être un bon chef pour une révolte. Et puis les gardes qui surveillent le Palais se comptent par centaines ! Si j'échoue mes amis croupiront jusqu'à la fin de leurs jours dans un cachot et des tas d'innocents mourront pour rien. Ils sont sûrement conscients des risques mais cela représente une trop grosse responsabilité pour moi seule.

Responsabilité, j'en connais un qui en avait plus qu'il ne le laissait entendre.

- Où est cette fameuse prison ?

Elle pince ses lèvres, comme si malgré tous les indices dont je dispose je n'arrive toujours pas à assembler les pièces du puzzle.

- La tour, voyons.

Evidement.

Contre toute attente je ne suis pas terrifiée à l'idée de me lancer de nouveau dans une mission impossible. A vrai dire je crois que lorsque j'ai vu la tour pour la première fois, j'ai su qu'un jour je serais amenée à y aller. Plus qu'autre chose, je suis déterminée à accomplir mon destin, à aider ceux pour qui je le peux encore et servir une cause noble. Je dois me rendre là-bas, c'est une certitude.

Je m'apprête à sortir lorsque soudain une question me vient.

- Evelyne... Est-ce que... Est-ce que vous saviez depuis le départ ce qui allait se passer ?

Plusieurs intimes secondes de silence, porteuses d'une curiosité sucrée mêlée d'un espoir en éveil.

- Cours, mon enfant.

La malice, représentée par des écumes dans l'océan turquoise de ses yeux.



Je tire mon chapeau à quelques uns de mes lecteurs qui avaient compris dès le début qu'Evelyne était la grand-mère de Théo !

Et vous, aviez-vous deviné ? ;)

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro