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Chapitre 36

Yanis me donne un nouveau cours de combat, cela se passe plutôt bien, nous parvenons même à rigoler. Ensuite je décide d'essayer une des vieilles robes de princesses retranchées dans la fameuse armoire. Il y en a une jaune qui attire particulièrement mon regard ; elle ressemble vaguement à celle que porte Belle dans La Belle et la Bête. Je m'épargne le corset et la coiffure, fais de mon mieux pour nouer les rubans et attacher la robe puis sors sur le pont un peu négligée. Mes cheveux lâchés et en pagaille prennent le vent lorsque je mets les pieds à l'extérieur. Je n'ai pas les manières d'une jeune femme noble de l'époque, ni la démarche ou les mêmes expressions du visage. En vérité, à cet instant précis, j'ai l'impression d'être une femme libre, sur un navire rempli de pirates, vêtue d'une longue robe qui traine par terre et un peu déchirée vers le bas.

Je remarque le capitaine à la barre, il fixe l'horizon qui s'est légèrement éclairci depuis l'aube.

- Où avez-vous trouvé cette robe ? me demande-t-il calmement lorsque je le rejoins.

Il me scrute quelques instants puis son regard se reporte sur la mer. Les rayons du soleil le contraignent à plisser les yeux et illuminent ses joues bronzées.

- Dans la cabine que j'occupe. Il y a pas mal de choses qui éveillent ma curiosité à l'intérieur.

- Si vous voulez vous pourrez en emporter avec vous.

- C'est gentil. Mais je ne suis pas sûre de connaitre toute la symbolique, or c'est important. Cette robe par exemple, vous pouvez m'en parler ?

- Est-ce votre façon de dire à dieu ? dit-il en m'observant curieusement.

- Peut-être, avoué-je. Je m'intéresse aux choses lorsque je sens la fin approcher. J'ai envie d'entendre des histoires, d'enrichir mes connaissances. Oui, je... je pense que vous avez raison. C'est aussi un état d'esprit... enfin... je...

- Cette robe appartenait à la fille d'un amiral Irlandais à Port-Royal, dit-il. Elle était très belle... mais n'était pas comme il aurait fallu qu'elle soit. Son père voulait la marier avec un riche anglais. Il était jeune et sûrement très respectable puisque l'amiral avait perdu sa femme et ne vivait que pour les beaux yeux de sa fille qu'il vénérait par-dessus tout. Il ne désirait que son bien. Seulement elle ne voulait pas de ce mariage, ni d'aucun autre homme. Elle se sentait différente, et ne correspondait pas à l'image qu'on se faisait de la femme. Alors, lors de l'un de nos énièmes pillages, elle est descendue dans la rue avec une malle pleine d'affaires. Elle est tombée sur moi et un ancien camarade. Si mes souvenirs sont bons, elle m'a dit : « Prenez-moi en otage, mon père payera la rançon ». Oui, elle nous a presque suppliés de l'emmener...

Jacques Moineau sourit.

- Nous avons pris la mer, non sans quelques remarques énergiques de l'équipage qui craignait qu'elle ne nous porte malheur. En même temps ils la trouvaient si belle qu'ils étaient persuadés que c'était le diable, une sorcière, une déesse... mais bon... que faire face à une telle beauté ? Elle s'est bien intégrée et nous avons découvert une jeune femme pleine de vie. Petit à petit elle a mis de côté ses robes et s'est vêtue comme un homme, elle gardait ses cheveux lâches et emmêlés, ne faisait plus attention aux bonnes manières... Bref, elle était exceptionnelle. Elle croyait dur comme fer que les choses pourraient se poursuivre ainsi, qu'elle écrirait elle-même son histoire, qu'elle pourrait naviguer en totale liberté pour le restant de ses jours... pour elle, le passé était loin derrière et ne la rattraperait jamais. Elle pensait que le plus difficile était fait, qu'elle avait gagné... Elle nous a convaincu de la garder avec nous et c'est ce que nous avons fait. Elle était prête à laisser croire à son père qu'elle était morte, que c'était le prix de sa vie...

- Mais les prix ne sont pas fixes, n'est-ce pas ?

- Comme vous le devinez... Un jour nous sommes tombés sur des navires britanniques. Nous n'avions pas d'autre option que de les combattre. Ils étaient trop près, et c'était du 3 contre 1. C'est parfois cruel, l'horizon ; il est beau jusqu'à ce qu'on y décèle des formes étranges. Nous étions préparés à mourir, on savait que cette fois c'était perdu, qu'on ne pourrait pas les vaincre. Jane aurait voulu se battre jusqu'à son dernier souffle – oui elle s'appelait Jane -... mais ce jour-là c'était... Elle refusait qu'on meure tous s'il y avait une chance de nous sauver. J'ai tenté de la retenir, en vain. Elle avait pris sa décision. Elle a enfilé une de ses anciennes robes et s'est placée à l'avant du navire de sorte à ce qu'elle soit bien visible de tous. Ils ont dû la reconnaitre...

- Elle s'est livrée à eux pour vous laisser partir...

- Oui. Mais... mais nous, nous n'avons pas pu la sauver. Au moment où elle a remis cette robe... elle a rendu sa liberté au ciel.

A cet instant les derniers nuages s'écartent afin de ne laisser dans notre champ de vision qu'un soleil bien trop éblouissant.

- Parfois c'est trop beau, hein ? Trop clair, trop pur, trop invraisemblable. Et finalement on se dit qu'on préférait les choses plus simples, plus modestes, moins grosses. Elle n'a eu qu'un an de liberté. Toute sa volonté de prolonger ces instants à admirer l'infini n'a pas suffi.

- Est-ce que ça veut dire que malgré tout l'amour qu'on peut éprouver envers une personne, on finit par ne plus l'aimer ?

- Avec tous les parallèles possibles, c'est celui-ci qui te préoccupe... Je ne peux pas répondre à ta question, je sais juste que les choses ne se passent jamais de la même façon, et que la plupart du temps ce n'est pas ce à quoi on s'attend qui se produit.


Chères feuilles de papier,

J'ignore le sens de cette journée, mais j'ai le pressentiment que le trouver sera très enrichissant humainement. Aujourd'hui il ne s'est rien passé outre des comportements étranges... de ma part. J'ai déplacé une armoire, enfilé une vieille robe, goutté le si vénéré rhum des Caraïbes et me suis allongée sur un hamac dans la calle dans l'espoir d'y trouver un sommeil simple et rythmé par les secousses de l'eau. Ensuite, une force inconnue m'a attirée jusqu'aux appartements du capitaine. Son bureau était vide lorsque j'y suis entrée. J'ai observé la petite pièce comme si mon devoir était d'y déceler un mystère. Un objet bien précis a attisé ma convoitise, cela n'avait en rien un rapport avec le hasard ni même la coïncidence. Il s'agissait de la boussole dont je m'étais servie pour savoir quel cap prendre afin de me diriger vers ce que je voulais vraiment. Je me suis alors approchée, et quand j'ai posé la main dessus Jacques Moineau a fait irruption dans la pièce. Il m'a dit que je pouvais la prendre, qu'elle me serait plus utile qu'à lui. Je me suis contentée de le remercier et je suis aussitôt repartie.

On dirait que la rationalité des comportements humains est bousculée par une sorte de magie lointaine dans un but bien spécifique, que la gravité de l'absurdité prend son envol. Tout semble dénué de sens et de logique. J'en perds moi-même les mots.

Ça s'agite sur le pont. Yanis m'a demandé hier soir de réunir tous mes effets personnels dans un sac-à-dos, alors je vais vous y abandonner... ne m'en voulez pas de vous retenir prisonnières. J'espère que vous ne prendrez pas trop l'eau, sans quoi les bavures de l'encre n'auront que faire des rayons de soleil qui tenteront de les réanimer.


- Que se passe-t-il ? demandé-je au premier pirate à croiser mon chemin sur le pont.

- Un phénomène spécial, a dit votre ami !

Je cherche Yanis du regard et le repère à la barre avec le capitaine.

- Hé ! On arrive c'est ça ?

Mon démon hoche la tête mais son air soucieux ne me dit rien qui vaille.

- Regarde à l'horizon.

Je tourne la tête vers le point qu'il fixe. Là-bas le ciel semble... planer ? Comme si le temps était en suspens ou que le cœur de l'univers y avait cessé de battre. On dirait la trêve entre deux battements de paupière lors de laquelle on aperçoit au fond de l'œil du monde le voile qui sépare ce que l'on veut bien laisser paraitre et ce que nous cachons en nous.

- C'est ça une aurore boréale ?

- Pas vraiment, répond le capitaine. Mais ce n'était pas non plus ce que nous cherchions. En vérité ce genre de phénomène se produit très rarement dans la plupart des secteurs de la planète, le nôtre y compris. On ne pouvait pas espérer tomber sur l'un d'entre eux par hasard. Il fallait le chercher et le vouloir.

- Si je comprends bien c'est surtout lui qui décide de venir à nous plus que l'inverse ?

- Pas tout-à-fait... soupire Yanis.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi vous semblez avoir peur tous les deux ?

- Approche, me suggère Jacques.

Il me guide sur le côté du navire et m'exhorte à me pencher par-dessus la rambarde. Malgré mon appréhension de découvrir ce qui cloche, je m'exécute et comprends aussitôt.

- On va très vite et pourtant il n'y a pas de vent. C'est le courant n'est-ce pas ?

- Exactement. Cette chose au loin nous attire vers elle. Nous nous attendions à un phénomène de ce genre, mais cela n'empêche pas que l'on puisse s'interroger quant à ce qui adviendra de nous tous et du navire si nous subissons les assauts d'une tornade, un tsunami ou...

- ... un vortex ? un trou noir ?

- Ou peut-être même le néant, complète Yanis. Tout est envisageable.

- Mais... pourquoi vous ne m'en avez pas parlé avant ?

- Qu'est-ce que ça aurait changé ? Tu aurais fait demi-tour ? Am, dit-il d'un ton plus doux en se rapprochant de moi, je te jure que je ne laisserais rien nous engloutir pour ne plus jamais nous recracher quelque part. Tu sais très bien que si ça tourne mal je serais là pour tout arranger... comme d'habitude, rajoute-t-il en me faisant un clin d'œil.

Oui, oui j'ai peur mais je lui fais confiance... seulement cette fois-ci il ne s'agit pas uniquement de nous. Il y a tout un équipage et un navire rempli de précieux trésors qui ont survécu à tout un tas de tempêtes et de batailles.

- Tu es fort mais...

- Je ne peux pas sauver tout le monde, conclut-il vexé. Tu crois que je ne fais rien pour y remédier ? Tu crois que je ne fais rien pour devenir plus fort et...

- Arrête ! S'il te plait, murmuré-je, arrête avec cette quête de gloire éternelle et...

- Il ne s'agit pas de ça.

- Ne joue pas avec moi. Tu ne me l'as pas dit, mais je sais que ça te ronge d'être impuissant face à certaines situations. Je sais que tu aimerais bien être invincible et remporter tous les combats. J'ai bien compris que tu veux accomplir de grandes choses et que tu as peur de mourir en n'ayant rien fait d'incroyable dans ta vie. Tu veux qu'on se souvienne de toi. En fait, tu as même déjà songé à organiser ta propre mort pour voir comment les gens réagiraient et te rendraient hommage. Comment la vie continuerait sans toi... mais ce dont tu as peur c'est de ne pas manquer au monde, de n'avoir été qu'une personne parmi tant d'autres, quelqu'un dont personne ne se rappelle... Si je sais tout ça c'est parce que je suis exactement pareille. Je crois que presque tout le monde est comme ça. On cherche à exister aux yeux des autres... C'est comme ça que j'ai su que tu étais humain. Ces envies, ce genre de sentiments... cela prouve que tu es empli d'une folle passion, que tu rêves grand, que ton cœur bat comme...

Je n'ai pas fini ma phrase, il a déposé ses lèvres sur les miennes et m'a coupé la parole. De toute façon je ne savais plus quoi dire. Nous nous sommes regardés droit dans les yeux, puis il a levé les siens vers le ciel, attiré par quelque chose. J'ai fait de même et la vue m'a coupée le souffle. Autour de nous, des milliers d'étoiles semblent flotter dans les airs, elles scintillent plus que jamais et leur éclat se reflète même sur la peau de Yanis, le bois et les voiles de l'Epave des Flots, et surtout sur la mer qui se mélange ainsi avec le ciel. On dirait que nous avons atteint l'espace, à une seule condition prêt : nous tenons parfaitement en place malgré une brise fraiche comme la neige à peine tombé du ciel qui vient me faire tressaillir et me donner la sensation de m'envoler un peu avec elle loin de l'eau, du temps et de tout ce qui se rapproche de la vie d'un point de vue scientifique.

Les vents sont-ils vivants ? Et la mer ? Les nuages ? Le ciel ?

Le navire a brusquement accéléré, me faisant renverser en arrière. Les cordes qui reposaient à terre, entrelacées, se sont aussitôt tendues et des pirates sont allés à leur encontre afin de les démêler. Les poulies se sont mises à claquer tandis que des barriques ont commencé à rouler vers l'arrière du navire qui s'enfonce dans la mer. C'est alors qu'un vieux poème m'est revenu en tête, un poème que j'avais dû mémoriser à contrecœur à l'époque car il me rappelait que ce que je rêvais de voir à tout prix m'était totalement étranger, ce qui le rendait d'autant plus inaccessible. Aujourd'hui les choses sont différentes, j'ai compris ce que voulait dire Baudelaire et je partage son avis, comme s'il avait été un compagnon de route de plus.

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

A mon tour j'ai commencé à glisser. J'ai vainement tenté de me retenir aux barreaux des rambardes : ils sont trop loin de moi et il serait trop facile de passer par-dessus en cas de mouvement incontrôlés du bâtiment. Quelques objets ont dégringolé autour de moi sans m'atteindre, puis mon démon m'a saisi la main avant que je ne chute pour de bon. Je me suis péniblement relevée et j'ai fait de mon mieux pour tenir sur mes jambes. Derrière moi le capitaine bataille avec la barre qui tourne dans tous les sens.

- Lâche-la, lui conseille Yanis. Il est inutile de lutter. Cette chose nous attire de toute façon.

Jacques Moineau a obtempéré et la barre s'est alors immobilisée. Le navire poursuit donc sa course sans que l'on n'ait plus aucun contrôle.

- Tu restes avec moi, ok ? me dit Yanis.

Bien sûr que je reste avec lui ! Il ne s'attend pas à ce que j'aille me cacher dans ma cabine, non ?

- Camarades ! s'écrit le capitaine. Vous pouvez tout lâcher, notre destin est désormais entre les mains de forces qui nous surpassent ! Accrochez-vous et préparez-vous à vivre une formidable aventure !

Il pousse ensuite des cris de guerre un brin machiavéliques qui me remettent en mémoire que je suis à bord d'un navire de pirates maudits qui ont pillé et tué toute leur vie avant de devenir des fantômes. 

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