Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 41

Le jour se lève. Une nouvelle journée commence.

Je range rapidement mon plaid dans mon sac puis enfile ce dernier sur mon dos et me remets en route sans me soucier de Yanis à qui je n'ai pas adressé un mot depuis mon réveil. Peut-être que je suis trop dure, mais tant pis.

Une chaleur étouffante se répand peu à peu à travers les collines et la faim se fait grandissante. Mon estomac gargouille pour la première fois depuis ce qui me semble être une éternité. Depuis combien de temps n'ai-je plus mangé ? Je m'inquiète légèrement de savoir que je pourrais me laisser mourir de faim sans le remarquer. Et puis l'eau ! Je n'ai plus rien bu depuis deux jours, quand les réserves d'eau de l'Epave s'étaient volatilisées.

Autour de nous tout est désert. Et si ce même paysage nous attendait de l'autre côté des montagnes ?

N'y tenant plus je demande à Yanis :

- Tu ne pourrais pas nous emmener là-bas ? On gagnerait peut-être une journée. Juste au sommet de ces montagnes, ce n'est rien si on y va en volant, non ?

Il me lance un regard dénué d'expression qui une nouvelle fois me blesse énormément. Puis il répond, sans aucune émotion dans la voix :

- Je sais pas.

- Comment ça tu n'sais pas ? explosé-je. Réponds ! C'est quoi ce « je sais pas » ?! Bouge-toi tu déconnes Yanis !

Ses yeux se rivent vers le sol, vers l'herbe, qui nous arrive à hauteur des cuisses. J'aimerais tant une réaction de sa part ! n'importe quoi ! Juste un signe qui me prouve qu'il n'est pas en train de se détourner de moi et de se lasser de tout ça. Je l'ai entrainé dans cette histoire mais il le voulait lui aussi, non ? Et puis au départ c'est Théo qui lui a demandé un service. Les démons ne savent donc pas tenir parole ? Mais quelle parole ? Il n'a jamais donné sa parole. Je me souviens du soir où nous sommes arrivés à New York. Je lui avais figuré que j'étais sous sa responsabilité et il m'avait répliqué de façon ironique qu'il n'était pas quelqu'un de responsable.

Je serre les dents pour tenter de refouler mes larmes. Ce souvenir de lui, de la personne que j'aimais, que j'aime ! Où est donc passé ce démon impertinent qui me fascinait tant ?

Où es-tu ?! ai-je envie de lui hurler au visage.

Il faut qu'il se réveille, qu'il ouvre les yeux. Il est en train de se détourner de son but, et moi aussi par la même occasion. On devrait se serrer les coudes, être encore plus proche qu'avant ! Et pourtant on s'éloigne. Comment est-ce qu'on a fait pour en arriver là ?

Je sursaute lorsque je m'aperçois qu'il a déployé ses ailes. Il s'approche froidement de moi pour m'enserrer par la taille. Nous décollons puis fonçons en direction des montagnes. Je n'éprouve nul plaisir à voler. Je me fiche que le paysage soit beau, je me fiche d'être plus proche du soleil, je me fiche que nous soyons au Paradis.

Yanis atterrit brutalement sur le sommet rocheux d'une montagne puis me lâche aussitôt, comme si... comme si je le dégoute, qu'il veut se tenir le plus loin possible de moi.

J'ai beau me rabâcher intérieurement que c'est impossible, qu'il s'agit là d'un cauchemar, or il est indéniable que quelque chose s'est brisé entre nous.

Je m'éloigne tout doucement de Yanis, me répétant dans ma tête qu'il ne faut pas que je me focalise sur lui, que pour le moment il y a des choses plus urgentes. Cela me soulage un peu de découvrir à l'horizon une vaste forêt qui s'étend sur plusieurs kilomètres avant de prendre fin devant de nouvelles montagnes.

Nous nous mettons en route, sans un échange. Néanmoins je me retourne de temps à autre pour vérifier que Yanis suit toujours. Il est à la traine, quelques mètres derrière moi, j'ignore si c'est volontaire de sa part. J'ai l'impression qu'il est à court de souffle, qu'il n'en peut plus, qu'il peine vraiment à maintenir son allure. Cependant je suis trop blessée pour lui adresser la parole comme si de rien était. Je ne suis pas rancunière, mais j'ai trop peur qu'il me fasse mal à nouveau, dans une réplique dénuée d'émotion.

