Chapitre 20
Nous atterrissons dans un lieu qui m'était jusqu'alors inconnu. Je mets un certain temps avant de réaliser que je me tiens au bord d'une falaise. Une cinquantaine de mètres en-dessous se fracassent des vagues issues d'une mer déchaînée qui rejette sa fulmination sur les rochers. Peu à peu les sons de la fureur remontent du gouffre jusqu'à moi et le tumulte de l'eau fait rage dans mes oreilles, y faisant résonner la tempête. Le ciel est embruni de nuages sombres telles des nuées ardentes qui auraient été glacées par un soleil ayant inversé ses tendances. Le vent carnivore siffle autour de moi et j'ai l'impression qu'il dévore des bouchés de ma peau ternie par les tons âpres du paysage, après avoir emporté avec lui les rires des enfants. Ma bouche est outrageusement sèche ; j'essaie tant bien que mal de recouvrer de ma salive, en vain. En contraste avec ce phénomène, mes yeux sont d'une humidité surprenante que je suis incapable de justifier. Mon cœur quant à lui bat la chamade et contraint mon esprit à penser en tous sens sans parvenir à réfléchir véritablement. Je lutte contre l'envie qu'ont mes jambes de flancher et rassemble toute l'adrénaline dont je dispose afin de me maintenir en éveil. Il ne faut pas faiblir. Il ne faut pas s'endormir. Ce n'est pas le moment... et pourtant je sens la fatigue m'assaillir et gagner progressivement du terrain.
Je considère enfin Yanis, figé et coi. Il fait preuve d'une quiétude étonnante vu des évènements récemment passés. Je distingue un fin filet de sang partant de son arcade pour s'écouler le long de son visage et je m'alerte subitement de sa blessure.
- Tu vas bien ? demandé-je promptement.
Il braque alors son regard sur moi et dans ses yeux ne se lit qu'une sensation d'impavidité plénière.
- Ce n'est qu'un peu de sang, finit-il par me répondre en semblant à ce moment-là avoir saisi ce à quoi je faisais allusion.
Je hoche la tête et le rejoins au bord de la falaise. Au début j'ai l'appréhension qu'elle s'écroule sous mes pieds, puis finalement je repousse mes doutes en me certifiant intérieurement que je ne risque pas grand-chose tant que Yanis est avec moi. Celui-ci me fait justement signe d'approcher encore un peu plus, et cette fois-ci je n'hésite pas une seconde. Je n'ai plus l'ombre d'un doute quant à la capacité de Yanis à sauver ma vie autant de fois qu'il le faudra ; de toute manière je le vois mal prendre autant de risque avec moi. Il doit connaitre cet endroit, j'en suis même presque sûre.
- Regarde, m'exhorte-t-il.
Je contemple alors les tourments de la mer qui me font vaguement penser à la sédition qui a préalablement dû enfiévrer ma tête ; lorsque tout avait l'air d'être fait pour que j'éprouve l'irrésistible envie de me retirer des mondes que m'imposait le duo que forment la vie et la mort.
- Je viens souvent ici. Ça fait partie des lieux dans lesquels je me rends quand j'ai l'impression de ne plus appartenir à rien, de n'être qu'un être sans importance destiné à errer sur Terre dans le but d'occuper de l'espace. On dirait qu'on est au bout du monde, et que celui-ci a cessé de cacher sa véritable nature. Il ne dissimule plus le massacre et la désolation, tu peux les contempler à ta guise... jusqu'à ce que le vent ait fini de te consumer. Ici personne ne viendra te chercher, tu es seul, tu le sais, et tu l'as voulu. Et puis si un jour tu estimes en avoir terminé avec cette quête du bonheur ou de la clef de notre existence, tu peux toujours te jeter dans le vide et, pour une fois, ne pas résister à ces forces obscures qui guettent en permanences un moment de faiblesse.
Yanis se tait, mais à voir l'expression solennelle de son visage, je serais prête à parier qu'une voix en lui rajoute encore quelques mots à ce qu'il vient de formuler.
- Tu y as déjà songé ? ne puis-je m'empêcher de demander.
