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Chapitre 44

Quand les derniers rayons de soleil de la journée pénètrent dans la grotte, je me lève, déterminée. Yanis s'est reposé toute la journée et à presque vidé le stock de fruits. Il me regarde longuement, cette fois-ci c'est lui qui puise de la force en moi.

- Tu vas y arriver. On va y arriver. On y arrive toujours, c'est pas ce que tu disais ?

- Allez donne-moi la main au lieu de parler ! s'exclame-t-il en riant.

Je le soutiens comme je peux, et à nous deux nous parvenons à le hisser sur ses pieds.

- Courage ! dis-je en lui tapotant le dos comme j'ai tant de fois observé les pirates le faire.

Ils me manquent, eux et leur camaraderie légendaire. Le navire avait une âme et à son bord j'étais bien entourée. Tout se jouait en équipe, on gagnait ensemble, et on perdait ensemble. Pourtant aujourd'hui je me demande où ils sont passés, et Yanis et moi sommes étrangement seuls au beau milieu du Paradis Perdu. Comme quoi mêmes les plus grandes certitudes peuvent être remises en question.


- Il fait froid, commente Yanis au bout de plusieurs minutes de marche.

Effectivement, l'ombre qui s'est abattu sur la forêt est glaciale, on dirait que tout est fait de roches, même les troncs des arbres qui étaient verdoyant le jour précédent.

- Je suppose que ça fonctionne comme dans le désert. Le jour il fait très très chaud, mais la nuit ça caille.

- Sûrement, répond-t-il.

- Tu t'en sors plutôt bien, je trouve. Si je te lâche le bras tu penses que ça ira ?

- Eh bah dis-donc ! T'as décidé de me lancer dans le grand bain aujourd'hui ! ironise-t-il. Mais, oui, je crois que je m'en sortirais.

Je laisse alors retomber le bras que j'enserrais si précautionneusement. Nous continuons à marcher côte-à-côte et je me tiens prête à le rattraper s'il perd l'équilibre. Heureusement il s'en tire sans encombre et nous parvenons à retrouver la bête. Celle-ci a déjà été bien entamée par les insectes mais Yanis affirme que l'intérieur devrait encore être bon.

- J'ai peur que si on allume un feu dans la caverne la fumée ne puisse pas s'échapper, il y a trop peu de failles laissées par la végétation. De toute façon transporter ce truc nous prendrait trop de temps, on va le manger ici.

Tandis que le démon rassemble des branches pour le feu, je me demande ce qu'il éprouve devant ce monstre mi-sanglier, mi-taureau. De la peur ? De la haine ? Ou juste du dédain ? Si j'étais à sa place, cette chose m'aurait sans doute traumatisée.

La chose. Au souvenir du vampire je tressaille. Yanis me tourne le dos, et c'est sans doute mieux ainsi. Je ne veux pas qu'il voit les expressions terrifiées de mon visage ni qu'il devine toutes les pensées qui me traversent l'esprit à cet instant. La mort. La mort revient à grands pas comme une ombre, un fantôme du passé. La mort est si près. La mort n'est jamais loin.

- Hé ! Am ! J'étais en train de te parler, tu m'écoutes ? Est-ce que ça va ? m'interroge-t-il en voyant ma tête.

- Comporte-toi comme si tout allait bien.

- Si tu me caches toujours ce à quoi tu penses on ne s'en sortira jamais toi et moi. Dis ce qui ne va pas.

Vaincue, je préfère tout déballer. A ce moment-là j'ai besoin de tendresse. J'ai besoin qu'on me dise que tout va bien, qu'à présent nous avançons vers la lumière et que toutes ces ombres ne me rattraperont jamais.

- Je viens de repenser aux vampires, à celui de mon village en particulier. Cette période durant laquelle j'ignorais tout et où je croyais devenir folle et puis... la nuit où j'ai enfin vu son vrai visage, quand il est sorti de derrière un buisson... il était comme sur le tableau, sauf qu'il était alors bien plus que de la peinture froide et décolorée. Tu crois qu'il est encore là-bas ? Tu crois qu'il est toujours dans le manoir, à attendre mon retour ?

Yanis s'approche de moi en boitant légèrement, empli de compassion ainsi que d'une volonté sincère et profonde de m'aider. Il me prend dans ses bras et me caresse délicatement les cheveux. J'ai l'impression d'être sa poupée, une poupée fragile mais dont il sait prendre soin.

- Tout ça est loin. Tu as fait du chemin entre temps. Je ne te laisserai plus jamais retourner là-bas sans m'assurer d'abord que tu y sois en sécurité. Maintenant tu m'as, moi. Je t'ai promis de te protéger et je ne manquerai pas à ma parole. Ok ?

Ses mots me touchent mais je ne suis pas certaine qu'ils suffisent à repousser toutes mes peurs. En ce moment on se rassure l'un et l'autre mais les doutes reviennent inlassablement. Je sens les larmes perler à mes yeux telles des petites boules de cristal qui contiennent en elles la vison que je me fais de l'avenir, les multiples voies des possibles s'apprêtent à couler le long de mes joues quand Yanis me souffle à l'oreille un « Ne pleure pas » qui fait jaillir en moi la colère dont j'ai besoin. J'essuie mes larmes d'un revers de la main puis relâche l'étreinte du démon.

- Bon, on le mange aujourd'hui ou demain ce monstre ?

Il sourit puis ramasse une pierre plate et acérée qu'il avait repérée un peu plus tôt.

- Regarde bien, ça va t'endurcir.

Il s'accroupit près de notre repas et commence à entailler sa peau épaisse. Des petits insectes se mettent alors à tourbillonner autour de sa main dans un bourdonnement qui donne la nausée.

- Oh ! Mais c'est dégueu ! m'exclamé-je en le faisant ricaner. Beurk ! Et dire qu'on va manger ça !

- C'est toi qui y tenais le plus, semble-t-il bon de te rappeler.

- Rho ! Fais pas trop ton malin non plus. On a tous les deux besoin de manger, sinon quand on arrivera à la Cité ils vont se demander qui sont ces deux maigrichons !

L'atmosphère se détend et c'est dans cette ambiance que Yanis découpe la viande puis la fait cuire. Celle-ci est très ferme et manque de peu de m'arracher une dent, mais l'essentiel est qu'elle est mangeable et nous redonne des forces, au moins de quoi rentrer d'un bon pas jusqu'à notre repère secret. En me couchant je contemple les yeux clos de Yanis, intriguée par ce qui pourrait bien se cacher derrière. Il doit être anxieux, fatigué, mais ce que je veux savoir c'est à quoi il pense.

Yanis ?

Sans savoir pourquoi, j'essaye de l'appeler en silence, comme si je pouvais entrer en contact avec lui par télépathie.

Yanis ? Tu m'entends ?

Au bout d'un certain nombre de tentatives, je lâche l'affaire et ferme les yeux afin de trouver le sommeil. C'est au moment où je bascule dans l'inconscient que j'entends sa voix, parfaitement audible, prononcer cette phrase : « Il est l'heure de dormir, poupée. »


A mon réveil les souvenirs de la veille ne tardent pas à venir.

- Yanis ? Yanis ! m'écrié-je.

- Quoi ? dit-il en ouvrant les yeux.

- T'as vu ça ?

- Quoi ? répète-t-il à nouveau.

- Hier soir !

- Pourquoi tu parles d'hier ? On est le matin, là, non ? C'était hier qu'il fallait parler d'hier.

- Tu as entendu ma voix ? Dis-moi si tu as entendu ma voix dans ta tête, s'il te plait !

- Non, Am, répond-t-il en m'infligeant la déception la plus brutale de ma vie.

- Comment ça « non » ? murmuré-je.

- Non. Je n'ai rien entendu. Je suis vraiment désolé.

- Mais... tu... Tu m'as dit qu'il fallait dormir...

- Parce que je devais sentir que tu étais encore réveillée et que quelque chose te tracassait, rien de plus. Tu t'es fait de faux espoirs, c'est pas cool je sais.

Waouh, il a raison, je me fais trop des films.

Pire. Tu es folle.

- Stop.

- Hein ?

- Non, rien, je parle toute seule. C'est tout.

- T'es vraiment bizarre ce matin.

Sans commentaire. Je range les couvertures dans mon sac-à-dos, en sors la boussole puis bois une gorgée d'eau et grignote l'avant-dernier fruit.

- Il faudrait leur donner un nom, proposé-je.

- Pourquoi pas.

- Les... les... t'as pas une idée ?

Il secoue négativement la tête.

- Il faudrait trouver quelque chose en rapport avec l'espoir.

- Et pourquoi ça ?

- Parce que quand je suis tombée sur cet arbre et que j'ai compris que ces fruits allaient pouvoir nous nourrir et... et peut-être te sauver... j'ai ressenti infiniment d'espoir.

- « N'entretiens pas l'espoir de ce qui ne peut être espéré. »

- « Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir », répliqué-je.

- « L'espoir fait vivre, mais comme une corde raide. »

- « L'espoir est le dernier à mourir. »

- « Dans toutes les larmes s'attardent un espoir. » Je ne veux pas que tu pleures.

- « L'espoir est le pilier de ce monde », « L'espoir des hommes, c'est leur raison de vivre et de mourir. »

- Ok, tu m'as battu. T'en connais encore ?