Inconsciemment, j'accélère le pas, peut-être parce que j'ai besoin de fuir. J'atteins rapidement la lisière de la forêt. Les arbres millénaires sont bien plus hauts que ceux de mon village or le soleil gagne plus facilement le sol ici. La terre semble dorée à quelques endroits, et les rayons qui filtrent d'entre les feuilles paraissent scintiller plus qu'ailleurs. C'est sans doute ça le Paradis, des petits plus un peu partout. A vrai dire ce n'est pas pour autant que les choses en sont plus belles. La perfection a souvent un goût surfait.

Je m'enfonce encore entre les grands et larges troncs, en enjambant leurs racines qui se tortillent au sol. A cet instant j'ai l'impression de faire un saut en arrière, je me retrouve quelques mois plus tôt, lorsque j'ignorais encore tout de ce monde et que pourtant j'avais une tonne de problèmes. Quand j'y repense, ils sont peut-être la clef. Si dans ma tête tout se passait normalement, si mon esprit tournait un peu plus rond et que mon cerveau réfléchissait dans le bon sens, je ne serais certainement pas là aujourd'hui.

Soudain j'entends une sorte de grognement. Plus fort que celui d'un cochon ou même de tout animal que j'ai pu entendre au cours de ma brève existence. Je redoute ce qui pourrait se cacher derrière ce son, je me fais tout un tas de films sans vraiment le commander. Je n'ai absolument aucune idée quant à l'origine ce bruit annonciateur de mauvaise nouvelle alors je tourne lentement sur moi-même... et bien évidement je constate que Yanis n'est pas derrière moi. Est-ce que ça fait longtemps que je l'ai semé ?

J'en perçois alors un autre, cette fois-ci beaucoup plus proche. Je fais tout doucement volte-face...

Pas de gestes brusques... surtout ne bouge pas...

Malheureusement il est déjà trop tard. On dirait un... un triple-sanglier avec de grosses défenses longues de cinquante centimètres et une peau aussi épaisse que celle d'un éléphant. De la fumée sort de ses narines. Il a aussi un petit côté taureau, pour ne rien arranger. C'est alors qu'il se met à charger dans ma direction. C'est un peu comme si une voiture vous fonce dessus. Vous restez là, sans bouger, car aucun être humain ne réagirait assez vite pour faire un bon de côté – à part dans les films. Alors, bien évidemment, puisque je suis l'unique humaine dans ce fichu Paradis et que je n'ai aucun réflexe excepté celui de me figer, muette, c'est à quelqu'un d'autre de me secourir. Etant donné que Yanis est le seul à ne pas vouloir me trucider – enfin pas encore – il est donc apparu comme par magie et m'a emportée dans son élan une seconde avant que les défenses du monstres ne balayent l'air à l'endroit précis où je me tenais. Nous nous sommes étalés sur le sol – c'est alors que j'ai réalisé à quel point Yanis n'allait pas bien, en temps normal il aurait maitrisé l'atterrissage – et j'ai cru avaler une bonne cuillérée de terre.

Ma hanche et une bonne partie de mon bras se mettent à me lancer mais je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits pour observer mes éraflures que je vois dans le flou Yanis se relever péniblement et saisir une pierre de la taille de ma tête. Le monstre charge une nouvelle fois, et lorsqu'il se trouve à bonne hauteur du démon, celui-ci jette de toutes ses forces la roche sur son crâne. Un cri débute alors quand la bête percute Yanis et prend fin quelques secondes plus tard, au moment où la poussière commence à se dissiper et laisse entrevoir deux corps couchés par terre, immobiles. Il me faut plusieurs secondes pour comprendre que c'est moi qui ai hurlé. Je me remets aussi vite que possible sur mes jambes et me précipite jusqu'à eux. A première vue le monstre est mort, du sang s'écoule de sa tête et plus aucune fumée ne sort par ses narines. Je le roue de coups de pieds pour tenter de l'écarter de Yanis, en vain. Je tire alors le démon un peu plus loin puis m'accroupie auprès de lui. Ses yeux sont clos mais je devine qu'il est conscient et qu'il m'entend peut-être. J'en profite alors pour lui dire tout ce que j'ai sur le cœur, en espérant que malgré son silence soit revenu le Yanis que j'aime par-dessus tout.

