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Chapitre 28

Port-Royal, d'après Yanis, avait été le siège du gouvernement britannique en Jamaïque jusqu'au terrible tremblement de terre du 7 juin 1692 qui l'avait détruit. Deux tiers de la ville étaient passés sous le niveau de la mer et l'activité commerciale de l'île s'était donc rabattue sur Kingston. Cette histoire me fait penser à l'Atlantide. Je fixe l'eau turquoise à la recherche de vestiges, en vain. Tout semble enfouis, caché et secret. Comme si sous la surface est dissimulé un monde où persistent encore ceux qui ont été emportés par la mer.

- On dirait que ça te plait, remarque Yanis.

- Oui. Tu savais que si tu m'emmenais ici tu redonnerais de l'inspiration à mon subconscient, hein ?

Il croque dans son sandwich et rive les yeux vers l'horizon. Nous regardons tous les deux dans la même direction, de façon identique ; ça me conforte dans mon idée que nous nous ressemblons vraiment.

- C'est quoi la suite ?

Yanis fronce les sourcils. Sans doute se demande-t-il à quoi je fais allusion, mais je dois avouer que même moi je ne sais plus trop. Il choisit finalement l'option la plus simple.

- On va rendre visite à quelqu'un.

- Tu ne veux pas m'en dévoiler davantage ?

- Non, parce que j'aime te faire des surprises.

- Eh bien j'espère qu'elles seront à la hauteur, dis-je en soupirant.

- Quoi ? Tu doutes de moi ?

Il passe sa main derrière mon dos et je pose ma tête contre son épaule. A nous voir, les quelques touristes présents dans les alentours doivent penser que nous sommes en couple... Au fond de moi, j'aimerais bien qu'ils aient raison.


Lorsque nous avons terminé notre déjeuner, que le soleil était haut dans le ciel et la chaleur presque insoutenable pour moi qui était en jean, Yanis a jugé qu'il était l'heure de passer un coup de fil. Je lui ai demandé si ce n'était pas risqué d'avoir un portable sur lui, il m'a répondu que celui-ci était neuf et qu'il ne l'avait encore jamais utilisé. Je me suis alors surprise à m'interroger sur la fortune qu'il devait posséder et comment il avait accumulé tout cet argent au fil des années. A quoi ressemblait la vie classique d'un démon ? Vivaient-ils tels des bandits ? Dévalisaient-ils des banques ? Est-ce qu'ils cambriolaient ? Yanis avait-il suivi ce parcours-ci ou en avait-ce été autrement pour lui ? Et moi, est-ce qu'une vie dans ce style-là me conviendrait ? Est-ce que si je choisissais de rester avec Yanis et d'ignorer le poids qui pèse sur mes épaules, les guerres et toutes les personnes qui comptent sur moi, nous pourrions vivre au jour le jour et être heureux ainsi ?

Un vieux 4x4 devenu marron par la terre est arrivé accompagné d'une nuée de poussière et m'a sortie de mes pensées. Un homme noir, maigre et très mal-vêtu à mon goût s'en est extrait. Il a ouvert le coffre et y a récupéré nos bagages, tellement sales que je n'aurais pas pu les reconnaitre rien qu'à leur couleur. Il s'est avancé vers nous et j'ai noté qu'il boitait mais n'y prêtait pas du tout attention. Cela devait faire un moment qu'il était dans cet état.

- Salut mon pote ! s'est joyeusement écrié Yanis en l'étreignant.

C'étaient de vieilles connaissances, j'en étais certaine. Ça me rendait heureuse de voir Yanis se montrer aussi chaleureux envers quelqu'un. En cet instant, j'aurais été fière d'être sa femme ; en lui donnant tout ce que je pouvais et en recevant ces vagues de bonheur en retour. Je me serais sentie à ma place, sereine et bien dans ma peau. Il ne m'aurait fallu que lui. J'aurais accueilli ses amis comme s'ils contribuaient à notre bonheur. J'aurais fait tous les efforts du monde sans me demander si ce n'était pas trop. 

J'ai fait la bise à son ami, qui avait l'air totalement décomplexé. Il s'appelle Jerry. J'ai bien vu que Yanis aurait voulu qu'il reste, mais celui-ci paraissait comprendre que c'était impossible. Il est parti au bout de quelques minutes, et à regarder le démon suivre des yeux son 4x4 qui s'éloignait, laissant dans son sillage une trainée de terre qui venait nous piquer les yeux, j'ai éprouvé une très grande peine que j'ai eu du mal à contrôler. J'aurais aimé prendre Yanis dans mes bras pour le réconforter mais je me suis retenue, parce que lui demeurait fort et droit ; je refusais d'être à nouveau le maillon faible. Avec une voix des plus impartiales, je lui ai demandé ce que nous allions faire. Il a alors parut complètement désintéressé de son vieil ami et m'en a dit un peu plus quant à notre voyage.

- Une barque nous attend.

Je l'ai alors suivi sur une centaine de mètres le long de la plage. Au bout d'un moment, nous avons atteint un coin que j'ai trouvé très joli et là, dissimulé entre les arbres qui formaient la limite entre terre et mer, il y a avait une embarcation de bois tout juste assez grande pour cinq ou six personnes. Nous nous y sommes installés avec nos bagages – j'ai trouvé ceci assez marrant – et j'ai pu constater que j'étais trempée jusqu'aux genoux et que mes baskets avaient l'air fichu. Mais ça n'avait que peu d'importance, même pieds nus j'aurais suivis Yanis. Je n'ai pas remis en question la confiance que je lui voue, cependant j'ai discrètement appréhendé la suite de notre excursion en Jamaïque. J'ai lancé des coups d'œil dans tous les sens, faisant mine d'apprécier le paysage, alors qu'au fond de moi j'avais envie de hurler quelque chose du genre : « Mais où on va ?! ». La barque glissait tranquillement sur l'eau, ne laissant entendre qu'un faible clapotis, et les secondes paraissaient s'éterniser tandis que nous progressions vers le large. Enfin, au bout de ce qui me parut être des heures, nous avons aperçut une forme à l'horizon, un bateau à voiles. J'ai compris que nous nous dirigions vers lui et qu'une étape de notre parcours se déroulerait très certainement à bord de ce navire, alors j'ai senti une vague de stress m'envahir pendant que la mer s'agitait et qu'un violent mal de cœur me gagnait. A plusieurs reprises j'ai bien cru que j'allais vomir, comme ça, devant Yanis, et que tout projet aurait alors été bon à rayer d'une croix rouge. J'avais honte sans raison. Honte d'être malade alors même que je recourrais à tous les efforts possibles pour ne rien en laisser paraitre. Aussi, je me suis sentie ridicule de me focaliser sur de tels détails lors d'une aventure si exceptionnelle.

Bref, nous avons fini par rejoindre ce bateau, et mon mal de mer a disparu au fur et à mesure que nous nous rapprochions, tant la curiosité ne laissait place à nul autre sentiment et focalisait mon corps et mon esprit sur une seule et unique sensation : celle que j'étais irrésistiblement attirée par ce voilier si bien que j'aurais – en cas d'ébriété – été capable de me jeter par-dessus bord afin de le gagner à la nage.


C'est comme dans un film. C'est un bateau de pirates. Vieux, grand et majestueux. Fendant dignement la mer comme s'il en fait partie, les voiles noires et déchirées rythmées par les caprices des vents le portent et le soutiennent dans sa course contre le temps. C'est comme une entité qui perdure, oscillant en silence et veillant sur les horizons inconnus de tous et qui lui sont pour elle seule accessibles. Il s'agit là d'une merveille vivante, impétueuse, sinistre et porte-drapeau de la liberté. Un messager d'un autre monde, un flambeau qui brûle éternellement dans l'obscurité.

A bord, un équipage constitué d'hommes sales et crasseux vêtus modestement et recouverts de tâches d'huile et de graisse laissant à désirer l'éventualité qu'ils puissent un jour arborer une autre apparence que celle-ci. On dirait qu'ils viennent d'un siècle lointain où la population était coupée en deux : d'un côté les gens aux perruques qui s'aspergeaient de parfum pour dissimuler leur odeur, d'un autre ceux qui n'en avaient pas les moyens et s'étaient habitués à tout ce qui aujourd'hui choquerait la plupart d'entre nous.

