Introduction : Tout commence par... 1/3
Novembre 2040 :
Tout commence par ma mort.
Drôle de commencement vous me direz, mais que voulez-vous, il faut bien un début et une fin. Une histoire débute par un événement majeur. Souvent la naissance d'un être. Mon histoire commence par ma mort. Je n'ai pas neuf vies, comme les chats. Mais je suis convaincu d'en avoir eu une deuxième. Celle-ci. Celle que je vais vous raconter. Je pense que toute fin est le commencement d'une autre histoire. Un cycle continu, infini, le début c'est la fin et la fin c'est le début.
J'ai eu un accident. Mortel. On m'a tiré dessus d'une balle dans la poitrine. Je me suis écroulé sur le goudron et j'ai laissé mon âme rejoindre ses consœurs en enfer. En fait, c'est ce que je croyais. Mourir là, en plein milieu d'une révolution, en martyr, en victime de guerre.
Mon pays était ravagé par une guerre civile depuis quelques années. Le peuple se soulevait contre l'Etat autoritaire. Les lois étaient devenues de plus en plus liberticides. Les gens crevaient la dalle, ou mouraient assassinés par une police répressive et violente. N'importe quel prétexte était "bon" pour se faire tabasser par trois flics. Aucune issue. Les morts se sont accumulés. Le peuple s'est révolté, appelant à manifester. D'abord pacifistes, les manifestations se sont changées en cri d'alarme. Le peuple a pris les armes. Les rues se sont transformées en champ de bataille. Les flics et l'armée ont ouvert le feu sur le peuple. Une révolution qu'on écrase avec des chars d'assaut. C'est comme ça que je suis mort. Parce que je voulais plus de liberté, parce que je voulais que mes gamins vivent dans un monde plus beau que le mien. On m'a assassiné. On a assassiné ma liberté. Mon libre arbitre. On a voulu me réduire au silence. Mon peuple voulait sa liberté. Et cette liberté, il la voulait sans crever la gueule ouverte.
Demain, on verra mon nom écrit sur le mur des victimes de l'oppression. Un de plus parmi les 5 470 victimes de la haine, de la violence et de le joug d'un gouvernement armé jusqu'aux dents et anti-démocratique. Un soldat m'a tiré dessus, alors que j'allumais un énième cocktail Molotov pour le jeter dans la horde de chiens de l'armée. Un pion en moins pour les Révolutionnaires. Un nom de plus écrit sur le mur. Ma famille ne me verra pas rentrer ce soir.
Ma vie entière s'est déroulée sous mes yeux alors que mon sang quittait ma poitrine, me noyant dedans au passage. Mes frères de lutte tentaient d'endiguer l'hémorragie. Mais c'était trop tard, j'étais déjà cuit. Mort. Décédé. Ma femme allait l'apprendre d'ici quelques heures, mes enfants grandiraient dans un monde de merde, orphelin de leur père. On leur arrachait pour une révolution.
Newt Belfelice, 37 ans, mort pour des idées.
Mon corps m'a quitté. Je m'attendais à découvrir les mystères de la mort, le néant infini, ou les flammes des enfers. Je n'ai jamais eu peur de la mort. Ce n'était pas une finalité en soi pour moi, juste le but à atteindre, d'une manière ou d'une autre. Mais je crois que de voir ma mort si proche, si imminente, ça m'a fait flipper quand même. Des regrets m'ont assailli. Des milliers de regrets s'en sont pris à mon âme. Celui qui revenait me gifler en pleine poire est celui de ne jamais avoir rencontré mon âme sœur. C'est triste. Je n'étais pas un romantique dans l'âme pourtant et la Révolution m'avait pris tout ce qui pouvait s'apparenter à l'amour vrai, fou et véritable. L'idée de rencontrer mon âme sœur s'était évaporée depuis longtemps. J'avais aimé plusieurs femmes, j'en avais épousé une, eu des enfants avec une autre et le jour de ma mort, je pensais ne jamais avoir aimé véritablement quelqu'un, assez, du moins, pour transcender mon âme.
Ce regret. Il est resté coincé dans ma gorge.
Puis il y a eu le néant.
Le noir complet.
Le silence.
La mort...
La fin...
Et le commencement de...
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