- Je suis incapable de t'en vouloir, tu le sais bien. En quelques semaines tu es devenu toute ma vie ! Comment je ferais sans toi ? Et s'il te plait ne rigole pas parce que ce n'est pas une blague ni une façon de parler ou une réplique qui revient souvent dans les films ou les livres. Je suis sincère. Je n'ai jamais été si attachée à quelqu'un. T'es le seul qui me comprenne, le seul avec qui j'arrive à rire et en même temps à aborder des sujets importants. On a vécu tellement de choses ensembles ! Tu sais ces derniers jours j'ai eu très peur parce que j'ai cru que tu ne voulais plus de moi, que tu avais réalisé que cette aventure était de la folie et que moi je n'étais pas à la hauteur de cette fameuse folie... J'ai vraiment cru que j'allais te perdre, et que par la même occasion j'allais tout perdre. Et puis j'ai repensé à tout ce qu'on a vécu, alors même si je ne te connais pas je sais que tu ne ferais de mal à personne qui t'aime. Que tu serais incapable de briser quelqu'un, de lui donner de faux espoirs, de mettre fin à ses rêves, n'est-ce pas ? Ah c'est vrai que tu ne peux pas parler... Mais j'ai compris que quelque chose n'allait pas, que c'était plus profond que ce que je croyais. Donc c'est décidé, on ne va pas écourter les dialogues, on ne va pas s'ignorer et laisser les doutes nous envahir. On va se battre. Ensemble. Quitte à me heurter à un mur, je vais quand même te parler, même si je ne sais que quelque chose te ronge de l'intérieur... Yanis je ne sais vraiment pas quoi faire, mais en tout cas je vais faire quelque chose.

Je me tais. Est-ce qu'il va ouvrir les yeux ?

Pourquoi il ne rouvre pas les yeux ?!

Je refoule les larmes qui m'assaillent. S'il ne me voit pas, peut-être m'entend-t-il, et dans ce cas-là je refuse de sangloter encore une fois, même si j'ai toutes les raisons de le faire.

Depuis ce matin la douleur à ma jambe s'estompait progressivement, eh bien maintenant me revoilà repartie pour plusieurs jours de souffrances. J'ai vraiment mal partout mais je me promets de le cacher à Yanis lorsqu'il se réveillera.

Mon regard s'attarde sur ses mains toutes écorchées, en tant que démon il aurait déjà dû commencer à cicatriser. Je réalise qu'il a soulevé une pierre de la taille d'un ballon de foot alors qu'il n'en a plus la force, c'est flagrant. Et il n'a même pas réussi à déployer ses ailes, encore moins se téléporter. C'est comme s'il perdait tout ce qui fait de lui ce qu'il est, son corps, sa façon de penser, sa nature. J'ai mal pour lui.

Est-ce le Paradis qui lui fait cet effet-là ? Si oui alors je ne me pardonnerais jamais de l'y avoir entrainé, de l'avoir détruit.

- Bon sang ouvre les yeux. Allez Yanis, tu peux le faire...

Malgré mes supplications il demeure immobile. Tout devient flou alors je plaque mes mains contre mon visage, incapable de me retenir plus longtemps.

Je m'agenouille à ses côtés puis enserre ses poignets, comme pour lui signifier que je ne l'abandonnerai pas, que je resterai avec lui quoi qu'il arrive, comme il m'en a lui-même fait la promesse, sur un petit îlot polynésien.

Pourquoi est-ce que quand tout semble aller bien le malheur vient soudainement nous frapper ? Est-ce le fruit du hasard ou d'une balance qui flotte dans l'espace ?

Dois-je comprendre que je ne lui plais pas ? Que j'ai fait quelque chose de mal ? Que je ne suis pas comme il le faudrait ?

- Mais tu veux quoi à la fin ?! m'écrié-je désespérément en m'adressant au ciel.

Je pleure. Encore plus fort. Toutes les larmes de mon corps se déversent le long de mes joues puis atterrissent sur le torse de Yanis ; comme des gouttes de pluie, si j'étais le ciel et Yanis la Terre. Ma gorge se noue douloureusement et un paquet de sensations de ce genre s'ajoutent au lot.

Je n'ai jamais autant souhaité que quelqu'un me parle, me dise des mots rassurants. Cette fois la détresse est différente : c'est une personne que j'aime vraiment et dont je me soucie que je dois sauver, pas des mondes peuplés de créatures méconnues qui ne m'évoquent rien. Depuis notre arrivée au Paradis Perdu, c'est comme si les rôles s'étaient inversés, qu'à présent c'est moi qui suis responsable de la situation et de notre sécurité à tous les deux.

En effet, Yanis se sent mal à l'aise ici, c'est flagrant. Et maintenant il est carrément plongé dans l'inconscience. Pourtant il est bien loin d'être serein. Je sens qu'il lutte pour se réveiller, qu'il bataille avec cette force obscure qui le change à vitesse grand v.