- Oui. « Même sans espoir, la lutte est encore un espoir. »

- Tu t'ennuyais chez toi alors tu apprenais des citations par cœur ?

Je ne lui donne pas satisfaction de réponse. A la place je lui tends le dernier fruit et suggère : « l'orespoir ? ».

Yanis fronce les sourcils.

- Eh bien, si on part du principe que quand ils sont mûrs ils sont orange et que c'est là qu'ils contiennent le plus d'espoir, encore plus précieux que de l'or...

- T'es incroyable. Je te l'ai déjà dit ?

- Oui. Allez bouge, il faut partir.

Il mange le dernier « orespoir », boit à son tour dans le ruisseau puis me rejoint devant l'entrée de la caverne.

- Tu penses qu'on reviendra un jour ? demandé-je.

- Sincèrement, je n'sais pas. Tu me prends au dépourvu. En tout cas je ne suis pas contre.

- Est-ce que tu crois que si on gagne la guerre...

- On va la gagner.

- Et bien quand on l'aura gagné... tu crois que la Paradis Perdu pourra de nouveau être « apprivoisé » ? Non, en fait c'est pas ça ma question. Ce que je veux savoir c'est si les anges vous seront reconnaissants de vous être battus à leurs côtés face aux vampires.

- Am... durant l'Histoire, il y a eu pas mal d'alliance et de guéguerres... mais jamais personne n'a osé aborder le sujet, ça parait si loin. La chute a eu lieu il y a des siècles et des siècles, on ne change pas ce qui date d'aussi longtemps. Aucun démon n'en espère autant. Il y a eu quelques traités très importants, mais aucun ne représentait un dixième de ce que tu envisages.

- Pourtant je sais bien que tu y as pensé. Tu étais fasciné par le Paradis, comme moi je suis fascinée par toi.

Cette remarque le fait sourire.

- Tu rêvais de venir ici. Tu sais pleins de choses sur les anges et le Paradis. Je suis sûre que tu as lu des tonnes de livres malgré ton air je-m'en-foutiste que tu t'efforces d'arborer. Si les démons pouvaient remettre les pieds ici...

- Ce n'est pas d'actualité.

- Imagine ce que ça serait.

- Quoi ? demande Yanis pris au dépourvu.

- Imagine. Tu en sais plus que moi sur le sujet. Est-ce qu'anges et démons pourraient cohabiter ? Est-ce que la paix est envisageable ? Ou bien est-ce que vous allez vous entretuer ? Il faut que tu songes à tout ça Yanis. Parce qu'il se pourrait qu'on ait les cartes en main. Ça parait lointain et impensable, mais projette-toi un mois dans le futur, à notre situation, si tout se passait pour le mieux. La question se posera à un moment où un autre. Seulement c'est à toi de décider. C'est toi le démon qui a raccompagné l'immortelle jusqu'au Paradis. C'est toi qui a trouvé la brèche entre les deux mondes. C'est toi qui connait le chemin et peut ramener un troupeau de démons jusqu'à la Cité. Pense à tout ça, ou tu risquerais d'avoir des surprises.

- Tu te rends compte que...

- Je me rends compte qu'on fait n'importe quoi, qu'on fonce tout droit vers un mur ou un fossé, qu'on n'a réfléchi à aucune éventualité et qu'on n'a aucun plan. J'ai commencé à me poser toutes ces questions quand tu étais en mauvais état. Je me suis demandée comment je ferais sans toi, puis je me suis rappelée que tu ne pouvais pas accéder à la Cité. Comment je vais faire ? Toute seule ? Ils veulent m'exploiter et pour ça ils utiliseront tous les moyens. Alors d'accord, si on réfléchit trop on va installer des doutes, mais je pense qu'il faut quand même s'interroger un peu.

- Mmm... Ouais t'as raison. On a négligé certains détails... à vrai dire j'ai pensé à tout ça... mais je l'ai gardé pour moi parce que ces questions ne mènent pas à grands choses.

- On l'a déjà dit... Le truc c'est... c'est qu'on a un coup d'avance et qu'il faut qu'on garde l'avantage.

Yanis me lance un regard approbateur. Je conçois qu'on tourne en boucle depuis le début, cependant de nouveaux éléments viennent se rajouter au fur et à mesure de nos réflexions et je pense sincèrement que ça va aboutir à quelque chose.

Mon démon on ne peut plus fidèle et moi-même nous mettons en route d'un pas déterminé vers la voie qu'indique la boussole. Yanis a l'air tranquille, comme si ses problèmes s'étaient éclipsés... reste à savoir pour combien de temps.



J'espère que ce chapitre vous a plu, je vous promets un grand événement d'ici peu, vous allez être sous le choc ;)

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