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Chapitre 24

Lorsqu'elle le vit arriver, lui qui l'avait si lâchement laissé tomber, elle n'eut ni chaud ni froid. Les sentiments ? Ils avaient quitté son cœur ou bien elle les avait chassés. Les émotions ? L'amour ? La peur ? Le doute ? L'appréhension ? Le manque ? Tout ceci avait disparu. Pour l'instant elle n'était même plus capable d'éprouver de la colère. Elle était devenue totalement insensible ; et seul son cerveau en marche lui certifiait qu'elle était encore vivante. Peut-être plus proche d'un robot que d'un être humain, mais vivante tout de même. Et puis elle pouvait penser, réfléchir... bien que cela ne soit alimenté par aucune sensation. Son humanité l'avait quittée, elle ne la regrettait guère.

Mais Carmen n'en voulait pas à Yanis. Il l'avait détruite mais elle n'était pas rancunière. Elle allait se venger or ce n'était pas pour soulager une quelconque soif de vengeance. Elle allait le faire, et c'était tout. Il n'y avait aucune explication et elle ne cherchait pas à comprendre.

Il progressait vers sa table. Avant qu'il ne l'ai aperçue, il avait l'air ému, mais au moment où il avait croisé son regard, il avait aussitôt été troublé. Il s'était sans doute attendu à ce qu'elle l'accueille les bras ouverts, qu'elle se jette dans ses bras, qu'elle verse une larme, lui tienne un discours solennel ou lui demande désespérément de revenir. Or il ne se passa rien de tout ça.

Carmen pianota patiemment sur son verre à vin jusqu'à ce qu'il tire une chaise et s'installe, voyant qu'elle n'était pas décidée à se lever pour le saluer.

- Bonjour, dit-il d'une voix neutre.

L'atmosphère était glaciale et Yanis devait se sentir très mal, c'est ce qu'elle avait cherché.

Elle inclina la tête sur le côté et lui lança un regard perçant pour lui signifier que cette entrevue ne prendrait à aucun moment la tournure qu'il avait espéré. Il parut comprendre le message en excluant à son tour toute émotion de son visage. Il savait très bien faire ça, pourtant cette fois-ci il sembla avoir du mal à faire abstraction de ses sentiments. On aurait dit que ceux-ci le submergeaient et que pour une fois il en avait assez de tricher et voulait être sincère. Il reforma donc sa carapace sans pour autant chercher à dissimuler sa fragilité.

- Je ne pensais pas qu'un jour j'aurais besoin de faire ça avec toi, déclara-t-il sur un ton empli de regret et de déception.

Cela ne plut pas à Carmen car ça lui serra presque le cœur. C'est elle qui aurait dû être déçue ! C'était à elle d'avoir des regrets !

- Il y a quelques années, si on m'avait dit que tu allais partir et m'oublier, je ne l'aurais pas cru, répliqua-t-elle en notant qu'elle n'était pas le moins du monde en colère.

- Je suis désolé. Vraiment, ce que j'ai fait est horrible. Je ne demande pas ton pardon, mais je veux que tu saches que si je t'ai appelé c'est parce que j'avais besoin de te voir une dernière fois.

- Pendant que tu t'éclatais à la montagne, tu t'es demandé si moi j'avais besoin de te voir ?

Ah... là elle commençait à se montrer agressive.

- J'ai fait une erreur...

- Une seule ? En plus de trois mois d'absence tu n'as fait qu'une erreur ? Et tu n'as pas eu le temps d'y réfléchir ? de te demander si ce que tu faisais était mal ?

A chaque fois que Carmen parlait, Yanis avait l'impression de se recevoir une décharge électrique.

- Si. C'était affreux, je le répète, et je le savais. Je m'en voulais mais d'un autre côté j'étais conscient que c'était inexcusable et que si c'était à refaire...

- Quoi ?

- Si c'était à refaire alors je tarderai moins. Dès le début du mois d'Avril je mettrai fin à notre relation et tu serais fixée. J'y serai peut-être allé plus en douceur, mais je ne te promets rien, parce que tu aurais vu une once d'espoir à laquelle t'accrocher et ç'aurait été encore plus dur pour toi de comprendre.

- Parce que tu crois que j'ai compris ? s'exclama-t-elle en tombant des nus. Tu as laissé ta meilleure amie pour une...

- Oui, la coupa-t-il. Plus que tu ne le penses. Tu as toujours su qu'un jour il faudrait qu'on se sépare, qu'on emprunte des voies différentes, qu'on vive nos vies. J'ai trouvé quelqu'un avec qui je veux partager la mienne, alors je t'abandonne. D'une certaine manière je t'ai remplacée. Et je te le redis une dernière fois : je ne veux pas que tu me pardonnes, que tu essais de te mettre à ma place ou que tu tentes de me comprendre. On n'est pas les mêmes. Mais une chose est sûre : toi aussi tu trouveras quelqu'un avec qui tu vivras le présent et imagineras l'avenir. Moi je n'appartiendrai plus qu'à ton passé et tu ne te sentiras pas coupable de m'avoir quitté car c'est moi qui l'ai fait le premier. Tu seras à jamais ma meilleure amie. J'ai vécu de merveilleuses années avec toi. Avec le temps les souvenirs s'effaceront peut-être, mais je me rappellerai toujours que tu as partagé ma vie de nombreuses années. Et quand je porterai la main à mon cœur, je penserai à toi.

« Que j'ai encore des sentiments pour toi ou que tu ne sois plus qu'un visage parmi tant d'autre, ça n'aura aucune différence. Parce que ton nom restera gravé en moi, et à lui j'assimilerai la personne que tu étais. Tu sais j'ai si peur que ma mémoire s'estompe jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien... si peur du vide, de la fin..., attesta-t-il au bord des larmes. J'ai peur. Mais je suis confiant. Parce que toi tu as marqué ma vie d'une trace indélébile. C'est impossible que tu t'effaces comme ça. Tu es tenace, tu ne partiras pas. J'en suis certain. Dans dix ans, vingt ans, trente ans ou cinquante ans... bien que je doute d'être encore vivant d'ici là... et bah si je le suis, alors je t'assure que toi aussi tu le seras. Et tu vivras à travers moi comme moi je vis à travers toi. Parce qu'on a cédé une partie de notre âme à l'un à l'autre. Et cette âme, on l'a. Je te jure qu'on en a une. Il ne faut plus que tu doutes là-dessus. Tu as une âme, Carmen, une âme brûlante. Une âme qui n'attend que d'être aimée pour aimer mille fois mieux en retour. Et moi je t'aime. Je n'en étais même plus sûr avant de venir ici, mais en te voyant je n'ai qu'une conviction : je t'aime beaucoup, énormément, à la folie. Peut-être pas tout le temps, mais ça reviendra quand je te verrai. Et on se reverra, c'est d'ailleurs en partie pour ça que je suis là. Je voulais te dire que c'est dur de faire une croix sur quelqu'un. Surtout que maintenant je sais qu'on est apte à aimer plusieurs personnes à la fois. Alors je te demande, malgré la distance qui nous sépare et va nous séparer encore davantage dans les temps à venir, qu'on reste amis. Je veux qu'on se revoie quand cela sera possible. Ce ne sera peut-être pas avant plusieurs années, mais je m'en contre-fiche. La seule chose qui compte, c'est qu'on se quitte en se disant que ce n'est qu'un au revoir, et qu'on ait l'espoir que ce ne soit pas la fin de notre histoire. Je t'en supplie, accepte que ce ne soit pas le bout du couloir... j'ai peur du noir, avoua-t-il avec un léger sourire, amusé d'avoir trouvé des rimes. Alors, si tu veux bien me laisser terminer mon petit poème, même si tu peux être la pire sorcière derrière le miroir, et que moi je suis le féroce démon du soir... je ne veux pas que tout foire... donne-moi juste une chance d'y croire. »

Dans les yeux de Yanis se lisait une foi nouvelle. Une foi nourrie par l'amour et la volonté de vivre. Carmen ne l'avait jamais connu ainsi. Cette fille l'avait bel et bien changé. Elle y était parvenue, elle. Après tout, c'était celle qu'il lui fallait. Sûrement une des rares filles sur terre capable de le rendre heureux. Si Yanis avait trouvé le bonheur, tant mieux pour lui. Carmen se devait de le laisser partir une bonne fois pour toute, de son plein gré. Devant ses yeux ne se tenait plus le démon fier et cruel qui lui avait lancé en pleine gueule qu'elle ne comptait plus. Malgré la dureté dont elle avait fait preuve depuis les dix dernières minutes, il avait retiré son masque et s'était livré comme peu de fois auparavant. Il lui avait déclaré des choses susceptibles de tout changer... malheureusement c'était trop tard.

Yanis saisit le verre de vin rouge placé devant lui et le porta à ses lèvres.

C'était le moment ou jamais pour lui dire qu'il ne devait pas le boire, c'était maintenant !

- C'est du quoi ? demanda-t-il.

- Saint-Venceslas, répondit-elle sur un ton neutre en citant ce qui était considéré comme le plus ancien vignoble tchèque.

Puis il but et Carmen imagina le liquide rouge-sang se répandre dans sa bouche et couler le long de sa gorge. Enivrée et presque hypnotisée, en admiration devant cette vision.

Le sort de Yanis et de cette fille qu'il aimait était désormais scellé.

Le démon ne sembla rien remarquer de ce qui venait de se produire, et le regard indéchiffrable de Carmen ne paraissait plus le déranger.

- Je sais que je t'ai fait du mal. C'est pourquoi, quoi tu me fasses, je te pardonnerai. Je te pardonnerai toujours. Je t'en fais la promesse... si seulement tu acceptes qu'on se revoit un jour, si on en a l'occasion, et que nous deux ce ne soit pas encore terminé.

- L'Adieu est-il trop dur à dire ? l'interrogea-t-elle en faisant la moue malgré elle.

- Tu ne t'imagines même pas...

- Et là, on est en train d'établir les règles d'un contrat ?

- Non. On fixe les instances d'un serment.

- Je n'ai jamais fait ça. Tu t'y connais ?

- Oui, rigola-t-il. Il se trouve que ces derniers temps je suis d'humeur à faire des promesses...

- Tu sais que ça ne se prend pas à la légère. Tu seras forcé de les tenir, après.

- Mais j'suis prêt à prendre le risque.

- Comme toujours...

Etait-ce de la nostalgie ?

- Tu en vaux la peine, se contenta-t-il de répondre.

Et toi aussi, aurait-elle aimé dire. Toi aussi tu aurais valu la peine que je te pardonne... mais c'est trop tard maintenant. Tu aurais dû me dire tout ça avant. Tu aurais dû être plus vicieux et peser tes mots. Tu aurais dû faire attention et être plus prudent. Tu aurais dû te douter que j'allais te vouloir du mal. Tu es un mec bien finalement... je n'en ai douté que quelques jours, mais ça a suffi pour que je trouve le moyen de ruiner ta vie. Désolée. Il ne te reste plus qu'à être fort. A te battre. Et j'espère que tu ne perdras pas ton humanité. J'espère que tu ne deviendras pas comme moi.

Carmen avait déjà usé toutes les larmes de son corps quelques jours auparavant. Alors elle fixa Yanis de ses yeux secs, se remémorant tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Elle ne l'oublierait jamais elle non plus. Son nom resterait gravé dans son cœur. Et il n'y en aurait pas d'autres. Il serait à jamais l'unique et le seul. Celui qui l'avait sauvé, celui qu'elle avait condamné.

Une brise tiède et familière agita ses longs cheveux couleurs chocolat. Elle eut envie d'enrouler une mèche autour de ses doigts, mais ne fit pas un geste. Elle était trop bouleversée par ce qui venait de se passer. Elle se rendait compte... mais elle ne regrettait rien. « Ainsi soit-il » furent les paroles muettes qui s'échappèrent d'entre ses lèvres pour rejoindre le vent qui se levait sur Prague. Un vent céleste comme de la neige enveloppée dans une chaleur réconfortante.

- Alors ?

- Alors c'est oui. On se reverra... si tu me pardonnes.

- Tu ne ferais rien qui soit impardonnable.

- En es-tu certain ?

- Je te fais confiance. Je t'ai toujours fait confiance.

- Mais, comme tu l'as dit, on prend des chemins différents en grandissant. Peut-être que tu ne me reconnaitras plus d'ici là, et que toi aussi tu seras un inconnu pour moi.

- Dans ce cas-là on fera de nouveau connaissance. Tu te souviens de notre première rencontre ? demanda Yanis sans parvenir à retenir ses mots.

Carmen ferma les yeux. Cette fois c'était trop dur. Etait-il vraiment sincère ? Honnête ? Vrai ? Etait-il réellement si gentil avec elle ? Elle qui lui avait donné un coup de poignard dans le dos ?

Mais qu'as-tu fait !

Rien. « Rien qui ne soit impardonnable », résonnèrent les paroles de Yanis dans sa tête.

- C'est peut-être... c'est peut-être un peu trop difficile pour le moment. Mais quand on se reverra, on se remémorera les meilleurs moments de notre vie, hein ?

Il angoissait tellement à l'idée d'oublier... A croire que leur histoire commune comptait véritablement à ses yeux...

- En revanche il faut que je te dise un truc, reprit-il. Je pars au Paradis. Avec Am.

Cette déclaration fit l'effet d'un choc à Carmen, pourtant elle ne se croyait plus capable – après tout ce qu'il venait de se passer – d'être une nouvelle fois à court de mots. « Paradis », « Am »... des tas de souvenirs surgirent de sa mémoire et elle dû faire un gros effort de concentration pour faire le tri au milieu de tout ça.

- Tu ne m'en as jamais dit beaucoup sur ce qu'il s'était passé là-bas... Mais aujourd'hui il faut que je sache. Comment as-tu fait pour survivre alors que tu n'étais pas un ange ?

Yanis y était allé un peu fort. Déjà que la conversation était intense, elle allait de sujet en sujet toujours plus tabous les uns que les autres.

Suite à une demi-douzaine de secondes d'hésitation, Carmen recouvra enfin l'usage de sa voix :

- Eh bien... En ville tu ne pourras survivre que quelques secondes... mais tu ne rencontreras pas de difficultés tant que tu seras dans le reste du Royaume. Car lorsqu'on a  créé le Portail pour bloquer l'accès aux démons, la plupart des territoires du Paradis avaient déjà été désertés et donc, lorsque les lois magiques ont été érigées, elles ne concernaient que la Cité. En revanche j'ignore comment se rendre au Paradis sans utiliser le Portail.

Yanis hocha la tête. Il avait obtenu la réponse désirée, ni plus ni moins.

Carmen ne posa aucune question quant à la raison du départ du démon et d'Am au Paradis. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec ça. Pour elle la discussion était close. Elle voulait que Yanis s'en aille et qu'elle puisse se plonger dans un profond sommeil. Il comprit lui aussi que le moment était venu de se dire au revoir.

- Je suis content de t'avoir revue. On se quitte en de bons termes, c'est l'essentiel.

- Oui, dit Carmen d'un ton empressé.

Ils se levèrent tous les deux et se firent face. Des bruits de musiques leur parvenaient de la rue voisine et semblait guider tout ce qui les entouraient : les touristes en visite, les oiseaux dans le ciel, les voix entremêlées des gens, les mouvements des nuages et leur progression vers l'infini et puis enfin le vent. Le vent qui dansait tout autour d'eux et rafraichissait leur visage tout en leur procurant une sensation de bien-être.

Prague. C'était ici qu'ils se séparaient. Dans cette ville qui les avait vus grandir.

A elle aussi Yanis dit au revoir. Il reviendrait peut-être un jour. En revanche il dit adieu à des sentiments qu'il n'éprouverait plus dorénavant. Il dit adieu à des situations qu'il ne rencontrerait plus, à tous ces gens qui n'étaient que de passages, et il mit fin à sa relation avec cette ville qu'il avait aimée mais à laquelle il devait renoncer s'il voulait avancer.

Enfin, il regarda Carmen. Elle était très belle, mais derrière son visage de marbre elle ne possédait toujours pas la force qu'il avait attendue d'elle. Cependant elle n'avait plus besoin de lui, elle pouvait se débrouiller seule à présent.

- Au revoir, murmura-t-il.

« Ce n'est qu'un au revoir » se répétait-il dans sa tête bien que cela ne suffisait pas à faire fuir les doutes qui l'assaillaient.

Carmen choisi de ne pas répondre. Ne rien dire était le mieux à faire quand on venait de trahir celui qui nous avait tout donné. Yanis avait basculé du bon côté tandis qu'elle était tombée du mauvais. Il était devenu... elle ne trouvait pas les mots, mais le destin l'avait rendu tel qu'il avait toujours dû être.

Submergée par des émotions qu'elle ne parvenait pas à exprimer, elle se figea le temps que Yanis comprenne qu'il fallait qu'il s'en aille retourner parmi les vivants, qu'il parte retrouver sa raison de vivre, qu'il regagne son chemin...

Il examina une ultime fois son expression et contre toute attente, il la regarda comme s'il elle avait muri et qu'elle était prête. Comme si, au fond, elle était encore sa meilleure amie et que rien n'avait changé et ne changerait jamais.

Carmen ne comprit pas. N'avait-elle pas été assez convaincante ? Comment se faisait-il qu'il ne lui en veuille pas et qu'il ne se soit pas rendu compte que ce n'était plus la même ?!

Il lui accordait plus d'amour qu'elle n'en aurait jamais mérité, elle s'en voulait terriblement de le leurrer.

Carmen avait commis un péché irréparable, irrévocable et fatal. Et elle était incapable d'émettre le moindre regret. Elle ne parvenait même pas à être triste pour lui. Elle était devenue un monstre, celui qu'elle avait toujours redouté être. Elle avait sombré dans la partie obscure du démon. Elle ne remonterait pas à la surface.

Yanis devait vivre, et elle, elle devait mourir.

Or les choses n'étaient pas amenées à se dérouler ainsi...


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