Après un court silence qui m'a pourtant convaincue qu'il ne donnerait pas suite à mon interrogation, il s'endigue d'observer plus longtemps la mer – ou l'océan, d'ailleurs, je ne sais pas – et me regarde enfin droit dans les yeux.
C'est pour cet instant-là précisément que je serais prête à tout, celui où nos regards se croisent et où j'entrevois au creux de ses prunelles des milliers de couleurs qui se bousculent en une valse, comme une foule sentimentale.
- Oui. On y pense tous à un moment ou à un autre, non ? S'en aller et laisser dernière nous cette vie qui ne nous correspond pas.
- Non, réfuté-je immédiatement en ne m'imaginant pas une seconde mes parents envisager de tout abandonner – y compris moi. La plupart des gens ne vont jamais aussi loin, même pas pour voir ce que ça fait de se tenir au bord du gouffre.
- Parce que la plupart des gens sont normaux. Ils ne pensent pas jusque-là. Mais si tu peux ressentir douleur, manque, neurasthénie, tristesse, abattement, chagrin, souffrance, lassitude, nostalgie, affliction, mélancolie, peine, cafard, désespoir, déchirement, amertume..., liste-t-il en semblant puiser dans ses tripes ces adjectifs qu'il a tout l'air de parfaitement connaitre. Ou du moins un seul de ses sentiments, de façon assez forte pour que tu puisses songer à mettre fin à tes jours ; à quel point crois-tu que tu pourrais ressentir la joie, l'attirance, l'allégresse, l'alacrité, la liesse, la jubilation, l'exultation, l'hilarité, la délectation, la vitalité... Si quelqu'un est si malheureux qu'il est prêt à se sacrifier pour stopper ce supplice, à quel point, ce coup-ci, se sentirait-il vivant s'il était heureux ? dit Yanis d'une voix qui parait ressortir d'un recoin oublié de son âme.
C'est alors que je comprends d'où proviennent ces paroles : de l'espoir qu'avait Yanis. Il avait rêvé de bonheur, or tout s'était envolé j'ignore comment. Depuis il portait ce masque impassible dans le but de se protéger des émotions, sans doute trop fortes à supporter pour lui. La joie... c'était si loin désormais que d'y penser ou tenter d'y prendre part aurait été comme un brutal retour en arrière, non sans faire rejaillir les souvenirs d'un passé révolu dans lequel il avait trop souffert. Il n'avait plus qu'à faire abstraction de tout ça et regarder vers l'avant, même si le futur n'augurait rien de bon... mais cela c'était avant de me rencontrer. Avant que je ravive les flammes sur un lit de cendres s'accrochant à lui. Avant que je fasse renaitre ses espoirs et que de minuscules lueurs scintillent à nouveaux dans ses yeux... Avant que son cœur se remette à battre... que son passé ne soit plus qu'une mauvaise phase, que son avenir soit soudainement alimenté par des rêves et des espérances et que sa vie ne retrouve grâce à moi un sens.
Et pourtant...
J'aimerais tant lui avouer que mon cœur est partagé en deux, que le futur ne s'annonce pas si bien et qu'il risque d'en rendre plus d'un malheureux. Mais je n'en fais rien.
Si par ma personne il a retrouvé espoir et que par ma main il peut revivre, alors il aura tout ce qu'il voudra. Je ne peux pas prendre le risque qu'il s'éteigne à nouveau. Il a promis de rester avec moi jusqu'à la fin, si par cela il y a une chance pour qu'il soit heureux, je ne m'y opposerai pas. Nous remplirons chacun notre part du contrat.
- Et si on l'ouvrait ? me propose-t-il.
Je ne saisis pas tout de suite où il veut en venir, jusqu'à ce que je surprenne son regard fixant sagement l'enveloppe que je tiens dans ma main.
Mais oui ! L'enveloppe ! Je l'avais presque oubliée !
Je prends toutes mes précautions pour l'ouvrir et joute contre les tremblements de mes doigts. Je parviens enfin à extraire plusieurs feuilles de papier.
- Je...
- Lis, c'est à toi de le faire. Même dans ta tête, si tu veux. Tu n'auras qu'à me rapporter les éléments importants, des trucs susceptibles de nous aider...
