Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 47

Plus je prends de la distance, plus j'accélère. Je cours à l'aveuglette, la boussole rangée dans mon sac. Je serais incapable de me concentrer sur une volonté précise, de me poser cinq minutes, de fermer les yeux ou même de serrer l'objet. Je n'ai que la force de courir pour focaliser mon esprit sur ma fatigue et la douleur que je ressens à chaque fois que je me tords la cheville ou que les buissons et les branches me griffent. Je crois que j'ai les bras en sang et je m'en réjouis. Moi aussi je penche vers la folie. Tant mieux, si ça me permet de ne plus penser à la nymphe, aux flammes, à...

Des larmes, des larmes et des larmes. Je tombe. Mes yeux se ferment. Son visage vient me percuter. Ça parait tellement réel... Je me relève. Je cours. Vite. Toujours plus vite. Toujours plus loin.

Le matin suivant je me réveille par terre dans un sale état, blottie contre un rocher recouvert de mousse, sans avoir le souvenir de m'être endormie. Mes bras sont éraflés, je suis terreuse. Après un moment à lancer des regards un peu partout autour de moi, je réalise enfin que je suis seule, que la veille n'était pas un cauchemar. Je préfère ne pas ressasser pour l'instant, je me sens encore trop fragile – j'ai toujours été fragile et je le serai toujours – pour affronter la réalité et aussi trop faible pour pleurer sans sombrer dans l'inconscience. Finalement le mieux reste encore d'avancer. C'est le seul moyen de trouver une solution. Même si je doute d'obtenir un jour toutes les réponses que j'attends, c'est auprès de Théo et Lahela que j'ai le plus de chance qu'on me réponde enfin. Alors direction la Cité.

Après quelques minutes de marche je discerne des fruits cachés dans les feuillages. Ce ne sont pas des orespoirs – j'en aurais bien besoin – mais des sortes de ballons violets de la taille de prunes. Mon estomac ne réclame rien, je me force tout de même à en manger deux ou trois et je charge mon sac-à-dos comme je peux. Ensuite je reprends mon chemin sans consulter la boussole.

Elle doit s'ennuyer... Tes hésitations lui donnaient du travail, ça doit lui faire drôle de n'avoir rien à faire.

Un petit sourire las se dessine au coin de mes lèvres.

La forêt semble profonde et mystérieuse pourtant je m'y sens à l'aise. J'essaye de créer une complicité avec les petits animaux inoffensifs que je croise en leur adressant des coucous et des petits mots gentils, ils me répondent en faisant les gros yeux.

Au fil des heures je devine que je gravis une colline, les arbres dissimulent tout horizon ; ce n'est qu'à la fin de la journée que j'entame la pente descendante. Quand le soleil se couche, une multitude d'oiseaux quittent leurs arbres pour s'envoler vers des destinations inconnues. J'aimerais bien qu'il fasse plus clair pour que je discerne leurs couleurs, alors, tranquillement, j'imagine à quoi ils pourraient ressembler. A terre, je me projette même en train de me mêler à eux sur l'autoroute des derniers rayons de soleil avant la nuit.

« Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cour qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cour qu'on afflige,
Un cour tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cour tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! »

Je m'endors près d'un buisson rempli de baies rouges que je n'ose pas goûter. Cependant je suis tirée de mon sommeil peu de temps après par une sorte de gros castor a priori « gentil » qui frotte sa tête contre mon dos. Les gestes brusques que je m'efforce à faire ne l'effrayent pas le moins du monde et par conséquent je supporte sa présence jusqu'au lendemain. Lorsque je repars pour la Cité, il traine encore dans les parages, j'en conclus que j'empiétais sur son territoire.

Ce jour-ci je n'ai rien trouvé à manger et je me suis donc contenté des fruits violets. Je n'ai croisé aucune nouvelle espèce, à croire que les nymphes et la bête n'ont jamais existés. Parfois cette forêt dissimule tout d'elle, et puis à des moments, on ne sait pas pourquoi, elle laisse entrevoir ses secrets les plus gardés.