Je me rends vite compte que je suis la seule femme et qu'ils me fixent tous, hébétés. Un peu gênée je me réfugie derrière Yanis autour duquel il y a comme une sphère protectrice.

Un homme aussi encrassé que ses compagnons se fraye un chemin parmi les... les pirates ? et se poste fièrement devant nous – même s'il a encore des efforts à faire pour se rendre plus impressionnant.

- Bienvenue, chers camarades, sur le bâtiment le plus célèbre, le plus véhément, le plus intrépide des Caraïbes ! commence-t-il d'un ton impérieux en nous présentant son bateau à l'aide de grands gestes des bras. Mon équipage et moi-même avons l'honneur de vous accueillir sur l'Epave des flots. Je suis le Capitaine Jacques Moineau et vous êtes mes invités tant que bon vous semble !

J'ai beau être une fille très consciente et responsable, je ne peux pas m'empêcher de trouver cette situation ironique. Est-ce une blague ? J'ai cru en l'existence des anges et des démons et pourtant j'ai du mal à m'imaginer que ce navire ne soit pas juste une grosse farce sortie tout droit des studios cinéma. Ces gens ne sont quand même pas passés totalement à côté de leur siècle ?! Ils connaissent bien les mots « télé » et « internet » ? Il faudrait que je leur demande un peu plus tard... Et puis comment un tel navire pourrait-il encore errer dans l'océan sans que quiconque ne s'en aperçoive ? En outre, « Jacques Moineau » me rappelle vaguement quelque chose ou quelqu'un. Je suppose que je me suis vue offrir contre mon gré un nouveau puzzle dont les pièces vont bientôt m'être données à leur tour afin que je puisse le reconstituer...

Yanis sert la main du capitaine et tous deux se mettent à discuter tandis que le reste de l'équipage se disperse.

Alors c'est ça la surprise ? Une croisière avec les pirates des Caraïbes ? Franchement, à quoi ça rime ? J'ai du mal à faire un lien entre tous les éléments de ma vie. Y-a-t-il vraiment un rapport entre le Paradis Perdu et ce gigantesque voilier ? Et comment Yanis connait-il ces gens ? Comment a-t-il été amené à les rencontrer la première fois ? Combien de personnes et de lieux exceptionnels a-t-il visité ? A côté de lui j'ai l'impression d'être une débutante qui a tout à apprendre.

Je rejoins mon démon et Jacques qui se dirigent vers la proue du navire. Le chaleureux sourire de Yanis me certifie qu'il est loin de m'avoir oubliée. Il ne me néglige pas, au contraire, il est prêt à toutes les petites attentions afin que mes yeux pétillent encore de tendresse et d'amour. Se sentir désiré est un sentiment d'une saveur inouïe. Le fait qu'un être nous considère autrement, nous voie d'une façon différente, nous distingue des autres, décèle en nous quelque chose d'unique, de beau et d'attirant et nous accorde de l'importance suffit parfois à nous redonner une confiance et une estime de nous-même nécessaire qui nous conforte souvent dans nos choix. Avec Yanis, je suis plus sûre de moi, je me sens moins seule, moins perdue. Peut-être que je deviens dépendante ou peut-être que je c'est juste que je m'attache à lui. Ceux qu'on aime nous sont la plupart du temps essentiels. Sans lui je ne serais pas heureuse, mais s'il n'existait pas je ne l'aurais peut-être jamais été non plus. Alors autant saisir notre chance lorsqu'une personne détient le moyen de nous rendre heureux.

Je suis accro à Yanis. A tout ce qu'il fait, tout ce qu'il dit. Je suis accro aux sentiments que nous éprouvons réciproquement. Je suis accro à notre histoire, à l'amour, au bonheur.

Je lui prends la main. Je la serre fort contre moi, contre mon cœur. J'aimerais qu'il l'entende battre et se rende compte d'à quel point je tiens à lui.

Je me dis que tant qu'il sera là je serai heureuse.

Tant qu'il sera là... 

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