- Non, ça s'adresse à toi autant qu'à moi, affirme-jé sans en être sûre.
Je commence alors ma lecture en redoutant le pire, mais au fil des lignes je me rassure. Puisqu'il m'écrit c'est que ça doit aller...
J'espère que tu vas bien, que vous allez bien, sans quoi tu ne pourrais pas aller bien. J'espère des tas de choses mais je doute fort que tous mes vœux puissent se réaliser. En somme je pense que cette histoire ne se finira pas mal, mais qu'il y aura obligatoirement des pertes. Je ne peux vous souhaitez – à vous, elle et tous ceux que j'aime – que le bonheur du monde, or pour ceci il faut s'exposer et lutter.
Je crois qu'il est temps que tu saches ce qu'il se passe. Je m'en veux de t'avoir tout caché quand tu étais encore là, mais crois-moi j'ai voulu t'en parler. Seulement toutes nos discussions se finissaient mal et je me demandais si ça valait vraiment le coup que tu te fasses du souci en plus. Tu aurais une nouvelle fois été impuissante, et j'ai compris que le sentiment de n'être qu'un pion est un des plus atroces à supporter. Laisse-moi cependant te rappeler que tu es loin de n'être qu'un pion, que tu es même son parfait contraire. Tu es la Dame sur un échiquier ; si tu survis, tu seras la plus redoutable. Je sais, tu es sûrement consciente de ça même si pour toi ça n'a aucun sens et que rien n'est concret... Alors passons aux choses on ne peut plus ancrées dans la réalité.
Le soir où tu es partie, le compte à rebours avait démarré. On savait que ça allait arriver, seulement on pensait avoir encore un peu de temps... La Couronne prépare sa réélection, et cette fois-ci elle risque d'être définitive. Dans quelques mois aura lieu l'anniversaire de Daniel et si à ce moment-là il n'est pas jugé apte à gouverner alors la Couronne n'aura qu'à se présenter à sa place. Elle pourra ensuite modifier toutes les lois et s'emparer de tous les pouvoirs possibles. Je te laisse imaginer les conséquences...
Depuis ton départ les assassinats se multiplient et le Paradis est devenu une véritable dictature. Les gens sont terrorisés et n'osent même plus sortir de chez eux en dehors de certaines horaires très restreintes – de toute façon un couvre-feu a été établi. Le Conseil a ordonné le retrait des armes de même que le Portail est scellé jusqu'à nouvel ordre. Tout contact avec l'extérieur est donc impossible, quelques tunnels sont encore en marche mais très contrôlés et il s'est avéré extrêmement délicat de te faire parvenir la première lettre. Pour te résumer en bref la situation du Paradis : la population est manipulée et sans défense. La Couronne élimine tous ceux qui seraient susceptibles de s'interposer entre elle et son règne ; je suppose que son fidèle serviteur et elle-même se doutent bien que tu ne t'es pas échappée toute seule... pourtant – outre quelques menaces – nous sommes toujours en vie. J'en conclus donc qu'elle est trop occupée pour le moment avec ses histoires au Paradis pour s'occuper de ton cas. Mais on peut être sûr que dès qu'elle en aura fini avec ça, elle se concentrera sur la Grande Guerre et fera tout pour te retrouver. Je crois que c'est pour ça qu'on nous laisse tranquille pour l'instant, elle n'a pas encore besoin de nous. Pourvu que nous puissions éclairer les anges avant d'en arriver là...
Pour ce qui est de Daniel, la Couronne a choisi la façon la plus simple de l'éloigner : l'envoyer sur Terre, dans le but d' « assurer sa sécurité ». Les personnes qui pensent que la Couronne fait surtout ça pour « assurer la longévité de son règne » n'auront pas le temps de formuler leur idée qu'elles seront assassinées.
Si cette lettre te parvient, c'est que Daniel est conscient de ce qu'il se passe, qu'il a entendu notre vérité et qu'il l'a comprise. Néanmoins cela ne suffit pas à lui accorder notre confiance, il a trop longtemps subi l'influence du Conseil et ignoré trop de choses durant sa vie. Ce n'est qu'un pantin qui s'est rendu compte qu'on tire sur des cordes pour le faire bouger ; il n'en reste pas moins une marionnette influençable trop facilement pour avoir sa propre opinion. S'il a son rôle à jouer, je doute cependant qu'il puisse assumer le fait de gouverner le Paradis. Nous ne pouvons pas compter sur lui pour prendre la relève alors j'estime que c'est mieux ainsi qu'il soit sur Terre, à l'abri. Il aura tout son temps pour apprendre et comprendre. Qu'il reste dorénavant en dehors de nos histoires. Il a eu ce qu'il voulait : il peut poursuivre sa lutte pour la survie. Laissons-le donc mûrir et le jour viendra où il trouvera sa place et où nous le remercierons pour ce qu'il a fait pour nous. Pour l'instant ne tentez pas de le retrouver. Restez tous les deux et ne faites confiance à personne. De plus, quittez l'Europe, c'est le plus prudent. Je sais que mes conseils ne vous seront d'aucune utilité puisque vous les appliquez déjà à la lettre depuis quelques semaines, n'est-ce pas ?
Yanis, tu as intérêt à avoir grandi un peu et j'espère que tu es devenu responsable. Ne fais pas de trucs dangereux, ne tente rien de stupide, et surtout ne prends pas de risques inutiles que tu pourrais regretter. Je te fais confiance, ne me trahis pas.
Je vous souhaite bonne chance,
« Puisse le sort vous être favorable. »
J'ignore à quoi fait allusion Théo dans ses recommandations au démon, mais je devine qu'il y a un paquet de sous-entendus dont Yanis refusera indubitablement de me parler.
- Il reste une feuille, me fait-il remarquer.
Je m'apprête à débuter la lecture lorsque soudain je me rends compte qu'elle ne s'adresse qu'à moi, et uniquement à moi. Je regarde Yanis sans savoir quoi lui dire mais je n'ai pas à me torturer plus longtemps :
- Elle t'est destinée, devine-t-il.
Il lève la main comme pour dire « c'est pas grave » et s'éloigne de moi et du bord de la falaise. Je rive alors mes yeux sur la lettre et j'ai l'impression d'entendre la voix de Théo réciter dans ma tête ce qu'il a écrit.
« Je ne citerai pas ton nom au cas où ma lettre aurait été interceptée... même si dans ce cas-là nous serions tous en mauvaise posture... En revanche il résonne inlassablement en moi, il ne se passe pas une heure sans que ton corps apparaisse sur le mur ou que tes cheveux me caressent le visage en même temps qu'une brise passagère qui aurait vite fait de s'en aller avec le vent pour te rejoindre, où que tu sois. Tu me manques comme personne avant toi. C'est comme si en partant tu avais emporté une partie de mon cœur et que celui-ci pleure jour et nuit son âme sœur envolée. Tout en moi souffre de ton absence et je rêve tellement de toi que parfois je me demande si tout ceci n'est pas juste un cauchemar dans lequel je serais tombé éperdument amoureux d'une fille que j'aurais été destiné à ne jamais plus revoir. Comme toi autrefois, j'en viens à me demander si tout ça est réel. Si tu es réelle. « Vouloir l'impossible conduit inévitablement au malheur et à la folie », et pourtant, même si je crois que je deviens fou, je ne suis pas malheureux. Car j'ai l'espoir de te revoir et que toute cette histoire se termine bien. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée de toute ma vie, c'est pourquoi je me battrai pour toi, tu en vaux la peine. Un jour, et je le souhaite de tout mon cœur, nous pourrons vivre ensemble. Quand nous nous retrouverons, je te promettrai de te chérir et de te protéger. Je serai le gardien de ton âme – parce que c'est ce que tu voulais, avant, tu te rappelles ?
Pour moi rien n'a changé. Je t'aime. C'est irrémédiable. Et même si nous devions être séparés, que tu t'en irais dans un monde inconnu ou que tu resterais dans le tien, et que moi je serais condamné à demeurer là-haut pour le restant de ma vie, je t'aimerai toujours, et personne ne te remplacera jamais.
J'espère juste que Yanis ne voit pas les larmes affluer sur mon visage. Des tas de pensées assaillent ma tête. C'est comme s'il y avait des petits anges pro-Théo et des petits démons pro-Yanis, et que chacun vantait les qualités et les mérites des deux garçons pour me convaincre de choisir le bon.
« Théo est bien plus romantique ! Yanis est trop hanté par ses vieux démons ! »
« Mais non ! Théo est fade ! De toute façon il ne ressortira pas vivant du Paradis. Et puis, tu comptes vraiment retourner là-bas pour lui ? »
« Yanis t'as promis de te protéger toute ta vie, alors si tu choisis de vivre avec Théo, tu crois sérieusement que tous les deux vont réussir à se coltiner ? »
Avant que je n'aie le temps de me tourmenter davantage, je remarque subitement qu'il y a une autre feuille dans l'enveloppe, pliée plus de fois que les autres. Je la déplie en me concentrant pour ne pas faire trembler mes doigts.
Quelques mots sont écrits : « Au fait, j'ai trouvé ça derrière l'armoire de ta chambre. C'est en partie la cause de l'envoi de cette lettre ; je pense que c'est important et que tu as besoin de t'en rappeler.
Ps : je ne suis pas très bon peintre, excuse-moi. »
Le reste n'est qu'un dessin approximatif ne me permettant de discerner qu'un fond bleu nourri de quelques minuscules points jaunes, semblables à des lucioles. Mais je n'ai pas besoin de plus de détail pour reconnaitre l'illustration du tableau du vieil homme, celui qui est mort sous mes yeux, de l'épée de Wilfried - le garde qui m'a lui-même pourchassée et a fini par m'attraper. J'ai le vague souvenir d'un couloir peu éclairé et sa main se levant sur moi sans que je ne puisse réagir. Ce jour-là je crois avoir été à la recherche d'une salle... Soudain mon esprit fait le lien avec un cauchemar, celui que j'ai fait avant que Lahela ne me réveille pour m'aider à fuir le Paradis. Dans ce cauchemar j'entendais les voix de Théo et d'une infirmière qui parlaient de moi, tandis que j'étais une mouche et que je tournoyais autour d'eux sans les voir. En vérité j'avais dû être à semi-consciente dans mon lit d'hôpital pendant qu'ils discutaient, la conversation ne m'était revenue que quelques jours plus tard sous forme de rêve.
Mais le pire ce n'est pas ce que Wilfried m'a fait, même si je revois défiler les images choquantes de mes bras retenus par une seule de ses mains et des cris de détresse qui restaient bloqués dans ma gorge tandis que mon corps s'apprêtait à recevoir le coup de grâce. Non, le pire, c'est le souvenir que j'ai de son épée transperçant le vieillard qui tentait de préserver ses œuvres. Après quoi elles avaient sans doute toutes été brûlées, emportant avec elles l'existence-même de leur créateur et ne laissant plus aucune trace de sa vie...
Seulement voilà, j'avais eu le temps de m'emparer d'un des tableaux, que j'avais ensuite dissimulé dans ma chambre. Le lac entouré de saules-pleureurs me revient en mémoire, ainsi que les petites créatures qui le survolaient et se mélangeaient aux lucioles, étincelantes comme les étoiles qui parsemaient le ciel.
« C'est le Paradis ? C'est le reste du Paradis ? » me rappelé-je avoir demandé au vieux peintre.
Oui, le Paradis Perdu. Celui que les anges ont abandonné au détriment de la ville à laquelle ils ont donné le nom de leur royaume. Ce Paradis-là, que presque tous ont oublié.
Je revois encore l'expression de son visage, le soulagement d'être enfin compris. La sensation d'avoir confié son secret à quelqu'un, d'avoir transmis son savoir, et de pouvoir partir serein.
Le chapitre vous a plu ? Que pensez-vous des aveux de Théo ? Lequel des deux garçons choisiriez-vous si vous étiez à la place d'Am ?
Maintenant qu'elle se souvient de l'existence d'un royaume perdu, que va-t-elle faire à votre avis ?
N'oubliez pas de voter et de laisser vos avis ;)
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