Je me mets à fixer es paupières de façon intense dans l'espoir que mon regard les traverse et file ressourcer le sang qui coule dans ses veines de cette puissance incontrôlée qui lui était si familière.

Comme je l'aime ! à ce moment précis, lorsque je repense à tout ce pourquoi il est entré dans mon cœur pour ne plus en sortir...

Allez Yanis ! Allez...

Comme si nos esprits s'étaient connectés, il entrouvre légèrement les yeux puis pousse un soupir de soulagement. Je sèche rapidement mes larmes puis desserre ses poignets, optant plutôt pour caresser tendrement le dos de ses mains. Yanis remue faiblement, je devine qu'il essaye en vain de se redresser. Il finit par laisser tomber et se contente de contempler mon visage. Son regard est vacant, mais petit à petit il semble s'éloigner du sommeil et retrouver de l'énergie.

- Alors comme ça je suis quelqu'un d'important ?

Je ne sais pas s'il le dit de façon ironique ou très sérieuse, en vérité son ton est totalement neutre du fait qu'il s'adresse à moi d'une voix faible et lointaine que j'ai du mal à percevoir. Je choisis de répondre franchement et simplement, parce que l'heure n'est plus aux sous-entendus ni aux cachoteries.

- Oui. T'as conquis mon cœur en très peu de temps, tu peux en être fier...

J'esquisse un sourire mais j'ignore s'il y voit quelque chose, ses yeux ont l'air si perdu dans le vague !

- Autre que fier ! s'exclame-t-il d'une petite voix. C'est ce que j'ai toujours rêvé d'être : important.

- Ouais... mais aux yeux du monde, pas d'une seule personne.

- C'est toi mon monde, réplique-t-il comme s'il s'agissait là d'une évidence parfaitement démontrée.

- Mais... je...

- Excuse-moi de... de ne pas avoir été à la hauteur.

Je distingue à présent beaucoup de souffrances dans sa voix. Est-ce physique ? morale ? D'où est-ce qu'elle vient ?

- C'est moi qui ne suis pas à la hauteur, Yanis.

- Non. La preuve : tu es encore debout pourtant tu n'es qu'une humaine... tandis que moi je suis étendu par terre alors que je suis un démon et que j'ai juré de te protéger. J'ai rompu l'accord...

- Tu te relèveras et tout ira mieux. Tu respectes parfaitement tes engagements pour l'instant ! m'écrié-je en n'y croyant qu'à demi-mot.

- Tu sais très bien que non. Mais... Je ne veux pas parler de ça, pas tout de suite. Répète encore mon nom s'il te plait.

C'est dit davantage comme une dernière requête qu'une demande solennelle, même si les deux sont proches. En tout cas ce n'est ni un ordre ni une supplication. Il veut garder un semblant de dignité, hélas il est là, allongé sur le sol, les yeux mi-clos... je ressens alors toute la souffrance qu'il éprouve sans vraiment la partager avec lui ni ne l'en soulager d'un poids.

- Yanis..., murmuré-je en glissant dans ce nom propre toutes les émotions qui me traverse l'esprit en ce moment-même.

Le démon ferme les yeux. Je ne sais plus quoi penser ni quoi faire. Répéter inlassablement son nom ? Me recroqueviller auprès de lui et attendre que la douleur passe ?

Je me rappelle soudain qu'il nous faut boire, impérativement. Je sors la boussole de mon sac-à-dos et calle ensuite celui-ci derrière la tête de Yanis afin que ça lui serve d'oreiller. Il grogne – je suppose qu'il comprend que je m'apprête à partir mais n'a ni la force de parler ni celle de réfléchir à ce qui est bon ou non de faire. Je m'éloigne en silence, suivant la direction que m'indique le petit objet que je serre au creux de mes mains. Je pense très fort à de l'eau douce et pure qui nous hydraterait. Je l'imagine s'écouler tranquillement entre les lèvres toutes gercées de Yanis. C'est surtout son état qui me motive à partir à la recherche de l'eau, en espérant qu'elle lui redonne un peu d'éclat. Les aiguilles se stabilisent au fur et à mesure que je formule ma pensée.

J'espère qu'au passage je ne tomberai pas sur un autre monstre dépourvu de sens, mais si cela se produit, je me promets de me battre jusqu'à mon dernier souffle pour retrouver Yanis et admirer encore un peu ce démon fascinant et que j'aime et qui, j'ai cru comprendre, m'aime au moins autant. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro