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Chapitre 22

           

Me revoilà, accompagnée de mes feuilles en pagaille. Je risque fort d'user du papier ce soir, parce que j'ai vraiment énormément de choses à raconter. J'aurais grand besoin d'une amie avec qui papoter mais à défaut d'en avoir une il me reste toujours l'écriture comme moyen de m'exprimer.

  La nuit est tombée il y a un moment déjà. Je suis de retour dans ma chambre de New York, près de Times Square. J'aurais bien aimé revoir l'île mais Yanis avait besoin de passer des coups de téléphone et bien évidemment il n'y a pas de réseau en plein cœur de la Polynésie.

  Depuis que je suis revenue dans l'appartement de Yanis, je me suis aperçue que les bruits de la ville n'y pénètrent pas. Ici tout est silencieux et je ne m'en sens que plus seule. Par chance je n'ai pas encore aperçu d'ombres se faufiler derrière moi, j'en déduis que les vampires ne sont pas là.

  Assez parlé, il est temps d'aborder les sujets sérieux.

  Quand j'ai annoncé à mon démon préféré que mon instinct me soufflait de partir à la découverte du Paradis Perdu, je me suis soudain sentie très bête. J'avais fui cet endroit parce qu'il était dangereux et que le Conseil comptait se servir de moi comme une monnaie d'échange ou une arme de guerre. Je m'apprêtais à y remettre les pieds sans aucune raison particulière si ce n'était que j'en avais envie et que Yanis commençait à s'ennuyer. Alors nous voilà tous les deux sur le point de commettre une énorme bêtise... après tout je n'ai jamais prétendu être intelligente, juste calme et peureuse. Je donne tort à ma présumé personnalité de nature fade, et force est d'admettre que ça ne me déplait pas. Au contraire, ça m'excite, m'anime et m'avive. Partir à l'aventure avec Yanis est sans doute la meilleure chose qu'il me soit arrivée. Je le fais de me plein gré et – pour l'instant tout du moins – je ne regrette pas ma décision. Peut-être est-ce une erreur et allons-nous tout perdre une fois là-bas, mais dans ce cas-là tant pis. Je n'ai jamais rien fait dans ma vie que je regrette assidument.

  Je pense que j'ai fait le bon choix. La curiosité a dépassé la peur et la haine. Le seul risque est que je fonce tout droit dans un piège ou une voie sans issue. Yanis a l'air lui aussi tellement confiant que je me demande ce qui va se passer.

  Mais il y a une question que je me pose par-dessus tout : comment compte-t-il faire pour survivre au Paradis ? Parce que les démons n'y sont plus admis et que je ne vois aucun moyen de contourner cette règle.

  De plus, il faut bien s'interroger sur la façon dont nous gagnerons cet endroit...

  Quand j'y repense j'ai VRAIMENT l'impression qu'on fait n'importe quoi. Tout ceci est comme un fantasme. S'arrêter cinq minutes aurait dû suffire à nous dissuader d'effectuer ce voyage et nous détourner de cette quête insane ; et pourtant ni l'un ni l'autre n'avons douté.

  Rien ne me dit que le Conseil n'a pas saisi la lettre de Théo et jeté un sort sur le dessin grâce à l'aide d'une sorcière afin de m'attirer vers le Paradis pour me capturer...

  Et en parlant de Théo...

  Peut-être aurait-il dû s'abstenir de rédiger la dernière partie de la lettre. Il aurait pu être moins profond dans ses propos. Il aurait pu se contenter de me dire que je lui manque, qu'il espère de tout cœur que nous nous revoyions et que la distance qui nous sépare lui a permis d'y voir plus clair quant à ses sentiments. Il aurait pu me dire qu'il m'aime, mais pas de cette façon. Pas en me faisant des promesses qu'il ne pourra peut-être pas tenir. Il en a trop dit dans sa lettre, si bien que je sais parfaitement  ce qu'il ressent à présent, et je ne me sens que plus coupable de mon rapprochement avec Yanis.

  Ces derniers temps je me suis laissée aller à rêver un peu trop loin. Parce que, même si jusqu'à aujourd'hui les choses se sont déroulées plutôt bien, il faut que je vois la vérité en face : si la guerre éclate comme prévu, nous n'en ressortirons pas tous vivant.

  Depuis que j'ai appris l'existence des anges et des démons, je ne m'étais jamais imaginée la fin de l'histoire. Qui gagnerait ? Qui périrait ? Qu'adviendrait-il du Paradis, de la Terre, des enfers, des perdants, des vainqueurs et des survivants ?

  Et moi, que deviendrais-je ?


  - Am ?

  - Je suis là ! lancé-je à Yanis qui vient de rentrer dans l'appartement.

  J'ai juste le temps de fourrer les feuilles et le stylo dans un tiroir qu'il fait irruption dans ma chambre. Il jette un regard désintéressé mais néanmoins soupçonneux à mes mains vides trainant sur le bureau impeccablement rangé.

  - Alors, t'as pu joindre qui tu voulais ? demandé-je pour détourner son attention.

  - Si, répond-t-il, soudain très impliqué par la tournure de la discussion naissante. C'est bon. Il va falloir que je rende visite à quelqu'un demain matin, je pense que cette personne pourra me donner deux ou trois précieuses informations. Pendant ce temps tu devras rester seule ici...

  - Qui est-ce ?

  - Qui ?

  - Cette personne que tu vas voir ?

  - Oh, juste quelqu'un, comme ça... Alors, ça ne t'embête pas trop de rester seule ?

  - Eh bien, ça dépend pour combien de temps... Pourquoi tu ne m'emmènes pas avec toi ?

  - Parce que l'endroit où je vais grouille de vampire, affirme-t-il d'une voix calme. Tu seras plus en sécurité ici. Ne t'approche ni des rideaux, ni de la porte, n'ouvre à personne, ne passe pas de coup de téléphone et ne fais pas de bruit... Je crois que c'est tout. Je ne devrais m'absenter que pour une heure ou deux. Trois tout au plus. Sinon c'est qu'il y aura eu des complications, mais ça ne change rien pour toi. Même si je ne reviens pas avant plusieurs jours, je veux que tu restes enfermée ici et que tu suives mes conseils à la lettre, compris ?

  - Je préfère ne pas y penser...

  Yanis sourit comme s'il me taquinait mais je sais très bien que cette situation est envisageable. Il est possible qu'il croise quelques ennemis au passage, et qu'il n'en ressorte pas indemne.

  - Et ça n'arrivera pas, dis-je en y croyant de toutes mes forces. Tu as intérêt à revenir pour midi autrement tu vas voir ce que tu vas voir !

  - Haha... Au pire, j'ai acheté assez de bouffe pour un régiment !

  - Ce n'est pas une excuse, c'est ta compagnie qui m'importe.

  Je sens que ce que je viens de dire lui plait.

  - Bref, tout ça m'a donné faim. On mange quoi ce soir ? Et puis il est quelle heure ? J'ai complètement perdu la notion du temps...

  - C'est pas important... Je parle du temps, hein ! Non, pour ce qui est de la nourriture, il n'y a rien de plus précieux. Comme on dit, « manger c'est la vie »... alors j'ai décidé qu'on fasse une soirée pizza. D'ailleurs elles nous attendent sur la table et si tu veux mon avis on devrait les déguster avant qu'elles ne refroidissent.

  Refoulant ma joie je le suis jusqu'au salon où il semble retrouver sa curiosité :

  - Qu'est-ce que tu faisais tout à l'heure ?

  - Avant que tu rentres ?

  Il approuve d'un hochement de tête.

  - Eh bien j'écrivais, je réponds en lui décrochant un sourire.

  - Si je me souviens bien... Ah ! ça y est ! « Le monde véritable était celui de son cerveau et les histoires qu'il écrivait la seule réalité possible », cite-t-il.

  - Intéressant... Elle est de qui celle-là ?

  - Martin Eden. Tu devrais le lire, je pense.

  - Martin Eden ? C'est une biographie ?

  - Pas d'après Jack London, l'auteur. Pourtant...

  Je lui lance un regard interrogateur.

  - La réalité a rattrapé son imagination. Ça arrive souvent, ou parfois c'est l'inverse. Une chose est sûre, les deux mondes sont étroitement liés et tu es le pilier.

  Constatant le trouble causé par ses paroles, Yanis engage une conversation plus légère et nous dinons sous le signe de la plaisanterie tout en zappant sur la télécommande afin d'espérer avoir le temps de se moquer de tous les programmes américain.

    J'essaie d'imaginer un avenir avec Yanis. Il pourrait rythmer ma vie, me protéger et me faire découvrir le monde, tout rendre possible et m'aimer comme personne d'autre. A mes yeux nous nous complétons bien ; et s'il n'y avait pas un certain blond angélique, je ne me poserais pas autant de questions et je foncerai. Parfois j'ai envie de lui dire ce que je ressens, à savoir que je ne me vois plus vivre sans lui et qu'il me fascine littéralement. Je me suis laissée aller à l'aimer. Il m'attire et je n'ai pas voulu résister. Yanis est comme une gourmandise que je me serais autorisée à grignoter, au risque de prendre un peu de poids. « Une petite flamme de folie, si on savait comme la vie s'en éclaire ! »

  Me voici donc maintenant liée à cette âme mystérieuse qui recèle tant de secret que je m'efforcerai d'illuminer ! Et pourtant... « Un mystère cesse d'être tel dès le moment qu'on lui ôte l'enveloppe du secret. » « Il ne faut jamais chercher à comprendre un mystère quand c'est un mystère heureux. » « Le mystère est la seule enveloppe où la fragilité d'une intrigue d'amour puisse être en sûreté. » « Un mystère éternel est une tentation éternelle. »

  N'est-ce pas là les avertissements de tous les hommes ayant trouvé la clef et ainsi perdu la tentation qui les animait ? La flamme ne risquerait-elle pas de s'éteindre une fois le secret dévoilé ? Ne devrais-je pas orienter toute ma curiosité vers le Paradis Perdu et ce qui m'attend plutôt que de m'interroger sur Yanis et ce que l'avenir nous réserve ?

  Ce serait plus sage, en effet... Mais son influence m'a rendue insouciante et assurée. Je n'ai plus peur de me lancer dans le vide. De plus je suis sûre et certaine que le fait de mieux le connaitre ne me détacherait pas de lui, au contraire, mon attirance pour Yanis se renforcerait et nos liens n'en seraient que plus forts.

  Et puis, à moins d'être moi-même un démon, il y aura toujours des choses que je ne pourrais pas comprendre et qui feront qu'il restera exceptionnel quoi qu'il arrive.

  C'est justement cette touche inédite qui fait qu'il me captive autant. L'exception qu'il est est justement la raison pour laquelle je l'aime de cette façon. C'est ce que j'ai toujours voulu, c'est ce que j'ai aujourd'hui.

  Les pizzas étaient délicieuses, mais ce que je retiens surtout de cette soirée, c'est la proximité que nous avons eu, Yanis et moi. Quand il me regardait j'avais vraiment l'impression d'être importante ; mais à ses yeux je n'étais pas une arme, une immortelle ou une créature puissante. Pour lui j'étais extraordinaire ; seulement ce n'était pas pour ces raisons-là. Je crois être celle qu'il aime, et cela faisait bien longtemps qu'il n'avait plus dû aimer de cette façon. Il a l'air de redécouvrir des sentiments retranchés au fin fond de lui-même et de ressentir de nouvelles choses comme annonceuses d'un cycle fortuit qu'il accueille telle une bonne et heureuse nouvelle. Cette phase de sa vie qui débute, cette aventure dans laquelle nous nous lançons, j'en fais partie. C'en est presque un honneur.

  Alors, durant cette dernière soirée à New York passée à ses côtés, j'ai cessé de me poser des questions, de penser aux problèmes, aux éventualités, aux contraintes, aux risques et aux gens. J'ai ri avec Yanis et je me suis ouverte au bonheur ainsi qu'à tout ce que m'offrait la vie. J'ai été submergé d'un sentiment de gratitude, et la seule et unique certitude que j'avais, c'était que son amour était réciproque.

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