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Chapitre 50

Autour de moi tout est pailleté. A premier abord je dirais qu'il ne s'agit que de la poussière de fées, des fées elles-mêmes ou des lucioles – à savoir ! Mais je réalise que ce sont en fait les étoiles qui éclairent le ciel nocturne. Je n'en ai jamais vu autant en une seule nuit, on dirait qu'elles se sont toutes donné rendez-vous aujourd'hui pour réapparaitre, certaines après des millénaires de retrait. Au bout de quelques secondes je remarque des formes dans le ciel, il y a tout d'abord un grand cheval qui semble filer à toute allure entre les autres étoiles, une couronne qui scintille intensément puis un aigle, juste en-dessous. Je distingue aussi une petite spirale mais je détourne rapidement le regard en constatant le pouvoir hypnotique de cette constellation.

Yanis, moi, nous sommes comme des étoiles dans le ciel. On ne se voit pas, mais on sait que l'autre est quelque part, dans un monde, plus ou moins lointain.

Je me redresse et assise par terre, j'observe les alentours. Je n'ai pas le souvenir d'être passée par là ; le vortex de l'étang m'a fait atterrir au sommet d'une montagne rocheuse. En contrebas je distingue de grands arbres, peut-être des pins, qui s'étendent telle la forêt de mon village sur une distance indéfinissable en pleine nuit. Je suppose que le jour ne tardera pas à se lever, cependant je m'allonge et ferme doucement les yeux.

Je suis trempée et frigorifiée, pour arranger le tout un vent glacial souffle et frôle le sol jusqu'à ma peau délicate. Le seul moyen d'échapper au supplice du froid reste encore de dormir. A vrai dire le sommeil est solution d'un bon nombre de problème, le seul opus est qu'il n'avance à rien. De toute manière il ne se montre pas. Ma conscience tourne à toute allure, j'ai l'impression que de la fumée s'échappe de mon cerveau tandis qu'il émet des sifflements semblable à ceux d'un vieux train à vapeur. Une question me taraude : est-ce que les images dans l'étang d'or étaient réelles ? Est-ce que des démons sont actuellement au Paradis ? Ou bien est-ce que les boucliers se contentaient de prédire l'avenir ? Dans les deux cas il y a de quoi s'inquiéter. J'ignore ce qui se passe en ce moment à la Cité, sur Terre et dans le reste du Paradis Perdu. C'est comme si je suis seule au monde, que les autres humains sont si loin de moi que je ne les retrouverais pas avant d'avoir parcouru la distance qui sépare la Terre de la Lune. Depuis combien de temps ai-je quitté Yanis ? Les oiseaux prédateurs m'ont-ils éloigné de mon but ? Combien de temps suis-je restée au fond de l'étang ? Et bon sang où suis-je ?!

Finalement je décide de me mettre en route. La boussole s'avère être très sage, les aiguilles restent stables et parviennent même à me mener, après seulement quelques minutes de marches, à un petit ruisseau dans lequel je m'abreuve. Cette promenade nocturne n'est pas si effrayante ; la forêt se montre plutôt silencieuse. Le ciel parsemé d'étoiles émet une lumière bleutée qui filtre à travers les feuilles des arbres et parvient jusqu'au sol. Je dors à moitié debout, même si ma conscience est captivé par l'instant ; en vérité je crois que c'est mon corps qui réclame du repos, il a bien raison. Je finis par l'écouter et trouve un endroit douillet où dormir. A l'aurore je suis surprise de voir à quel point l'humidité a gagné les lieux. La rosé du matin perle sur les plantes qui se dressent au-dessus de ma tête et sur les pétales des fleurs qui clairsement le sol. Je me lève avec conviction, rassemble mes affaires puis repars en direction de la Cité en espérant qu'elle ne se situe pas à des centaines de kilomètres d'ici.

Le soleil à son zénith, j'opte pour faire une pause et grimpe sur des rochers jusqu'à atteindre un point de vue optimal. A environ dix mètres du sol, je m'assois et observe le paysage. Malgré sa splendeur, je ne peux m'empêcher de penser au repère des oiseaux noirs, à la petite clairière incendiée par le feu de Yanis et à l'étendue de sapins morts. Le Paradis ne renferme pas que des merveilles, j'en suis bien consciente. A cet instant, comme pour démontrer que j'ai raison, un raclement se fait entendre juste derrière moi avant que je n'aperçoive un bout de la roche glisser le long de la paroi puis percuter le sol. Je me relève d'un bond quand je sens une présence dans mon dos. Tout doucement je me retourne, mes sens en alerte, et lorsque je fais face au monstre – corps de cerf et tête de lion, quelle originalité ! – je me demande sérieusement comment je vais pouvoir échapper à la mort une fois de plus. Cette fois-ci Yanis n'est pas là, je n'ai pas d'arme, je suis sur le territoire de mon ennemi et pour couronner le tout il se dresse au-dessus de moi, prêt à me sauter dessus. Un peu malgré moi, je murmure des mots doux or ma voix qui tressaille ne se montre pas le moins du monde rassurante. J'essaye alors de reculer lentement mais c'est peine perdue face au nouvel éboulement qui me contraint à me rapprocher du monstre si je ne veux pas finir écrabouillée. D'un autre côté, à voir ses sabots et ses crocs...

Alors Am, tu préfères mourir comment ? Tu devrais t'avérer contente, pour une fois tu as le choix !

- Hé ! Je ne te veux aucun mal, je vais m'en aller, d'accord ?

Pour toute réponse j'obtiens un rugissement sonore et par peur je dévale les rochers en courant, sentant la pierre se déplacer sous mes pieds. Le monstre me suit à la trace mais à l'instant où sa mâchoire s'apprête à se refermer sur mon épaule une énorme pierre se détache quelques mètres au-dessus de nous et l'assomme. Une fois à terre, quoi que projetée – pour être plus précise – je me cache derrière un gros chêne et attend de voir ce qui se passe. Avec horreur j'assiste à l'écroulement pur et simple de toutes les roches empilées les unes sur les autres, elles ne forment à présent qu'un parquet de bouts de pierres saillants. Un arbre tombe lentement sur un autre, quelques buissons se voient anéantis et enfin tout s'immobilise, la poussière se dissipe peu à peu et le silence revient. J'en conclus que le monstre est mort mais c'est à peine si j'ai le temps de souffler qu'un rugissement retentit au loin et me pousse à fuir. Encore.

Combien y a-t-il de monstres de la sorte ? Sont-ils tout un troupeau ? Dans quoi je me suis fourrée ?!

Après quelques dizaines de secondes de sprint je me glisse derrière un arbre et ressors la boussole de mon sac-à-dos. C'est la seule à pouvoir me sortir de ce pétrin. Elle m'indique une nouvelle destination et je choisis de l'emprunter à pas de loup, trop épuisée pour espérer courir à nouveau.

Les minutes s'écoulent, les rugissements disparaissent. Puis je suppose qu'elles se muent en heures à voir le ciel s'assombrir. Je m'apprête à faire une pause quand je vois de la fumée s'élever de la cime des arbres. Mon sang ne fait qu'un tour, j'imagine aussitôt Yanis, son sourire, son regard. Je le vois devant moi, tout est dans ma tête, bien sûr, seulement depuis ces derniers jours il n'a jamais été aussi réel qu'à cet instant. Cet instant, où l'espoir a ressurgi à la vitesse d'une étoile filante. Je me suis élancée à toute allure quand j'ai brusquement stoppé ma course. Une seconde, et s'il n'était pas redevenu lui-même ? Et s'il était encore sous l'emprise de... de ce truc sans nom ? Peut-être que je ne dois pas y aller, peut-être que c'est mieux ainsi, l'un à l'opposé de l'autre ? Beaucoup de questions me taraudent, mais en vérité elles ne pèsent pas dans ma décision. C'est Yanis. YANIS bon sang ! N'est-ce pas celui que je dis aimer plus que tout ? N'est-ce pas celui qui a changé ma conception du monde ? Celui à qui j'ai promis de ne jamais le laisser devenir un monstre... avant d'échouer, juste après. Il faut que je le retrouve. C'est un devoir, une obligation. Il n'y a même pas à réfléchir. Je consulte la boussole, elle semble être de mon avis, alors j'y vais, sans précipitation. La nuit tombe pourtant je ne discerne toujours aucune flamme. Je commence à m'inquiéter, à me dire que j'ai rêvé et qu'il n'y a jamais eu de fumée quand soudain je m'arrête. Une brise me caresse, ou peut-être s'élève-t-elle pour sécher d'éventuelles larmes à venir. Yanis n'est jamais arrivé jusqu'ici. Yanis est sûrement là où je l'ai laissé, mort ou vivant, sans que cela ne semble avoir la moindre importance. « Plus l'espérance est grande, plus la déception est violente ». En effet. Je me suis fait trop d'illusion. Le feu n'est pas visible car il se trouve dans une maison, une jolie petite maison entourée d'une délicate clôture de bois ! ô quelle belle maison ! Vraiment magnifique je dois dire. Il n'y a rien de plus beau ! Rien de plus incroyable ! Je n'ai jamais rien vu de tel, Am, as-tu déjà rencontré pareille merveille ?

- Non, je crois que mes yeux ne sauraient supporter deux fois une beauté de ce genre...

Tu vois, je te l'ai dit que t'es folle ! J'avais raison. J'ai toujours raison.

- On est tous fous ! hurlé-je sans le moindre désespoir dans la voix.

A vrai dire je suis simplement en colère, un peu dévastée aussi, mais trop perdue pour le remarquer, trop perdue pour comprendre, trop perdue pour être triste. Je me force à ma calmer puis, priant pour que les habitants de cette charmante maison ne m'aient pas entendue, vais me dresser fièrement devant la porte et toque.

C'est un homme qui m'ouvre, il est atteint de calvitie et son visage est assez ridé, néanmoins je lui donnerais la cinquantaine. Il porte un pull rouge à losanges bleu-marine, un pantalon marron et des chaussures abîmées quoique de qualité à l'origine, je présume. A vrai dire il a tout de plus normal, exception faite qu'il vit dans le Paradis Perdu...

- Bonjour ? dis-je poliment.

Il me répond la même chose sans pour autant bouger d'un pousse. Il tient fermement la porte et me fixe, incrédule.

« Jacques ? » appelle une voix féminine avant qu'une femme ne fasse son apparition, sûrement aux côtés de ce qui doit être son mari. Elle a de longs cheveux noirs et bouclés et porte une robe de chambre rose et des chaussons assortis.

Non mais je rêve, on est où là ?

- Fais-la donc entrer ! s'exclame-t-elle indignée.

- Mm... Mais..., bredouille son mari visiblement inquiet à l'idée de faire rentrer une inconnue chez lui.

- Je ne vous veux aucun mal, le rassuré-je.

- Mais enfin personne ne vient jamais ici ! Qui êtes-vous ?

Je n'avais pas réfléchi à ce qu'il me faudrait répondre face à son prévisible interrogatoire. Si je lui dis qui je suis... Non, mauvaise idée. En revanche si je ne lui donne aucune information il va croire que je travaille pour le Conseil ou quelque chose dans le genre.

- Je m'appelle Léa, j'ai fait mes études sur Terre mais les Hernandez m'ont accueillie chez eux le temps que je mène à bien mon projet.

- Les Hernandez ? On voit de qui vous parlez, ce sont des gens très biens ! se réjouit la femme.

- Et quel est ce fameux projet dont vous parlez ? demande le prénommé Jacques, toujours aussi méfiant.

- Explorer le Paradis Perdu pour en répertorier les espèces végétales qui lui sont spécifiques, réponds-je simplement.

- Non mais vous vous foutez de moi ! Sortez d'ici, du balai !

- Jacques ! Pour qui est-ce que tu nous fais passer !

- Si ça peut vous rassurer ce n'est pas le Conseil qui m'envoie, en fait il n'est même pas au courant de ma présence ici. Je doute que la Couronne aurait apprécié...

- Oh surtout en ce moment ! Vous vous exposez à la peine de mort en êtes-vous consciente ?

- La quoi ?

- Eh bien le couvre-feu, ça vous dit quelque chose ?!

- Oh excusez ma maladresse mais j'ai quitté la Cité depuis un moment déjà. Vous pourriez m'en dire plus sur la situation actuelle ?

La femme prend la main de son mari dans la sienne, elle a de la poigne mais je sens de la douceur en elle.

- Laisse-la entrer Jacques.

Cela finit par le décider. Il s'écarte et je pénètre dans la maison.

Tout est fait de bois et de pierre, néanmoins un grand tapis recouvre le parquet sur une bonne partie du salon et quelques objets décoratifs ornent les étagères.

- C'est vous qui avez construit tout ça ?

- Oui, qui d'autre ?!

- Jacques ça suffit maintenant, détends-toi ! le sermonne sa femme.

Il bredouille quelques mots, je crois saisir le nom de Cristina, puis va s'installer sur le fauteuil en bout de table et m'invite à faire de même.

- Bon, que voulez-vous savoir ?

- Eh bien... Depuis quand y a-t-il un couvre-feu ?

- Vous vous êtes absentée combien de temps ? Combien de semaines avez-vous passée dans la nature toute seule ?

- Oh juste quelques-unes...

Il secoue la tête, comme pour se confirmer qu'il n'aurait jamais dû m'ouvrir la porte. Tandis que Cristina s'en va préparer du thé je tire une chaise et prends place à la table.

- Et la Couronne ?

- Quoi la Couronne ?

- Est-elle toujours en place ?

- Pardi ! Elle ne l'a jamais autant été !

- Qu'est-ce que vous entendez par là ?

- On ne peut plus rien faire dans la Cité ! Toutes les semaines de nouvelles lois sont votées par le Conseil, les murs en sont recouverts ! Les sujets de conversations tournent autour des récents communiqués, des personnes disparues, des élections...

- Des personnes disparues ?

- Chaque matin des anges manquent à l'appel. Des maisons sont vandalisées, brûlées...

- Comment peut-on laisser faire ça ?

- L'ignorance est le plus grand fléau de l'humanité, petite. Les gens ignorent contre qui ils doivent se battre, et puis ils ont peur. La terreur a gagné le Paradis, la seule issue, c'est la guerre, affirme-t-il, catégorique.

- Pourquoi la guerre ? Elle ne ferait qu'empirer les choses, non ?

- Peut-être... mais au moins la bataille serait digne, les gens sauraient reconnaitre leur ennemi et avec un peu de chances la Couronne tomberait.

- Oh j'en doute fort, elle se terrerait dans le Palais et attendrait sagement que tout soit terminé.

- L'armée serait affaiblie, le peuple aurait le courage de se révolter.

- Je ne sais pas, franchement, ça parait extrême comme méthode. Une guerre... cela signifie des centaines de morts ! Des innocents pour la plupart...

- C'est le prix à payer, la liberté n'a jamais été gratuite.

A ces mots Cristina revient avec un plateau, j'aimerais lui dire que je n'ai jamais goûté le thé, que j'ai encore des goûts d'enfants et que je doute fort d'aimer, je m'oblige à me saisir d'une tasse par politesse. Un vacarme retentit un peu plus loin dans la maison mais ma frayeur n'est que de courte durée car deux enfants accourent vers moi. L'excitation est palpable dans leurs yeux, cependant ils se retiennent de tout commentaire.

- Asseyez-vous ? leur propose Cristina.

Ils s'exécutent sur-le-champ puis se mettent à me fixer en faisant les yeux ronds.

Je n'aime pas les enfants, depuis toujours à ce que je me rappelle, mais je m'efforce de sourire.

- Salut, je m'appelle AmmmmLéa, me rattrapé-je de justesse. Euh, et vous ?

- Moi c'est Jules !

- Et moi Hugo !

- Oh cool !

- Pourquoi tu es ici ?

- Je... J'étudie les plantes. Les plantes du Paradis Perdu, précisé-je au moment où ma voix intérieure juge bon de me rappeler que je n'y connais strictement rien aux plantes.

C'est alors que je réalise que c'est le métier de ma mère. Inconsciemment c'est la première idée qui m'ait venue à l'esprit pour répondre à la question de Jacques, au seuil de la porte. Un relent de nostalgie m'envahit, mes yeux s'embuent et ma gorge se serre.

- Et qu'est-ce que tu as trouvé ? me demande Hugo – à moins que ce ne soit Jules – tout émerveillé.

- Des tas de plantes plus merveilleuses les unes que les autres, et des fruits également. C'est d'ailleurs ça qui m'a sauvée. Pour commencer il y a les orespoirs...

- Les quoi ?

- Les orespoirs, je répète, parce qu'ils sont synonyme d'espoir, qu'ils sont très précieux quand la faim nous assaille et qu'ils ont la couleur de l'or.

Les enfants ont l'air épatés, un peu comme Yanis avant eux...

- Bon les zouzous je vous signale qu'à cette heure-ci vous êtes censés dormir profondément, je vais vous raccompagner.

- Non ! Maman non ! Est-ce qu'elle dort ici ? s'empresse-t-il de demander.

Cristina et Jacques se concertent du regard. Celui-ci se montre plus que réticent mais cède comme toujours à la femme qu'il aime.

- C'est d'accord... mais au lit et plus vite que ça !

Les enfants regagnent leur chambre en sautillant sans l'aide de leur mère.

- Tu veux peut-être manger quelque chose Léa ? m'interroge-t-elle.

- Euh...

- Tu sais on ne manque pas de nourriture ici. Est-ce que tu as vu le potager en venant ? Et les animaux ? Nous avons un troupeau de moutons, deux vaches et des dizaines de poules.

Sur ce elle repart en direction de la cuisine.

- Bon, et à part ça vous voudriez bien me dire comment vous avez survécu au milieu de toutes les créatures sauvages ?

- Je n'en ai presque jamais croisées, et puis je m'en suis sortie grâce à la chance. Tout à l'heure j'ai croisé un monstre moitié cerf moitié lion et devinez quoi ? Il n'aurait fait qu'une bouchée de moi si de la roche ne l'avait pas enseveli.

- Oh ces bestioles-là sont particulièrement coriaces, elles peuvent galoper pendant des heures et vous suivre à la trace ! Mais depuis quelques années elles ne s'aventurent plus jusqu'ici, j'ai installé de nombreux pièges et me suit procuré des amulettes que j'ai situé un peu partout autour de ma propriété. Elles contiennent une substance magique qui tient à l'écart ceux qui ont de mauvaises intentions...

- Alors pourquoi vous êtes-vous méfié de moi ?

- Il faut dire qu'elles commencent à se faire vieilles. Ça fait bien un mois que j'aurais dû aller sur terre me réapprovisionner mais le portail est scellé et puis je ne me risquerais pas à m'aventurer dans la Cité. J'ai des amis à la campagne, alors parfois je me rends chez eux pour prendre des nouvelles... et elles ne sont pas bonnes du tout. Ça va de pis en pis.

- Vous allez manquer de vivres, non ?

- Comme ma femme vous l'a dit, nous avons des animaux, fait-il en haussant les épaules, et puis une rivière coule pas loin. Les tuyaux qui nous approvisionnent se font un peu vieux eux aussi mais bon, on devrait tenir encore un peu.

- Le Conseil ignore que vous vivez ici ?

- Le Conseil ignore pas mal de choses en fin de compte. Entre vous et moi, il ne voit que ce qui l'intéresse, dit-il en m'adressant un clin d'œil.

Si seulement il savait !

- La Cité se trouve à combien de temps de marche d'ici ? demandé-je.

- Environ une demi-journée. Si vous passez par les champs on vous verra arriver de loin.

- Sinon ?

- Sinon vous restez côté forêt – ce secteur est assez dangereux, il y a souvent des accidents, c'est pour cette raison que la plupart des anges ont une mauvaise image du Paradis Perdu, enfin plutôt de la campagne car ils ignorent l'existence du reste du Paradis... - vous déboucherez sur une route en débris de pierre... elle vous conduira directement à la tour.

Cette fameuse tour que j'avais aperçu en partant de chez les Hernandez... je n'ose pas demander à quoi elle sert de peur que Jacques me démasque alors je me contente de me renseigner sur la façon dont elle est surveillée.

- Il y a des gardes par là-bas ?

- Non. C'est inutile. Ils restent en ville.

Bien...

- Le chemin des champs passe par la propriété des Hernandez ?

Il acquiesce.

- Tiens, dit Cristina en déposant devant moi une assiette contenant deux œufs et un généreux bout de viande. C'est du lapin, Jacques l'a attrapé hier.

Je la remercie et m'attaque aussitôt au plat, sachant que je ne pourrais pas résister à la faim plus longtemps. Pendant ce temps-là on m'explique tout ce que j'ai à savoir sur le chemin à emprunter pour gagner les champs. Lorsque j'ai fini elle m'indique où prendre une douche puis rassemble toute sorte de draps et de tapis dans le salon afin de me préparer un bon petit lit douillet.

- Il y a du lait sous l'évier et puis des noix de Lombi sous la fenêtre.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Oh eh bien le lait est cette substance blanche que fait la vache et...

- Non ça je sais, la rassuré-je, merci. Je parlais des noix de...

- Les noix de Lombi. Tu n'as qu'à tourner les deux bouts de la coque entre tes doigts et elle s'ouvrira. A l'intérieur il y a de la poudre aromatisée qui se marie très bien avec le lait, tu verras.

Je la remercie sans pour autant avoir compris ses explications.

- Cristina ! m'exclamé-je en la voyant s'éloigner. Demain je pense partir tôt, je préfère vous dire au revoir maintenant...

- Tu es sûre ? Mon mari t'a tout expliqué ?

- Oui, ne vous inquiétez pas. Je trouverai mon chemin.

Elle s'approche de moi et me fait un gros câlin. Je la serre moi aussi fort dans mes bras, en espérant que tout va s'arranger pour elle et sa famille, même s'ils ne s'en sortent pas si mal dans cette charmante maison.

- Je te dis à bientôt...

- Oui, je reviendrai peut-être un jour.

- Ce sera avec plaisir que l'on t'accueillera.

Quelle bienveillance ! Est-ce que j'en suis digne ?

Je la remercie une dernière fois et Cristina part se coucher.

Oui je le mérite. Sinon je ne serais pas ici. Mais il faudra que je me montre encore plus digne dans les jours à venir. Les épreuves ne viennent pas à moi, c'est moi qui suis attirée par elles. Je m'en approche à grands pas. Demain, à midi, je serai chez les Hernandez où je retrouverai Lahela. Qu'aura-t-elle à m'apprendre ? Où sera Théo à ce moment-là ? La nuit est riche en interrogation, je me fais des films sur la journée suivante jusqu'à ce que soudain je bascule dans une autre dimension. Cette fois-ci il n'y a plus que moi et Yanis, et la seule question que je me pose n'est pas quand je le reverrai mais si je le reverrai.



Le retour est imminent, que se passera-t-il quand Am regagnera la Cité ? 

N'hésitez pas à donner vos théories ;)

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