Je me demande si les mauvais sentiments attirent le mal et si les belles émotions font venir à elles les créatures les plus féériques du Paradis. Peut-être que puisque je me ferme à tout depuis ces deux derniers jours il ne se passe rien ?

Alors souris imbécile !

Je m'arrête brusquement. Au sol se trouve une longue et fine plume noire. Malgré mon appréhension je la ramasse. Elle n'est pas vraiment douce, mais plutôt tranchante, comme si elle était composée de fils de métal. Je la caresse avec précaution, j'ai cru qu'elle me ferait ressentir quelque chose, mais non. Rien. Son porteur n'était pas celui que j'aime. Son porteur était soit un oiseau noir, soit le monstre qui a détruit tout ce en quoi je croyais.

A cet instant je sais que c'est le moment. Ici, à découvert, là où est peut-être très récemment passé un ennemi, je sors mes feuilles et mon stylo, et je me mets à écrire.


Est-ce véritablement réel ? Réel de chez réel ? Est-ce que tout s'est vraiment déroulé comme dans mon souvenir ? J'ai eu ma chose, lui il a son truc. Ce truc qui a puisé toutes ses forces pendant des jours et des jours pour tout relâcher d'un coup. C'est pas Yanis que je vais tuer, c'est celui qui a détruit tout ce qu'on avait fait. J'aurais beau me forcer à ne garder que le meilleur de ce que j'ai vécu avec lui, ces souvenirs seront entravés par cette nuit dans la clairière. Ça avait pourtant bien commencé, on a échangé de belles paroles et un baiser... mais après tout s'est écroulé. La nymphe, cette pauvre nymphe. Je ne peux pas m'empêcher de me demander si Loana a réagi de la même façon face au vampire qui l'a égorgée. Est-ce qu'elle ressentait encore quelque chose quand ses yeux se sont vidés ? A quoi elles ont pensé toutes les deux ? J'ai beau avoir failli mourir des tas de fois, je ne pourrais jamais deviner comment les autres ont vécu leur dernier instant. C'est différent pour chacun d'entre nous. Je pense que notre ultime pensée reflète qui nous sommes et ce qui fait de nous ce qu'on est. Elle peut se tourner vers une raison de vivre, un souvenir, une personne que l'on aime, ou que l'on hait, ou qui nous a touchée plus profondément que les autres. La révélation arrive un peu tard, malheureusement.

A quoi Yanis a pensé lorsque j'ai abattu cette pierre sur lui comme il l'avait si bien fait avec l'espèce de sanglier ? A-t-il ressenti quelque chose, au moins ? La douleur que j'ai lue en lui quand il a repris ses esprits s'était estompée pendant qu'il me parlait. Je me rappelle des branches qu'il arrachait frénétiquement afin de constituer son bûcher. En fait la folie c'est refouler ses émotions et redevenir un être primitif qui fonctionne à l'instinct. C'était peut-être le seul moyen pour Yanis de ne pas s'écrouler, de résister encore un peu au monstre, de me sauver. Il est devenu fou en me sauvant. Tout est de ma faute. Je l'ai emmené au Paradis juste parce qu'il m'a demandé de suivre mon cœur. Il croyait en moi mais il a eu tort, je l'ai entrainé dans un piège. Le plan tombe à l'eau s'il n'est plus là. Le but était qu'on reste ensemble le temps d'une nouvelle aventure, qu'on vive des choses formidables et qu'on fasse de grandes découvertes. Il n'y a aucune raison de continuer l'un sans l'autre. Et puis au-delà la distance et le monstre qui nous sépare, je l'ai trahi ! Je refuse qu'il me pardonne un jour pour ça. Je l'ai frappé alors qu'il lui restait peut-être une dernière chose à m'avouer, et en plus je ne l'ai pas tué. Cela signifie que quand il se réveillera, il sera soit possédé par le monstre, soit sain d'esprit. Malheureusement, si la deuxième hypothèse s'avère être la bonne, je sais qu'il pourrait le faire. Il avait confiance en moi, mauvaise idée, il va devoir se tuer lui-même. Je n'imagine pas une seconde la tâche que cela représente. Waouh. Mon dieu. Et ce n'est pas fini, car je ne respecterai pas sa dernière volonté. Je ne veux pas que Théo soit lié à moi par quelque serment que ce soit. Trop de gens ont déjà souffert par ma faute. Il faut que j'assume maintenant. C'est la seule raison pour laquelle je ne suis pas encore morte. Je vais me livrer au Conseil et peut-être que grâce à moi des innocents seront sauvés. J'ai tout perdu mais ce n'est pas le cas des sept milliards de gens qui peuplent cette planète. Voici le nouveau sens de ma vie : mourir pour que les autres survivent.

