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Chapitre 37

Le vent siffle dans mes oreilles et le navire glisse de plus en plus vite sur l'eau. A l'horizon le ciel devient vert-émeraude. On dirait qu'il est parcouru par un courant d'air, comme un voile ou une voile. Plus nous en approchons, plus nous semblons pénétrer dans une nouvelle ère. Je me demande si nous allons nous envoler, ou si au contraire la mer va nous engloutir. Pour l'instant le courant se charge simplement de nous faire filer à toute vitesse vers le cœur de ce phénomène étrange en raccord avec la journée qui commence à décliner. Dans mon dos il n'y a plus aucune trace du jour ou du soleil, alors je suppose que nous avons déjà été absorbés par cette sorte de galaxie atemporelle. Peut-être que la nuit est déjà passée, ou qu'elle vient à peine de commencer. Sommes-nous à l'aube ou au crépuscule ? Ni l'un ni l'autre, je crois. Le jour et la nuit se confondent. Calypso avait vu juste.

- Dis-leur de se taire, demande soudain Yanis au capitaine tout en me ramenant à la réalité.

- Pourquoi ? répond celui-ci légèrement surpris par cette curieuse volonté et aussi et surtout par le fait que le démon lui dicte sa conduite depuis un moment déjà.

Yanis lève la main comme s'il était en train d'écouter quelque chose alors Jacques Moineau ordonne rapidement à ses hommes de faire silence.

Au début, je n'entends rien de spécial. Le vent gonfle les voiles, des grincements nous proviennent du navire, la mer clapote calmement contre la coque et le son lointain des vagues nous parvient... seulement, je perçois quelque chose... encore plus loin...

- On dirait...

- Une chute d'eau. Alors à moins qu'une pluie démentielle tombe à l'horizon je suppose qu'il s'agit d'un vortex.

- Comment on va faire ? m'exclamé-je en cherchant un peu de réconfort dans les yeux du démon qui m'a tant de fois sauvé la vie.

Il secoue la tête, presque résigné, puis il souffle et rive les yeux au ciel.

- Et merde ! peste-t-il en appuyant ses mains contre la rambarde.

Je ne sais plus trop où me mettre. Le rejoindre pour tenter de le calmer ? à quoi bon ?

Nous courrons à notre perte, mais c'est ce que nous faisons tous. Jusqu'à présent nous sommes encore en vie alors c'est bien qu'un délai nous est accordé. Si nous avons fait tous ces efforts, ces sacrifices... si nous avons pris tous ces risques pour en arriver là alors ce n'est plus le moment de reculer. Si nous ne sommes pas morts il y a une raison.

- Yanis on va y arriver. On n'est pas là pour rien, non ? Tu m'as rassuré des tas de fois depuis le début de... notre histoire ? ... alors aujourd'hui c'est à moi de le faire. On ne serait déjà plus de ce monde si nous avions emprunté le mauvais chemin. Je suis certaine qu'on a pris les décisions qu'il fallait, qu'on a fait les bons choix. Si on est ici c'est parce qu'on a eu la foi. Et il faut y croire jusqu'au bout. Ce n'est pas le moment de douter et de tout abandonner. On ne peut pas reculer, tu comprends ? Il faut qu'on fonce comme on l'a fait jusqu'à présent. C'est ça le secret de notre réussite : on est persuadés d'avoir la chance de notre côté. Yanis crois-moi j'ai terriblement peur. Un vortex ? Non mais à ton avis qui de nous deux se sent le plus vulnérable ?

Chérie t'es peut-être immortelle, j'te rappelle.

- Ecoute... ça va passer. Je ne saurais pas comment l'expliquer mais ça va passer. On ne mourra pas aux portes du Paradis. L'heure n'a pas encore sonnée.

Mon discours n'a pas seulement eu de l'effet sur lui, j'ai réussi à me rassurer moi-même. Je me sens un peu plus apaisée, maintenant je reprends le contrôle de mon corps et mon esprit et je suis prête à affronter le danger qui nous attend... d'ailleurs... il n'est plus à l'horizon... il est... tout proche...

- Y'a rien derrière ! s'écrie un pirate en nous rejoignant à l'arrière du navire.

- Comment ça ? Enfin ! Soyez plus précis bon sang ! s'écrit le Capitaine Jacques Moineau.

- On ne sait pas... on... Capitaine je crois que nous avons atteint le bout du monde, affirme-t-il.

Oh mon dieu...

Je mets la main devant ma bouche.

C'est impossible, c'est...

Oh mais oui...

Nous gagnons rapidement la proue du navire. J'ai du mal à y croire mais à quelques kilomètres de là la mer prend fin et laisse place à une lumière aveuglante.

- C'est pas un vortex, dit Yanis.

- Non... Je le savais depuis le début...

- De quoi tu parles ? me demande-t-il. Qu'est-ce que tu savais depuis le début ?

- C'est pas un vortex... c'est une cascade.

Je tombe à genoux et je sens les larmes affluer à mes yeux. Les souvenirs me reviennent. Tout me revient. Je revois Théo, le soir du bal, sur le balcon. « C'est ça le secret ». Je me rappelle du rêve que j'avais fait sur la plage. La cascade... mais oui la cascade !

- Am, murmure Yanis en s'agenouillant à mes côtés. Am il faut que tu te relèves.

- Je l'ai oublié... je l'avais oublié...

- Am !

- Le rêve ! Je...

- Am dépêche-toi !

Soudain j'ouvre grand les yeux et le laisse me relever. En face de nous la lumière se fait de plus en plus intense. Je vois le bout de la mer, et puis...

- Ne lâche pas cette corde, m'ordonne-t-il en la nouant autour de ma taille. Quoi qu'il arrive il faut que tu...

Il ne termine pas sa phrase. Cette fois-ci c'est à moi de lui couper la parole. Je dépose un léger baiser sur ses lèvres avant de prendre ma respiration et d'empoigner fermement la corde entre mes mains.

Plus qu'une centaine de mètres. Je n'entends plus rien d'autre que le son de l'eau qui chute inévitablement vers un nouveau monde ; les cris des pirates se perdent dans l'atmosphère en suspens...

... et la cascade nous emporte.

J'ai le temps d'apercevoir quelques membres de l'équipage qui n'avaient pas eu le temps de s'attacher passer par-dessus bord tandis que l'Epave des Flots quitte la mer pour plonger dans la lumière. Je me retrouve soudainement trempée, je vois des objets voler tout autour de moi, je comprends aussi que le navire se renverse. J'ignore si je suis à l'envers, si la cascade est à ma gauche ou à ma droite, devant moi ou dans mon dos. Je ne sais pas si nous sommes bientôt arrivés au bout, si cette chute prendra réellement fin, si la lumière nous attend en bas ou si ce n'est que purement et simplement le trou noir qui nous ouvre ses porte. Que va-t-il se passer à l'atterrissage ? Le bois résistera-t-il ? Les pirates qui ont quitté le navire sont-ils morts pour de bon ?

La corde se tend, puis se détend et s'enroule autour de ma jambe avant de se resserrer de nouveau et cette fois-ci autour d'elle. Il en va ainsi pendant un temps indéfini. Quelques secondes ou plusieurs heures. En tout cas, et contre toute attente, le navire cesse brusquement de chuter et se met à planer dans le ciel jaune pâle.

Je suis en apesanteur, constaté-je, étant donné que je ne me suis pas écrasée de façon ridicule et mortelle.

A cette pensée la lumière se fait si intense qu'elle finit par exploser. Littéralement. Comme si quelqu'un avait coupé le courant. Tout devient affreusement noir et un grand bruit d'éclaboussure retentit au moment où le navire atterrit enfin sur ce qui semble être de l'eau.

A cet instant je m'aperçois que je tombe. Personne n'est là pour me rattraper. Je percute lourdement le pont après une chute de plusieurs mètres. Je ferme alors les yeux sur une brume de mauvais augure, incapable de lutter plus longtemps contre la fatigue assaillante.


Je rêve. Oui le moment est sûrement mal choisi.

Je rêve d'un monde où ma famille serait réunie au grand complet. Il y aurait aussi toutes les personnes que j'ai jadis fréquentées, ainsi que Lahela, Yanis et Théo. Nous serions tous en bonne santé et rien ne pourrait troubler notre bonheur... seulement... il ne s'agit pas vraiment de bonheur. En vérité ce monde est insensible, plat et vide.

Puis l'un d'entre nous meurt, et c'est l'élément déclencheur. Nous sommes triste, certes, mais quelqu'un vient me prendre la main, et à mon tour je sers la main de quelqu'un dans la mienne. Nous devenons solidaires, nous nous entraidons, nous faisons de notre mieux pour nous faire sourire mutuellement. Ensuite les évènements s'enchainent un à un. Petit à petit de nouveaux sentiments font leur apparition tandis que nous exploitons de nouvelles émotions. J'assiste à la naissance de l'amour, la jalousie, la trahison, le regret, les remords, le pardon, la réconciliation, l'amitié... et chacune de ces choses éprouvées ajoute sa couleur au coloriage du monde. Celui-ci s'embellit. Certaines couleurs sont moins belles que d'autres, mais ce sont elles qui font ressortir les plus magnifiques.

En fait c'est ce monde qu'il nous faut à tous. C'est cette variété, cet assemblage, cette union. A chacun de trouver sa place, à chacun de se colorer à sa façon. A chacun de vivre sa vie et de forger sa personne à l'aide de toutes ces couleurs.

Rêver c'est merveilleux, mais une chose est plus merveilleuse encore : lorsque la réalité nous surprend encore plus que le rêve, lorsque celle-ci parait plus belle, qu'elle est le résultat de nos désirs, ou qu'elle nous guide mieux que le sommeil à travers les étoiles.

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