Je ne pleure pas. A vrai dire je suis trop désespérée pour pleurer. Pleurer ça voudrait dire que je veux attirer la compassion des gens, ça se traduit comme un appel à l'aide. J'ai déjà tout perdu, je n'ai plus rien ! RIEN! Qu'est-ce qui pourrait bien déclencher des larmes émotionnelles, hein ?! Je donne un violent coup de pieds sur le tronc d'un arbre, puis un coup de poing. La colère et la douleur physique. Voilà des sources loin d'être épuisées. Raison de plus de pleurer. En fait tout est raison de pleurer. Tout est raison de mourir, et tout est raison de vivre.

Calme-toi...

- NON !

Rage et désespoir. Je me souviens du lendemain de la mort de Loana, quand j'étais dans ma chambre et que j'écrivais sur mon journal. J'appuyais de toute mes forces avec le stylo comme si je voulais que la pointe s'enfonce dans le papier, c'était une manière de transpercer le mal, mon journal imprégné de mon ressenti, moi...

C'est toi que t'as voulu assassiner.

- Non...

T'es folle. T'es archi folle. Tu fais pitié ma pauvre.

J'éclate en sanglot. Je ne cesserai jamais de pleurer. Je ne sais faire que ça. C'est soit survivre en pleurant, soit quitter ce monde sans plus la moindre émotion. Je préfère encore souffrir, c'est tout ce que je mérite.

Une ombre passe au-dessus de ma tête. Puis une autre. Ce n'est certainement pas Yanis. Je doute qu'il revienne de sitôt et sans mentir je ne suis même pas sûre qu'il revienne un jour. Un air froid venu du haut du ciel me fait tressaillir et fouette les feuilles des arbres. Je suis leur proie. Le fameux cri retentit, puis un autre, et encore un autre, et je m'élance à toute vitesse dans la forêt, laissant échapper des feuilles vierges qui s'envolent aussitôt, perdues à jamais.

Soudain le silence se fait. Les oiseaux ont dû partir... J'en profite pour fourrer le papier qu'il me reste et mon stylo dans mon sac-à-dos avant de zipper la fermeture Eclair. C'est alors que je vois une gigantesque forme noire redescendre du ciel et fuser vers moi, tranchant de ses longues ailes saillantes les branches se dressant sur son passage. En vain, je me remets à courir. Au moment où sa présence se fait trop proche pour que j'aie encore une chance de lui échapper, je me demande si ça fera mal quand son bec m'embrochera. Mais contre toute attente, l'oiseau saisit avec précaution mon sac et me fait décoller du sol. En quittant la forêt je me fais taillader par les arbres, après tout c'est dérisoire. J'essaye de ne pas crier quand je me retrouve dans les airs, éblouie par la lumière du soleil qui rayonne à l'horizon. Je surplombe l'immense forêt du Paradis qui s'étend à perte de vue. Elle suit son cours sur des chaines de montagnes, des collines, des vallées sous différentes nuances de vert. Aucune Cité en vue mais seulement ce paysage unique au monde qui semble se propager jusqu'à l'infini. Si je n'avais jamais connu rien d'autre, je dirais que cette forêt fait le tour de la Terre.

Combien de semaines de marches auraient été nécessaires afin que je retrouve Théo et Lahela ? Est-ce que j'aurais tenu le coup mentalement ? Est-ce que j'aurais pu survivre un mois dans la Paradis Perdu, seule ? J'en doute fort. A mon avis je me serais endormie un soir en pleurant pour ne jamais me réveiller.

Si le vent me glace, le soleil plus proche que jamais semble faire fondre ma chair de poule à chaque fois qu'elle apparait sur mon corps. A l'horizon, j'aperçois un grand fleuve qui sépare en deux une vallée clairsemée de petits points jaunes - qui je suppose doivent se rapporter à des sortes de pissenlits. Ce paysage m'évoque vaguement quelque chose d'enfouit au plus profond de ma mémoire, peut-être que je connais cet endroit, que j'en ai déjà entendu parler... mais ce n'est pas là-bas que m'emmène l'oiseau noir. Il change de direction et cesse ensuite de battre des ailes. Il plane alors en silence et l'atmosphère devient plus pesante, c'est à ce moment-là que je distingue au loin des montagnes dénuée de verdures. D'épais nuages se forment autour des piques rocheux semblables aux becs des monstres de l'air. On dirait qu'ils percent le ciel, les uns de façon verticale, les autres horizontalement. J'entrevois des ombres qui voltigent dans les environs, par dizaines.

Le repère des oiseaux noirs.

Je panique et commence à gesticuler dans tous les sens. J'ignore ce que ces oiseaux veulent faire de moi, mais une chose est sûre : là-bas il n'y aura pas d'échappatoire. Je lance quelques regards à la dérivée vers la forêt qui se prolonge à mes pieds, dans quelques secondes, elle aura laissé place à de la pierre. Mon idée est peut-être folle mais je n'ai pas d'autre option. Ma seule chance réside dans une chute mortelle sauf en cas de miracle.

Après tout, tu es toi-même un miracle.

J'agrippe une patte de l'oiseau pour tenter de le déséquilibrer ; ça marche. Il perd de l'élan et se tortille sur lui-même pour que je le lâche or il en laisse ainsi échapper mon sac-à-dos et je me retrouve suspendue dans le vide, m'accrochant comme possible à son membre osseux. Il bat frénétiquement des ailes mais, voyant qu'il n'a aucune solution, décide de reprendre sa route en espérant que je tienne accrochée. Nous perdons cependant de l'altitude, la cime des arbres se trouve quelques mètres sous mes pieds.

Tu crois vraiment que j'ai envie de te suivre ? Plutôt me jeter !

De mon plein gré, je chute du ciel comme Lucifer, dans le conte que m'a fait lire Théo. La descente parait interminable jusqu'à ce que je devine que le moment fatidique approche. Je traverse la cime des arbres, dos au sol, et m'enfonce à toute vitesse dans la forêt.

Que quelque chose me ralentisse, que quelque chose me ralentisse !

Soudain ma chute s'arrête, je me retrouve suspendue dans le vide par mon sac-à-dos.

Merci la branche, merci...

Celle-ci craque puis j'atterris lourdement par terre mais sans encombre.

Sacrée aventure... Je me relève tant bien que mal et observe l'endroit où je me trouve. Ici la forêt est un peu plus désertique, elle n'est constituée que de quelques sapins presque morts à en croire leur allure de squelette. On dirait qu'ils ont brulé il y a très longtemps et qu'ils ne s'en sont jamais remis.

J'opte pour m'éloigner le plus rapidement possible des montagnes, des nuages, des oiseaux et de ce lieu terrifiant. Je reprends donc ma route à l'aide des indications de la boussole. Quand vient la nuit je m'endors sous un contre-bas, à l'abri des prédateurs du ciel, et le sommeil m'emporte.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro